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Revue Médicale Suisse
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5 janvier 2012 0
M 70 ans. Le projet a reçu l’aval de la Commission cantonale
d’éthique de la recherche sur l’être humain – Vaud. Chaque
patient a reçu une feuille d’information et si nécessaire des
compléments d’informations orales avant de signer l’accord
écrit de participation.
Les critères d’exclusion étaient les admissions à l’unité
d’accueil temporaire, en soins palliatifs et dans l’établisse-
ment médico-social, les patients avec une nutrition artificiel-
le à l’admission ou durant les trois derniers mois précédant
l’admission, ceux présentant un état confusionnel persis-
tant jusqu’à 72 heures après l’admission ou ayant un
Mini
mental state
(MMS) l 15 (atteinte cognitive) ainsi que ceux
ne parlant pas français.
Les scores ont été complétés par deux étudiantes de
dernière année de la filière Nutrition et diététique de la
Haute école de santé de Genève. L’ensemble de la procé-
dure a été standardisé et les données récoltées introduites
dans Epidata Entry 3.1 et analysées avec Epidata Analysis
V2.2.1. Les patients «à risque de dénutrition» et «dénutris»
selon le MNA-SF ont été regroupés afin de pouvoir comparer
les deux scores (tableau 1).
Description des outils
NRS-2002
Le NRS-2002 est recommandé comme outil de dépistage
du risque de dénutrition à l’hôpital par l’European Society
for Clinical Nutrition and Metabolism (ESPEN), l’Office fé-
déral de la santé publique (OFSP) et le Conseil de l’Euro-
pe.8,9 Il est basé sur le fait qu’un support nutritionnel est
indiqué chez les patients sévèrement malades avec une
augmentation des besoins nutritionnels et/ou sévèrement
dénutris.10 Il est validé sur la base de 128 essais cliniques
randomisés incluant au total 8944 patients en observant
les effets bénéfiques d’une intervention nutritionnelle chez
les patients identifiés «à risque nutritionnel».10,11 Seules
dix études intégraient la personne âgée de plus de 70 ans.10
Le score se compose de trois rubriques :
•
Détérioration de l’état nutritionnel
– L’indice de masse corporel (IMC) qui est calculé avec
le poids mesuré le lendemain de l’admission du patient
et la taille estimée par l’équation de Chumlea12 en utili-
sant la mesure de la distance talon-genou.
– la diminution des apports alimentaires est évaluée par
interrogatoire et estimée en pourcentage.
– La perte de poids récente est calculée en utilisant le
poids mesuré le lendemain de l’admission du patient et
un poids antérieur obtenu dans le dossier médical, au-
près du patient ou de son entourage.
La donnée indiquant la détérioration de l’état nutrition-
nel la plus importante est utilisée pour le calcul du score.
•
Degré de sévérité de la maladie
– Le score se calcule en fonction des références publiées
par Kondrup10 en tenant compte du diagnostic principal
et des comorbidités de chaque patient.
•
Age
– Un point supplémentaire est ajouté aux personnes de
M 70 ans.
Les patients avec un score M 3 doivent bénéficier d’une
assistance nutritionnelle et d’une évaluation de l’état nutri-
tionnel.
MNA-SF
Le MNA-SF est un outil de dépistage du risque nutrition-
nel, validé et applicable par les professionnels de santé en
gériatrie.13 Il est développé par Rubenstein, sur la base du
MNA.13,14 Une étude réalisée dans une population de 105
personnes âgées hospitalisées en service de gériatrie com-
parant le MNA au MNA-SF a démontré une sensibilité du
MNA-SF pour l’identification des patients dénutris de 97,9%
et une spécificité de 100%.15
Complété en moins de cinq minutes,14,16 il met en évi-
dence une diminution des apports alimentaires, une patho-
logie aiguë ou un stress et une baisse de l’IMC.13 Il inclut
également deux questions en lien avec la fragilité de la
personne âgée, la mobilité et les problèmes neuropsycho-
logiques (démence, dépression).
Dans cette étude, le score évaluant la mobilité des pa-
tients a été complété grâce aux physiothérapeutes de
l’établissement. 0 = le patient n’effectue pas les transferts
seul ou ne marche pas seul à l’intérieur ; 1 = le patient effec-
tue tous les transferts seul et marche seul à l’intérieur ; 2 =
le patient marche seul à l’extérieur.
Le score concernant la présence de problèmes neuro-
psychologiques a été complété avec les résultats du Geria-
tric depression scale short form (GDS-SF) et du MMS, deux
scores réalisés par le corps médical à l’admission. 0 = dé-
mence ou dépression sévère (si MMS l 24 ou si GDS M 11) ;
1 = démence modérée (si MMS entre 24 et 26) ; 2 = pas de
problème psychologique (MMS entre 27 et 30).
Le MNA-SF classe les personnes comme étant «dénu-
tries» avec un score compris entre 0 et 7 points, «à risque
de dénutrition» avec un score compris entre 8 et 11 points
et «état nutritionnel satisfaisant» avec un score compris
entre 12 et 14 points.13 Les patients considérés comme «dé-
nutris» et «à risque de dénutrition» doivent bénéficier d’une
évaluation de l’état nutritionnel.
Ces deux scores permettent un dépistage systématique
du risque nutritionnel et doivent être suivis d’une évalua-
tion de l’état nutritionnel s’il s’avère qu’un patient est à
risque ou dénutri.
2116 Revue Médicale Suisse
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13 novembre 2013
Besoins d’une évaluation Pas de Total
nutritionnelle (à risque et risque :
dénutri avec MNA-SF m 11) MNA-
SF L 11
Besoins d’une 34 (69,4%) 0 34
évaluation
nutritionnelle
(à risque :
NRS M 3)
Pas de risque : 15 (30,6%) 0 15
NRS l 3
Total 49 (100%) 0 49
Regroupement des patients «à risque de dénutrition» et «dénutris» du
score MNA-SF.
Résultats exprimés en fréquences et en pourcentages.
MNA-SF : Mini nutritional assessment short form ; NRS : Nutritional risk
screening.
Tableau 1. Comparaison des scores MNA-SF et
NRS-2002
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