Résumé du rapport n° 2001-110
sur les violences subies au travail par les professionnels de santé
présenté par Messieurs Georges Costargent et Michel Vernerey
IGAS 1 Octobre 2001
La ministre de l’emploi et de la solidarité a demandé à l’IGAS de diligenter une mission
à propos de la violence subie par les professionnels de santé et des situations
d’insécurité auxquelles ils se trouvent confrontés. MM. Costargent et Vernerey ont été
désignés pour effectuer cette mission. Ils ont conduit leurs investigations en tenant
compte des travaux partenariaux et multidisciplinaires en cours, auxquels ils ont été
associés (DHOS, DIV, etc.) et ont rencontré, à Paris et en région -au cours de 17
déplacements- environ 350 professionnels de santé. Ils ont dressé l’état des lieux des
violences et de l’insécurité, relevé les réponses des professionnels de santé et formulé
des recommandations.
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L’appréciation quantitative et qualitative des agressions subies par les professionnels
de santé doit tenir compte du fait que la société change, faisant évoluer la sphère de
l’exercice des activités professionnelles et les conditions dans lesquelles ces activité
s’exercent. Pour les rapporteurs, la violence au travail subie par les professionnels de
santé peut être d’origine interne ou externe. En ayant garde d’oublier que les
professionnels de santé ne sont pas les seules victimes de la violence et de l’insécurité.
Les malades sont aussi victimes de l’insécurité et de la violence, en ville comme à
l’hôpital .
Quelle qu’en soit l’origine, la violence peut prendre une forme physique et/ou
psychologique. Les données quantitatives existantes pour mesurer et décrire la violence
subie par les professionnels de santé sont les statistiques des crimes et délits établies
par la police nationale pour les circonscriptions urbaines et par la gendarmerie
nationale pour les zones rurales, ainsi que les statistiques des accidents du travail
survenus suite à des violences. Si les données nationales sont homogènes, elles
comportent de nombreux biais statistiques et sont insuffisantes pour mesurer les
plaintes ou les accidents du travail consécutifs à une agression.
Dans les statistiques dites institutionnelles de la police et de la gendarmerie, les
phénomènes les mieux répertoriés sont évidemment les plus graves : les crimes et les
délits. S'agissant des quinze dernières années, on constate une progression continue des
crimes et délits contre les personnes. Pour l'année 2000, les taux de criminalité pour
mille habitants vont de 24,53 dans le Cantal à 139,54 à Paris, la moyenne nationale
étant de 60,97. Les cinq départements ayant les taux de criminalité les plus élevés sont,
par ordre de criminalité décroissante, Paris, les Alpes-Maritimes, la Seine-Saint-Denis,
les Bouches-du-Rhône et le Val-d'Oise. Toutes professions de santé réunies et toutes
catégories de crimes et délits confondues, on observe que les infractions subies dans le
cadre de l'exercice professionnel ne représenteraient que 7,8% du total des infractions
subies et déclarées par ces professionnels.
Les statistiques des déclarations d’accidents du travail, d’accidents de service,
d’interruptions d’activité (accidentabilité) prennent en compte l’agression produite au
travail et ayant entraîné un arrêt. Les données d’accidentabilité sont produites par les
organismes gérant le risque (CNAMTS, hôpitaux, sociétés d’assurance, etc.). Sur
15.908.480 salariés, la CNAMTS dénombrait 8.710 accidents du travail suite à des
violences sur le lieu de travail, dont 649 ayant entraîné une invalidité permanente, 17
décès, 405.579 journées perdues. Les arrêts de travail suite à des violences constituent
un risque plus important pour les professionnels de santé (2,2 %) que pour l’ensemble
des salariés du régime général (1,2%). Les autres séries disponibles éclairent ce
constat. En 1999, dans les établissements de santé publics, le taux de fréquence diminue