Malformations urinaires basses

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Malformations urinaires basses
J.-M. Guys et C.-L. Borrione
Les malformations urinaires basses ayant un retentissement à l’âge adulte ne sont pas rares même
si leur découverte est échographique anténatale ou en présence de troubles urinaires quel que soit
l’âge : infection urinaire, troubles mictionnels. L’urétérocèle est une dilatation pseudo-kystique
de l’extrémité inférieure de l’uretère. Le bilan paraclinique associe cystographie, IRM et endoscopie. Le traitement est chirurgical si possible conservateur. L’exstrophie vésicale est rare, le diagnostic anténatal difficile surtout chez la fille. Le traitement chirurgical privilégie la reconstruction vésicale dès la naissance et une plastie d’élargissement vaginal en période pubertaire. Les
diverticules de la vessie sont diagnostiqués au cours d’un bilan pour infection urinaire ou troubles
mictionnels répétitifs. La cystoscopie affine le diagnostic, le traitement est chirurgical. Les malformations de l’urètre ne sont souvent accessibles qu’à un examen clinique rigoureux.
INTRODUCTION
Les modes de révélation d’une uropathie malformative et tout particulièrement des malformations
urinaires basses sont variables.
Le plus souvent actuellement c’est la découverte anténatale d’une image échographique suspecte. La survenue d’une infection d’urine quel
que soit l’âge reste un mode de révélation très
fréquent. Enfin, la présence de troubles mictionnels de type incontinence, dysurie ou rétention
d’urine peut être le témoin d’une pathologie malformative basse urinaire dans environ un tiers des
cas et ceci aussi bien dans la petite enfance qu’au
moment de l’adolescence ou à l’âge adulte.
Nous étudierons sous le terme de malformations urinaires basses les principales malformations de l’uretère et de la vessie qui peuvent avoir
un retentissement à l’âge adulte ainsi que les anomalies congénitales obstructives ou non obstructives de l’urètre (5).
MALFORMATIONS
DE L’URETÈRE
Sous ce terme nous étudierons plus spécifiquement les duplicités urétérales dont la fréquence
est dans la population de 0,6 % des cas. L’anomalie urétérale est bilatérale dans plus de 20 %
des cas sans qu’elle soit nécessairement symétrique et la prédominance féminine est nette, de
l’ordre de trois filles pour un garçon (2).
La duplicité urétérale résulte du développement
de deux bourgeons urétéraux distincts naissant l’un
au-dessus de l’autre sur le canal de Wolf. Lors de
l’assimilation de ce canal, l’abouchement de l’uretère inférieur va être absorbé plus tôt que l’abouchement de l’uretère supérieur. Il en résulte donc
une inversion des orifices urétéraux au niveau
vésical connue sous le nom de loi de WegerMeyer. C’est ainsi que c’est l’uretère du pyélon
supérieur qui pose le plus souvent des problèmes
et schématiquement on distingue deux cas : les
urétérocèles et les uretères ectopiques (8).
Urétérocèle
Elle correspond à la dilatation pseudo-kystique de
l’extrémité inférieure de l’uretère. L’aspect anatomique de l’urétérocèle conditionne les conséquences physiopathologiques de la malformation
et donc les indications thérapeutiques. L’urétérocèle peut être intravésicale, également appelée
« orthotopique », le retentissement sur le haut
appareil ou de la vidange vésicale reste alors
modéré.
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Pelvi-périnéologie
En revanche, l’urétérocèle à développement
extravésical, encore appelé « urétérocèle ectopique », correspond toujours à des urétérocèles de
grand volume dont la majeure partie reste intravésicale, mais qui s’engagent sous le col vésical
dans l’urètre (fig.1). Le retentissement sur le
pyélon supérieur est alors constant mais aussi sur
la miction.
uretère se jette (canal déférent voire vésicules
séminales). Chez la fille, la localisation se fait
dans 35 % environ des cas dans le vestibule, plus
rarement dans la partie basse du vagin. La symptomatologie de l’uretère ectopique hormis les
classiques infections urinaires (du fait de l’obstruction) se traduit le plus souvent chez la fille par
une incontinence dont l’interrogatoire permet facilement le diagnostic. L’enfant perd ses urines en
permanence, mais garde des mictions normales
et ces fuites sont en règle générale mineures.
La vulvo-vaginite peut aussi en être un signe
révélateur. Bien entendu, tous les signes communs
aux uropathies obstructives peuvent se rencontrer.
DIAGNOSTIC
Fig. 1 – Type anatomique sur duplication :
A) urétérocèle intravésicale
B) urétérocèle ectopique
C) uretère ectopique
La symptomatologie de découverte est en rapport avec l’urétérocèle, notamment si celle-ci a
un développement extravésical. Les troubles mictionnels à type de dysurie intermittente mais pouvant aller jusqu’à une rétention urinaire aiguë, le
prolapsus qui doit être considéré comme une
véritable complication. Ce dernier est surtout
visible chez la fille du fait de son extériorisation
au méat urétral. Il ne peut être qu’intermittent, ne
s’extériorisant qu’au moment des pleurs ou des
hyperpressions abdominales (constipation par
exemple). Il apparaît alors comme un kyste lisse,
éventuellement hémorragique. Il sera à distinguer
du prolapsus de la muqueuse urétrale ou d’un
kyste sous-urétral. L’étranglement de ce prolapsus peut représenter une complication grave et
urgente. On le rencontre essentiellement dans les
premiers mois de vie.
Uretère ectopique
Ce terme est en règle générale utilisé pour caractériser un uretère qui s’abouche sous le col
vésical. Le méat peut être situé dans l’urètre (dans
environ un tiers des cas) et en particulier à proximité du méat urétral chez la fille. Chez le garçon,
c’est plus souvent dans le tractus séminal que cet
Le diagnostic de ces deux anomalies principales
dans le cadre des duplications se fait essentiellement par l’échographie qui peut identifier la
duplication rénale. L’urographie intra-veineuse
permet de confirmer le diagnostic, mais sera supplantée à l’avenir par l’imagerie par résonance
magnétique qui non seulement facilitera la visualisation du pyélon supérieur et inférieur, mais
sera particulièrement intéressante dans les dilatations majeures du pyélon supérieur où le parenchyme rénal est difficilement individualisable à
l’échographie. L’IRM pourra ainsi permettre une
meilleure évaluation fonctionnelle et anatomique
du pyélon supérieur. La cystographie, classique
dans le bilan d’une malformation urinaire basse
peut permettre d’obtenir l’opacification rétrograde d’un uretère ectopique dans l’urètre ou le
col vésical, mais en règle générale n’apportera
que des signes indirects (lacune intravésicale).
Si, à la fin de l’exploration radiologique, le
diagnostic d’uretère ectopique ou d’urétérocèle
est confirmé dans plus de 70 % des cas, le siège
de l’orifice ectopique sera toujours très difficile
à préciser avant l’exploration endoscopique. Ce
siège restera cependant dans près de 20 % des cas
inconnu jusqu’à l’intervention chirurgicale (8).
TRAITEMENT
Le traitement de l’uretère ectopique tout comme
de l’urétérocèle dépend essentiellement de la
Malformations urinaires basses
valeur fonctionnelle du pyélon supérieur
concerné. S’il était classique de dire que le territoire rénal drainé par un uretère ectopique ou une
urétérocèle ectopique était le plus souvent non
fonctionnel et dysplasique, de nombreux auteurs
ont permis de montrer que ces pyélons supérieurs
avaient une fonction acceptable dans un nombre
de cas non négligeable (9). Le traitement chirurgical peut être radical : c’est alors l’héminéphrectomie polaire supérieure avec ou non exérèse de l’uretère ectopique ou de l’urétérocèle
qui est préconisé. Dans nombre de cas, ce traitement se borne à une héminéphrectomie polaire
supérieure (7), mais le moignon restant peut être
alors responsable de complications septiques avec
infection uro-génitale chez le garçon, voire de
décharge purulente par le vagin ou la vulve chez
la fille en cas d’uretère ectopique. La tendance
actuelle est donc, si la fonction du pyélon supérieur peut être considérée comme satisfaisante, la
reconstruction que ce soit par urétéro-urétérostomie basse, pyélo-pyélostomie, voire tout simplement réimplantation intravésicale de l’uretère
ectopique. En cas d’urétérocèle, la simple incision néonatale de l’urétérocèle peut régler les
problèmes (10), mais si la fonction du territoire
supérieur est là encore jugée satisfaisante, une
reconstruction vésicale sera souvent nécessaire
de façon non seulement à prévenir des complications septiques dues à un éventuel reflux (70 %
des cas), mais aussi des complications de type
dysurique (25 % des cas) (13). La présence d’une
volumineuse urétérocèle au niveau de la base
vésicale peut se traduire chez l’enfant plus grand
ou chez l’adulte par des troubles de l’évacuation
mictionnelle, du fait d’un plancher trigonal fragilisé par l’urétérocèle, voire une véritable incontinence (2).
C’est ainsi que devant une pathologie rencontrée dans le cadre d’une duplication urétérale, le
retentissement à l’âge adulte peut être non négligeable si le traitement a été incomplet lors de la
petite enfance ou si la malformation considérée
comme mineure et laissée en place, a évolué pour
son propre compte.
MALFORMATIONS VÉSICALES
Nous traiterons là d’une des principales pathologies malformatives de l’appareil urinaire, l’ex-
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strophie vésicale en excluant l’exstrophie dite du
cloaque. Les diverticules de vessie et les duplications seront simplement abordées.
Exstrophie vésicale
L’exstrophie vésicale est une malformation grave
et rare, 3 pour 100 000 naissances, prépondérante
dans le sexe masculin (sex-ratio de 2,5). Si le
diagnostic prénatal est possible, celui-ci est rarement fait notamment chez la fille (5). À la naissance, la vessie se présente comme une plaque de
muqueuse rougeâtre plus ou moins hyperhémiée
qui bombe sous la poussée abdominale et fait
intégralement partie de cette paroi. Cette plaque
semble s’insérer parfaitement entre les muscles
grands droits et la muqueuse est en continuité
latéralement avec la peau. Cette muqueuse
vésicale peut très vite prendre un aspect bourgeonnant multikystique alors que les orifices urétéraux sont facilement repérables par les éjaculations d’urine (fig. 2).
Fig. 2 – Exstrophie chez la fille : noter la plaque vésicale sous-ombilicale, la duplicité du mont de Vénus, l’anus
antéposé et le petit prolapsus.
Sur le plan histologique la vessie exstrophiée
est anormale dans sa structure. La muqueuse est
constamment le siège d’une inflammation aiguë
et chronique. La fréquence de la métaplasie peut
atteindre 75 %. Cette métaplasie est le nid des
futurs cancers de la vessie dont le risque relatif
est multiplié par 200 environ. Le muscle detrusor
a lui aussi une structure anormale. Ces altérations au niveau vésical contrastent avec l’absence
d’anomalie du haut appareil, notamment à la
naissance.
Sur le plan des organes génitaux, chez la fille le
clitoris est bifide, la gouttière urétrale est très
courte. Le vagin horizontalisé est très antérieur. Son
orifice est le plus souvent très étroit. Une zone de
peau glabre sépare les deux hémi-monts de Vénus.
Les petites lèvres divergent vers l’avant. L’appareil
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Pelvi-périnéologie
génital interne est habituellement normal en dehors
d’une possible duplication utérine. La disposition
anormale, ouverte en avant du plancher périnéal
prédispose au risque de prolapsus utérin.
Concernant le squelette, l’écartement du pubis
est constant. Les muscles grands droits divergent
à partir de la région ombilicale pour se terminer
sur les bords latéraux des deux pubis. La rotation
externe des os iliaques n’entraîne cependant pas
d’anomalie orthopédique sur le plan de la stabilité de la hanche.
Le traitement chirurgical privilégie actuellement la reconstruction vésicale complète et ce
dès la période néonatale. La séquence la plus
moderne associe la fermeture de la vessie, du col
vésical, de l’urètre et de la paroi abdominale
antérieure dès la naissance (3, 4). Cette fermeture
nécessite une ostéotomie iliaque postérieure.
Cette conception a donné des premiers résultats
encourageants notamment chez le garçon et est
beaucoup plus facilement réalisée chez la fille.
En règle générale, lorsque la vessie est de capacité suffisante on propose vers l’âge de trois,
quatre ans une reconstruction du col pour tenter
de pallier l’incontinence urinaire.
Quelle que soit la séquence initiale, le traitement chirurgical de l’exstrophie nécessite en
fonction des résultats et de l’évolution, des thérapeutiques adaptées. Un agrandissement pourra
être proposé et l’intestin sera alors le plus souvent
utilisé. Une dérivation de type Mitrofanoff
(appendicostomie continente) peut être intéressante afin de faciliter le sondage intermittent souvent nécessaire. Le mont de Vénus, le clitoris et
l’introïtus vaginal vont faire l’objet de corrections chirurgicales à la fois sur le plan esthétique
et fonctionnel. L’ombilic sera aussi refait en règle
générale en période pubertaire.
La non-cavitation du bassin à la naissance
conduit à une large ouverture antérieure de l’anneau sous-pelvien qui persiste le plus souvent
malgré les tentatives chirurgicales néonatales. Les
hernies inguinales sont fréquentes. Le périnée est
toujours plus court, large et basculé antérieurement. La sangle puborectale est largement
ouverte en avant expliquant la fréquence des prolapsus génitaux et rectaux chez ces patients. Les
résultats sur le plan de la continence peuvent être
considérés comme satisfaisant dans près de 60 %
des cas chez la fille (5).
Sur le plan génital, les résultats sont plus
acceptables. Néanmoins, une chirurgie esthétique
au moment de la puberté et très souvent une
plastie d’élargissement de l’introïtus vaginal sont
nécessaires. Les rapports sont possibles et la fertilité n’est pas mise en cause par la malformation
elle-même. L’accouchement devra se faire néanmoins le plus souvent par césarienne.
L’exstrophie vésicale reste donc une pathologie
malformative majeure dont la prise en charge à
l’âge adulte n’est certainement dans la majorité
des cas, pas terminée par le chirurgien pédiatre.
Épispadias
L’épispadias isolé est exceptionnel chez la fille.
Cette malformation fait partie du réel complexe
malformatif désigné sous le terme d’exstrophie
vésicale. C’est cependant la plus minime des
conséquences de la rupture précoce de la membrane cloacale. L’épispadias peut être associé à
une malformation du col vésical. Il est alors appelé
épispadias incontinent. Il reste cependant 3 à
10 fois plus rare que l’exstrophie et touche 3 à
4 fois plus le garçon que la fille. Il n’est associé à
une malformation rénale que dans moins de 4 %.
Chez la fille la duplicité du clitoris associée à un
mont de Vénus pourvu d’une dépression centrale
bien marquée à sa partie inférieure est caractéristique. Les petites lèvres sont en règle générale plus
petites, malformées et entourant de façon lâche un
orifice vaginal normal. La traction sur les grandes
lèvres laisse apparaître la gravité de la malformation qui peut n’intéresser que le tiers distal de
l’uretère mais aussi comme chez le garçon le col
vésical. Une incontinence est alors associée. Le
traitement chirurgical doit prévoir une reconstruction du col si celui-ci est intéressé par la malformation. Cette reconstruction nécessite un abord
vésical. Les techniques utilisées, ici à la différence
des vessies neurologiques, seront le plus souvent
un renforcement du col par des plasties en paletot
de type Young Dees, associées ou non à une réimplantation des uretères et à une suspension du col
vésical. Les résultats sur le plan fonctionnel et
esthétique sont en règle générale meilleurs dans le
cadre du traitement de l’épispadias isolé que dans
celui de l’exstrophie vésicale (5).
Diverticules vésicaux
Ces diverticules ne sont pas aussi rares qu’il est
classique de le dire. Nous exclurons les diverticules vésicaux des vessies neurologiques ainsi
Malformations urinaires basses
que les diverticules para-urétéraux dits « de
Hutch » qui ont une physiopathologie et un traitement particulier.
Le diverticule vésical congénital apparaît en
règle générale comme un diverticule de pulsion.
La muqueuse passe à travers un orifice de la musculature sous l’influence de la pression endovésicale. Ce diverticule apparaît comme une excroissance sacculaire à distance de l’orifice urétéral ce
qui le distingue des diverticules dits « de Hutch ».
Il peut être unique ou multiple. Le diamètre peut
varier de quelques centimètres jusqu’à représenter
réellement une seconde vessie contenant plus du
tiers de la capacité vésicale (1, 5).
Le haut appareil reste le plus souvent intact
dans ces gros diverticules dits « congénitaux ».
Certains diverticules sont associés à des syndromes
malformatifs : Heller d’Anlos, Prune Belly,
William Berren ou encore syndrome de Minquès.
La symptomatologie de découverte n’est pas
spécifique et le plus souvent le diverticule est
diagnostiqué au cours d’une infection urinaire
récurrente ou alors devant des troubles mictionnels de type polliakurie, hématurie, voire dysurie, parfois rétention d’urine. Cette découverte
peut se faire à l’âge adulte malgré l’origine
congénitale de la malformation. Certains ont été
découverts du fait de l’existence d’une malformation calculeuse intra-diverticulaire (14).
La cysto-urétrographie mictionnelle ne permet
que rarement de diagnostiquer le type exact de
diverticule. C’est la cystoscopie qui permettra de
faire un diagnostic précis en repérant parfaitement le collet diverticulaire et en le situant par
rapport aux méats urétéraux. Certaines vessies
ont comme conséquence une hypertrophie de la
paroi vésicale qui peut être due à un phénomène
de yo-yo observé lors de la miction, entre le remplissage du diverticule et la vidange de la vessie.
Le traitement en cas de diverticule symptomatique ne peut être que chirurgical. Il consistera en
l’excision du sac diverticulaire intravésical ou le
plus souvent en intra- et extra-vésical avec
reconstruction de la paroi musculaire. Le danger
est représenté par les uretères, car la taille volumineuse de certains diverticules peuvent modifier
les rapports anatomiques (11).
Duplications vésicales
Elles regroupent des anomalies congénitales
variables qui vont de la duplication complète de
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la vessie au septum intravésical qu’il soit situé
dans le sens sagittal ou frontal et qu’il divise la
vessie de façon complète ou non. De fréquence
égale entre les deux sexes, la gravité clinique est
variable. Elle est fonction de l’anatomie, du
retentissement rénal et des lésions associées.
Le diagnostic de ces duplications est parfois
évident lorsqu’il existe des malformations génitales ou anales ou encore plus classiquement des
infections urinaires récurrentes. L’incontinence
ou la simple difficulté mictionnelle peuvent être
au premier plan et ceci même tardivement au
moment de l’adolescence. Dans la plupart des
cas, le diagnostic est souvent fortuit et réalisé à
l’occasion d’un examen radiologique de l’appareil urinaire. Le traitement vise à supprimer la
duplication vésicale en créant une seule cavité.
La vidange de la vessie sera particulièrement
prise en compte afin d’éviter toute incontinence
urinaire secondaire. En cas de duplication complète le traitement consiste en outre à améliorer
l’apparence externe des organes génitaux et à
traiter les anomalies associées. En cas de duplication incomplète, l’urètre étant unique, la création d’une large vessie commune reste le but
essentiel du traitement, mais seulement si une
gêne ou une entrave à la miction complète est
présente.
MALFORMATIONS
DE L’URÈTRE
Celles-ci sont rares chez la fille, mais le plus souvent accessibles à un examen clinique rigoureux.
Parmi les anomalies de position, l’épispade en
dehors d’une association avec une exstrophie
vésicale est exceptionnel, nous l’avons discuté. Si
l’hypospade est plus fréquent, il est probablement plus difficile à diagnostiquer car le méat
hypospade ne se situe pas au niveau du tiers
supérieur de la vulve, mais sur la paroi antérieure
du vagin. Des troubles mictionnels peuvent alors
survenir avec accumulation d’urine dans le vagin
à l’origine d’infection ou de fausse incontinence.
Le cathétérisme urétral est le plus souvent difficile. Néanmoins, ces formes d’hypospadias
féminin ne seront traitées que si la symptomatologie est réellement gênante. L’urétroplastie par
tubulisation de la paroi antérieure du vagin est
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Pelvi-périnéologie
alors le geste chirurgical le plus couramment pratiqué.
Le kyste para-urétral se révèle en période néonatale par une masse vulvaire blanchâtre, souvent bombante à la vulve n’entraînant en règle
générale pas de dysurie. Le traitement relève souvent d’une simple ponction. La récidive du kyste
conduira à une marsupialisation de celui-ci.
Le prolapsus de la muqueuse urétrale est
connu pour être fréquent dans la race noire. Si sa
cause est inconnue, son diagnostic est facile. Ce
prolapsus est centré par le méat et est en règle
générale diagnostiqué au cours d’une complication de type étranglement, car il devient douloureux et saigne. Le traitement est chirurgical
et consiste en une résection circulaire de la
muqueuse prolabée.
Les duplications de l’urètre chez la fille sont
exceptionnelles. Le plus souvent elles font partie
d’un syndrome polymalformatif complexe du bas
appareil urinaire, génital et rectal et associée à
des anomalies rachidiennes lombosacrées. Les
diverticules sous-urétraux sont très rares. L’origine acquise est encore discutée. Il faut les distinguer éventuellement d’un uretère ectopique
voire de son moignon, s’il n’a pas été complètement enlevé lors du traitement primaire. Il entraînera alors des phénomènes dysuriques et des
infections urinaires.
La sténose de l’urètre distal chez la fille a
longtemps été un concept qui pour certains était
la cause de troubles mictionnels de type énurésie,
miction impérieuse ou anomalies du jet urinaire.
Ce concept est aujourd’hui tombé en désuétude.
De nombreuses études urodynamiques mettant
en évidence chez les filles symptomatiques
l’existence de pressions vésicales et urétrales très
supérieures à la normale, ont conduit ainsi à un
concept de dysfonctionnement vésico-sphinctérien plus que de sténose organique. Le traitement
est essentiellement médical.
Les valves urétrales contrairement au garçon,
sont là encore exceptionnelles. La simple excision du repli muqueux concerné peut se faire
sous contrôle de la vue ou en endoscopie.
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