![](//s1.studylibfr.com/store/data-gzf/c5e2a1559ef8638ccda96ef127b7c448/1/007722337.htmlex.zip/bg4.jpg)
Capsule
linguistique
Juste une question
d’argent ?
Le vocabulaire de l’argent est utilisé à
toutes les sauces ; aussi se retrouve-t-il
dans des contextes ou des emplois qui
n’ont pas grand-chose à voir avec les
finances ou la marche des affaires.
Les mots profitable, rentable et bénéfique
font partie de ce vocabulaire de la finance
que nous employons dans nombre de
contextes, comme s’ils étaient de parfaits
synonymes. Il faut toujours être prudent
avec des mots dont le sens « parait »
identique. Une petite enquête sur leur
signification nous révèle en effet que les
réalités qu’ils désignent ne sont pas tout à
fait équivalentes.
Profit, bénéfice et rentabilité ont certes
en commun leur origine latine, mais leur
dissemblance sur le plan formel indique
des différences sur le plan de leurs
significations respectives.
Le mot bénéfique est un dérivé du verbe
bénéficier qui origine de la locution latine
bene facere et qui désignait un service,
une faveur ou une distinction formelle. Le
mot bénéfice est en fait très important au
Moyen-Âge puisqu’il servait à reconnaitre
la donation par un seigneur ou un
membre du haut clergé d’une propriété
comme « marque de bienveillance ou de
rémunération pour les services rendus ».
Progressivement, le mot bénéfique
débordera de ce sens pour s’appliquer à
un contexte commercial au XVIIIe siècle et
adopter le sens que nous lui connaissons
aujourd’hui, à savoir ce qui est favorable
ou salutaire.
Le mot profitable connait une évolution
similaire dans la mesure où sa signification
de départ ne renvoie pas exclusivement
au domaine des affaires. Le mot profit
est apparu au XIIe en français et vient du
préfixe pro (pour, en avant) et du verbe
facere (faire). Il désigne tout simplement,
au sens propre, le fait d’avancer ou de
croitre et, au sens figuré, il est associé à la
notion de progrès. On trouve ce mot dans
quantité d’expressions qui renvoyaient
toutes à l’avantage intellectuel ou moral
que l’on peut tirer d’une situation : tirer
profit de ses connaissances ou tourner
à son profit un geste malheureux sont
des emplois acceptés encore aujourd’hui
et dont le sens n’est pas spécifiquement
commercial. C’est sur une assez longue
période (entre les XIVe et XVIe siècles) que
ce mot adoptera un sens plus spécialisé
pour désigner les avantages financiers ou
les revenus. Le domaine de la comptabilité
introduira dans son lexique les expressions
profits et pertes seulement au XIXe siècle !
De nos trois larrons, rentable est le seul
mot dont l’acception initiale appartient au
domaine de l’argent, et il est resté fidèle
à cet emploi jusqu’aujourd’hui. Rentable
dérive du mot rente, un terme introduit
en français au XIIe siècle à partir du latin
populaire rendita, qui signifiait « ce qui rend
l’argent placé ». L’idée d’une restitution est
centrale pour comprendre l’emploi de ce
mot et de ses dérivés. Ainsi, on peut vivre
de ses rentes si elles offrent un rendement
élevé. Rentable est apparu en français dès
le XIIIe siècle pour disparaitre de l’usage
courage quelque trois-cents ans plus tard
et ne revenir en force dans le vocabulaire
courant qu’au XXe siècle ! Ce mot sera
mis en relation avec les termes revenu et
rapport, et cet adjectif servira à qualifier
tout ce qui rapporte de l’argent, tout ce qui
« rapporte un bénéfice suffisant par rapport
à un capital investi ». Par extension, on
finira aussi par l’appliquer à toute activité
qui permet d’accroitre la productivité d’une
entreprise : est rentable ce qui rapporte.
Les parentés de sens sont indéniables.
Le mot rentabilité est utilisé dans des
contextes qui renvoient aux retombées
pécuniaires d’une action : la rentabilité
d’une stratégie, d’un programme, d’un
placement, d’une affaire, d’une opération,
etc. se mesure constamment aux profits
générés. Le bénéfice renvoie aussi aux
résultats financiers d’une entreprise
puisqu’il est considéré comme la mesure
de sa performance économique (bénéfice
net). De même, le profit sert à établir
l’augmentation « des biens que l’on
possède (…) qui résulte d’une activité. »
Malgré des significations « parentes », ces
mots ne sont pourtant pas parfaitement
interchangeables. L’Office québécois de
la langue française (OQLF) distingue
assez clairement les contextes à l’intérieur
desquels il est possible d’utiliser bénéficier
(et, par extension, bénéfique) de ceux
où profiter et profitable sont préférables.
En fait, bénéficier et profiter (suivis de la
préposition de) signifient bel et bien que
l’on tire profit ou avantage de quelque
chose. Toutefois, le verbe profiter implique
que la personne qui « tire avantage
de quelque chose » le fait en toute
connaissance de cause, qu’elle en est
pleinement consciente. Par opposition,
bénéficier de quelque chose suppose qu’il
n’y a pas vraiment eu d’effort conscient de
la part de la personne avantagée, qu’elle
n’a pas cherché activement à profiter d’une
situation. D’ailleurs, l’emploi de bénéfice
dans une expression comme « spectacle-
bénéfice » met très bien en évidence le
désintéressement qui semble l’apanage de
ce que l’on cherche tout simplement
« à bien faire » ou « à faire pour le bien »
(le bene facere du latin).
Ainsi, on peut très bien bénéficier de
l’estime de son supérieur ; cela signifie
qu’il n’y a pas eu de volonté consciente
d’obtenir une faveur. Cependant, profiter
de l’estime de son supérieur relève bel et
bien du calcul et suppose que la personne
qui jouit des retombées positives de cette
estime était désireuse de les obtenir
et qu’elle a agi en conséquence. Vous
aurez compris que le caractère intéressé
du verbe profiter ouvre la porte à l’abus,
à une quête de profits qui peut devenir
déraisonnable ; aussi, la recherche sans
frein de ce qui est profitable peut conduire
celui ou celle qui ne donne aucune limite
à ses ambitions à être traité de profiteur !
Pareille dérive péjorative est impossible
avec bénéficier et ses dérivés.
Nous espérons donc qu’à défaut d’avoir
été rentable, la lecture de cette capsule
vous aura été profitable puisque vous
bénéficiez maintenant d’une meilleure
connaissance des nuances de sens qui
font tout le charme du français.
Francine Bousquet Pascal
et Benoît Dugas
Responsables du CAF
local A-494 ou poste 7352)
Publication : Service des communications
Éditrice : Anne-Marie Lacombe
Rédactrice en chef : Marie-Lou Bouchard
Réviseurs linguistiques : Francine Bousquet Pascal et
Benoît Dugas
Graphiste : Renaud Paquet
Mise en page : Denise Courtine
Imprimeur : Impartitions X-Nex inc.
Dépôt légal : Bibliothèque nationale du Québec
Bibliothèque nationale du Canada
ISSN : 0318-2622
Quand l’appétit va,
tout va !
À la cafétéria, le repas du jour
complet (plat « écono » à 5,10 $ ou
plat « saveurs » à 6,55 $) comprend le
potage, le plat principal servi avec un
accompagnement au choix, ainsi qu’un
dessert et une boisson.
Lundi
Pâté au boeuf
Tortellini au fromage, sauce tomate
Mardi
Boulettes de dinde au cari
Mijoté marocain
Mercredi
Veau Marengo
Omelette aux légumes
Jeudi
Burritos au boeuf et aux haricots
Roulade végétarienne
Vendredi
Blanquette aux deux viandes
Poisson pané
Autres services offerts
• Mets sautés : plusieurs choix de
garniture (poulet, crevettes, boeuf,
légumineuses, tofu). Optez pour des
pâtes ou de la salade : les possibilités
sont nombreuses !
• Zone baja : de délicieux sandwichs
faits sous vos yeux, avec les
ingrédients que vous aurez choisis !
• La route du blé
• Casse-croute
• Plats pour emporter