Première guerre mondiale : 8000 tirailleurs marocains tombés au

Première guerre mondiale : 8000 tirailleurs marocains tombés au champ d’honneur.
Ce 11 novembre 2013 est celui du 95ième anniversaire de l’armistice qui marque la fin de la
première guerre mondiale. Opposant la France, l’Angleterre et l’Empire russe à l’Empire
allemand et à l’Empire austro-hongrois, celle-ci s’était terminée par la victoire du premier camp
sur le second. Mais, avec ses 40 millions de victimes humaines (19 millions de morts et 21
millions de blessés), cette guerre avait laissé exsangue les vainqueurs comme les vaincus. Par
ailleurs, les termes du traité de Versailles furent si humiliants pour l’Allemagne défaite qu’ils
continrent en eux les germes de la seconde guerre mondiale.
C’est au carré militaire du cimetière de Ben msik à Casablanca que la représentation française
au Maroc a organisé ce lundi une cérémonie internationale officielle du souvenir pour
commémorer ce 95ième anniversaire. Avec 8000 tirailleurs tombés sur le champ de bataille, le
Maroc a payé lui aussi son tribut à cette boucherie. La contribution de l’Afrique du Nord aux
troupes françaises fut de 190000 hommes. Si la grande majorité était algérienne, les
Marocains se sont aussi comptés par dizaines de milliers.
«Les chasseurs indigènes»
Quand la guerre éclate en août 1914, la mainmise française sur le Maroc est loin d’être
complète. Une bonne partie du territoire est encore en lutte contre l’occupant. Aussi, quand le
ministère de la guerre demande au Maréchal Lyautey de ne maintenir sur place que le
minimum de troupes indispensables, ce dernier ne cache pas son inquiétude « [...] Si nous
commençons à évacuer, nous sommes fichus, si nous lâchons la moindre partie du front ce
sera la boule de neige
[...] ». 50 000 hommes des 85 000 soldats stationnés au Maroc seront toutefois renvoyés en
France. Avec eux, des recrues marocaines, originaires pour la plupart du sud et ce, dès le 15
août 1914. Les deux régiments qu’ils composent portent le nom bizarre de
«chasseurs indigènes
». En effet, le sultan Moulay Youssef n’étant pas officiellement en guerre contre l’Allemagne, il
ne fallait faire aucune allusion au Maroc. Il faudra attendre janvier 1915 pour que ces troupes
reçoivent le nom avec lequel ils s’illustreront sur le champ de bataille, celui de «régiment de
marche de tirailleurs marocains» (RMTM).
le désastre français d’El Herri ou la victoire
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Première guerre mondiale : 8000 tirailleurs marocains tombés au champ d’honneur.
de Moha Ou Hammou
Le 13 novembre 1914, le commandant français Laverdure engage sa colonne composée de 1 273 hommes à l'assaut du campement du grand chef zaïan Moha (Mohammed) Ou Hamou. Le désastre est total : sur 43 officiers, 33 sont tués et 590 hommes de troupe perdent la vie. Cette victoire prend l'allure d'une revanche des musulmans sur les occupants chrétiens. Elle permet aux Zaïans de mener, avec argent et armes allemandes, la guérilla jusqu'en 1917, sans pourtant se montrer capables d'exploiter efficacement une victoire aussi nette que spectaculaire.
C’est sur une place bordelaise, la place de Chartrons que les premiers éléments marocains ont
installé le 17 août 1914 leur campement. Alors que l’été était particulièrement chaud, on leur
avait distribué des vestes de chasseurs alpins. Ils n’en avaient pas ôté pour autant leur djellaba,
un vêtement qu’ils conserveront durant toute la guerre. Les Allemands leur donnèrent plus tard
le surnom de «hirondelles de la mort». La légende veut que ce soit les pans de ce vêtement,
volant au vent lors des charges comme des ailes d'oiseau qui leur en suggérèrent l’idée.
Une valeur guerrière indiscutable.
La bravoure de ces soldats se manifesta dès les premiers combats. Leur comportement lors de
la bataille de la Marne à peine le pied posé sur le sol français leur vaut ce rapport spécial du
général Maunoury, transmis au général Lyautey : « Disciplinés au feu comme à la manœuvre,
ardents dans l'attaque, tenaces dans la défense de leurs positions jusqu'au sacrifice, supportant
au-delà de toute prévision les rigueurs du climat du Nord, ils donnent la preuve indiscutable de
leur valeur guerrière [...] ».
A partir de 1915, le RMTM est partie prenante de toutes les plus grandes offensives. Le 10 août
de cette année-là, après que 256 de ses tirailleurs soient tombés sur le champ de bataille, le
Président de la République française en personne accompagné par le Roi des Belges et par les
généraux Joffre et Foch vient féliciter les Marocains en leur remettant un drapeau, emblème du
régiment.
Souvenirs du futur maréchal Juin, alors sous-lieutenant lors de son premier contact avec les chasseurs " indigènes ", fin avril 1914 : « C'était [...] une espèce d'hommes hors des lois communes, aimant la fête entre les dangers et mus par un vague mysticisme [...] En les voyant passer dans leurs uniformes d'été de toile kaki, les Chleuhs portant de longs cheveux, signe de courage, chacun se demandait ce qu'ils représentaient et, surtout, ce que signifiaient les syllabes gutturales du chant étrange qu'ils entonnaient dans leur marche : Men Moulay Idriss djina, ya Rebbi taafou alina (Nous venons de Moulay Idriss, que Dieu efface nos péchés !)
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Un mois plus tard, la première citation à l’ordre de l’armée est décernée au régiment. Elle dit
ceci « [...] a enlevé, le 6 octobre 1915, au petit jour, sur un front de plusieurs centaines de mètre
s la deuxième position allemande, s'est porté d'un seul bond à plus d'un kilomètre au-delà, a
foncé sur l'ennemi, surpris dans ses bivouacs, lui faisant subir, à la baïonnette, des pertes
considérables
». D’autres citations suivront mais les faits d’armes du RMTM comme celui des autres troupes
coloniales sont soigneusement passés sous silence par la presse française. Des instructions
précises sont en effet données aux censeurs pour supprimer les passages qui font trop état de
l’héroïsme de ces combattants. Des combattants qui, pour l’immense majorité d’entre eux, ne
reçurent jamais, de la part de celle qu’ils avaient contribué à libérer, la reconnaissance qu’ils
auraient mérités d’avoir. Il fallut attendre un film «Indigènes» pour que la France, enfin,
commence à se souvenir de ce qu’elle leur doit. Mais entretemps, la plupart, et notamment les
tirailleurs de la première guerre mondiale, s’étaient éteints.
Pour plus de détails, se reporter au lien:
http://www.lyceelyautey.org/marocomb/articles.php?lng=fr&pg=65
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