Université Paris-Sud 11 Année universitaire 2012/2013 M2 Analyse, arithmétique, géométrie Théorie des nombres (J.-B. Bost, J. Riou) 6e feuille d’exercices (19 novembre 2012) Exercice I (Anneaux de Dedekind) Montrer qu’un idéal d’un anneau de Dedekind est engendré par deux éléments. Exercice II (Modules sur les anneaux de valuation discrète) Soit A un anneau de valuation discrète. On note π une uniformisante de A. Comment peut-on reformuler le théorème de structure des modules de type fini sur les anneaux principaux dans le cas particulier de l’anneau A ? Exercice III (Fonctions holomorphes au voisinage d’un point) Soit U un ouvert non vide et connexe de C. Soit g : U → Mn (C) une fonction holomorphe. On suppose que la fonction holomorphe det g n’est pas identiquement nulle. Soit a ∈ U . Montrer qu’il existe un voisinage ouvert V de a dans U , des fonctions holomorphes u1 : V → GLn (C), u2 : V → GLn (C) et des entiers d1 ≤ d2 ≤ · · · ≤ dn tels que pour tout z ∈ V , on ait : 0 (z − a)d1 0 .. u1 (z)g(z)u2 (z) = . 0 0 0 0 (z − a)dn Exercice IV (Modules projectifs) Soit A un anneau commutatif. (1) Soit M un A-module. (Si on le souhaite, on peut éventuellement se placer dans le cas particulier où M est de type fini.) Montrer que les conditions suivantes sont équivalentes : (i) Tout morphisme surjectif L → M admet une section M → L. (ii) Il existe un A-module N tel que M ⊕ N soit un A-module libre. (iii) Pour toute suite exacte 0 → N 0 → N → N 00 → 0 de A-modules, la suite 0 → HomA (M, N 0 ) → HomA (M, N ) → HomA (M, N 00 ) → 0 qui s’en déduit est aussi exacte. Si ces conditions sont vérifiées, on dira que M est un A-module projectif. (2) Soit 0 → X → M → Y → 0 une suite exacte de A-modules. (2a) Montrer que si X et Y sont projectifs, alors M aussi. (2b) Montrer que si M et Y sont projectifs, alors X aussi. (2c) Si X et M sont projectifs, est-ce aussi le cas de Y ? (3) Soit A un anneau intègre de corps des fractions K. On suppose que I et J sont deux sous-Amodules de K tels que IJ = A (où IJ est le sous-groupe de K engendré par les produits xy avec x ∈ I et y ∈ J). (3a) Montrer que I et J sont des modules projectifs de type fini. (3b) Montrer que l’on a un isomorphisme canonique I ⊗A J ' A de A-modules. Exercice V (Torsion) Soit A un anneau intègre de corps des fractions K. Soit M un A-module. On note Mtor = {m ∈ M, ∃a ∈ A − {0}, am = 0}. On dit que M est sans torsion si Mtor = {0}. (1) Montrer que Mtor est le noyau du morphisme M → K ⊗A M qui à m associe 1 ⊗ m. (2) Montrer que M est sans torsion si et seulement si le morphisme évident M → K ⊗A M est injectif. (3) Montrer que si M est un A-module de type fini sans torsion, alors M est isomorphe à un sous-module de An pour un certain entier n. 1 2 (4) Soit a un idéal non nul de A. Montrer que l’application K ⊗A a → K qui à x ⊗ a associe xa est un isomorphisme. Exercice VI (Lemme de Nakayama) Soit A un anneau local, c’est-à-dire que A un anneau commutatif possédant un unique idéal maximal que l’on notera m. On note k = A/m. Soit M un A-module de type fini. Montrer que les conditions suivantes sont équivalentes : (i) M = {0}. (ii) k ⊗A M = {0}. (Indication : raisonner par récurrence sur le nombre de générateurs de M .) Exercice VII (Modules projectifs sur les anneaux locaux) Soit A un anneau local d’idéal maximal m. On note k = A/m. Soit M un A-module projectif de type fini. Soit m1 , . . . , mn une k-base de M/mM . On note m1 , . . . , mn des éléments de M relevant les éléments m1 , . . . , mn . Montrer que M est un A-module libre de base m1 , . . . , mn . Exercice VIII (Modules projectifs de type fini) Soit A un anneau commutatif. Soit M un A-module. Pour tout f ∈ A, on note A[1/f ] le localisé de A par rapport à la partie multiplicative {f n , n ≥ 0} et on note M [1/f ] = A[1/f ] ⊗A M . Si p est un idéal premier, on note Mp le Ap -module Mp := Ap ⊗A M où Ap est le localisé de A en p. (1) Soit M un A-module de présentation finie (pour simplifier, on peut éventuellement supposer plutôt que A est noethérien et que M est un A-module de type fini). (1a) Soit p un idéal premier de A. On suppose que Mp est un Ap -module libre de type fini. Montrer qu’il existe f ∈ A − p tel que M [1/f ] soit un A[1/f ]-module libre. (1b) Soit N un A-module. Soit f ∈ A. Montrer que l’on a un isomorphisme canonique HomA (M, N )[1/f ] ' HomA[1/f ] (M [1/f ], N [1/f ]) . (2a) Soit N un A-module tel que pour tout idéal premier p de A, on ait Np = 0. Montrer que N = 0. (2b) Soit N 0 → N un morphisme entre A-modules tel que pour tout idéal premier p de A le morphisme induit Np0 → Np soit surjectif. Montrer que N 0 → N est surjectif. (3) Soit M un A-module. Montrer que les conditions suivantes sont équivalentes : (i) M est un A-module projectif de type fini. (ii) M est un module de présentation finie (ou de type fini si on fait l’hypothèse que A est noethérien) et pour tout idéal premier p de A, le Ap -module Mp est libre de type fini. (iii) Il existe des éléments f1 , . . . , fn de A tels que l’on ait une égalité d’idéaux A = (f1 , . . . , fn ) et que pour tout i, M [1/fi ] soit un A[1/fi ]-module projectif de type fini. Exercice IX (Structures des modules sans torsion sur les anneaux de Dedekind) Soit A un anneau de Dedekind. (1) Soit M un A-module de type fini sans torsion. On note MK := K ⊗A M . On identifie M à un sous-A-module de MK (pourquoi est-ce possible ?). Soit m ∈ M − {0} un élément non nul. Pour tout x ∈ K, on peut considérer xm = x ⊗ m ∈ MK . On note J = {x ∈ K, xm ∈ M } et M 0 := {xm, x ∈ J} ⊂ M . (1a) Montrer que J est un idéal fractionnaire contenant A. (1b) Montrer que J est un A-module projectif de type fini. (1c) Montrer que M/M 0 est un A-module de type fini sans torsion. (2) Soit M un A-module de type fini sans torsion. Montrer que M ' a1 ⊕ · · · ⊕ an où les ak sont des idéaux non nuls de A. (3) Soit M un A-module de type fini. Montrer que les conditions suivantes sont équivalentes : (i) M est un A-module projectif. (ii) M est un A-module sans torsion. (iii) M ' a1 ⊕ · · · ⊕ an où les ak sont des idéaux non nuls de A. 3 (4) Si a et b sont deux idéaux non nuls de A, montrer qu’il existe un isomorphisme de A-modules a ⊕ b ' A ⊕ ab. (On pourra commencer par le cas particulier où A = a + b.) (5) Montrer que tout A-module projectif de type fini (et non nul) est isomorphe à un module de la forme An−1 ⊕ a où a est un idéal non nul de A. (On précisera la forme de a quand le module est de la forme a1 ⊕ · · · ⊕ an comme ci-dessus.) (6) Montrer que si a et b sont deux idéaux non nuls de A tels que An−1 ⊕ a ' An−1 ⊕ b alors a et b sont dans la même classe d’équivalence d’idéaux fractionnaires. (On pourra considérer la puissance extérieure n-ième de ces A-modules.) Exercice X (Modules de torsion sur les anneaux de Dedekind) Soit A un anneau de Dedekind. (1) Soit p un idéal maximal de A. Soit n ≥ 0. (1a) Soit f ∈ A − p. Montrer que la classe [f ] de f dans A/pn est un élément inversible. (1b) En déduire un morphisme canonique d’anneaux Ap → A/pn . (2) Soit M un A-module de torsion (c’est-à-dire que Mtor = M ). (2a) Soit p un idéal maximal de A. On note M [p∞ ] le sous-A-module de M formé des éléments de M annulés par une puissance de l’idéal p. Montrer que M [p∞ ] est naturellement muni d’une structure de Ap -module. (2b) Montrer que M = ⊕p M [p∞ ] où la somme directe est indexée par l’ensemble des idéaux maximaux p de A. (2c) Montrer que pour tout idéal maximal p, on a un isomorphisme canonique M [p∞ ] ' Mp où Mp := Ap ⊗A M . Exercice XI (Spec(O[X])) Soit O un anneau de valuation discrète, de corps de fractions K. On note π une uniformisante de O, v sa valuation. On note k := O/(π) le corps résiduel de O. On se propose de décrire le spectre et le spectre maximal de l’anneau O[X]. (1) Montrer que Spec O[X] est constitué exactement des idéaux suivants : – Iη := {0}. – Iπ := (π) = π · O[X]. – si p est un polynôme irréductible dans k[X] et si p̃ désigne un relèvement de p dans O[X], Ip := (π, p̃). Pd – si P = i=0 ai X i désigne un polynôme dans O[X] irréductible dans K[X] tel que min0≤i≤d v(ai ) = 0, IP := (P ) = P · O[X]. (2) Montrer que parmi ces idéaux premiers, ceux qui sont maximaux sont exactement ceux du type Ip et ceux du type IP quand P ∈ O× + πX · O[X]. (3) Quelles sont les parties fermées irréductibles de Spec(O[X]) et de Specmax(O[X]) ? Exercice XII (Valuation) Soit n ≥ 2. Déterminer la valuation 2-adique de x := Pn 1 i=1 i . En déduire que x 6∈ Z. Exercice XIII (Eisenstein) Soit A un anneau de valuation discrète de corps de fractions K. On note π une uniformisante de A. Soit P ∈ A[X] un polynôme d’Eisenstein. On pose B := A[X]/(P ) et x := [X] ∈ B. ∼ (1) Montrer que l’on a un isomorphisme canonique A/πA → B/xB. (2) Montrer que xB est l’unique idéal maximal de B. (3) En déduire que B est un anneau de valuation discrète dont x est une uniformisante. Dans B, quelle est la valuation de π ? Exercice XIV (Un groupe de Galois non résoluble) Soit p un nombre premier impair. Soit m un entier naturel non nul. Soit (n1 , . . . , np−2 ) un Qp−2 p − 2-uplet d’entiers relatifs distincts. On pose f = (X 2 + m) i=1 (X − ni ). (1) Montrer que pour tout réel ε de valeur absolue suffisamment petite, le polynôme f + ε ∈ R[X] admet p − 2 racines réelles simples et deux racines complexes conjuguées. 4 (2) Pour tout nombre premier `, on considère le polynôme P` = `p f ( X` ) + `. Montrer que pour ` assez grand, le polynôme P` ∈ Q[X] est un polynôme irréductible ayant p − 2 racines réelles simples et deux racines complexes conjuguées. (3) Montrer qu’alors, le groupe de Galois de l’extension de Q engendrée par les racines complexes de P` , que l’on voit comme un groupe de permutation de ces racines, contient un p-cycle et une transposition. En déduire qu’il s’agit de Sp tout entier. (4) En déduire que l’ensemble des classes d’isomorphismes d’extensions de Q de groupe de Galois Sp est infini. √ −7)) Exercice XV (Q( √ On pose K = Q( −7). Montrer que l’anneau des entiers OK est principal √ Exercice XVI √(Q( −13)) √ On pose K = Q( −13). On note x := −13 ∈ K. On note OK l’anneau des entiers de K. Déterminer le groupe de classes Cl(K). Comment Gal(K/Q) agit-il sur Cl(K) ? √ Exercice XVII√(Q( −26)) √ On pose K = Q( −26). On note x := −26 ∈ OK . (1) Déterminer la structure du groupe de classes de K. (Indication : pour des entiers N bien choisis, comparer le nombre de solutions entières à l’équation a2 + 26b2 = N et le nombre d’idéaux de OK de norme N qui se trouveraient être principaux.) (2) Comment Gal(K/Q) agit-il sur Cl(K) ?