COMPTES RENDUS 521
l’Archéologie (1.1-23), qui relate les événements ayant précédé la Guerre du
Péloponnèse, ne glorifie en rien le matériel de guerre ni la guerre en elle-même,
puisque chaque phase successive de l’histoire grecque débouche sur des affronte-
ments à visée impérialiste qui marquent l’arrêt du développement économique des
belligérants. Dans l’Archéologie, loin de faire l’apologie de l’impérialisme,
Thucydide mettrait donc en garde contre le désir de conquête prôné par Périclès, en
décrivant les conséquences désastreuses des affrontements armés lorsqu’ils ne sont
guidés que par la soif de pouvoir et l’appât du gain. Le chapitre 2, « Arms and
Passion » (p. 44-79), offre un exemple de ce cycle de création, développement et
destruction à travers une étude détaillée du récit du conflit entre Corcyre et Corinthe,
deux cités alors au faîte de leur richesse et de leur puissance militaire. E. Foster
montre que la possession de navires de guerre a fait naître chez les belligérants un
sentiment illusoire de supériorité et une arrogance qui les a conduits à un affrontement
sanglant qui aurait pu, sans cela, être résolu par des négociations. L’auteur met par
ailleurs l’accent sur les conséquences de l’intervention d’Athènes dans le conflit qui
débouchera sur le siège de Potidée au coût humain et matériel élevé pour la cité
Attique. Dans son troisième chapitre, « The Athenian Acme in Book One of
Thucydides » (p. 80-118), E. Foster s’appuie sur le récit que Thucydide livre du
congrès de Sparte (1.68-88) et de la Pentécontaétie (1.89-118) pour illustrer les effets
de l’accumulation de richesses et de matériels de guerre par Athènes sur ses alliés, ses
ennemis, mais également les Athéniens eux-mêmes. Face aux Lacédémoniens, ces
derniers, qui présentent les aspirations impérialistes comme naturelles chez tout indi-
vidu, mettent en avant leur propre puissance de façon arrogante afin de les dissuader
d’entreprendre toute action belliqueuse. Le résultat est contraire à l’effet escompté,
puisque Sparte décide d’entrer en guerre précisément par peur du développement de
la puissance athénienne et de ses aspirations impérialistes. Dans le chapitre 4,
« Pericles and History » (p. 119-150), E. Foster s’intéresse plus spécifiquement au
personnage de Périclès, à son histoire et à ses motivations. Elle s’appuie en particulier
sur son premier discours (1.140-144), dans lequel il fait l’éloge de la force et de la
richesse issues de l’empire naval athénien face à la faiblesse et à la pauvreté résultant
de l’orientation résolument agricole de Sparte. L’auteur montre comment un homme
intelligent et visionnaire comme Périclès, aveuglé par les promesses de gloire et de
prospérité que laisse entrevoir la puissance militaire sans précédent d’Athènes, décide
d’entreprendre une guerre dont il sous-estime les conséquences. Dans le chapitre sui-
vant, « Pericles and Athens » (p. 151-182), l’auteur trace un parallèle entre le discours
d’Archidamos (2.11) et celui de Périclès (2.13). Le Spartiate, malgré la puissance
évidente de son armée, encourage ses concitoyens à la prudence, alors que le second,
mettant l’accent sur l’argent et l’avantage matériel qui en découle, exhorte les
Athéniens à entrer en guerre. E. Foster montre que le style indirect dans lequel est
rapporté ce discours permet à Thucydide, par des intrusions narratives et des
commentaires, de se dissocier des opinions de Périclès, en jetant le doute sur la vision
résolument matérialiste des enjeux du conflit que ce dernier présente à ses conci-
toyens. Pour finir, dans le chapitre 6, « Thucydides and Pericles’ Final Speeches »
(p. 183-220), E. Foster se concentre sur les derniers discours de Périclès afin de mon-
trer l’écart existant entre l’image idéalisée du projet impérial offerte par le leader
Athénien qui fait fi de toute considération humaine au profit de la gloire et du gain