Défi diagnostic
qu’Edward Jenner a utilisé un virus
isolé des vaches pour vacciner un
patient contre la variole humaine. On
croit en effet que Jenner aurait pu vac-
ciner des gens déjà porteurs de la vac-
cine ou de la variole avec le virus cow-
pox et que ces virus, mis en contact,
auraient muté pour former un nouveau
virus, dont certains spécimens auraient
pu s’échapper dans la nature.
Il existe une immunité croisée entre
les différents virus de la famille
Orthopox, et il est possible que la vac-
cination massive contre la variole ait
donné aux agriculteurs une protection
relative contre la vaccine au XXesiè-
cle. La fin de l’immunisation contre la
variole pourrait cependant entraîner
une recrudescence des cas de cowpox
chez les agriculteurs.
Le diagnostic
Avec la montée du bioterrorisme, il est
important de différencier une lésion de
vaccine d’une lésion due à l’anthrax. À
cet effet, dresser l’historique des con-
tacts entre le patient et des vaches, des
moutons, des rongeurs ou des chats qui
présentaient des plaies aide beaucoup à
établir le diagnostic.
Le diagnostic définitif se pose au
moyen de la microscopie électronique
et l’isolation du virus, par l’utilisation
d’une réaction en chaîne par
polymérase, ainsi que par un essai
d’immunofluorescence pour mesurer
les immunoglobulines spécifiques IgG
et IgM, puis l’avidité pour les anticorps
IgG. Initialement, les titres d’IgM sont
élevés et l’avidité pour les IgG spéci-
fiques est basse. Après deux mois, le
titre des IgM chute et l’avidité pour les
IgG devient élevée.
La transmission du
virus
Le virus se transmet à travers les bris
cutanés (plaies et abrasions). Les
lésions passent par les stades macu-
laire, papulaire, vésiculaire, pustulaire
et ulcéré, puis elles se transforment
finalement en escarres, après environ
deux semaines. Le réservoir du virus
cowpox se trouve chez les rongeurs
sauvages, qui peuvent le transmettre
aux chats, qui , eux, peuvent ensuite le
transmettre aux vaches et aux humains.
L’infection touche tous les continents,
mais elle semble légèrement plus pré-
valente en Europe et en Asie.
Retour sur le cas
de Samuel
Quelques jours après la visite de
Samuel, vous rappelez
l’infectiologue. Celui-ci vous
confirme que les lésions ont été
identifiées en microscopie
électronique comme des lésions
de vaccine. Le patient a
spontanément guéri en quelques
semaines.
C
4le clinicien novembre 2010
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old boy: rapid identification by an
orthopoxvirus-specific polymerase chain reac-
tion. Br J Dermatol 2001; 145:146-50.
Dr Melançon est
omnipraticien et
compte 25 années
d’expérience dont 18
en salle d’urgence. Il a
pratiqué en cabinet
privé et en CLSC. Il
est récemment revenu
à ses premières amours, soit la
médecine d’urgence, la traumatologie et
la psychiatrie.