Le signe peircien n’a pas forcément d’émetteur conscient humain et n’a 
pas forcement d’émetteur du tout. 
 
Le schéma saussurien (Sa) -> (Sé) postulait un émetteur et un récepteur, 
chez  Peirce,  nous  allons  de  signe  en  signe.  L’activité  sémiotique  est 
ouverte et potentiellement sans fin. 
 
Peirce apportera également à la sémiotique les notions d’indice, d’icône 
et de symbole, qui sont trois façons de faire signe. 
 
L’indice est une trace sensible, « un fragment arraché de l’objet ». C’est 
une  prise  directe,  une  manifestation  du  signe  (fumée,  cri, 
mouvement, paralangage, …). Il ne représente pas la chose, il en dit la 
présence. La lecture de l’indice est une pratique très ancienne (oralité) et 
est partagée par le monde animal. 
 
L’icône  (l’image)  s’ajoute  au  monde,  quand  l’indice  est prélevé  de  lui. 
Elle représente l’objet. C’était déjà le cas de certains signes des écritures 
idéogrammatiques. L’icône réalise une « coupure sémiotique » (le signe 
n’est pas la chose) qui correspond, nous dit D. Bougnoux, à la coupure 
anthropologique :  « même  domestiqués,  les  animaux  sensibles  aux 
indices ne s’intéressent pas aux tableaux, aux photographies, ni même à 
leur  reflet  dans  le  miroir. »3 Par  son  aspect  descriptif  ou  schématique, 
l’icône peut facilement franchir les frontières. 
 
Le symbole est un signe purement arbitraire (panneau de sens interdit, 
les symboles chimiques ou algébriques, les signes linguistiques, etc.).  
 
La  pensée  logocentrique  est  constituée  de  symboles  quand  le  rêve,  la 
poésie,  la  pub,  le  cinéma,  etc.,  sont  le  fait  d’indices  et  d’icônes. Pour 
Peirce,  contrairement  au  discours  porté  par  les  logocentristes  méfiants 
vis à vis de l’image, « l’icône est la façon la plus parfaite de représenter 
une pensée ».4 « Le monde des choses correspond à notre biosphère dont 
notre sémiosphère a émergé » (D. Bougnoux, Op. Cit., p. 39).  
 
Rappelez-vous de l’approche mésologique du corps animal et du corps 
médial. La sémiosphère est infinie et peut créer tous le mondes qu’elle 
souhaite. A ce titre, en étant au-delà des objets référents, on peut lui faire 
la critique de ramener toute la réalité à du langage. 
 
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3%Daniel%Bougnoux%(1993,%p.%34)%
4%Charles%Sanders%Peirce.%Pragmatisme*et*pragmaticisme,*Oeuvres*philosophiques*,*
Volume*I.%Cerf.%Passages,%2002.%
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