Mort d’un commis voyageur
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d’Arthur Miller
mise en scène et scénographie Dominique Pitoiset / TnBA
première en Ile-de-France
du jeudi 22 mars au dimanche 1er avril 2012
du mercredi au samedi à 20h45, dimanche à 17h
Les Gémeaux
Sceaux / Scène Nationale / Grand Théâtre
49, av Georges Clémenceau / Sceaux
RER B station Bourg-la-Reine
réservations : 01 46 61 36 67 / www.lesgemeaux.com
tarifs : 9 à 26
tournée
du 14 au 16 mars 2012 : Théâtre national de Bordeaux en Aquitaine
du 11 au 14 avril 2012 : La Criée Théâtre national de Marseille
contact presse / MYRA
mi Fort / Elisabeth Le Coënt
01 40 33 79 13 / myra@myra.fr / www.myra.fr
Mort d’un commis voyageur
d’Arthur Miller
mise en scène et scénographie Dominique Pitoiset
avec
Nadia Fabrizio
Linda Loman
Dominique Pitoiset
Willy Loman
Pierre-Alain Chapuis
Charley
Cyrille Henry
Biff Loman
Adrien Cauchetier
Happy Loman
Adeline Jondot
La femme de Boston
Christophe Poulain
Howard
Tom Linton
Ben
Roberto Magalhaes
Bernard
dramaturgie Daniel Loayza et Mariette Navarro
lumières Christophe Pitoiset
accessoires Marc Valladon
son Michel Maurer
costumes Axel Aust et Odile Béranger
maquillage cile Krestchmar
gie générale François Borne
construction Jean Pierre Cartier et Loïc Ferié
construction décor espace et cie
durée : 2h
création au TnBA en mars 2010
production TnBA
avec la participation du Jeune Théâtre National
remerciements à Jean-Claude Grumberg, ainsi qu’à Baptiste Girard, l’équipe Decons
Bouliac et les personnes qui ont prêté leurs voix pour les enregistrements sonores.
Après
Qui a peur de Virginia Woolf ?
d’Edward Albee,
Mort d’un commis
voyageur
d’Arthur Miller sera le second volet du cycle que Dominique
Pitoiset souhaite consacrer au théâtre Nord Américain du XXe siècle.
Willy Loman est un représentant de commerce qui sillonne, avec dévouement, les
routes de son pays depuis plusieurs cennies pour le compte de la Compagnie
Wagner. Il a, comme beaucoup, cru aux idéaux du libéralisme sans voir venir le mal
caché. Il a payé avec patience et honnêteté les traites de sa maison et élevé ses
enfants comme il le pouvait en re trop souvent absent. Et puis les temps et les
hommes ont changé. Son employeur lui a signif qu’il lui retirait son salaire fixe pour
le remettre à la commission comme un butant. primé, Willy tombe de plus en
plus fréquemment en proie à des hallucinations mettant en scène des énements du
passé dans lesquels il se réfugie. Seule sa femme Linda le protège et tente de
contenir l’inexorable chute.
Le théâtre d’Arthur Miller met en scène des hommes et des femmes ordinaires en
souffrance victimes de la faillite du grand rêve américain de prospérité.
Mort d’un commis voyageur
est l’histoire tragique d’un homme de la classe moyenne
qui a soumis sa vie aux exigences de la société de consommation et qui, confronté à
la brutalité pragmatique de la crise de l’économie du système capitaliste, comprend
que son assurance vie fait de lui un homme qui a plus de valeur mort que vif.
Arthur Miller a écrit cette pièce en 1949. Elle lui a valu le prix Pulitzer et le Drama
Critic’s Circle Award.
Désespérément déplacer le réel
Willy Loman n’est pas au bon endroit. Pas au bon moment. Il se déne avec ses
décalages, qui provoquent son immense fatigue, sa grande tristesse. Il rentre chez lui
alors qu’il devrait être sur la route. Il vit à Brooklyn où les immeubles lui cachent
l’horizon, alors qu’il rêvait de grands espaces pour lui et pour sa famille. Il se heurte à
l’indifférence nérale, dans un monde où tout ce qui compte est de rapporter de
l’argent, alors qu’il ne cherche dans son métier qu’à être aiet reconnu, de ville en
ville, de rencontre en rencontre. Sans vraiment se lavouer, il est exclu de quelque
chose. Il a é laissé sur le bord de la route.
Alors Willy place le réel. Fait de petits arrangements avec le temps. Ouvre des
espaces dans les possibles.
Les sauts dans le temps, le lange des réalis ne sont pas seulement les effets de
la conscience troublée de Willy visité par son passé et par ses fantômes, ils sont
aussi le signe d’un refus pour le personnage de vivre le psent qui s’offre à lui. Ce
qu’il refuse de toute sa tête, c’est cette fin de carrière qui na pas été un envol, une
ascension de marche en marche selon les injonctions du capitalisme, mais une lente
déchéance, physique, morale, professionnelle, familiale. Willy ne peut pas vivre ce
présent- sous le regard de ses fils. Alors il revient sans cesse en arrière dans la
projection de son film personnel, au moment il se croyait le plus heureux, jouant
au ballon avec ses garçons autour d’une belle voiture, sous le regard envieux, ou
ainsi le croyait-il, des voisins. Au moment un part pour le Grand Nord et son
argent facile était encore envisageable.
Mort dun commis voyageur
est l’histoire d’une série de mensonges organisés. À
l’échelle d’une société, à l’échelle d’une famille et à l’échelle d’un individu. Mensonges
gigognes, ils se pondent, se provoquent, s’entretiennent, et finissent par grignoter les
liens, par cer les malentendus, les gouffres qui s’installent entre les êtres et surtout en
chacun d’eux. La socié, dans les images qu’elle propose, ment à Willy, Willy ment à sa
famille, il se ment à lui-me, et, pour le protéger, ses fils et sa femme finissent par ne
pas avoir d’autre recours que de lui mentir.
Mort d’un commis voyageur
, c’est l’histoire
du moment l’architecture de mensonges cesse de soutenir la vie d’une famille. Ce
moment terrible s’ouvrent, une à une, toutes les béances. C’est l’histoire d’un
effondrement programmé, et le moment pour chacun des personnages de faire face à ce
qu’il est, et non pas à ce qu’il aurait rêvé d’être, ou qu’on aurait rêvé pour lui. Quant à la
mort de Willy, elle n’est pas un suicide lié à une découverte impossible à surmonter, elle
n’est par résolution, passement de rien du tout, mais la mise à l’oeuvre d’un dernier
espoir, l’ultime mensonge à soi, venu du plus profond des illusions de Willy : celui que
ses fils pourront enfin monter leur affaire et réaliser ce dont leur père a rêvé pour eux.
Mais peu de personnages de théâtre sont aussi attachants que ne l’est Willy, en pleine
souffrance, se débattant comme il le peut contre une réalité qui lagresse, colmatant tant
bien que mal les brèches une à une, au mauvais endroit, au mauvais moment, allant
chercher l’énergie de déplacer des montagnes pour simplement rester en place.
Mariette Navarro, dramaturge
No Loman’s land
Willy Loman rentre chez lui. On ne l’attendait pas avant plusieurs jours.
What
happened
, lui demande sa femme, que s’est-il passé ? Rien, pond Willy,
nothing
happened
. Il a failli sortir de la route, il aurait pu tuer quelqu’un de simples
possibilités, rien de el, inutile de s’y attarder. C’est peut-être sa vue qui baisse, à
moins qu’il ne commence à perdre la tête. Comment savoir ? Willy Loman, ces temps-
ci, se montre dangereusement distrait. Il lui arrive me de se laisser envahir par
l’instant présent, la douceur du vent sur la route, la chaleur du soleil, la beauté des
arbres. Il en oublie qu’il est au volant. Willy Loman rêve, et il n’en revient pas.
Il rêve comme à son insu, lui, l’homme pratique, le travailleur toujours sur les routes,
le bricoleur infatigable… Miller, par petites touches et différents accès, nous fait
entrer dans ce rêve au statut incertain. Il y a un peu plus de trente ans, Giorgio
Strehler, à propos de
La Cerisaie
de Tchekhov, faisait remarquer que toute grande
œuvre dramatique dispose l’une dans l’autre trois « boîtes chinoises » : celle du Vrai,
« succession de petites péripéties » dont les strates finissent par constituer la
biographie ; celle de l’Histoire, qui rend compte du « mouvement des classes
sociales » et de leur « rapport dialectique » ; celle enfin de la Vie, où se dessine la
« parabole éternelle ». Mesurée à cette aune,
Mort d’un commis voyageur
est
incontestablement une très grande pièce, car le Vrai, l’Histoire, la Vie s’y emboîtent
ou plutôt s’y entrelacent de façon exemplaire : à la fois lumineuse et complexe.
Miller monte le destin de Willy comme un long-trage, et l’on croit dabord à une
ruse d’écriture visant à emprunter au cinéma sa liberté d’allure et l’efficacité de ses
ellipses. Mais les effets proprement tâtraux d’un tel montage portent loin. Nous
voyons Willy quitter le présent, y revenir, se replonger à nouveau à différentes
époques toutes les perspectives qui depuis se sont bouchées semblaient encore
s’ouvrir comme autant de promesses ; nous voyons sa famille et ses proches jouer
leur propre rôle dans son théâtre intérieur. La situation présente se double ainsi,
détail par détail, d’un contrepoint personnel ou collectif qui contribue à l’expliquer ou
à la critiquer ; et de loin en loin, d’autres silhouettes visibles ou non celles dun
père admiré et tôt perdu, celle d’un grand frère parti au bout du monde se tiennent
sur la frontière mouvante entre donnée objective et mythe personnel. Ce n’est pas
seulement le récit qui se libère ici du carcan de la stricte chronologie : c’est aussi,
dans toutes ses nuances, le désordre mental du protagoniste qui trouve un
équivalent scénique concret. À cet égard, la pièce fonctionne à la fois comme un
documentaire impitoyablement factuel et comme un portrait, voire un autoportrait
inconscient de Willy.
Reste la Vie, ou la « parabole éternelle ». Pourquoi et comment Willy Loman se
retrouve-t-il acculé en ce point pcis de son existence ? Il se croit fils dun séduisant
inventeur, musicien errant de ville en ville, libre de ses mouvements. Il simagine
frère dun explorateur marchant au-devant des richesses du monde, qu’elles soient
en Alaska ou en Afrique. Lui aussi a voyagé ; lui aussi a arpenté la terre, ouvrant de
nouveaux domaines au profit de sa firme. Au fond, il n’a jamais cessé de se rêver en
pionnier des origines, devant tout à son seul charme, à son énergie, à son sens de
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