Du bridge au poker
Avant propos de l’auteur:
Le texte de cette semaine est un peu technique et je m’en excuse. Mais ce qui se passe dans les
banques centrales est tellement invraisemblable qu’il me fallait en tirer des conclusions. Ce n’est
pas simple, mais croyez bien que j’ai fait de mon mieux…
Depuis un peu plus de 40 ans, j’essaie de comprendre les relations qui unissent l’économie et les
marchés financiers. Apres bien des tâtonnements, j’étais arrivé au modèle suivant.Au centre du
système se trouvait la « monnaie » sous forme de « cash ». L’avantage du cash c’est qu’il est
absolument stable (aucune volatilité), l’inconvénient c’est qu’il rapporte peu… Mais être stable
quand tout baisse à son attrait…
L’investisseur qui cherche à accroitre son rendement doit s’éloigner de ce cœur et donc accepter
un accroissement de la volatilité de ses placements, ce qui veut dire que s’il veut gagner plus, il
lui faut accepter de perdre de l’argent de temps en temps. (La volatilité d’un placement c’est tout
simplement sa variation moyenne en pourcentage sur la periode choisie).
Techniquement, il y a deux façons de s’éloigner du centre:
Soit l’investisseur s’en éloigne géographiquement en achetant par exemple des actions ou des
obligations qui ne sont pas libellées dans sa monnaie (du style des obligation ou des action
Brésiliennes). Plus il s’éloignera géographiquement du centre, plus sa position sera volatile, surtout s’il
achète des actifs non liquides, une usine au Vietnam ayant plus de volatilité dans sa valeur que la
même usine dans le bassin Parisien tandis qu’une action cotée au hors cote de Vancouver sera plus
volatile que la plupart des sociétés du CAC 40…
Soit il s’en éloigne dans le temps, en achetant par exemple une obligation à trente ans qui sera
beaucoup plus volatile qu’une obligation à cinq ans ou bien sur que le cash.Donc, quand je gérais de
l’argent, j’avais sur mon tableau de bord un indicateur de « cash » et deux boutons.
Le premier bouton me permettait de me positionner géographiquement.Au début d’une reprise,
quand elle est encore hésitante, je me concentrais en actions au centre du système (USA,
Allemagne, France).Ensuite, si je m’attendais a un « boom » mondial je me précipitais aux
frontières du système du style Hong-Kong Indonésie, Brésil, Philippines ou j’acquérais des
actions.Le deuxième bouton me permettait de me positionner dans le temps.
Si je m’attendais à un boom, je m’achetais des actions et je vendais mes obligations.Par contre, si
je pensais qu’une récession était sur le point d’arriver, je m’achetais des obligations d’Etat très
longues au centre du système, en pratique soit des Bunds (allemandes) soit des T Bonds du
Trésor Américain selon la valorisation relative de l’Euro (DM) ou du Dollar .
Donc je travaillais dans un système à trois dimensions, le cash (le présent), le temps étant la
deuxième dimension et la distance par rapport au centre la troisième.Hélas, tout ce bel édifice