atypique, la variabilité est mauvaise : 0,26 à 0,58 en intra-observateur et de 0,13 à
0,41 en interobservateur.
Higgins (6) a comparé devant un frottis anormal (n = 188) une évaluation ulté-
rieure par frottis répété, colposcopie, biopsie ou électrorésection à l’anse. La compa-
raison impression colposcopique-histologie a un kappa de 0,09! Il n’est guère
rassurant de savoir que lorsque l’impression colposcopique est en faveur d’un col
normal ou d’un bas grade, il y a 20 % environ de haut grade.
La concordance entre biopsie sous colposcopie et le résultat de la conisation
n’est concordante dans les hauts grades que dans 70 % des cas environ. Pour Tritz
(7), 52 % des discordances cytohistologiques sont liées à une erreur du site de prélè-
vement sous colposcopie. Dans l’étude ALTS (8) portant sur 3488 femmes, la
biopsie dirigée n’est pas performante pour évaluer avec précision la lésion. Ainsi,
après frottis de bas grade ou ASCUS, 6,8 % des CIN 3 identifiés sur ERAD avaient
été étiquetés bas grade après colposcopie et biopsie.
Par contre, la colposcopie repère les hauts grades avec 71 à 98 % d’identifica-
tion, sauf quand la jonction n’est pas vue. Il est essentiel de rappeler que la colpo-
scopie n’a de valeur probante que si la zone de jonction a été vue. La concordance
biopsie-conisation est de 82 % si la jonction est bien vue, elle n’est plus que de 66 %
si elle est mal vue. La sous-évaluation lésionnelle est rare si la jonction est bien vue
(inférieure à 10 %), elle est fréquente dans le cas contraire, 20 % environ (1).
En résumé, la sensibilité de la colposcopie à différencier un col normal d’un col
anormal, est bonne, proche de 95 %, mais la capacité à porter un diagnostic lésion-
nel précis (spécificité) est médiocre, proche de 50 % (2). Il y a de nombreuses causes
à une évaluation faussement positive : l’inflammation, la leucoplasie, la métaplasie
en particulier immature, les ulcérations et les érosions. Certaines circonstances
comme la grossesse, une virose HPV ou une séropositivité HIV peuvent majorer la
sévérité d’un tableau colposcopique. À l’inverse, la situation endocervicale de la
jonction, fréquente à la ménopause et chez l’adolescente, peut minorer l’aspect
lésionnel.
Enfin, il n’est pas douteux que la performance de la colposcopie est opérateur-
dépendant; on sait ainsi que la probabilité de trouver une lésion invasive sur pièce
d’électrorésection est de 0,6 % si l’observateur pratique plus de 200 colposcopies à
l’année, alors qu’elle est de 2 % si le colposcopiste effectue 20 colposcopies seule-
ment par an (1).
Tous ces éléments sont autant de limites à l’utilisation du colposcope en
dépistage.
Alternatives à la colposcopie en dépistage?
(9)
Pour être efficace, en touchant la plus grande partie de la population féminine
ciblée, une technique de dépistage du cancer du col doit pouvoir être effectuée par
un grand nombre de praticiens, en particulier les médecins de famille, et être simple
et rapide à effectuer sans nécessiter ni formation approfondie ni lourd investisse-
ment. Il est clair que la colposcopie ne peut répondre à ces différents critères.
140 Le dépistage du cancer du col de l’utérus