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LIBÉRALE
Cancer du col de l’utérus
Sensibiliser les femmes
Si l’on enregistre des progrès certains quant à la
mortalité due au cancer de l’utérus, on compte
encore 2 500 décès/an en France. Pourtant, grâce au
dépistage, ce cancer connaît le meilleur pronostic.
L
e coupable est le papillomavirus, un virus à
double brin d’ADN, sans enveloppe. En
s’introduisant dans une cellule normale,
grâce à deux zones de codage, il transforme une
multiplication cellulaire normale en une prolifération anarchique : c’est le début du processus de
carcinogenèse. Pour que celle-ci se déclenche,
des cofacteurs tels le tabac, ou un déficit immunitaire, mais surtout une insuffisance de surveillance gynécologique, un premier rapport très
jeune ou encore la multiplicité des partenaires
sont nécessaires.
La dysplasie atteint en moyenne 4 % des femmes.
Son taux est plus élevée entre 25 et 45 ans et
moindre avant 18 et après 65 ans. Compte tenu
du changement des comportements sexuels, mais
aussi d’un dépistage plus généralisé, l’âge moyen
d’apparition qui était de 50 ans en 1977 est passé
à 30 ans en 1990.
Le dépistage
Le dépistage est efficace, mais il est trop souvent
négligé. Le col de l’utérus est formé de deux parties : la première, l’exocol, comprend un épithélium malpighien (formé de 5 couches, de la profondeur vers la superficie, à des degrés différents
de maturation), la seconde, l’endocol, avec son
épithélium glandulaire monocouche.
A la jonction des deux parties se trouve une zone
de transition, lieu de nombreux remaniements et
donc siège de la plupart des cancers du col. C’est
cette zone qui doit être correctement balayée par
la spatule lors du frottis de dépistage. Après
introduction du spéculum non lubrifié et ouverture des valves au ressaut du col, l’étalement des
cellules prélevées aux trois niveaux (exocol,
endocol et jonction) se fait sur trois lames fixées
immédiatement. Pour couvrir au mieux la zone
de transition située à environ 5 mm de l’orifice
externe du col, on utilise la spatule en bois d’Ayre
qui comprend un embout acéré placé à l’orifice et
un embout arrondi servant à effectuer les prélèvements selon un mouvement de rotation. Le
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Professions Santé Infirmier Infirmière - No 29 - septembre 2001
frottis va ainsi fournir des renseignements sur
le type des cellules rencontrées, sur l’existence
d’anomalies de maturation, de signes d’accompagnement infectieux ou inflammatoires. Autrefois
était utilisée l’échelle de Papanicolaou où l’on
classait les anomalies constatées : de la classe I,
pour un frottis normal, à la classe V, pour un
cancer. Entre ces extrêmes, un flou permettait
des discussions. Désormais, la classification de
Bethesda lui est préférée. Elle caractérise, si une
anomalie existe, son niveau et par conséquent le
degré de l’atteinte. Un stade CIM I signifie une
atteinte de bas grade. Seules les cellules superficielles sont atteintes. Lorsqu’un frottis interprétable est positif, il convient de pratiquer une colposcopie. Réalisée au microscope, elle permet de
détecter des zones anormales grâce à des colorations et de guider les biopsies. Sont ainsi définies
des lésions de grade bas ou haut, en fonction de
la gravité des atteintes constatées.
Lorsqu’un tiers des cellules en profondeur est
touché, il s’agit d’un CIM II, soit une dysplasie
moyenne, et lorsque la totalité est atteinte, c’est
une dysplasie sévère ou stade CIM III.
Dans l’exercice en ville, les infirmières doivent
encourager les femmes à se faire examiner, surtout dans les populations à risque, celles qui,
notamment, n’ont pas intégré culturellement le
suivi gynécologique régulier.
Jacques Bidart
• Attitude thérapeutique :
Frottis anormal = colposcopie ➡ biopsie
• Traitement :
– bas grade, CIM I : dysplasie légère ➡ surveillance
tous les 6 mois ;
– haut grade, CIM II : dysplasie moyenne ➡ vaporisation, laser ;
– CIM III : dysplasie sévère ➡ exérèse ;
– cancer micro-invasif : chirurgie ;
– cancer invasif : bilan d’extension.
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