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Professions Santé Infirmier Infirmière - No29 - septembre 2001
LIBÉRALE
Le coupable est le papillomavirus, un virus à
double brin d’ADN, sans enveloppe. En
s’introduisant dans une cellule normale,
grâce à deux zones de codage, il transforme une
multiplication cellulaire normale en une prolifé-
ration anarchique : c’est le début du processus de
carcinogenèse. Pour que celle-ci se déclenche,
des cofacteurs tels le tabac, ou un déficit immu-
nitaire, mais surtout une insuffisance de sur-
veillance gynécologique, un premier rapport très
jeune ou encore la multiplicité des partenaires
sont nécessaires.
La dysplasie atteint en moyenne 4 % des femmes.
Son taux est plus élevée entre 25 et 45 ans et
moindre avant 18 et après 65 ans. Compte tenu
du changement des comportements sexuels, mais
aussi d’un dépistage plus généralisé, l’âge moyen
d’apparition qui était de 50 ans en 1977 est passé
à 30 ans en 1990.
Le dépistage
Le dépistage est efficace, mais il est trop souvent
négligé. Le col de l’utérus est formé de deux par-
ties : la première, l’exocol, comprend un épithé-
lium malpighien (formé de 5 couches, de la pro-
fondeur vers la superficie, à des degrés différents
de maturation), la seconde, l’endocol, avec son
épithélium glandulaire monocouche.
A la jonction des deux parties se trouve une zone
de transition, lieu de nombreux remaniements et
donc siège de la plupart des cancers du col. C’est
cette zone qui doit être correctement balayée par
la spatule lors du frottis de dépistage. Après
introduction du spéculum non lubrifié et ouver-
ture des valves au ressaut du col, l’étalement des
cellules prélevées aux trois niveaux (exocol,
endocol et jonction) se fait sur trois lames fixées
immédiatement. Pour couvrir au mieux la zone
de transition située à environ 5 mm de l’orifice
externe du col, on utilise la spatule en bois d’Ayre
qui comprend un embout acéré placé à l’orifice et
un embout arrondi servant à effectuer les pré-
lèvements selon un mouvement de rotation. Le
frottis va ainsi fournir des renseignements sur
le type des cellules rencontrées, sur l’existence
d’anomalies de maturation, de signes d’accompa-
gnement infectieux ou inflammatoires. Autrefois
était utilisée l’échelle de Papanicolaou où l’on
classait les anomalies constatées : de la classe I,
pour un frottis normal, à la classe V, pour un
cancer. Entre ces extrêmes, un flou permettait
des discussions. Désormais, la classification de
Bethesda lui est préférée. Elle caractérise, si une
anomalie existe, son niveau et par conséquent le
degré de l’atteinte. Un stade CIM I signifie une
atteinte de bas grade. Seules les cellules superfi-
cielles sont atteintes. Lorsqu’un frottis interpré-
table est positif, il convient de pratiquer une col-
poscopie. Réalisée au microscope, elle permet de
détecter des zones anormales grâce à des colora-
tions et de guider les biopsies. Sont ainsi définies
des lésions de grade bas ou haut, en fonction de
la gravité des atteintes constatées.
Lorsqu’un tiers des cellules en profondeur est
touché, il s’agit d’un CIM II, soit une dysplasie
moyenne, et lorsque la totalité est atteinte, c’est
une dysplasie sévère ou stade CIM III.
Dans l’exercice en ville, les infirmières doivent
encourager les femmes à se faire examiner, sur-
tout dans les populations à risque, celles qui,
notamment, n’ont pas intégré culturellement le
suivi gynécologique régulier.
Jacques Bidart
Si l’on enregistre des progrès certains quant à la
mortalité due au cancer de l’utérus, on compte
encore 2 500 décès/an en France. Pourtant, grâce au
dépistage, ce cancer connaît le meilleur pronostic.
Cancer du col de l’utérus
Sensibiliser les femmes
Attitude thérapeutique :
Frottis anormal = colposcopie
biopsie
• Traitement :
bas grade, CIM I : dysplasie légère
surveillance
tous les 6 mois ;
haut grade, CIM II : dysplasie moyenne
vaporisa-
tion, laser ;
CIM III : dysplasie sévère
exérèse ;
cancer micro-invasif : chirurgie ;
cancer invasif : bilan d’extension.
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