CONFÉRENCE PHILOSOPHIQUE
“Plus l’être humain sera éclairé, plus il sera libre.”
Voltaire
LA DIGNITÉ DE L’HOMOSEXUALITÉ
De l’égale dignité et normalité de l’homosexualité
CONFÉRENCE PAR ÉRIC LOWEN
Association ALDÉRAN Toulouse
pour la promotion de la Philosophie
MAISON DE LA PHILOSOPHIE
29 rue de la digue, 31300 Toulouse
Tél : 05.61.42.14.40
Site : www.alderan-philo.org conférence N°1600-121
LA DIGNITÉ DE L’HOMOSEXUALITÉ
De l’égale dignité et normalité de l’hétérosexualité
Conférence d’Éric Lowen réalisée le 24 avril 2013
à la Maison de la philosophie à Toulouse
Il y a encore 50 ans en France, l’homosexualité était passible de prison. Dans les sociétés
occidentales, un progrès important a été accompli sur ces questions qui touchent aux droits
humains, mais il est loin d’être suffisant. Lutter contre l’homophobie, pour le droit à la sexualité de
son choix, pour le respect des libertés individuelles fondamentales, ce n’est pas de l’activisme
homo-bi-trans-inter ou autre, c’est défendre les droits humains, les droits de tout être humain. Il faut
même aller plus loin et reconnaître l’égale dignité de l’homosexualité par rapport à l’hétérosexualité,
et son égale normalité. C’est autant une question de vérité que de démocratie. Pour un autre regard
sur la nature humaine et ses différenciations sexuelles.
Association ALDÉRAN © - Conférence 1600-121 : “La dignité de l’homosexualité” - 15/02/1996 - page 2
LA DIGNITÉ DE L’HOMOSEXUALITÉ
De l’égale dignité et normalité de l’homosexualité
PLAN DE LA CONFÉRENCE PAR ÉRIC LOWEN
Je n’avoue pas que je suis homosexuel parce que je n’en ai pas honte,
je ne proclame pas que je suis homosexuel parce que je n’en suis pas fier,
je dis que je suis homosexuel parce que cela est.
Jean-Louis Bory (1919-1979)
I PRÉSENTATION
1 - Dans un monde plus humain et plus intelligent, cette conférence n’aurait pas besoin d’être
2 - Les raisons de cette conférence
3 - Une conférence pour l’homosexualité ? Non, pour la vérité, pour les droits humains, pour la
liberté, pour le respect, pour la démocratie et pour le progrès de la civilisation
4 - La nécessité de «désexualiser» l’homosexualité et de revenir à l’anthropologie
II L’HOMOSEXUALITÉ DANS L’HISTOIRE : DU REJET À SA NORMALISATION PROGRESSIVE
1 - L’universalité de l’homosexualité, elle n’est pas historique même si elle a une histoire
2 - Différentes sociétés, différentes considérations de l’homosexualité
3 - Les principales interprétations négatives de l’homosexualité : péché, perversion, maladie,
décadence, vice bourgeois, dénaturation, dépravation, caricatures, etc.
4 - Une homophobie qui provient surtout des croyances religieuses et de l’obscurantisme religieux
5 - Le résultat de ces croyances fut la discrimination, la stigmatisation et la diabolisation de
l’homosexualité
6 - Ce qui amènera à une quadruple répression : religieuse, sociale, morale et légale
7 - Le début du progrès des sociétés occidentales à partir des années 1960 sur ces questions, de la
dépénalisation à l’acceptation légale
8 - Mais la persistance de la réprobation morale (homophobie) et d’une inégalité de droit
(discrimination)
9 - Si la loi a progressé, les esprits restent souvent en arrière
10 - Le maintien sous-jacent des préjugés, de la haine homophobe et de l’obscurantisme religieux
III ANTHROPOLOGIE, SEXUALITÉ ET HOMOSEXUALITÉ
1 - L’homosexualité ou l’hétérosexualité sont des étiquettes identitaires et culturelles artificielles
2 - La nature humaine n’est ni hétérosexuelle ni homosexuelle, mais sexuée
3 - Les préférences en matière d’éros ne sont pas des principes définitionnels de la nature humaine
4 - L’Homo Sapiens est un être sexué, sensible et sensuel, avant d’être homo, hétéro ou autre
5 - Il n’y a pas d’instinct sexuel dans la nature humaine, nous sommes guidés par le plaisir
6 - Il n’y a pas de différence de nature dans l’éros homosexuel ou hétérosexuel
7 - Les deux fonctions découplées de la sexualité : plaisir érotique et éventuellement reproduction
8 - La sexualité homosexuelle fait partie des possibles normaux dans la manière de vivre sa
sexualité
9 - La naturalité et la normalité de l’homosexualité dans l’Humanité, tout comme dans l’animalité
10 - La sexualité n’est “homosexuelle” que parce qu’on la dit homosexuelle par opposition à une
normation sociale hétérosexuée
11 - La confusion entre le sexe biologique et le genre personnel, qui est une construction individuelle
12 - La construction libre de l’identité sexuelle et de l’orientation de l’éros dans notre espèce
13 - La sexualité est un élément de notre individualité, mais loin d’être le seul
IV L’HOMOSEXUALITÉ, UNE LIBERTÉ EXISTENTIELLE NATURELLE
1 - La question éthique fondamentale : en quoi l’homosexualité nuit-elle a autrui ou à soi ?
2 - L’homosexualité n’est donc pas un problème, le problème est dans le regard homophobe
3 - L’homosexualité est une façon légitime d’exprimer son humanité et d’être humain
4 - L’homosexualité comme libre choix de son plaisir et de son mode d’existence individuel
5 - Surtout que le plus important dans l’homosexualité n’est pas la sexualité mais l’amour
Association ALDÉRAN © - Conférence 1600-121 : “La dignité de l’homosexualité” - 15/02/1996 - page 3
6 - Des êtres humains comme les autres, ni plus ni moins, seulement différents de la moyenne
sexuelle
7 - Le refus des cloisonnements sexistes réducteurs : hétéros / homos / bi / trans, etc.
8 - La contribution à part entière des homosexuels à l’aventure humaine
V LA BANALISATION DE L’HOMOSEXUALITÉ, UN PROGRÈS DE LA CIVILISATION
1 - La fin de la question sur le “pourquoi” de l’homosexualité, indicateur de la reconnaissance de
sa normalité
2 - L’émancipation homosexuelle est un des aspects de la conquête des libertés, une conquête pour
tous les êtres humains
3 - Une lutte contre toutes les formes d’homophobie, à l’origine d’innombrables violences et morts
4 - Le combat contre toutes les discriminations sexuelles est inscrit dans les Droits Humains
5 - La reconnaissance du droit à l’altérité, le droit à pouvoir être soi-même
6 - La reconnaissance d’une double dignité : celle des homosexuels et celle de l’homosexualité
7 - Le droit à la droit à la reconnaissance sociale de l’identité homosexuelle
8 - Un enjeu qui n’est pas seulement humaniste mais aussi démocratique
9 - Cela signifie l’égalité de droits pour les homosexuels : profession, héritage, mariage,
adoption, PMA, GPA ...
10 - La reconnaissance de ces droits, une école d’humanité et d’enrichissement mutuels
VI CONCLUSION
1 - La reconnaissance de la dignité et de la normalité de l’homosexualité, condition du progrès
2 - Une question qui transcende l’homosexualité, un combat pour une civilisation plus humaine
ORA ET LABORA
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Document 1 : Le traitement culturel de la sexualité et l’homosexualité a considérablement varié en fonction
des sociétés, voici un exemple concernant la Mésopotamie antique.
- Question : Les relations entre les sexes étaient-elles plus libres ?
-Oui, les rapports entre sexes restaient très libres. Les Mésopotamiens n'avaient pas
l'idée du péché, l'idée que la chair peut être une source de péché. Ce n'est pas du tout
une idée mésopotamienne.
- Question : Est-ce que cela signifie que les rapports sexuels étaient totalement libres ?
-Non, pas totalement libres, mais tout de même d'une grande liberté, dès l'instant où cela
ne perturbait pas la société. je parle de l'amour qu'on dit normal comme de l'amour
homosexuel. L'homosexualité était parfaitement admise, dès l'instant, encore une fois,
elle n'était pas une source de désordre. En un mot, elle n'était pas seulement
tolérée, elle était licite.
- Question : Comment cet amour «libre» s'exprimait-il dans le quotidien ?
-On pouvait le pratiquer notamment avec des créatures spécialisées, des prostituées et
des prostitués. La prostitution en général n'était pas du tout considérée comme une
pratique infamante. C'était même une institution vénérable et très respectée. N'oublions
pas que dans la tradition légendaire, c'est une prostituée qui initie Enkidou, l'homme
sauvage, l'homme du désert, à la vie urbaine et à la civilisation. C'est merveilleux, une
histoire comme ça ! L'amour est une chose urbaine, un acquis de la civilisation, et c'est
une prostituée qui sert d'initiatrice ! Pour en revenir à l'homosexualité, elle était donc
tout à fait libre et on pouvait aussi bien la pratiquer avec un partenaire de son milieu et
de son rang. Mais toujours à condition qu'il n'y ait pas de désordre, qu'il n'y ait pas
violence, par exemple. Celle-ci était très sévèrement réprimée. Chez les Assyriens,
quiconque avait violé quelqu'un de son milieu devait être émasculé. Jean Bottéro (1914-2007)
Voyage en Mésopotamie, interview Magazine Littéraire N°270
Document 2 : L’homosexualité, au lieu d’être pensé du point de vue de la sexualité, doit être pensée dans
un rapport de majorité/minorité et un processus de normation sociologique.
En Occident, le problème des minorités commence à se poser au début du 19ème siècle,
lorsque le bouleversement des frontières des Etats-nations de l'Europe place certains
groupes ethniques sous la férule de certains autres groupes, ethniques ou nationaux. La
définition la plus couramment utilisée pour décrire ce phénomène est sans doute celle
proposée en 1945 par le sociologue Louis Wirth : «Forme une minorité tout groupe de
personnes qui, du fait de certains traits physiques ou culturels spécifiques, se voit traité
différemment et moins bien que les autres membres de la société dans laquelle il vit, et
qui se considère par conséquent comme faisant l'objet d'une discrimination collective.»
Pour Wirth, l'existence d'une minorité implique donc ipso facto celle d'une majorité de
privilégiés qui bénéficie d'un statut supérieur. Ajoutons que le statut des minoritaires les
exclut d'une pleine participation à la vie publique. Ils sont traités et se considèrent comme
des «gens à part». Pour résumer, les membres d'une minorité sont «visiblement
différents», c'est-à-dire typés selon des traits repérables qui les distinguent des autres
membres de la même société ; objet d'un traitement à part ; et conscients de subir une
discrimination en tant que membres d'un groupe.
Les anthropologues Charles Wagley et Marvin Harris ont proposé plusieurs modifications
de la définition de Wirth. Selon eux, le statut minoritaire serait la conséquence des règles
tacites de reproduction sociale qui font qu'un individu se voit attribuer le statut de
minoritaire même s'il n'en présente pas les caractéristiques reconnaissables. Par
exemple, dans le système racial nord-américain, il suffit généralement qu'on sache que
quelqu'un a un ascendant afro-américain pour qu'il soit classé comme «Noir». Le statut
minoritaire est donc plus une fatalité qu'un acquis du vécu. Wagley et Harris ajoutent que
les minorités pratiquent souvent l'endogamie, puisqu'on leur interdit généralement de se
marier avec des représentants du groupe dominant. De tels interdits ont pour fonction de
maintenir les barrières entre minorité et majorité et donc de préserver les privilèges de
cette dernière. C'est donc moins la promiscuité sexuelle qui fait problème que la lignée et
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