La dignité de l`homosexualité

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CONFÉRENCE PHILOSOPHIQUE
“Plus l’être humain sera éclairé, plus il sera libre.”
Voltaire
LA DIGNITÉ DE L’HOMOSEXUALITÉ
De l’égale dignité et normalité de l’homosexualité
CONFÉRENCE PAR ÉRIC LOWEN
Association ALDÉRAN Toulouse
pour la promotion de la Philosophie
MAISON DE LA PHILOSOPHIE
29 rue de la digue, 31300 Toulouse
Tél : 05.61.42.14.40
Email : [email protected]
Site : www.alderan-philo.org
conférence N°1600-121
LA DIGNITÉ DE L’HOMOSEXUALITÉ
De l’égale dignité et normalité de l’hétérosexualité
Conférence d’Éric Lowen réalisée le 24 avril 2013
à la Maison de la philosophie à Toulouse
Il y a encore 50 ans en France, l’homosexualité était passible de prison. Dans les sociétés
occidentales, un progrès important a été accompli sur ces questions qui touchent aux droits
humains, mais il est loin d’être suffisant. Lutter contre l’homophobie, pour le droit à la sexualité de
son choix, pour le respect des libertés individuelles fondamentales, ce n’est pas de l’activisme
homo-bi-trans-inter ou autre, c’est défendre les droits humains, les droits de tout être humain. Il faut
même aller plus loin et reconnaître l’égale dignité de l’homosexualité par rapport à l’hétérosexualité,
et son égale normalité. C’est autant une question de vérité que de démocratie. Pour un autre regard
sur la nature humaine et ses différenciations sexuelles.
Association ALDÉRAN © - Conférence 1600-121 : “La dignité de l’homosexualité” - 15/02/1996 - page 2
LA DIGNITÉ DE L’HOMOSEXUALITÉ
De l’égale dignité et normalité de l’homosexualité
PLAN DE LA CONFÉRENCE PAR ÉRIC LOWEN
Je n’avoue pas que je suis homosexuel parce que je n’en ai pas honte,
je ne proclame pas que je suis homosexuel parce que je n’en suis pas fier,
je dis que je suis homosexuel parce que cela est.
Jean-Louis Bory (1919-1979)
I
PRÉSENTATION
1 - Dans un monde plus humain et plus intelligent, cette conférence n’aurait pas besoin d’être
2 - Les raisons de cette conférence
3 - Une conférence pour l’homosexualité ? Non, pour la vérité, pour les droits humains, pour la
liberté, pour le respect, pour la démocratie et pour le progrès de la civilisation
4 - La nécessité de «désexualiser» l’homosexualité et de revenir à l’anthropologie
II
L’HOMOSEXUALITÉ DANS L’HISTOIRE : DU REJET À SA NORMALISATION PROGRESSIVE
1 - L’universalité de l’homosexualité, elle n’est pas historique même si elle a une histoire
2 - Différentes sociétés, différentes considérations de l’homosexualité
3 - Les principales interprétations négatives de l’homosexualité : péché, perversion, maladie,
décadence, vice bourgeois, dénaturation, dépravation, caricatures, etc.
4 - Une homophobie qui provient surtout des croyances religieuses et de l’obscurantisme religieux
5 - Le résultat de ces croyances fut la discrimination, la stigmatisation et la diabolisation de
l’homosexualité
6 - Ce qui amènera à une quadruple répression : religieuse, sociale, morale et légale
7 - Le début du progrès des sociétés occidentales à partir des années 1960 sur ces questions, de la
dépénalisation à l’acceptation légale
8 - Mais la persistance de la réprobation morale (homophobie) et d’une inégalité de droit
(discrimination)
9 - Si la loi a progressé, les esprits restent souvent en arrière
10 - Le maintien sous-jacent des préjugés, de la haine homophobe et de l’obscurantisme religieux
III
ANTHROPOLOGIE, SEXUALITÉ ET HOMOSEXUALITÉ
1 - L’homosexualité ou l’hétérosexualité sont des étiquettes identitaires et culturelles artificielles
2 - La nature humaine n’est ni hétérosexuelle ni homosexuelle, mais sexuée
3 - Les préférences en matière d’éros ne sont pas des principes définitionnels de la nature humaine
4 - L’Homo Sapiens est un être sexué, sensible et sensuel, avant d’être homo, hétéro ou autre
5 - Il n’y a pas d’instinct sexuel dans la nature humaine, nous sommes guidés par le plaisir
6 - Il n’y a pas de différence de nature dans l’éros homosexuel ou hétérosexuel
7 - Les deux fonctions découplées de la sexualité : plaisir érotique et éventuellement reproduction
8 - La sexualité homosexuelle fait partie des possibles normaux dans la manière de vivre sa
sexualité
9 - La naturalité et la normalité de l’homosexualité dans l’Humanité, tout comme dans l’animalité
10 - La sexualité n’est “homosexuelle” que parce qu’on la dit homosexuelle par opposition à une
normation sociale hétérosexuée
11 - La confusion entre le sexe biologique et le genre personnel, qui est une construction individuelle
12 - La construction libre de l’identité sexuelle et de l’orientation de l’éros dans notre espèce
13 - La sexualité est un élément de notre individualité, mais loin d’être le seul
IV
L’HOMOSEXUALITÉ, UNE LIBERTÉ EXISTENTIELLE NATURELLE
1 - La question éthique fondamentale : en quoi l’homosexualité nuit-elle a autrui ou à soi ?
2 - L’homosexualité n’est donc pas un problème, le problème est dans le regard homophobe
3 - L’homosexualité est une façon légitime d’exprimer son humanité et d’être humain
4 - L’homosexualité comme libre choix de son plaisir et de son mode d’existence individuel
5 - Surtout que le plus important dans l’homosexualité n’est pas la sexualité mais l’amour
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6 - Des êtres humains comme les autres, ni plus ni moins, seulement différents de la moyenne
sexuelle
7 - Le refus des cloisonnements sexistes réducteurs : hétéros / homos / bi / trans, etc.
8 - La contribution à part entière des homosexuels à l’aventure humaine
V
LA BANALISATION DE L’HOMOSEXUALITÉ, UN PROGRÈS DE LA CIVILISATION
1 - La fin de la question sur le “pourquoi” de l’homosexualité, indicateur de la reconnaissance de
sa normalité
2 - L’émancipation homosexuelle est un des aspects de la conquête des libertés, une conquête pour
tous les êtres humains
3 - Une lutte contre toutes les formes d’homophobie, à l’origine d’innombrables violences et morts
4 - Le combat contre toutes les discriminations sexuelles est inscrit dans les Droits Humains
5 - La reconnaissance du droit à l’altérité, le droit à pouvoir être soi-même
6 - La reconnaissance d’une double dignité : celle des homosexuels et celle de l’homosexualité
7 - Le droit à la droit à la reconnaissance sociale de l’identité homosexuelle
8 - Un enjeu qui n’est pas seulement humaniste mais aussi démocratique
9 - Cela signifie l’égalité de droits pour les homosexuels : profession, héritage, mariage,
adoption, PMA, GPA ...
10 - La reconnaissance de ces droits, une école d’humanité et d’enrichissement mutuels
VI
CONCLUSION
1 - La reconnaissance de la dignité et de la normalité de l’homosexualité, condition du progrès
2 - Une question qui transcende l’homosexualité, un combat pour une civilisation plus humaine
ORA ET LABORA
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Document 1 : Le traitement culturel de la sexualité et l’homosexualité a considérablement varié en fonction
des sociétés, voici un exemple concernant la Mésopotamie antique.
- Question : Les relations entre les sexes étaient-elles plus libres ?
- Oui, les rapports entre sexes restaient très libres. Les Mésopotamiens n'avaient pas
l'idée du péché, l'idée que la chair peut être une source de péché. Ce n'est pas du tout
une idée mésopotamienne.
- Question : Est-ce que cela signifie que les rapports sexuels étaient totalement libres ?
- Non, pas totalement libres, mais tout de même d'une grande liberté, dès l'instant où cela
ne perturbait pas la société. je parle de l'amour qu'on dit normal comme de l'amour
homosexuel. L'homosexualité était parfaitement admise, dès l'instant, encore une fois,
où elle n'était pas une source de désordre. En un mot, elle n'était pas seulement
tolérée, elle était licite.
- Question : Comment cet amour «libre» s'exprimait-il dans le quotidien ?
- On pouvait le pratiquer notamment avec des créatures spécialisées, des prostituées et
des prostitués. La prostitution en général n'était pas du tout considérée comme une
pratique infamante. C'était même une institution vénérable et très respectée. N'oublions
pas que dans la tradition légendaire, c'est une prostituée qui initie Enkidou, l'homme
sauvage, l'homme du désert, à la vie urbaine et à la civilisation. C'est merveilleux, une
histoire comme ça ! L'amour est une chose urbaine, un acquis de la civilisation, et c'est
une prostituée qui sert d'initiatrice ! Pour en revenir à l'homosexualité, elle était donc
tout à fait libre et on pouvait aussi bien la pratiquer avec un partenaire de son milieu et
de son rang. Mais toujours à condition qu'il n'y ait pas de désordre, qu'il n'y ait pas
violence, par exemple. Celle-ci était très sévèrement réprimée. Chez les Assyriens,
quiconque avait violé quelqu'un de son milieu devait être émasculé.
Jean Bottéro (1914-2007)
Voyage en Mésopotamie, interview Magazine Littéraire N°270
Document 2 : L’homosexualité, au lieu d’être pensé du point de vue de la sexualité, doit être pensée dans
un rapport de majorité/minorité et un processus de normation sociologique.
En Occident, le problème des minorités commence à se poser au début du 19ème siècle,
lorsque le bouleversement des frontières des Etats-nations de l'Europe place certains
groupes ethniques sous la férule de certains autres groupes, ethniques ou nationaux. La
définition la plus couramment utilisée pour décrire ce phénomène est sans doute celle
proposée en 1945 par le sociologue Louis Wirth : «Forme une minorité tout groupe de
personnes qui, du fait de certains traits physiques ou culturels spécifiques, se voit traité
différemment et moins bien que les autres membres de la société dans laquelle il vit, et
qui se considère par conséquent comme faisant l'objet d'une discrimination collective.»
Pour Wirth, l'existence d'une minorité implique donc ipso facto celle d'une majorité de
privilégiés qui bénéficie d'un statut supérieur. Ajoutons que le statut des minoritaires les
exclut d'une pleine participation à la vie publique. Ils sont traités et se considèrent comme
des «gens à part». Pour résumer, les membres d'une minorité sont «visiblement
différents», c'est-à-dire typés selon des traits repérables qui les distinguent des autres
membres de la même société ; objet d'un traitement à part ; et conscients de subir une
discrimination en tant que membres d'un groupe.
Les anthropologues Charles Wagley et Marvin Harris ont proposé plusieurs modifications
de la définition de Wirth. Selon eux, le statut minoritaire serait la conséquence des règles
tacites de reproduction sociale qui font qu'un individu se voit attribuer le statut de
minoritaire même s'il n'en présente pas les caractéristiques reconnaissables. Par
exemple, dans le système racial nord-américain, il suffit généralement qu'on sache que
quelqu'un a un ascendant afro-américain pour qu'il soit classé comme «Noir». Le statut
minoritaire est donc plus une fatalité qu'un acquis du vécu. Wagley et Harris ajoutent que
les minorités pratiquent souvent l'endogamie, puisqu'on leur interdit généralement de se
marier avec des représentants du groupe dominant. De tels interdits ont pour fonction de
maintenir les barrières entre minorité et majorité et donc de préserver les privilèges de
cette dernière. C'est donc moins la promiscuité sexuelle qui fait problème que la lignée et
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l'héritage. L'endogamie (mariage au sein du groupe) assure la transmission exclusive du
statut majoritaire aux enfants légitimes de ce groupe en maintenant tous les autres à
l'écart.
Mais si cette définition revue et corrigée s'applique à de nombreuses situations, elle n'est
pas universelle. D'abord, il faudrait, à la lumière des dernières recherches, nuancer la
notion d'endogamie. S'il est exact que la majorité pratique une endogamie destinée à
préserver ses privilèges, l'exogamie entre minorités est fréquente. En fait, il existe
actuellement aux États-Unis de nombreux exemples de mariages inter-ethniques entre
membres de diverses minorités. Mais surtout on a vu apparaître depuis quelques années
de nombreux groupes qui se proclament minoritaires et s'organisent comme tels, sans
répondre pour autant aux critères énoncés ci-dessus, statut imposé par la tradition ou de
l'endogamie. C'est le cas notamment des homosexuels ou des femmes. Nous y
reviendrons.
Les chercheurs tendent actuellement à attacher plus d'importance que Wirth à la
domination politique exercée par la majorité : c'est la maîtrise des ressources qui permet
à un groupe de contrôler les conditions d'existence d'un autre, à travers les soins de
santé, l'emploi,l'alimentation, l'éducation, les revenus. Bref, c'est par le biais de la
domination politique que la majorité peut exercer une discrimination à l'encontre de la
minorité et adopter à son égard une attitude condescendante ou hostile, qui peut aller de
la représentation caricaturale à l'extermination. Le critère de «l’identifiabilité» selon Wirth
appelle aussi quelques réserves. Il est tentant pour le groupe dominant d'expliquer le
statut inférieur d'une minorité par des traits spécifiques plutôt que par la structure sociale,
c'est-à-dire de rejeter la responsabilité sur la victime. Cette explication, qui n'en est pas
une, joue pour les minorités «raciales», mais aussi religieuses, pour les homosexuels et
d'autres. Certains parlent de l'apparition de nos jours d'un racisme «culturel», dès lors
que l'enracinement dans une culture est revendiqué comme une sorte de «seconde
nature» qui justifierait, par exemple, l'exclusion des immigrants. On leur attribue des
attitudes, des valeurs, des mœurs, des croyances qui fondent prétendument leur
irréductible différence (et bien entendu leur infériorité) par rapport aux représentants de la
culture majoritaire. Le caractère relatif de l'identifiabilité mérite d'autant plus d'être
souligné qu'aujourd'hui, en Amérique du Nord par exemple, on entend beaucoup parler,
ici ou là, de «minorités visibles» ; les différences «visibles» étant en l'occurrence celles
qui ont une signification dans un contexte sociologique donné. Ainsi le «type» maghrébin
passera beaucoup plus inaperçu à Montréal qu'à Paris.
Autrement dit, les caractéristiques perçues comme «différentes» servent moins à
expliquer les inégalités qu'à justifier et faciliter la confiscation du pouvoir par la majorité.
D'autant que les minorités ne sont pas aussi ouvertement identifiables qu'on le
souhaiterait. Pourquoi l'Allemagne nazie aurait-elle imposé le port de l'étoile jaune si le
juif avait été aussi repérable et visiblement différent que le prétendait l'image grotesque
répandue par le cinéma et la presse du régime? À l'inverse, nous verrons que l'adoption
délibérée des caractéristiques identifiables d'un groupe est une manière d'aiguiser la
conscience minoritaire. Ce qui nous amène à parler de «nouvelles» minorités. On assiste
depuis quelques années à l'éveil politique (qui prend parfois des formes très militantes)
de divers groupes qui revendiquent le statut de minorités opprimées. Les femmes, par
exemple, répondent parfaitement à la définition des minorités selon Wirth : visiblement
différentes, victimes de l'inégalité et, depuis quelques années, conscientes d'être
exploitées d'abord en tant que femmes. Pourtant, ce n'est que depuis une vingtaine
d'années que les sociologues se sont aperçus que le statut de la femme n'était pas le
même que celui de l'homme, au sein du couple par exemple, et que le statut de la femme
en général renvoyait au problème des hiérarchies et des structures sociales. Le fait que
les femmes n'ont pas les mêmes facilités d'accès que les hommes à la richesse, au
pouvoir, aux services sociaux et même, dans certaines sociétés, à la nourriture, tend à
prouver que, pour reprendre le titre de l'article de Rosalind Dworkin sur le statut
minoritaire de la femme, «Être en minorité, ce n'est pas une question de nombre.»
Autre minorité «nouvelle», les homosexuels ont pris conscience d'être un groupe faisant
l'objet d'un traitement à part en raison de ses préférences sexuelles. En l'occurrence, le
critère d'identifiabilité revêt une importance immense. Bon nombre d'homosexuels des
deux sexes pensent aujourd'hui que le meilleur moyen de protester contre l'ostracisme
social qui les frappe est d'afficher leur différence en «sortant de leur cachette». Aux ÉtatsUnis, certains vont plus loin et parlent même de «dénoncer» les homosexuels honteux
parmi les personnalités du spectacle, de la politique, etc., mais il s'agit surtout pour le
moment de menaces rarement mises à exécution.
Le troisième âge constitue-t-il lui aussi une minorité ? La dévaluation du statut de
personnes âgées qu'on associe aux formes modernes du capitalisme s'accompagne d'un
rejet, sensible notamment sur le plan de l'emploi (difficultés de réinsertion
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professionnelle, licenciement économique, préretraite) qui donne lieu à des mouvements
de protestation divers : activisme des «Panthères grises» aux États-Unis, manifestations
de retraités dans les rues des grandes villes italiennes. De même, on peut penser que les
sourds forment un groupe social en train de s'organiser en minorité.
Le monde moderne offre de multiples exemples de catégories de personnes
désavantagées que l'on traite comme des groupes homogènes auxquels on prête des
caractéristiques morales d'infériorité. C'est Étienne Balibar qui faisait remarquer que la
catégorie de l'immigration (ou des immigrants) sert désormais de substitut de la notion de
race. Au Canada, on entend souvent des propos généralisateurs assimilant tous les
réfugiés à des immigrants particulièrement indésirables, «resquilleurs», «parasites», etc.
Il y a quelques années, une enquête télévisuelle menée dans l'ensemble des États-Unis
montrait que pour beaucoup de personnes interrogées dans la rue, les «sans domicile
fixe» constituaient un groupe homogène de gens frappés de quelque tare morale qui les
rendait indésirables et irrécupérables. Si ces clichés devaient se propager plusieurs
années encore, les groupes qu'ils visent finiront sans doute par acquérir une conscience
de groupe minoritaire. On voit par ces exemples que les minorités sont une création de la
société et de l'histoire. Le déclic se produit dès lors que les membres d'un groupe ont le
sentiment d'être victimes d'une même injustice, qui les frappe en raison de leur
appartenance commune à une certaine catégorie. Ainsi, ce qui constitue dans tel ou tel
contexte socio-historique une simple communauté parmi d'autres peut devenir, si les
circonstances s'y prêtent, une minorité politiquement consciente et agissante.
Les stéréotypes appliqués aux minorités sont, on l'a vu, le plus souvent «essentialistes» :
ils font référence à des traits censément biologiques ou culturels, mais en tout cas innés,
fondamentaux et difficilement modifiables. De leur côté, les membres des minorités
peuvent être tentés de revendiquer à leur profit une spécificité irréductible: songeons à
certaines attitudes féministes ou à tel discours sur la «négritude». Dans un contexte de
persécution ou de rejet, il est d'ailleurs logique que les membres d'une minorité en
viennent à considérer ce qui les distingue des autres comme le signe dominant, pour ne
pas dire unique, de leur identité sociale.
Nous pensons néanmoins que la prise de conscience des minorités n'entraîne pas
forcément ce repli sur des préoccupations partisanes et sur une identité parcellaire. Au
contraire, cela peut aboutir à un sentiment de solidarité accrue avec les autres exclus de
la société. Ainsi verra-t-on se développer des associations transethniques sur la base
d'affinités culturelles, du refus de la condition d'opprimé ou du partage des mêmes
expériences. Pour Albert Memmi, tous les opprimés, colonisés, juifs, pauvres, ou femmes
se ressemblent; et la même souffrance suscite souvent les mêmes réactions. Il n'est
guère de mise aujourd'hui d'affirmer cette solidarité. Pourtant, en cette période de
l'histoire marquée par une prise de conscience croissante des minorités, qui trouve son
expression dans un corporatisme toujours plus étroit (au point de devenir un véritable
«individualisme collectif»), cette solidarité constitue peut-être notre seule chance de
réconcilier un jour les membres de la famille humaine.
Deirdre Meintel, anthropologue canadien, professeur à l’Université de Montréal)
Qu’est-ce qu’une minorité ?, In Le Courrier de l’Unesco, juin 1993, P.10-13
Document 3 : La carte politique mondiale de l’homophobie est aussi une carte des dictatures et des
régimes les plus violents. En cela, l’homophobie et le rejet des homosexuels est structurellement lié à un
rejet de la démocratie et des valeurs humanistes qu’elle porte. Ce n’est donc pas par hasard si dans les
pays occidentaux les mouvements homophobes les plus virulent appartiennent à l’extrême-droite. Il ne s’agit
pas de préjugés homophobes spontanés, mais bien d’une position politique cohérente et idéologique.
Rappelons que sous le régime nazi, les homosexuels furent envoyés dans les camps de concentration au
même titre que les juifs, devant porter un triangle rose pour les hommes et le triangle noir pour les femmes.
Les nazis condamnèrent les homosexuels, non pour leurs mœurs, mais car ils représentaient selon eux une
menace démographique pour la race. Cela fait de la politique homophobe nazie est une vraie politique
raciale, et non une politique moralisatrice. Dès 1933, la chasse aux homosexuels commence, les
organisations homosexuelles furent interdites, les livres sur l'homosexualité détruits, les homosexuels
pourchassés et les homosexuels au sein même du parti Nazi furent exécutés (comme pendant a Nuit des
Longs Couteaux en 1934 avec l’exécution d’Ernst Röhm, chef des SA). La Gestapo ou la police utilisèrent
les fichiers homosexuels pour traquer les homosexuels (utilisant parfois ceux des polices des pays occupés
comme en France). Dans les camps, ils n’étaient pas destinés à l’extermination totale (qui ne concernait que
les juifs et les tziganes). Ils devaient subir une rééducation forcée par le travail. Des expériences “médicales”
furent menées sur nombre d’entre eux, allant de la lobotomie aux injections hormonales. Les études
actuelles estiment le nombre de victimes à 75.000 environ; 10 à 15.000 homosexuels ont été envoyés dans
les camps de concentration nazis, tandis que 50.000 à 63.000 autres étaient internés en prison. Pour le
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régime nazi, l’élimination des homosexuels (focalisé sur les hommes) appartient donc à la même logique
que l’élimination des juifs : protection de la race, pureté raciale, danger pour l’état nazi, etc. Le texte suivant
est extrait d’un discours d’Himmler sur l’homosexualité et les homosexuels adressé aux généraux SS, le 18
février 1937. Il annonce la politique d’élimination que le IIIème Reich mettra en place.
[...]
Je vais développer devant vous quelques réflexions sur le problème de l'homosexualité. Il
y a parmi les homosexuels des gens qui adoptent le point de vue suivant : «Ce que je
fais ne regarde personne, c'est ma vie privée.» Mais ce n'est pas leur vie privée : le
domaine sexuel peut être synonyme de vie ou de mort pour un peuple, d'hégémonie
mondiale ou de réduction de notre importance à celle de la Suisse. Un peuple qui a
beaucoup d'enfants peut prétendre à l'hégémonie mondiale, à la domination du monde.
Un peuple de race noble qui a très peu d'enfants possède un billet pour l'au-delà : il
n'aura plus aucune importance dans cinquante ou cent ans, et d'ici deux cents ou cinq
cents ans il sera mort.
En dehors de ces problèmes de nombre - je n'ai envisagé que ce cas-là - ce peuple peut
disparaître en tant qu'État pour d'autres raisons encore. Nous sommes un État
d'hommes, et malgré tous les défauts que ce système présente, nous devons
absolument nous y accrocher. Car cette institution est la meilleure.
Au cours de l'histoire, il y a eu des États de femmes. Vous avez certainement entendu
prononcer le mot de droit matrimonial. Le royaume des Amazones n'était pas une fable il
a eu une réalité. Les Frisons surtout - et les peuples de marins en général ont eu des
institutions matrimoniales dont on peut suivre l'existence et la trace jusqu'à l'époque
actuelle. Ce n'est pas par hasard que les Hollandais aiment à être gouvernés par une
reine ou que la naissance d'une fille, d'une reine, est saluée avec plus d'enthousiasme
que celle d'un garçon. Ce n'est pas une bizarrerie, mais la marque d'un instinct ancestral
des peuples de marins.
Depuis des siècles et des millénaires, les peuples germaniques et particulièrement le
peuple allemand sont gouvernés par des hommes. Mais cet État d'hommes est en passe
de se détruire lui-même par l'homosexualité. À mon avis, le principal défaut en matière
d'administration est le suivant : dans le domaine public, dans l'armée, dans l'organisation
politique et toutes les autres institutions que vous pouvez imaginer, tout le monde est
nommé en fonction des résultats obtenus, sans tenir compte des insuffisances humaines.
Même la nomination à un de ces postes de fonctionnaires si souvent coupés de la vie est
l'effet d'une sélection d'après les résultats obtenus : il faut avoir cula meilleure note à
l'examen de droit. Dans ce cas, la sélection est faite d'après les notes parce que l'on
prend d'abord celui qui a eu 1, puis celui qui a eu 1 1/2 ou 1 1/4, puis celui qui a eu 2 15,
etc.
En ce qui concerne les postes de l'administration et de l'économie, qui sont également
occupés par des femmes, aucun homme de bonne foi ne pourra prétendre que l'on y
accède uniquement par sa qualification professionnelle. Car, soyez honnêtes - nous
sommes entre hommes et nous pouvons donc parler franchement : vous cherchez une
sténodactylo, et vous avez deux candidates ; l'une affreusement laide, âgée de cinquante
ans, qui fait trois cents syllabes - presque un génie en ce domaine donc -, et une autre,
mignonne, de bonne race, âgée de vingt ans, mais qui ne fait que cent cinquante
syllabes. Vous prendrez certainement votre air le plus sérieux ou je ne vous connais pas
du tout et trouverez mille raisons très morales pour engager la candidate de vingt ans qui
fait moins de syllabes l'autre est âgée et pourrait tomber malade plus facilement, que
sais-je encore...
Bien : on peut en rire, ce n'est pas méchant et cela n'a pas d'importance, car si elle est
jolie elle ne va pas tarder à se marier et de toute façon un poste de sténodactylo ne
détermine pas la politique de l'État.
Mais la destruction de l'État commence au moment où intervient un principe érotique - je
le dis avec le plus grand sérieux un principe d'attrait sexuel de l'homme pour l'homme,
lorsque, dans cet État d'hommes, la qualification professionnelle, le rendement ne jouent
plus leur rôle. Je vais citer un exemple pris dans la vie. Je dis bien pris dans la vie.
J'ajoute qu'à mon avis, dans toutes les régions habitées aujourd'hui sur la terre, aucun
service n'a accumulé autant d'expériences dans le domaine de l'homosexualité, de
l'avortement, etc., que la Gestapo en Allemagne. Je crois que, dans ce domaine, nous
pouvons parler d'expérience.
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Le conseiller ministériel X est homosexuel et cherche parmi ses assesseurs un conseiller
gouvernemental, mais il ne suit pas le principe du rendement. Il ne choisira pas le
meilleur juriste; il ne dira pas non plus : “L'assesseur X n'est certes pas le meilleur juriste,
mais il est bien noté, il a de la pratique, et - ce qui pèse lourd dans la balance - il semble
de bonne race et avoir une conception du monde correcte.“ Non : il ne prend pas un
assesseur qualifié, ni de bonne apparence physique il choisit celui qui est également
homosexuel. Ces gens sont capables de se repérer d'un bout d'une salle à l'autre.
Lorsqu'il y a cinq cents hommes dans une soirée dansante, ils ont repéré au bout d'une
demi heure ceux qui ont le même penchant qu'eux. Les gens normaux comme nous ne
peuvent imaginer comment c'est possible.
M. le conseiller ministériel choisit donc l'assesseur qui est le plus mal noté et dont la
conception du monde est la plus mauvaise. Il ne lui pose aucune question sur son
rendement, mais va le présenter au directeur ministériel. Il chante ses louanges et justifie
très sérieusement sa proposition. Cet assesseur entre maintenant en fonctions ; car il ne
viendra jamais à l'idée du directeur ministériel de demander des renseignements plus
précis ni d'étudier de plus près la proposition du conseiller ministériel : il pense en effet
que ce vieux fonctionnaire propose l'assesseur sur rendement. Il ne vient pas plus à
l'esprit d'un homme normal que cet assesseur puisse être proposé en raison de ses
penchants sexuels.
La chose n'en reste pas là, car l'assesseur, qui est désormais conseiller gouvernemental,
va procéder de la même manière. Si vous trouvez à un poste quelconque un homme qui
a ce penchant et que cet homme ait un pouvoir de décision, vous pouvez être sûrs de
rencontrer autour de lui trois, quatre, huit, dix individus ou plus encore qui ont ce
penchant ; car l'un entraîne l'autre, et malheur aux hommes normaux qui vivent avec ces
gens, ils sont condamnés : ils peuvent faire ce qu'ils veulent, ils seront anéantis. Je
voudrais citer ici l'exemple d'un camarade à qui cela est arrivé. Le général SS. von
Woyrsch, qui combattait alors en Silésie, était placé entre le général SA Heines et le
Gauleiter Brückner, tous deux homosexuels ; Brückner était également Premier
président. Woyrsch a été persécuté pour avoir troublé cette merveilleuse entente, et non
pas parce qu'on aurait dit : «Il n'est pas comme nous», mais toujours pour des motifs
moraux, politiques, idéologiques, pour des motifs nationaux socialistes.
L'homosexualité fait donc échouer tout rendement, tout système fondé sur le rendement ;
elle détruit l'État dans ses fondements. À cela s'ajoute le fait que l'homosexuel est un
homme radicalement malade sur le plan psychique. Il est faible et se montre lâche dans
tous les cas décisifs. Je crois qu'à la guerre il peut faire preuve de courage de temps à
autre, mais dans le domaine civil ce sont les hommes les plus lâches que l'on puisse
imaginer.
L'homosexuel ment également de façon maladive. Il ne ment pas - pour prendre un
exemple cru - comme un Jésuite. Le Jésuite ment dans un but précis. Il raconte n'importe
quoi avec un air rayonnant, tout en sachant qu'il débite des fables. Il a une justification
morale il ment pour la gloire de Dieu : ad majorent Dei gloriam. La fin sanctifie les
moyens. Il y a là toute une philosophie de la morale, une doctrine morale qui a été
élaborée par saint Ignace de Loyola.
Donc, le Jésuite ment et il le sait, il n'oublie pas un seul instant qu'il ment. Par contre,
l'homosexuel ment et croit à ce qu'il dit. Lorsque vous demandez à un homosexuel : «Astu fait ceci ou cela ?», la réponse est non. Je connais le cas d'homosexuels que nous
avons interrogés et qui nous ont répondu : «Sur l'honneur de ma mère, je veux bien
tomber raide mort si ce n'est pas vrai.» Trois minutes plus tard, nous leur présentions les
preuves en disant : «Et ceci, alors ?» : ils ne sont évidemment pas morts et sont toujours
là, malheureusement.
Au début, je ne comprenais pas. En 1933-1934, nous abordions les choses en parfaits
ignorants cela constituait et constitue toujours un monde tellement étranger à l'homme
normal que celui-ci ne peut absolument pas s'imaginer ce que c'est. Le général Heydrich
et moi, ainsi que quelques autres personnes, avons vraiment dû apprendre des choses
en ce domaine - uniquement par des expériences désagréables. Au début, je me fâchais
quand les jeunes gens mentaient. Je comprends aujourd'hui qu'il leur est impossible de
faire autrement. C'est pourquoi il ne me vient plus jamais à l'idée de demander à un
homosexuel s'il peut me donner sa parole. Je ne le fais plus, parce que je sais que cette
parole sera un mensonge. Au moment même où un homosexuel vous dit quelque chose
avec des. yeux larmoyants, il est persuadé qu'il dit la vérité. Les expériences que j'ai
faites m'ont montré que l'homosexualité conduit - je dirai à une totale extravagance
intellectuelle, à une totale irresponsabilité.
Association ALDÉRAN © - Conférence 1600-121 : “La dignité de l’homosexualité” - 15/02/1996 - page 9
L'homosexuel est naturellement un objet idéal de pression : d'abord parce qu'il est luimême passible de sanctions, deuxièmement parce que c'est un type malléable, et
troisièmement parce qu'il est veule et dépourvu de toute volonté.
De plus - je ne cherche qu'à vous présenter quelques exemples en ce domaine l'homosexuel est possédé par un insatiable besoin de confidence dans tous les domaines
et spécialement dans le domaine sexuel. La plupart du temps, vous constatez que celui
qui se fait pincer vous donne sans aucune contrainte tous les noms qu'il connaît. Il n'y a
donc - il faut bien que je me place de ce point de vue - aucune fidélité dans l'amour
d'homme à homme qui puisse ressembler à la fidélité entre hommes, bien que ces gens
prétendent s'aimer. L'homosexuel raconte tout de manière débridée, dans l'espoir sans
doute qu'il pourra ainsi sauver sa propre peau.
Nous devons comprendre que si ce vice continue à se répandre en Allemagne sans que
nous puissions le combattre, ce sera la fin de l'Allemagne, la fin du monde germanique.
La tâche n'est malheureusement pas aussi facile pour nous qu'elle le fut pour nos
ancêtres. Pour eux, ces individus représentaient des cas isolés, des anormaux.
L'homosexuel, que l'on appelait «Urning», était jeté au fond d'un marais. Les professeurs
qui trouvent ces cadavres dans les marais ne se doutent certainement pas qu'il s'agissait
dans quatre-vingt-dix cas sur cent d'homosexuels qui avaient été jetés tout habillés dans
les marécages. Cela n'était pas une punition, c'était simplement l'extinction de cette vie
anormale. Il fallait les écarter, de la même manière que nous arrachons les orties et les
mettons en tas pour les brûler. Ce n'était pas une vengeance : l'individu concerné devait
disparaître.
[...]
Heinrich Himmler
Discours secrets, Heinrich Himmler, Éditions Gallimard 1978, Collection Témoins
Document 4 : Pierre Seel, homosexuel alsacien interné dans le camp de redressement de SchirmeckVorbruck (proche du camp de concentration du Struthof sur la commune de Natzwiller) est le premier
homosexuel français à avoir témoigné à visage découvert de sa déportation durant la Seconde Guerre
mondiale pour motif d'homosexualité. En 1939, Pierre Seel a 17 ans. Il est homosexuel. Un soir, alors qu’il
est à la recherche d’une aventure dans un square de Mulhouse, il se fait voler sa montre. La plainte qu’il
dépose au commissariat de la ville va lui coûter cher. Sans qu’il le sache, il est répertorié dans le fichier
homosexuel. Quelques mois après l’invasion allemande, il se fait arrêter par la Gestapo, à cause des fichiers
abandonnés par la police française. En mai 1941, il est déporté au camp de concentration de Schirmeck
avant d’être enrôlé de force dans l’armée allemande et envoyé sur le front russe. Ce n’est qu’après avoir
élevé ses trois enfants, s'être séparé d’avec son épouse et pris sa retraite, qu’il s'estima en mesure de
témoigner publiquement.
Des jours, des semaines, des mois passèrent. De mai à novembre 1941, je vécus six
mois de la sorte dans cet espace où l’horreur et la sauvagerie étaient la loi. Mais je tarde
à évoquer l’épreuve qui fut la pire pour moi, alors qu’elle se passa dans les premières
semaines de mon incarcération dans le camp. Elle contribua plus que tout à faire de moi
cette ombre obéissante et silencieuse parmi d’autres. Un jour, les haut-parleurs nous
convoquèrent séance tenante sur la place de l’appel. Hurlements et aboiements firent
que, sans tarder, nous nous y rendîmes tous. On nous disposa au carré et au garde-àvous, encadrés par les SS comme à l’appel du matin. Le commandant du camp était
présent avec tout son état-major. J’imaginais qu’il allait encore nous assener sa foi
aveugle dans le Reich assortie d’une liste de consignes, d’insultes et de menaces à
l’instar des vociférations célèbres de son grand maître Adolph Hitler. Il s’agissait en fait
d’une épreuve autrement plus pénible, d’une condamnation à mort. Au centre du carré
que nous formions, on amena, encadré par deux SS, un jeune homme. Horrifié, je
reconnus Jo, mon tendre ami de dix-huit ans. Je ne l’avais pas aperçu auparavant dans
le camp. Était-il arrivé avant ou après moi ? Nous ne nous étions pas vus dans les
quelques jours qui avaient précédé ma convocation à la Gestapo. Je me figeai de terreur.
J’avais prié pour qu’il ait échappé à leurs rafles, à leurs listes à leurs humiliations. Et il
était là, sous mes yeux impuissants qui s’embuèrent de larmes. Il n’avait pas, comme,
moi, porté des plis dangereux, arraché des affiches ou signé des procès-verbaux. Et
pourtant il avait été pris, et il allait mourir. Ainsi donc les listes étaient bien complètes.
Que s’était-il passé ? Que lui reprochaient ces monstres ? Dans ma douleur, j’ai
totalement oublié de contenu de l’acte de mise à mort.
Puis les haut-parleurs diffusèrent une bruyante musique classique tandis que les SS le
mettaient à nu. Puis ils lui enfoncèrent violemment sur la tête un seau en fer blanc. Il
lâchèrent sur lui les féroces chiens de garde du camp, des bergers allemands qui le
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mordirent d’abord au bas-ventre et aux cuisses avant de le dévorer sous nos yeux. Ses
hurlements de douleur étaient amplifiés et distordus par le seau sous lequel sa tête
demeurait prise. Raide et chancelant, les yeux écarquillés par tant d’horreur, des larmes
coulant sur mes joues, je priai ardemment pour qu’il perde très vite connaissance.
Depuis, il m’arrive encore souvent de me réveiller la nuit en hurlant. Depuis plus de
cinquante ans, cette scène repasse inlassablement devant mes yeux. Je n’oublierai
jamais cet assassinat barbare de mon amour. Sous mes yeux, sous nos yeux. Car nous
fûmes des centaines à être témoins. Pourquoi donc se taisent-ils encore aujourd’hui ?
Sont-ils donc tous morts ? Il est vrai que nous étions parmi les plus jeunes du camp, et
que beaucoup de temps a passé. Mais je pense que certains préfèrent se taire pour
toujours, redoutant de réveiller d’atroces souvenirs, comme celui-ci parmi d’autres.
Quant à moi, après des dizaines d’années de silence, j’ai décidé de parler, de témoigner,
d’accuser.
Pierre Seel (1923-2005)
“Moi, Pierre Seel, déporté homosexuel”, 1994
Document 5 : Les théories non-religieuses sur les causes de l'homosexualité ont varié au cours des âges,
recherchant souvent à trouver un remède à l’homosexualité par la détermination des ses raisons
biologiques, psychiques ou génétiques. On sait par des écrits que l'homosexualité existe depuis les temps
les plus anciens. Au IVème siècle av. JC, à Athènes, c'était, pour beaucoup, une forme acceptable de
l'amour. Certaines religions ont toléré l'homosexualité, mais les religions juive et chrétienne l'ont toujours
formellement condamnée. Aujourd’hui, les affirmations comme quoi l'homosexualité résulterait de facteurs
psychologiques ou de facteurs biologiques ont été abandonnées, de même que le milieu familial exercerait
une influence déterminante sur l'orientation sexuelle. L'homosexualité n'est plus assimilée à un trouble
mental par les associations de psychiatrie.
Aristote, IVème siècle av. JC
Pour Aristote, l'homosexualité était le résultat d'une tendance innée renforcée par
l'habitude.
Voltaire (1694-1778)
L'homosexualité est un phénomène transitoire qui se produit au moment où la silhouette
de l'adolescent se distingue peu de celle d'une fille, pensait Voltaire. Quand l'âge
estompe cette ressemblance, tout rentre dans l'ordre.
Carl Heinrich Ulrichs (1825-1895)
Voulant analyser scientifiquement l'homosexualité, Ulrichs a supposé que le corps avait
un sexe et l'âme, un autre. D'après sa théorie, les homosexuels appartenaient à un
troisième sexe qu'il a nommé Urnings.
Richard von Krafft-Ebing (1840-1902)
L'homosexualité est une disposition héréditaire qui trahit une dégénérescence physique
et mentale.
Sigmund Freud, autrichien (1856-1939)
D'après les théories de Freud, les jeunes éprouvent des sentiments érotiques envers les
deux sexes, mais, à l'âge adulte, ils ont fixé leur attention sur le sexe opposé au leur. Les
homosexuels diffèrent de la norme soit parce que leur attachement excessif à l'égard du
parent du sexe opposé leur fait craindre de violer le tabou de l'inceste, soit parce qu'ils
essaient de ranimer les relations privilégiées ou excessives qu'ils ont eues durant
l'enfance avec le parent du même sexe que le leur. Bien que les théories de Freud soient
ambiguës, on en a déduit que, selon lui, l'homosexualité était un état qui pouvait être
traité.
Henry Havelock Ellis (1859-1939)
Partisan de la liberté sexuelle pour tous, Ellis jugeait que l'homosexualité était innée et
constituait une forme normale de la sexualité.
Alfred C. Kinsey (1894-1956)
Les enquêtes que Kinsey a menées auprès de nombreux échantillonnages ont révélé
que l'homosexualité est plus répandue qu'on ne le croyait. Si 4 % des hommes qu'il a
interrogés étaient exclusivement homosexuels, 37 % avaient eu quelques expériences
homosexuelles et 13 %, davantage de relations homosexuelles que de relations
hétérosexuelles. Par ailleurs, 3 % des femmes participantes étaient exclusivement
homosexuelles tandis que 28 % avaient déjà eu des expériences homosexuelles. Ces
enquêtes ont montré qu'homosexualité et hétérosexualité ne sont pas deux orientations
sexuelles et amoureuses exclusives mais qu'elles constituent plutôt les pôles d'un même
continuum de l'orientation sexuelle.
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Document 6 : Au 18ème siècle, un des premiers philosophes a avoir repensé la sexualité hors des normes
judéochrétiennes et à considérer l’homosexualité comme une sexualité légitime fut Diderot. L’éthique de
Diderot attaquait de front la morale sexuelle chrétienne, puisqu’il condamnait la chasteté et la continence
rigoureuse (comme dans La religieuse) et considérait comme utile aux personnes la masturbation et même
l’homosexualité dans Le rêve de D’Alembert. On peut ensuite citer le philosophe anglais Jérémy Bentham
(1748-1832) avec son Essai sur la pédérastie qui resta longtemps inédit. Pour Bentham, continuateur partiel
des Lumières radicales françaises (comme Diderot ou Helvétius), sensualiste et utilitariste, l’absence, dans
le cas de l’homosexualité, de dommage causé à autrui et la vanité des craintes concernant les risques de
dépopulation ôtent à la réprobation tout autre fondement que ceux de l’antipathie personnelle pour le plaisir
d’autrui et le dogmatisme religieux. L’éthique moderne n’étant plus basée sur des positions de principes
artificiels et métaphysiques, mais sur l’interdiction de nuire à autrui, y compris dans le domaine de la
sexualité, la condamnation de l’homosexualité n’a plus de sens.
BORDEU : Je pense que les hommes ont mis beaucoup d'importance à l'acte de la
génération, et qu'ils ont eu raison ; mais je suis mécontent de leurs lois tant civiles que
religieuses. [Horace] dit quelque part : Omne tulit punctum qui miscuit utile dulci... le
mérite suprême est d'avoir réuni l'agréable à l'utile. La perfection consiste à concilier ces
deux points. L'action agréable et utile doit occuper la première place dans l'ordre
esthétique ; nous ne pouvons refuser la seconde à l'utile ; la troisième sera pour
l'agréable ; et nous reléguerons au rang infime celle qui ne rend ni plaisir ni profit. [...]
mademoiselle, pourriez-vous m'apprendre quel profit ou quel plaisir la chasteté et la
continence rigoureuse rendent soit à l'individu qui les pratique, soit à la société?
MLLE DE LESPINASSE : Ma foi, aucun.
- Donc, en dépit des magnifiques éloges que le fanatisme leur a prodigués, en dépit des
lois civiles qui les protègent, nous les rayerons du catalogue des vertus [...]. Et les actions
solitaires? [...] elles rendent du moins du plaisir à l'individu, et notre principe est faux,
ou...
- Quoi, docteur!...
- Oui, mademoiselle, oui, et par la raison qu'elles sont aussi indifférentes, et qu'elles ne
sont pas aussi stériles. C'est un besoin, et quand on n'y serait pas sollicité par le besoin,
c'est toujours une chose douce. [...] Eh quoi ! parce que les circonstances me privent du
plus grand bonheur qu'on puisse imaginer, celui de confondre mes sens avec les sens,
mon ivresse avec l'ivresse, mon âme avec l'âme d'une compagne que mon cœur se
choisirait, et de me reproduire en elle et avec elle, parce que je ne puis consacrer mon
action par le sceau de l'utilité, je m'interdirai un instant nécessaire et délicieux ! On se fait
saigner dans la pléthore ; et qu'importe la nature de l'humeur surabondante, et sa
couleur, et la manière de s'en délivrer ? [...]
Je vous demanderai donc, de deux actions également restreintes à la volupté, qui ne
peuvent rendre que du plaisir sans utilité, mais dont l'une n'en rend qu'à celui qui la fait et
l'autre le partage avec un être semblable mâle ou femelle, car le sexe ici, ni même
l'emploi du sexe n'y fait rien, en faveur de laquelle le sens commun prononcera-t-il ? [...]
Denis Diderot (1713-1784)
Le rêve de D’Alembert, 1769
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Document 7 : Un des premiers militants pour la reconnaissance des droits des homosexuels fut le
journaliste et écrivain hongrois Karl-Maria Kertbeny (1824-1882).
Il critiqua notamment le paragraphe 143 du code pénal prussien qui condamnait
l'homosexualité et qui devint le paragraphe 175 du code pénal allemand. Kertbeny y
argua que les lois anti-sodomie étaient contraires aux droits de l'homme et que les actes
sexuels privés librement consentis ne devaient pas relever de lois pénales. Il soutenait
que l'homosexualité était un état inné et permanent, argument repris plus tard sous le
terme de modèle médical de l'homosexualité, qui allait à l'encontre de l'idée répandue à
l'époque que la sodomie relevait du vice. En 1868, il forgea les mots allemands
homosexuell et Homosexualität en associant la racine grecque (homo, «semblable»,
parfois confondue avec le latin homo, homme) et la racine latine (sexualis, «sexuel»). Les
mots français homosexualité et ses déclinaisons homosexuel et homosexuelle
apparurent peu après. En 1878, il collabora à l'ouvrage La Découverte de l'âme (Die
Entdeckung der Seele) de Gustav Jäger (1832-1917) avec un chapitre sur
l'homosexualité. Ce chapitre fut refusé par l'éditeur, qui le trouvait trop controversé, mais
Jäger utilisa la terminologie de Kertbeny dans le reste de l'ouvrage. Le psychiatre
Richard von Krafft-Ebing reprendra cette terminologie dans son ouvrage Psychopathia
Sexualis en 1886, popularisant ainsi les termes homosexuel et hétérosexuel.
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Document 8 : Victimes de la répression normative des sociétés hétéronormées, les homosexuels ont
pourtant participé comme les autres à l’aventure humaine dans le domaine des sciences, des arts, des
lettres, etc. De gauche à droite : Walt Whitman (1819-1892), Oscar Wilde (1854-1900), Alan Turing
(1912-1954), Marguerite Yourcenar (1903-1987).
Le mathématicien britannique Alan Turing (1912-1954) qui imagina une machine logique
qui deviendra l'ordinateur, subit de multiples persécutions et exclusions à cause de son
homosexualité, il finit par se suicider. Un cas parmi d’autre de la pression homophobe,
légale et morale.
Document 9 : Autre signe d’un progrès dans la reconnaissance du droit à l’homosexualité et des droits des
homosexuels, l’inscription dans le droit européen de la non-discrimination sexuelle à l’égard des femmes et
des sexualités plurielles. Cependant, il reste encore beaucoup à faire dans le cadre des droits nationaux
pour que cette affirmation de principe soit un état de fait dans le droit.
Charte des Droits Fondamentaux de l’Union Européenne
CHAPITRE I. DIGNITÉ
Article 1. Dignité humaine
La dignité humaine est inviolable. Elle doit être respectée et protégée.
[...]
CHAPITRE III. ÉGALITÉ
Article 20. Égalité en droit
Toutes les personnes sont égales en droit.
Article 21. Non-discrimination
1. Est interdite, toute discrimination fondée notamment sur le sexe, la race, la
couleur, les origines ethniques ou sociales, les caractéristiques génétiques, la langue,
la religion ou les convictions, les opinions politiques ou toute autre opinion,
l'appartenance à une minorité nationale, la fortune, la naissance, un handicap, l'âge ou
l'orientation sexuelle.
2. Dans le domaine d'application du traité instituant la Communauté européenne et du
traité sur l'Union européenne, et sans préjudice des dispositions particulières desdits
traités, toute discrimination fondée sur la nationalité est interdite.
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Document 10 : Pays autorisant le mariage homosexuel (classement alphabétique, source Wikipédia, article
mariage homosexuel). En date du 23 avril 2013, seize pays autorisent les couples de même sexe à se
marier (dont trois sur une partie de leur territoire seulement). D'autre part, des projets de loi visant à ouvrir le
mariage aux couples de même sexe sont en cours de discussion ou de vote en France, au Luxembourg, au
Royaume-Uni et au niveau fédéral aux États-Unis.
- Afrique du Sud (depuis novembre 2006)
- Argentine (juillet 2010)
- Belgique (janvier 2003)
- Brésil dans certains États :
-
Alagoas (décembre 2011)
Bahia (novembre 2012)
Ceará (mars 2013)
District fédéral (Brésil) (décembre 2012)
Espírito Santo (août 2012)
Mato Grosso do Sul (avril 2013)
Paraná (mars 2013)
Piauí (décembre 2012)
Sergipe (juillet 2012)
São Paulo (décembre 2012)
- Canada (juin 2005)
- Danemark (juin 2012)
- Espagne (juillet 2005)
- États-Unis dans certains États :
-
Connecticut (2008)
Iowa (2009)
Maine (2012)
Massachusetts (2004)
Maryland (2012)
New Hampshire (2010)
New York (2011)
Vermont (2009)
Washington (2012)
Washington D.C. (2010)
- Islande (juin 2010)
- Mexique dans certains États :
- District fédéral (2011)
- Quintana Roo (2011)
- Norvège (janvier 2009)
- Nouvelle-Zélande (avril 2013)
- Pays-Bas (avril 2001)
- Portugal (mai 2010)
- Suède (avril 2009)
- Uruguay (avril 2013)
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Document 11 : Le corps, qu’il soit d’homme ou de femme, est désirable, beau, sensible et érotique.
Aimer un corps d'homme ou de femme interdit tout commentaire, d'ailleurs le corps luimême interdit les commentaires
L'homme a un corps parfait, la femme un corps parfait.
La physionomie d'un visage interdit les commentaires,
Et puis ce n'est pas sur le visage seulement qu'on lit la physionomie de l'homme bien né,
C'est dans ses bras, ses jambes, ses articulations, oui bizarrement dans l'articulation de
ses hanches, ses poignets,
Dans son allure, le port de son cou, la souplesse de son bassin, ses genoux, on voit tout
à travers les habits,
Le drap ni le coton ne peuvent cacher la force tendre qui l'habite,
Le meilleur poème de tout c'est quand il passe dans la rue, on en apprend plus,
On se retourne, on regarde son dos, la nuque du cou, les épaules.
La plénitude joufflue des bébés, les seins et les visages des femmes, le drapé de leurs
robes, leur style quand on les croise, le dessin de leurs formes jusqu'en bas,
La nudité du nageur dans la piscine, corps vu en transparence de l'eau vert bleuté, ou
bien balançant sans bruit, sur le dos, d'avant en arrière dans la houle, face vers le ciel,
La flexion du buste des rameurs dans leurs esquifs, en avant puis en arrière, l'assiette du
cavalier en selle,
Les mères, les filles, les maîtresses de maison en leurs multiples rôles,
Le groupe d'ouvriers penchés sur leurs gamelles à la pause de midi, pendant que les
épouses attendent,
La femme prodiguant ses caresses à l'enfant, la fille de ferme dans le potager, le pré aux
vaches,
Le jeune journalier qui désherbe le blé à la houe, le conducteur de traîneau maniant ses
six chevaux en pleine foule,
Les catcheurs en plein combat, les deux petits manœuvres indigènes, costauds,
musclés, rigolards qui prennent le frais à la brune dans un terrain vague après leur
travail,
La casquette, la veste qu'on enlève, le bras qu'on passe au cou pour l'amour et les
résistances,
Par-dessus, par-dessous, l'empoignade qui ébouriffe les cheveux et les fait tomber dans
les yeux,
Le défilé des pompiers roulant martialement des muscles dans leurs uniformes
spécifiques, pantalons et ceinturons tirés à quatre épingles,
Leur retour de l'incendie, plutôt lent, et puis, quand la cloche se remet à sonner, de
nouveau l'arrêt, le guet pour l'alarme,
Corps en positions diverses, toutes belles, tête penchée, cou incliné, suivant le compte ;
Voilà les tableaux qui me plaisent - et moi, qui suis le passant oisif, sans aucune gêne,
me retrouve petit enfant au sein de la mère,
Nage au milieu des nageurs, catche avec les catcheurs, défile en rang avec les
pompiers, écoute, compte.
[...]
Avez-vous déjà aimé un corps de femme ?
Avez-vous déjà aimé un corps masculin ?
Ne comprenez-vous donc pas que quel que soit le pays, quelle que soit l'époque tous se
ressemblent ?
Non, rien de plus sacré que le corps humain !
C'est douceur et gloire de l'homme qu'un tel gage de virilité sans souillure,
Corps d'homme ou de femme qui est fort, qui est sain, bien musclé, a plus de beauté en
lui que le plus beau visage.
Avez-vous déjà vu comment, homme ou femme, les vivants parfois détruisent bêtement
leurs corps ?
Impossible de dissimuler ce qu'eux-mêmes, d'ailleurs, ne cherchent pas à masquer !
Walt Whitman (1819-1892)
Je chante le corps électrique, Feuilles d’herbe, 1855
Association ALDÉRAN © - Conférence 1600-121 : “La dignité de l’homosexualité” - 15/02/1996 - page 16
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- Les cours et conférences sans nom d’auteurs sont d’Éric Lowen -
Conférences sur la nature humaine
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- L’Être humain, la femme et l’homme
- Réhabiliter le désir - La positivité du désir
- Éloge du plaisir
- Éloge de la sexualité, la sexualité dans la condition humaine
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Conférences sur les droits humains
- Qu’est-ce que les Droits Humains ? Introduction à la philosophie des Droits Humains
- L’émergence des Droits Humains, la révolution des Droits Humains
- Le progrès des Droits Humains, le perpétuel chantier des Droits Humains
- La Déclaration Universelle des Droits de l’Homme de 1948, origine et portée historique
- Les fondements des Droits Humains
- L’universalité des Droits Humains
- L’inséparabilité des Droits Humains
- Histoire de la conquête des Droits Humains
- Atemporalité et imprescriptibilité des droits humains
- La pérennité du combat pour les Droits Humains
- Droits humains et déclarations, le déclarationisme des droits humains
- Les droits de l’enfants comme droits de l’homme
- Droits de l’homme et droits des femmes
- Le droit à l’euthanasie, un des droits de l’Homme
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Conférences sur la liberté
- Introduction à la liberté, préalable à toute philosophie de la liberté
- Liberté j’écris ton nom... Importance de la liberté dans et pour la condition humaine
- La condition humaine, du déterminisme vers la liberté
- La conquête des libertés : les libertés ne se donnent pas, elles se conquièrent
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Conférences sur des notions présentées dans cette conférence
- La condition humaine
- Pour une éthique sans dieu(x)
- Les sources religieuses de violence dans l’ancien testament, la bible et le coran
- Être soi-même, normes sociales et individualité
Éloge de la différence
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Association ALDÉRAN © - Conférence 1600-121 : “La dignité de l’homosexualité” - 15/02/1996 - page 17
- La dignité humaine, un état à conquérir
- Mixité et pluralité dans les sociétés, altérité et identité dans les sociétés
- La révolution féminine
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1600-140
1600-006
Quelques livres sur le sujet
- Abrogation du délit d'homosexualité (1977-1982), Antoine Idier, Cartouche, 2013
- Mariages et homosexualités dans le monde : L'arrangement des normes familiales, Sous la direction de
Virginie Descoutures, Marie Digoix, Éric Fassin, Wilfried Rault, Autrement, 2008
- Homosexualité, mariage et filiation : pour en finir avec les discriminations, Fondation Copernic, Syllepse,
2005
- Histoire de l'homosexualité de l'Antiquité à nos jours, Colin Spencer, Pocket, 2005
- Défense de la liberté sexuelle - Écrits sur l'homosexualité, Jeremy Bentham, Mille Et Une Nuits, 2004
- Homoparentalité, une nouvelle chance pour la famille, Stéphane Nadaud, Éditions Fayard, 2002
- L'homophobie, Daniel Borrillo, PUF, 2001
- Histoire de l’homosexualité en Europe, 1919-1939 : Berlin, Londres, Paris, Florence Tamagne, Seuil, 2000
- Le dissident et l’institution, ou Alice au pays des normes, M. David-Jougneau, Harmattan, 1989
- XY De l’identité masculine, Élisabeth Badinter, Livre de Poche, 1994
- Histoire de la sexualité, t. II : L’usage des plaisirs, Michel Foucault, Gallimard, 1984
- Éros adolescent. La pédérastie dans la Grèce antique, Félix Buffière, Les Belles Lettres, 1980
- L’archipel du Goulag, Alexandre Soljénitsyne, Seuil, 1974
- La vie quotidienne dans la Grèce antique au siècle de Périclès, Robert Flaceliere, Hachette, 1959
- Le deuxième sexe (2 tomes), Simone de Beauvoir (1949), Gallimard, 1984
- Le banquet, Platon, Librio, 1992
Association ALDÉRAN © - Conférence 1600-121 : “La dignité de l’homosexualité” - 15/02/1996 - page 18
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