Clonage thérapeutique : le miracle n`a pas eu lieu

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Clonage thérapeutique : le miracle n’a pas eu lieu
Le clonage humain s'est avéré compliqué, risqué et éthiquement contestable si bien que
d'autres techniques lui ont été préférées, soulignent les experts. Le clonage à des fins
médicales "n'a pas été à la hauteur des attentes", a expliqué à l'AFP Rosario Isasi de l'Institut
universitaire de Miami pour la bioéthique et les politiques de santé.
La peur que cela aille trop loin
Dolly, la plus célèbre des brebis, a été le premier mammifère cloné grâce à la technique de
transfert nucléaire de cellules somatiques (SCNT). Le noyau d'une cellule adulte avec son ADN
(dans le cas de Dolly, une cellule de glande mammaire) est prélevé et implanté dans un oeuf
non fécondé dont le noyau a été retiré. Grâce à diverses techniques, notamment un choc
électrique, l'ADN reprogrammé par l'ovocyte commence à se diviser jusqu'à ce qu'il forme un
embryon. Mais on ne connait à ce jour aucun être humain créé de cette façon. Car le clonage
comme technique de reproduction humaine a été massivement rejeté dans le monde entier,
pour des raisons éthiques et à cause du risque sanitaire.
En effet, chez les animaux, seule une poignée d'embryons clonés peut survivre à la naissance
et beaucoup ont, plus tard, des problèmes de santé.
Selon les éthiciens, l'utilisation du clonage comme outil thérapeutique a été rendu impossible
par la peur que tout cela aille trop loin, jusqu'à la réplique d'êtres humains.
"Le public et les hommes politiques eux-mêmes, craignent +une pente glissante+, qu'une chose
en entraine une autre puis une autre, jusqu'à ce qu'il y ait une catastrophe ", souligne Rosario
Isasi. Les investissements dans la recherche sur le clonage thérapeutique ont diminué au fil des
années et aujourd'hui, peu de pays permettent la création d'embryons pour la recherche
(Belgique, Chine, Israël, Japon, Corée du Sud, Grande-Bretagne, Singapour, notamment).
La production de cellules souches à visée thérapeutique impliquant la destruction d'embryons
suscite également un débat éthique et moral. Quelques scientifiques sont parvenus à créer des
cellules souches de cette manière en utilisant la technique Dolly, mais sans jamais aller jusqu'à
la création d'organes humains fonctionnels.
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Clonage thérapeutique : le miracle n’a pas eu lieu
Nombreuses technologies dérivées.
Mais si le clonage n'a pas donné lieu à des applications directes dans le domaine médical, il a
ouvert la voie à de nombreuses technologies dérivées, selon les experts. Comme la technique
des cellules IPS (cellules souches pluripotentes induites). Des cellules souches sont créées
sans recourir à des embryons, en stimulant des cellules matures que l'on ramène vers un état
juvénile. Cette technique est une stratégie thérapeutique encore en développement mais elle a
déjà donné lieu à un Nobel. Elle vise à réparer un organe lésé ou malade grâce à des cellules
souches qui vont remplacer les cellules défectueuses. Elle pourrait permettre par exemple de
remplacer des tissus oculaires endommagés ou de créer des cellules productrices d'insuline
pour guérir le diabète.
Une autre technique dérivée des connaissances acquises avec le clonage permet le transfert
d'ADN mitochondrial sain lors d'une fécondation in vitro pour éviter des maladies transmises par
la mère. Pour Aaron Levine, bioéthicien au Georgia Institute of Technology (Etats-Unis), la plus
importante retombée du clonage en matière de santé humaine pourrait être la création
d'animaux pour produire des organes, des tissus ou des médicaments qui ne seraient pas
rejetés par le système immunitaire humain.
Mais il pense "que le clonage de cellules humaines disparaîtra". "Je pense qu'il n'y a pas assez
de demande. Il n'y a tout simplement pas assez de choses où le clonage est incontournable et
qui ne sont pas accessibles avec une autre technique"
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