David Vilanova - Institut des troubles d`apprentissage

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EN COLLABORATION AVEC L’INSTITUT DES TROUBLES D’APPRENTISSAGE
LE MIRACULÉ DE L’ÉCOLE
FÉLIX-ANTOINE
L’Institut des troubles d’apprentissage poursuit, en collaboration avec Le Devoir, sa série de chroniques sur le parcours exceptionnel de personnes qui ont réussi
malgré des troubles d’apprentissage. L’objectif est double : démystifier le sujet tout en démontrant le potentiel des 10 % d’entre nous aux prises avec de telles
difficultés. Bonne lecture !
D
ifficultés d’apprentissage, classes spéciales,
problèmes de socialisation, intimidation,
décrochage, nombreuses tentatives de retour
sur les bancs d’école suivies d’abandons. Le parcours scolaire de David Vilanova a été un véritable
cauchemar. Jusqu’à ce qu’il mette les pieds à l’École
Félix-Antoine, une école bien particulière où pratiquement tout le monde est bénévole. C’est là qu’il
a finalement regagné son estime de lui, obtenu
son diplôme d’études secondaires et repris
confiance en la vie.
David Vilanova a d’abord tenté d’obtenir son
diplôme d’études secondaires en s’inscrivant à
l’éducation des adultes. En français, on le classe
en deuxième année du primaire et en mathématiques, en troisième année. C’est le choc!
Essayant de ne pas se décourager, il s’est tout de
même mis au travail.
«On m’a dit que j’avancerais rapidement, mais
moi, j’ai besoin d’encadrement, raconte-t-il. À
l’éducation des adultes, il n’y en a pas. J’ai essayé
quelques fois et ça n’a jamais fonctionné.»
Alors qu’il était au bout du rouleau, découragé
de voir se succéder les petits boulots, il s’est résigné à faire une nouvelle demande d’aide sociale.
Un appel de sa mère a toutefois changé sa vie.
«Elle m’a demandé si je voulais retourner à l’école.
Je savais qu’il y avait un programme de subvention
d’Emploi-Québec qui aide financièrement les adultes
qui retournent à l’école. J’ai dit oui. Elle m’a
demandé de me rendre immédiatement à une entrevue. C’était à l’École Félix-Antoine.»
Il y a rencontré l’enseignant Martin Beaulieu
et Denyse Mayano, la fondatrice de cette école
unique en son genre, qui fonctionne sans subvention gouvernementale, grâce à des dons et à
l’engagement de bénévoles.
«J’ai connu Denyse Mayano il y a plusieurs
années à l’École Vanguard, une école spécialisée
pour les élèves en difficulté d’apprentissage où je
travaille, indique Suzanne Langlais, mère de
David. Lorsque Denyse a pris sa retraite, elle a
fondé cette école qui enseigne vraiment de façon
différente, avec de petites classes, beaucoup de
mentorat et un suivi personnalisé.»
Après l’entrevue, David a passé les tests de
classement. «Ils m’ont dit qu’ils comprenaient
pourquoi j’avais été classé au primaire à l’éducation des adultes, mais qu’ils voyaient aussi que je
connaissais bien certaines parties de la matière,
explique-t-il. Ils m’ont dit que j’aurais besoin de
deux ou trois mois de rattrapage pour les notions
de primaire, puis que je passerais au secondaire.
Finalement, après un mois, j’étais au secondaire.»
La transformation
Tout jeune, David était une véritable tornade,
au dire de sa mère. Il a reçu un diagnostic de
trouble de déficit de l’attention avec hyperactivité à six ans. Même une fois à l’École
Félix-Antoine, il n’a pas été un élève facile, et il
le sait.
«J’ai tout de suite aimé l’école, mais j’ai
quand même vécu une période d’adaptation,
raconte-t-il. J’ai eu tendance à retourner à mes
mauvaises habitudes et à mettre le trouble. Mais,
leur approche est vraiment adaptée. J’avais l’encadrement dont j’avais besoin. Il y a zéro tolérance
pour le manque de respect. Ils m’ont parlé, ils
m’ont mis au pied du mur, ils savaient que c’était
ce dont j’avais besoin.»
Malgré tout, tranquillement, il a commencé
à connaître de plus en plus de succès dans ses
résultats scolaires. D’après sa mère, l’École FélixAntoine a littéralement sauvé David. «Il avait
connu beaucoup d’échecs et son estime de lui commençait à être minée, explique-t-elle. Lorsqu’il a
commencé à avoir de bons résultats, je l’ai vu se
transformer. Nous lui disions tout le temps qu’il
était capable de réussir, mais là, il le réalisait.»
Alors que l’École Félix-Antoine l’aidait énormément, David a eu envie, à son tour, d’aider les
gens. Il s’est engagé auprès de la banque alimentaire de l’école. Il s’est d’abord porté volontaire
pour aller chercher les denrées chez Moisson
Montréal, puis il a commencé à s’occuper de la
distribution.
«Je me souviens d’une nouvelle élève, une
mère seule, raconte-t-il. Elle est arrivée, je lui ai
donné plein d’affaires. Elle n’en revenait pas. Il y
avait peut-être 200$ d’épicerie là-dedans. Elle m’a
dit qu’elle ne savait pas comment elle aurait nourri
sa famille cette semaine sans ça.»
David a vu la différence que son engagement
pouvait faire dans la vie des gens. C’est ainsi que
même s’il a obtenu son diplôme d’études secondaires l’an dernier, après cinq ans d’efforts, il
s’occupe toujours de l’administration de la
banque alimentaire.
Les projets
Puis, il a voulu faire plus. Il trouvait qu’il
manquait de sport à l’école, alors que plusieurs
élèves ont, comme lui, un diagnostic de TDAH et
ont un grand besoin de bouger pour faciliter leur
concentration. «Moi, je faisais du CrossFit, j’adorais ça et ça m’aidait beaucoup, alors j’ai décidé
de proposer à Denyse Mayano d’offrir des cours de
CrossFit gratuitement aux élèves, explique-t-il.
Le parcours scolaire de David Vilanova a été un véritable cauchemar jusqu’à ce qu’il mette les pieds à l’École Félix-Antoine.
Crédit photo : Jade Grenier
J’ai négocié avec un gym pour que les élèves puissent y venir une fois par semaine et j’ai trouvé un
entraîneur qui a accepté de le faire bénévolement.
J’ai vu un jeune du groupe vraiment s’améliorer à
l’école. Il a même eu 100 % à un examen final en
mathématiques. J’étais vraiment fier.»
«J’ai vu mon fils se responsabiliser en commençant à s’engager à l’école, renchérit sa mère.
Il a vraiment évolué. Il a gagné en maturité, il
gère ses finances, ses rendez-vous, il a des projets.
Ça vaut de l’or.»
Aujourd’hui, à 28 ans, David réalise qu’il a
développé une éthique de travail. Il occupe
depuis un certain temps déjà un emploi en entretien ménager, puis il a un objectif : entrer dans
la GRC.
«Je veux aider le monde, lance-t-il. Puis, ça me
donnerait la chance de toucher à plusieurs métiers.
Un jour, j’aimerais être dans l’équipe tactique, mais
je serais déjà vraiment heureux d’être patrouilleur!
Je me donne environ deux ans pour y arriver.»
En collaboration avec
Lorsqu’il s’agit de soutenir les personnes
ayant un trouble d’apprentissage ou un trouble qui lui est souvent associé comme le
TDAH dans leur cheminement scolaire il y a
quelques solutions. L’une d’elles est l’École
Félix-Antoine qui est reconnue par le
ministère de l’Éducation. L’histoire de David
Vilanova n’est pas unique. Comme lui, nombreux sont ceux qui veulent obtenir un
diplôme, avoir accès au marché du travail et
contribuer ainsi à notre société. La réussite
de ces personnes repose sur leur détermination bien sûr mais aussi sur le travail de
nombreux bénévoles essentiels dans cette
école qui ne reçoit pas de subvention du
ministère de l’Éducation mais vit de dons
d’individus qui croient en l’éducation des
adultes qui ont des troubles d’apprentissage.
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