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ISBN 978-92-79-46500-0
doi:10.2775/131637
Préface
Cher professeur,
Depuis 2008, l'économie mondiale est en crise. Il nous paraissait opportun de faire
le point sur les origines de la crise économique et les réponses mises en place par l'Union
européenne pour y faire face.
Ce dossier pédagogique, destiné au 3e cycle de l'enseignement secondaire
supérieur, aborde en 10 questions des concepts économiques souvent complexes.
Des graphiques, schémas et tableaux illustrent les concepts développés pour davantage
de clarté.
Si vous désirez en savoir plus, le dossier est suivi d'un glossaire et de fiches détaillées.
Nous espérons que cet outil fournira une réponse à la demande de matériel
pédagogique sur la crise et vous apportera un éclairage sur le sujet.
Nous vous invitons à nous envoyer vos réactions, remarques et commentaires à l'adresse
[email protected]
Jimmy Jamar
Chef de la Représentation de
la Commission européenne en Belgique
1
Sommaire
Depuis 2008
4
1. Qu'est-ce que la "crise économique" précisément ?
5
2. Quel est l'élément déclencheur de cette crise ?
6
3. La crise aurait-elle pu être évitée en Europe ?
7-8
4. Pourquoi a-t-il fallu sauver les banques ?
5. Comment a-t-on fait pour arrêter cet effet domino ?
6. Les Etats avaient-ils assez d'argent pour mener
à bien toutes ces actions ?
7. Et quand les Etats n'avaient plus d'argent, qui les a aidés ?
9
10
11 - 12
13
8. Finalement, la crise a-t-elle accéléré les
réformes économique ?
14 - 15
9. Et la Belgique dans tout ça ?
16 - 17
10. Une série de problèmes ont été résolus pour limiter
les effets de la crise, mais que reste-t-il à faire ?
Glossaire
18
19 - 20
Depuis 2008,
l'Union européenne mais aussi le monde entier connaissent
une crise sans précédent.
La crise est devenue le sujet de toutes les conversations.
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rticles et je saire,
ux.
4
1
Qu'est-ce que la "crise
économique" précisément ?
Le terme « crise » est aujourd'hui utilisé pour désigner une situation
économique difficile. On parle de "crise économique" ou de "récession" quand
un pays voit la valeur totale de ce qu'elle produit pendant un an (Produit
intérieur brut) diminuer pendant 2 trimestres consécutifs.
Récession
taux de croissance
du PIB négatif pendant
2 trimestres consécutifs.
Produit intérieur brut (PIB)
valeur totale de ce qu'un pays produit
pendant une année (sa richesse).
L'exploitation de ce revenu représente la
richesse d'un pays. Exprimé en nombre
d'habitants, il représente le niveau de vie
d'une population.
es
e,
5
2
Quel est l'élément
déclencheur de cette crise ?
L'élément déclencheur est la crise des « subprimes » (prêts hypothécaires à risque) qui surgit
aux États-Unis en 2007.
Concrètement, les ménages américains ne peuvent plus rembourser aux banques l'argent
emprunté pour acheter leur maison. Le taux d'intérêt de leur prêt augmente, ce qui gonfle la
somme à rembourser. En conséquence, les banques ne récupèrent pas l'argent prêté car la valeur
des biens hypothéqués s'effondre vu l'augmentation du nombre de maisons mises en vente.
Ces banques ayant elles-mêmes emprunté de l'argent à d'autres banques, le système est
paralysé et l'"effet domino" entraîne des difficultés dans le monde entier. La crise s'étend alors au
monde financier.
Un sentiment de méfiance généralisé s'installe, les banques décident de prêter moins et la
crise de liquidité s'installe. Lorsque les citoyens constatent que les banques ne prêtent plus
d'argent, ils consomment moins (voitures, vêtements, livres, ordinateurs, etc.). De leur côté, par
peur de vendre moins, les entreprises fabriquent moins de biens et se séparent d'une partie de
leur personnel, le chômage augmente alors. La crise financière atteint l'économie réelle.
Crise de liquidité
désigne un phénomène au cours duquel un État ou une entreprise ne
dispose pas des liquidités nécessaires pour faire face à ses
engagements. Dans le domaine bancaire, on parle de crise de liquidité
lorsque les banques et autres établissements financiers refusent de se
prêter mutuellement de l'argent entre eux.
Sortir plus fort
de la crise
'La vision européenne'
http://ec.europa.eu/avservices/video/player.cfm?ref=I074443&videolang=fr&sitelang=en
6
3
La crise aurait-elle
pu être évitée en Europe ?
En Europe, des déséquilibres macroéconomiques Déséquilibres macroéconomiques
globaux considérés comme
importants ont fragilisé certains pays de la zone euro face aux phénomènes
néfastes, dont les principaux sont l'inflation,
chocs économiques. En effet, durant les dernières décennies et le taux de chômage et le déséquilibre
extérieur (situation d'un pays qui importe
alors que nous produisions beaucoup de richesses, beaucoup davantage qu'il n'exporte).
d'Etats ont dépensé plus que ce qu'ils ne gagnaient. Par exemple,
la Belgique a une dette publique qui égale ce que le pays produit
en un an. Ainsi, il faudrait que tout le pays travaille une année entière sans rien dépenser pour ne
plus avoir de dette. Ces déséquilibres macroéconomiques n'ont pas été assez pris au sérieux. Les
politiques budgétaires et macroéconomiques auraient dû être suivies
Compétitivité
capacité d'un pays à vendre ses
de plus près afin d'éviter de tels écarts de compétitivité (productivité
produits et services sur les
marchés nationaux et étrangers.
de la main-d'oeuvre) dans la zone euro . Voir
"Pour en savoir plus 1".
Productivité de la main-d'œuvre = rapport entre la production et le
nombre d'heures travaillées (PIB / heures travaillées)
Des disparités entre Etats membres
Taux de croissance du PIB en 2013 Q2 (% variation 2012 Q2)
EU 28 = -0,2
Zone euro = -0,5
-6,0 — -1,7
-1,7 — -0,2
-0,2 — 0,8
0,8 — 1,5
1,5 — 4,3
Non disponible
7
La faible croissance du Produit intérieur brut a entraîné une
pression sur les finances publiques, les dettes publiques ainsi
que d'énormes déficits de la balance des opérations
courantes.
Balance des opérations courantes
entrées nettes de capitaux provenant des échanges de biens et
services, des revenus et des transferts courants.
Chômage
(% de la population active civile)
Croissance du PIB (%)
12
4
3
10
2
8
1
0
-1
Produit intérieur brut (PIB)
valeur totale de ce qu'un pays produit
pendant une année (sa richesse). Cette
production peut être revendue et générer
un revenu. L'exploitation de ce revenu
(flux) représente la richesse d'un pays
(stock). C'est un indicateur du niveau de
vie d'une population.
2005
06
07
08
09
10
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6
12
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-2
-3
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-4
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-5
2005
06
07
08
09
10
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12
Chômage
pourcentage de la population active inoccupée
par rapport à la population active totale.
USA
Zone euro
Déficit public (% PIB)
Dette publique brute (% PIB)
100
12
90
10
80
70
8
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6
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06
07
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12
Déficit public
solde négatif entre les recettes et les dépenses de l'Etat, les
collectivités locales et les organismes de sécurité sociale. Lorsque les
dépenses sont supérieures aux recettes, un pays doit emprunter, ce qui
alourdit sa dette (le déficit d'aujourd'hui représente la dette de
demain).
Dette publique: montant total des déficits cumulés.
Source: Services de la Commission européenne.
8
4
Pourquoi a-t-il fallu sauver
les banques ?
Les banques se prêtent de l'argent mutuellement, c'est ce que l'on appelle les prêts
interbancaires. Quand une banque se trouve en difficulté, cela veut dire que toutes les banques
le sont potentiellement. Le risque d'effet domino met tout le système bancaire en danger.
Ainsi, en 2008, plusieurs banques sont en difficulté, en Irlande, au Royaume-Uni mais aussi en
Belgique. Fortis, le premier groupe de banque-assurance des pays du Benelux, a dû recourir à un
plan de sauvetage établi par les trois pays. Ensuite Dexia a dû être nationalisée. En octobre
2008, ce sont les banques ING et KBC qui à leur tour ont dû être soutenues financièrement par les
gouvernements néerlandais et belge. Cela représente un montant considérable pour la Belgique
alors que sa dette publique était déjà très élevée avant la crise.
Suite à cette longue liste d'interventions financières par les Etats en Europe, les bourses
européennes perdent un quart de leur valeur fin 2008. A partir des premiers mois de 2009, tous
les secteurs de l'économie sont touchés par la crise. Les institutions européennes et
internationales (Commission européenne, Banque centrale européenne, Fonds monétaire
international) ainsi que les Etats se mobilisent afin d'éviter que la crise bancaire ne se propage
à tout le continent.
ui
9
5
Comment a-t-on fait pour
arrêter cet effet domino ?
Tout d'abord, il était important d'éviter les mouvements de panique. Craignant une faillite des
banques et le retrait soudain de l'épargne des ménages, l'Union européenne a décidé de garantir les
dépôts des épargnants jusqu'à 100.000 euros en cas de faillite d'une banque.
Au-delà de cette nécessité d'éviter la panique des épargnants, il fallait également sauver les
banques et rassurer le marché bancaire européen afin d'éviter l'effet domino. C'est pourquoi, fin
2012, l'Union européenne instaure le Mécanisme Européen de Stabilité (MES) (voir "Pour en
savoir plus 2").
Fin 2008, la Commission européenne met sur pied un plan de relance économique européen
de 200 milliards d'euros, financé par les Etats (1,5% du PIB) et par le budget européen (0,3%). Ce
plan s'accompagne de la possibilité d'augmenter les dépenses de relance, dès lors qu'elles
sont ciblées et temporaires (investissements socialement bénéfiques), tout en gardant malgré
tout un œil sur les déficits publics.
Dépenses de relance
Déficit public
solde négatif entre les recettes et les dépenses de l'Etat, les collectivités
locales et les organismes de sécurité sociale. Lorsque les dépenses sont
supérieures aux recettes, un pays doit emprunter, ce qui alourdit sa dette
(le déficit d'aujourd'hui représente la dette de demain).
10
dépenses publiques dans le but de
provoquer une « relance économique »,
c'est-à-dire une augmentation de l'activité
économique et une réduction du chômage
lors des périodes de faible croissance ou de
récession.
6
Les Etats avaient-ils assez d'argent
pour mener à bien toutes ces actions ?
Au début, on pensait qu'il suffirait de rassurer les marchés financiers et d'injecter une somme
importante dans l'économie. Mais cela ne suffit pas car, en janvier 2009, les indicateurs
économiques s'effondrent, l'industrie reçoit de moins en moins de commandes et le chômage
augmente.
Les pays s'endettent de plus en plus., aussi bien pour sauver leurs banques que pour relancer
l'économie dans leur pays. En 2009, la Grèce est le premier Etat concerné avec une dette
publique qui s'élève à 130% du PIB. Dans la foulée, d'autres gouvernements interviennent pour
sauver leurs banques en difficulté, mais leur dette publique augmente alors de façon
considérable. En réaction, ils diminuent leurs dépenses publiques
Dette publique: montant total
alors que les recettes baissent, ce qui entraîne leur pays dans des défécits cumulés.
une crise des dettes souveraines.
La crise des dettes souveraines a eu des causes et des impacts très différents selon les pays :
Ÿ En Grèce, le Ministre des Finances annonce, en 2009, un déficit public de 12,7% du PIB
(et non 6% comme déclaré), ce qui provoque la perte de
confiance des marchés. Une agence de notation dégrade la
note souveraine (note qui indique la capacité de rembourser
les emprunts pris par le pays). Si la note est dégradée, le taux
d'intérêt auquel le gouvernement peut emprunter augmente.
Les investisseurs perdent alors confiance et le pays est au
bord de la faillite.
Agence de notation
entreprise ou institution chargée de la
notation financière des collectivités
(États…) ou des entreprises selon certains
critères définis par une réglementation
ou par les acteurs du marché.
Ÿ En Irlande, le pays, en recapitalisant ses banques en 2010, s'endette énormément (crise
bancaire).
Ÿ Au Portugal, les ménages ont vu leur taux d'emprunt augmenter suite à la dégradation de la
note de leur dette souveraine (crise des ménages).
11
Ÿ En Espagne, la crise des ménages est due à l'éclatement de la
Bulle immobilière
écart conséquent entre le prix d'un
bien immobilier et sa valeur
intrinsèque.
bulle immobilière. La note de la dette souveraine espagnole est
également rétrogradée vu les faibles espoirs de croissance de
l'économie du pays trop liée au secteur immobilier national. Mais étant donnée
l'importance de l'économie espagnole au sein de la zone euro, cette dégradation est encore
plus préoccupante que la situation greque.
Ÿ En 2012, Chypre connaît une crise bancaire. L'Etat décide de recapitaliser son secteur
bancaire étant donné l'impossibilité pour les banques de se financer directement sur les
marchés financiers.
Le contexte
Une succession de crises sans précédent ...
rise
2013...
Crise économique
?Crise du chômage
2007
Crise des
"subprimes"
2008
Crise
financière
2009
Crise
économique
2010
Crise
des dettes
souveraines
2011-12
Crise systémique
de l'€ ?
Crise de
l'Europe?
Programmes d'assistance
économique et financière +
Mécanisme de stabilité (zone euro)
Stimulus budgétaire +
stabilisateurs automatiques
Recapitalisations bancaires +
garanties d'Etat
12
7
Et quand les Etats n'avaient
plus d'argent, qui les a aidés ?
Revenons sur le cas de la Grèce pour expliquer ce qui s'est passé en 2010. La Grèce était au
bord de la faillite et elle devait emprunter massivement de l'argent pour pouvoir continuer à
fonctionner. Il n'était pas envisageable de laisser sombrer un Etat, au nom de la solidarité
européenne. De plus, la Grèce faisant partie de la zone euro, il y avait un risque de contagion
et que celle-ci perde sa crédibilité. Finalement, une solution a été trouvée. En mai 2010, la
Grèce bénéficie d'un premier plan d'aide d'un montant de €110 Milliards sous forme de
facilités de prêts provenant des autres pays de la zone euro et du
Fonds Monétaire International (prêts à taux plus favorables que ceux Programme d'ajustement
offerts par le marché). En contrepartie, la Grèce doit faire des macroéconomique
programme de réformes et de
économies drastiques et présenter un programme d'ajustement consolidation budgétaire que tout
Etat membre bénéficiant d'une
macroéconomique défini dans un Mémorandum d'accord (voir aide financière doit respecter
selon un calendrier bien défini.
"Pour en savoir plus 2").
Vu la dégradation de la situation dans plusieurs Etats membres, les
Ministres des Finances de la zone euro, l'Eurogroupe (voir "Pour en savoir plus 4"), créent, fin
2012, le Mécanisme Européen de Stabilité (MES) afin d'éviter que la crise d'un membre de la
zone euro ne déstabilise l'ensemble des pays partageant la monnaie unique.
13
8
Finalement, la crise a-t-elle
accéléré les réformes ?
La crise a au moins eu l'avantage d'accélérer la mise en place d'une
gouvernance économique et financière à l'échelon européen. Les
Etats membres et les institutions européennes se sont mis d'accord
sur un ensemble de dispositions pour éviter que de telles situations se
reproduisent .
Gouvernance économique
manière de gérer et de diriger
l'aspect économique d'un pays,
d'une entreprise.
Les mesures concernent le secteur financier, et en particulier les banques, mais poussent aussi
vers un encadrement plus strict des politiques économiques et budgétaires des Etats.
En ce qui concerne la stabilité financière, le Mécanisme Européen de Stabilité (MES) est mis
en place, fin 2012, afin de fournir une assistance financière à tout Etat membre de la zone euro
qui connaît ou risque de connaître des difficultés financières.
Parallèlement, une Union bancaire est créée. Jusqu'alors, un décalage persistait entre un
système financier qui ne connaissait pas de frontière et des régulations qui s'effectuaient sans
coordination à l'échelon national. Il existait des autorités européennes, mais elles n'avaient qu'un
rôle consultatif. Depuis 2011, un système de surveillance et de supervision du secteur financier a
été mis en place. Les structures existantes ont été considérablement renforcées, transformées en
véritables autorités de surveillance des marchés, des assurances et des banques. Depuis novembre
2014, la Banque centrale européenne, en coopération avec les instances nationales de
supervision des banques, surveillle la stabilité financière d'environ 130 banques de la zone
euro. Elle peut obliger les établissements de crédit à prendre des mesures correctives. Ce
Mécanisme unique de supervision bancaire est obligatoire pour tous les membres de la
zone euro et ouvert aux autres Etats membres de l'Union européenne. L'Autorité bancaire
européenne est chargée d'élaborer des procédures de contrôle que les superviseurs des
banques nationales doivent suivre. Les banques aussi prennent leurs Tests de résistance
responsabilités en testant leur situation financière grâce à des outils, exercices consistant à simuler des
appelés "tests de résistance". Ces tests sont menés par les banques conditions économiques et
financières extrêmes mais
centrales. Cela permet donc d'éviter des scénarios comme l'Union plausibles afin d'en étudier les
sur les banques et
européenne en a connus et où les Etats et les banques centrales ont dû conséquences
de mesurer leur capacité de
intervenir pour sauver les banques.
résistance à de telles situations.
14
Un fonds spécial, appelé "Fonds de Résolution des Crises" a été mis en place
grâce aux recettes des taxes bancaires. Cela revient à contraindre les banques à souscrire
une assurance. En outre, l'Union européenne a adopté une législation pour limiter les
bonus des dirigeants des banques et a demandé à certains pays d'assouplir le secret
bancaire pour plus de transparence. Ainsi, la gouvernance financière est l'un des domaines
où les institutions auront énormément progressé durant la crise.
Au-delà des banques, la crise a permis de faire significativement avancer la gouvernance
économique à l'échelle européenne. D'une gestion dans l'urgence pilotée par les Etats
individuellement en 2008, on passe, dès 2009, à une coordination des politiques budgétaires et
macroéconomiques à travers la mise en place de plusieurs chantiers de régulation (voir "Pour en
savoir plus 3").
L'Union européenne a gagné en compétences en établissant, depuis 2011, une nouvelle méthode
de travail appelée "Semestre européen" (calendrier décisionnel portant sur 6 mois - voir "Pour en
savoir plus 4 ") ainsi que de nouveaux systèmes de surveillance. Ce cycle de surveillance et de
coordination s'articule autour de 3 axes de coordination des politiques économiques : politiques
budgétaires, politiques macroéconomiques et politiques liées aux objectifs Europe 2020 dans le
domaine de l'éducation, de la formation, de l'énergie, du changement climatique et de la lutte
contre la pauvreté et l'exclusion sociale (voir "Pour en savoir plus 6 "). Les Etats reconnaissent leur
responsabilité dans la crise et mettent en place un contrôle plus strict de leurs dépenses
budgétaires, en proposant un plan de réforme triannuel et en soumettant pour avis à la
Commission européenne et aux membres de l'Eurogroupe leur projet de budget avant son
approbation (voir "Pour en savoir plus 5").
15
9
Et la Belgique dans tout ça ?
Tout d'abord, il est important de dire qu'il revient toujours en priorité à la Belgique de décider
quelles sont les mesures à prendre.
La crise a mis en évidence des déséquilibres économiques, budgétaires et financiers qui
existaient déjà. La Belgique met en place des réformes pour sortir de la crise de manière
durable et s'adapter aux changements de la société.
La Belgique doit essentiellement faire face à trois types de problèmes :
Premièrement, sa dette publique est élevée (environ 100%
du PIB). Son budget est déficitaire car le pays dépense chaque année
plus que ce qu'il ne gagne. Les autorités belges prennent les mesures
nécessaires pour résoudre cette situation. Une "feuille de route"
appelée recommandation a été adoptée pour indiquer la voie
à suivre.
Dette publique
ensemble des emprunts contractés par
.
l'Etat, les collectivités locales et les
organismes de sécurité sociale.
Déficit public
solde négatif entre les recettes et les
dépenses de l'Etat, les collectivités
locales et les organismes de sécurité
sociale. Lorsque les dépenses sont
supérieures aux recettes, un pays doit
emprunter, ce qui alourdit sa dette (le
déficit d'aujourd'hui représente la dette
de demain).
Deuxièmement, la Belgique doit faire face au vieillissement de sa
population. La pyramide des âges est en
Recommandation
avis, visant à guider les
train de s'inverser suite à une baisse du taux
politiques nationales, fondé sur
l'examen des performances
de natalité. Si la situation perdure, les
économiques et sociales
dépenses pour les retraites et les soins de santé des personnes âgées
réalisées par chaque Etat
membre l'année précédente
ne seront plus couvertes par la population active. La Belgique a déjà
au regard des priorités
fixées dans l'Examen
entrepris de réformer son système de pensions mais il est
annuel de croissance
vraisemblable que cela ne sera pas suffisant. Davantage d'efforts
(EAC).
seront sans doute exigés. C'est un problème qui touche plusieurs
Etats membres de l'Union.
16
Enfin, la Belgique est confrontée à une perte de compétitivité. Compétitivité
d'un pays à vendre ses
Cela veut dire qu'elle est à la traîne par rapport à ses voisins pour la capacité
produits et services sur les marchés
production de biens et de services avec un rapport qualité/prix nationaux et étrangers.
intéressant. Plusieurs facteurs expliquent cette situation : un coût
salarial généralement plus élevé que dans les pays voisins, des prix de l'énergie
comparativement plus élevés et une valeur ajoutée plus faible des produits fabriqués. Vu que la
Belgique est un petit pays au centre de l'Europe, une grande partie de ses revenus est constituée
par ses exportations, notamment vers les pays proches 1. Si les coûts sont trop élevés, les
entreprises risquent d'externaliser leur production, ce qui serait néfaste pour l'économie belge.
1
Avec des exportations se montant à environ deux tiers du Produit intérieur brut (2012), la Belgique dépend de façon importante du commerce extérieur.
r
e
17
10
Une série de problèmes ont été résolus
pour limiter les effets de la crise, mais
que reste-t-il à faire ?
De nombreuses mesures ont été prises par l'Union en vue d'améliorer la gouvernance
économique et financière.
Afin d'achever l'architecture d'une Union économique et monétaire, la Commission a établi un
calendrier détaillé qui permettra à moyen terme de renforcer la capacité budgétaire de la zone
euro pour financer les réformes structurelles dans les économies en difficulté et, à long terme,
d'établir un budget indépendant pour la zone euro afin de donner à l'Union économique et
monétaire les moyens financiers de soutenir les Etats membres fragilisés par un choc
économique (voir "Pour en savoir plus 7 " ).
Les décisions prises au niveau européen – dans les domaines financier, budgétaire et
économique – vont dans le sens de l'instauration progressive d'une Union politique.
18
Glossaire
Agence de notation
Entreprise ou institution chargée de la notation financière des collectivités (États…) ou des entreprises selon certains
critères définis par une réglementation ou par les acteurs du marché.
Balance des opérations courantes
Entrées nettes de capitaux provenant des échanges de biens et services, des revenus et des transferts
courants.
Bulle immobilière
Ecart conséquent entre le prix d'un bien immobilier et sa valeur intrinsèque.
Compétitivité
Capacité d'un pays à vendre ses produits et services sur les marchés nationaux et étrangers.
Crise de liquidité
Période au cours de laquelle un État ou une entreprise ne dispose pas des liquidités nécessaires pour faire
face à ses engagements. Dans le domaine bancaire, on parle de crise de liquidité lorsque les banques et
autres établissements financiers refusent de se prêter mutuellement de l'argent entre eux.
Déficit extérieur
Solde négatif de la balance commerciale. Celle-ci exprime la différence entre la valeur monétaire des
exportations de biens et services d'un pays et la valeur monétaire de ses importations de biens et services.
Déficit public
Solde négatif entre les recettes et les dépenses de l'Etat, les collectivités locales et les organismes de sécurité
sociale. Lorsque les dépenses sont supérieures aux recettes, un pays doit emprunter, ce qui alourdit sa dette
(le déficit d'aujourd'hui représente la dette de demain).
Déficit structurel
Déficit public corrigé des mesures liées à la conjoncture (par exemple hausse des indemnités de chômage en
période de crise).
Dépenses de relance
Dépenses publiques dans le but de provoquer une "relance économique", c'est-à-dire une augmentation de
l'activité économique et une réduction du chômage lors des périodes de faible croissance ou de récession.
Déséquilibres macroéconomiques
Phénomènes globaux considérés comme néfastes, dont les principaux sont l'inflation (hausse générale du
niveau des prix), le taux de chômage (rapport de la population active inoccupée sur la population active
totale) et le déséquilibre extérieur (situation d'un pays qui importe davantage qu'il n'exporte).
Dette extérieure
Ensemble des dettes engagées par les agents économiques d'un pays envers des agents économiques
extérieurs.
19
Dette publique
Montant total des déficits cumulés.
Fonds
Somme d'argent déposée sur un compte, prête à être utilisée.
Gouvernance économique
Manière dont un gouvernement exerce son autorité économique, politique et administrative et gère les
ressources d'un pays en vue de son développement.
Majorité qualifiée inversée
Les décisions de sanction concernant les déficits excessifs sont prises à la majorité qualifiée inversée, ce qui
signifie qu'une amende est considérée comme approuvée par le Conseil dès lors qu'elle n'est pas contestée
par une majorité qualifiée d'États membres.
Productivité de la main-d'œuvre
Rapport entre la production et le nombre d'heures travaillées (PIB/heures travaillées)
Produit intérieur brut (PIB)
Valeur totale de ce qu'un pays produit pendant une année (sa richesse). L'exploitation de ce revenu représente
la richesse d'un pays. Exprimé en nombre d'habitants, il représente le niveau de vie d'une population.
Programme d'ajustement macroéconomique
Programme de réformes et de consolidation budgétaire que tout Etat membre bénéficiant d'une aide
financière doit respecter selon un calendrier bien défini.
Programme de partenariat économique
Programme de réformes et de consolidation budgétaire que tout Etat membre (de la zone euro) présentant
un déficit excessif doit respecter.
Récession
Taux de croissance du PIB négatif pendant 2 trimestres consécutifs.
Recommandations
Avis, visant à guider les politiques nationales, fondé sur l'examen des performances économiques et sociales
réalisées par chaque Etat membre l'année précédente au regard des priorités fixées dans l'Examen annuel de
croissance (EAC).
Tests de résistance
Exercices consistant à simuler des conditions économiques et financières extrêmes mais plausibles afin d'en
étudier les conséquences sur les banques et de mesurer leur capacité de résistance à de telles situations.
20
ISBN 978-92-79-46500-0
doi:10.2775/131637
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