La bourse ibérique est le seul marché “développé” à enregistrer un premier trimestre
négatif (-8,2% pour l’indice IBEX 35, contre un gain de 6,5% pour le DJ Stoxx 600), le Premier ministre,
Mariano Rajoy, n’étant pas parvenu à freiner suffisamment rapidement, aux yeux des investisseurs, le déficit
budgétaire du pays. L’effet bénéfique suscité par l’annonce, le 8 décembre dernier, d’un programme de prêts
illimités à trois ans proposé par la Banque centrale européenne (BCE) aux banques s’est donc déjà estompé.
Les risques et le manque de compétitivité associés au marché espagnol sont brutalement
revenus au devant de la scène :
Mariano Rajoy a mis le feu aux poudres en annonçant que le déficit budgétaire serait plus élevé
qu’escompté : 5,8% du PIB contre 4,4% évoqués après le Sommet européen du 2 Mars.
Eclatement de la bulle immobilière oblige, les autorités publiques se retrouvent avec sur les bras près
de 175 milliards d’euros de créances hypothécaires douteuses. Les tests de résistance
financière menés en décembre par l’Autorité de contrôle européen du secteur bancaire ont d’ailleurs
abouti à la conclusion que les banques espagnoles étaient, après leurs contreparties grecques, les
moins bien capitalisées de la zone euro. Le régulateur recommandait qu’elles augmentent leurs fonds
propres de 26,2 milliards d’euros dès le troisième trimestre de 2011(contre 15,4 milliards d’euros pour
les banques italiennes).
Les prix moyens de l’immobilier résidentiel ne se sont jamais autant contractés
qu’au cours du quatrième trimestre 2011 (-11,2%). Les ventes de maisons ont connu en
janvier leur onzième mois consécutif de baisse (-26,3%). Les prêts hypothécaires résidentiels ont
enregistré en décembre leur vingtième mois de contraction (-37,2% sur un an), les banques étant
contraintes, du fait de la hausse des taux de défaut, de fermer les robinets.
L’Espagne doit, il est vrai, faire face à un taux de chômage de 23%, plus de deux fois supérieur à
la moyenne de la zone euro, et une économie qui est en passe de connaître sa troisième
récession en quatre ans (nos économistes tablent sur une contraction du PIB de 1% cette année,
contre un affaiblissement de 0,4% pour l’ensemble de la zone euro).