[1952p. 13) poursuivent la description qu’ils font de la formation des mots en arabeen
appelant « s’inspirant de Cantineau (1950b p. sv. ce que mes professeurs
appelaient « » :
« […] l’ensemble des consonnes et des voyelles qui compose un mot : kataba “il a écritet que
les nominales ou verbales. »
Je rappellerai plus loin comment la formation des mots ne se limite pas à ce traditionnel
croisement racine-. Mais voyons auparavant ce qu’en disent certains arabisants
dans des travaux plus récents.
Ammar et Dichy (1999 p. 9-10 ; p. 10-11) reprennent partiellement
et Gaudefroy-Demombynes. S’ils reconnaissent encore le croisement racine-les
ayant « un sens par la grammairequi entre en combinaison avec celui
des racines tri- ou quadriconsonantiques » comme étant « utile pour apprendre l’arabe et
comprendre […] son de formes verbales et déverbalesils y apportent néanmoins
des nuances. D’une part :
« Le sens des racines n’est plus aujourd’hui premier par rapport aux motsmais découle au
contraire de ces derniers. Exemple : la racine /ṭrf/ dont le sens premier peut être compris à
partir des valeurs du mot ṭarafclignotement de l’œil ” d’une part et “ bordextrémité ” de
l’autrea vu apparaître au XXe des mots comme taṭarrufextrémisme ” et mutaṭarrif
“ extrémiste
Ces nuances quoique méritoires ne masquent pas le fait qu’Ammar et Dichy
ne mentionnent que les formes « déverbales passant sous silence les dérivations
dénominatives et qu’ils sous-entendent que le statut de la racine a changé en arabe
moderne. Orl’arabe a toujours été le creuset d’innovations lexicales faites à partir d’une
racine ou noncette racine n’étantchez les lexicographes classiquesqu’un principe de
classement morphologique des mots dans le dictionnaire 3. Avant de continuer à citer ces
auteursconsidérons ce premier exemple en ne manquant pas de rappeler quequel que
soit l’état de la langue arabe diachroniquementla racine n’a jamais pu s’interpréter sans
être actualisée dans un mot qui serait la base d’une dérivation. Il ne semble pas que la
création de nouveaux concepts politiques en arabe moderne de presse ait changé quoi que
ce soit à cet état de faitmême si le processus s’est accéléré du fait de la brusque évolution
de ce registre depuis le XIXe .
À présentconsidérons le paradigme exposé : en consultant les dictionnaires arabisants
classiques et modernesj’ai constaté que c’est ṭarf (le maṣdar du verbe ṭarafa « repousser
éloignercligner de l’œil » chez Kazimirski et « cligner de l’œil » chez Reig) qui
« clignement d’œilet non ṭaraf qui « bord » dans ces deux dictionnaires .
Or ṭarf également « bord extrémité ». Quoi qu’il en soit il semble que c’est
surtout le verbe I qui actualise cette racinepuisqu’il contient en germe les deux parties
3 ( (
(
REIG p. ; KAZIMIRSKI vol. 2p. .