La diversité des organisations combattantes dans le monde

La diversit´e des organisations combattantes dans le
monde arabe : le point de vue d’une linguiste sur la
pr´etendue synonymie tan¯
im/munaama
Marie Baize-Varin
To cite this version:
Marie Baize-Varin. La diversit´e des organisations combattantes dans le monde arabe : le
point de vue d’une linguiste sur la pr´etendue synonymie tan¯
im/munaama. Bulletin d’Etudes
Orientales, Institut Fran¸cais du Proche-Orient (IFPO), 2013, Bulletin d’´etudes orientales Varia,
.
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https://hal.archives-ouvertes.fr/hal-01513406
Submitted on 25 Apr 2017
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La diversité des organisations combattantes dans le monde arabe :
de la prétendue synonymie entre tanẓīm et munaẓẓama 1
Marie BAIZE-ROBACHE
Écoles militaires de Saint-Cyr Coëtquidan / Université Rennes II
Ce qu’on appelle communément « formes dérivées » en France est une partie essentielle

de considérer le nom mumarriḍ(a)
forme I non dérivé mariḑa « être malade ». Lorsqu’un étudiant arabisant se fait expliquer
   
peut être présentée par certains de ses professeurs comme exclusivement factitive (de

2

par LARCHER
par le nom qui est à l’origine du verbe) » 
base de dérivation de marraḍa est le nom maraḍ
            
patient ». Ce sens est d’ailleurs pris en charge par la forme IV ʾamraḍa
de mariḍa.

formes dérivées des gros titres du journal al-Ḥayāt
AIZE-ROBACHE 2009) l’analyse du même journal en novembre
          
www.aljazeera.net. La question des formes dérivées s’est alors
située dans une problématique plus large puisque l’analyse comparative des corpus
m’a permis de constater l’absence d’évolution syntaxique et sémantique de ces formes
dans le corpus internet.
1 Cet article est la version écrite et remaniée d’une communication au colloque international « Les organisations
             

2 Il sera expliqué infra que ce n’est pas sa valeur fondamentale.

MARIE BAIZE-ROBACHE
Définition de l’objet
Formes dérivées ou augmentées ? Ou comment poser la question de la dérivation et de sa base
Certains grammairiens arabisantscomme  et Gaudefroy-Demombynes (
[1952p. parlent de « formes dérivéesmais l’appellation « formes augmentéesqui
reste neutre par rapport à une base verbale ou nominale (LARCHER 2003p. paraît plus
appropriée. En les grammairiens arabesavant de chercher à savoir de quelle base
est dérivée une formeconstatent d’abord qu’elle est morphologiquement augmentée par
le redoublement d’une lettrepar l’ajout d’un d’un  ou d’une voyelle longue.
Ils ne sont pas les seuls : Holes ( [1995p. 100) parle de « augmented patterns » et
BadawiCarter et Gully (p. 59) de « augmented stems ».
C’est en approfondissant l’analyse de certaines formes que j’ai pu les  de
« dérivées en trouvant la base sémantique et syntaxique de leur dérivation ou
d’ « orphelines » en l’absence de cette  en synchronie.
Avant d’aborder les occurrences des corpusil convient de revoir ce que disent les
grammairiens arabes et arabisants sur la dérivation et ses bases.
En parlant de base de dérivation quelques arabisants pensent intuitivement à la
racine croisée avec un se basant sur les théories françaises de Cantineau (1950a)
et Cohen ( []) sur la formation des mots arabes par « croisement de la racine et
du  ». Outre que cette tradition ne correspond pas à celle des Arabeselle n’a pas
toujours été celle des arabisantsmême si la notion de racine estdans le domaine des
études sémitiquesselon Dichy (2002p. 191-192antérieure au XXe .
Chez les grammairiens arabes classiques  (1912 vol. 1 p. ) décrit la
dérivation comme se faisant d’un mot à l’autre et ne concernant pas uniquement la
formation d’une forme augmentée à partir de sa baseacceptant de ce fait la possibilité
d’une dérivation dénominative qui invalide le croisement exclusif racine-. Le terme
ištiqāqque l’on traduit par « dérivation » en français est en fait le processus de formation
d’un mot à partir d’un autrequel qu’il soit :
Al-ištiqāq al-aṣl : aḫḏu šiqqi al-šayʼ, ay niṣ-hi, wa-min-hu ištiqāq al-kalima min al-kalima, ay aḫḏu-
min-.
« La dérivation est à l’origine le fait de prendre la moitié de quelque chosepuis de dériver un
mot d’un autre motc’est-à-dire le fait de prendre quelque chose du mot de base. »
Les grammairiens arabisants « classiqueseuxpartent d’emblée du postulat suivant
ainsi exprimé par  et Gaudefroy-Demombynes ( [1952p. 13) :
« On appellera ici racine disent-ils l’ensemble des deux trois ou quatre consonnes qui
représentent une notion  : k t b notion d’écrire. »
C’est d’ores et déjà donner trop de sens à la racine. En  comme l’a remarqué
Larcher (2012p. 33attribuer à « k t b » la notion d’écrirec’est transférer à la racine ce
qui est la  du verbe katab/yaktub.  et Gaudefroy-Demombynes (


[1952p. 13) poursuivent la description qu’ils font de la formation des mots en arabeen
appelant «  s’inspirant de Cantineau (1950b p.  sv. ce que mes professeurs
appelaient «  » :
« […] l’ensemble des consonnes et des voyelles qui compose un mot : katabail a écritet que
 les  nominales ou verbales. »
Je rappellerai plus loin comment la formation des mots ne se limite pas à ce traditionnel
croisement racine-. Mais voyons auparavant ce qu’en disent certains arabisants
dans des travaux plus récents.
Ammar et Dichy (1999 p. 9-10 ;  p. 10-11) reprennent partiellement 
et Gaudefroy-Demombynes. S’ils reconnaissent encore le croisement racine-les
 ayant « un sens  par la grammairequi entre en combinaison avec celui
des racines tri- ou quadriconsonantiques » comme étant « utile pour apprendre l’arabe et
comprendre […] son  de formes verbales et déverbalesils y apportent néanmoins
des nuances. D’une part :
« Le sens des racines n’est plus aujourd’hui premier par rapport aux motsmais découle au
contraire de ces derniers. Exemple : la racine /ṭrf/ dont le sens premier peut être compris à
partir des valeurs du mot ṭarafclignotement de l’œil ” d’une part etbordextrémité ” de
l’autrea vu apparaître au XXe  des mots comme taṭarrufextrémisme ” et mutaṭarrif
“ extrémiste
Ces nuances quoique méritoires ne masquent pas le fait qu’Ammar et Dichy
ne mentionnent que les formes « déverbales passant sous silence les dérivations
dénominatives et qu’ils sous-entendent que le statut de la racine a changé en arabe
moderne. Orl’arabe a toujours été le creuset d’innovations lexicales faites à partir d’une
racine ou noncette racine n’étantchez les lexicographes classiquesqu’un principe de
classement morphologique des mots dans le dictionnaire 3. Avant de continuer à citer ces
auteursconsidérons ce premier exemple en ne manquant pas de rappeler quequel que
soit l’état de la langue arabe diachroniquementla racine n’a jamais pu s’interpréter sans
être actualisée dans un mot qui serait la base d’une dérivation. Il ne semble pas que la
création de nouveaux concepts politiques en arabe moderne de presse ait changé quoi que
ce soit à cet état de faitmême si le processus s’est accéléré du fait de la brusque évolution
de ce registre depuis le XIXe .
À présentconsidérons le paradigme exposé : en consultant les dictionnaires arabisants
classiques et modernesj’ai constaté que c’est ṭarf (le maṣdar du verbe ṭarafa « repousser
éloignercligner de l’œil » chez Kazimirski et « cligner de l’œil » chez Reig) qui 
« clignement d’œilet non ṭaraf qui  « bord » dans ces deux dictionnaires .
Or ṭarf  également « bord extrémité ». Quoi qu’il en soit il semble que c’est
surtout le verbe I qui actualise cette racinepuisqu’il contient en germe les deux parties
3  ( (
 (
REIG p.  ; KAZIMIRSKI vol. 2p. .

MARIE BAIZE-ROBACHE
du même sens qui s’actualisent  en diachroniecligner de l’œil  en
rapprocher les deux extrémités. D’ Reigṭaraf est la base de la dérivation du verbe V
qui se comporte donc comme un verbe dénominatifse faire une extrémitédonc « être
extrêmeextrémisteà moins qu’il ne soit en diachronie le correspondant  d’une
forme II que nous retrouvons chez Kazimirski (vol. 2p. et qui  « toucher
l’extrémitéle bord de quelque chosedonner l’extrémité de quelque chose à quelqu’un ».
D’autre part :
« La connaissance des sens associés au  et à la racine ne  souvent pas à deviner le
sens du mot : on trouve ainsi parmi les mots de la racine /htf/dont le sens premier est celui de
“ roucouler ” ou “ crierappeler à distancehātif “ téléphone ”. »
Il semble pourtant quedans la base de la dérivationqui est le verbe I et non pas la
racinecontrairement à ce qu’écrivent ici Ammar et Dichyle sens concorde avec le fait que
le téléphone implique justement le fait de « parler à distance ».
Dichy (2002) pose une nouvelle fois la question du « sens des  » et du « sens
des racines » en arabe. Ayant exposé la théorie de Cantineau (1950b) reprise par Cohen
( [p. 50il en montre les limitesen démontrant commententre autresdu
sens ancien de /-r-/cricrierle  ṣārūḫfuséen’était pas prédictible » (DICHY
2002 p. 192). Mais sa démonstration de par le sens « cri crier » attribué à la racine
alors que le nom ṣarḫa et le verbe ṣaraḫa existent bel et bienme semble tomber dans les
mêmes travers que ceux que l’auteur dénonce. De plus il se peut qu’une recherche en
linguistique historique établisse un lien syntactico-sémantique entre un mot du paradigme
dérivationnel construit sur cette racineet ṣārūḫ qui a un sens modernemais qui pourrait
avoir eu également un sens évoluant en diachronie. Il serait utile de mener le même type
de recherche pour relier les exemples donnés par Ammar et Dichy (p. 11exemples
qui n’apparaissaient pas dans leur édition de 1999. Il s’agit ici de sukkar sucre ») et de
la notion d’ivresseque les auteurs attribuent à la racine skret que je  attribuer
au nom sukr. Alors que le lecteur serait tenté de voir entre ces deux noms un rapport
sémantiquequi est celui d’accéder à l’ivresse par l’ingestion d’un certain type de boisson
issu de la fermentation du sucreles auteurs précisent justement que :
« On ignorait jusqu’à l’époque moderne le principe chimique de la production de l’alcool par
fermentation du sucre ! »
Avant d’ajouter que sukkar est issu d’un emprunt des langues sémitiques aux langues
indo-européennes ce mot existant en sanskrit ce qui fait des racines des deux noms
des racines homonymes. Le Lisān al-ʿArab5 mentionne pourtant au sein du paradigme
dérivationnel construit autour de la racine skret contenant sukrle nom sukkar (collectif
de sukkara)  comme étant « du raisin atteint par une maladiequi se délite et dont il
ne reste qu’une petite partie de la grappe » (wa-qāla Abū Ḥanīfa : wa-l-sukkar ʿinab yuṣību-hu
al-maraq fa-yantaṯiru fa- yabqā min al-ʿunqūd illā aqallu-hu).
5 skrhttp://www..com/lesanalarab_r.php?search=consulté le  mai 2013.
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