MENOPAUSE, DESIR SEXUEL HYPOACTIF ET THERAPIE

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Université Catholique de Louvain
Faculté des sciences de la famille et de la sexualité
MENOPAUSE, DESIR SEXUEL HYPOACTIF ET
THERAPIE COGNITIVO-COMPORTEMENTALE
Promoteur : Hubin
Mémoire présenté en vue de
Alexandra
l’obtention du grade de Master en
sciences de la famille et de la
sexualité,
Co-promoteur : Dr Michaux
finalité sexologie clinique,
Nathalie
par Rigot Sophie
Louvain-la-Neuve, 2015-2016
Dans un premier temps, toute ma reconnaissance va vers le sexologues qui ont accepté
de participer à ma recherche. En effet, l’intérêt qu’ils ont porté à mon étude m’a permis
d’accomplir avec richesse ce travail.
Je tiens à remercier ma promotrice, Alexandra Hubin, pour son aide dans l’élaboration
de mon mémoire. Egalement, mes remerciements vont vers ma co-promotrice, Docteur
Michaux Nathalie, pour sa disponibilité et ses remarques constructives, qui m’ont
permis de réaliser un travail pertinent.
J’adresse, d’avance, mes remerciements aux lecteurs de ce mémoire pour l’attention et
l’intérêt qu’ils y porteront.
Merci à l’Université du Québec de Montréal, et au Québec en lui-même, de m’avoir fait
vivre ces moments inoubliables et de m’avoir enrichie professionnellement.
Enfin, merci à mes parents et à Etienne, pour leur soutien tout au long de mes études de
sexologie.
TABLE DES MATIERES
INTRODUCTION
1
PREMIERE PARTIE : APPROCHE THEORIQUE
3
Chapitre 1 : La ménopause
3
1.1Définitions
3
Le cycle ovarien
3
Les hormones sexuelles
4
La ménopause
5
Ménopause & Andropause
6
1.2Les représentations de la ménopause
8
Historique du mot « ménopause »
8
Représentations culturelles et anthropologiques
8
La ménopause au sein de nos sociétés occidentales
10
Chapitre 2 : Les répercussions de la ménopause
13
2.1 Les conséquences physiques
14
2.2 Les conséquences psychiques
19
2.3 La sexualité féminine au temps de la ménopause
22
2.4 Les traitements de la ménopause
29
Chapitre 3: La sexualité féminine face au désir sexuel hypoactif en temps de la ménopause
32
3.1 Avant-propos sur le désir sexuel
32
3.2 Désir sexuel hypoactif féminin
33
3.3 Désir sexuel hypoactif féminin en temps de ménopause
36
Chapitre 4: La sexothérapie d'approche cognitivo-comportementale & le désir sexuel hypoactif
féminin
38
4.1 Avant-propos sur la thérapie cognitivo-comportementale
39
4.2 Thérapie cognitivo-comportementale et désir sexuel hypoactif féminin: outils et techniques
40
DEUXIEME PARTIE : APPROCHE EMPIRIQUE
46
Méthodologie
46
Analyse des données
51
Résultats
54
Discussion
68
Implications cliniques
77
Limites
78
Perspectives futures
79
CONCLUSION
80
BIBLIOGRAPHIE
ANNEXES
INTRODUCTION
De multiples études scientifiques ont pu mettre en évidence les impacts du
phénomène biologique et social qu’est la ménopause, sur la qualité de vie féminine,
mais aussi sur la sexualité de la femme et plus précisément sur son désir sexuel. Les
conséquences peuvent alors être directes ou indirectes, transitoires ou définitives. Mais
qu’en est-il de la prise en charge sexologique du trouble du désir en temps de
ménopause ?
La ménopause est souvent perçue au sein de l’opinion publique comme un phénomène
mystérieux et complexe. Au-delà des mythes dont elle est à l’origine, nous avons voulu
établir notre mémoire sur ce sujet, afin de pouvoir nous donner des pistes de prise en
charge efficaces pour notre futur métier.
Au sein de la littérature, plusieurs questions restaient sans réponse et ont peu à peu forgé
notre envie de réaliser ce travail sur ce thème. En effet, qu’en est-il de la prise en charge
du désir sexuel hypoactif en temps de ménopause ? Comment la patiente vit-elle ce
phénomène au sein de la société occidentale ? Quelles adaptations pouvons-nous mettre
en place au sein de la thérapie cognitivo-comportementale? Quelle conseils le sexologue
peut-il se permettre de donner à ces patientes ? Ces différents aspects sont très peu
abordés au sein de la littérature. Celle-ci se centre particulièrement sur les conséquences
de la ménopause sur la sexualité féminine.
Nous disposons donc de peu d’informations sur les particularités de la prise en charge
sexologique en temps de ménopause. Cependant, en tant que sexologue, il nous
paraissait primordial de pouvoir se rendre compte des adaptations à apporter lors de la
mise en place de la thérapie cognitivo-comportementale. Cela nous a conduit à trouver
notre question de recherche :
Au sein de nos sociétés Occidentales, quelles sont les particularités des séances
sexo-thérapeutique à visée cognitivo-comportementale chez des patientes
ménopausées consultant pour trouble du désir ?
1/81
Cette question est abordée en se focalisant sur la thérapie cognitivo-comportementale,
de part l’attrait et l’intérêt que nous portons à cette approche en tant que futur
sexologue.
L’objectif de ce mémoire est alors d’acquérir une vision de la prise en charge des
sexologues face à cette problématique, afin de ressortir certaines particularités qui nous
permettront en tant que futur professionnel de la santé sexuelle de se rendre compte des
adaptations à mettre en évidence lorsque nous prendrons en charge une patiente
ménopausée souffrant de trouble du désir.
Ce mémoire se répartie alors en deux sections principales. Dans une première partie
théorique, une revue de la littérature a été établie sur la ménopause et ses conséquences,
mais aussi sur le désir sexuel hypoactif, ainsi que sur la thérapie cognitivocomportementale, pour répondre à cette dysfonction sexuelle. Ce premier chapitre nous
a permis de mettre en avant le manque d’étude face à la prise en charge sexologique
particulière en temps de ménopause et de sous-entendre différentes hypothèses de prise
en charge.
Deuxièmement, une partie empirique tente de répondre à la question de départ par des
témoignages de sexologues spécialisés en thérapie cognitivo-comportementale. Ce
chapitre est donc consacré à la description de la méthodologie employée pour notre
recherche. Le choix de la méthodologie, la méthode de collecte des données et la
méthode d’analyse sont présentés. La recherche qualitative, par le biais d’entretiens
semi-directifs, a été privilégiée étant donné la nature de la question de recherche.
L’analyse thématique a ensuite été utilisée pour étudier le discours des sexologues et
ainsi faire apparaître certains thèmes issus des données récoltées.
Par la suite, une section intitulé « résultats », présente les résultats de la recherche selon
trois thèmes principaux identifiés à la suite de l’analyse. Plusieurs liens sont alors
effectués entre les résultats et la littérature, permettant d’agrémenter une discussion.
Avant de conclure le travail, nous avons tenu à considérer les implications cliniques,
mais aussi les limites de notre recherche ainsi que les pistes pour des recherches futures.
2/81
PREMIERE PARTIE : APPROCHE
THEORIQUE
Chapitre 1 : La ménopause
1.1 Définitions
Le cycle ovarien
Le cycle ovarien se définit comme étant un cycle biologique féminin qui régule le
fonctionnement de l’ovaire depuis la puberté jusqu’à la ménopause. Avant et après ces deux
périodes charnières dans la vie d’une femme d’un point de vue hormonal, l’ovaire ne
fonctionne quasiment pas. Le cycle de l’ovaire est en permanence dirigé par le contrôle
hypothalamo-hypophysaire du système nerveux central. (Chaine, 2004)
A l’aide d’une explication brève de la situation, il est important de comprendre le
fonctionnement de ce cycle biologique. L’ovaire a deux fonctions. D’une part la
reproduction. Ainsi, au cours du cycle, on observe la libération d’un ovule tous les 28 jours.
D’autre part, la fonction hormonale, avec la sécrétions des stéroïdes sexuelles : œstrogènes
et progestérone mais aussi, en moindre quantité, testostérone.
Dans un premier temps, l’hypothalamus, structure du système nerveux central sécrète une
hormone : la LHRH. Celle-ci va agir sur l’hypophyse, glande endocrine. Cette dernière va
alors sécréter la LH et la FSH qui vont agir sur l’ovaire en régulant la maturation et la
croissance des follicules ovariens. Cela va entraîner, d’une part la sécrétion des œstrogènes
et de la progestérone et d’autre part, la libération de l’ovule (l’ovulation) au 14ième jour du
cycle, notamment grâce au pic de LH.
La FSH et la LH sont elles-mêmes sous la dépendance d’un rétrocontrôle négatif des
stéroïdes sexuelles. (Chaine, 2004)
3/81
Les hormones sexuelles
Un aperçu des fonctions reliées aux hormones sexuelles nous permettra de
mieux cerner la problématique des conséquences de la ménopause, qui, comme nous le
verrons postérieurement, sont liées à une carence hormonale. Par ailleurs, nous serons
éclairés face au mécanisme du traitement hormonal substitutif.
Les œstrogènes sont des hormones sécrétées par les follicules ovariens. Lors de la
croissance pubertaire (lorsque les ovaires commencent à fonctionner), les œstrogènes
sont responsables du développement de la vulve, du vagin, de l’utérus et des seins. Ces
derniers agissent alors sur la silhouette féminine, de part leurs actions respectives sur la
répartition des muscles et des graisses. (De Muylder, 2015)
Les oestrogènes ont aussi une action positive sur le taux de cholestérol, sur les
triglycérides sanguins mais également sur la calcification des os. D’un point de vue plus
gynécologique, ils assurent la croissance de la muqueuse utérine permettant une
éventuelle nidation de l’œuf. (Chaine, 2004)
La progestérone est quant à elle sécrétée par le corps jaune, durant la deuxième partie
du cycle menstruel. Le corps jaune est ce que devient le follicule ovarien après avoir
libéré l’ovule. Les effets de la progestérone sont multiples. Premièrement, au niveau
reproductif, elle permet de transformer la muqueuse utérine afin de la rendre apte à
accueillir une éventuelle grossesse, tout en diminuant la contractilité du muscle utérin.
Elle permettra aussi le développement de la lactation et aura un effet diurétique, tout en
permettant au corps et aux seins de ne plus être sujet aux phénomènes de gonflements
cycliques. (De Muylder, 2015)
Concernant les androgènes, ils sont sécrétés par l’ovaire et les glandes surrénales, en
plus petite quantité. Le débat concernant androgène et ménopause est controversé.
Certains chercheurs plaident pour la persistance d’une sécrétion d’androgène inchangée
par l’ovaire après la ménopause ; d’autres pour une diminution. Plusieurs études ont
démontrés un impact des androgènes sur le désir féminin, nous y reviendrons
ultérieurement. (Chaine, 2004)
4/81
La ménopause
La ménopause est une période de la vie féminine faisant l’objet de diverses
définitions, pouvant s’étirer du versant biologique jusqu’au versant socio-culturel. Ce
deuxième aspect sera détaillé par la suite de notre travail.
D’après Ringa & Hassoun (2003), “ La ménopause se définit classiquement comme la
période de la vie d’une femme qui, vers cinquante ans succède à une aménorrhée d’un
an, secondaire à une insuffisance ovarienne.”(Ringa & Lopès, 2003, p17-18)
En d’autres termes, la ménopause est l’arrêt du fonctionnement des ovaires. La fonction
de reproduction s’arrête avec arrêt de la libération des ovules. La fonction hormonale
s’arrête également avec arrêt de la sécrétion de la progestérone et des œstrogènes. Cela
aura de nombreuses conséquences que l’on détaillera par la suite de notre mémoire. Un
des effets les plus visibles est l’arrêt des menstruations.
Pour comprendre ce qui entraîne la ménopause, il faut savoir qu’au cinquième mois de
la vie intra-utérine, les follicules ovariens d’une femme déjà sont présents en totalité, au
nombre approximatif de sept millions. A partir de ce moment là, leur diminution
progressive va débuter. Physiologiquement, “La ménopause s’installe lorsque le
nombre de follicules atteint le seuil critique d’environ 1000 follicules, en moyenne vers
l’âge de 51 ans” (Lopés & Trémollières, 2004, p.19)
Le diagnostic s’effectuera donc soit par une absence de règles d’un an ou une biologie
avec FSH et LH élevé et oestrogènes bas.
Notre travail se concentre sur la ménopause physiologique, mais nous trouvons cela
pertinent de connaître les différents types de ménopause, même si ces dernières ne
seront point développées. (Michaux, 2015)
En effet nous distinguons:
Ø La ménopause précoce
Ø La ménopause chirurgicale
Ø La ménopause suite à une chimiothérapie ou une radiothérapie
Ø La ménopause artificielle dans le cadre d’un traitement pour l’endométriose.
5/81
La périménopause
D’après l’OMS, « la périménopause est la période pendant laquelle apparaît
des signes biologiques et cliniques, annonçant l’approche de la ménopause, et au
moins, l’année qui suit les dernières règles spontanées. » Cette phase de transition est
caractérisée par une instabilité de l’activité ovarienne. La naissance de différents
troubles fonctionnels au cours de cette période va être à l’origine d’une expansion des
consultations chez le médecin.
La période de changement quant à elle se nomme « le climatère ». Les symptômes
climatériques sont généralement plus fréquents, plus intenses et traversent une période
d’environ 7 ans. Cependant, certaines femmes ne traversent pas cette phase et vivent
alors brutalement la ménopause. (Germain & Langis, 2009)
Enfin, il nous semble important de préciser que “la péri ménopause est avant tout une
période d’instabilités hormonales, thermiques et vasomotrices, pondérales et
psychologiques, venant troubler la sérénité apparente d’une cyclicité antérieure
régulière jusqu’à l’installation d’une carence œstrogénique stable, bien plus simple à
assumer et plus facile à traiter” (CNGOF, 1995, p 311)
Ménopause & Andropause
L’andropause serait-il l’équivalent féminin de la ménopause ? La réponse
s’avère être clairement négative. Là où la ménopause se trouve être une disparition
définitive de la fonction reproductive, l’andropause correspond à une diminution
progressive de la sécrétion de testostérone, avec, pour certains sujets, une conservation
de leur fonction de reproduction pouvant aller jusqu’à un âge avancé. Le concept
d’“andropause” fait alors référence à plusieurs discordes envers les auteurs, notamment
pour sa non-représentativité de la situation. C’est d’ailleurs pour cela que le comité
d’andrologie de l’Association française d’Urologie recommande désormais le terme de
Syndrome de déficit en testostérone (SDT) lié à l’âge. (Lopès & Poudat, 2014)
Cette baisse partielle d’hormones peut survenir à des âges très variables, c’est-à-dire à la
cinquantaine pour certains mais au-delà de 80 ans pour d’autres.
6/81
Elle est alors accompagnée de plusieurs symptômes non spécifiques à cette période,
mais dont la plupart sont évocateurs de la période ménopausique. Les troubles liées à la
sexualité sont les plus fréquents. En premier lieu, nous retrouvons alors une baisse du
désir sexuel. (Mimoun, 2003)
En dehors de l’andropause, chez l’homme, à partir d’une cinquantaine d’année une
diminution du désir sexuel ainsi qu’un certain fléchissement de la puissance sexuelle
est détectable. L’homme peut alors ne rien laisser paraître ou refuse d'en parler.
L'érection aussi, ne peut plus être maintenue aussi longtemps et s'avère moins « rigide ».
Les rapports multiples deviennent difficiles du fait qu’après l'éjaculation, le retour de la
verge à l'état flaccide demeure durable. Face à un problème d’érection, le médecin
recherchera alors une cause : diabète, troubles cardiovasculaire. Son travail sera alors de
donner des conseils d'hygiène de vie qui permettront à l’homme de lutter contre toutes
les formes d'excès, notamment sur le plan alimentaire. (AFEM, 2013)
La notion de rassurance est très importante chez l’homme qui a des problèmes sexuels.
L’amélioration de son problème sera en partie due à l'attitude compréhensive et
coopérative de sa compagne. (AFEM, 2013)
En tant que sexologue, pour chaque plainte sexologique reçue de la part d’un patient, il
est important d’aller chercher des informations auprès de son partenaire, même en
bonne santé. Il paraît alors évident de prendre en considération le partenaire de la
femme ménopausée, ayant lui aussi, une plus forte probabilité d’être affecté par les
troubles sexuels liés au vieillissement en général. (Mimoun, 2003)
Le concept de ménopause étant maintenant défini, il nous semble cohérent et pertinent
d’aborder le thème des représentations diverses de la ménopause, tant au niveau des
femmes en tant qu’individu, mais aussi au niveau des cultures et des populations. Cela
nous permettra d’appréhender la problématique en ayant une vision complète du sujet.
7/81
1.2 Les représentations de la ménopause
Historique du mot « ménopause »
Le terme de « ménopause » est relativement nouveau puisqu’il est apparu en
1816 par un médecin Français se nommant Charles Pierre Louis. Il a connu une
modification puisque sa vraie origine fut le mot « menospausis ». Son origine est donc
grecque. En effet, dans un premier temps nous avons le mot « menos » signifiant
menstruation et puis en second nous retrouvons le mot « pausis » signifiant arrêt. La
définition que nous accordons à la ménopause, mais aussi les troubles qui lui sont
attribués sont raccordés à un long processus qui est encore d’actualité de nos jours, en
perpétuel remaniement. (Delanoë, 2006)
L’utilisation de ce mot est illustré en tant que concept reconnu et récent, du fait de
l’espérance de vie qui était beaucoup plus courte il y a une centaine d’année.
Au cours des époques, le terme de “ménopause” s’est décliné sous différentes
définitions allant de la plus biologique à la plus mystérieuse et mythique. Nous ne
détaillerons pas dans ce mémoire les différentes attributions que ce terme a connu mais
il est important de garder en référence le fait que “Le signifiant de ménopause a
d’emblée désigné de façon confuse et mouvante un ensemble de troubles pathologiques
attribués à l’arrêt des règles, une phase de l’existence, ainsi qu’une transformation des
rôles et de la valeur sociale des femmes.” (Delanoe, 2001, p 60)
Représentations culturelles et anthropologiques
v Au sein de la famille
Au sein de nos sociétés occidentales, la femme ménopausée sera
progressivement fragilisée par son changement de rôle social. Chaque femme vivra cette
période à sa propre manière, et les dires de sa mère ou de sa grand-mère sur cette phase
ne seront pas sans conséquences sur leur manière de penser, et donc indirectement,
d’agir. (Vagogne, 1984)
8/81
Gagnalons-Nicolet & Bardet Blochet (2000) ont réalisé une étude longitudinale de dix
ans concernant les représentations des femmes âgées de 40 à 65 ans. Cette étude fut
réalisée à Genève, auprès de 820 femmes en Temps 0 et 657 en Temps 1.
Genève étant une ville urbaine prospère où l’accès médical est dense. Les résultats de
l’étude démontrent globalement le fait que les femmes ayant des représentations
positives ou mitigés c’est à dire à la fois positive ou négative à la fois au T0 et au T1 ont
un meilleur niveau d’insctruction et des emplois plus qualifiés. Indirectement, nous
pouvons émettre l’hypothèse que le statut social et économique de la famille a des
impacts non négligeables sur la représentation de la ménopause et indirectement sur ses
conséquences physiques, psychiques et sexuelles. (Gognalons-Nicolet & Bardet
Blochet, 2000)
v Au sein de la société
En dehors du statut économique et social, la culture et la religion ont un rôle
fondamental dans le vécu physique, psychique et indirectement sexuel de cette phase
charnière de la vie. Plusieurs sociétés ont des images et des visions totalement
différentes de la ménopause, cela entraînant un vécu apars de celui des femmes
occidentales. Une variation considérable peut alors être observée d’une civilisation à
l’autre, concernant la place sociale de la femme au temps de la fertilité perdue.
Cependant, l’anthropologie ne commence à s’intéresser à ce phénomène humain et
sociétaire qu’à partir des année 1980. (Delanoë, 2006)
Nous pourrions détailler ici toutes les recherches anthropologiques sur le sujet, aussi
intéressantes les unes que les autres, mais cela ne rejoint pas le but de notre recherche.
Néamoins, il nous semble important d’apporter un bref aperçu des recherches.
Nous pouvons prendre comme illustration la société des Indiens Mahove décrite par
Devereux (1950), et cité par Delanoe (2001). La ménopause y est décrite comme étant
une étape d’épanouissement social et amoureux. En effet, la ménopause ne constitue en
aucun cas une épreuve traumatisante mais bien une étape où elles vivent pleinement, où
elles peuvent facilement se marier avec un homme jeune, où elles accèdent à une
expression libre dans les réunions de tribus. Leurs énergie sociale est en quelque sorte
libérée. (Devereux, 1950).
9/81
Pour prendre l’exemple d’un cas extrême, Delanoë (2001), illustre ces propos en
prennant aussi le cas de l’Irlande rurale des années soixante, où la femme ménopausée
relève de la folie et peut alors se livrer à l’attente de la mort.
Nous devons aussi prendre en considération le fait que les symptômes du climatère ne
sont pas ressenties de la même manière en fonction premièrement de chaque femme,
mais aussi de la population étudée. En effet, Ringa & Hassoun, (2003) citent une étude
menée avec les mêmes méthodes en Europe, au Canada et au Japon qui a démontré une
différence significative dans les pourcentages. (Lock, Kaufert, & Gilbert, 1988)
En effet, en Europe, 45% des femmes entre 45 et 55 ans ressentent des bouffées de
chaleur. Ce pourcentage tombe à 31% pour les Canadiennes et 10% pour les Japonaises.
Mais comme le décrivent très bien ces études, les Japonaises par exemple ressentent
aussi des symptômes qui ne sont pas attribués à la ménopause dans nos pays
Occidentaux tel que l’ankylose de l’épaule. Il faut alors être vigileant et conclure sur le
fait que les facteurs en cause de ces variations ne sont pas clairement éclairés . La
culture est un des facteurs mais nous ne pouvons écartés les facteurs génétiques et
alimentaires. (Ringa & Hassoun, 2003)
Différentes sociétés, différents mythes, cultures, religions, comportements, rites et
coutûmes qui ont des impacts significatifs sur le vécu des femmes comme nous allons
pouvoir le voir également dans nos sociétés occidentales.
La ménopause au sein de nos sociétés occidentales
Il est vrai que de part l’amélioration des conditions de vie et des progrès de la
médecine, illustré par l’espérance de vie grandissant, les femmes d’une cinquantaine
d’années ont devant elles une trentaine d’années à vivre. (Vigogne, 1984)
Mais comment ces femmes occidentales vivent le changement de leurs corps mais aussi
de leurs rôles sociaux ?
“ En 1991, une revue de gynécologie présentait une publicité pour un traitement
hormonal de la ménopause. L’image montrait une femme sous sa douche, de trois
quarts de dos, portant un patch en haut de la fesse. Elle devait avoir entre 20 et 30 ans
10/81
et ruisselait de sensualité. Sous le nom du médicament, cette phrase: “ pour que la
femme reste femme” (Delanoë, 2006, p 11)
L’image de la femme ménopausée est malheureusement encore souvent revêtue d’une
connotation négative dans notre monde occidental. Une enquête de Delanoë, HeritierAuge, Sureau & Epelboin (1998) citée par Delanoë (2001) réalisée en France auprès de
femmes de 45 à 65 ans sur les représentations de la ménopause a permis de démontré le
fait que ces dernières se répartissent sur un continuum d’un pôle négatif à un pôle
positif. Concrètement, “le pôle négatif rassemble 39% des femmes interrogées, qui se
caractérisent à des degrés divers par un regret vis-à-vis des règles et de la fécondité,
une perte de capital santé, une perte de capital esthétique et une perte de capital
symbolique. Le pôle positif concerne 17% des femmes, qui sont très satisfaites de
l’arrêt des règles et de la fécondité, pour qui il n’y a pas de perte de capital santé ou de
capital esthétique et qui font l’expérience d’un gain de capital symbolique. Entre les
deux se situe un pôle neutre, qui regroupe le plus de femmes, 44% pour qui, à la
ménopause, rien ne change ou presque”. (Delanoe, 2001, p 62)
De part les différents types de représentations de la ménopause, ll est simple de
s’imaginer les difficultés psychiques et indirectement sexuelles que ces personnes
vieillissantes peuvent ressentirent. Cependant, ce n’est peut-être pas elles qui ont choisis
de ressentir cela, c’est en partie faute aux “diktats” de la beauté et du culte de la
jeunesse que notre société impose sans relâche.
Notre rôle en tant que futur sexologue ne serait-il pas de combattre des idées reçues
formant des empreintes négatives au sein de nos croyances personnelles ? Nous
développerons ce point de vue ultérieurement.
Un point également important à aborder est le fait que dans nos sociétés actuelles, la
consommation est omniprésente. Les sociétés et entreprises connaissent cette
préoccupation marquée qui est celle du culte de la jeunesse.
Ces derniers jouent alors de l’exigence de la jeunesse en laissant entendre qu’il est
possible de rester jeune si on le désire réellement. Regardez plutôt: les crèmes « antiâge
», la chirurgie esthétique, les régimes alimentaires permettraient d’avoir un contrôle sur
le vieillissement. (Enguerran & Chapuis-Lucciani, 2008)
11/81
Le contrôle sur le vieillissement dans le but d’être une femme âgée sexuée est désormais
actuel. Pendant des siècles, il est vrai que les femmes d’âge mûr n’ont pas été
apparentées à une vie sexuelle épanouissante, mais encore à une vie sexuelle en général.
Mais à l’heure d’aujourd’hui nos sociétés s’intéressent de plus en plus aux désagréments
physiques, psychiques, ou sexuels
qu’une femme ménopausée peut ressentir.
Insouciante, serait l’idée de ne voir que là une question de bien-être qui ne cache pas
des bénéfices pour des firmes pharmaceutique. (Enguerran & Chapuis-Lucciani, 2008)
Il faut donc évoluer avec la société, mais avec prudence de ne pas tomber dans le piège
de l’hyper-médicalisation. En effet, de plus en plus de médias tel que les journaux sont
envahis de publicités pour des traitements hormonaux substitutifs. Renvoie alors peutêtre l’image d’une certaine norme à adopter lors de la ménopause qui serait de consulter
un médecin pour se traiter d’office. Parallèlement, il est indéniable de s’avouer l’image
de l’homme vieillissant apparenté très fréquemment à la séduction, en contradiction
alors avec l’image de la femme.
Ce mémoire ne traite pas profondément cette problématique mais nous trouvons
pertinent le fait de l’aborder pour pouvoir toujours le prendre en compte lors de nos
futurs consultations, afin de prendre en charge nos patients de la manière la plus
adéquate possible. En effet, les professionnels de la santé ont un devoir de prendre en
considération les représentations diverses que les femmes se font de la ménopause.
Leurs comportements de santé en seront des indicateurs directs. (Doumont, Libion, &
Houeto, 2006)
Prenons un exemple clinique:
Ø Les femmes marocaines accordent beaucoup d’importance à leurs menstruations
qui leur permet de se purifier. L’arrêt de celles-ci peut alors provoquer des
conséquences psychologiques ayant des impacts sur une vie affective et sexuelle
qui pourrait être limitée. (Delanoë, 2006)
En tant que futurs sexologues, le fait de prendre en considération cet aspect si nous
rencontrons en consultation une femme marocaine partageant cette croyance, nous
permettra d’aborder la sexothérapie d’une manière globale et correcte, en la respectant
dans ses dimensions humaines, culturelles, et sociales.
12/81
Nous aimerions conclure cette partie en mettant en évidence les deux visions présentes
entourant la problématique de la ménopause. D’une part, l’approche « bio-médicale »
qui est bien évidemment présente et induit des pensées négatives au sein de la société,
nottement le fait que la ménopause serait une maladie à prendre en considération.
Cependant, les travaux de Delanoë (2006) nous renvoit l’image psycho-sociale de cette
période et nous permet d’affirmer qu’elle est indisociable à sa compréhension.
Doumont, Libion, & Houeto (2006) apportent une conclusion appaisante et en quelque
sorte idyllique de la situation : « Au travers d’une approche plus holistique de la santé,
la ménopause « phénomène naturel » peut s’inscrire dans un cadre plus large où
l’expérience de vie, les valeurs culturelles et personnelles, les croyances, les
représentations et le rôle social attribué aux femmes sont pris en considération dans le
procesessus décisionnel et les éventuels choix thérapeutiques » (Doumont, Libion, &
Houeto, 2006, p.23)
Chapitre 2 : Les répercussions de la ménopause
Précédemment, nous avons détaillé l’action des œstrogènes sur le corps de la
femme. Nous avons donc pu nous rendre compte de leur importance.
Il est vrai qu’après la définition physiologique de la ménopause, qui est celle de l’arrêt
du fonctionnement des ovaires et donc de la disparition des sécrétions hormonales, une
question pertinente reste à être abordée de manière scientifique : Mais quelles sont les
impacts de cette carence hormonale, sur le physique et le psychique de la femme ?
D’une manière commune, les symptômes classiques de la ménopause, c’est-à-dire ceux
repris le plus souvent en motif de consultation sont les bouffées de chaleur, les sueurs
nocturnes ou encore la sécheresse vaginale. Cependant, des symptômes plus atypiques
peuvent apparaître mais sont toujours à prendre en considération tel que les troubles
relationnels ou neuropsychiques. (Jamin, Leutenegger, Senoussi, & Devaux, 2005)
13/81
Nous préferons alors aborder les répercussions de la ménopauses en différenciant les
conséquences physiques et les conséquences psychiques. Il est important au sein de
notre recherche de prendre en compte toutes les répercussions, qu’elles soient classiques
ou atypiques, afin de nous rendre bien compte des possiblités de vécus bien différents
les uns des autres au travers de nos futurs consultations. Il est très important de rappeller
le fait que la symptomatologie fonctionelle sera très variable de part sa fréquence, de
part ses caractéristiques et de son intensité, en fonction de chaque femme et bien
évidemment aussi, de chaque société.
2.1 Les conséquences physiques
Les symptômes que nous allons décrire apparaissent en lien direct avec la
carence œstrogénique et sont essentiellement due à cette carence, mais diffèrents
évidemment d’une femme à l’autre en fonction de l’ancienneté de cette carence, du
contexte sociale et familial dans lequel la femme évolue mais aussi de certains facteurs
individuels comme nous l’avons détaillé précédemment. (Chaine, 2004)
v Rapidement :
Au préalable, nous avons abordé la disparition des menstruations qui est
caractéristique de la ménopause. C’est donc une conséquence physique mais nous le
détaillerons d’avantage dans les conséquences psychiques.
Les bouffées vasomotrices représentent un phénomène très désagréable. Elles sont la
conséquence d’un déséquilibre hormonal qui provoque un dérèglement du mécanisme
de régulation de la température du corps. Dans nos pays occidentaux, il s’avère que ces
“bouffées de chaleur” sont très caractéristiques des motifs de consultations chez les
femmes ménopausées ou en période de péri-ménopause. (Ringa & Hassoun, 2003)
La séquence en est la suivante : « Une sensation de chaleur débute au niveau de la face
et du cou, puis s’étend vers le thorax et les épaules, et éventuellement se généralise »
(Ringa & Hassou, 2003, p 23)
14/81
Nous pouvons alors facilement nous imaginer les difficultés ressenties par ces femmes
lorsqu’elles endurent ce phénomène une ou plusieurs fois par jour. En effet, leur
fréquence est très variable pouvant aller d’une fois par semaine pour certaines à 17 fois
par jour pour d’autres. (Vagogne, 1984)
De plus, elles s’associent à une hypersudation et à des palpitations liées au rythme
cardiaque qui s’accélère pour se terminer par une phase de tremblements et de frissons.
Ces dernières peuvent survenir de manières spontanées mais leurs venues peuvent aussi
être facilitées par un facteur de risque tel qu’un stress, une absorption d’alcool ou une
émotion particulière. Elles dureront en moyenne une à deux minutes et sont
fréquemment nocturnes. (Chaine, 2004)
Une deuxième répercussion de la ménopause se trouve être les troubles du sommeil.
Ces derniers s’avèrent être très large et donc il est important de différencier les
difficultés d’endormissement, les réveils durant la nuit ou durant le petit matin. Chaque
trouble sera traité d’une manière différente afin d’être adapté à chaque patiente. Ces
troubles sont relativement communs puisqu’ils concernent une à deux femmes sur trois.
Inévitablement alors, une sensation de fatigue s’installe alors rapidement associée à une
lassitude.Cette sensation de fatigue peut arriver sans raison, c’est-à-dire sans qu’elle soit
liée forcément avec un trouble du sommeil mais sera souvent associée à des maux de
tête. (Chaine, 2004)
D’autres symptômes plus rares en terme de fréquences peuvent faire leur apparition
comme notamment les céphalées, les douleurs articulaires, osseuses ou musculaires,
mais encore les paresthésies1 ou les vertiges. (Michaux, 2015)
v Après 6 à 12 mois
Il est important de rappeler que les œstrogènes ont des actions larges au sein de
l’organisme féminin. En effet, les récepteurs oestrogéniques sont présents à la fois au
niveau de la vulve, du vagin, de la vessie, de l’urètre, de la musculature périnéale et du
fascia pelvien.
1 Une paresthésie est un trouble de la sensibilité, désagréable et non douloureux, donnant l'impression de
palper du coton, et pouvant s'accompagner d'une anesthésie (disparition plus ou moins importante de la
sensibilité).
15/81
C’est ainsi qu’après six à douze mois d’une carence hormonale, des troubles génitauxurinaires s’installent chez la femme ménopausée. (Desindes, 2015)
Certes, ces troubles touchent directement l’intimité de ces femmes. C’est pourquoi la
plupart d’entre elles ne vont pas aborder spontanément le sujet lors des consultations.
Cependant, 10 à 40 % des femmes souffrent de ces différents types de troubles.
(Chaine, 2004)
Mais de quels troubles parlons-nous ? Premièrement, comme nous l’avons expliqué
précédemment, la carence oestrogénique est en cause. En effet, suite à cette dernière,
plusieurs modifications anatomiques et physiologiques vont s’opérer au sein du corps
féminin. Encore une fois, ces modifications seront différentes d’une femme à l’autre.
Nous retrouverons alors une diminution de l’épaisseur des muqueuses ainsi que de la
vascularisation des tissus, une modification de l’acidité vaginale, entraînant des
infections fréquentes de type vaginite. Aussi, l’utérus et les ovaires diminuent alors de
volume. De plus, la vulve ainsi que la longueur et le diamètre du vagin se rétrécissent, la
vulve devient alors beaucoup plus pâle et fragile, accompagnée d’une réduction de la
transsudation lors de l’excitation sexuelle. (Chaine, 2004)
Cette atrophie uro-génitale entraînera des symptômes spécifiques qui auront des impacts
directs sur la vie relationnelle, affective et sexuelle du couple. Ces symptômes se
trouvent être la sécheresse vaginale qui entraînera des dyspareunies superficielles, des
démangeaisons de type prurit, des douleurs vulvaires de type brûlure. Il y aura aussi
l’apparition de pertes vaginales anormales souvent confondues avec les vaginites
infectieuses. Au niveau urinaire, nous retrouverons des cystites à répétitions dues aux
muqueuses plus vulnérables, ainsi que des mictions impérieuses. (Desindes, 2015)
Parlons à présent de la descente d’organe, qui est la définition commune du nom
“prolapsus” représentant un des problèmes tabous liés aux désagréments féminins de la
ménopause. Elle peut se produire soit au niveau de l’utérus, soit de la vessie. La
ménopause induit une fragilisation de la zone périnéale suite à une diminution générale
de l’élasticité des tissus, des ligaments utérins et de la force musculaire. Le rôle
préventif de la kinésithérapie en post-partum est d’importance absolue, tout comme le
rôle curatif lorsque le prolapsus se présente. (Vagogne, 1984)
16/81
Au delà des troubles génitaux-urinaires, nous ne pouvons pas négliger l’importance des
modifications de la peau, et de la pilosité suite à une carence prolongée en œstrogènes.
Ces répercussions impliquent des modifications de l’image corporelle chez les femmes
ménopausées.
Du fait de la carence hormonale, une accélération du vieillissement dermique se prépare
et la peau devient alors plus fine et rêche au toucher. Il est alors important de s’hydrater
quotidiennement le visage ainsi que le corps. (Lopès & Trémollières, 2004)
De plus, la quantité de cheveux devient moins abondante, entraînant des chutes de
cheveux, ce qui peut toucher terriblement l’image corporelle et l’estime de soi. La
pilosité est aussi en question puisque celle-ci peut alors s’installer à des endroits non
habituel tel que le visage. Ceci est alors la cause de la non-régulation de la sécrétion des
androgènes suite à la chute des oestrogènes. Certaines femmes peuvent alors aussi
développer de l’acné. (Chaine, 2004)
Au niveau des seins, une transformation en lipide du tissu glandulaire est observée, ce
qui peut modifier le galbe de la poitrine de la femme (Michaux, 2015)
Il est bien évidemment communément admis qu’un des changements constituant une
grande part dans les répercussions sur l’image corporelle est bien évidemment la prise
de poids au tournant de la ménopause. La carence oestrogénique étant toujours en faute,
elle entraîne une modification de la répartition des graisses qui vont alors se concentrer
sur le ventre ainsi que la taille. Cette répartition se nommera morphologie « androïde ».
Avant ce phénomène naturel qui est la ménopause, les graisses de la femme se
répartissaient au niveau des hanches, et l’on appelait alors ce terme la morphologie
« gynoïde ». Nous pouvons alors imaginer l’impact sur les pensées et les actes de ces
femmes ménopausées suite à cette image que leur renvoi le miroir.
Miroir qui n’est alors plus en accord avec leurs corps d’autrefois. (Berdah, 2006)
En dehors des oestrogènes, le déséquilibre de la balance entre les entrées alimentaires et
les dépenses énergetiques est aussi en jeu, il est alors primordial de rappeler
l’importance d’une activité physique régulière. (Chaine, 2004)
17/81
Le pourcentage de femmes européennes ayant pris du poids à la ménopause n’est pas
négligeable. Il s’élève alors à 44%, avec une moyenne de deux à quatre kilogrammes.
Bien évidemment, d’autres facteurs viennent en jeu en dehors de la ménopause,
notamment les facteurs hormonaux, des antécédents familiaux d’obésité ou de diabète,
les grossesses marquées par une prise de poids importante et les facteurs psychologiques
qui diffèrent de part la variabilité individuelle des femmes. (Berdah, 2006)
En tant que futurs praticiens sexologues, il est important de ne pas mettre un voile sur
une possible origine de cette prise de poids. Expliquons nous, tout d’abord, le terme de
féminité est souvent congédié lorsque la fin de la période féconde apparaît. Certaines
femmes vont alors l’assimiler comme n’étant plus nécessaire d’être séduisante et donc
elles vont pouvoir consommer sans se soucier de leurs silhouettes. Manger devient alors
un moyen de se rassurer, de se consoler. Dans un second temps, cette manière de mettre
en mauvais état son corps peut aussi être un moyen de se justifier face au fait de ne plus
être heureuse comme on le souhaiterait.
Il est alors primordial qu’elles ne tombent pas dans ce piège et de leur rappeler qu’elles
peuvent avoir un contrôle sur cette prise de poids. (Vagogne, 1984)
v Apparition plus tardive
Certaines conséquences de la ménopause ne se révèle pas du jour au lendemain
et murissent peu à peu pour enfin apparaître, et les effets ne sont pas négligeables. Nous
allons aborder dans un premier temps l’ostéoporose, pour ensuite continuer sur les
maladies cardio-vasculaires.
L’ostéoporose représente une altération de la solidité des os qui est de ce fait
attribuable à une anomalie qui affecte la qualité et / ou la quantité des os. Du fait de la
carence de l’activité oestrogénique, des modifications de l’activité du remodelage
osseux sont observables et nous pouvons alors remarquer une augmentation du nombre
de fractures des os du bras, du bassin ou des tassements vertebraux. (Khan & Fortier,
2014 )
18/81
L’OMS considère que 20% des personnes de plus de 65 ans sont à risque et le suivi
régulier chez le médecin traitant dans le cadre de la mise au point ménopausique est très
important dans la prévention de l’ostéoporose. (Chaine, 2004)
Un risque accru de maladie cardio-vasculaire se développe lors de la ménopause.
Avant la ménopause, les femmes ont un risque moins important de voir une maladie
cardio-vasculaire se présenter puisqu’elles ont une protection du fait de la sécrétion des
oestrogènes.
Arrivées à l’âge de la ménopause, elles perdent l’avantage et de nos jours, la mortalité
féminine par accidents cardio-vasculaires est désormais plus haute en nombre que celle
des hommes. (Chaine, 2004)
Les conséquences sur la santé ne doivent pas être mises de côté face à leurs fréquences
importantes. Le suivi médical est très important mais il est difficile de ne pas tomber
dans l’hypermédicalisation de cette période, et d’accentuer le versant maladie, en
contraste avec l’image physiologique et naturel que nous essayons de faire passer à ces
femmes.
Après avoir détaillé les différentes conséquences physiques, nous allons maintenant
aboder les répercussions psychiques de cette période, qui peuvent représenter une
grande souffrance.
2.2 Les conséquences psychiques
Les troubles de l’humeur et du comportement
Au-delà des énumérations établies concernant les conséquences physiques de la
ménopause, il n’y a pas réellement de conséquences psychiques caractéristiques de cette
période charnière. Cependant, nous ne pouvons mettre en doute une certaine fragilité
accentuée. Ainsi, nous ne pouvons négliger les troubles des comportements ainsi que
les troubles de l’humeur pouvant faire surface lors de cette période.
En effet, un tiers des femmes ménopausées se plaignent alors d’irritabilité, de
fatigabilité et de sensation dépressive, symptômes commençant pour la plupart lors de
l’année précédant l’arrêt des règles. (Chaine, 2004)
19/81
C’est alors souvent un sentiment de « mal-être » général qui peut surgir et qui est décrit
par ces femmes ménopausées. Il est alors important de garder à l’esprit le fait que ces
troubles, s’ils s’aggravent ou persistent, peuvent être à l’origine d’un début d’épisode
dépressif. (Lachowsky & Winaver, 2007)
Cependant, il est important de ne pas confondre une déprime passagère et un mal-être
général avec la dépression. La dépression étant inévitablement une maladie
psychiatrique, comportant plusieurs caractéristiques complexes et reprise dans le
Diagnostic and Statistical Manual of Mental Disorders V, elle ne doit bien évidemment
pas être dévaluée face à son importance. Cependant, elle doit rester au centre de notre
esprit lorsque en tant que futur sexologue, nous aurions un doute quant à l’état
psychologique d’une patiente, et donc, de ne pas hésiter à réferer à nos confrères
médecins et psychologues.
Cet état psychique particulier nous renvoit aux possibles répercussions que la femme
endure, sur ses actes et ses pensées pouvant abîmer ses relations affectives ou sexuelles .
Il est alors important d’entendre la souffrance de ces femmes, de les accompagner dans
leur chemin à parcourir ainsi que grâce à ces informations, de developper une approche
sexo-thérapeutique convenable et efficace pour ces futures patientes. (SOGC, 2014)
L’image corporelle changeante
Tout comme la puberté l’a été, la ménopause devient à son tour une période
d’adaptation corporelle, psychologique, sexuelle et sociale. Bien souvent, la « femme en
ménopause » ne se reconnaît plus. Elle est en perpétuel questionnement face à ces
changements physiques et son schéma corporel. (Lachowsky & Winaver, 2007)
L’impact du bien-être corporel et de l’estime de son image corporelle sur la vie de ces
femmes ménopausée est considérable. Sakson-Obada & Wycisk (2015) ont réalisé une
étude en Pologne en 2014 sur 81 femmes ménopausée et avec un âge moyen de 51,8
ans. Cette étude était volontaire et anonyme, constituée de deux questionnaires, l’un sur
le concept de « Body self » et l’autre sur les symptômes de la ménopause. Le concept de
« Body self » fut développé par Sakson-Obada afin de présenter une conceptualisation
du phénomène corps-esprit.
20/81
Il est composé de trois dimensions, à savoir en premier lieu la dimension fonction qui
représente la perception et l’interprétation des experiences corporelles. Deuxièmement,
le sens de l’identité physique et troisièmement, les représentations et de ce fait, l’image
corporelle.
Dans un premier temps, indépendamment du schéma corporel , les résultats obtenus
appuient le raisonnement que les traits de personnalité influencent significativement la
façon dont les femmes vont développer leurs symptômes de la ménopause.Mais aussi, à
partir de l'aspect de l'image du corps inclus dans l'étude, l'évaluation de l'apparence s’est
avérée être significativement associée à la fréquence d'apparition de symptômes
vasomoteurs et psychologiques chez les femmes pendant la ménopause.
Cette étude nous apporte une hypothèse non négligeable, qui serait que de travailler sur
l’image corporelle lors de consultations sexothérapeutiques pourrait améliorer le vécu
de ces femmes ménopausées et donc indirectement, améliorer leur satisfaction sexuelle.
Grâce à cette étude, une autre manière d’expliquer les symptômes de la ménopause est
présentée dans ce document, indépendamment des modèles médicaux et culturels.
(Sakson-Obada & Wycisk, 2015)
La perte de la fécondité
Inutile de rappeler que le pouvoir fécondant représente au sein de la société et de
l ‘imaginaire collectif, l’essence même de la féminité. Malheureusement, nous
connaissons tous la douleur de la femme infertile. Procréer, c’est à la fois un besoin
d’élever un enfant et de se reproduire mais aussi un besoin de complétude, de
rassurance sur sa féminité et de reconnaissance sur ces capacités en tant que femme.
Même si les femmes ménopausées ont pu avoir le nombre d’enfants qu’elles voulaient,
une blessure narcissique peut alors voir le jour, à l’origine de cette perte de pouvoir de
fécondité. Il est évident que la fin de cette période fertile est souvent associée dans
l’esprit des femmes à la fin des plaisirs d’amours, à la fin de la jeunesse. Ces
tournements psychiques les entraînent dans la fatalité du ventre stérile, donc inutile. Là
encore, insouciant serait d’ignorer les possibles conséquences sur leurs vies affectives et
sexuelles, notamment sur le désir sexuel. (Lachowsky & Winaver, 2007)
21/81
Nous verrons par la suite de ce travail, comment travailler dans nos consultations
sexothérapeutiques sur le versant cognitif, sur les pensées erronées et les croyances
fortement ancrées au plus profond de leurs êtres.
La consultation médicale de la ménopause
Cette consultation requiert une importance capitale dans la vie des femmes. Il est
vrai que lorsqu’une patiente consulte pour un retard de règles, il est important de la
laisser s’imaginer une possible grossesse et de l’abandonner à ses doutes sans nommer
directement un mot pouvant lui être traumatisant : « La ménopause ».
En effet, l’annonce brutale de la ménopause pourrait considérablement entraîner un état
de sidération, puis de confusion, comparable à l’annonce d’une maladie grave. Le
sentiment de honte sera alors présent, les femmes auront peur de se sentir bouleversée
par un phénomène naturel et commun à toutes les femmes.
Ces femmes, attendent de l’empathie de la part du praticien, et un moment de parole qui
leur permettra de pouvoir délivrer leurs idées préconçues et leurs rapports au sang des
règles. Si le praticien décèle un important besoin d’en parler et que ses compétences
sont dépassées, il est indéniable que son rôle est bien évidemment de référer chez un
psychologue ou un sexologue. (Lachowsky & Winaver, 2007)
2.3 La sexualité féminine au temps de la ménopause
La perception de la sexualité au cours de la ménopause
Nappi & Nijland (2008) ont établies une enquête sur 1805 femmes ménopausées
d’une tranche d’âge entre 50 et 60 ans, concernant leurs perceptions de la sexualité au
cours de la ménopause. L’étude a été menée dans six pays européens (Royaume- Uni,
France, Allemagne, Italie, Pays-Bas, Suisse) par téléphone avec une interview assistée
par ordinateur.
Les résultats affirment que un tiers (34%) des femmes ménopausées disent éprouver une
libido réduite tandis que la moitié (53 %) des femmes ont remarqué qu’elles sont
devenue naturellement moins intéressés par le sexe.
22/81
Parallèlement, la majorité des déclarations de l'échantillon ont trouvé qu'Il était
important de maintenir une vie sexuelle active (71%). (Nappi & Nijland, 2008)
Cela nous conforte dans l’idée que l’aide apporté à ces femmes est précieuse, car elles
ressentent ce manque de désir et elles trouvent cela important de continuer à vivre cette
sexualité, elles ont besoin d’être épaulées. C’est donc de notre devoir de les
accompagner vers ce changement de sexualité, vers cette adaptation nouvelle, et de les
guider du mieux que nous pouvons.
Une sexualité satisfaisante contribue à tout âge à la qualité de la vie, à l’épanouissement
de la personne voire à sa bonne santé. Il est vrai qu’il est alors important de la prendre
au sérieux afin que cette santé sexuelle ne se dégrade pas en vieillissant. (Germain &
Langis, 2009)
Il nous paraît donc inévitable de rappeler le fait que la ménopause ne représente en
aucun cas le deuil d’une sexualité active. Malheureusement, beaucoup d’individus
tiennent le discours contraire.
`
Les répercussions de la ménopause sur la sexualité
Il est vrai qu’au sein d’une étude longitudinale de Mc Coy & Davidson (1985),
un déclin important de l’activité sexuelle sur la période parcourant la pré et la postménopause est rapporté. Nous observons une fréquence des rapports sexuels
hebdomadaire passant de 2,0 à 0,75. Mais concernant la sexualité, nous ne devons pas
définir de la même manière déclin et finalité, et moins encore, quantité avec qualité.
(Mc Coy & Davidson, 1985)
Concrètement, les modifications observées lors de la réponse sexuelle féminine durant
la ménopause sont les suivantes :
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Excitation
Baisse
de
la
réponse
vaginale,
clitoridienne et vulvaire
Plateau
Baisse des secrétions des glandes de
Bartholin
Orgasme
Baisse de la réaction orgasmique et baisse
des contractions utérines
Résolution
Baisse rapide de l’expansion et de la
congestion vaginale
(Dodin & Dewailly, 2009)
Les répercussions primaires de la ménopause sur la sexualité sont bien évidemment la
dyspareunie et l’hypodésir. D’une part, les dyspareunies liées à la sécheresse et à
l’atrophie vaginale comme nous l’avons vu précédemment représentent les symptômes
sexuels les plus fréquents des femmes ménopausées. Une des options pour traiter ce
trouble sera d’appliquer des crèmes aux estrogènes et/ou des lubrifiants afin de
permettre un meilleur confort vaginal à la patiente. D’autre part, concernant le désir
sexuel hypoactif, ce trouble sera détaillé dans le paragraphe suivant de part la
complexité de cette problématique et notre intérêt pour cet aspect lors de notre
recherche. Comme nous l’avons décrit précédemment, l’image de soi ainsi que les
bouffées de chaleurs peuvent aussi interférées avec le désir, l’excitation et le plaisir. Ce
sont les répercussions secondaires de la ménopause sur la sexualité. (Michaux, 2015)
N’oublions pas que la ménopause, souvent appelé « crise du milieu de vie » surgit aussi
à l’aube des problèmes de santé familiaux, des conflits conjugaux liés au départ des
enfants, d’une dépression ou autre. Il est vrai que moins une femme accepte le départ de
ses enfants, plus elle est susceptible de ressentir de la tristesse et une impression de
vide. Nous pouvons alors nous imaginer les répercussions que cette crise peut avoir sur
la sexualité du couple. (Dodin & Dewailly, 2009)
24/81
Un enquête réalisée entre 2011 et 2012 par Nappi, Mattsson, Lachowsky, Maamari, &
Giraldi est pertinente pour nous démontrer que les effets physiologiques qu’entraîne la
ménopause tel que l’inconfort vaginal qui est une est l’une des répercussions primaires
de la ménopause sur la sexualité, peut entraîner bien évidemment et sans grande
surprise, des impacts sur la relation avec le partenaire. L’échantillon de cette étude se
caractérise par des femmes ménopausées entre 55 et 65 ans souffrant d’inconfort
vaginal et les partenaires masculins de ces femmes.
1600 femmes et 1600 hommes de l'Europe du Nord furent inclus ainsi que 1000 femmes
et 1000 hommes de l’Europe du Sud. Les résultats démontrent que respectivement 28%
et 38% des femmes dans le Nord et le Sud de l'Europe craignent que l'inconfort vaginal
ne disparaîtra jamais et aurait un effet négatif sur leur vie relationnelle (p <0,05) tandis
que respectivement 21% et 27% craignent que l'inconfort vaginal va ruiner leur vie
sexuelle future (p < 0,05). (Nappi, Mattsson, Lachowsky, Maamari, & Giraldi, 2013)
Nous pouvons donc analyser le fait que les femmes ont des avis très négatifs sur cette
condition qui pourrait alors facilement abîmer leurs relations affectives et relationnelles,
en dehors du versant physiologique. Cette étude nous indique aussi les manières
spécifiques dont l'inconfort vaginal a affecté les relations physiques entre les femmes et
leurs partenaires masculins. Concernant les deux sexes mélangés nous retrouvons entre
59 et 77% des individus déclarant que le partenaire féminin évite l’intimité. Entre 15 et
22% déclarent qu’ils ont stoppé d’avoir des relations sexuelles. Inévitable donc, sont
donc les conséquences notables de l’inconfort vaginal sur les relations sexuelles.
Concernant les femmes, cette étude démontre qu’entre 42 et 51 % d’entre elles sont
contrariés que leur corps ne fonctionne plus comme avant et entre 18% et 26 % se
sentent beaucoup moins femmes, et cela a donc indirectement des répercussions sur les
relations avec leur partenaire. (Nappi, Mattsson, Lachowsky, Maamari, & Giraldi,
2013)
Un contexte de facteurs multiples vient donc s’ajouter face aux répercussions
physiologiques de la ménopause sur le corps de la femme. La prise de conscience de la
multifactorialité des difficultés sexuelles chez la femme ménopausée aide les patientes à
comprendre l’adaptation nécessaire à la sexualité comme à la vie en général.
25/81
En effet, la sexualité existe à des âges avancés et l’adaptation à la sexualité est
importante à tout âge de la vie. Que ce soit les premiers mois après un accouchement
difficile, en fonction des types de relations affectives du moment et les variables de la
relation elle-même, ou encore la survenue du vieillissement corporel et de la
ménopause. (Chevret-Measson, 2012)
En tant que sexologue, nous nous devons de prendre en compte le fait qu’en dehors de
cette carence hormonale, les dysfonctions sexuelles observées chez les patientes
ménopausées sont multifactorielles. Il est important de remarquer que les problèmes
sexuels sont souvent associés à une mauvaise qualité de vie, un niveau d’études faible,
une estime de soi plus faible, une mauvaise image du corps, ainsi qu’à la dépression et
l’anxiété.
Cependant, en parallèle à cela, de nombreux facteurs psychosociaux paraissent
améliorer ces problèmes et nous retrouvons alors : une sexualité antérieure satisfaisante,
une bonne santé physique et mentale.
Le mariage représente aussi un facteur important mais aussi une bonne relation
conjugale, un bon niveau social et d’éducation, et une attitude positive au sujet de la
ménopause. Ces éléments sont alors positifs pour l’adaptation à une sexualité
renouvelée. (Chevret-Measson, 2012)
Nous aimerions conclure cette partie sur le fait que toutes les femmes ne vont pas
ressentir ces répercussions de la même façon. Notre travail se concentre sur les femmes
consultant pour hypodésir et donc fatalement nous discuttons de tous les facteurs
pouvant abîmer ce désir sexuel.
Cependant, et en aucun cas la ménopause sera le synonyme parfait d’un désir sexuel
féminin hypoactif. Nous y reviendrons par la suite de notre travail.
`
26/81
Vieillissement et sexualité
Précédemment, nous avons déjà mis en avant le fait que les différents dispositifs
tel que les crèmes « antiâge », la chirurgie esthétique, les injections de collagène ou de
Botox créent lentement l’illusion d’un vieillissement sans prise sur le corps. La jeunesse
pourrait alors être accessible à ceux qui la désirent réellement, sans pour autant être
réservée aux plus jeunes. (Enguerran & Chapuis-Lucciani, 2008)
Pourquoi la société voudrait-elle rester jeune ?
Le vieillissement peut avoir une image corrélée très négativement au sein de l’esprit
collectif. Certains individus peuvent ressentir un « dégoût » envers les personnes âgées.
En dehors des répercussions physiologiques du vieillissement sur la sexualité, face à ces
images que la société lui renvoi, indéniables seront les conséquences sur la sexualité des
personnes âgées. En effet, vieillir devient synonyme de perte progressive du désir, de
diminution voire de disparition de l’activité sexuelle et d’une augmentation de troubles
spécifiques.
Une enquête récente réalisée en France en 2006 s’intitulant «contexte de la sexualité en
France» a pu mettre facilement en évidence le fait que l’âge avancé constituait un
facteur déterminant de la diminution de l’activité sexuelle, pour les femmes comme
pour les hommes. (Bessin & Blidon, 2011)
Certes, une diminution de l’activité sexuelle est observée, cependant, celle-ci serait
quand même toujours présente. Dans un entretien réalisé par Bessin (2009), Bozon nous
élucide son point de vue suite aux trois enquêtes nationales qui ont été menées sur les
comportements sexuels depuis une quarantaine d’années. En effet, face aux générations
assez anciennes, nous pouvons observer deux différentes évolutions concernant l’âge et
la sexualité. D’une première part, il est vrai que l’entrée plus précoce des femmes dans
la vie sexuelle (4 ans plus tôt dans les années 2000 par rapport aux années 1940) est mis
en avant. Deuxièmement, la vie sexuelle ne s’arrête plus à un certain âge comme cela
pouvait se passait dans les années 1970.
27/81
Concernant les chiffres, en 1970, parmi les femmes mariées de plus de 50 ans, une sur
deux seulement avait une activité sexuelle. Contrairement à aujourd’hui où nous
trouvons plus de 90 % des femmes en couple de plus de 50 ans qui sont sexuellement
actives. Au sein de la société, une norme s’est installée qui est celle que l’âge avancé
n’est pas nécessairement synonyme de la fin d’une vie sexuelle épanouie. Cependant, la
quantité peut, avec un minimum d’adaptation, être remplacé par la qualité des rapports.
(Bessin & Bozon, 2009)
Pourquoi une telle diminution des rapports sexuels après un certain âge ?
Concrètement, le vieillissement physiologique a des impacts sur l’organisme qui
indirectement ont des impacts sur la sexualité. Sans balayer les détails, il est important
de savoir que les taux hormones seront perturbés, la qualité des vaisseaux de même,
ainsi que les nerfs, les muscles et le cerveau. L’apparition de pathologies diverses est
observée. Ces facteurs auront des répercussions non négligeables sur la sexualité qui se
caractériseront par des troubles du désir, des difficultés d’excitations des deux sexes,
des troubles concernant l’orgasme. En dehors des répercussions physiologiques du
vieillissement, nous ne pouvons pas faire abstraction aux facteurs psycho-sociaux tel
que les facteurs interindividuels, la prise de poids, la fatigue, l’irritabilité, les troubles de
l’humeur ainsi que la dimension fantasmatique moins présente. (Lopès & Poudat, 2014)
Parralèllement à la ménopause que la femme traverse, les premiers signes du
vieillissement apparaîsent. Nous ne pouvions pas établir un mémoire sur la ménopause,
sans aborder le thème du viellissement et de la sexualité, qui est un sujet relativement
ancré dans les tabous propre à notre société. La femme ménopausée seule ou avec son
compagnon, devra fatalement s’adapter aux répercussions de la ménopause, mais aussi
aux répercussions naissante de l’aube du vieillissement.
28/81
2.4 Les traitements de la ménopause
Alternatives au Traitement Hormonal Substitutif
Avant d’aborder la problématique du traitement hormonal substitutif (THS),
nous aimerions détailler un instant les alternatives et/ou complémentaires à ce
traitement. Puisque effectivement, ménopause ne rime pas toujours avec prescription
d’un traitement hormonal substitutif.
En dehors des règles hygiéno-diététiques tel que l’activité physique à conseiller,
l’hygiène alimentaire et l’éviction du tabagisme, il est important de savoir qu’il existe
des traitements symptomatiques de la ménopause, hormonaux non substitutif ou non
hormonaux.
Nous pouvons prendre l’exemple des traitements hormonaux locaux contre la
sécheresse vaginale tel que des crèmes ou des ovules à base d’oestrogènes permettant de
récupérer une certaine lubrification vaginale et d’acquérir un meilleur confort. Il existe
aussi des traitements actifs sur le mécanisme vaso-moteur de la bouffée de chaleur tel
que le clonidine. Les Biphosphonate sont aussi administrés comme traitement contre
l’ostéoporose. La phytothérapie existe et se développe, seulement, les études
scientifiques sont manquantes. (Michaux, 2015)
Elavsky & Mc Auley (2005) ont réalisé une étude en 2004 dans l’Illinois aux ÉtatsUnis. Ils ont examiné les relations entre l'activité physique, l’apparition des symptômes
de la ménopause, l'estime de soi, et la satisfaction avec la vie chez 133 femmes avec un
âge moyen de 51 ans. Les résultats suggèrent que l'activité physique peut réduire
significativement la gravité perçue des symptômes de la ménopause et améliorer le
bien- être psychologique. (Elavsky & Mc Auley, 2005)
Cette relation entre sport et bien-être est importante à prendre en considération pour
nous, sexologues, puisque la prescription d’une activité physique régulière est
accessible à tous, et pourrait avoir bel et bien des effets bénéfiques sur les relations entre
partenaires et indirectement sur la sexualité.
29/81
Concernant les traitements d’ordonnance non hormonaux (y compris certains
antidépresseurs, la gabapentine et la clonidine), selon la société des obstétriciens
gynécologues du Canada (2014), ces derniers peuvent entraîner une certaine atténuation
des bouffées de chaleur. Cependant, ils ont aussi leurs propres effets indésirables. Ces
solutions sont alors à envisager lorsque l’hormonothérapie s’avère contre-indiquée ou
lorsque la patiente ne souhaite pas y avoir recours. (SOGC, 2014)
En dehors de ces possibles traitements, nous retrouvons le traitement hormonal
subsitutif faisant l’état de diverses controverses auprès des prescipteurs mais également
des autorités de santé publique.
Traitement hormonal substitutif
ü Sujet à controverse
Avant d’aborder l’aspect purement médical du traitement, il est important
d’aborder ce traitement en le re-situant dans son contexte, origine d’une polémique
mondiale. A l’heure d’aujourd’hui, l’intérêt de ces thérapies hormonales et de la
médicalisation de la ménopause est en perpétuel remaniement. La publication d’un essai
clinique réalisé aux États-Unis, la Women’s Health Initiative (WHI) a provoqué
d’immenses réactions dans le monde entier, en ce qui concerne la sécurité des femmes.
En effet, cet essai fut brutalement interrompu en 2002 parce que les femmes y
participant et prenant des hormones avaient alors une incidence plus élevée de cancer du
sein et de problèmes cardiovasculaires que le groupe témoin.
La Food & Drug Administration (FDA) a alors apporté des modifications quand à la
réglementation sur l’usage du THS et imposé une réévaluation des notices d’utilisation.
Le THS est alors aujourd’hui indiqué uniquement que pour le traitement des symptômes
physiques invalidants directement liés à une carence en oestrogènes. Il est vrai qu’avant,
les indications officielles reprenaient la prévention cardio-vasculaire et la prévention de
l’ostéoporose.
De plus, la FDA recommande un usage de courte durée ainsi qu’en parallèle, une
prescription aux doses les plus faibles possibles. Ce seront alors les femmes en
personne, une fois le consentement éclairé établie sur la balance entre risque et
bénéfices, qui pourront juger et aviser de prendre le traitement ou non.
30/81
Cependant, ces propos concernant l’étude WHI (2002) sont à prendre avec des
pincettes. En effet, les animateurs de l’AFEM défendent leurs idées selon laquelle les
résultats de l’étude WHI ne peuvent pas être généralisés à la situation française. Il est
vrai qu’en détaillant cette étude, plusieurs biais viennent à apparaître. Dans un premier
temps, cette étude a suivi une population différente, traitée par des substances peu
utilisées en France. L’âge relativement avancé des participantes nord-américaines ainsi
que leurs poids moyen était aussi nettement plus élevé que celui des femmes françaises.
C’est alors que certains médecins Français ne partagent pas ce point de vue et les
conclusions envers cette étude. (Lowy & Gaudillière, 2006) (WHI, 2002)
ü Caractéristiques
Le Traitement Hormonal Substitutif per os agit contre tous les symptômes de
la ménopause. Il est à instaurer dès que possible après début de la ménopause et
maximum 3 ans après le début. Les effets secondaires doivent être pris en compte tel
qu’une légère augmentation du risque de cancer du sein (pas si œstrogène seul) ainsi
qu’un risque thromboembolique (minime avec oestrogel). Toutefois, la balance risque
bénéfice est en faveur du THS. (Michaux, 2015)
Ils existent des contre-indications tel que les antécédents personnels comme le cancer
du sein, de l’endomètre, de l’ovaire
pathologies thromboemboliques
ou autre tumeur oestrogéno-dépendante, les
ou les pathologies hépatiques graves. Les
prédispositions familiales sont aussi prises en compte tel que le cancer du sein ou les
pathologie thromboemboliques.
Avant d’instaurer un traitement, le médecin se doit de réaliser certaines étapes très
importantes dans la prise en charge médicale de la patiente tel qu’une anamnèse
complète, une biologie afin de confirmer la ménopause, un bilan sénologique
(Mammographie et échographie) inférieur à un an ainsi qu’un examen clinique
gynécologique et une échographie endovaginale .
Durant la durée du traitement, un suivi médical régulier de la patiente sera aussi prescrit.
(Michaux, 2015) ; Lors de nos futurs consultations en tant que sexologues, nous devrons
inévitablement renvoyer une patiente ménopausée plaintive de ces différents symptômes
à son gynécologue ou médecin traitant.
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Chapitre 3 : La sexualité féminine face au désir sexuel
hypoactif en temps de ménopause
3.1 Avant-propos sur le désir sexuel
« Le désir sexuel peut être considéré comme l’envie de s’engager dans des
interactions à caractère sexuel » (Poudat F.-X et al, 2011, p. 130)
Le désir sexuel représente un aspect important de la vie psychologique et sociale. Il
serait alors le socle de la relation amoureuse et permet de constituer un indactaeur
primaire dans les dysfonctionnement conjugaux ou individuels. (Poudat F.-X et al,
2011)
La problématique du désir sexuel et l’importance de la phase du désir au sein de la
relation sexuelle a été mise de côté jusque dans les années 1970. C’est à partir de ces
années-là que plusieurs professionnels ont commencé à s’intéresser à ce mystérieux
désir sexuel, sujet qui fascine. Dans son livre se consacrant cette problématique, Trudel
met en lumière le manque de consensus quant à la signification du désir sexuel.
Cependant, ce dernier serait relié aux fantasmes et aux idées érotiques. Pour certains
auteurs tel que Kaplan (1979), le désir sexuel représenterait une phase de l’activité
sexuelle, entre autre, la première. Cependant, certains font l’apologie d’une phase
précédant celle du désir qui ne serait autre qu’une période d’ouverture à la sexualité,
sans que le désir ne soit encore mis en avant (Trudel, 2003)
Nous pouvons prendre l’exemple de Basson (2001) (Annexe 1) , qui justifie le
positionnement du désir par un schéma circulaire en le plaçant secondairement face au
besoin d’intimité de la femme (intimacy need) et à la perception du stimuli sexuel. En
effet, le désir sexuel ne se manifeste qu’une fois que l’activité sexuelle n’a alors
déclenché l’excitation physiologique. Dans de bonnes conditions, un feed-back positif
est alors aperçu, renforçant alors l’émotionnalité et les besoins d’intimité. ( Basson,
2001)
Cette illustration nous intéresse particulièrement au sein de notre problématique puisque
la plupart des femmes ménopausées ou vieillissantes ne se considèrent plus comme êtres
« sexuées » puisque la pulsion du désir sexuel ne peut venir qu’après le commencement
des activités.
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Cela ne s’avère t-il pas être un élément majeur pour déculpabiliser les femmes et
rassurer les partenaires ? Il serait intéressant de le prendre en compte lors de nos
consultations.
Le désir sexuel est un sujet complexe car il s’avère être multifactoriel et subjectif.
Chaque femme le définira d’une manière différente et l’appréhendera de sa propre
façon. De plus, il a tendance à affecter l’activité sexuelle à la source et à entraîner
diverses difficultés sexuelles par la suite si un trouble du désir sexuel reste non résolu,
ou au contraire, ce dernier peut se développer si une dysfonction sexuelle était présente
au sein du couple. (Trudel, 2003)
3.2 Désir sexuel féminin hypoactif
Le désir sexuel hypoactif représente la dysfonction sexuelle la plus répandue,
touchant près de 10 à 60% des femmes selon l’âge et les critères de sévérités. (Poudat
F.-X et al, 2011)
La problématique du désir sexuel est fortement médiatisée et prend grande place au sein
des divers comités scientifiques organisés sur le thème de la sexualité. Mais pourquoi un
tel engouement ? De nos jours, une absence de désir sexuel, ou un DSH est facilement
stigmatisée et entraîne des difficultés interpersonnelles significatives pour les femmes
mais aussi pour les hommes. Ces derniers ne répondent alors plus au critère de la norme
culturelle qui est que nous devons faire l’amour et prendre du plaisir, sinon, nous ne
sommes pas « normaux ». Il faut alors se rendre compte que c’est dans ce type de climat
que les individus peuvent développer un dysfonctionnement sexuel tel que le désir
sexuel hypoactif. (Vuille, 2014) Important est de savoir que
du
les « troubles du désir sexuel » sont apparu au sein
Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux (DSM-III) en 1980,
concernant alors les deux sexes. C’est alors de part les différentes réformes du DSM que
nous sommes arrivés à des définitions sexuées qui prennent également en compte la
formulation actuelle du désir sexuel féminin suite aux différentes études réalisée à
partir des années 2000, comme nous l’avons expliqué précédemment avec le modèle de
Basson. (Vuille, 2014)
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Au sein du DSM-IV, les troubles du désir sexuel et de l’excitation sexuelle pour les
femmes étaient réparties en deux catégories distinctes.
En effet, le désir sexuel hypoactif est alors considéré comme étant « a) Une déficience
ou une absence de fantaisies sexuelles et de désir pour les activités sexuelles. Le
jugement sur cette déficience ou cette absence est faite par le clinicien en tenant compte
de variables qui affectent le fonctionnement sexuel de la personne comme l’âge et le
contexte de vie de la personne ; b) Cette perturbation provoque une détresse importante
ou des difficultés interpersonnelles ; c) Cette dysfonction n’est pas mieux expliquée par
un autre trouble de l’axe I (à l’exception d’une autre dysfonction sexuelle) et n’est pas
attribuable aux effets physiologiques d’une drogue ou à un autre problème de santé. ».
(American Psychiatric Asso, 2010) (Hubin & De Sutter, 2010) (Godbout, 2015)
Concernant notre recherche qualitative, nous avons choisi d’utiliser le terme de désir
sexuel hypoactif ( DSH ) parce que ce dernier est encore utilisé de manière fréquente et
familière par les sexologues. Cependant, nous retrouvons alors une combinaison de ces
deux troubles au sein du DSM-V, permettant de ne pas séparer le désir sexuel de
l’excitation sexuelle. Ce trouble se nomme à présent le trouble de l’intérêt et de
l’excitation sexuelle chez la femme. Ce dernier doit s’observer également durant un
minimum de 6 mois, doit être accompagnée d’une détresse significative et ne doit pas
être le résultat d’un trouble mental non-sexuel, des effets d’une substance ou d’un
trouble médical. (Godbout, 2015)
Au moins trois critères sont requis parmi les six suivants pour établir le diagnostic :
1. Aucun/Faible intérêt pour les activités sexuelles
2. Peu/pas de pensées/fantaisies sexuelles
3. Peu/pas d’initiation, et rejet des approches de l’autre
4. Peu/pas de plaisir pendant les rapports sexuels, plupart du temps (75%)
5. Peu/pas d’intérêt ou excitation sexuel en réponse aux stimuli sexuels/érotiques
6. Peu/pas de sensations génitales/non-génitales lors des rapports sexuels, la
plupart du temps
(Godbout, 2015)
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Il est également important de justifier si la dysfonction sexuelle est présente en tout
temps, c’est-à-dire depuis que la personne est active sexuellement ou acquise , donc est
apparue après une période de fonctionnement normale. Celle-ci peut aussi être
généralisée ou situationnelle, donc limitée à certains partenaires, stimulations, ou
situations. Enfin, elle peut être classé comme étant faible, modérée ou sévère en
fonction de la détresse associée. (Godbout, 2015)
Le DSH est causé dans une grande majorité par une dépression, une image corporelle
négative, des séquelles d’abus sexuel ou d’autres troubles de la personnalité. Il en vient
alors d’aborder ces différents facteurs prioritairement afin d’établir un diagnostic
adéquat. Nous ne pouvons négliger aussi les autres dysfonctions sexuelles pouvant
causé un DSH par « contrainte ». Les co-morbidités sont donc à fouiller avec vigilance.
( Hubin, 2010)
En tant que sexologue, être confronté à ce type de problématique en consultation est une
chose commune mais très complexe à traiter car comme nous l’avons dit
précédemment, c’est un sujet multifactoriel. En effet, le désir sexuel est affecté par une
multitude
de
facteurs
aussi
bien
cognitif,
interpersonnels,
relationnels,
comportementaux ou biologique. Pour comprendre et traiter efficacement ce trouble il
est donc primordial de prendre le temps d’étudier les facteurs influençant ce désir afin
d’aider le couple à trouver un équilibre apaisant entre leurs désirs sexuels et affectifs
propre à chacun d’entre eux. Il n’y a donc pas une réponse parfaite et unique pour
chaque femme souffrant de ce trouble. Du fait de l’ensemble de ces facteurs, une prise
en charge individualisée mais aussi globale du couple, avec les attentes et les besoins de
chacun doit être pris en compte. (Poudat F.-X et al, 2011)
Du fait des différentes conséquences de cette baisse de désir, on observe en général un
impact négatif sur le fonctionnement psychologique et conjugale qui va alors impacter
encore plus le désir sexuel, qui favorisera en retour l’aggravation du fonctionnement
psychologique et conjugal.
Au sein de cette recherche, seulement la sexothérapie cognitivo-comportementale sera
présentée pour répondre à la problématique du DSH en période de ménopause.
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Cepenant, nous ne négligons pas l’existence d’autres thérapie tout aussi adéquate pour
répondre à cette situation tel que les approches sexoanalytique, sexocorporelle,
systémique ou encore la bibliothérapie. ( Hubin, 2010). Nous n’aborderons pas non
plus les traitements pharmacologiques ou chirurgicaux pouvant être envisagés en
complémentarité dans le contexte d’un DSH.
3.3 Désir sexuel féminin hypoactif et ménopause
Au sein des différentes conjonctures où la femme ménopausée est auscultée, que
ce soit auprès d’un médecin lors de sa consultation générale, ou d’un gynécologue, dans
le cadre de sa consultation de ménopause, ces différents praticiens sont donc de plus en
plus amenés à répondre à des problématiques sexuelles émanent de leurs patientes.
(Mouchamps & Gaspard, 1999)
Important est de souligner le fait que les professionnels de la santé travaillant avec des
femmes ménopausées doivent rester conscients que la promotion de la fonction sexuelle
saine pour les femmes mûres reste essentielle afin de ne pas les laisser dans leur
détresse. Nottament grâce aux différents examens médicaux, mais aussi par l’abord des
diverses problématiques traversées par les femmes ménopausées, qui permettront de
constituer un tremplin important pour favoriser une adaptation sexuelle satisfaisante.
(Woods, Mitchell, & Julio, 2010)
Comme nous l’avons vu précédemment, les répercussions de la ménopause sur la
sexualité sont diverses. Mais qu’en est-il particulièrement concernant le désir sexuel ?
Concrètement, des différentes études permettant de cerner la problématique du désir lors
de la ménopause, un constat revient fréquemment : un déclin de 60 à 70 % pour
l’intérêt lié à la sexualité serait observé chez les femmes en période climatérique, et ce
chiffre aurait tendance à augmenter plus ces femmes avancent vers la postménopause.
(Mouchamps & Gaspard, 1999)
Cette disparition de la « libido » en temps de ménopause est une problématique très
complexe à prendre à charge du fait de sa qualité très personelle, et de sa modulation
influée par différents facteurs.
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Abordé plus tôt, nous avons établis les impacts endocrinologiques de la ménopause
ayant des répercussions importantes sur le désir sexuel, d’une manière directe ou
indirecte. Cependant, il ne faut négliger que l’humain n’est pas régulé simplement par
des mécanismes biologiques et physiologiques. Les hormones sont certes, un facteur
important à prendre en compte mais pas suffisant pour permettre de répondre
adéquatement à la problématique du désir sexuel chez la femme ménopausée, au vu de
la complexité de la question. (Mouchamps & Gaspard, 1999)
Comme nous essayons de le démontrer depuis le commencement de ce mémoire, le
déclin sexuel en temps de ménopause ne serait donc pas entièrement expliqué par
l’effondrement des taux hormonaux mais il y aurait bien l’intervention de divers
facteurs multiples et complexes d’ordre psychosociaux, tel qu’énoncés précédemment.
Nous ne pouvons oublier et négliger le fait que le risque de de dépression chez les
femmes à cette époque de leur vie reste important, et la vigilance est donc recommandée
lors de la consultation, afin de s’orienter vers le diagnostic adéquat. Cette vigilance
permet donc de ne pas oublier la probabilité d’une passage dépressif dû par les pertes
telles que la mort ou la maladie des parents proches, mais encore la possibilité que les
enfants aient quitté le domicile, ou les divers stress de la vie quotidienne ajoutés à des
problèmes de santé. (Mouchamps & Gaspard, 1999)
Nous aimerions conclure cette partie par le fait que les déterminants psychologiques et
sociologiques entraînent une réorganisation du vécu en structurant les réponses
individuelles durant ce moment critique du passage vers la femme ménopausée.
(Mouchamps & Gaspard, 1999)
La ménopause est-elle toujours synonyme d’une baisse de désir sexuel ?
Tandis que la plupart des femmes ménopausées nous confient une diminution de leur
désir sexuel, il est important de ne pas catégoriser toutes les femmes comme traversant
le même ressenti. En effet, un accroissement de l’appétit érotique au cours des années
de la ménopause est observé chez un certain nombre de femmes. Intéressant est
constater le fait que d’un point de vue purement physiologique, le désir devrait
augmenter à la ménopause. Ceci s’explique par l’action des androgènes de la femme qui
ne sont plus contrariée par les oestrogènes à la ménopause.
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Même, la capacité sexuelle féminine augmenterait avec l’âge puisque à mesure que les
femmes vieillissent, elles développent un système veineux plus étendu et plus complexe
dans la région génitale. Bien évidemment, ceci est sans compter sur tout les autres
facteurs pouvant affecter le désir, car ne l’oublions pas, le désir est un sujet
multifactoriel et complexe. (Hite, 2000)
Nous aimerions illustrer nos propos par des citations de femmes âgées récoltées dans le
rapport Hite (2000) :
« Le désir sexuel s’accroît avec l’âge. Le plaisir également, je parle en conaissance de
cause ! » (Hite, 2000, p. 659)
« Je ne savais pas qu’en même temps que je prendrais de l’âge, l’amour physique
s’améliorerait, j’ai 51 ans et ce n’est que le début ! » (Hite, 2000, p. 659)
« Plus je vieillis, meilleur c’est, pendant ces deux dernière années, je ne me suis rien,
absolument rien refusé. Je vis chaque jour comme si c’était le dernier, c’est
merveilleux. » (Hite, 2000, p. 659)
Ces exemples nous conforte dans l’idée que chaque femme est différente et en fonction
de son organisme, de son vécu, de sa personnalité, de sa relation avec son partenaire
mais encore d’autres facteurs, elle vivra sa sexualité d’une manière unique, à sa propre
façon. Il n’y a bien évidemment aucune manière parfaite pour vivre sa sexualité de
manière épanouie.
Chapitre 4 : La sexothérapie d’approche
cognitivo-comportementale et le désir sexuel hypoactif
féminin
Tout d’abord, il est important se stipuler le fait que nous orientons notre
recherche à travers la visée cognitivo-comportementale de la sexothérapie, puisque
cette dernière se rapproche le plus de nos compétences en tant que professionnels de la
santé , ainsi que de nos objectifs de carrières en tant que sexologue. Cependant, nous
restons conscients de la multitude de thérapies existantes pour répondre aux besoins de
patientes souffrant de DSH, mais ce n’est point l’objet de notre recherche.
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4.1 Avant-propos sur la thérapie cognitivo-comportementale
Incontournable, est de rappeler le fait que les sexothérapies d’orientation
cognitivo-comportementales représentent celles qui s’accordent parfaitement avec
l’Evidence Base Medecine ou encore, la médecine fondée sur le niveau de preuve. Ces
thérapies sont donc validées scientifiquement. Mais sur quoi reposent-elles ? (Hubin &
De Sutter, 2010)
Cette orientation thérapeutique vise à modifier les comportements et les cognitions
dysfonctionnelles avec comme objectif la recherche de solutions face au problème. Le
principe initial à la base de ces thérapies cognitivo-comportementales est que les
comportements, les émotions, les réactions corporelles mais aussi les cognitions sont en
majorité apprises, et interagissent mutuellement ensemble. En étant brèves et centrées
sur le présent, elles évitent de rester bloquer sur le passé, sans pour autour autant
interdire les allers et retour avec ce dernier. (Recordon & Kohl, 2014)
Afin d’illustrer nos propos, nous pouvons imaginer certaines pensées erronées ou
inadaptés sur la sexualité qui entraînent et favorisent des sentiments et des émotions
négatives qui seront à l’origine de certaines comportements problématiques tels que
l’évitement des relations sexuelles. Cet exemple peut alors renforcer par conséquent le
cycle dysfonctionnel de la réponse sexuelle. (Hubin & De Sutter, 2010)
Au sein de l’aspect cognitif, les croyances sont au centre de l’intérêt du thérapeute. Ce
travail aura pour but de conscientiser le patient face à ses pensées erronées afin de
réduire son anxiété de performances par le biais du développement d’émotions plus
positives. L’aspect comportemental sera développé en insistant tant sur la
connaissance de son propre corps afin de le revaloriser dans son ensemble mais aussi en
permettant au patient de se concentrer sur toutes les sensations corporelles lors des
rapprochements intimes afin de pouvoir se « déconnecter » de la performance et des
pensées d’autrui pour qu’il se retrouve lui-même au centre de ses sensations et de ses
émotions. La relaxation et l’exposition graduelle des situations sexuelles problématiques
permettront une prise en charge adapté couplée à des résultats concrets et satisfaisants.
(Recordon & Kohl, 2014)
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A présent, nous allons aborder l’aspect particulier du désir sexuel hypoactif féminin lors
de thérapie d’ordre cognitivo-comportementale, afin de mettre en évidence les
techniques et les outils utilisés face à ce genre de situations.
4.2 Thérapie cognitivo-comportemantale et désir sexuel
hypoactif féminin : outils et techniques
Alexandra Hubin (2010) est à l’origine d’une revue de la littérature très
enrichissante
concernant
les
traitements
issues
de
l’approche
cognitivo-
comportementale dans le cadre d’un DSH. Nos propos se baseront principalement sur
son travail. (Hubin, 2010)
Certaines techniques sont utilisés de manière fréqeuntes par les thérapeutes, du fait de
leur présence dans les protocoles de traitements de différents auteurs. Ces diverses
techniques se trouvent être :
1) Modification des stratégies d’évitement mises en place face aux activités
sexuelles
La prise de conscience des stratégies d’évitement peut permettre de briser le cercle
vicieux de l’évitement par la femme et du rejet vécu par l’homme. Il existe différentes
méthodes pour arriver à ce type de bénéfice. Nous pouvons prendre l’exemple de
conseiller aux patientes de se placer d’une manière volontaire dans une situation
sexuelle ou périsexuelle d’inconfort. Cela lui permettra de mettre en évidence les
éléments induisant la stratégie d’évitement. Cet exercice à été mis en place par
McCarthy (1984). Il est alors proposé au couple ou au sujet ayant la dysfonction
sexuelle de construire des scénarios sexuels réalistes pour qu’ils puissent par la suite les
mettre en appliction. (Poudat F.-X. , 2011)
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2) Transformation de l’anticipation négative de moments d’intimité érotiques
La perte du désir sexuel est souvent associé à différentes peurs tel que celle des
moments d’intimité ou la peur de perdre la maitrîse de soi. C’est alors que la
désensibilisation systématique peut-être mise en place afin de diminuer ces peurs.
(Trudel G. , 2010)
La désensiblisation et l’exposition progressive au stress est utilisé face à un problème
qui déclenche souvent la peur ou l’évitement. Ce processus permettra de l’appréhender
par une approche progressive de la peur, en permettant de donner des objectifs faciles et
en se donnant des étapes intermédiaires entre le rien et le tout. Après qu’une liste de
situations soit établie et utilisable durant la désensibilisation, ces différentes situations
seront classées de la moins angoissante à la plus angoissantes et l’exposition se fera en
douceur, en passant à l’étape supérieure lorsque la précendente ne suscite plus du tout
d’angoisse. (Lopès & Poudat, Manuel de sexologie, 2014)
3) Restructuration cognitive des pensées inhibant le désir sexuel
La ménopause ne signifie pas le deuil de la féminité, du plaisir sexuel, des jeux de
séduction et de l’amour. Les pensées négatives ancrées dans l’esprit peuvent alors se
répercuter sur les corps et les comportements. Souvent, les femmes peuvent penser que
la sexualité n’est plus de leur âge. Peut-être ont-elle une mauvaise image de la sexualité
à l’âge adulte plus avancée, ou encore leur éducation sexuelle, leur a peut-être apporté
l’information qu’à un certain âge, on ne faisait plus l’amour. (Vagogne, 1984)
Il est essentiel d’aller explorer les croyances de ces patientes afin de pouvoir les
modifier pour avoir un impact indirect sur leurs comportements sexuels. Nous allons
donc lutter contre leurs pensées négatives, remettre en question leurs croyances et leurs
tabous. D’un côté, nous retrouvons l’éducation sexuelle pouvant être très enrichissante
pour les patients, Trudel (2003), propose d’ailleurs un protocole permettant d’informer
les couples sur les différentes étapes de l’activité sexuelle. Deuxièmement nous pouvons
aussi utiliser la restructuration cognitive des pensées, qui permet d’inviter le patient à
créer son propre système normatif afin qu’il puisse lui-même et par ses propres moyens
se rendre compte de ce qui est acceptable sur le plan sexuel. (Poudat F.-X. , 2011)
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Pour prendre un exemple, nous pouvons travailler à partir de « la triple colonne de Beck
». Dans la première colonne, la situation qui pose problème est notée. Dans la
deuxième, le ressenti corporel et émotionnel et dans la troisième, les pensées
ruminatoires attachées à la situation sont décrites. Certaines personnes notent
instinctivement des pensées négatives et cela va causer des échecs répétés
systématiques, comme un cercle vicieux. Nous allons agir au niveau de ces pensées en
rajoutant deux autres colonnes. La quatrième sera accès sur les pensées alternatives de
la patiente, tout ce qu’elle pourra mettre en avant de positif par rapport au
problème. Enfin, la cinquième colonne comportera le résultat que la patiente vise et ce
qu’elle va faire pour progresser. Ce processus va permettre à la patiente de dédramatiser
et de s’imposer un recul qui est nécessaire afin de ne pas s’enfermer au sein d’un
discours stérile négatif. Indirectement, nous espérons que ce travail portera des résultats
sur ses comportements sexuels tel que sur son désir sexuel. (Lopès & Poudat, Manuel
de sexologie, 2014)
Ci-dessous, voici une simulation de ce type d’exercice pouvant être réaliser chez les
femmes ménopausées souffrant de trouble du désir :
Situation
Difficulté à
ressentir du désir
et à éprouver une
envie pour une
relation sexuelle.
Emotions
Peur,
Angoisse.
Pensées
Pensées
négatives
alternatives
Je suis trop âgée
pour avoir des
rapports sexuels.
Je vais montrer de
l’affection à mon
mari puisque
j’aimerais
retrouver notre
complicité
d’avant.
Résultat
Je ne pense pas à
l‘âge maintenant.
Je pense à mon
couple, à l’amour
que l’on se donne
et aux caresses
que j’aimerais lui
procurer.
(Lopès & Poudat, Manuel de sexologie, 2014)
4) La perception physiologique du désir sexuel
« C’est un peu comme un épanouissement : une chaleur fourmillante, une impression de
plénitude, de moiteur, d’énergie… »
(Hite, 2000)
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Il n’est plus à démontré le fait que la naissance du désir sexuel est parlpable au niveau
du corps et de l’esprit. La prise de conscience des sensations d’abord discrètes de ce
désir sexuel tel que les fouimillements dans le ventre, des picotements dans la zone
génitale, une légère tachycardie sera un objectif primordial des consultations
sexologiques afin de pouvoir permettre au patient d’être de plus en plus à l’écoute de
son corps, de ses émotions et ses envies. (Poudat F.-X. , 2011)
5) L’entraînement aux fantasmes et à la communication
Concernant les fantasmes, plusieurs activités peuvent être proposées pour travailler cet
aspect. Il est évidemment possible de favoriser la lecture de la littérature érotique mais
aussi d’appliquer des stratégies d’interventions permettant d’augmenter l’apparition et
la fréquence des fantasmes sexuels.
En effet, les études scientifiques réalisées sur les fantasmes nous confortent dans l’idée
que l’utilisation de ces derniers va favoriser d’une manière importante le désir sexuel.
(Trudel G, 2010)
La communication relève de la base d’un couple et représente un travail important. Bien
évidemment, vérifier l’absence de conjugopathies sera essentiel afin de déceler le besoin
d’une éventuelle thérapie de couple suite à plusieurs facteurs pouvant être à l’origine de
ce problème de couple tel que des mésententes conjugales ou des problèmes familiaux.
Un des objectifs sera la résolution des conflits conjugaux sur un mode gagnant- gagnant
où chacun entend la souffrance de l’autre. (Lopès & Poudat, 2014)
L’objectif sera donc de savoir écouter ses émotions et celle de son conjoint afin de
rétablir une communication intime et harmonieuse dans le couple. Accepter l’autre
comme différent de soi et partiellement inconnu en est une autre. Il n’y a alors plus de
perdant ou de gagnant, de culpabilité ou de domination. (Lopès & Poudat, 2014)
Se rappeler que la sexualité est un échange semble être une base solide pour améliorer
les relations conjugales. En effet, la communication des besoins sexuels tel que
l’augmentation de la stimulation sexuelle engendrera de impacts positifs favorables à la
sexualité.
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Souvent, nous nous rendons compte que la partenaire est négative. Une des techniques
que nous pouvons mettre en place est de lui demander de valoriser ce qui est bien tel
que les caresses, les sentiments, les câlins.. (Lopès & Poudat, 2014)
6) Orgasm consistency training
Une technique de plus en plus répandue nous intrigue :« Orgasm consistency training »
(constance orgasmique). Au sein de ce programme sont proposés divers travaux : des
stratégies d’acquisition d’habilités érotologiques, des exercices de sensibilisation
corporelle en couple, ( sensate focus) et
l’enseignement de la coital alignment
technique (technique de l’alignement coïtal) pour la pénétration. (Hubin, 2010)
Ces divers exercices permettent de jouer un rôle important au niveau de différentes
composantes du désir sexuel. Le sensate focus, pour sa part, présent dans la plupart des
traitements du DSH permet de favoriser le plaisir sensuel et sexuel tout en diminuant
l’anxiété de performance liées aux rapports sexuels. Il s’agit d’une technique de
massage corporelle effectué par les deux partenaires avec une exposition progressive
aux situations sexuelles habituellement sources d’anxiété. Le désir sexuel peut alors
augmenter puisque le sujet va vouloir dans la plupart des cas recréer ces pratiques
agréables qu’il a connu.
De plus, l’intimité du couple pourra être renforcé de part cet exercice permettant de
favoriser une communication sexuelle positive entraînant le désir d’être sexuel envers
l’autre. Concernant l’alignement coïtal, il agit sur la dimension comportementale en
mettant en évidence une variation de la position du missionnaire permettant une double
stimulation de la femme, au niveau du vagin mais aussi du clitoris. Cette technique
permettrait d’une part de combler le manque de compétence du partenaire mais par
ailleurs, de favoriser un processus circulaire positif par la satisfaction sexuelle apportée
d’un rapport réussi, qui se répercutera sur le désir sexuel, du fait de l’augmentation du
plaisir. (Hubin, 2010)
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Dernièrement, au sein de l’orientation cognitivo-comportementale, Alexandra Hubin
(2010) s’est rendue compte de l’intégration de la mindfulness qui n’est autre que la
pleine conscience. Cette spécialisation permet de s’intéresser particulièrement au
moment présent en portant pleinement et délibérément son attention sur ce dernier. Le
manque d’études réaliser avec des essais contrôlés ne nous permet pas de confirmer son
effet sur le DSH mais ces derniers semblent tout de même être prometteur. (Hubin,
2010)
Conclusion
La ménopause, est décrit comme étant un phénomène complexe touchant
différentes composantes de la vie d’une personne, tant au niveau biologique, social,
psychologique ou comportementale. Un temps d’adaptation est nécessaire, notamment
pour les relations intimes et sexuelles, qui peuvent alors prendre une autre dimension.
Le trouble sexuel lié au désir sexuel en temps de ménopause est fréquent et il est
important en tant que sexologue de le prendre en charge adéquatement. La sexo-thérapie
cognitivo-comportementale, pour répondre à ce genre de dysfonction sexuelle, est
utilisée de manière fréquente.
Cependant, un vide littéraire apparaît quant aux spécificités à prendre en charge en
sexothérapie, lorsque en tant que sexologue au sein de nos sociétés occidentales, nous
rencontrons une patiente ménopausée souffrant de trouble du désir. Quelles sont les
points sur lesquels nous devons être vigilants ? Quels outils et travaux préconiser pour
prendre en charge la patiente du mieux possible ? C’est ce que nous allons essayer de
découvrir à présent, à travers une étude qualitative.
45/81
DEUXIEME PARTIE : APPROCHE
EMPIRIQUE
Chapitre 1 : Méthodologie
Dans un premier temps, nous présenterons la question de recherche ainsi que le
devis adopté. Ensuite, nous décrirons la stratégie de recrutement que nous avons utilisé
et les caractéristiques des participants seront alors présentées. Par la suite, nous
consacrerons une partie sur la méthode de collecte et d’analyse choisie, soit
respectivement l’entretien individuel semi-dirigé et l’analyse thématique selon Braun et
Clarke (2006). Pour finir, nous aborderons les stratégies utilisées afin d’assurer la
validité de notre étude.
1.1
Question de recherche
Le manque de littérature concernant la prise en charge personnalisée du désir
sexuel hypoactif en temps de ménopause nous a conduit à mener une recherche
permettant d’accroître les connaissances dans ce domaine. Nous tentons alors d’obtenir
une meilleure compréhension du vécu et des perceptions des sexologues spécialisés en
thérapies cognitivo-comportementales afin de mettre en avant les particularités de cette
prise en charge et les points sur lesquels en tant que sexologues, nous devons
particulièrement insister. Notre question de recherche est donc la suivante :
Au sein de nos sociétés Occidentales, quelles sont les particularités des séances
sexothérapeutiques à visée cognitivo-comportementale chez des patientes ménopausées
consultant pour trouble du désir ?
L’objectif est alors d’investiguer la façon dont le sexologue gérera ce trouble du désir,
face à cette étape de vie particulière et bouleversante pour la plupart des femmes.
46/81
De part nos réflexions émergeantes suite à la réalisation de la revue de la littérature,
plusieurs hypothèses sont venus enrichir nos questionnements, et nous essaierons au
sein de cette partie d’y apporter des éléments de réponses adéquats.
Hypothèse numéro 1: Comme nous l’avons vu dans notre partie théorique, le désir
sexuel est multifactoriel et comprend différentes composantes. Nous pouvons nous
imaginer qu’avec une problématique telle que la ménopause, le sexologue met un accent
plus prononcé sur l’aspect biologique et physiologique que lors d’un désir sexuel
hypoactif d’une jeune femme sans problème et état de santé particulier apparent.
Hypothèse numéro 2: Dans notre revue de la littérature, nous avons mis en avant une
étude réalisée sur l’image corporelle, qui nous permettait de déduire qu’une meilleure
image corporelle améliorerait le désir sexuel d’une femme ménopausée d’une manière
directe grâce à son estime de soi. L’hypothèse serait donc que les sexologues travaillent
sur l’image corporelle dans la quasi-totalité des cas afin d’améliorer ce désir sexuel.
Hypothèse numéro 3:. Face à la problématique de l’hypodésir en temps de ménopause,
nous émettons l’hypothèse que les outils issus de la thérapie cognitivo-comportementale
généralement utilisés lors d’une consultation pour trouble du désir seront ajustés d’une
manière différente lorsque ce trouble se rencontre chez une femme ménopausée.
Hypothèse numéro 4: Lorsque le sujet devient plus âgé et que les conséquences sur la
sexualité se font ressentir, les sexologues insisteraient d’avantage sur l’éducation
sexuelle.
Hypothèse numéro 5:. Face à une patiente ménopausée souffrant de trouble du désir
sexuel, les stratégies d’évitements des rapprochements sexuels seraient plus présents et
,en tant que sexologue, nous devrions plus particulièrement développer auprès de ces
couples une appréciation plus positive de leurs comportements sexuels.
47/81
1.2
Approche qualitative
Pour cette étude, nous avons retenu une approche qualitative. En effet, la
manière dont la question de recherche est formulée mais aussi les objectifs de cette
dernière renvoient à l’étude qualitative des données.
Les recherches en santé sont habituellement dominées par les méthodes quantitatives
tentant alors de faire émerger des liens de cause à effet. Cependant, certaines questions
nécessitent l’utilisation d’une méthodologie qualitative. En effet, cette dernière se
focalise quant à elle sur la qualité de l’expérience et permet d’avoir un tout autre
résultat. La prédiction de phénomène n’est donc pas un des objectifs de la recherche
qualitative. La description, l’explication détaillée mais aussi l’aide à la compréhension
des processus étudiés sont des caractéristiques mises en avant. (Willig, 2013).
1.3
Recrutement et échantillon
Nous avons élaboré une stratégie d’échantillonnage en cohérence avec notre
thématique, il s’agit d’un échantillon ciblé (purposive sampling). (Van en Broucke,
2014-2015) En effet, les sexologues recrutés pour participer à l’étude sont tous
spécialisés en thérapies cognitivo-comportementales afin que leurs propos soient validés
scientifiquement.
Afin de les recruter, nous avons eu recours à l’envoi de e-mail avec trois relances, suite
à l’identification de ces derniers sur le portail de la société des sexologues universitaires
de Belgique et de l’Association interdisciplinaire post-universitaire de sexologie en
France. De plus, notre promotrice de mémoire Alexandra Hubin, nous a fournis une liste
pré-identifiés
de
psychologues-sexologues
spécialisés
en
thérapies
cognitivo-
comportementales que nous avons aussi contacté par e-mail.
Le e-mail comprenait alors un feuillet d’information concernant l’étude (annexe 2) ainsi
qu’une clause de consentement (annexe 3). Le feuillet d’information reprenait alors la
description de la recherche, les modalités de participation, l’utilisation des données et
leur droit de retrait lorsqu’ils le désiraient. Les sexologues intéressés par l’étude
signaient alors le consentement éclairé lié à l’étude et nous fixions un rendez-vous.
48/81
Les sexologues devaient alors répondre à des critères pré-établis pour répondre à cette
recherche. Le premier critère s’avérait être la formation, les professionnels devaient tous
être des sexologues spécialisés en thérapies cognitivo-comportementale. Le deuxième
critère s’avérait être le lieu d’exercice se trouvant être au sein de nos sociétés
occidentales. Le but étant alors de s’assurer de limiter les données de la prise en charge
des troubles du désir en temps de ménopause hors des sociétés occidentales, où le vécu
de cette période-là peut être en rupture totale avec celui de nos sociétés.
Au total, cinq sexologues ont finalement participé à l’étude. Parmi eux, un médecin
sexologue spécialisé en thérapie cognitivo-comportementale qui est le Docteur Gabens
Marie-Paule et quatre psychologues-sexologues spécialisés aussi en TCC soit : Mme
Doyen Valérie, Mme Adam Françoise, Mme Dessaux Nathalie et Mr Kempeneers
Philippe. Les sexologues exercent soit en Belgique, soit en France. 1.4
Instrument : Entretiens semi-directifs
Le choix de la méthode de récolte des données s’est porté sur la réalisation
d’entretiens semi-directifs. Cette technique permet alors de connaître ce qui est
significatif pour les individus, en engageant un dialogue avec eux, tout en respectant
tout de même les thèmes à l’étude. La liberté à l’interviewé est alors laissée afin de faire
apparaître si possible des éléments d’analyse imprévus, dans l’idée qu’il puisse
s’exprimer ouvertement. (Willig, 2013).
De nombreux avantages découlent donc de cette méthode permettant de s’adapter à
chaque sexologue que nous avons rencontré, en fonction de là où il préfère diriger la
conversation et expliquer sa prise en charge, tout en conservant un fil conducteur
indispensable à la réalisation de notre étude. (Van den Broucke, 2014-2015)
Au total, cinq entretiens semi-directifs ont été réalisés. Ces entretiens ont duré entre
vingt-cinq minutes et trente minutes. Les entretiens se sont déroulés sur SKYPE par
vidéo-conférence du fait d’un déplacement prolongé à l’étranger. Les six entretiens ont
été enregistrés suite à l’acceptation des candidats. Au terme des entretiens, les
enregistrements furent retranscris et le matériel audio fut supprimé.
49/81
Ces entretiens ont été réalisés entre Mai 2016 et Juin 2016. Après cinq entrevues, nous
n’avions pas atteins le seuil de saturation des données, seulement, après trois relances
effectuées, plus aucun candidat n’a sollicité son intérêt pour l’étude. (Van den Broucke,
2014-2015)
Lors des entretiens, nous avons adopté une position de neutralité en mettant entre
parenthèse nos propres convictions et en encourageant la spontanéité. L’écoute active
ainsi que la reformulation furent utilisée à chaque entretien et nous ont permis d’obtenir
des résultats très appréciables.
1.5
Grille d’entrevue
Préalablement aux entretiens semi-directifs, un guide d’entretien fut rédigé
(annexe 4) afin de permettre au chercheur d’avoir à sa disposition une ligne de conduite,
un fil conducteur permettant de réaliser son entretien avec efficacité mais tout en lui
permettant d’être souple et de faire preuve d’adaptation.
Notre guide d’entretien s’est inspiré de nos différentes hypothèses détaillées au sein du
début de cette partie empirique, qui nous ont permis de diriger discrètement les
sexologues sur ces différentes problématiques.
Pour commencer, le guide d’entretien débute par une explication du thème et de la
recherche afin de déterminer le cadre de l’étude. Par la suite, il se compose
premièrement de deux questions d’introduction permettant d’avoir un avis large du
sexologue sur la problématique de la ménopause. Une question de transition est ensuite
amorcée pour évaluer la composante du désir sexuel la plus importante chez les femmes
ménopausées. Quatre questions clés sont ensuite posées, chacune permettant de révéler
oui ou non une hypothèse et, enfin, une question de clôture qui permettra au sexologue
d’être libre d’aborder d’autres aspcects qui lui semblent préoccupants et intéressants.
Face à cette question, nous espérons dégager différentes hypothèses ne découlant pas
forcément de notre revue de la littérature, afin d’être le plus complet possible. Cette
question nous permettra alors de mettre le doigt sur des sujets non abordés mais tout
aussi important dans la problématique du désir sexuel en temps de ménopause.
50/81
1.6
Analyse des données : Analyse thématique
Dans le but de pouvoir mettre au jour le sens du discours des participants de
l’étude, nous avons eu recours à une analyse des données dite : analyse thématique.
Braun et Clarke (2006, p.79) désigne « une méthode pour identifier, analyser et repérer
les thèmes dans les données ». Ce processus là permet donc de structurer les données
sous forme de catégories, qui vont alors devenir des thèmes, et permettront d’analyser
en profondeur les données, tout en leur donnant du sens. (Braun & Clarke, 2006).
Pour Braun & Clarke (2006), il est important de comprendre que les données récoltées
seront directement en lien avec la catégorisation et les thèmes crées. Ces divers thèmes
produits permettront une analyse des données qui annoncera la première étape d’un
cheminement de réponses à notre question de recherche. (Braun & Clarke, 2006).
Concrètement, il s’agit d’établir une reformulation du contenu de l’entretien mais sous
une forme condensée et formelle. Deux grandes étapes seront alors nécessaires dans
l’établissement de ce processus. Premièrement : le repérage des idées significatives et
enfin leur catégorisation. (Negura, 2006)
Pour se faire, Braun et Clarke (2006) décrivent quant à eux la réalisation de six étapes.
C’est alors ces étapes que nous avons suivi pour réaliser notre analyse des données.
Dans un premier temps, nous nous sommes approprier les données en retranscrivant les
entretiens, tout en réalisant une prise de note, ainsi qu’en effectuant une relecture pour
nous permettre une familiarisation des données. La deuxième étape nous a permis de
coder les entretiens via la répartition du texte en unité de sens. Nous avons donc eu
comme résultat une longue liste de codes (voir la figure X pour un exemple de codes
appliqués à un extrait d’entrevue). Dans un troisième temps, nous nous sommes attelés à
la recherche des thèmes en rassemblant les divers codes obtenus dans ces derniers avant
de les examiner en profondeur dans la quatrième étape et de les redéfinir plus
précisément. Un travail de combinaison de ces codes s’est alors effectué. La cinquième
partie du processus nous a permis de définir et de s’intéresser à la dénomination des
thèmes.
51/81
Enfin, par le biais de l’identification de ce que contiennent les thèmes et ce qu’ils ne
contiennent pas, l’analyse thématique est donc rédigée et nous as permis d’interpréter
les différentes données au sein de chaque thème, à partir des entretiens semi-directifs.
(voir la figure Y pour un exemple de schéma thématique) (Braun & Clarke, 2006).
Extrait entretien
« La
cinquantaine,
Codes appliqués
plus
que
la
1- Cycle de vie
ménopause en elle-même c’est ce stade
de la vie en particulier… qui symbolise
un peu le cycle de la vie avec les
2- Changement
naissances, le départ du premier enfant,
la
retraite
ect…Effectivement,
bien
souvent cela arrive en même temps que la
ménopause et donc qu’est-ce qui fait
3- Remise en question
encore sens dans ma vie ? »
Figure X: extrait d’entrevue et codes appliqués
`
52/81
Nouvelle
identité
Bouleversement
La ménopause,
une étape du
cycle de la vie
Phénomène
sociétal et
psychologique
Remise en
question
Figure Y: Schéma thématique
53/81
Chapitre 2 : Résultats
Ce second chapitre est consacré à la présentation des résultats de notre
recherche. Ceux- ci sont exposés par thèmes, conformément à la méthode de l’analyse
thématique. Trois thèmes principaux, illustrant la prise en charge des sexologues face
aux patientes ménopausées ont été définis après lecture du verbatim.
Thèmes
1- La ménopause, une étape du cycle de la vie
2- La relation conjugale impactée, ainsi que le partenaire de la femme ménopausée.
3- Les adaptations nécessaires face à la prise en charge sexologique
Introductionauxrésultats
Au sein de nos entretiens (annexe 5), nous nous sommes rendues compte de plusieurs
faits concernant la consultation sexologique de la femme ménopausée. Dans un premier
temps, certains des sexologues interrogés, nous confient que le motif de cette dernière
n’est pas toujours amené sous forme de trouble du désir :
« Rare sont les femmes qui viennent consulter spontanément pour une baisse de désir
liée à la ménopause. Quand elles viennent consulter pour cela c’est souvent sous ce
registre là : « mon mari se plaint de ». » (entretien n°1)
« C’est vraiment la douleur qu’elles vont mettre en avant mais pas forcément le trouble
du désir. » (entretien n°1)
« Lorsque la problématique de la ménopause arrive dans mes consultations, c’est
principalement pour moi en terme de dyspareunie, et de DSH et donc en fait le premier
objectif est de voir si c’est le DSH qui a provoqué les dyspareunies ou la dyspareunie
qui a provoqué le DSH. » (entretien n°4)
54/81
Le travail du sexologue sera donc de dénouer le véritable motif de consultation de la
femme ménopausée et d’évaluer la situation de manière globale.
Pour certains d’entre eux, il était important de souligner le fait que la ménopause ne
signifie pas toujours dysfonctions sexuelles, et donc qu’il n’y avait pas forcément de
corrélation directe :
« Mais il y a aussi tout une autre partie où les femmes ménopausées voir pensionnées
ont plus de temps et donc ont l’occasion de redécouvrir ce désir. Il est donc important
de ne pas tomber dans quelque chose de noir et blanc, de nuancer, d’adapter les
situations » (entretien n°2)
« J’avoue qu’il y a des femmes ménopausées qui n’ont pas de difficulté lié à leur désir
sexuel et qui ont même une hausse du désir sexuel, du fait d’être plus à l’aise, de plus
prendre de contraceptif… » (entretien n°4)
Pour d’autres, il était précieux de mettre en avant l’absence d’adaptation dans la mise
en place d’outils en thérapie cognitivo-comportementale, lorsque le sujet est une femme
ménopausée :
« Humm. Je réfléchis mais spontanément je n’ai pas l’impression. Ce serait alors un
cliché de dire que je vais prendre plus de temps avec le sensate focus ou quoi car cela
dépend vraiment du caractère de la personne. » (entretien n°2)
« Non.. Franchement la réponse est non, le principe reste exactement le même. Mais les
différences d’approches seront différentes d’une femme à l’autre.. » (entretien n°3)
55/81
2.1 La ménopause, étape du cycle de la vie
Au delà des perturbations biologiques et physiologiques qu’entraînent la
ménopause, cette dernière est souvent vue auprès des sexologues comme une étape de
transition vers la femme plus âgée, plus mûre :
« C’est une problématique de cap, de période, de remise en question, il y a une certaine
vulnérabilité qui s’explique par la composante psychologique et pas simplement par
l’approche biologique » (entretien n°5)
« La ménopause est d’autant un événement biologique qu’un événement psychosocial »
( entretien n°3)
Un moment spécifique et bouleversant de la vie d’une femme est alors mis en évidence
par trois sexologues, décrivant alors une fragilité acquise par l’évolution du cycle de la
vie :
« la ménopause qui en elle-même est un moment particulier dans un processus de
vieillissement, va interpeller la femme dans ses capacités de séduction, cela dépasse
alors le caractère stricte de la ménopause biologique pour s’inscrire dans un processus
de vieillissement » (entretien n°3)
« La ménopause est un moment particulier pendant la vie d’une femme, avec les enfants
qui peuvent partir de la maison… c’est le syndrôme du “nid vide” {..} et une femme qui,
un peu avec ce syndrôme du “nid vide”, se sent un petit peu en perte de fonction sociale
et cela peut poser problème à ce moment là. » ( entretien n°1)
Il est aussi intéressant de remarquer que la cinquantaine, et l’âge en particulier, est mis
en avant par un sexologue, au devant du phénomène de la ménopause :
« Il faut pouvoir rayonner entre la vie conjugale et sexuelle. La cinquantaine, plus que
la ménopause en elle-même c’est ce stade de la vie en particulier… qui symbolise un
peu le cycle de la vie avec les naissances, le départ du premier enfant, la retraite
ect…Effectivement, bien souvent cela arrive en même temps que la ménopause et donc
qu’est-ce qui fait encore sens dans ma vie ?{…} Donc pour moi c’est l’étape de vie qui
est primordiale et importante…» ( entretien n°1)
56/81
« La sexualité c’est du plaisir partagé qui passe par le corps et donc en fonction de
l’âge et pas forcément de la ménopause on ira plus travailler cette croyance là. »
(entretien n°1)
L’aspect culturel de cette transition biologique, psychologique et sociale est aussi
soulevée :
« le travail du sexologue comportementaliste est alors de relativiser ses exigences
culturelles ( à la patiente) en pouvant se rapprocher d’un autre type de plaisir et ne pas
voir qu’à travers les exigences culturelles. » (entretien n°3)
Il permet de nous informer sur l’importance de recadrer la femme au sein de ses propres
envies et propres attentes plutôt que de viser une apogée culturelle et normative.
Pour finir, un sexologue se confie sur la composante du désir sexuel la plus importante
selon lui face à une femme ménopausée :
«L’âge… le corps qui change, et le rapport à leur corps. La ménopause peut se passer
d’une manière linéaire ou bien cela sera un état de remise en question pseudo-dépressif
avec ce rapport au corps, ce sentiment de vieillir et ce sentiment d’incompétence »
(entretien n°5)
Ces extraits d’entrevues mettent en évidence l’aspect psychologique et social
prédominant face à cette période que toutes les femmes traversent de manière
différentes, et propre à elles-mêmes. La ménopause est alors invoquée comme étant une
problématique psycho-sociale à part entière, nous questionnant encore plus sur les
adaptations et les spécificités de la prise en charge sexologique pouvant en découler.
57/81
2.2 La relation conjugale impactée, ainsi que le partenaire
de la femme ménopausée
Au delà des adaptations que nous mettrons en avant dans le paragraphe suivant,
lors des entretiens, la relation conjugale a été souvent abordée comme étant une
thématique à travailler en consultation, et à appuyer de manière assez significative.
Un des participants nous donne un exemple précis des possibles impacts de la
cinquantaine sur la relation conjugale :
« Cette personne avait depuis la ménopause des changements dans son travail, elle
voyait son mari tout le temps, elle était beaucoup plus en couple et là c’était un très
gros facteur à prendre en charge: la relation » (entretien n°2)
Les facteurs non sexuels et péri-sexologiques annexées à la période de la ménopause
mais aussi à la retraite ainsi que le départ des enfants sont souvent pris pour cible
comme travail à approfondir au sein de nos consultations sexologiques, en référant bien
évidemment vers un psychologue si la demande s’y prête.
« elles ont un bien-être général qui a diminué, ainsi, le fait que les enfants ont grandi et
qu’elles se retrouvent peut-être seule avec leur partenaire… et ces facteurs non sexuels
vont avoir des répercussions directes sur la sexualité. » (entretien n°4)
L’importance de la consultation à deux est alors mise en avant de manière évidente :
« Après j’insiste beaucoup beaucoup sur le couple, avec des réaménagements, le départ
des enfants… un travail sur la communication. Alors je vais travailler sur quelque
chose de strictement individuel si elle préfère mais j’aime assez facilement voir le
partenaire, cela les oblige aussi à prendre conscience que c’est à deux de se prendre en
charge et que la ménopause c’est une histoire de couple, de réaménagement, et
d’adaptation à deux. » ( entretien n°5)
58/81
Le partenaire de la femme ménopausée est souvent abordé par les participants de
l’étude. En effet, le vieillissement de l’homme et les dysfonctions sexuelles pouvant
apparaîtrent entraînent une prise en charge différente de ce désir sexuel hypoactif
qu’avec une femme ayant un partenaire d’âge plus jeune, étant en « meilleur état de
santé général », autrement dit, n’étant pas impacté par les changements
physiologiques liés au vieillissement.
« Il y a effectivement le fait qu’avec le vieillissement on est moins apetissant et
désirable mais l’homme peut aussi à ce moment là perdre de ses facultés érectiles et
donc à ce moment là cela peut être interprété par la partenaire comme étant une sorte
de désamour à son égard et donc des quiproquos peuvent s’installer à cette période et
on va devoir dénouer des choses préférentiellement en couple. C’est toujours plus
simple de travailler en couple… » (entretien n°3)
« C’est vrai que si son partenaire a le même âge, autour de la cinquantaine, il pourra
aussi développer des troubles de l’érection » (entretien n°1)
Comme nous avons pu le voir assez souvent lors des extraits d’entretiens, les
sexologues tiennent réellement à ne pas stigmatiser cette population et ne pas
généraliser :
« Un homme sur trois a des troubles érectiles mais finalement ce n’est pas cela qui va
déterminer la satisfaction sexuelle mais c’est finalement comment la personne va le
vivre et va s’adapter à cela. Il y a des hommes qui ont des troubles érectiles mais qui
s’adaptent complétement super bien à ce problème quelque part ... » (entretien n°2)
De plus, nous pouvons observer que le travail en couple et l’éducation sexuelle allant
de paire avec la restructuration cognitive des pensées est alors mis en avant. Prenons
l’exemple de ce participant insistant sur le fait que la communication du partenaire face
à sa femme est primordial pour un rétablissement de leur désir sexuel via une
communication intime améliorée. Les deux partenaires ont donc leur rôle à jouer.
59/81
« je pense qu’ils doivent vraiment comprendre et expliquer à leur partenaire que c’est
pas qu’ils n’ont pas envie mais que le corps parle aussi … et que ce soit pour la femme
ménopausée mais aussi pour les hommes d’un certain âge pouvant avoir des troubles
érectiles » (entretien n°4)
« Je les rassure et je leur dis aussi que c’est normal que les troubles érectiles soient
peut – être plus fréquent avec leur partenaire d’un certain âge et j’insiste aussi
beaucoup sur l’investissement c’est à dire que si avant il y avait un aspect plus
mécanique pour l’homme, c’est le moment d’être plus dans l’érotisme, dans l’affect,
dans la sensualité plus que dans le mécanisme. C’est une manière pour eux de
découvrir une autre sexualité et de l’enrichir… » ( entretien n°5)
Un autre exemple éloquent de ce besoin important de communication intime et
sexuelle :
« Je pense que justement parce que l’image corporelle a changé et il y a des parties du
corps où la femme se sent moins à l’aise d’être caressée et donc certains hommes vont
continuer à caresser des zones qu’il caressait il y a deux trois ans ou six mois mais la
femme l’acceptant moins, elle peut être coincé et l’homme ne comprendra pas ; comme
il l’a caressé avant comme cela.. » (entretien n°4)
Un participant met en avant ce besoin d’échanges entre partenaire sur les changements
que ces derniers vivent afin qu’ils puissent les appréhender de la meilleure manière qu’il
soit :
« Elles expliquent vraiment qu’il y a aussi la fatigue, des choses dont elles ne s’y
attendaient pas du tout, et aussi la difficulté que leur mari ont du mal à comprendre ces
nouveaux changements… j’invite souvent le partenaire à venir à une séance pour lui
expliquer les changements liés à la ménopause ainsi qu’à sa femme.. »( entretien n° 4)
60/81
2.3 Les adaptations nécessaires face à la prise en charge
sexologique
Lors des entretiens que nous avons réalisé auprès des cinq sexologues, nous
nous sommes rendues compte que la notion d’adaptation à la sexualité était importante.
En effet, certains sexologues vont alors mettre plus en avant certains comportements ou
certaines prises en charges lorsqu’ils sont confrontés à une baisse de désir féminin liée à
la ménopause. Ce chapitre va alors permettre de recenser les différentes spécificités de
cette prise en charge particulière.
Dans un premier temps, la plupart des sexologues interrogés mettent en avant une
manière d’entrer en intimité et en sexualité différente par rapport à un autre moment
du cycle de la vie :
« il y a après une façon d’entrer en sexualité qui est un petit peu différente {…} Parmi
les mesures que l’on va mettre en place à la ménopause ce sera d’élargir les modes
d’excitation sexuelle donc mettre un peu moins de tonus, mettre du mouvement, de la
fluidité, ce qui permet à la lubrification de se faire.. » (entretien n°1)
« Oui je pense qu’il faut arriver à banaliser la ménopause. Ce n’est pas un arrêt de la
sexualité, il y a des réadaptations, des évaluations, il y a une évolution de la sexualité et
rien n’est figé. » ( entretien n°5)
Concernant les différentes dimensions du désir sexuel, quatre sexologues sur cinq ont
tenu à affirmer l’importance d’une collaboration avec un gynécologue ou d’appuyer
l’aspect médical et hormonal de la ménopause :
« Je vais doubler la prise en charge avec une sage-femme, avec une gynécologue, pour
aller vraiment travailler le substrat hormonal » (entretien n°1)
« En général il faut quand même effectuer un bilan hormonal car effectivement la
personne en est à ce niveau là et on peut aussi se poser la question d’aménagement par
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traitements hormonaux notamment au niveau local, cela peut aider mais c’est pas un
élément totalement décisif. » ( entretien n°3)
«Je pense que le côté biologique est important mais comme je ne suis pas gynécologue
c’est pas moi qui vais le traiter. » ( entretien n°2)
« Alors je réflechis… Moi je dirais que c’est vraiment la composante personnelle parce
qu’il y a vraiment les changements hormonaux, physiques et corporel et alors aussi les
changements d’identité qui ont aussi leur importance.. » ( entretien n°4)
Il paraît donc indéniable de se rendre compte de l’importance de rediriger la femme vers
un spécialiste médical de la ménopause afin de la prendre en charge de manière globale
et satisfaisante.
L’aspect multi-dimensionnel a tout de même été abordé :
« je vais vraiment travailler sur la multi-causalité du DSH » ( entretien n° 4)
Une des composantes du désir sexuel étant souvent reprise de manière importante face à
la problématique de la ménopause se trouve être l’image corporelle. Cependant, celleci est appréhendée de manière différente entre les différents participants de l’étude.
D’un côté, certains sexologues apportent une importance primordiale à cette image
corporelle :
« Je pense qu’en sexologie l’image du corps est très importante pour le désir sexuel,
donc voir si elle est encore à l’aise avec son corps, si elle se trouve érotique, si elle a
des moments où elle peut vraiment érotiser son corps et se voir encore sexuée ou pas»
(entretien n°2)
« Oui.. pour qu’il y ai du désir dans un couple il faut d’abord se désirer soi-même je
pense et donc c’est important de travailler avec les femmes pour se trouver belle
autrement
et
donc
effectivement
on
essaie
avec
les
thérapies
cognitivo-
comportementales de travailler sur comment s’auto-préparer afin de se sentir plus
désirable et pouvoir prendre plus d’initiative.. » (entretien n°4)
62/81
Inversement, l’image corporelle peut être vu comme un problème à éviter, notamment
un « faux problème » :
« Tout le travail à faire, mais que ce soit avec les femmes ménopausées ou autre, c’est
savoir se départir de cette attention focalisée sur les processus psychologiques pour
apprendre à focaliser son attention sur ce qui se passe dans le corps et dans sa
génitalité. L’image corporelle pour moi c’est the « faux problem » {….}.. il y a une
réalité aussi, du corps qui n’est plus le même. Donc vous allez pouvoir restructurez tant
que vous voulez autour des cognitions mais cela reviendra forcément car le corps s’est
transformé. » (entretien n°1)
Grâce aux entretiens avec les différents sexologues, nous nous sommes rendues compte
que la démystification des fausses croyances peut être appuyé lors d’une prise en
charge de désir sexuel hypoactif en temps de ménopause. Premièrement, le travail sur
les fausses croyances commence par mettre à plat les à priori et les tabous sur la
sexualité et la ménopause en général :
« j’ai des phrases : « je suis ménopausée donc c’est fini… » et donc je passe
énormément de temps à travailler pour déconstruire ces fausses croyances,…. Pour
pouvoir après seulement travailler le désir, l’excitation et le rapport sexuel en tant que
tel » (entretien n°4)
« Une de ces deux femmes m’a dit je veux pas mourir idiote, elle voulait savoir si
c’était normal de jamais avoir de désir » (entretien n°2)
« A mon avis, la ménopause en tant que facteur de détérioration de vie sexuelle est une
des croyances que l’on doit travailler.. » (entretien n°1)
Un travail de fond sera donc réalisé sur tous les tabous et les cognitions que les femmes
ont intégré que ce soit pendant leur éducation parentale, sociale, ou par le biais des
médias.
63/81
En dehors de l’étape de la ménopause, mais tout en parallèle, une autre problématique
est
abordée
par
les
sexologues,
se
trouvant
être
le
vieillissement.
Concernant le fait d’appuyer ou non le travail sur les fausses croyances à la ménopause,
les sexologues répondent :
« Vraiment, tout à fait .. et puis il y a de chouettes revues qui commencent à sortir sur la
sexualité des seniors en général, le terme est peut-être un peu fort mais moi je leur
propose de la lire et alors on en rediscute ensemble, pour briser leurs tabous »
(entretien n°4)
« Dans mon travail ce qui me semble très important à aborder c’est au niveau des
croyances par rapport à la sexualité des personnes vieillissantes. D’une part: es-ce que
ca vaut encore la peine de ré-ouvrir le désir ?» (entretien n°2)
De part les modifications physiologiques liées au vieillissement, certains conseils
d’adaptation de la sexualité et de la manière d’entrer en intimité sexuelle seront alors
mis en évidence :
« Ce qui est fondamental c’est d’apprendre aux femmes d’être pro-active car d’une part
cela va booster leur désir mais d’autre part cela va prévenir les troubles érectiles chez
leur partenaire car si madame était passive pendant toute leur vie, là, la femme devrait
être plus entreprenante, plus proactive, qu’elle prennent des initiatives, qu’elle ose
exprimer ses envies, qu’elle ose proposer des positions différentes, qu’elle guide
doucement son partenaire aussi vers ce qu’elle aime bien… » ( entretien n°2)
Au delà de ces conseils, la problématique des changements physiologiques au niveau
physique et psychique due à la ménopause et à la carence oestrogénique paraît alors
d’être un point crucial d’éducation sexuelle à appuyer lors de la prise en charge
sexologique. Prenons l’exemple de la lubrification vaginale :
« En règle générale, la sexo-éducation fait partie de la prise en charge… mais par
contre on peut insister sur la lubrification et expliquer les difficultés d’hydratation
vaginales à la ménopause. Cela est primordial à expliquer, le fait qu’elles sont tout à
fait capables de lubrifier correctement si le vagin est hydratée, si elles prennent du
temps ect, » ( entretien n°1)
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« Et c’est cette atrophie du tissu qui empêche la lubrification. Et ca, souvent les femmes
ne le savent pas, de base… » (entretien n°1)
« Après il y a toute la problématique par rapport à la sécheresse vaginale, et c’est
vraiment quelque chose que je vois dans toutes mes consultations, et j’appuie donc cette
information » ( entretien n°2)
Cependant, concernant l’éducation sexuelle, un sexologue nous rappelle l’importance de
ne pas dramatiser et de ne pas tomber dans la peur :
« Je pense que clairement quand on fait de l’éducation sexuelle il ne faudrait pas
tomber dans une erreur où attention vous avez 50 ans…. » ( entretien n° 2)
Mise à part l’appui de certains points nécessitant une éducation sexuelle plus
particulière, les sexologues ont aussi pu exprimer leur désir d’adapter certains
exercices de techniques cognitivo-comportementale, notamment le sensate focus face
à la problématique de l’atrophie vaginale ainsi que de la lubrification vaginale :
« Le sensate focus c’est un outil magnifique, à condition que l’attention soit centrée sur
le corps.. Et pour la ménopause, puisque dans cette mesure il y a quand même une
atrophie vaginale importante, on conseille aux femmes que les préliminaires soient
beaucoup plus long pour que la lubrification vaginale ait le temps de passer à travers
une paroi vaginale moins poreuse. C’est donc parcourir lentement le sensate focus, à
condition de focaliser sur le corps. » (entretien n°1)
« Effectivement pour les patientes ayant des sécheresses vaginales importantes.. je vais
axer beaucoup plus sur la période d’excitation, les fantasmes et l’imaginaire afin
qu’elles puissent mettre en place cette phase d’excitation adéquate pour avoir une
lubrification maximale. » ( entretien n°5)
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Concernant le désir sexuel à la ménopause, nous mettons en évidence que certains
sexologues sont plus d’enclins à utiliser certains modèles théoriques. Nous pouvons
prendre l’exemple du modèle de Rosemary Basson :
« moi je me sers énormément du modèle de Rosemary Basson…. Je l’explique à toutes
mes patientes, et ce truc là est peut-être encore plus important à la ménopause et dans
cette tranche d’âge là parce que bien-sûr c’est plus la passion amoureuse qui va
amener l’accès à la sexualité. Ca c’est la première chose, puis deuxième chose c’est
cette fausse croyance de l’association qui se fait dans la tête des gens entre désir et
excitation sexuelle. Le désir c’est quelque chose de cognitif, l’excitation sexuelle c’est
quelque chose de physiologique. » ( entretien n°1)
« Plaisir et désir sont des dimensions liées.. Dans la cinquième version du DSM cela est
commun et nous renvoi au modèle circulaire de Basson avec ce fameux désir
circulaire. » ( entretien n°3)
Ce modèle paraît important pour les sexologues puisque certaines femmes pourrait alors
évaluer leur désir trop tôt et ne pas se rendre compte qu’elles peuvent le développer
après avoir débuter une activité sexuelle :
« C’est vrai qu’il y a beaucoup de femmes qui vont aussi évaluer leur désir trop tôt… Si
il n’y a pas encore eu une proximité, des caresses, qu’elles soient érotiques, c’est alors
difficile car le désir a parfois besoin de temps pour se développer. » ( entretien n°2)
« En fait avec les femmes je parle concrètement de désir construit et du désir totalement
pulsionnel. Cette pulsion est parfois compliqué pour les femmes, alors pour les femmes
ménopausées cela peut l’être encore plus.. et donc on part du principe que ce désir doit
se construire et qu’on doit l’accepter.. on peut aussi apprendre à être excité et le désir
apparaîtra alors après l’excitation. » ( entretien n°4)
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Face à une question relative à la manière d’interagir sexuellement qui pourrait
influençait le plaisir et donc indirectement le désir, certains sexologues mettent en
avant l’importance d’avancer ce type de réflexions chez une femme ménopausée
consultant pour trouble du désir :
« Il faut l’appuyer car c’est d’arriver à être dans le moment, être à l’écoute de son
corps et de croire à ce désir qui va pouvoir se mettre en place {…} si elles apprennent
à écouter leur corps de manière plus attentivement, plus sensuellement, cela leur
donnera plus envie d’avoir d’autres rapport et cela entraînera un cycle.. » ( entretien
n°5)
Afin d’entretenir ce désir sexuel, un sexologue met en évidence l’importance de la
communication intime sexuelle pour que la patiente soit plus satisfaite de son
expérience sexuelle, et donc cette dernière aura certainement plus envie de renouveler
l’acte sexuel :
« Là où je vais plus travailler avec les femmes ménopausées c’est d’apprendre encore
à mieux se connaître et d’oser communiquer et guider leur partenaire vers où elles
veulent aller afin d’affirmer un peu plus leurs envies sexuelles parce que comme elles
ont besoin un petit peu plus d’excitation que les autres ( pas toujours…) c’est important
d’être un petit peu plus égoïste afin d’aller vers des positions et des caresses qui leur
plaisent d’avantage… et donc c’est clairement la communication intime qu’il faut
développer d’avantage.. » ( entretien n°4)
A partir des différents résultats que nous avons ressorti de notre étude, nous allons
pouvoir à présent les comparer au sein de la littérature scientifique afin d’argumenter
une discussion qui nous permettra de prendre parti ou non sur certaines hypothèses que
nous avons avancé au début de notre partie empirique.
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Chapitre 3 : Discussion
Ce présent chapitre sera consacré à la discussion autour des résultats obtenus
lors de notre recherche portant sur les particularités de la prise en charge sexologique de
la femme ménopausée consultant pour trouble du désir, au sein de nos sociétés
occidentales. Nous allons alors donner du sens aux différentes données récoltées lors
des cinq entretiens réalisés avec les sexologues. Un lien vers la littérature scientifique
sera exposé, afin de pouvoir tirer des interprétations des résultats. Par la suite, les
implications cliniques, les limites de l’étude, ainsi que les perspectives pour
d’éventuelles recherches futures seront mises en avant.
3.1 Liens avec la littérature scientifique et interprétation des
résultats
A travers cette partie, nous tenterons de répondre du mieux possible à notre
question de recherche étant :
Au sein de nos sociétés Occidentales, quelles sont les particularités des séances sexothérapeutique à visée cognitivo-comportementale chez des patientes ménopausées
consultant pour trouble du désir ?
Nous ne nous étalerons donc pas sur la prise en charge globale du désir sexuel hypoactif
en temps de ménopause via la thérapie cognitivo-comportementale, mais bien sur
certaines particularités à appuyer, ressortant de nos entretiens et que nous avons trouvé
pertinent de présenter au sein de cette discussion. Nous essayons donc d’établir un lien
entre la prise en charge cognitivo-comportementale du désir sexuel hypoactif, et la
patiente ménopausée, au vu du vide littéraire dont il fait l’objet.
Nous pouvons mettre en évidence le fait que les différentes hypothèses tendront vers
une affirmation ou une négation, mais au vu de la recherche qualitative et de la taille de
l’échantillon, nous ne pouvons valider scientifiquement ces dernières.
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Notons juste que pour prendre en charge correctement une patiente ménopausée, il est
important de se rendre compte du motif réel de consultation. En effet, nous avons vu
que les répercussions primaires de la ménopause envers la sexualité sont le trouble du
désir mais aussi la dyspareunie liée à la sécheresse et à l’atrophie vaginale. Déceler le
désir sexuel hypoactif comme trouble primaire ou secondaire liée à la dyspareunie sera
alors une des premières tâches du sexologue.
Comme nous le souligne Hubin en 2010, les co-morbidités sont aussi à fouiller avec
vigilance, notamment la problématique de la dépression, qui peut être plus fréquente
durant cette période de vie.
De plus, comme la recherche que nous venons d’effectuer nous l’indique, l’aspect
motivationnel est important et donc, se rendre compte si une femme vient consulter
pour elle-même, ou pour faire plaisir à son compagnon, peut être un facteur modifiant la
prise en charge de manière significative.
Ménopause, une étape de vie
De même que Dodin et Dewailly (2009), nous avons pu affirmer au sein de notre
recherche que la ménopause peut être comparé à une « crise du milieu de vie », une
étape mutante identifiée comme une remise en question identitaire, prenant place au
sein d’un contexte de problèmes probables de conflits conjugaux liés au départ des
enfants ou autre.
D’après notre étude, la cinquantaine est elle aussi vue comme une problématique à
prendre en compte, au delà de la ménopause en tant que tel. Il est important en tant que
sexologue de pouvoir déceler ce type de problématique afin de référer la patiente ou le
couple vers un psychologue si le sexologue n’en ai pas déjà un, pour prendre en charge
adéquatement cette tristesse ou cette impression de vide liée aux problématiques
annexes rencontrées.
Comme le soulignait Dodin et Dewailly (2009), moins une femme accepte le départ de
ses enfants, plus elle est susceptible de ressentir de la tristesse et une impression de
vide.
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Nous ne pouvons donc pas passer à côté de ce genre de possibilités comme origine du
désir sexuel hypoactif et le prendre en considération.
Lachowsky et Winaver (2007) ont aussi mis en avant la problématique de la perte de la
fécondité, qui doit nous rester à l’esprit en tant que sexologue. Reliée directement à
l’identité en tant que femme, il est indéniable que si la patiente en trouve le besoin, un
moment d’écoute et d’empathie face à cette traversée de vie doit être accordé.
Tabous et croyances ancrée
Au sein des résultats des entretiens, nous pouvons affirmer que les femmes
peuvent développer des croyances erronées face à la sexualité et à la ménopause. Tout
comme assurait Vagogne (1984), peut-être que l’éducation sexuelle de ces femmes, leur
à apporter l’information qu’à un certain âge, on ne faisait plus l’amour. Il est alors
important en tant que sexologue de pouvoir replacer la ménopause dans son contexte de
féminité et de continuité sexuelle. Au sein de l’aspect cognitif de la thérapie cognitivocomportementale, les croyances sont au centre de l’intérêt du thérapeute.
En effet, Hubin et De Sutter (2010) mettaient en scène certaines pensées erronées sur la
sexualité qui entraînaient par la suite des émotions inadéquates qui seront à l’origine de
certains comportements problématiques tels que l’évitement des relations sexuelles. Le
cycle dysfonctionnel de la réponse sexuelle est alors à travailler en profondeur par les
sexologues, pour acquérir peu à peu un cycle fonctionnel. Ce travail aura pour but de
placer le patient face à ses pensées erronées afin de pouvoir diminer son anxiété de
performance par le biais du développement d’émotions plus positives.
D’un point de vue des croyances ancrées, un entretien nous a permis de ne pas oublier
d’aborder la culture et la religion de chaque femme, qui aborde la sexualité de manière
différente. Effectivement, comme nous avons vu au sein de la revue de la littérature,
Ringa et Hassoun (2003) avançaient le fait que la culture représentait un facteur
d’explication du vécu de la ménopause, au delà des facteurs génétiques et alimentaires.
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N’oublions pas que chaque femme, à n’importe quel moment de sa vie, pourra
développer des croyances erronées face à la sexualité, cependant, n’oublions pas de
fouiller en profondeur ses tabous et ses croyances ancrées, d’autant plus durant cette
période de fragilité psychique et physique.
Une question d’adaptation
Durant notre recherche, le mot « adaptation » et « apprentissage » a été utilisé
nombre de fois. En effet, la mise en avant du fait que la sexualité à un âge plus avancée
n’était en aucun cas une finalité, à laisser place aux possibilités de changements dans
les scripts sexuels ou dans les habitudes prises depuis plusieurs années.
Comme l’affirmait Bessin et Bozon en 2009, il est inévitable que la quantité des
rapports sexuels peut, avec un minimum d’adaptation, être remplacé par la qualité de
ces derniers. C’est cette affirmation qui a été reprise indirectement et implicitement par
les sexologues lors des entretiens. Important, est le fait que cette notion soit véhiculée,
comprise et appliquée pour des couples traversant cette problématique là. Encore une
fois, pas seulement.. La question d’adaptation est important à tout âge de vie nottament
aussi après un accouchement ou en fonction de certaines variables de relation. (ChevretMeasson, 2012).
Cependant, lors de la fragilité psychique et physique que la ménopause entraîne, en tant
que sexologue, un de nos travail sera aussi de se concentrer sur cet aspect.
Travail sur la relation conjugale et la communication intime
et sexuelle
Tout comme l’affirmait Mimoun en 2003, les sexologues, au sein de notre
recherche scientifique ont pris en considération le fait que le partenaire de la femme
ménopausée pouvait développer des dysfonctionnements sexuels liés au vieillissement
physiologiques et pouvant entraver la réponse sexuelle.
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Cependant, tout comme les changements physiologiques que subira la femme
ménopausée, les partenaires ne sont pas forcément au courant de ces changements et
alors, certains quiproquos peuvent apparaîtrent.
Nous pouvons prendre l’exemple durant un entretien où un sexologue parlait d’une
interprétation inappropriée d’une dysfonction érectile, que la femme qualifiée de
« désamour ». De même, comme la recherche l’a démontré, les femmes ménopausées
peuvent développer des nouvelles zones érogènes, ou détestaient les anciennes…
C’est alors le moment d’appuyer la communication intime et sexuelle mais bien
évidemment aussi d’évaluer le besoin d’une consultation sexologique à deux afin de
pouvoir démystifier les croyances et d’apporter des réponses à leurs questions. Là où
cette consultation à deux ne serait pas forcément nécessaire à un âge plus jeune, celle-ci
est alors appuyée par les sexologues travaillant sur le trouble du désir sexuel en temps
de ménopause, et nous renvoi au besoin d’une clarification des attentes et des
connaissances de chacun. Cela rejoint alors Lopès et Poudat qui affirmaient en 2014 que
la communication des besoins sexuels au sein d’un couple comme par exemple
l’augmentation de la stimulation sexuelle engendrera des impacts positifs favorables à la
sexualité.
L’hypothèse numéro quatre, avancée au début de notre partie empirique stipulant que
lorsque le sujet devient plus âgé et que les conséquences sur la sexualité se font
ressentir, les sexologues insisteraient d’avantage sur l’éducation sexuelle est à
prendre en compte de manière importante, et à retenir sérieusement. En effet, elle
permettrait d’apporter un élément de réponse constructif aux particularités de la prise en
charge sexologique des femmes ménopausée souffrant de trouble du désir.
L’étude scientifique par Nappi, Mattsson, Lachowsky, Maamari, & Giraldi en 2011
démontrant que les effets physiologiques qu’entraîne la ménopause ont des impacts non
négligeables sur la relation avec le partenaire est confirmée par notre recherche
scientifique et nous appuie le besoin de travailler sur l’aspect conjugal de manière
importante. En effet, ces divers changements rencontrés d’un point de vue biologique,
social ou psychogique, que ce soit dû à la ménopause, à l’andropause, à la cinquantaine,
au départ des enfants, à l’arrivée de la retraite sont à prendre en compte.
72/81
Le couple a besoin de retrouver ses repères et de se re-définir, une nouvelle définition
qui leur permettra de pouvoir re-naître en tant que couple et pas seulement en tant que
parent ou homme et femme « vieillissant ». Un temps spécifique est donc accordé à la
relation conjugale, comme en témoigne les résultats de notre recherche qualitative.
Appuyer la composante biologique
Au sein de notre revue de la littérature, nous ne pouvons négliger l’importance
accordée à l’aspect biologique et médical de la ménopause. En effet, avant tout, il s’agit
d’une affection entraînant des perturbations hormonales et nécessitant un suivi médical
régulier de la patiente, avec une proposition justifiée d’un traitement hormonal
substitutif (Michaux, 2015). Au sein de notre recherche, cette même importance s’est
décelée au fur à mesure des différents entretiens que nous avons menés, en insistant sur
l’importance de référer la patiente à un praticien médical de type gynécologue. En
effet, notre recherche nous a permis de mettre en avant l’importance de la composante
biologique du désir sexuel en temps de ménopause, permettant de soutenir l’hypothèse
numéro une, que nous avions mis en avant suite à notre revue de la littérature,
permettant d’avancer le fait que le sexologue mettra un accent plus prononcé sur
l’aspect biologique et physiologique lorsqu’il rencontre une femme ménopausée
souffrant de trouble du désir que lors d’un désir sexuel hypoactif d’une jeune femme
sans problème et état de santé particulier apparent.
Cependant, Mouchamps et Gaspard (1999) affirmaient déjà que les hormones étaient
bien évidemment un élément important à prendre en compte. Seulement, au vu de la
complexité de la question, il n’est certainement pas le seul facteur permettant de
répondre adéquatement à la problématique du désir sexuel chez la femme ménopausée.
Cette notion de multi-causalité a été abordé durant les entretiens et permet de se rendre
compte de la complexité que les sexologues auront a géré durant leurs consultations. Il
est aussi important de pouvoir expliquer à la patiente ces différents facteurs rentrant en
jeu, puisque comme nous l’avons vu précedemment, cela aide les patientes à
comprendre l’adaptation nécessaire à la sexualité comme à la vie en général. (ChevretMeasson, 2012)
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En référant les patientes vers des médecins pouvant atténuer les symptômes, nous ne
devons pas tomber dans le piège de la « maladie devant être traitée ». En effet, comme
nous avons vu au sein de la revue de la littérature, beaucoup de médias sont riches de
publicité pour les traitements hormonaux substitutif, important est alors de préciser, le
fait que chaque patiente est libre de décider, mais que la visite chez le médecin s’avère
être une obligation de santé importante. Travail sur l’image corporelle
L’hypothèse numéro deux avancée au début de notre partie empirique, stipulant
que les sexologues apportent une grande importance au travail de l’image corporelle
lorsque ces derniers rencontrent des patientes ménopausée, est a retenir. Tout comme
Lachowsky et Winaver (2007), les sexologues ont permis d’affirmer que la ménopause
est une période d’adaptation corporelle devant être prise en compte, avec des
changements physiques pouvant perturber les femmes comme la prise de poids ou le
changement de qualité de la peau ou des cheveux.
Le travail sur le physique et les changements au sein du corps est donc un aspect
important en tant que sexologue. De plus, Sakson-Obada et Wycisk (2015) apportaient
une information pertinenente dans leurs études, mettant en évidence le fait que de
travailler sur l’image corporelle lors de consultations sexo-thérapeutique pourrait
améliorer le vécu de ces femmes ménopausées, notamment les symptômes. Même si la
probable hypothèse qu’indirectement, cela influerait sur la satisfaction sexuelle et le
désir n’est point validée scientifiquement, nous ne pouvons nous empêcher de la
prendre en compte au sein des particularités de la prise en charge.
La manière de travailler sur l’image corporelle est à prendre en compte. Au contraire
des autres, un sexologue avançait que le travail cognitif est important à réaliser pour
s’accepter, et qualifiait alors l’image corporelle d’un faux problème, que tout se passait
dans la tête. Toutefois, nous ne pouvons nous empêcher de penser que l’aspect cognitif
est touché lorsque l’image de soi, le caractère physique, est travaillé avec le sexologue,
puisque l’acceptation est un phénomène cognitif et interne.
74/81
Spécificité sur certains outils de sexothérapie
L’hypothèse numéro trois avançant que certains outils de la thérapie cognitivocomportementale pour traiter le désir sexuel hypoactif peuvent être ajustée lorsque ce
trouble se rencontre chez une femme ménopausée est controversée.
En effet, d’un côté, nous avons pu déceler ce besoin de faire ressortir la neutralité
dans la prise en charge avec une envie de non-stigmatisation de certaines
problématiques, pour ne pas paraître jugeant.
Mais d’un autre côté, trois sexologues ont exprimé leurs adaptations dans l’utilisation
du sensate focus, outils de thérapie cognitivo-comportementale. En effet, sans
entraîner de jugement de stigmatisation, ces derniers ont expliqué leur besoin d’adapter
le sensate focus face à la problématique de l’atrophie vaginale ainsi que de la
lubrification vaginale. Alexandra Hubin (2010) rappelait alors que cet exercice visait à
augmenter le plaisir sensuel mais aussi sexuel, tout en diminuant l’anxiété de
performance. En insistant comme les sexologues le préconisent, sur la phase
d’excitation et en ré-adaptant les différentes étapes de celui-ci, l’anxiété de performance
mais aussi la lubrification pourraient alors se faire de manière plus naturelle.
Le sensate focus est donc adapté avec une lenteur plus importante au niveau de la
phase d’excitation pour pouvoir répondre aux besoins de la femme ménopausée, mais
aussi par ailleurs, à ceux du partenaire de la femme ménopausée, qui comme nous
l’avons vu, peut se retrouver dans une situations où lui aussi, il pourra développer
certaines dysfonctions sexuelles.
Cependant, seul le sensate focus à été adaptée par certains sexologues, et aucun autre
exemple d’outils de thérapie cognitivo-comportemental n’a été abordé.
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Désir et plaisir sexuel en temps de ménopause
Au sein de notre recherche scientifique, nous avons pu aperçevoir le fait que
certains sexologues étaient plus à l’aise avec un modèle théorique expliquant le désir
sexuel plutôt qu’un autre, nottament en temps de ménopause.
Qu’il soit exprimé d’une manière explicite ou implicite, les sexologues n’hésitent pas à
souligner le fait que c’est déculpabilisant pour les femmes ménopausées, de se rendre
compte que le désir sexuel peut tout à fait apparaître dans un temps secondaire à
l’excitation subjective.
Un modèle théorique est alors privilégiée: celui de Rosemary Basson (2001), qui
comme nous l’avons détaillé précédemment au sein de notre revue de la littérature,
permet d’appréhender le désir sexuel au sein d’un schéma circulaire qui ne le place que
secondairement à l’excitation physiologique, permettant par la suite, si les émotions
sont positives, d’aperçevoir un feed-back positif centré sur les sentiments.
Ce modèle nous paraît être un appui théorique important pour présenter le désir sexuel
aux femmes d’une manière différente à ce qu’elles avaient imaginé, et de leur permettre
de pouvoir déconstruire des croyances qu’elles avaient peut-être ancrées.
Pour finir, nous aimerions parler de l’hypothèse numéro cinq, stipulant que des
appréciations plus positives liées aux comportements sexuels des femmes devraient être
privilegiée en temps de ménopause, afin de développer leur désir sexuel et de limiter les
approches d’évitement. Cette dernière est sensiblement retenu. En effet, la recherche
que nous venons d’effectuer nous décrit l’importance de guider son partenaire vers ses
plaisirs, de s’écouter plus attentivement… et cela aura directement un impact sur le
commencement d’un cycle prochain..
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3.2 Implications cliniques
La recherche que nous venons de mener ainsi que les résultats qui en découlent
peut avoir une incidence sur la pratique des cliniciens.
En effet, celle-ci démontre l’existence de certaines particularités de prise en charge, lors
d’une consultation sexologique d’une femme ménopausée venant consulter pour trouble
du désir. Il est donc intéressant de pouvoir considérer ces spécificités mises en lumière
grâce à cette étude, pour qu’elles puissent être utilisées à bon escient lors des
consultations sexologiques des praticiens.
D’une part, certaines vulnérabilités biologiques mais aussi psychiques seront mises en
avant et le fait de travailler dessus et d’y apporter une importance pourra permettre aux
femmes de se retrouver au sein de leur identité mais aussi de leur sexualité. Seulement,
la plupart des sexologues ne veulent pas stigmatiser certaines particularités à un certain
nombre de personnes, et préféreront alors travailler de la même manière face à chaque
patiente, en prenant bien évidemment en compte les particularités individuelles de
chacune.
Il est important que notre travail ne soit pas interprété comme une sorte d’obligation
d’aborder les différentes spécificités que nous avons abordé. Seulement, il paraît
judicieux de se rendre compte qu’une femme ménopausée consultant pour trouble du
désir peut vivre différentes problématiques, et le fait d’être au courant et éduqué sur cela
en tant que sexologue, nous permettra de pouvoir apporter des prises en charge adaptées
à chaque patiente.
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3.3 Limites
Notre recherche présente certaines limites que nous allons détailler à présent.
Premièrement, concernant la littérature, il est vrai que certaines sources peuvent dater
de plus de dix ans. Ceci implique donc que les nouveautés scientifiques ne sont pas
reprises au sein de ces dernières. Cependant, une mixité dans les sources se retrouve au
sein de notre revue de la littérature, tant au niveau des origines, que des dates de
parutions.
Deuxièmement, la méthodologie employée comporte certains biais. En effet, la
méthode qualitative induit que le chercheur lui-même doit faire émerger le sens donné
par les individus. Cependant, nous nous rendons compte que cette méthode laisse une
place privilégiée à l’influence des propres jugements et perceptions du chercheur. En
contrepartie, la méthode quantitative aurait permis de pouvoir généraliser les résultats.
Dans un troisième temps, l’échantillon et la méthode d’échantillonnage comportent
des limites. En effet, seulement cinq sexologues représentent l’échantillon. Il aurait été
vraiment intéressant de pouvoir effectuer d’avantage d’entretiens semi-directifs, afin
qu’une saturation théorique puisse apparaître, grâce à l’apport de nouvelles données.
Aussi, quatre psychologues et un médecin représentaient alors l’échantillon. Il aurait été
intéressant de pouvoir comparer les propos tenus par un médecin sexologue spécialisée
en thérapie cognitivo-comportementale et aussi un psychologue-sexologue. Cependant,
il nous aurait fallu plus de candidats médecins pour comparer cette prise en charge.
Enfin, il est évident que la base volontaire de l’étude entraîne au préalable un intérêt
personnel pour le sujet exposé.
La méthode d’analyse dispose aussi de limites. En effet, l’analyse thématique confère
une certaine liberté au chercheur. Celui-ci est donc amené à faire des choix, notamment
au niveau de la définition des thèmes. Ces choix ont ensuite un impact sur l’analyse, la
présentation et l’interprétation des résultats.
Finalement, notre manque d’expérience en tant que chercheur est aussi qualifié comme
étant une limite. Il est donc probable que des erreurs aient été commises dans le
processus d’élaboration de la recherche.
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3.4 Perspectives futures
Nombreux sont les questionnements nouveaux et impensés jusqu’à présent qui
sont venus à voir le jour grâce à la réalisation de notre recherche. Il est vrai aussi que
face aux diverses limites que nous venons de mettre en avant, nous envisageons à
présent des pistes pour des recherches ultérieures.
Une recherche quantitative serait la bienvenue afin de pouvoir contrer l’absence de la
possibilité de généralité face à la recherche qualitative que nous venons de mener. Un
échantillon plus grand, associé à d’autres types de questions nous aurait permis
d’acquérir une toute autre vision du sujet en validant ou non scientifiquement les
diverses hypothèses qui sont ressorties de la revue de la littérature, et qui ont été
maintenus par la recherche qualitative. En complémentarité à cette étude qualitative, il
serait alors intéressant de vérifier ces hypothèses par des tests statistiques.
Pour donner un exemple des questionnements qui ont été suscités face à la réalisation de
cette recherche, nous nous sommes demandés si les différences de réponses entre les
sexologues face à la prise en charge de la ménopause étaient liées à leur sexes ? à leur
âge ? à leur proximité intime avec les phénomènes de ménopause ou d’andropause ? Il
aurait été alors intéressant de se rendre compte des différences de réponses par rapport
aux particularités individuelles du sexologue, jouant ou non un rôle dans sa prise en
charge en tant que praticien.
A l’issue de cette recherche, nous nous demandons également quel est le point de vue
des femmes ménopausées face à l’abord de ces différentes problématiques en
consultation? En ont-elles réellement besoin et envie ? Quelles sont leurs différentes
attentes face à cette consultation sexologique? L’abord des diverses problématiques
liées à l’âge et pas forcément à la ménopause tel que le départ des enfants est-elle
vraiment nécessaire?
De manière globale, nous pensons qu’il est important que les recherches scientifiques se
développent sur ce sujet. Certes, les conséquences de la ménopause au niveau
physiques, psychiques et sexuel ont été étudiés, et nous les connaissons, mais comment
les aborder face à une femme ménopausée ? Quelles approches privilégier ? Que
pouvons-nous développer pour prendre en charge ces femmes de la meilleure manière
qu’il soit possible ?
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CONCLUSION
Le manque d’études et d’informations liées à la prise en charge sexologique
particulière de la ménopause nous a conduit à réaliser un recherche nous permettant
d’acquérir des connaissances ainsi que des acquis sur cette problématique. En effet,
nous portions de l’importance à comprendre les différents aspects du phénomène qui est
la ménopause, afin de pouvoir directement les appliquer correctement en sexo-thérapie
et les prendre en charge de manière adéquate.
Notre question de recherche a été donc la suivante : Au sein de nos sociétés
Occidentales, quelles sont les particularités des séances sexo-thérapeutique à visée
cognitivo-comportementale chez des patientes ménopausées consultant pour
trouble du désir ?
L’objectif était donc de mettre en avant les spécificités de cette prise en charge afin que
les sexologues puissent se rendre compte des différents éléments à employer ou non, et
de recenser les divers aspects que nous devons souvent relever en tant que sexologue,
auprès de cette population.
La revue de la littérature nous a permis de nous rendre compte de la complexité de la
problématique de la ménopause et de la prise en charge cognitivo-comportementale du
désir sexuel hypoactif. Nous avons alors développer cinq différentes hypothèses ou
tendances qui nous ont permis de réaliser un guide d’entretien via celles-ci.
Au sein de notre partie empirique, l’approche qualitative a été utilisée avec la réalisation
de cinq entretiens semi-directifs qui ont été réalisés avec des sexologues spécialisés en
thérapie cognitivo-comportementale. Par la suite, la méthode de l’analyse thématique a
été utilisée. Après analyse, les résultats de l’étude ainsi que son interprétation nous ont
permis de nous familiariser avec les particularités de cette prise en charge. En effet,
nous avons pu nous attarder sur le phénomène de la ménopause, qui a autant d’impacts
psychiques que biologiques et qui évolue en parallèle avec les problématique liée à la
cinquantaine et au vieillissement du couple ou de la femme.
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Deuxièmement, la situation particulière que vit le partenaire de la femme ménopausée
mais aussi la relation conjugale avec notamment les adaptations et les changements
faisant face à cette période de vie a été abordés.
Par la suite, un dernier point reprenant les différentes spécificités de cette prise en
charge cognitivo-comportementale a été abordée et nous as permis d’acquérir en tant
que sexologue une vision plus large des différentes problématiques et aspects à
travailler lors des consultations. Que ce soit au niveau de l’image corporelle, des fausses
croyances ou des tabous, de l’éducation sexuelle liée au vieillissement physiologique,
de la dimension médicale de la ménopause, de la manière d’aborder le désir sexuel, le
travail sur la communication sexuelle ou l’adaptation de certains outils de sexo-thérapie,
les particularités existent et se font ressentir.
Il semble alors que les sexologues ne veulent pas catégoriser la ménopause comme étant
une période où la sexualité est problématique, bien au contraire, ils veulent démontrer
que les adaptations sont nécessaires mais que chaque étape de vie trouvera son rythme.
Ils ont alors mis en lumière les différents points à appuyer lors des consultations, pour
une prise en charge adéquate et satisfaisante, sans stigmatiser cette population, et sans
faire peur.
Afin de conclure, nous aimerions relever que bien que notre recherche comporte de
nombreuses limites, comme nous l’avons détaillé précédemment, nous pensons que ce
mémoire participe à l’évolution des connaissances dans la compréhension de la prise en
charge sexologique à visée cognitivo-comportementale du phénomène biologique et
social qui est la ménopause. Notre espoir se porte dorénavant sur les possibles futures
recherches que nous pouvons établir dans ce sens. En effet, cela permet aux
professionnels une meilleure compréhension de la ménopause, sous tous ses aspects,
d’un point de vue dépassant la théorie, se trouvant être la pratique et les cas concrets de
prise en charge sexologique.
Pour finir, nous tenons aussi à souligner l’enrichissement professionnel que ce travail
nous a apporté. Ce fut un réel plaisir de l’accomplir et de lui donne
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ANNEXE
Annexe 1
Basson (2001) : Alternative model of female Sex Response Cycle
Annexe 2
Lettre informative
Titre de l’étude : Ménopause, Désir sexuel hypoactif et thérapie cognitivocomportementale
Mémorante : Rigot Sophie / Promoteur : Hubin Alexandra / Co-promotrice :
Michaux Nathalie
Dans le cadre de notre mémoire à l’Université catholique de Louvain, nous réalisons
une étude qui a pour objectif de mettre en avant les particularités des séances
sexothérapeutiques
à
visée
cognitivo-comportementale
chez
des
patientes
ménopausées, consultant pour désir sexuel hypoactif dans nos sociétés occidentales.
Ce projet vise à mieux comprendre la prise en charge de ce trouble sexuel en temps de
ménopause.
Afin de récolter des données nécessaires à notre étude, il vous sera demandé de
répondre à un entretien semi-directif de 25 minutes par l’aide de SKYPE, qui nous
permettra de partager une visioconférence suite à un déplacement prolongé à
l’étranger.
Le questionnaire se comporte de questions ouvertes et fermées. Les questions ont été
formulés en veillant à ce que votre réponse soit libre. La prise du rendez-vous skype se
fera de part vos disponibilités, en dehors de nos heures de cours lors de notre semestre
d’échange à l’Université du Québéc à Montréal.L’ensemble de cette étude s’inscrit à
des fins scientifiques et dans le cadre d’une recherche de master en sciences de la
famille et de la sexualité menée par Sophie Rigot au sein de l’Université Catholique de
Louvain-la-neuve.
Nous vous remercions de votre participation et de votre attention future et nous nous
tenons à tout moment à votre entière disposition pour de plus amples informations.
Louvain La Neuve, le 24
novembre 2015
Annexe 3
Formulaire de consentement (personne majeure)
Désir sexuel féminin hypoactif , Ménopause et thérapie cognitivocomportementale
Mémorante : Rigot Sophie / Promoteur : Hubin Alexandra / Co-promotrice :
Michaux Nathalie
Description de la recherche :
Vous êtes invités à participer à une étude concernant les particularités des séances
sexothérapeutiques
à
visée
cognitivo-comportementale
chez
des
patientes
ménopausées, consultant pour désir sexuel hypoactif au sein de nos sociétés
occidentales. Cette recherche est menée par Sophie Rigot, étudiante en master de
sciences de la famille et de la sexualité et supervisée par Mme Hubin Alexandra,
docteur en psychologie et sexologue clinicienne, ainsi que Mme Michaux Nathalie,
gynécologue-obstétricienne et sexologue. Ce projet vise à mieux comprendre la prise
en charge de ce trouble sexuel en temps de ménopause, lors de consultations
sexologiques à visée cognitivo-comportementale.
1. Je soussigné, ……………, déclare avoir lu le document d’information et accepte
de participer à l’étude de Rigot Sophie.
2. J’ai reçu une explication concernant la nature, le but, la durée de l’étude et j’ai été
informé de ce qu’on attend de ma part. On m’a remis une copie de ce formulaire
de consentement éclairé, signé et daté, précédé d’un résumé de l’objectif de la
recherche.
3. Je suis libre de participer ou non, de remplir le questionnaire, complètement ou
non, d’abandonner ma participation à l’étude à tout moment sans qu’il soit
nécessaire de justifier ma décision et sans que cela n’entraîne le moindre
désavantage pour moi.
4. Les catégories de données qui seront utilisées dans le cadre de cette étude sont les
réponses que j’ai données aux questionnaires de l’enquête.
5. Je consens à ce que les entretiens de recherche soient enregistrés. Ces entretiens
sont la propriété des chercheurs et seront détruis au plus tard 6 mois après la fin de
la recherche. Je reconnais avoir été informé que ces enregistrements resteront
confidentiels et qu’ils serviront uniquement à la réalisation du mémoire.
6. Je peux à tout moment demander la consultation des données à caractère personnel
collectées ou leur rectification sans frais. La responsables du traitement de ces
données, soit Rigot Sophie, peut être contacté à l’adresse suivante : 3, impasse
Marcel Proust, 31700 Blagnac, France ou +33645968535.
8. Je consens de mon plein gré à participer à cette étude.
Je, soussignée, ……………………….., reconnais avoir lu le présent formulaire et
je comprend l’information qui m’a été communiquée pour que je puisse donner un
consentement libre et éclairé.
NOM (en toutes lettres) :…….
Signature :
Date :
A faire précéder de la mention manuscrite « lu et approuvé »
Annexe 4
Guide d’entretien semi-dirigé
Grille d’entrevue
Tout d’abord, merci d’avoir accepté de répondre à mes questions. Je suis donc Sophie
Rigot, mémorante et directrice de cette étude menée au sein de l’Université
Catholique de Louvain. Le thème de l’étude se trouve être l’hypodésir féminin en
temps de ménopause et la thérapie cognitivo-comportementale. Comme vous le savez,
l’entrevue portera sur les particularités de la prise en charge sexologique à visée
cognitivo-comportementale lorsque la consultation se déroule face à une patiente
ménopausée, souffrant de trouble du désir dans nos sociétés occidentales. Il est
important de vous rappeler le fait que l’entretien durera 25 minutes. Votre
participation sera présentée dans le travail. L’enregistrement vocal sera supprimé par
la suite. L’entrevue peut bien évidemment être arrêtée quand vous le souhaitez. Vous
êtes donc psychologue spécialisé en thérapies cognitivo-comportementales et
sexologue. Votre formation est précieuse pour la validité de notre étude qui se penche
sur la prise en charge sexologique à visée cognitivo-comportementale de la
problématique.
Question d’introduction
1. Si vous le souhaitez, parlez-moi de la problématique de la ménopause dans
votre métier en tant que sexologue. Pouvez-vous m’en dire d’avantage ?
Pouvez-vous me donner des exemples ?
2. Le désir sexuel féminin hypoactif est le premier motif de consultation de part
la gente féminine chez un sexologue. Avez-vous déjà abordé cette
problématique face à une femme ménopausée ?
Si oui :
-
De quelle manière l’abordez-vous ? (Par où commencer ? Quelles sont vos
priorités en tant que sexologue ? )
Si non :
-
Avez-vous une idée de comment vous l’aborderiez ?
Question de transition
3. Le désir sexuel étant multifactoriel, quelles sont (seraient), selon vous, les
dimensions du désir sexuel les plus préoccupantes face à une patiente
ménopausée souffrant de trouble du désir ? Pour quelles raisons ? Avez-vous
l’impression de devoir insister sur une composante en particulier ?
Questions clés
4. D’après notre revue de la littérature, l’image corporelle semble être au cœur
des préoccupations des femmes ménopausées, atteignant alors le désir sexuel.
Qu’en pensez-vous ?
5. Face à une consultation sexologique d’une femme consultant pour désir
féminin sexuel hypoactif, plusieurs outils issus de l’approche cognitivocomportementale sont accessibles pour travailler sur différentes dimensions du
désir. Prenons l’exemple du « sensate focus », ressentez-vous le besoin
d‘adapter ces exercices face à une patiente ménopausée ?
Si oui : De quelle manière ?
Si non : Proposez-vous alors certains exercices plus facilement à des femmes
ménopausée qu’à une autre population ?
6. Dans notre revue de la littérature, nous avons insisté sur le point suivant : La
ménopause et le vieillissement physiologique ont des conséquences sur la
sexualité féminine et masculine, parfois inconnus pour ces individus.
Concernant la sexualité des individus au delà de 50 ans : Pensez vous que
l’aspect éducatif allant de paire avec la restructuration cognitive des pensées
doit être plus fortement appuyé pour ces individus en particulier ?
Si oui :
-
Pourquoi ?
-
Comment ?
Si non :
-
Pourquoi ?
7. La manière d’interagir sexuellement influence le plaisir et par ailleurs le désir
sexuel. Pouvez-vous m’en dire plus sur cette affirmation face à une patiente
ménopausée souffrant de trouble du désir sexuel ?
Question de clôture
8. Est-ce qu’il y aurait d’autres aspects de la problématique que nous n’avons pas
abordé et qui vous semblent préoccupants ? Si oui, lesquels ?
Annexe 5
Entretien n°1
Mercredi 18 mai 2016 9H30-10H00
Question d’introduction
Si vous le souhaitez, parlez-moi de la problématique de la ménopause dans votre
métier en tant que sexologue. Pouvez-vous m’en dire d’avantage ? Pouvez-vous
me donner des exemples ?
« Rare sont les femmes qui viennent consulter spontanément pour une baisse
de désir liée à la ménopause. Quand elles viennent consulter pour cela c’est
souvent sous ce registre là : « mon mari se plaint de ». Ce sont alors les
femmes qui sont en difficultés. Et puis, il y a aussi les femmes qui ne sont pas
en difficulté avec la ménopause, mais celles-ci dans nos consultations nous ne
les voyons pas forcément. »
Le désir sexuel féminin hypoactif est le premier motif de consultation de part la
gente féminine chez un sexologue. Avez-vous déjà abordé cette problématique
face à une femme ménopausée ?
Si oui :
-
De quelle manière l’abordez-vous ? (Par où commencer ? Quelles sont
vos priorités en tant que sexologue ? )
« Le trouble du désir, effectivement, est le trouble le plus fréquent, mais dans
ma consultation, je ne trouve pas qu’il soit spécifique de la ménopause. Il y a
des femmes de tout âge qui viennent consulter là-dessus, pour moi l’approche
est la même.
Mais la seule différence à mettre en évidence c’est lorsque l’on rencontre les
femmes dans la soixantaine qui ont toujours eu des difficultés tout au long de
leur vie… Notamment des difficultés, je dirais, liées à l’anorgasmie coitale,
vont peut-être plus se plaindre effectivement de difficultés à la ménopause,
puisque non seulement elles n’ont jamais apprécié la pénétration, mais en plus
avec la ménopause, si elles n’ont pas de traitement hormonal substitutif, elles
vont se plaindre de douleurs. C’est vraiment la douleur qu’elles vont mettre en
avant mais pas forcément le trouble du désir. Parce qu’à la limite, le trouble
du désir, chez ces femmes-là, il a été assez constant. A mon avis, même pour
les femmes qui sont fonctionnelles avant la ménopause, elles disent bien qu’à
la ménopause la lubrification peut aussi se faire parfaitement bien, il y a après
une façon d’entrer en sexualité qui est un petit peu différente mais quand elles
sont fonctionnelles sexuellement cela pose aucun problème. »
Si non :
-
Avez-vous une idée de comment vous l’aborderiez ?
Question de transition
Le désir sexuel étant multifactoriel,
quelles sont (seraient), selon vous, les
dimensions du désir sexuel les plus préoccupantes face à une patiente
ménopausée souffrant de trouble du désir ? Pour quelles raisons ? Avez-vous
l’impression de devoir insister sur une composante en particulier ?
« Je pense que la dimension à travailler c’est effectivement le plaisir vaginal
en fait.. Le désir est multifactoriel c’est clair, mais le désir, parle aussi de la
capacité de se connecter à l’autre par le biais des sexes . Désirer l’autre c’est
aussi désirer l’autre dans son corps, dans son sexe, dans son vagin…Et quand
on a jamais développé le désir, je dirai, par ce moyen et bien ce même désir est
beaucoup plus facilement atteins…Alors que quand on connaît le plaisir
clitoridien, dans le contexte d’une relation de couple, je dirai que ca ne vient
pas nourrir le désir…C’est pas suffisant….
Et en général forcément.. comme la ménopause a entraîner autour de cette
baisse hormonale, la problématique de la lubrification…puisque le fait que le
vagin ne soit plus bien hydraté par l’apport oestrogénique, fait
qu’effectivement, il s’atrophie.
Et c’est cette atrophie du tissu qui empêche la lubrification. Et ca, souvent les
femmes ne le savent pas, de base… et ensuite secondairement je dirai que
comme elles n’ont jamais développé d’érotisme vaginal, ce sera beaucoup plus
impactant sur le désir, comme sur la fonction sexuelle. Ce serait alors ce
point-là qui serait alors plus spécifique d’un trouble du désir à la ménopause.
Ensuite, la ménopause est un moment particulier pendant la vie d’une femme,
avec les enfants qui peuvent partir de la maison… c’est le syndrôme du “nid
vide”, cela interroge aussi la relation… C’est vrai que si son partenaire a le
même âge, autour de la cinquantaine, il pourra aussi développer des troubles
de l’érection, soit avec des fantasmatiques on va dire de vie un peu plus
pimentée et pétillante…parce que dans la mesure où leur fonction sexuelle
physiologique est un peu fragile, ils compensent je dirai, avec tout ce qui ce
passe au niveau de la tête, donc on a assez souvent des hommes autour de la
cinquantaine qui peuvent avoir une excitation sexuelle fragilisée, qui ont
besoin de renforcer tout ce qui est excitation subjective et du coup il y a des
demandes de la part des femmes et cela créer un hiatus entre les deux. Entre
un homme qui veut qu’on invente des choses un peu différente ect.. et une
femme qui un peu avec ce syndrôme du “nid vide”, se sent un petit peu en
perte de fonction sociale et cela peut poser problème à ce moment là. Cela dit,
je repense à certaines femmes ménopausées que j’ai vu en consultation avec
cette problématique de désir dans leur premier couple et qui tout à coup font
une rencontre et puis alors là, youhou, ca marche du feu de dieux, et la
ménopause et la douleur ont complétement disparu. »
Questions clés
D’après notre revue de la littérature, l’image corporelle semble être au cœur des
préoccupations des femmes ménopausées, atteignant alors le désir sexuel. Qu’en
pensez-vous ?
« Bon, alors, je suis beaucoup avec des approches troisièmes vagues en TCC.
Alors, tout dépend si on se focus sur l’extérieur ou sur l’intérieur, afin de
prêter attention à tout ce qui se passe à l’intérieur de soi, dans l’écoute
intéroceptive. Si on se préoccupe des facteurs extérieurs, effectivement à la
ménopause, la peau est plus détendue ou le gras apparaît… si on se préoccupe
sur ce qui se passe là-haut, les pensées ect… bien-sûr que ca va entraver la
réponse sexuelle et on va avoir une fonctionnalité sexuelle qui va être
amoindrie. Tout le travail à faire, mais que ce soit avec les femmes
ménopausées ou autre, c’est savoir se départir de cette attention focalisée sur
les processus psychologiques pour apprendre à focaliser son attention sur ce
qui se passe dans le corps et dans sa génitalité. L’image corporelle pour moi
c’est the « faux problem », il y a une quantité de littérature car c’est vrai que
oui les cognitions des femmes c’est autour du corps et chez les hommes, autour
de la performance, mais soit on fait ce qu’on appelle en TCC une
restructuration cognitive des pensées et on va essayer de leur faire avoir une
autre posture, faire du recadrage ect.. il y a une réalité aussi, du corps qui
n’est plus le même. Donc vous allez pouvoir restructurez tant que vous voulez
autour des cognitions mais cela reviendra forcément car le corps s’est
transformé. Le vrai combat serait de travailler l’écoute sensorielle plutôt que
la cognitive. On va pouvoir leur apprendre ce que l’on veut mais cela
reviendra car le corps a changé.. pour un changement il faut alors se focaliser
sur les sensations, sur la caresse que l’autre me donne et non pas sur les
pensées. »
Face à une consultation sexologique d’une femme consultant pour un désir sexuel
hypoactif, plusieurs outils issus de l’approche cognitivo-comportementale sont
accessibles pour travailler sur différentes dimensions du désir. Prenons l’exemple
du « sensate focus », ressentez-vous le besoin d‘adapter ces exercices face à une
patiente ménopausée ?
Si oui : De quelle manière ?
Si non : Proposez-vous alors certains exercices plus facilement à des
femmes ménopausée qu’à une autre population ?
« Le sensate focus c’est un outil magnifique, à condition que l’attention soit
centrée sur le corps.. Et pour la ménopause, puisque dans cette mesure il y a
quand même une atrophie vaginale importante, on conseille aux femmes que
les préliminaires soient beaucoup plus long pour que la lubrification vaginale
ait le temps de passer à travers une paroi vaginale moins poreuse. C’est donc
parcourir lentement le sensate focus, à condition de focaliser sur le corps. Je
peux très bien juste écouter ce qu’il y a dans ma tête et alors cela ne servirait à
rien. On peut passer complétement à côté des bénéfices de la séance. Sinon je
ne propose pas certains exercices plus facilement… moi je fais pas de
distinction… Je vais doubler la prise en charge avec une sage-femme, avec une
gynécologue, pour aller vraiment travailler le substrat hormonal, les
douleurs… mais dans mon approche ce sera la même chose, donc franchement
je fais pas de différence. Ou à la limite il y aura juste l’impact conjugal qui
sera plus important comme j’ai dit précédemment et à la limite ce sera plus le
côté psy que sexo, réussir à les ré-axer à ce qui est important pour elles ,
qu’est-ce qui sera bien pour elles aujourd’hui, il y a le couple, la sexualité
mais quoi d’autre ? Et ce quoi d’autre il est quand même important pour se
sentir bien dans sa vie, et une femme a besoin de se sentir bien dans sa vie
pour pouvoir désirer et être désirer. Il faut pouvoir rayonner entre la vie
conjugale et sexuelle.
La cinquantaine, plus que la ménopause en elle-même c’est ce stade de la vie
en particulier… qui symbolise un peu le cycle de la vie avec les naissances, le
départ du premier enfant, la retraite ect…Effectivement, bien souvent cela
arrive en même temps que la ménopause et donc qu’est-ce qui fait encore sens
dans ma vie ? … pour se servir de cette puissance là pour aller nourrir ma
sexualité, je suis quelqu’un d’important, d’intéressant…Donc pour moi c’est
l’étape de vie qui est primordiale et importante…
Mais à mon avis, la ménopause en tant que facteur de détérioration de vie
sexuelle est une des croyances que l’on doit travailler.. Car pour les femmes
qui n’ont jamais eu de vie sexuelle riche et intéressante, la ménopause est
comme un prétexte pour ne pas y aller, de même manière que celles qui
viennent à moi car elles ont plus de désir pour leur compagnon, mais elles
savent pourquoi elles ont vécu un abus sexuel. L’abus sexuel est souvent
encore le refuge prétexte.. et ca comment on peut faire le distingo : « comment
c’était au début de votre rencontre ? » Si c’était satisfaisant et super, alors
c’était pas l’histoire de l’abus sexuel qu’il fallait bosser…Mais on revient
encore dans l’esprit troisième vague avec le fait que l’esprit cherche toujours
des réponses, une cause pour rentrer dans une cohérence à soi, et du coup on
peut trouver n’importe quoi : ca peut être la ménopause, ou l’abus sexuel…
Moi je suis formé en sexo-coporelle et il faut savoir que les modes d’excitation
sexuelles sont fonction des loi du corps : tonicité musculaire, mode de
respiration (abdominale, thoracique), mouvement ( manière avec laquelle on
bouge dans la sexualité), rythme.. Ces quatre lois s’harmonisent différemment
pour aboutir à différents modes d’excitation sexuelle qui vont aboutir à une
réponse sexuelle qui sera différente en terme d’orgasme et de plaisir. En
sexocorporelle, il faut faire différence entre l’orgasme (spasme + réaction
particulière qui est le plaisir) et l’orgaste (spasmes) et il existe des modes
d’excitation sexuelles qui se font dans une hypertonie massive avec un périnée
hyper contracté autour du vagin et ce qui explique que ces femmes là ne
sentent pas leur vagin mais ressentent leur tension et leur clitoris et cela
explique qu’à la ménopause elles auront plus de difficultés que les autres.
Parmi les mesures que l’on va mettre en place à la ménopause ce sera
d’élargir les modes d’excitation sexuelle donc mettre un peu moins de tonus,
mettre du mouvement, de la fluidité, ce qui permet à la lubrification de se
faire.. Voilà ce que je pense. Donc tout dépend de la vie sexuelle d’avant et
pour moi la ménopause c’est le faux prétexte. »
Dans notre revue de la littérature, nous avons insisté sur le point suivant : La
ménopause et le vieillissement physiologique ont des conséquences sur la sexualité
féminine et masculine, parfois inconnus pour ces individus.
Concernant la
sexualité des individus au delà de 50 ans : Pensez vous que l’aspect éducatif allant
de paire avec la restructuration cognitive des pensées doit être plus fortement
appuyé pour ces individus en particulier ?
Si oui :
-
Pourquoi ?
-
Comment ?
« En règle générale, la sexo-éducation fait partie de la prise en charge… par
contre effectivement on peut expliquer par rapport à la ménopause
l’hydratation vaginale. Cela est primordial à expliquer, le fait qu’elles sont
tout à fait capables de lubrifier correctement si le vagin est hydratée, si elles
prennent du temps ect, donc cela fait partie des informations de bases et sinon
c’est pareil qu’avec les autres femmes.. »
Si non :
-
Pourquoi ?
La manière d’interagir sexuellement influence le plaisir et par ailleurs le désir
sexuel. Pouvez-vous m’en dire plus sur cette affirmation face à une patiente
ménopausée souffrant d’un désir sexuel hypoactif ?
« Ce n’est pas sur la ménopause que je porterai l’attention mais sur l’âge car
50 ans et 70 ans ce n’est pas la même chose. Par exemple, j’ai une patiente de
75 ans, qui a des fuites urinaires et des désagréments, qui est en rééducation
avec une sage-femme, on va plutôt mettre l’accent sur le plaisir partagé qui va
un peu exclure la pénétration par exemple.
La sexualité c’est du plaisir partagé qui passe par le corps et donc en fonction
de l’âge et pas forcément de la ménopause on ira plus travailler cette croyance
là. Une femme a 50 ans peut avoir la même vie sexuelle qu’une femme de 30
ans… Des qu’on commence à avancer en âge après 60 cela ne va pas être la
même chose et pareil que pour les hommes. »
Question de clôture
Est-ce qu’il y aurait d’autres aspects de la problématique que nous n’avons pas
abordé et qui vous semblent préoccupants ? Si oui, lesquels ?
« Médiatiser ! Il faudrait médiatiser le fait qu’il n’y a pas tant de différences
que cela et que c’est plutôt ce qui s’est passé avant qui sera explicatif de ce qui
ce passera après. Parce que quand on regarde les magazines féminins, il y a
énormément d’articles sur la ménopause et la sexualité donc ca continue
d’implanter dans la tête des gens que la ménopause peut implanter un arrêt
dans la sexualité. Il y a quand même une spécificité importante dans la
sexualité féminine en général et peut-être plus importante dans la
problématique
de
la
ménopause,
c’est
le
désir
féminin
qui
est
fondamentalement différent du désir masculin, moi je me sers énormément du
modèle de Rosemary Basson…. Je l’explique à toutes mes patientes, et ce truc
là est peut-être encore plus important à la ménopause et dans cette tranche
d’âge là parce que bien-sûr c’est plus la passion amoureuse qui va amener
l’accès à la sexualité. Ca c’est la première chose, puis deuxième chose c’est
cette fausse croyance de l’association qui se fait dans la tête des gens entre
désir et excitation sexuel. Le désir c’est quelque chose de cognitif, l’excitation
sexuelle c’est quelque chose de physiologique. Hors, les femmes attendent
quoi ? Elles attendent d’avoir une pensée qui soit immédiatement associé à un
symptôme physique, à une excitation sexuelle et donc elles ont pas envie car
elles ne sentent rien en bas… et donc cela est particulier et fondamental à la
ménopause car encore plus pour ces femmes la lubrification se fait plus
lentement, chez elles encore plus que les autres, désir et excitation spontanée
sont deux choses dissociées. Et il faut pouvoir considérer le désir sexuel
uniquement dans sa part cognitive, anticiper le fait d’avoir un moment de
tendresse, de complicité, d’intensité, qui passera avec chaque cm2 avec ma
peau, ma peau est le vecteur relationnelle pour me rapprocher de mon
compagnon. Et non pas : ah ouai ca chauffe j’y vais : ca c’est de votre âge…..
(rire) Et donc le facteur fondamental pour pouvoir rentrer en sexualité c’est
pouvoir focaliser son attention au bon endroit sur ce qui se passe en bas et pas
forcément sur ce qui se passe là haut. Donc moi ce que je propose
fondamentalement dans mes prises en charge c’est le modèle de basson,
travailler la souplesse de l’attention pour focaliser sur le corps et travailler les
modes d’excitations sexuelle pour donner plus de plaisir sexuel..»
Entretien n°2
Jeudi 19 mai 2016 11H15-11H45
Question d’introduction
Si vous le souhaitez, parlez-moi de la problématique de la ménopause dans votre
métier en tant que sexologue. Pouvez-vous m’en dire d’avantage ? Pouvez-vous
me donner des exemples ?
« Alors moi je fais de la sexologie clinique de manière indépendante et c’est
une problématique que j’aborde très peu, parce que la plupart des mes
patientes ont vers 22 ans jusque 60 ans… la plupart des personnes plus âgées
sont des hommes. Maintenant au niveau de la ménopause, je crois que j’ai
deux patientes ménopausées dans mes consultations… »
Le désir sexuel féminin hypoactif est le premier motif de consultation de part la
gente féminine chez un sexologue. Avez-vous déjà abordé cette problématique
face à une femme ménopausée ?
Si oui :
-
De quelle manière l’abordez-vous ? (Par où commencer ? Quelles sont
vos priorités en tant que sexologue ? )
« Une de ces deux femmes m’a dit je veux pas mourir idiote, elle voulait savoir
si c’était normal de jamais avoir de désir, que malgré qu’elle ai eut trois
enfants, elle n’avait jamais souhaité avoir des relations sexuelles, elle en avait
car il « fallait » bien mais elle ne le souhaitait pas vraiment, elle venait par
curiosité et voir si c’était possible à son âge d’avoir du désir… »
Si non :
-
Avez-vous une idée de comment vous l’aborderiez ?
« Je pense qu’il y a une première chose concernant les changements du corps. Est-ce
que la personne s’est adapté au vieillissement ? Car je pense qu’en sexologie l’image
du corps est très importante pour le désir sexuel, donc voir si elle est encore à l’aise
avec son corps, si elle se trouve érotique, si elle a des moments où elle peut vraiment
érotiser son corps et se voir encore sexuée ou pas, vraiment parler de la ménopause.
Après il y a toute la problématique par rapport à la sécheresse vaginale, et c’est
vraiment quelque chose que je vois dans toutes mes consultations, et j’appuie donc
cette information.. »
Question de transition
Le désir sexuel étant multifactoriel,
quelles sont (seraient), selon vous, les
dimensions du désir sexuel les plus préoccupantes face à une patiente
ménopausée souffrant de trouble du désir ? Pour quelles raisons ? Avez-vous
l’impression de devoir insister sur une composante en particulier ?
«Je pense que le côté biologique est important mais comme je ne suis pas
gynécologue c’est pas moi qui vait le traiter. Mais je pense à mon sens que les
personnes ménopausées vont plus s’orienter vers les gynéologues… Dans mon
travail ce qui me semble très important à aborder c’est au niveau des
croyances par rapport à la sexualité des personnes vieillissantes. D’une part:
es-ce que ca vaut encore la peine de ré-ouvrir le désir? Je repense à une autre
patiente qui venait pour DSH à 55ans et c’est vrai qu’on a vraiment travailler
l’aspect motivationnel… Cela vaut – il la peine de travailler le désir ? Cette
personne avait depuis la ménopause des changements dans son travail, elle
voyait son mari tout le temps, elle était beaucoup plus en couple et là c’était un
très gros facteur à prendre en charge: la relation. Et donc avec mon âge, avec
ce que la société nous véhicule : avec le côté femme vieillissante qui n’est pas
forcément sexuée et qui n’a pas de libido mais il y a aussi tout une autre partie
où les femmes ménopausées voir pentionnée ont plus de temps et donc ont
l’occassion de redécouvrir ce désir.
Il est donc important de ne pas tomber dans quelque chose de noir et blanc, de
nuancer, d’adapter les situations et de se dire : ah beh tiens malgrè que mon
corps ne réagit pas vraiment comme avant, comment je peux faire pour l’aider
à être stimuler ? Et vraiment travailler la motivation. Je suis formé à
l’entretien motivationnel et je trouve très important de travailler cela pendant
une ou deux séance car certaines patientes sont envoyés par leur partenaire….
Et retrouver du désir quand on a pas ce besoin de le retrouver c’est difficile..
alors si on ajoute l’âge, les problèmes biologiques et les croyances érronées
cela rajoute énormement à la problématique. »
Questions clés
D’après notre revue de la littérature, l’image corporelle semble être au cœur des
préoccupations des femmes ménopausées, atteignant alors le désir sexuel. Qu’en
pensez-vous ?
« J’avoue que je me suis un peu renseigné sur le sujet par rapport à la
ménopause mais je suis pas surprise car c’est cela que je pensais mais je pense
qu’on peut le comparer à des femmes qui ont des complexes en étant jeunes. Le
meilleur moyen de pouvoir cultiver son désir sexuel c’est de pouvoir s’adapter
à travers les différentes périodes de vie, comme la ménopause en fait partie.
Spécifiquement, par rapport à l’image corporelle, je suis formé à la Pleine
Conscience et donc je l’utilise beaucoup par rapport à l’image corporelle car
la façon dont on voit notre propre corps n’est pas forcément la réalité et donc
on peut passer beaucoup de séances à les rassurer, mais cela ne marche pas
vraiment bien dans ce cas là… On va travailler plutôt tout l’aspect de
l’acceptation et de se dire que c’est une façon de voir les choses. Je l’ai fait
encore mardi dernier :c’est finalement de travailler sur le focus intentionnel ,
ne pas rester juste branché sur ce qui va pas, classiquement c’est le ventre
chez les femmes vieillissantes et donc cela n’est pas fonctionnel pour la
sexualité. C’est donc de rouvrir le champs de l’attention sur l’entièreté de la
relation, sur les caresses, tout ce qui se passe et pas de rester centrer sur làdessus. Le deuxième point est aussi d’apprendre à se regarder d’un autre point
de vue.
Dans la pleine conscience plus particulièrement, je commence vraiment à
travailler la respiration, le concept de bienveillance et de non-jugement est
alors important, et alors, dans cette optique là je leur propose de mettre leur
attention sur une partie de leur corps qu’elles aiment bien, sur les sentiments
qu’elles ressentent ect… et puis après sur une partie du corps qu’elles aiment
moins bien, si par exemple c’est les seins, de rester quelques instants sans se
juger sur cette partie là. Et puis cela permettra de comprendre qu’il y a une
flexibilité de l’attention.. Quand les personnes font cela elles comprennent bien
que si elles restent bloquer sur ce qu’elles aiment moins et bien elles auront
pas de désir qui va apparaître, ce ne sera pas possible, donc moi je travaillerai
plutôt avec cela, je trouve cela plus efficace car c’est très large. »
Face à une consultation sexologique d’une femme consultant pour un désir sexuel
hypoactif, plusieurs outils issus de l’approche cognitivo-comportementale sont
accessibles pour travailler sur différentes dimensions du désir. Prenons l’exemple
du « sensate focus », ressentez-vous le besoin d‘adapter ces exercices face à une
patiente ménopausée ?
Si oui : De quelle manière ?
Si non : Proposez-vous alors certains exercices plus facilement à des
femmes ménopausée qu’à une autre population ?
« Humm. Je réfléchis mais spontanément je n’ai pas l’impression. Ce serait
alors un cliché de dire que je vais prendre plus de temps avec le sensate focus
ou quoi car cela dépend vraiment du caractère de la personne. »
Dans notre revue de la littérature, nous avons insisté sur le point suivant : La
ménopause et le vieillissement physiologique ont des conséquences sur la sexualité
féminine et masculine, parfois inconnus pour ces individus.
Concernant la
sexualité des individus au delà de 50 ans : Pensez vous que l’aspect éducatif allant
de paire avec la restructuration cognitive des pensées doit être plus fortement
appuyé pour ces individus en particulier ?
Si oui :
-
Pourquoi ?
-
Comment ?
Si non :
-
Pourquoi ?
« Oui mais au niveau de comment le faire, on peut mettre en place une
adaptation pour ce cas-là. Ce n’est pas facile car il y a tellement de croyances
qui se développent… Il faut travailler sur les croyances de bases : est-ce que
j’ai le droit au plaisir ? Les patientes ménopausées qui sont chez moi en
consultation me parlent d’un univers où la recherche de plaisir dans la
sexualité n’est pas important. Hors dans nos sociétés aujourd’hui ce n’est plus
pareil, le bien-être est central finalement. Je pense que clairement quand on
fait de l’éducation sexuelle il ne faudrait pas tomber dans une erreur où
attention vous avez 50 ans…. Un homme sur trois a des troubles érectiles car
finalement ce n’est pas cela qui va déterminer la satisfaction sexuelle mais
c’est finalement comme la personne va le vivre et va s’adapter à cela. Il y a
des hommes qui ont des troubles érectiles mais qui s’adaptent complétement
super bien à ce problème quelque part ... Si on fait de l’éducation c’est centré
sur quelque chose de plus ludique, de le tourner positivement, comment
épanouir sa sexualité à travers les âges, je parle souvent de cela car je trouve
que c’est plus porteur que l’éducation par la peur. Moi je trouve cela
beaucoup plus porteur donc moi j’irai plutôt dans ce sens là plutôt que
d’expliquer qu’il va y avoir des problématiques qui peuvent apparaître.. oui
bien-sûr c’est une population à risque donc forcément il y a plus de trouble
organiques avec l’âge.. »
La manière d’interagir sexuellement influence le plaisir et par ailleurs le désir
sexuel. Pouvez-vous m’en dire plus sur cette affirmation face à une patiente
ménopausée souffrant d’un désir sexuel hypoactif ?
« Et bien voilà cela rejoins tout à fait ce que je disais tantôt par rapport aux
croyances. Ce qui est fondamental c’est d’apprendre aux femmes d’être proactive car d’une part cela va booster leur désir mais d’autre part cela va
prévenir les troubles érectiles chez leur partenaire car si madame était passive
pendant toute leur vie, là, la femme devrait être plus entreprenante, plus
proactive, qu’elle prennent des initiatives, qu’elle ose exprimer ses envies,
qu’elle ose proposer des positions différentes, qu’elle guide doucement son
partenaire aussi vers ce qu’elle aime bien… Donc travailler le fait d’être proactive car ce n’est pas finalement dans leur culture. Le fait d’être pro-active
c’est initier des choses avec elle ou son partenaire, c’est vraiment prendre les
devants, ne pas attendre que c’est monsieur qui vienne sur elle ou qu’elle se
fasse guider. C’est vrai qu’il y a beaucoup de femme qui vont aussi évaluer
leur désir trop tôt. Dès qu’il y a un petit contact intime qui n’est pas encore
forcément sexuel, elle vont se dire : ah ca y est.. Et donc elles ne laissent pas
l’opportunité à leur désir de se développer car c’est trop tôt. Si il n’y a pas
encore eu une proximité, des caresses, qu’elles soient érotiques, c’est alors
difficile car le désir a parfois besoin de temps pour se développer. »
Question de clôture
Est-ce qu’il y aurait d’autres aspects de la problématique que nous n’avons pas
abordé et qui vous semblent préoccupants ? Si oui, lesquels ?
« Je pense qu’il y a peut-être une chose auquel je pense c’est vraiment de
souligner le courage de ces femmes là et pas forcément les femmes
ménopausées mais celles aussi plus âgées qui viennent faire le premier pas en
consultation. Je pense à cette patiente de 70 ans qui vient faire le pas, elle était
dans une situation de désarroi et je trouve cela admirable. Elle se demande
pourquoi elle est venu consulter, c’est quelque chose d’historique dans sa vie.
Pour une personne de cet âge là c’est quelque chose de pas commun.. »
Entretien n°3
Samedi 21 mai 2016 11h00-11H30
Question d’introduction
Si vous le souhaitez, parlez-moi de la problématique de la ménopause dans votre
métier en tant que sexologue. Pouvez-vous m’en dire d’avantage ? Pouvez-vous
me donner des exemples ?
« La ménopause est d’autant un événement biologique qu’un événement
psychosocial, cela remue énormément de choses en matière d’image propre. Ce
que nous montre les enquêtes c’est qu’effectivement il y a de grosses difficultés
d’adaptation au niveau sexuel et puis elles viennent se résorber spontanément
comme une courbe en U. Je vous invite à réfléchir au fait que les problèmes liés à
la ménopause ne sont certainement pas insurmontables mais il s’agit d’un moment
relativement difficile pour la femme. Maintenant si le moment est difficile c’est
aussi car il peut y avoir quelques changements physiques également et cela va
nécessiter des adaptations. »
Le désir sexuel féminin hypoactif est le premier motif de consultation de part la
gente féminine chez un sexologue. Avez-vous déjà abordé cette problématique
face à une femme ménopausée ?
Si oui :
-
De quelle manière l’abordez-vous ? (Par où commencer ? Quelles sont
vos priorités en tant que sexologue ? )
Si non :
-
Avez-vous une idée de comment vous l’aborderiez ?
« Oui oui bien-sûr. En général il faut quand même effectuer un bilan hormonal car
effectivement la personne en est à ce niveau là et on peut aussi se poser la question
d’aménagement par traitements hormonaux notamment au niveau local, cela peut
aider mais c’est pas un élément totalement décisif. D’une certaine manière la
ménopause est un problème d’adaptation donc bien-sûr et évidemment la mise en
perspective des questions liées à l’image de soi, et aussi le moment de la ménopause
qui en lui-même est un moment particulier dans un processus de vieillissement qui va
interpeller la femme dans ces capacités de séduction, cela dépasse le caractère stricte
de la ménopause biologique pour s’inscrire dans un processus de vieillissement. Tout
en insistant aussi sur un travail sur les changements au niveau de la sécheresse
vaginal ect, quoiqu’il en soit j’irai interroger le script de la personne pour proposer
un rapprochement érotique dans un cadre qui lui convienne. »
Question de transition
Le désir sexuel étant multifactoriel,
quelles sont (seraient), selon vous, les
dimensions du désir sexuel les plus préoccupantes face à une patiente
ménopausée souffrant de trouble du désir ? Pour quelles raisons ? Avez-vous
l’impression de devoir insister sur une composante en particulier ?
« C’est très variable d’une personne à l’autre.J’attache une importance
fondamentale aux scripts sexuels avec le concept de normalité et aux gestes qui
en découlent. Quel que soit la difficulté ou le cadre il faut que cela pose
problème dans un cadre culturel et donc de manière général il faut toujours
retravailler ces scripts et le concept de normalité ainsi que les représentations
de la personne pour qu’elle puisse accèder à une sexualité d’une manière
satisfaisante. Mais il faut remarquer que toutes les cartes du diagnostic du
DSM recquièrent une souffrance particulière parce que on peut avoir un fait
unique mais si il n’y a pas de souffrance clinique personnelle et le travail du
sexologue comportementaliste est alors de relativiser ses exigences culturelles
en pouvant se rapprocher d’un autre type de plaisir et ne pas voir qu’à travers
les exigences culturelles. »
Questions clés
D’après notre revue de la littérature, l’image corporelle semble être au cœur des
préoccupations des femmes ménopausées, atteignant alors le désir sexuel. Qu’en
pensez-vous ?
« Je pense qu’elles sont totalement surfaites… On pourrait dire que d’une
certaine manière les hommes sont attachés à des stimuli visuels et que
globalement les plus alléchants pour un homme sont ceux d’une femme de 30
ans globalement, surtout au niveau médiatique.. On voit très bien que les
objets du désir sexuel sont changeant, à 30 ans ou à 50 ans… on peut se dire
c’est fort bien les formules alléchantes à se masturber en regardant une femme
de 30 ans mais dans la vraie vie si l’on met une jeunette de 30 ans avec un
homme de 60 ans, qu’est-ce qu’ils vont avoir à se dire ? pas grand chose… les
formes juvéniles ne sont pas les seuls éléments du désir de l’homme…
L’intimité est favorisée par l’expérience et une certaine homogamie. Cette
espèce de sur-médiatisation de la femme de 30 ans comme étant le « canon »
va probablement induire chez les femmes un certain malaises dans leur image
corporelle... »
Face à une consultation sexologique d’une femme consultant pour un désir sexuel
hypoactif, plusieurs outils issus de l’approche cognitivo-comportementale sont
accessibles pour travailler sur différentes dimensions du désir. Prenons l’exemple
du « sensate focus », ressentez-vous le besoin d‘adapter ces exercices face à une
patiente ménopausée ?
Si oui : De quelle manière ?
Si non : Proposez-vous alors certains exercices plus facilement à des
femmes ménopausée qu’à une autre population ?
« Non.. Franchement la réponse est non, le principe reste exactement le même.
Mais les différences d’approches seront différentes d’une femme à l’autre.. »
Dans notre revue de la littérature, nous avons insisté sur le point suivant : La
ménopause et le vieillissement physiologique ont des conséquences sur la sexualité
féminine et masculine, parfois inconnus pour ces individus.
Concernant la
sexualité des individus au delà de 50 ans : Pensez vous que l’aspect éducatif allant
de paire avec la restructuration cognitive des pensées doit être plus fortement
appuyé pour ces individus en particulier ?
Si oui :
-
Pourquoi ?
-
Comment ?
Si non :
-
Pourquoi ?
« Oui exactement ! Il y a toute une série de cognitions à faire disparaître…
Cela doit être relativisé quand les corps changent et la sensibilité change. Il y
a effectivement le fait qu’avec le vieillissement on est moins apetissant et
désirable mais l’homme peut aussi à ce moment là perdre de ses facultés
érectiles et donc à ce moment là cela peut être interprété par la partenaire
comme étant une sorte de désamour à son égard et donc des quiproquos
peuvent s’installer à cette période et donc on va devoir dénouer des choses
préférentiellement en couple. C’est toujours plus simple de travailler en
couple… »
La manière d’interagir sexuellement influence le plaisir et par ailleurs le désir
sexuel. Pouvez-vous m’en dire plus sur cette affirmation face à une patiente
ménopausée souffrant d’un désir sexuel hypoactif ?
« Plaisir et désir sont des dimensions liées.. Dans la cinquième version du
DSM cela est commun et nous renvoi au modèle circulaire de Basson avec ce
fameux désir circulaire. Ce qui est intéressant c’est que chez les personnes
ayant ces troubles du plaisir/désir, on observe que physiologiquement la
réponse sexuelle n’est pas différente que les personnes sans problématique.
Dans ces conditions on peut se poser la question si la pleine conscience peut
être mise en avant.. »
Question de clôture
Est-ce qu’il y aurait d’autres aspects de la problématique que nous n’avons pas
abordé et qui vous semblent préoccupants ? Si oui, lesquels ?
« A priori, je ne vois pas.. Bonne chance pour vos travaux ! »
Entretien n°4
Lundi 23 mai 2016 11H-11H30
Question d’introduction
Si vous le souhaitez, parlez-moi de la problématique de la ménopause dans votre
métier en tant que sexologue. Pouvez-vous m’en dire d’avantage ? Pouvez-vous
me donner des exemples ?
« Ok.. Donc lorsque la problématique de la ménopause arrive dans mes
consultations, c’est principalement pour moi en terme de dyspareunie, et de
DSH et donc en fait le premier objectif est de voir si c’est le DSH qui a
provoqué les dyspareunie ou la dyspareunie qui a provoqué le DSH. »
Le désir sexuel féminin hypoactif est le premier motif de consultation de part la
gente féminine chez un sexologue. Avez-vous déjà abordé cette problématique
face à une femme ménopausée ?
Si oui :
-
De quelle manière l’abordez-vous ? (Par où commencer ? Quelles sont
vos priorités en tant que sexologue ? )
Si non :
-
Avez-vous une idée de comment vous l’aborderiez ?
« Effectivement lorsque je l’aborde, la première chose que je met en place
c’est les outils de type comportemental et donc je vais vraiment travailler sur
la multi-causalité du DSH et j’utilise un schéma qui s’appelle les portes de la
baisse de désir et donc j’interroge les patientes sur une multitude de sujet afin
de voir comment la personne le vit…et donc j’avoue qu’il y a des femmes
ménopausées qui n’ont pas de difficulté lié à leur désir sexuel et qui ont même
une hausse du désir sexuel, du fait d’être plus à l’aise, de plus prendre de
contraceptif…
Pour celles qui ont un trouble avec leur désir, les portes qui sont fermées dans
le schéma ou les causes sont principalement liées à l’image corporelle et alors
aussi une perte de bien-être car elles ont un bien-être général qui a diminué
ainsi que le fait que les enfants ont grandi et qu’elles se retrouvent peut-être
seul avec leur partenaire et ces facteurs non sexuelles vont avoir des
répercussions directes sur la sexualité. »
Question de transition
Le désir sexuel étant multifactoriel,
quelles sont (seraient), selon vous, les
dimensions du désir sexuel les plus préoccupantes face à une patiente
ménopausée souffrant de trouble du désir ? Pour quelles raisons ? Avez-vous
l’impression de devoir insister sur une composante en particulier ?
« Alors je réflechis… Moi je dirais que c’est vraiment la composante
personelle parce qu’il y a vraiment les changements hormonaux, physiques et
coporelles et alors aussi les changements d’identité qui a aussi son
importance.. Je pense que dans les témoignanges de mes dernières patientes,
elles expliquent vraiment qu’il y a aussi la fatigue, des choses dont elles ne s’y
attendaient pas du tout, et aussi la difficulté que leur mari ont du mal à
comprendre ces nouveaux changements… j’invite souvent le partenaire à venir
à une séance pour lui expliquer les changements liés à la ménopause ainsi
qu’à sa femme.. »
Questions clés
D’après notre revue de la littérature, l’image corporelle semble être au cœur des
préoccupations des femmes ménopausées, atteignant alors le désir sexuel. Qu’en
pensez-vous ?
« Oui.. pour qu’il y ai du désir dans un couple il faut d’abord se désirer soimême je pense et donc c’est important de travailler avec les femmes pour se
trouver belle autrement et donc effectivement on essaie avec les thérapies
cognitivo-comportementales de travailler sur comment s’auto-préparer afin de
se sentir plus désirable et pouvoir prendre plus d’initiative.. car on a remarqué
avec la ménopause que les femmes prennent moins d’initiative, elle se ferme un
peu , ce qui est un élément du trouble du désir sexuel. En fait avec les femmes
je parle concrètement de désir construit et du désir totalement pulsionnel. Cet
pulsion est parfois compliqué alors les femmes, alors pour les femmes
ménopausées cela peut l’être encore plus.. et donc on part du principe que ce
désir doit se construire et qu’on doit l’accepter.. on peut aussi apprendre à
être excité et le désir apparaîtra alors après l’excitation. »
Face à une consultation sexologique d’une femme consultant pour un désir sexuel
hypoactif, plusieurs outils issus de l’approche cognitivo-comportementale sont
accessibles pour travailler sur différentes dimensions du désir. Prenons l’exemple
du « sensate focus », ressentez-vous le besoin d‘adapter ces exercices face à une
patiente ménopausée ?
Si oui : De quelle manière ?
Si non : Proposez-vous alors certains exercices plus facilement à des
femmes ménopausée qu’à une autre population ?
« Oui …L’idée c’est vraiment au niveau des parties du corps à être caressé, je
pense que la femme ménopausée à des zones érogènes différentes et elle doit
d’abord elle-même les comprendre et donc c’est vrai que je peux vraiment
proposer l’effet miroir. Je propose de caresser l’autre comme il voudrait être
caresser et puis la femme commence par exemple et le conjoint reproduit et
cela permet d’ajouter une donnée au sensate focus de vraiment pouvoir chacun
l’autre se caresser là ou on aimerait réellement. Je pense que justement parce
que l’image corporelle a changé et il y a des parties du corps où la femme se
sent moins à l’aise d’être caressée et donc certains hommes vont continuer à
caresser des zones qu’il caressait il y a deux trois ans ou six mois mais la
femme l’acceptant moins, elle peut être coincé et l’homme ne comprendra pas
comme il l’a caressé avant comme cela.. et là je pense principalement au
ventre.. »
Dans notre revue de la littérature, nous avons insisté sur le point suivant : La
ménopause et le vieillissement physiologique ont des conséquences sur la sexualité
féminine et masculine, parfois inconnus pour ces individus.
Concernant la
sexualité des individus au delà de 50 ans : Pensez vous que l’aspect éducatif allant
de paire avec la restructuration cognitive des pensées doit être plus fortement
appuyé pour ces individus en particulier ?
Si oui :
-
Pourquoi ?
-
Comment ?
Si non :
-
Pourquoi ?
« Vraiment, tout à fait .. et puis il y a de chouettes revues qui commencent à
sortir sur la sexualité des seniors en général, le terme est peut-être un peu fort
mais moi je leur propose de la lire et alors on en rediscute ensemble, pour
briser leurs tabous. Et puis le gros changement c’est les hommes qui ont 50
ans et qui ont une nouvelle vie sexuelle, suite à une nouvelle partenaire et donc
leur tête est ok mais par forcément leur corps… qui ne suit pas toujours et
donc je pense qu’ils doivent vraiment comprendre et expliquer à leur
partenaire que c’est pas qu’ils n’ont pas envie mais que le corps parle aussi …
et que ce soit pour la femme ménopausée mais aussi pour les hommes d’un
certain âge pouvant avoir des troubles érectiles .. »
La manière d’interagir sexuellement influence le plaisir et par ailleurs le désir
sexuel. Pouvez-vous m’en dire plus sur cette affirmation face à une patiente
ménopausée souffrant d’un désir sexuel hypoactif ?
« Je ne sais pas si il y a une grande différence entre les femmes ménopausées
et les autres mais c’est clair qu’il y a un lien clair entre les femmes qui ont le
plus de désir et qui sont le plus participative et donc là où je vais plus
travailler avec les femmes ménopausées c’est d’apprendre encore à mieux se
connaître et d’oser communiquer et guider leur partenaire vers où elles
veulent aller afin d’affirmer un peu plus leurs envies sexuelles parce que
comme elles ont besoin un petit peu plus d’excitation que les autres ( pas
toujours…) c’est important d’être un petit peu plus égoïste afin d’aller vers des
positions et des caresses qui leur plaisent d’avantage… et donc c’est
clairement la communication intime qu’il faut développer d’avantage.. de
nouveau car le partenaire ne risque de pas comprendre pourquoi la femme
veut plus ca qu’une autre chose… »
Question de clôture
Est-ce qu’il y aurait d’autres aspects de la problématique que nous n’avons pas
abordé et qui vous semblent préoccupants ? Si oui, lesquels ?
« Et bien je pense que.. souvent les femmes ménopausées qui viennent chez
moi, elles ont une éducation sexuelle qui est très pauvre et donc je pense que
c’est important de reprendre la base car le problème peut–être accentué si
effectivement il y a peu de communication et beaucoup de tabou et alors j’ai
des phrases : « je suis ménopausée donc c’est fini… » et donc je passe
énormément de temps à travailler pour déconstruire ces fausses croyances,….
Pour pouvoir après seulement travailler le désir, l’excitation et le rapport
sexuel en tant que tel. »
Entretien n°5
Mercredi 8 juin 2016 9H00-9H30
Question d’introduction
Si vous le souhaitez, parlez-moi de la problématique de la ménopause dans votre
métier en tant que sexologue. Pouvez-vous m’en dire d’avantage ? Pouvez-vous
me donner des exemples ?
« J’ai deux cas de figure, soit la ménopause se passe de manière tout à fait
banale et c’est bien intégré et cela ne leur pose pas de soucis, soit elles
rencontrent des difficultés liée à cette période de la vie qui est bouleversante et
que tout ne monde ne traverse pas de la même manière… »
Le désir sexuel féminin hypoactif est le premier motif de consultation de part la
gente féminine chez un sexologue. Avez-vous déjà abordé cette problématique
face à une femme ménopausée ?
Si oui :
-
De quelle manière l’abordez-vous ? (Par où commencer ? Quelles sont
vos priorités en tant que sexologue ? )
Si non :
-
Avez-vous une idée de comment vous l’aborderiez ?
« Dans les consultations gynécologiques elles l’amènent pas spécialement
mais en consultation sexologiques bien évidemment si. Au niveau de l’entretien
du trouble du désir en temps de ménopause je vais évaluer l’antériorité, et je
vais insister au niveau du couple, si leur relation se passe bien, leur mode de
vie, leur sexualité, la place du partenaire dans ce trouble du désir, est-ce qu’il
y a une dysfonction sexuelle chez le partenaire ? Et puis en fonction des
réponses je vais voir comment commencer, soit je commence d’une manière
individuelle soit d’une manière thérapie conjugale. »
Question de transition
Le désir sexuel étant multifactoriel, quelles sont (seraient), selon vous, les
dimensions du désir sexuel les plus préoccupantes face à une patiente
ménopausée souffrant de trouble du désir? Pour quelles raisons ? Avez-vous
l’impression de devoir insister sur une composante en particulier ?
«L’âge… le corps qui change, et le rapport à leur coprs. La ménopause peut se
passer d’une manière linéaire ou bien cela sera un état de remise en question
pseudo-dépressif avec ce rapport au corps, ce sentiment de vieillir et ce
sentiment d’incompétence qui vient ensuite avec bien évidemment la
problématique de la prise de poids et de l’image corporelle. »
Questions clés
D’après notre revue de la littérature, l’image corporelle semble être au cœur des
préoccupations des femmes ménopausées, atteignant alors le désir sexuel. Qu’en
pensez-vous ?
« C’est une préoccupation importante mais je pense que ce n’est pas la seule
problématique. C’est une problématique de cap, de période, de remise en
question, il y a une certaine vulnérabilité qui s’explique par la composante
psychologique et pas simplement par l’approche biologique. Pour ma part, je
suis médecin et je propose le traitement hormonal substitutif systématiquement
mais les femmes sont de plus en plus réticentes à le prendre, il y a de grandes
craintes par rapport à cela. »
Face à une consultation sexologique d’une femme consultant pour un désir sexuel
hypoactif, plusieurs outils issus de l’approche cognitivo-comportementale sont
accessibles pour travailler sur différentes dimensions du désir. Prenons l’exemple
du « sensate focus », ressentez-vous le besoin d‘adapter ces exercices face à une
patiente ménopausée ?
Si oui : De quelle manière ?
Si non : Proposez-vous alors certains exercices plus facilement à des
femmes ménopausée qu’à une autre population ?
« Effectivement pour les patientes ayant des sécheresses vaginales
importantes.. je vais axer beaucoup plus sur la période d’excitation, les
fantasmes et l’imaginaire afin qu’elles puissent mettre en place cette phase
d’excitation adéquate pour avoir une lubrification maximale. Je vais mettre
l’accent sur l’investissement personnel qu’elles vont mettre en avant, en
insistant sur l’importance de leur motivation, et qu’elles soient vraiment dans
le moment présent pour créer du désir et que l’excitation se mette en place plus
rapidement. »
Dans notre revue de la littérature, nous avons insisté sur le point suivant : La
ménopause et le vieillissement physiologique ont des conséquences sur la sexualité
féminine et masculine, parfois inconnus pour ces individus.
Concernant la
sexualité des individus au delà de 50 ans : Pensez vous que l’aspect éducatif allant
de paire avec la restructuration cognitive des pensées doit être plus fortement
appuyé pour ces individus en particulier ?
Si oui :
-
Pourquoi ?
-
Comment ?
Si non :
-
Pourquoi ?
« Oui je pense qu’il faut arriver à banaliser la ménopause. Ce n’est pas un
arrêt de la sexualité, il y a des réadaptations, des évaluations, il y a une
évolution de la sexualité et rien n’est figé. Je les rassure et je leur dis aussi que
c’est normal que les troubles érectiles soient peut – être plus fréquent avec
leur partenaire d’un certain âge et j’insiste aussi beaucoup sur
l’investissement c’est à dire que si avant il y avait un aspect plus mécanique
pour l’homme, c’est le moment d’être plus dans l’érotisme, dans l’affect, dans
la sensualité plus que dans le mécanisme. C’est une manière pour eux de
découvrir une autre sexualité et de l’enrichir… »
La manière d’interagir sexuellement influence le plaisir et par ailleurs le désir
sexuel. Pouvez-vous m’en dire plus sur cette affirmation face à une patiente
ménopausée souffrant d’un désir sexuel hypoactif ?
« Il faut l’appuyer car c’est d’arriver à être dans le moment, être à l’écoute de
son corps et de croire à ce désir qui va pouvoir se mettre en place car il y a
une relation passé satisfaisante, un rapport à leur corps qui est satisfaisant, et
que leur vécu du moment sera optimal si je peux dire, et si elles apprennent à
écouter leur corps de manière plus attentivement, plus sensuellement, cela leur
donnera plus envie d’avoir d’autres rapport et cela entraînera un cycle.. »
Question de clôture
Est-ce qu’il y aurait d’autres aspects de la problématique que nous n’avons pas
abordé et qui vous semblent préoccupants ? Si oui, lesquels ?
« Ou bien elles l’intègrent, ou bien alors c’est effectivement une difficulté et là
tout va se jouer, le rapport avec elles-mêmes, avec leur partenaire mais aussi
avec leur corps… mais globalement par rapport à la ménopause j’essaye au
maximum de banaliser les choses, c’est un moment à elle, un moment un peu
différent, et au niveau de la sexualité, l’affectivité, la sensualité, elles ont à
s’adapter et être à l’écoute de leur corps et de l’autre… Après la difficulté va
se faire beaucoup plus chez les femmes qui ont des bouffées de chaleur, et là
effectivement il y a une qualité de vie globale et physiologique qui entrave la
sexualité et c’est vrai que certaines femmes sont très gênées par ces réveils
nocturnes ect… Comme certaines ayant des sécheresses vaginales très
importantes mais cela n’est pas le commun.. Après j’insiste beaucoup
beaucoup sur le couple, avec des réaménagements, le départ des enfants… un
travail sur la communication. Alors je vais travailler sur quelque chose de
strictement individuel si elle préfère mais j’aime assez facilement de voir le
partenaire, cela les oblige aussi à prendre conscience que c’est à deux de se
prendre en charge et que la ménopause c’est une histoire de couple, de
réaménagement, et d’adaptation à deux. »
Les conséquences physiques, psychiques, sociales de la ménopause, et plus
particulièrement les conséquences sexologiques de ce phénomène semblent bien
connues. Cependant, la prise en charge sexologique, d’un désir sexuel hypoactif en
temps de ménopause, peut s’avérer complexe à traiter en consultation. Toutefois, les
recherches n’ont que peu documenté les différents aspects à aborder en consultation, et
les points sur lesquels nous nous devons d’être vigilant. C’est alors que notre question
de recherche se trouve être la suivante : Au sein de nos sociétés Occidentales, quelles
sont les particularités des séances sexo-thérapeutiques à visée cognitivocomportementale chez des patientes ménopausée consultant pour trouble du désir ? La
recherche que nous avons établi a été menée dans une perspective qualitative. Nous
avons alors réalisé des entretiens semi-directifs avec des sexologues spécialisés en
thérapie cognitivo-comportementales, pour se rendre compte des points sur lesquels ils
appuyaient lors de leurs consultations. La méthode de l’analyse thématique a ensuite
été exploitée pour analyser les résultats. Ces derniers montrent alors que les
particularités de cette prise en charge sont bel et bien existantes, mais aussi que ces
dernières touchent à des spécificités de la femme ménopausée dans un premier temps
,mais tout aussi bien à celles son partenaire, ainsi que la relation conjugale.
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