É C H O S D E S Y M P O S I U M Hépatite C et non-réponse : des solutions es progrès majeurs ont été réalisés durant ces quinze dernières années dans le diagnostic, l’histoire naturelle et le traitement des patients atteints d’hépatite chronique C. Le traitement de référence associe l’interféron pégylé à la ribavirine. Une réponse virologique prolongée, définie par l’absence d’ARN viral 6 mois après la fin du traitement et presque synonyme de guérison, est obtenue chez plus de la moitié des patients. Malgré ces avancées thérapeutiques, près de 50 % des patients, principalement des porteurs du virus C de génotype 1, sont considérés comme non répondeurs virologiques ou rechuteurs à une bithérapie bien conduite (1-3). D Réponse partielle (4 %) Répo nse le nte (≈ 24 %) > 0,5 > 2,0 Réponse rapide (≈ 64 %) ETR 6 Zeusem S et al. J Hepatol 2005;43:250-7. D’après la communication de V. de Ledinghen (hôpital Haut-Lévêque, Bordeaux) L’étude des cinétiques précoces de la réplication virale chez des patients traités par bithérapie montre que 64 % sont des “répondeurs rapides”, c’est-à-dire présentant une diminution marquée de leur charge virale dès les premières semaines du traitement, alors que 24 % ont une réponse réelle mais lente au cours des 24 premières semaines de traitement. Seuls 8 % des patients n’ont pas de variation de leur charge virale au cours des 6 premiers mois de traitement, et correspondent ainsi à de “vrais non-répondeurs”, tandis que 4 % présentent une réponse partielle avec une diminution modeste de la charge virale, d’environ 0,5 log10 (diapositive 1) (4). Les patients jugés “non répondeurs” pourraient donc ne pas être si nombreux, et certains le sont probablement plus du fait d’une insuffisance thérapeutique, liée à une dose, à une durée et/ou à une adhésion au traitement inadaptées, que du fait d’une résistance virale. L’issue virologique du traitement antiviral peut être estimée par l’existence d’une réponse virologique à la douzième semaine de traitement, définie par une diminution d’au moins 2 log10 de la charge virale préthérapeutique ou par un ARN viral indétectable dans le sérum. Elle est observée chez 86 % des malades traités (tous génotypes confondus). Chez ces patients, la probabilité d’une 52 Pas de réponse (≈ 8 %) 0 1 Mois 270 malades naïfs Pegasys® 180 µg + Copegus® 1 000/1 200 mg/j EXISTE-T-IL DES NON-RÉPONDEURS ? * Service d’hépato-gastroentérologie, CHU Nancy-Brabois. VL decrease (log copies/ml) ● H. Barraud* Diapositive 1. Cinétiques virales précoces sous traitement par PEG-IFNα2a + ribavirine. S12 Oui RVP 65 % NR 35 % RVP 3% NR 97 % 86 % Chute de 2 log10 ou ARNNon 14 % Fried MW et al. NEJM 2002;347:975-82. Diapositive 2. Priorité aux 3 premiers mois. réponse virologique prolongée est de 65 %. À l’inverse, la probabilité de réponse virologique prolongée chez les patients non répondeurs à la douzième semaine de traitement est quasi nulle, voisine de 3 % (diapositive 2) (1). Ces données indiquent qu’une priorité doit être accordée aux trois premiers mois, tout devant être mis en œuvre pour optimiser le traitement durant cette période, aussi bien en termes de dose d’interféron et de ribavirine qu’en termes de gestion des effets indésirables. La lettre de l’hépato-gastroentérologue - n° 1 - vol. IX - janvier-février 2006 É C H O S D E S Comment diminuer le nombre de malades non répondeurs ? Commencer un traitement antiviral n’est jamais une urgence. L’annonce du diagnostic a déjà été un stress, le diagnostic de nonréponse en est certainement un autre. Il faut savoir tenir compte de la vie familiale (naissance, divorce, maladie de l’entourage, etc.) mais aussi professionnelle du patient (promotion, licenciement, déménagement, etc.), afin de déterminer le moment le plus opportun pour débuter le traitement, sans pour autant attendre la progression de la fibrose… Il est important de rechercher d’éventuels facteurs de mauvais pronostic, tels que l’âge avancé, le sexe masculin, un indice de masse corporelle élevé, une infection par un virus de génotype 1 ou 4, une forte charge virale, l’existence d’une stéatose et/ou d’une fibrose sévère. Parmi ces facteurs, certains sont liés à une insulinorésistance et doivent être pris en charge avant le début du traitement (5). La biopsie hépatique peut alors être utile, pour différencier les lésions liées au virus et une stéatose hépatique non alcoolique. Un régime hypocalorique associé à la pratique quotidienne d’exercice physique en cas de surpoids ainsi que l’interruption d’une éventuelle consommation excessive d’alcool sont aussi importants à considérer avant l’initiation du traitement que la prise en charge d’un diabète et/ou d’une dyslipidémie. Une fois le traitement débuté, il s’agira de tout mettre en œuvre pour ne pas avoir à l’interrompre ou même à diminuer les doses, 70 60 Interféron retard + ribavirine : 50 80 % de la dose 40 30 20 10 0 63 Y M P O S I U et permettre ainsi au patient de conserver le maximum de chances de réponse virologique prolongée. L’objectif est de maintenir le traitement à plus de 80 % de la dose de départ, pour l’interféron pégylé comme pour la ribavirine (6). Il a en effet été clairement montré que plus la posologie de la ribavirine était faible, plus les chances d’éradication virale prolongée étaient faibles (7) (diapositives 3 et 4). L’adhésion au traitement doit être impérativement favorisée, d’où l’importance de bien évaluer au préalable les comorbidités et les éventuelles contre-indications (8). Il faut savoir aborder le problème de l’abstinence alcoolique, favoriser les rencontres mensuelles, s’aider de la famille, des infirmières, enfin gérer au mieux chaque effet lié à l’administration du traitement antiviral. Parmi eux, l’anémie représente la première cause d’interruption du traitement antiviral, et induit la réduction de la posologie de la ribavirine (hémoglobine < 10 g/l) dans 15 à 22 % des cas (1, 3, 9). La prescription d’érythropoïétine peut permettre de maintenir la posologie de la ribavirine à plus de 80 % de la dose nécessaire, et ainsi d’accroître les chances de réponse virologique prolongée chez les patients traités (10). Une étude rétrospective effectuée chez 201 patients de génotype 1 a en effet montré un taux de réponse virologique prolongée de 71 % versus 43 % chez les patients ne bénéficiant pas d’injections d’érythropoïétine; en outre, une amélioration de la qualité de vie a été mise en évidence chez les patients traités par érythropoïétine (11) (diapositives 5 et 6). Le rapport coût/effica- p = 0,04 70 60 50 40 30 20 10 0 52 < 80 % > 80 % Réponse virologique prolongée p = 0,01 66 57 45 0 > 97 % 80-97 % 100 88 Diapositive 4. Ribavirine : les 12 premières semaines sont essentielles ! p < 0,001 60 • EPO ou placebo si Hb < 12 g/dl 40 80 60 20 • Amélioration de la qualité de la vie (SF36) p < 0,001 • N = 201 60 • Génotype 1 40 • Étude rétrospective 0 71 43 20 0 EPO Placebo Maintien de la dose de ribavirine Coût/efficacité ? Afdhal NH et al. Gastroenterology 2004:126:1302-11. Diapositive 5. Effet de l’EPO sur la dose de ribavirine. p = 0,01 100 80 • Interféron + ribavirine < 60 % Reddy KR et al. EASL 2005. Mc Hutchinson JG et al. Gastroenterology 2002;123:1061-9. • N = 185 60-80 % Réponse virologique prolongée en fonction de la dose de ribavirine reçue durant les 12 premières semaines de traitement. Génotypes 1 : si 80 % de la durée du traitement, réponse virologique prolongée : 51 % versus 34 % (p = 0,01) Diapositive 3. Essayer de maintenir les doses > 80 %. M EPO Abstention Réponse virologique prolongée Zubair S et al. DDW 2005. Diapositive 6. Érythropoïétine et réponse virologique prolongée. La lettre de l’hépato-gastroentérologue - n° 1 - vol. IX - janvier-février 2006 53 É C H O S D E S Y cité reste encore à évaluer. Un essai multicentrique randomisé (PEGEPO) comparant l’utilisation ou non de l’epoetin ß chez des patients atteints d’hépatite chronique virale C et traités par bithérapie est actuellement en cours, coordonné par F. Lunel. Une neutropénie peut également être induite par le traitement antiviral ; une seule étude rétrospective a évalué l’efficacité du G-CSF chez 9 patients de génotype 1 ; le taux de réponse virologique prolongée n’était pas significativement différent chez les patients recevant du G-CSF et chez ceux n’en bénéficiant pas (11). À ce jour, il n’y a donc pas de recommandation pour sa prescription lors du traitement d’une hépatite chronique C. La place d’un agoniste des récepteurs de la thrombopoïétine dans le traitement des thrombopénies induites par le traitement antiviral mérite également d’être précisée ; c’est l’objet d’une étude de phase II, dont le promoteur est GlaxoSmithKline. Les troubles de l’humeur et la dépression sont fréquents au cours du traitement antiviral ; leur incidence varie de 20 à 39 % ; ils surviennent principalement pendant les 12 premières semaines de traitement (87 %) (1, 2, 12-14). Leur dépistage (et leur traitement) est essentiel avant de débuter la bithérapie, dans la mesure où ils risquent de se majorer et d’induire une mauvaise adhésion au traitement. Une étude portant sur 14 malades traités par paroxétine (20 mg/j) en cas de dépression a montré que 79 % des patients étaient parvenus au terme du traitement antiviral ; les différents scores psychiatriques s’étaient en outre améliorés (15). Il a également été observé qu’un traitement préventif par citalopram (20 mg/j) administré chez 14 malades ayant des antécédents psychiatriques permettait de diminuer significativement la fréquence de la dépression (14 %, contre 64 % dans le groupe non traité) (16). Une étude multicentrique randomisée, ParoPEG (ANRS), réalisée en double aveugle et coordonnée par J.P. Bronowicki (Nancy), débute actuellement ; son objectif est d’évaluer l’efficacité de la paroxétine dans la prévention du syndrome dépressif chez des patients traités pour une hépatite chronique C. Faut-il modifier la manière de prescrire l’interféron retard ? Un gain d’efficacité du PEG-IFNα-2a associé à la ribavirine (1 à 1,2 g/j) est observé dans l’étude HALT C, portant sur 604 malades non répondeurs à un traitement antérieur par interféron standard avec ou sans ribavirine : la réponse virologique prolongée après 48 semaines de traitement était de 28 % en cas de traitement par interféron seul au préalable, contre 12 % en cas de bithérapie (17). L’interféron pégylé en association avec la ribavirine est indiscutablement le traitement de référence. Le changement d’interféron pégylé est possible ; un essai non contrôlé portant sur 31 malades non répondeurs au PEG-IFNα-2b associé à la ribavirine (800 mg/j) a montré un bénéfice du retraitement par PEG-IFNα-2a associé à la ribavirine (1 à 1,2 g/j), avec obtention d’un taux de réponse virologique prolongée (18). La durée du traitement antiviral pourrait être majorée à 72 semaines au lieu de 48 semaines pour les génotypes 1, bien que le bénéfice ne soit pas clairement démontré. L’étude TeraVic-4, effectuée chez 326 malades jugés non répondeurs après quatre semaines de traitement, qui ont ensuite bénéficié d’un traitement par PEG-IFNα-2a (180 µg/sem.) et ribavirine (800 mg/j) durant 48 ou 72 semaines, 54 M P O S I U M a cependant montré une augmentation significative du taux de réponse virologique prolongée chez les patients traités durant 72 semaines (32 % contre 45 %) (19) (diapositive 7). L’allongement de la durée de traitement pourrait être nécessaire chez certains malades “répondeurs lents” ; la posologie de la ribavirine dans cette étude était toutefois inférieure à celle habituellement administrée. p = 0,01 50 • TeraVic-4 40 • 326 malades non répondeurs à S4 30 • PEG-IFNα-2a 180 µg/sem. 45 32 20 10 • Ribavirine 800 mg/j 0 • 48 sem. versus 72 sem. 48 sem. 72 sem. Réponse virologique prolongée Sanchez Tapias JM et al. AASLD 2004. Diapositive 7. Faut-il traiter plus longtemps ? L’augmentation du rythme des injections d’interféron pégylé (2/sem.) pourrait être une option thérapeutique intéressante. Une étude, réalisée chez 26 malades naïfs traités par PEG-IFNα-2b et ribavirine (10,6 mg/kg/j) pendant 24 ou 48 semaines (selon le génotype), a ainsi montré une augmentation significative du taux de réponse virologique prolongée chez les patients traités par deux injections par semaine comparativement à ceux traités par une injection unique d’interféron pégylé (72 % contre 25 %) (20). Le pourcentage anormalement faible de réponse virologique observée dans cette étude chez les patients traités par une seule injection ne permet pas, cependant, de recommander cette pratique. L’augmentation de la dose d’interféron pégylé pourrait être une autre piste ; Diago et al. ont en effet montré une augmentation du taux de réponse virologique prolongée (37,5 %) chez des patients de génotype 1 non répondeurs à une bithérapie et traités alors par des doubles doses de PEG-IFNα-2a (360 µg/sem.) (21). Ces résultats encourageants doivent être confirmés par l’étude REPEAT, où quatre groupes de patients non répondeurs au PEG-IFNα-2b associé à la ribavirine sont comparés ; deux d’entre eux reçoivent en association à la ribavirine un traitement d’induction (12 semaines) par des doubles doses de PEG-IFNα-2a (360 µg), suivi d’un traitement à la posologie habituelle (180 µg), pendant une durée totale de 48 ou de 72 semaines (diapositive 8). Le dosage plasmatique de la ribavirine pourrait également être utile pour améliorer l’efficacité du traitement antiviral, en raison de l’existence d’un seuil d’efficacité de la molécule (voisin de 3 mg/l) au-delà duquel les chances de réponse virologique pourraient être accrues (22). La lettre de l’hépato-gastroentérologue - n° 1 - vol. IX - janvier-février 2006 É C A 360 µg B 360 µg H O S D 360 µg Y M P O S I Score de fibrose (Métavir) à la dernière biopsie (n = 379) 0 1 2 3 4 ALAT • Patients traités ≤N N - 1,5 N > 1,5 N • Patients non traités ≤N N - 1,5 N > 1,5 N Follow-up Pegasys® 180 µg Follow-up 48 D S U M Pourcentage Pegasys® 180 µg 72 Pegasys® 180 µg C E Pegasys® 180 µg Follow-up Follow-up Malades non répondeurs à l’interféron retard α-2b + ribavirine Diapositive 8. Quelle dose et quelle durée de PEG-IFNα-2a : REPEAT. À l’inclusion • 48 % des patients ne sont pas traités • 27 % ont une cirrhose 0,5 21,1 29,8 21,9 26,6 Motifs de non-traitement Refus du patient 14 % 43,5 15,7 40,9 22,7 23,9 53,3 Autre 19 % Décision médicale 67 % Diapositive 9. 389 patients ont été inclus entre mai 2002 et octobre 2003. TRAITEMENT SUSPENSIF État des lieux dans la “vraie vie” D’après la communication de C. Trépo (hôpital Hôtel-Dieu, Lyon) NOREVIC 1 est une étude transversale française, réalisée dans 27 centres d’hépatologie, dont l’objectif était de décrire les modalités de prise en charge des patients atteints d’hépatite chronique C “non répondeurs à au moins un traitement antiviral”. Les données étaient recueillies à l’aide d’un questionnaire médical au cours de la consultation. Entre mai 2002 et octobre 2003, 389 patients étaient inclus : 48 % des patients n’étaient pas traités, bien que 27 % aient un score Métavir F4 à la dernière biopsie, et 22 % un score F3. Les motifs de non-traitement étaient dans 67 % des cas liés à une décision médicale, et dans 14 % des cas au refus du patient. Parmi les patients sous traitement, 54 % étaient inclus dans des protocoles thérapeutiques ; les autres bénéficiaient d’une monothérapie dans 28 % des cas, d’une bithérapie dans 29 % des cas et d’une trithérapie dans 28 % des cas. La monothérapie correspondait à l’administration de ribavirine (24 % des cas), d’interféron standard (19 % des cas) ou pégylé (52 % des cas), ou encore de silymarine (5 % des cas). La bithérapie était une association interféron pégylé et ribavirine (86 % des cas), pentoxifylline et vitamine E (7 % des cas) ou ribavirine et amantadine (7 % des cas). Enfin, la trithérapie correspondait toujours à une association interféron pégylé, ribavirine et amantadine (diapositives 9, 10, 11). NOREVIC 2 est une enquête nationale réalisée auprès des médecins, libéraux ou non, issus de centres hospitaliers universitaires (CHU), généraux (CHG) ou régionaux ; elle concerne la place d’un traitement antiviral d’entretien chez les patients considérés comme “non répondeurs” à un ou plusieurs traitements antérieurs. Des questionnaires permettaient l’évaluation de la définition : des patients “non répondeurs” ; des critères optimaux de l’indication et des objectifs du traitement d’entretien ; du choix des molécules et de leurs posologies ; de la durée optimale du traitement. Une excellente participation a été notée, puisque 222 médecins spécialistes ont complété les questionnaires de l’enquête ; 16 % étaient issus de CHU, 37,4 % de CHG, 24,2 % étaient libé- Autre 15 % Monothérapie 28 % Parmi les patients débutant un traitement à l’inclusion, 54 % sont inclus dans un protocole thérapeutique Trithérapie 28 % Bithérapie 29 % Monothérapie Bithérapie Trithérapie PEG-IFN (61 %) PEG-IFN + ribavirine (83 %) PEG-IFN + ribavirine + amantadine (77 %) Diapositive 10. Patients sous traitement. Monothérapie 51 % sont traités Bithérapie Trithérapie 17 % 14 % Autre 29 % 40 % Monothérapie Ribavirine Silymarine 24 % 5% IFN 19 % PEG-IFN 52 % Bithérapie Ribavirine + amantadine 7% Pentoxifylline + vit. E 7% Trithérapie PEG-IFN + ribavirine + amantadine 100 % PEG-IFN + ribavirine 86 % Autre traitement Pentoxifylline + vit. E (70 %) Diapositive 11. Modalités de traitement chez les patients non répondeurs avec cirrhose. La lettre de l’hépato-gastroentérologue - n° 1 - vol. IX - janvier-février 2006 55 É C H O S D E S Y raux et 22,4 % avaient une activité mixte. Les critères optimaux pour l’initiation d’un traitement d’entretien étaient un stade Métavir supérieur à F3, l’existence d’une réponse biochimique, une tolérance satisfaisante du traitement antiviral, et la volonté du patient (diapositive 12). Le choix des molécules était fonction des essais au cours de cette période ; aussi, la monothérapie par interféron pégylé était préférée à la bithérapie (ou à la ribavirine seule) si celle-ci était mal tolérée, et la ribavirine en monothérapie était préférée en cas de contre-indication à l’interféron (diapositive 13). % 120 95,9 93,2 80 80,8 69,4 40 25,6 0 Réponse Nombre de Tolérance du Volonté Stade Métavir > F3 biochimique traitements traitement du patient antérieurs Diapositive 12. Critères optimaux pour l’initiation d’un traitement d’entretien. % 80 85,4 P O S I U M Les réticences à l’indication d’un traitement d’entretien incluaient la mauvaise tolérance du traitement, les craintes du patient, l’absence de recommandation et le manque de preuves, mais surtout les difficultés d’évaluation de ce traitement. Il est probable que l’utilisation plus fréquente des marqueurs non invasifs de fibrose permettra à l’avenir de suivre plus aisément ces patients, et donc de les traiter. Quoi qu’il en soit, le pourcentage de patients bénéficiant d’un traitement d’entretien était respectivement de 7 %, 36 % et 34 % en cas de score Métavir inférieur à F3, égal à F3, et en cas de cirrhose compensée (diapositive 14). Ces derniers chiffres sont décevants ; il est évident qu’il faudrait traiter davantage ces patients, connus pour une maladie fibrosante avancée et pour lesquels un bénéfice peut être réellement attendu. Réduire l’activité nécrotico-inflammatoire de la maladie, c’est-à-dire normaliser les transaminases, peut en effet permettre de freiner le développement de la fibrose hépatique. L’objectif du traitement d’entretien est également de prévenir les complications de la maladie en attendant l’arrivée de nouvelles molécules antivirales ; et les renforts sont probablement proches… NOREVIC 3 est lancée ; il s’agit d’un observatoire des pratiques thérapeutiques et de surveillance d’un suivi de cohorte de patients non répondeurs traités et non traités. Un recueil des événements cliniques et biologiques pertinents sera effectué par le patient luimême ; les marqueurs indirects de fibrose pourront être utilisés. Un site internet (www. non-répondeur.com) a par ailleurs été créé pour une réponse aux différents items “on line” ; une mise à disposition d’algorithmes décisionnels est également proposée. Les arguments “pour et contre” le traitement suspensif 60 ■ Traitement suspensif : les arguments “pour” 40 31,5 35,2 Bithérapie Ribavirine monothérapie 26,5 20 0 PEG-IFN monothérapie La meilleure combinaison Diapositive 13. Choix des molécules. Patients avec score Métavir < F3 7% Patients avec score Métavir = F3 36 % 93 % 64 % Patients avec cirrhose compensée 34 % Patients bénéficiant d’un traitement d’entretien 66 % Patients non traités Diapositive 14. Pourcentage des patients ARN VHC+ bénéficiant d’un traitement d’entretien. 56 M D’après la communication de D. Guyader (CHU Pontchaillou, Rennes) Le traitement suspensif correspond à un traitement par interféron pégylé et/ou ribavirine, prolongé et en association avec la correction des cofacteurs de la fibrose (consommation régulière d’alcool, surpoids, etc.). Ses objectifs sont le ralentissement de la progression de la fibrose et la prévention des complications de la cirrhose chez des malades n’ayant pas répondu à un traitement antiviral bien conduit. Poynard et al. ont montré chez plus de 3 000 malades sous traitement antiviral, quel qu’il soit, que peu de patients aggravaient leur fibrose hépatique ; certains l’amélioraient et la plupart la stabilisaient (diapositive 15) (23). Les facteurs associés à la régression de la fibrose étaient des scores initiaux de fibrose et d’activité faibles, une charge virale faible (inférieure à 1,3 M/ml), le jeune âge (< 40 ans), un indice de masse corporelle inférieur à 27 kg/m2, et l’obtention d’une réponse virologique prolongée. Un bénéfice était observé, même quand la maladie était d’emblée sévère. La réversion de la cirrhose n’est pas un événement si exceptionnel (diapositive 16) ; une réelle amélioration histologique peut être observée chez ces patients, même en l’absence de réponse virologique prolongée. Le jeune âge et un meilleur contrôle de l’activité histologique apparaissent associés à la régression de la fibrose. L’efficacité du traitement suspensif a ainsi été mise en évidence dans beaucoup d’études, dont le schéma était cependant mal adapté à cette évaluation. En effet, les biopsies hépatiques sont souvent La lettre de l’hépato-gastroentérologue - n° 1 - vol. IX - janvier-février 2006 C H O S D E S Fibrosis 100 % 80 % 23 18 17 16 18 14 14 66 62 62 65 66 66 16 22 21 17 20 20 10 20 67 57 23 23 60 % 40 % 65 8 68 20 % 24 IF N 24 IF w N 4 PE 8 w G 0,5 µg PE G 0,1 µg PE G 1,5 µ IF N- g R 24 IF N- w R 48 PE w G 0,5 µg PE G 1,5 R PE G µ g1,5 µg R -R op t 0 % 12 Treatment regimen Activity 100 % 18 15 36 33 34 49 49 51 80 % 22 19 17 15 60 % 39 40 35 41 48 12 24 6 24 23 40 % 20 % 39 64 70 6 12 65 21 73 4 PE 8 w G 0,5 µg PE G 0,1 µg PE G 1,5 µ IF N- g R 24 IF N- w R 48 PE w G 0,5 µg PE G 1,5 R PE G µ g1,5 µg R -R op t N IF IF N 24 w 0% Treatment regimen Poynard T et al. Effect of treatment regimens on fibrosis and activity (3010 paired liver biopsies). Lancet 2003;362:2095-100. Diapositive 15. Devenir de la fibrose après un traitement antiviral. Groups PEG 1,5 - ribavirin 48W High-dose ribavirin Low-dose ribavirin PEG 0,5 - ribavirin 48Wa Interferon-ribavirin 48W Interferon-ribavirin 24W PEG 1,5 48 w PEG 1,0 48 w PEG 0,5 48 w Interferon 48 w Interferon 24 w Number 140 Improved 25 (18 %) Stabilized 77 (55 %) Worsened 38 (27 %) 43 97 167 8 (19 %) 17 (17 %) 35 (21 %) 27 (62 %) 50 (52 %) 107 (64 %) 8 (19 %) 30 (31 %) 25 (15 %) 324 54 (17 %) 207 (64 %) 63 (19 %) 252 42 (16 %) 163 (65 %) 47 (19 %) 125 130 157 454 167 18 (14 %) 22 (17 %) 27 (17 %) 69 (15 %) 21 (12 %) 80 (64 %) 79 (61 %) 98 (62 % 298 (66 %) 106 (64 %) 27 (22 %) 29 (22 %) 32 (20 %) 87 (19 %) 40 (24 %) Y M O S I U M réalisées à distance de l’interruption du traitement, lors de la réascension des transaminases, ce qui sous-estime certainement son action. Shiffman et al. ont également montré dans une étude contrôlée une nette amélioration histologique chez des patients restant virémiques malgré une bithérapie (mais avec une réponse biochimique) sous interféron pégylé en monothérapie pendant 24 mois (24). Ainsi, 55 % des malades traités (contre 30 % dans le groupe non traité) amélioraient leur score de fibrose de plus de 1 point, et le bénéfice était également observé chez les cirrhotiques. L’interruption du traitement était en revanche associée à une majoration du score de fibrose. La ribavirine en monothérapie est une alternative à l’interféron en monothérapie dans le cadre du traitement suspensif, particulièrement utilisée en cas de contre-indication ou d’intolérance à l’interféron. Sans effet sur la virémie, elle peut permettre une normalisation des transaminases, et ainsi une diminution de l’activité nécrotico-inflammatoire de la maladie hépatique (25). Une amélioration de l’asthénie est également observée chez les malades traités. Enfin, le rôle du traitement suspensif dans la prévention des complications liées à la maladie hépatique est fortement suggéré par les résultats préliminaires de l’étude COPILOT. Ce travail met en évidence une diminution significative de l’incidence des complications liées à l’hypertension portale chez des patients non répondeurs à une bithérapie et traités par interféron pégylé en monothérapie (0,5 µg/kg/sem.) comparativement à un groupe contrôle bénéficiant d’un traitement par colchicine (0,6 mg x 2/j) (26) (diapositive 17). En conclusion, l’interféron est efficace sur les complications de la fibrose, même en l’absence de réponse virologique. Il est à réserver aux malades les plus graves (F3/F4), mais également peut-être à ceux présentant un score F2 si l’activité de la maladie est importante. Les protocoles multicentriques internationaux en cours pré- • Non-réponse à la bithérapie (standard ou pégylée) – Fibrose sévère (Ishak > 3) ; cirrhose 80 % ; HTP 40 % • Randomisation – Colchicine 0,6 mg x 2/j (n = 267) – PEG-IFNα-2b 0,5 µg/kg/sem. (n = 270) • Étude de la fréquence des complications (IHC, Hgie, CHC) À 2 ans Colchicine PEG-IFNα-2b HTP (-) 8/134 (6 %) 12/155 (7 %) HTP (+) 34/126 (27 %) 14/111 (11 %)* * p < 0,004 PEG-IFNα-2b versus colchicine Colchicine PEG-IFNα-2b Log-rank ; p < 0,01 The percentage of patients with fibrosis worsening was lower in patients treated 48 weeks by PEG-interferon 0,5 and ribavirin combination vs. Interferon 24 weeks (p = 0,04), and vs. Interferon 48 weeks (p < 0,0001). 1 0,8 0,5 0,3 0 0 500 1 000 1 500 Jours Curry M. et al. EASL 2005, Abstract 95. Poynard T et al. Gastroenterology 2002;122:1303. Diapositive 16. Effet du traitement antiviral sur la fibrose hépatique des malades n’ayant pas eu de réponse virale prolongée. P Event free survival É Diapositive 17. Étude COPILOT : incidence des complications de la cirrhose VHC. Analyse intermédiaire à 2 ans. La lettre de l’hépato-gastroentérologue - n° 1 - vol. IX - janvier-février 2006 57 É C H O S D E S Y ciseront certainement, chez le patient non répondeur, les critères prédictifs d’efficacité du traitement suspensif, selon les caractéristiques de la maladie (stade de fibrose) et des patients (durée d’évolution de la maladie, âge, transaminases, ARN viral, etc.). L’utilité de la ribavirine (et la dose nécessaire) est également à préciser, de même que l’intérêt des marqueurs non invasifs de fibrose dans le suivi de l’efficacité du traitement suspensif et l’éventuel bénéfice d’associations thérapeutiques (antifibrosants). ■ Traitement suspensif : les arguments “contre” D’après la communication de L. Serfaty (hôpital Saint-Antoine, Paris) Le problème de la tolérance de l’interféron et de la ribavirine reste un sérieux argument contre l’usage du traitement suspensif chez les patients répondeurs virologiques ou biochimiques rechuteurs et chez les non-répondeurs, ce d’autant que son intérêt n’est pas clairement démontré. Certaines études ont certes mis en évidence une amélioration histologique chez des malades traités par interféron pendant 48 semaines, mais aucune ne comportait un groupe de patients “contrôle”, non traités ; et l’histoire naturelle de l’hépatite C reste toujours peu prévisible. Les résultats des travaux relatifs aux effets de la ribavirine sur l’histologie hépatique sont par ailleurs contradictoires (27-29). Dans des modèles de souris transgéniques, il a été montré que l’interféron prévient la survenue d’un hépatocarcinome, par le biais de propriétés antiangiogéniques et immunomodulatrices sur les cellules NK, indépendamment de son effet antiviral. Chez l’homme, les résultats des différentes études sont là encore contradictoires ; elles sont presque toutes rétrospectives, et donc difficilement interprétables. L’interféron pourrait exercer un effet dans la prévention de l’hépatocarcinome chez les patients avec une cirrhose posthépatique virale C, mais cette action semble limitée aux patients présentant une réponse virologique prolongée (diapositive 18) (30). L’essai CIRFERON a évalué l’efficacité du traitement suspensif par interféron (interféron α-2a 3 millions trois fois par semaine) en monothérapie pendant 2 ans chez des cirrhotiques (Child A), ceux-ci étant comparés à des patients non traités. Les caractéristiques des deux groupes étaient similaires ; la majorité des patients (80 %) avaient déjà reçu un traitement par interféron. Le taux de réponse virologique prolongée était de 4 % dans le groupe traité, et nul dans le groupe non traité. L’incidence de l’hépatocarcinome était de 11,5 % dans les deux groupes ; aucune différence significative en termes d’incidence de l’hémorragie digestive (respectivement 6 % et 4 %) et de décompensation ictéro-ascitique (12 % et 8 %) n’était notée en fonction du groupe de traitement (diapositives 19, 20). La survie sans complication était également similaire dans les deux groupes ; les facteurs prédictifs de survie étaient l’existence d’une thrombopénie et l’absence de varices œsophagiennes. Enfin, l’étude COPILOT a certes montré un effet du traitement suspensif sur les complications liées à l’hypertension portale, mais l’incidence de l’hépatocarcinome était similaire dans les deux groupes, et le groupe contrôle était sous colchicine, molécule dont l’effet n’est peut-être pas nul. En conclusion, le traitement suspensif a probablement un intérêt, bien que non formellement démontré, chez les patients non répondeurs ; aucune dose, aucune durée n’est actuellement formellement 58 M P Study Nishiguchi Mazella Bruno Fattovich Gramenzi Sofia Serfaty Imai Bonino Yoshida Shioda Benvegnu Mura Valla O S Year 1995 1996 1997 1997 1998 1998 1998 1998 1998 1999 1999 1999 1999 1999 Risk difference 95% CI -0,5 -0,4 -0,3 -0,2 -0,1 0,0 0,1 0,2 0,3 0,4 0,5 Pts 90 284 163 329 144 162 103 52 491 337 546 152 57 99 z = 5,62 Overall 3 109 I U M 2p < 0,00001 Studies arranged by increasing year Favors treatment Favors control Inserm U402/LG. Camma J et al. J Hepatol 2001. Diapositive 18. Méta-analyse des études contrôlées de prévention du CHC par l’interféron au cours de la cirrhose virale C. Traité Non traité 11,5 % 11,5 % Carcinome hépatocellulaire Non Oui Délai médian d’apparition du CHC : 17,5 mois (groupe traité) versus 13 mois (NS) Diapositive 19. Incidence du CHC en fonction du groupe de traitement (Étude CIRFERON). Traité Non traité 4% 6% Hémorragie digestive Non Oui Diapositive 20. Incidence de l’hémorragie digestive en fonction du groupe de traitement (Étude CIRFERON). validée. La prévention de l’hépatocarcinome par l’interféron au long cours, suggérée par les études rétrospectives, chez le patient cirrhotique n’a pour l’instant pas été prouvée. Les résultats des grandes études (Halt-C, Epic) évaluant de façon prospective le bénéfice d’un traitement suspensif au long cours chez les malades non répondeurs sont bien sûr attendus. La lettre de l’hépato-gastroentérologue - n° 1 - vol. IX - janvier-février 2006 É C H O S D E S ■ Mesure non invasive de la fibrose hépatique en 2005 : aspects pratiques D’après la communication de P. Calès (CHU Hôtel-Dieu, Angers) Un test sanguin de fibrose doit être performant, reproductible et facilement applicable en pratique quotidienne. Sa performance est généralement établie pour un seuil de fibrose donné. Les tests sanguins sont actuellement présentés sous forme de diagramme et sont à interpréter de façon quantitative. Ils expriment ainsi la probabilité d’avoir une fibrose cliniquement significative (≥ F2). Plus le nombre de variables sera faible, meilleure sera la reproductibilité du test ; et celui-ci sera d’autant plus fiable que les variations individuelles des différents paramètres seront homogènes entre elles. Les résultats d’un test sanguin sont donc toujours plus fiables vers les extrêmes (diapositive 21). Les équivalents en stade Métavir sont souvent donnés à titre indicatif en comparaison avec les résultats du test de fibrose ; cependant, les tests quantitatifs (sanguins et autres) ne sont pas suffisamment précis pour exprimer de façon fiable des équivalents Métavir, en dehors du stade F4. Les résultats numériques des tests sont par ailleurs mal corrélés entre eux (diapositive 22). D’autres types de test, comme le test SNIFF Aire Virus, ont été développés ; l’aire de fibrose augmente surtout dans les stades F4, alors qu’il existe, là encore, un chevauchement dans les stades F0-F2 et F2-F3 (31). Les tests sanguins de fibrose reflètent le processus de fibrogenèse et de fibrolyse (diapositive 23). Les statistiques montrent qu’il est M P O U M 1,0 Probabilité de ≥ F2 0,8 0,6 0,4 0,2 0,8 0,6 0,4 0,2 0,0 1 2 3 4 5 6 7 8 Classes SNIFF 9 10 0 1 2 3 4 Stade Métavir F Diapositive 22. Équivalents Métavir : différence entre deux tests. Fibrolyse Fibrogenèse SNIFF Fibrotest® -0,2 Diapositive 21. Performance diagnostique d’un test en fonction de sa valeur. Activité Fibrose ALT 2 tests non invasifs concordants ? Fibrotest®/Fibromètre® et Fibroscan® ou Fibrotest® et Fibromètre® (SNIFF) Cause F lésion (Métavir) 0 I 1,2 0,0 F 4 S possible de trouver une très bonne corrélation entre l’expression de ces processus et le stade lésionnel de la fibrose. En d’autres termes, les statistiques ont identifié la convergence entre la fibrose fonctionnelle et la fibrose lésion. Celle-ci n’apparaît cependant pas clairement lorsque les formules sont appliquées à un état où il y a un découplage entre fibrogenèse et fibrolyse. Il s’agit principalement des processus de régression observés après l’arrêt de la cause. Il est assez probable que, dans cette situation, les tests sanguins sont rapidement diminués du fait de la baisse des marqueurs de fibrogenèse ; leur valeur est donc découplée de celle de la fibrose lésionnelle, évaluée par la biopsie hépatique ou le Fibroscan®, dont la régression est plus lente. Si cette situation perdure chez le patient, les tests sanguins seront donc certainement en avance et prédictifs d’une amélioration de la fibrose lésionnelle. Par ailleurs, il est possible qu’une combinaison de variables identiques ou proches mais avec des cœfficients différents soit plus représentative de la fibrose lésionnelle. Sur le plan pratique, deux voire trois tests non invasifs peuvent être réalisés pour l’évaluation de la fibrose hépatique : Fibrotest®, Fibromètre® (SNIFF) et Fibroscan® (diapositive 24). Si ces tests sont concordants, la biopsie hépatique est inutile. Le diagnostic est en effet jugé acceptable s’il repose sur au moins deux examens non invasifs indépendants et concordants. À l’inverse, en cas de discordance, la ponction-biopsie hépatique est systématiquement proposée au patient. Les tests non invasifs de fibrose sont une aide au diagnostic, et sont à confronter aux données cliniques et paracliniques. En cas 10 classes de 10 percentiles 1,0 Précision diagnostique (%) Y F fonctionnel (test) Oui : pas de PBH Temps Diapositive 23. Relation entre test sanguin et fibrose. Non : PBH ? Diapositive 24. Diagnostic non invasif. La lettre de l’hépato-gastroentérologue - n° 1 - vol. IX - janvier-février 2006 59 É C H O S D E S Y M P O S I U M Consultation du patient “non répondeur” Le premier traitement antiviral C était-il “suffisant” ? • Interféron conventionnel, mono- ou bithérapie ? • Durée du traitement adéquate ? • Dose de ribavirine adéquate ? • Intolérance responsable de réductions de dose ou de durée ? • Adhésion insuffisante ? NON OUI Retraiter avec interferon pégylé + ribavirine • Surveiller et traiter les effets secondaires pour éviter les réductions de doses • Informer le patient des risques de non-adhésion Évaluer les facteurs prédictifs négatifs • Génotypes 1 • Virémie élevée • Obésité • Âge > 40 ans Déterminer l’impact hépatique • Race noire F0 ou F1 F2 ? F3 ou F4 • Cirrhose/fibrose extensive Détermination de l’ARN VHC à S4/S12 par PCR Négative Positive • Traiter pour une durée totale de 48 semaines au minimum • Discuter 72 semaines pour les rechuteurs et/ou les charges virales élevées Surveillance de la progression • Protocoles • Retraitement avec interféron pégylé + ribavirine : discuter fortes doses, prolongation, addition d’amantadine (chez les non-répondeurs) Si non-réponse, discuter entretien par peginterféron Diapositive 25. Algorithme de prise en charge d’un patient non répondeur. de discordance des données, il est conseillé de recourir à la biopsie hépatique, d’autant plus qu’ils ne font l’objet à ce jour d’aucune recommandation, et qu’ils doivent donc être interprétés avec une extrême prudence. ■ Conclusion : algorithme de prise en charge D’après la communication de S. Pol (hôpital Necker, Paris) Le clinicien doit pouvoir identifier le profil du patient jugé “non répondeur”. S’agit-il d’une non-réponse liée à une réelle résistance virale, ou bien d’une non-réponse liée à une situation d’insuffisance thérapeutique (diapositive 25) ? Il devra définir au mieux les caractéristiques des traitements antérieurs, leur durée, leur posologie, leurs effets secondaires, et déterminer si l’adhésion au traitement a été suffisante. En cas d’insuffisance thérapeutique évidente, il ne faut pas hésiter à retraiter le malade avec de l’interféron pégylé associé à la ribavirine, à des posologies et pour une durée adaptées, fonction du génotype et de la charge virale. Le patient devra être informé des risques d’une mauvaise adhésion au traitement, et tout devra être mis en œuvre pour éviter les réductions de dose des antiviraux. L’ARN viral sera déterminé à la douzième semaine, voire à la quatrième ; en cas d’efficacité virologique, la bithérapie devra 60 être poursuivie pour une durée totale de 48 semaines au minimum, voire 72 semaines pour les rechuteurs et/ou les patients présentant des charges virales élevées. À l’inverse, si l’efficacité virologique n’est pas dûment prouvée, la conduite à tenir dépendra de l’impact hépatique en termes de fibrose. En cas de fibrose F0 ou F1, une simple surveillance sera préconisée ; les tests non invasifs de fibrose permettront à l’avenir de mieux mesurer la progression des lésions, pour dépister suffisamment tôt les patients qui auront une évolution rapide malgré une maladie préexistante peu sévère. Chez les patients avec une maladie hépatique d’emblée sévère (F3 ou F4), l’indication du traitement est formelle, soit dans le cadre de protocoles thérapeutiques, soit dans le cadre d’un retraitement par interféron pégylé et ribavirine, à des doses renforcées, d’une durée prolongée, parfois associée à d’autres traitements tels que l’amantadine. Le clinicien devra être d’autant plus combatif qu’il existe des facteurs prédictifs négatifs, tels qu’un âge avancé, une virémie élevée, une obésité, etc. En cas d’échec, le traitement d’entretien par interféron pégylé en monothérapie est légitime, en attendant des renforts thérapeutiques, et dans l’objectif de stabiliser la progression de la fibrose. La difficulté majeure concerne les patients en situation intermédiaire (F2) (probablement 20 % des malades), difficulté relative aussi bien à l’évaluation de la fibrose hépatique La lettre de l’hépato-gastroentérologue - n° 1 - vol. IX - janvier-février 2006 É C H O S D E S Y qu’à la décision thérapeutique ; et il conviendra de rechercher minutieusement les facteurs prédictifs négatifs pour individualiser les patients présentant un risque d’évolutivité histologique éventuellement rapide. La majorité de ces patients pourront bénéficier d’un traitement, volontiers associé à des mesures d’accompagnement du malade, et notamment de l’usage des facteurs de croissance et des antidépresseurs, etc. Enfin, il reste une minorité de patients chez lesquels la résistance virologique justifiera des approches de maintenance, ou des protocoles thérapeutiques, de façon à stabiliser au maximum l’activité de la maladie hépatique et à éviter la survenue de complications, notamment le développement d’une greffe hépatocarcinomateuse. ■ R 1. É F É R E N C E S B I B L I O G R A P H I Q U E S Fried MW, Shiffman ML, Reddy KR et al. Peginterferon alfa-2a plus ribavirin for chronic hepatitis C virus infection. 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