Lexiques génératifs Patrick HENRY – SIGNES décembre 2004 P. HENRY - Equipe SIGNES - LABRI 1 PLAN n Introduction et problématique n La notion de lexique n Limitation des lexiques à énumération de sens n Structure d’un lexique génératif n Mécanismes génératifs n Conclusions et liens utiles P. HENRY - Equipe SIGNES - LABRI 2 Introduction et problématique P. HENRY - Equipe SIGNES - LABRI 3 Origine des travaux n n n n Problème de formalisation informatique du sens lexical Les mots des langues naturelles portent un grand nombre de sens tout en étant en nombre limité Difficultés d’énumérer tous les sens possibles des mots (lexiques par énumération de sens) Constat qu’il n’y a pas de frontière nette entre sémantique lexicale et syntaxique P. HENRY - Equipe SIGNES - LABRI 4 Objectifs de la théorie n le système de lexique génératif voudrait : n n n n expliquer l’interprétation des mots en contexte. expliquer que l’on peut dériver d’un ensemble fini de ressources, un ensemble beaucoup plus important de sens lexicaux (économie, factorisation, nouvelles constructions). expliquer la polysémie (un mot, plusieurs sens) : prédire les relations systématiques entre unités de sens proches. rendre compte de la différence entre ambiguïté et polysémie. P. HENRY - Equipe SIGNES - LABRI 5 La notion de lexique P. HENRY - Equipe SIGNES - LABRI 6 La notion de lexique hyponyme nom masculin Quel genre d'information un lexique devrait-il contenir ? Sémantique : informations sur la signification lexicale et les relations (rôles thématiques, restrictions, hyponyme). Syntaxique : Position, structures de souscatégorisation, restrictions de co-occurrence. Morphologique : informations sur le temps, la personne et autres informations qui peuvent être utiles au niveau de la syntaxe ou de la sémantique Phonologique : informations sur les phonèmes, du point de vue de leur fonction dans une langue et des relations d'opposition et de contraste qu'ils ont dans le système des sons de cette langue (accents). P. HENRY - Equipe SIGNES - LABRI LINGUISTIQUE Terme dont le sens est inclus dans celui d'un autre, dit son hyperonyme (par exemple, goélette est un des hyponymes de voilier). sémantique (du grec sêmantikos, qui signifie) nom féminin 1. Étude scientifique du sens des unités linguistiques et de leurs combinaisons. 2. LOGIQUE Étude de propositions d'une théorie déductive, du point de vue de leur vérité ou de leur fausseté. sens [s‘s] nom masculin 5. Ensemble des représentations que suggère un mot, un énoncé ; signification. 7 Ce qui est dans un lexique n n Tous Les lexiques informatiques ne contiennent pas tous toute cette information. La plupart d'entre eux privilégient les informations les plus courantes: q n n les applications décident du lexique Lexiques de ParGram http://www2.parc.com/istl/groups/nltt/pargram/ q Information syntaxique et morphologique, aucune tentative de sémantique ou phonologique P. HENRY - Equipe SIGNES - LABRI 8 Lexique pour analyse morphologique Exemple de lexique dans le système SYGMART(traduction automatique) http://www.biomath.jussieu.fr/ATALA/outil/sygmart_chauche_jacques.html 'axonge' : 'axonométri' : 'ayant' : 'ayant' 'ayatollah' : : ADRG='BNNM';VAR1=VAR1(FSN02);VAR2=VAR2(FSN02); FLX='axonge'. ADRG='BNNMC';VAR1=VAR1(FSN01);VAR2=VAR2(FSN01); DCLRVNA=QUE;FLX='axonométrie'. ADRG='INV2';VAR1=VAR1(FV13);VAR2=VAR2(FV13); POT=AVOIR;TYP=TRANS|TRANSINF|AUX;SEMOBJT=TEMPS|LIEU; CASPRNML=NEXCDIR;FLX='avoir'. ADRG='INV2';FLX='ayant'. ADRG='BNNM';VAR1=VAR1(FSN01);VAR2=VAR2(FSN01); P. HENRY - Equipe SIGNES - LABRI 9 Lexique énumératif n Lexique énumératif : q q Une entrée par UL Des sens distincts correspondent à des ULs distinctes; on secontente d’énumérer les ULs Définition: Un lexique L est lexique à énumération de sens si et seulement si pour tout mot w de L qui a des sens multiples s1,…,sn associés à ce mot, alors les entrées lexicales exprimant ces sens sont mémorisées sous la forme { ws1,…,wsn}. P. HENRY - Equipe SIGNES - LABRI 10 Lexique contre dictionnaire n n n Beaucoup de travaux ont été effectués en faisant des dictionnaires qui soient compréhensible par une machine afin d‘en extraire l'information utile par programme. Mais les dictionnaires ne contiennent pas assez d'information utile : beaucoup d'informations doivent être établies à la main ou par l'extraction de l'information à partir des corpus ou d'autres bases de données. Comment est-ce qu'un lexique informatique diffère d'un dictionnaire traditionnel ??? P. HENRY - Equipe SIGNES - LABRI 11 Exemple d’entrée de dictionnaire trait 5. LINGUISTIQUE Propriété pertinente minimale distinguant deux unités. (latin tractus) 6. Indice, signe d'un caractère, d'un sentiment, etc. Trait de générosité. nom masculin 7. MUSIQUE Passage d'une œuvre exigeant de la virtuosité. 1. Ligne tracée sur une surface quelconque. Trait de crayon. 8. Littéraire. Corde avec laquelle un animal attelé tire sa charge. - À grands traits : rapidement. - Bête, animal de trait : animal attelé à une voiture, à une machine agricole, etc. - Tirer un trait sur quelque chose : renoncer définitivement à quelque chose. - Trait de scie : coupe faite avec la scie. 9. Gorgée de boisson absorbée. Boire à longs traits. - D'un trait : d'un seul coup ; sans s'arrêter. - Trait pour trait : exactement. 2. BEAUX-ARTS Dessin au trait : dessin qui se limite au contour des formes, aux lignes, sans ombres ni modelé. 3. IMPRIMERIE Cliché ne comportant que des noirs et des blancs purs, sans demi-teintes (par opposition à similigravure). 10. Vieux. Projectile (javelot, flèche) lancé à la main avec une arme de jet (arc, arbalète, etc.). - Partir comme un trait : partir très vite. 11. Littéraire. Propos blessant ; raillerie. 4. Marque caractéristique, distinctive. C'est un trait de notre époque. Avoir des traits communs. - Trait d'esprit : expression spirituelle. - Avoir trait à : se rapporter à. nom masculin pluriel Lignes caractéristiques du visage humain. Avoir les traits fins. P. HENRY - Equipe SIGNES - LABRI 12 Limitation des lexiques à énumération de sens Problèmes d’ambiguïté et de polysémie P. HENRY - Equipe SIGNES - LABRI 13 Ambiguïté contrastive et Polysémie n n On distingue deux grands types d’ambiguïté : Ambiguïté contrastive : q un mot a deux sens indépendants l’un de l’autre. Exemple : avocat n Polysémies complémentaires : q Un aspect spécifique du sens d’un mot est mis en relief Exemple : fenêtre : ouverture/objet q q n a. Jean est passé par la fenêtre (ouverture) b. La fenêtre est cassée. (objet) Alors que les sens contrastifs sont d’ordinaire incompatibles, les sens d’une polysémie sont d’ordinaire compatibles mais un des sens impliqués est mis en relief. P. HENRY - Equipe SIGNES - LABRI 14 Ambiguité constrastive n John tire un trait n n Sens 1 : John est assis pour dessiner et tire un trait avec sa règle Sens 2 : John utilise un arc et envoie une flèche n Les deux mots ambigus sont résolus en inter-dépendence n Désambiguisation par le contexte : q n un certain contexte est présumé, ce qui définit le sens le plus plausible. Désambiguisation par les sélections de restriction : q q q Le sens est déterminé par les sélections de restriction du groupe verbal. Le club préféré de john est le numéro 5. golf Le club préféré de john est le carlston. lieu P. HENRY - Equipe SIGNES - LABRI 15 Polysémie adjectivale n n n n n n n n Un bon médecin Une bonne histoire Une bonne action Le bon samaritain Un bon kilomètre La balle est bonne Elle a une bonne balle Bon pour …. qualités requises agrément plaisir conforme à la norme qui aime faire le bien qui marque un degré important dans les limites (tennis) un joli visage accord P. HENRY - Equipe SIGNES - LABRI 16 Polysémie NOMINALE n Variation dénombrable/Non dénombrable q q n Variation Contenant/Contenu q q n L’éleveur produit de l’agneau John mange de l’agneau Marie casse le biberon Le bébé boit son biberon Variation Produit/Producteur q q Le journal a congédié Marie. Jean a renversé du café sur le journal P. HENRY - Equipe SIGNES - LABRI 17 Polysémie VERBALE n Alternations syntaxiques John a commencé un roman John a commencé la lecture d’un roman John a commencé à lire un roman n Intransitif/Transitif causal Le bateau coule L’avion coule le bateau P. HENRY - Equipe SIGNES - LABRI 18 Polysémie VERBALE n Alternation catégorielle Marie regarde par la fenètre Marie regarde à la fenètre le chat m’a touché la jambe le chat m’a touché à la jambe P. HENRY - Equipe SIGNES - LABRI 19 Polysémie VERBALE n Perte d’arguments John mange son repas rapidement John mange rapidement Marie essaie de démarrer Marie essaie de démarrer sa voiture P. HENRY - Equipe SIGNES - LABRI 20 Structure d’un lexique génératif P. HENRY - Equipe SIGNES - LABRI 21 Le lexique de Pustejovsky paradigme nom masculin n Entrées lexicales à 4 niveaux de représentation : n n n n n n Structure argumentale Structure évènementielle Structure de qualia Structure d’héritage lexical 1. LINGUISTIQUE Ensemble des formes fléchies d'un mot pris comme modèle (déclinaison ou conjugaison) ; ce mot luimême. 2. LINGUISTIQUE Ensemble des unités qui peuvent être substituées les unes aux autres dans un contexte donné. Une même entrée lexicale peut regrouper plusieurs sens – ces “méta-entrées” sont appelées des paradigmes conceptuels lexicaux (Lexical Conceptual Paradigm, LCP). Des mécanismes génératifs relient ces niveaux et permettent une interprétation compositionnelle : La coercition de types; le liage sélectif; la co-composition. P. HENRY - Equipe SIGNES - LABRI 22 La structure argumentale n Information minimale par rapport à la sémantique des lexèmes n Comportement fonctionnel du mot par rapport à son environnement phrasique immédiat. q q n Arguments internes et externes (Williams 1981) Représentation hiérarchisée (Grimshaw 1990) Quatre types d’arguments possibles q q q q Arguments véritables Arguments par défaut Arguments fantômes Ajouts véritables P. HENRY - Equipe SIGNES - LABRI 23 Argument véritables n n n Ceux sont des paramètres du lexème qui sont nécessairement présents dans la représentation syntaxique La fenêtre a cassé John a cassé la fenêtre ([S+V] ou P[x]) ([S+V+O] ou P[x,y]) P. HENRY - Equipe SIGNES - LABRI 24 Argument véritable et argument par défaut n Argument vrai : un argument nécessairement réalisé au plan syntaxique. q n John est arrivé en retard Argument par défaut : un argument sémantique qui n’est pas nécessairement réalisé syntaxiquement. q John bâtit une maison avec des briques P. HENRY - Equipe SIGNES - LABRI 25 Arguments fantômes n Un argument fantôme (shadow argument) est un élément sémantique incorporé dans le sens de l’élément lexical et qui ne peut être réalisé que pour une sur-spécification sémantique q Marie a beurré sa tartine avec de la margarine / *avec du beurre P. HENRY - Equipe SIGNES - LABRI 26 Ajouts véritables (true adjuncts) n n n n C’est un modificateur: un élément sémantique qui modifie le sens mais qui n’est lié à la représentation sémantique d’aucun élément lexical Les « vrais ajouts » sont associés à des classes sémantiques et non à des mots. John se réveille tard le mardi Le modificateur temporel le mardi ne peut se combiner qu’avec des évènements. P. HENRY - Equipe SIGNES - LABRI 27 Exemples de structure argumentale construire S-ARG ARG1 individu-animé ARG2 artefact ARG-D matériau beurrer S-ARG ARG1 humain ARG2 objet_physique ARG-F beurre P. HENRY - Equipe SIGNES - LABRI 28 La structure évènementielle n n Les verbes peuvent être décrits en termes de processus, d’états et de transitions Certains évènements sont traités comme étant composés de plusieurs sous-évènements. Exemple : construire implique une activité de construction et le résultat de cette construction (état)) n La structure évènementielle de Pustejovsky rend compte de ces observations. P. HENRY - Equipe SIGNES - LABRI 29 Structure évènementielle n Une structure événementielle comprend : q q q q q q Trois événements dont deux (les sous-événements) sont inclus dans le troisième Une relation de proéminence indiquant la tête de l’événement (e 1* est la tête de l’évènement e2, ou encore e1 porte la saillance) Une relation temporelle (précède, coïncide, coïncide partiellement) entre les deux sous-événements. e: e1 < e2 e: e1 o e2 e: e1 <o e2 e1 précède temporellement e2 e1 est strictement simultané à e2 e1 et e2 sont simultanés mais e1 débute avant e2 P. HENRY - Equipe SIGNES - LABRI 30 Exemples Construire S-EVE e1* e2 RESTR processus état précède e1 e2* RESTR processus état précède Arriver S-EVE P. HENRY - Equipe SIGNES - LABRI 31 Exemples n donner e1* précède e2* n acheter e1* coïncide avec e2 n vendre e1 n épouser e1* coïncide avec e2* n marcher e1* coïncide partiellement avec e2 n rentrer e1 coïncide partiellement avec e 2* coïncide avec e2* P. HENRY - Equipe SIGNES - LABRI 32 Tête évènementielle et polysémie n n n La notion de tête dans la structure évènementielle permet d’expliquer la polysémie des verbes causaux comme casser, couler, commencer Pustejovsky propose une représentation commune pour tous les verbes causaux: le Paradigme Causal par Défaut (default causative paradigm) Ce paradigme permet d’expliquer q q q La relation entre forme transitive et intransitive du même verbe la relation entre interprétation de contrôle ou de montée du même verbe le comportement anaphorique des prédicats d’expérience P. HENRY - Equipe SIGNES - LABRI 33 Lexicalisation de la notion de Cause n n Il doit y avoir une relation de précédence entre cause et effet (soit la cause précède l’effet, soit la cause précède et coïncide partiellement avec l’effet) Cause et effet doivent être cohérents (c.a.d., impliquent au moins un participant commun) P. HENRY - Equipe SIGNES - LABRI 34 Cohérence. Cause et effet doivent faire référence directement ou indirectement à au moins une entité commune. Cause directe : qualia formel resultat(e2,y) agentif acte(e1,x,y) Cause indirecte: exemple:construire qualia const part_of(z,y) formel resultat(e2,y) agentif acte(e1,x,z) P. HENRY - Equipe SIGNES - LABRI 35 Paradigme Causal par défaut E1 E2 Restr e1: activé e2: état précède S-ARG Arg1 Arg2 x y QUALIA Formel result(e2,y) Agentif act(e1,x,y) S-EVE P. HENRY - Equipe SIGNES - LABRI 36 Paradigme Causal par défaut n n Le DCP (Default Causative Paradigm) représente la relation causale la plus simple qui puisse être associée à une UL. Trois classes sémantiques font partie de ce paradigme q q q n Evénements à tête gauche : exemple: tuer, blesser Evénements à tête droite : exemple: mourir, arriver Evénements sans tête : exemple: couler, casser, L’ambiguïté sur la tête explique la polysémie des verbes présentant une alternation intransitif/causatif-transitif. P. HENRY - Equipe SIGNES - LABRI 37 Alternation Transitif- causatif/Intransitif n n n n n Forme transitive et intransitive sont reliées par le trait sémantique de “cause” Le bateau coule L’avion coule le bateau La bouteille casse Bill casse la bouteille P. HENRY - Equipe SIGNES - LABRI 38 Problème n n n Pourquoi y a-t’il des verbes intransitifs qui n’ont pas de version causale transitive? Le bateau coule dans la tempête L’avion coule le bateau dans la tempête q Les verbes uniquement intransitifs ont une tête à droite. seuls les arguments de l’évènement tête sont réalisés. L’évènement tête n’a qu’un argument, le verbe est donc intransitif. P. HENRY - Equipe SIGNES - LABRI 39 Verbes toujours intransitifs Arriver S-EVE E1 E2 Restr e1 : processus e2*: état précède S-ARG Arg1 x:ind D-arg1 y:location QUALIA Formel at(e2,x,y) Agentif acte-arrive(e1,x) P. HENRY - Equipe SIGNES - LABRI 40 Verbes toujours intransitifs n n Comme seuls les arguments de l’événement tête sont obligatoirement réalisés syntaxiquement et que l’événement tête n’a en ce cas qu’un seul argument, il n’y a pas d’ambiguïté. L’argument par défaut peut par contre être réalisé par un modificateur. Exemple : John est rentré chez lui P. HENRY - Equipe SIGNES - LABRI 41 Verbes intransitif ou transitif couler S-EVE E1 E2 Restr e1:activé e2*:state précède S-ARG Arg1 x:obj D-arg2 y:obj QUALIA Formel resultat_couler(e2,x,y) Agentif action_couler(e1,x) P. HENRY - Equipe SIGNES - LABRI Les deux réalisations syntaxiques de “couler” viennent de ce que les deux formes partagent le même DCP 42 Résumé n n n La forme intransitive (par exemple arriver) correspond à une tête (saillance) à droite. L’état résultant (la tête) n’ayant qu’un argument vrai, un seul argument est réalisé au niveau syntaxique. La forme transitive (par exemple tuer) correspond à une tête à gauche. Le processus agentif (la tête) ayant deux arguments vrais, deux arguments sont réalisés au niveau syntaxique. Les verbes polysémique (casser, couler etc.) n’ont pas de tête et peuvent donc prendre chacune des deux formes possibles P. HENRY - Equipe SIGNES - LABRI 43 Structure de qualia n Cette structure spécifie 4 aspects du sens d’un mot (ou qualia) q q q q Constitutif: la relation entre l’objet et ses composantes (matière, poids,parties) Formel: ce qui distingue l’objet d’un domaine plus large (orientation,taille, forme, dimension, couleur, position) Télic: la fonction de l’objet Agentif: les facteurs impliqués dans la création de l’objet (créateurs, chaîne causale) P. HENRY - Equipe SIGNES - LABRI 44 Exemples n Constitutif. La relation entre l’objet désigné par ce mot et ses composantes q q n Roman : la structure du texte est celle d’un texte narratif Dictionnaire : la structure du texte est une liste d’entrées Télic: la fonction de l’objet Roman: Telic lire Dictionnaire: n Telic consulter Agentif: les facteurs impliqués dans la création de l’objet Roman: agentif écrire Dictionnaire: agentif compiler P. HENRY - Equipe SIGNES - LABRI 45 Structure de qualia n n n Chaque catégorie syntaxique peut être associée à une structure de qualia Toutes les ULs n’ont pas nécessairement une valeur pour chacun des attributs dans le qualia Le qualia est la base sémantique qui permet de rendre compte de la polysémie P. HENRY - Equipe SIGNES - LABRI 46 Le quale “formel” n Ce quale distingue un objet d’un ensemble plus large. Mot S-ARG qualia Arg1 x:type formel x exemple homme S-ARG qualia Arg1 x:humain Const masculin Formel x P. HENRY - Equipe SIGNES - LABRI 47 Le quale “agentif” n n sert à représenter les facteurs impliqués dans la création de l’objet (créateurs, chaîne causale) permet de distinguer entre objets naturels et objets artificiels Mot n Exemple : S-ARG qualia Arg1 x:type1 Agentif R(e,y,x) Formel x P. HENRY - Equipe SIGNES - LABRI 48 Le quale “constitutif” n n n La relation entre le tout et ses parties permet de référer non seulement aux parties de l’objet mais aussi aux choses dont l’objet fait partie Exemple main S-ARG Arg1 x:membre qualia Const partie-de(x,y:corps) Formel x P. HENRY - Equipe SIGNES - LABRI 49 Le quale “telic” n définit la fonction de l’objet n capture certains aspects des rôles thématiques traditionnels n Deux types de télique : q q Télique direct : quelque chose sur lequel on agit Télique fonctionnel : quelque chose qui permet une activité P. HENRY - Equipe SIGNES - LABRI 50 Télique direct Bière S-ARG Arg1 qualia Telic boire(e,x,y) Formel x x:liquide la fonction de la bière est d’être bue. P. HENRY - Equipe SIGNES - LABRI 51 Télique fonctionnel la fonction du couteau est de permettre de découper. Couteau S-ARG Qualia Arg1 x:outil Telic couper(e,x,y) Formal x P. HENRY - Equipe SIGNES - LABRI 52 Structure d’héritage la méthode habituelle est de relier les termes génériques avec leurs occurrences par de flèches: Objet physique information référence artefact véhicule livre dictionnaire voiture P. HENRY - Equipe SIGNES - LABRI 53 Structure d’héritage Avec GL il est possible de préciser de quels types on hérite. T: Télique A: agentif F: formel Objet physique information référence T T compilation A F livre F dictionnaire A T F A roman P. HENRY - Equipe SIGNES - LABRI 54 Mécanismes génératifs P. HENRY - Equipe SIGNES - LABRI 55 Mécanismes génératifs n Les mécanismes génératifs proposés par Pustejovsky utilisent les représentations complexes qu’il propose pour rendre compte de la créativité lexicale c-à-d du fait qu’à partir d’un ensemble fini de mots on peut créer un ensemble plus important de sens q q q La co-composition Le liage sélectif La coercition de types. P. HENRY - Equipe SIGNES - LABRI 56 La co-composition n n n n n Dans chacun des cas suivants, le même verbe peut avoir deux sens distincts. John cuit une pomme de terre Chgt d’état John cuit un gateau Création La bouteille flotte Propriété La bouteille flotte vers le pont Chgt d’état P. HENRY - Equipe SIGNES - LABRI 57 La co-composition n Le résultat d’une co-composition a une structure de qualia telle que : q q q q Le type événementiel est déterminé par la règle de cocomposition Le complément co-spécifie le sens du verbe les rôles agentif du verbe et du complément sont unifiés le rôle formel du GV sert à déterminer celui du complément Pour Pustejovsky, la polysémie de ces verbes vient du fait que certains de leurs compléments ajoutent un contenu sémantique à leur sens initial. P. HENRY - Equipe SIGNES - LABRI 58 Exemple cuire S-EVE E1: activité S-ARG X: animé Y: masse Qualia Agentif cuire_act(e1,x,y) P. HENRY - Equipe SIGNES - LABRI 59 Exemple (suite-1) Un gateau S-ARG Qualia X: artefact Y: masse Formel x Telic manger(e2,y,x) Agentif acte_cuire(e3,z,x) P. HENRY - Equipe SIGNES - LABRI 60 Exemple (suite-2) Cuire un gâteau S-EVE S-ARG Qualia e1: activité s1: état e1 précède s1 x: y: z: animé masse artefact Formal existe(s1,z) Agentif acte_cuire(e1,x,y) P. HENRY - Equipe SIGNES - LABRI 61 Liage sélectif n Le sens de certains mots (en particulier de certains adjectifs) peut être fixé par leur argument. q Nous avons besoin d’un bateau rapide pour arriver à temps n q Marie est une dactylographe rapide n q une dactylographe qui tape vite C’est un bon couteau n q un bateau qui va vite Un couteau qui coupe bien C’est un bon garçon n Un gentil garçon P. HENRY - Equipe SIGNES - LABRI 62 Liage sélectif n L’adjectif caractérise un évènement qui fait partie du qualia du nom qu’il modifie q Hélène est une dactylographe rapide. typist est une dactylographe qui tape q Hélène vite. S-ARG Qualia Arg x:outil Telic type(e,x) Formal x dactylographe(e,j) & rapide(e) P. HENRY - Equipe SIGNES - LABRI 63 la coercition de types q q q q q n Marie veut partir de Bordeaux Marie veut partir Marie veut une bière Marie aime regarder un film Marie aime un film Pustejovsky: les différentes variantes sont obtenues au niveau sémantique q q en gardant le type sémantique du verbe fixe en changeant le type sémantique du complément par l’opération de coercition de type P. HENRY - Equipe SIGNES - LABRI 64 la coercition de types n La coercition de types est une opération sémantique qui change le type d’un argument au type exigé par son foncteur dans les cas où une absence de changement résulterait en un conflit de types P. HENRY - Equipe SIGNES - LABRI 65 Exemple n Marie commence un livre. livre qualia n n formel x:objet_physique agentif écrire(e’,z,x) telic lire(e,y,x) Le verbe “commence” prend pour argument un évènement Le type sémantique de “livre” est objet_physique et ne convient donc pas P. HENRY - Equipe SIGNES - LABRI 66 Exemple n L’opération de coercition transforme la dénotation de “livre” en une dénotation événementielle présente dans son qualia. n Cette opération peut utiliser soit l’attribut “telic” soit l’attribut “agentif” n On a donc deux interprétations possibles : n q q Marie commence à lire un livre. Marie commence à écrire un livre. P. HENRY - Equipe SIGNES - LABRI 67 La polysémie logique n Pustejovsky utilise outre les types simples (objet_physique, etc...), les types pointés. Ce type est motivé par des exemples de polysémie logique : q q q q q Jean a traduit ce livre Jean a brûlé le livre. objet informationnel objet physique Le journal attaque le président Marie renverse du café sur le journal Marie a trouvé l’adresse dans le journal P. HENRY - Equipe SIGNES - LABRI organisation objet physique objet informationnel 68 Le type pointé n n n Cet exemple est une instance d’une ambiguïté plus générale: l’ambiguïté fond/figure Le nom “fenêtre” n’a pas deux sens distincts mais un seul sens dont plusieurs objets (ouverture, objet physique) font partie Un LCP associe trois types sémantiques à une UL telle que “livre”. q q q le type objet physique le type objet informationnel Le type objet physique.objet informationnel P. HENRY - Equipe SIGNES - LABRI 69 Le type pointé n Un LCP permet ainsi de rendre compte de toutes les interprétations possibles pour “livre” Jean a traduit ce livre Jean a brûlé le livre. Jean a aimé le livre. objet informationnel objet physique objet physique.objet informationnel P. HENRY - Equipe SIGNES - LABRI 70 Résumé (1) n L’approche de Pustejovsky est basée sur q q n une représentation à 4 niveaux des unités lexicales des mécanismes génératifs Elle permet de rendre compte q q q de relations systématiques entre unités lexicales (tête et alternation transitif causal/intransitif) de la distinction entre polysémie (cuire un gateau/cuire des patates, aimer un livre/aimer lire a book, bonne musique/couteau) et ambiguïté (avocat). de la multitude des sens lexicaux P. HENRY - Equipe SIGNES - LABRI 71 Résumé (2) n n n n n Les LCP (Lexical Conceptual Paradigm) permettent de rendre compte de certaines polysémies nominales (e.g., contenant/contenu) La co-composition permet de rendre compte d’alternations aspectuelles (e.g., bake a cake/bake potatoes) La coercition de types permet de rendre compte d’alternations catégorielles (e.g., enjoy a book/enjoy reading a book) Le liage sélectif permet de rendre compte de la polysémie adjectiviale (e.g., good music/knife) Les DCP (Default Causative Paradigm) et la notion de tête évènementielle permettent de rendre compte de certaines alternations verbales ( e.g., transitif causatif/intransitif) P. HENRY - Equipe SIGNES - LABRI 72 Conclusion et liens utiles P. HENRY - Equipe SIGNES - LABRI 73 WORKSHOP GL'2005 Third International Workshop on Generative Approaches to the Lexicon School of Translation and Interpretation, University of Geneva, Switzerland May 19-21, 2005 (Endorsed by ACL SIGLEX) P. HENRY - Equipe SIGNES - LABRI 74 Communauté Susan Armstrong (ETI, TIM/ISSCO, University of Geneva) Toni Badia (Universitat Pompeu Fabra, Barcelona) Christian Bassac (Université Michel de Montaigne, Bordeaux) Sabine Bergler (Concordia University, Montreal) Nicoletta Calzolari (Istituto Di Linguistica Computazionale, Pisa) Ann Copestake (Cambridge University, Cambridge) Laurence Danlos (University of Paris VII, Paris) Pierre Frath (Université Marc Bloch, Strasbourg) Sandiway Fong (NEC, Princeton) Jacques Jayez (ENS-LSH, Lyon) Adam Kilgarriff (ITRI, University of Brighton, Brighton) Alessandro Lenci (University of Pisa, Pisa) Chungmin Lee (Seoul National University, Seoul) Christiane Fellbaum (Princeton University, Princeton) Hitoshi Isahara (National Institute of Information and Communications Technology, Kyoto) Louise McNally (Universitat Pompeu Fabra, Barcelona) Fiametta Namer (ATILF-CNRS, Université Nancy2, Nancy) Alex Lascarides (University of Edinburgh, Edinburgh) Andrei Popescu-Belis (ETI/TIM/ISSCO, University of Geneva) James Pustejovsky (Brandeis University, Boston) Pascale Sebillot (Irisa, Rennes) Evelyne Viegas (Microsoft Corporation, Redmond) P. HENRY - Equipe SIGNES - LABRI 75 Débat et fin n Les classes d’application q q q n Discipline émergeante (1er workshop 2001) Extraction de la sémantique issue de la syntaxe Les limites La notion de sens et de sémantique q Sens : interprétation d’un système formel n n n n Intuitive Opératoire ? Fabrication de structures sémantiques Est il souhaitable d’incorporer beaucoup (trop) d’informations sémantiques dans le lexique P. HENRY - Equipe SIGNES - LABRI 76