Entreprise Géo, usine de charcuteries, salaisons et conserves au Kremlin-Bicêtre
68J 1-225
Archives départementales du Val-de-Marne 3/17
INTRODUCTION
Présentation du producteur
En 1914, la S.A. Geo Foucault et Schweitzer naquit à Paris au 148 avenue d'Italie. Le "Balo",
daté du 30 mars 1914, nous précise l'origine de l'apport de la société "... consistant en fonds
de commerce composé de 3 usines, la 1
ère
à Montaigut-en-Combrailles (Puy-de-Dôme). La 2
ème
à Paris, avenue d'Italie, 148, rue du Tage, 12 et rue de l'Industrie, 9, et la 3
ème
à Paris, rue de
Lesseps, 14, 16, 18, 20, 13 et 15, d'une maison de vente avenue d'Italie, 115 et divers
magasins...".
Pourtant, dès 1913, l'usine de fabrication des charcuteries, salaisons et conserves, s'installe
sur l'actuelle avenue de Fontainebleau, au Kremlin-Bicêtre, à l'emplacement de l'ancien dépôt
des tramways sud (AD Val-de-Marne, 3P Kremlin 1). La société conserva son implantation
originelle.
La construction de l'usine fut arrêtée par la guerre de 1914-1918 et reprit juste après la fin
du conflit. Pour satisfaire l'augmentation de l'activité, des travaux d'extension eurent lieu
pendant l'entre-deux-guerres.
Le fondateur de l'entreprise, Geo[rges] Foucault, avait été initié aux méthodes modernes, à
savoir le paternalisme social à l'américaine. Qu'on en juge : avant 1936, la société intégrait
en ses murs garderie et crèche enfantine, espaces de loisir pour le personnel, infirmerie,
assistante sociale, cantine spacieuse, vastes lavabos-douches. De plus, la firme logeait une
partie de son personnel dans des pavillons sis avenue de Choisy, à Ivry, dits cité-jardins. En
outre, des espaces sportifs étaient mis à disposition pour le personnel.
L'ensemble de ces activités était géré par une surintendante d'usine.
L'entreprise employa jusqu'à 1500 personnes ; l'usine du Kremlin intégrait la chaîne de
production depuis l'abattage des porcs (bien qu'une filiale de Geo, la Nationale, sise à
Aubervilliers, procédât également à la tuerie des porcs) jusqu'à l'expédition des produits
finis. Une ferblanterie et un garage de véhicules automobiles étaient distincts de l'usine,
toujours sur le territoire du Kremlin. D'autre part, une usine au Maroc expédiait en
métropole les produits spécifiques par l'intermédiaire d'un dépôt à Marseille.
La production de conserve était variée : depuis tous les dérivés du porc jusqu'aux plats
cuisinés, légumes en tout genre.
Ce type de production perdura jusqu'au milieu des années 1960. A partir de cette époque, la
montée du libre-service, provenant des Etats-Unis, obligea à une complète orientation de la
production : il fallait négocier le passage de la charcuterie traditionnelle à la charcuterie
industrielle, avec de nouvelles techniques de présentation (abandon de la conserve classique
au profit des emballages thermosoudables) de conservation et tenir compte de l'évolution
des goûts liés au nouveau type de consommation engendré par la distribution tout azimut.
Il allait appartenir à Hubert Foucault, petit-fils du fondateur de procéder à la relance de
l'affaire à partir de 1974.
L'entreprise effectua une restructuration inévitable : mécanisation de toute la chaîne de
production entraînant réduction des effectifs et regroupement topographique. L'évolution
s'effectue alors vers la recherche, les nouvelles technologies et la concentration des ventes
sur la grande distribution. Par l'entremise de la holding Cofigeo, la société mène une
politique commerciale de diversification de la production, en intégrant des groupes tels que
Relais-Frais, qui fabrique des sandwichs libre-service (la cadence quotidienne de production
est passée en quelques mois de 1000 à 18000 articles).
Le passage d'une entreprise de 1500 à 300 personnes nécessita la cession d'une partie du
patrimoine immobilier, dont les conséquences furent funestes pour les archives de la
société.