Sida,
I'espoirau
bout
du
tunnel
VIH
Des
cas
avérés
de
guérison
ouvrent
des
perspectives
de
recherche,
loin
de
la
quête
vaine
d'un
vaccin,
et
permettent
d'imaginer
un
monde
sans
épidémie
Gérald
Cordonier
ESuisse,
en
2013,
on
meurt
toujours
du
sida.
Et
la
mala-
die
continue
à
être
stigmati-
sée.
Certes,
depuis
l'appari-
tion
des
trithérapies,
les
séro-
positifs
vivent
beaucoup
mieux
qu'avec
les
premiers
traitements.
Le
virus
d'im-
munodéficience
humaine
(VIII)
n'est
plus
synonyme
de
couloir
de
la
mort:
la
révo-
lution
des
antirétroviraux
-
avec
désor-
mais
un
seul
comprimé
par
jour
et
des
effets
secondaires
réduits
-
a
redonné
espoir
aux
patients,
qui
peuvent
jouir
d'une
espérance
et
d'un
confort
de
vie
retrouvés.
«Un
chemin
incroyable
a
été
parcouru.
Le
nombre
de
personnes
âgées
de
plus
de
50
ans
séropositives
a
effecti-
vement
doublé
en
dix
ans,
avec
plus
de
30%
contre
15%
au
milieu
des
années
2000»,
confirme
Matthias
Cavassini,
mé-
decin
responsable
de
la
consultation
am-
bulatoire
du
service
des
maladies
infec-
tieuses
au
CHUV.
Aujourd'hui,
une
autre
révolution
mé-
dicale
se
prépare
et
pourrait
faire
passer
la
quête
de
la
guérison
avant
celle
d'un
vaccin,
poursuivie
en
vain
depuis
trente
ans.
De
quoi
encourager
certains
à
imagi-
ner
un
monde
débarrassé
de
la
maladie.
Un
monde
rêvé
sans
sida
Une
décennie
d'investissements
privés
et
publics
sans
précédent
dans
la
recherche
a
permis
d'accomplir
des
progrès
scienti-
fiques
majeurs.
Au
point
d'espérer
voir
émerger
«une
génération
sans
sida»,
comme
l'a
osé
publiquement
Hillary
Clin-
ton
en
2011?
Il
y
a
peu,
beaucoup
en
dou-
taient.
Mais
plusieurs
cas
récents
de
gué-
rison
de
patients
porteurs
du
virus
ouvrent
des
perspectives
scientifiques
in-
soupçonnées.
«Lorsque
l'on
observe
l'augmentation
constante
des
infections
sexuellement
transmissibles
(IST)
et
la
difficulté
qu'ontles
gens
à
se
protéger,
un
monde
sans
le
virus
me
paraît
impossible,
relativise
Harry
Witzthum,
porte-parole
de
l'Aide
suisse
contre
le
sida.
Mais
un
monde
sans
maladie
déclarée,
c'est
tout
à
fait
envisageable.»
Eradiquer
la
pandémie
constitue
d'ailleurs
l'un
des
objectifs
clairement
dé-
finis
au
niveau
international.
«Pour
la
toute
première
fois,
nous
pouvons
envi-
sager
la
fin
d'une
épidémie
qui
a
profon-
dément
dévasté
le
monde,
ose
l'agence
ONUSIDA
à
l'occasion
de
lajournée
mon-
diale
contre
le
sida
de
demain.
Nous
com-
mençons
à
contrôlerl'épidémie,
ce
n'est
plus
elle
qui
nous
contrôle.»
En
Suisse,
un
pays
sans
sida
constitue
aussi
le
thème
de
la
nouvelle
campagne
nationale
de
pré-
vention.
Mais,
avant
d'y
arriver,
le
com-
bat
n'est
pas
terminé.
«Il
ne
faut
pas
se
méprendre,
rappelle-t-on
du
côté
de
l'agence
onusienne
spécialisée
dans
la
lutte
contre
le
sida.
La
stigmatisation,
le
déni
et
le
recul
de
la
vigilance
existent
toujours
et
font
planer
la
menace
de
per-
dre
encore
une
génération.»
Pour
tenter
d'y
remédier,
le
combat
continue
à
être
mené
sur
tous
les
fronts.
La
quête
de
la
guérison
En
début
d'année,
on
apprenait
qu'un
bébé
américain
avait
été
guéri
du
VIII
grâce
à
un
traitement
débuté
trente
heu-
res
après
sa
naissance.
En
France,
ce
sont
14
patients
-
traités
moins
de
dix
semaines
après
l'infection
-
qui
ont
vu
leur
charge
virale
devenir
totalement
indétectable
à
l'arrêt
des
médicaments
antirétroviraux.
Ceux-ci
ont
réussi
à
stopper
le
virus,
l'em-
pêchant
d'aller
se
cacher
dans
de
discrets
sanctuaires
pour
se
réveiller
quelque
temps
plus
tard.
En
juillet
2012,
c'est
le
cas
du
«patient
de
Berlin»,
ancien
leucé-
mique,
qui
surprenait
la
communauté
scientifique:
Timothy
Brown
est
rede-
venu
totalement
séronégatif
après
avoir
subi
une
greffe
de
moelle
osseuse
à
partir
des
cellules
souches
d'un
patient
naturel-
lement
résistant
à
la
maladie.
Tous
ces
cas
cliniques
dessinent
de
nouveaux
espoirs
d'expérimentation
quand
on
sait
que
les
meilleurs
résultats
obtenus
avec
un
vaccin
préventif
tour-
nent
autour
de
30%
de
succès,
après
trente
ans
de
vaines
recherches.
«Pour
l'instant,
ces cas
de
guérison
restent
anec-
dotiques,
et
on
est
loin
des
applications
pratiques,
mais
ils
ont
véritablement
ouvert
une
nouvelle
ère
depuis
deux
ans,
se
réjouit
Matthias
Cavassini.
Le
patient
de
Berlin
est
le
premier
vrai
cas
de
guéri-
son
qui
ouvre
des
pistes
autour
de
la
thé-
rapie
génique.»
Au
niveau
médical,
une
autre
avancée
pourrait,
si
ce
n'est
éradiquer
le
virus,
permettre
de
limiter
sa
propagation
en
traitant
encore
plus
facilement
les
mala-
des:
celle
des
médicaments
à
longue
du-
rée
d'action,
avec
une
prise
pour
des
ef-
fets
qui
durent
plusieurs
mois.
«Une
solu-
tion
très
utile
dans
tous
les
pays
l'accès
aux
médicaments
s'avère
difficile»,
avance
le
spécialiste
du
CHUV,
qui
rap-
pelle
que
toutes
ces
avancées
montrent
à
quel
point
il
est
important
de
pouvoir
traiter
toutes
les
personnes
infectées
le
plus
tôt
possible.
«Car
si,
aujourd'hui,
on
peutvivre
plus
ou
moins
bien
avec
le
VIII,
on
découvre
aussi
que
le
virus,
non
traité,
augmente
de
manière
significative
les
ris-
ques
d'infarctus
(+50%),
de
cancers
ou
de
troubles
neurocognitifs.»
La
guerre
du
dépistage
En
attendant
que
ces
révolutions
médica-
les
se
réalisent,
la
lutte
contre
le
sida
passe
toujours
par
les
indispensables
campagnes
de
prévention,
autour
du
sexe
protégé
et
d'une
incitation
au
dépistage.
En
Suisse,
on
estime
que
25%
de
la
popu-
lation
contaminée
par
le
VIII
l'ignore.
Et
près
de
50%
des
nouveaux
diagnostics
sont
réalisés
à
un
stade
déjà
avancé
de
l'infection,
plus
difficilement
maîtrisable.
«On
sait
que
c'est
précisément
cette
po-
pulation
qui
transmet
le
virus,
explique
Deborah
Glejser,
porte-parole
du
Groupe
sida
Genève,
antenne
régionale
de
l'Aide
Suisse
contre
le
Sida.
Les
séropositifs
dé-
clarés
ne
sont
plus
vecteurs
de
la
maladie
car
ils
se
protègent
sérieusement.»
Chaque
année,
plus
de
600
personnes
découvrent
leur
infection
dans
le
pays.
Deux
cents
d'entre
elles
déclarentla
ma-
ladie
et
30
à
50
décèdent
des
suites
de
cette
déficience
immunitaire.
Des
chiffres
confirmés
encore
une
fois
en
2013:
les
projections
de
l'Office
fédéral
de
la
santé
publique
(OFSP)
tablent
sur
660
dépista-
ges
positifs
au
31
décembre
prochain.
C'est
à
peine
plus
qu'en
2012.
Avec
645
cas
contre
562
en
2011.
l'année
dernière
marquait
une
reprise
de
l'épidémie
après
des
années
de
recul.
«On
a
l'impression
Autor: Gérald Cordonier
24 heures
1001 Lausanne
tel. 021 349 44 44
www.24heures.ch
29. November 2013
Seite: 7
Auflage 69'762 Ex.
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Erscheint 6 x woe
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que
le
VIII
n'est
plus
un
vrai
souci,
oh-
serve
Harry
Witzthum.
Cela
reste
pour-
tant
un
vrai
problème
de
santé
publique
et
un
souci
pour
de
nombreux
individus:
25
000
personnes
vivent
avec
la
maladie
en
Suisse.»
A
Genève,
cela
représente,
par
exemple,
une
personne
sur
cent.
Dans
le
viseur
des
milieux
de
la
pré-
vention,
il
y
a
surtoutles
hommes
qui
ont
des
relations
sexuelles
avec
d'autres
hom-
mes
(11SF»
-
45%
des
nouvelles
contami-
nations
en
2012.
A
proportion
quasi
égale,
on
trouve
les
hétérosexuels,
parmi
les-
quels
une
partie
importante
de
personnes
issues
de
la
population
subsaharienne
mais
aussi.
..
de
plus
en
plus
d'hommes
suisses
de
plus
40
ans,
«ces
quadras
et
quinquas
qui
recommencent
une
vie
amoureuse
après
une
séparation
et
se
sen-
tent
peu
concernés
par
les
IST»,
résume
Deborah
Glejser.
A
Genève,
en
2012,
la
totalité
des
hétérosexuels
suisses
déclarés
séropositifs
étaient
des
mâles
de
plus
de
50
ans.
Les
contaminations
par
voie
intra-
veineuse
ne
constituent,
elles,
que
7%.
Comment
rêver
à
un
monde
sans
sida
avec
des
bombes
à
retardement
dans
la
nature?
Même
si
les
moyens
à
allouer
ou
les
publics
à
cibler
font
parfois
débat
(lire
ci-contre),
les
avis
sont
unanimes:
pour
l'heure,
la
clé
principale
pour
enrayer
l'épidémie
réside
du
côté
du
dépistage.
Malades
toujours
stigmatisés
D'un
point
de
vue
juridique,
les
choses
ontégalementévolué
ces
derniers
temps.
Alors
qu'elle
était
longtemps
criminali-
sée,
la
transmission
du
virus
ne
l'est
plus
depuis
la
récente
révision
de
la
loi
fédé-
rale
sur
les
épidémies.
Seule
reste
pour-
suivie
la
transmission
«par
bassesse
de
caractère».
Une
dépénalisation
que
sa-
luent
les
associations
de
soutien
aux
ma-
lades.
«On
voit
une
forme
de
normalisa-
tion
de
la
maladie
du
côté
de
la
médecine
et
de
lajustice,
observe
Harry
Witzthum,
mais
cela
ne
signifie
pas
que
les
peurs
irrationnelles
qu'entraîne
le
VIII
ont
dis-
paru.
Les
malades
restent
stigmatisés.
Et
les
choses
doivent
changer
si
l'on
veut
gagner
le
combat.
Car
la
stigmatisation
éloigne
du
dépistage.»
Trente
ans
de
débat
autour
du
dépistage
.
Faut-il
encourager
un
dépistage
de
routine
de
toute
la
population
adulte,
comme
en
France
ou
aux
Etats-Unis,
ou
à
l'instar
de
ce
que
préconisent
les
directives
fédérales,
promouvoir
surtout
le
test
au
sein
des
populations
à
risques?
En
Suisse,
des
campagnes
spécifiques
de
prévention,
ou
d'incitation
au
test,
existent
pour
les
migrants,
pour
les
professionnel(le)s
du
sexe
ou
pour
la
population
homosexuelle.
Et
que
penser
des
prix
helvétiques
(env.
60
fr.)
pour
un
dépistage
anonyme,
certes
systématiquement
accompagné
d'une
discussion
et
de
conseils,
quand
on
sait
qu'il
peut
être
effectué
gratuitement
à
l'étranger?
Ces
questions
divisent
depuis
trente
ans
les
milieux
concernés.
«On
ne
peut
pas
dire
que
le
dépistage
constitue
le
nerf
de
la
guerre
et
ne
pas
tout
faire
pour
le
favoriser
de
la
manière
la
plus
large
possible»,
s'insurge
le
Dr
Matthias
Cavassini,
également
remonté
de
découvrir
qu'une
semaine
internationale
du
dépistage
se
termine
aujourd'hui
dans
56
pays
européens...
saufen
Suisse.
Puisque,
se
défend-on
du
côté
de
l'Aide
Suisse
contre
le
Sida,
«les
plannings
des
campagnes
étaient
déjà
établis
depuis
longtemps
et
qu'un
bilan
de
l'expérience
étrangère
sera
réalisé».
«Définir
des
priorités
est
nécessaire,
mais
il
y
a
effectivement
des
publics
difficiles
à
toucher
-
les
plus
de
35
ans
comme
d'autres
-
pour
qui
on
ne
développe
effectivement
pas
de
programme
spécifique,
regrette
Deborah
Glejser,
du
Groupe
sida
Genève,
qui
défend
aussi
la
gratuité
du
dépistage.
Mais
cela
fait
des
années
qu'on
tire
en
vain
la
sonnette
d'alarme.»
Simone
Eigenmann
Schiittel,
de
la
section
Prévention
et
promotion
à
l'Office
fédéral
de
la
santé
publique,
estime
pour
sa
part
que
la
campagne
fédérale
actuelle
se
concentrant
sur
le
dépistage
des
populations
à
risques
englobe
tout
à
fait
la
problématique
qui
touche
les
quadragénaires
hétéro-
sexuels,
puisqu'elle
représente
justement
des
profils
variés,
parmi
lesquels
se
trouvent
aussi
des
personnes
plus
âgées».
«Pour
l'instant,
les
cas
de
guérison
restent
anecdotiques,
et
on
est
loin
des
applications
pratiques,
mais
ils
ont
véritablement
ouvert
une
nouvelle
ère
depuis
deux
ans»
Dr
Matthias
Cavassini,
médecin
responseble
de
la
consultation
ambulatoire
du
service
des
maladies
infectieuses
au
CHUV
Autor: Gérald Cordonier
24 heures
1001 Lausanne
tel. 021 349 44 44
www.24heures.ch
29. November 2013
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„L
j
.
La
lutte
contre
le
sida
passe
toujours
par
les
campagnes
de
prévention.
En
Suisse,
25%
de
la
population
contaminée
par
le
VIH
l'ignore.
VÂNESSA
CARDOSO
Autor: Gérald Cordonier
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