29. November 2013 Seite: 7 Autor: Gérald Cordonier 24 heures 1001 Lausanne tel. 021 349 44 44 www.24heures.ch Auflage Reichweite Erscheint Fläche Wert 69'762 204'000 6 x woe 105'854 10'800 Ex. Leser mm2 CHF Sida, I'espoirau bout du tunnel VIH Des cas avérés de guérison ouvrent des perspectives de recherche, loin de la quête vaine d'un vaccin, et permettent d'imaginer un monde sans épidémie Gérald Cordonier ESuisse, en 2013, on meurt toujours du sida. Et la maladie continue à être stigmatisée. Certes, depuis l'apparition des trithérapies, les séropositifs vivent beaucoup mieux qu'avec les premiers traitements. Le virus d'immunodéficience humaine (VIII) n'est plus synonyme de couloir de la mort: la révolution des antirétroviraux avec désormais un seul comprimé par jour et des effets secondaires réduits a redonné espoir aux patients, qui peuvent jouir d'une espérance et d'un confort de vie retrouvés. «Un chemin incroyable a été parcouru. Le nombre de personnes âgées de plus de 50 ans séropositives a effectivement doublé en dix ans, avec plus de 30% contre 15% au milieu des années 2000», confirme Matthias Cavassini, médecin responsable de la consultation ambulatoire du service des maladies infectieuses au CHUV. Aujourd'hui, une autre révolution médicale se prépare et pourrait faire passer la quête de la guérison avant celle d'un vaccin, poursuivie en vain depuis trente ans. De quoi encourager certains à imaginer un monde débarrassé de la maladie. Un monde rêvé sans sida - - Une décennie d'investissements privés et publics sans précédent dans la recherche a permis d'accomplir des progrès scientifiques majeurs. Au point d'espérer voir émerger «une génération sans sida», comme l'a osé publiquement Hillary Clinton en 2011? Il y a peu, beaucoup en doutaient. Mais plusieurs cas récents de guérison de patients porteurs du virus ouvrent des perspectives scientifiques insoupçonnées. «Lorsque l'on observe l'augmentation constante des infections sexuellement transmissibles (IST) et la difficulté qu'ontles gens à se protéger, un monde sans le virus me paraît impossible, relativise Harry Witzthum, porte-parole de l'Aide suisse contre le sida. Mais un monde sans maladie déclarée, c'est tout à fait envisageable.» Eradiquer la pandémie constitue d'ailleurs l'un des objectifs clairement dé- finis au niveau international. «Pour la toute première fois, nous pouvons envisager la fin d'une épidémie qui a profondément dévasté le monde, ose l'agence ONUSIDA à l'occasion de lajournée mondiale contre le sida de demain. Nous commençons à contrôlerl'épidémie, ce n'est plus elle qui nous contrôle.» En Suisse, un pays sans sida constitue aussi le thème de la nouvelle campagne nationale de prévention. Mais, avant d'y arriver, le combat n'est pas terminé. «Il ne faut pas se méprendre, rappelle-t-on du côté de l'agence onusienne spécialisée dans la lutte contre le sida. La stigmatisation, le déni et le recul de la vigilance existent toujours et font planer la menace de perdre encore une génération.» Pour tenter d'y remédier, le combat continue à être mené sur tous les fronts. La quête de la guérison En début d'année, on apprenait qu'un bébé américain avait été guéri du VIII grâce à un traitement débuté trente heures après sa naissance. En France, ce sont 14 patients traités moins de dix semaines après l'infection qui ont vu leur charge virale devenir totalement indétectable à l'arrêt des médicaments antirétroviraux. Ceux-ci ont réussi à stopper le virus, l'empêchant d'aller se cacher dans de discrets sanctuaires pour se réveiller quelque temps plus tard. En juillet 2012, c'est le cas du «patient de Berlin», ancien leucémique, qui surprenait la communauté scientifique: Timothy Brown est redevenu totalement séronégatif après avoir subi une greffe de moelle osseuse à partir des cellules souches d'un patient naturellement résistant à la maladie. Tous ces cas cliniques dessinent de nouveaux espoirs d'expérimentation quand on sait que les meilleurs résultats obtenus avec un vaccin préventif tournent autour de 30% de succès, après trente ans de vaines recherches. «Pour l'instant, ces cas de guérison restent anecdotiques, et on est loin des applications pratiques, mais ils ont véritablement ouvert une nouvelle ère depuis deux ans, se réjouit Matthias Cavassini. Le patient de Berlin est le premier vrai cas de guéri- - - tel. 041 624 99 66 www.management-tools.ch son qui ouvre des pistes autour de la thérapie génique.» Au niveau médical, une autre avancée pourrait, si ce n'est éradiquer le virus, permettre de limiter sa propagation en traitant encore plus facilement les malades: celle des médicaments à longue durée d'action, avec une prise pour des effets qui durent plusieurs mois. «Une solution très utile dans tous les pays où l'accès aux médicaments s'avère difficile», avance le spécialiste du CHUV, qui rappelle que toutes ces avancées montrent à quel point il est important de pouvoir traiter toutes les personnes infectées le plus tôt possible. «Car si, aujourd'hui, on peutvivre plus ou moins bien avec le VIII, on découvre aussi que le virus, non traité, augmente de manière significative les risques d'infarctus (+50%), de cancers ou de troubles neurocognitifs.» La guerre du dépistage En attendant que ces révolutions médicales se réalisent, la lutte contre le sida passe toujours par les indispensables campagnes de prévention, autour du sexe protégé et d'une incitation au dépistage. En Suisse, on estime que 25% de la population contaminée par le VIII l'ignore. Et près de 50% des nouveaux diagnostics sont réalisés à un stade déjà avancé de l'infection, plus difficilement maîtrisable. «On sait que c'est précisément cette population qui transmet le virus, explique Deborah Glejser, porte-parole du Groupe sida Genève, antenne régionale de l'Aide Suisse contre le Sida. Les séropositifs déclarés ne sont plus vecteurs de la maladie car ils se protègent sérieusement.» Chaque année, plus de 600 personnes découvrent leur infection dans le pays. Deux cents d'entre elles déclarentla maladie et 30 à 50 décèdent des suites de cette déficience immunitaire. Des chiffres confirmés encore une fois en 2013: les projections de l'Office fédéral de la santé publique (OFSP) tablent sur 660 dépistages positifs au 31 décembre prochain. C'est à peine plus qu'en 2012. Avec 645 cas contre 562 en 2011. l'année dernière marquait une reprise de l'épidémie après des années de recul. «On a l'impression Clipping-Nr. Clipping-Seite 17391915 1/3 29. November 2013 Seite: 7 Autor: Gérald Cordonier 24 heures 1001 Lausanne tel. 021 349 44 44 www.24heures.ch que le VIII n'est plus un vrai souci, ohserve Harry Witzthum. Cela reste pourtant un vrai problème de santé publique et un souci pour de nombreux individus: 25 000 personnes vivent avec la maladie en Suisse.» A Genève, cela représente, par exemple, une personne sur cent. Dans le viseur des milieux de la prévention, il y a surtoutles hommes qui ont des relations sexuelles avec d'autres hommes (11SF» - 45% des nouvelles contaminations en 2012. A proportion quasi égale, on trouve les hétérosexuels, parmi lesquels une partie importante de personnes issues de la population subsaharienne mais aussi. . de plus en plus d'hommes suisses de plus 40 ans, «ces quadras et quinquas qui recommencent une vie amoureuse après une séparation et se sentent peu concernés par les IST», résume . Auflage Reichweite Erscheint Fläche Wert Deborah Glejser. A Genève, en 2012, la totalité des hétérosexuels suisses déclarés séropositifs étaient des mâles de plus de 50 ans. Les contaminations par voie intraveineuse ne constituent, elles, que 7%. Comment rêver à un monde sans sida avec des bombes à retardement dans la nature? Même si les moyens à allouer ou les publics à cibler font parfois débat (lire ci-contre), les avis sont unanimes: pour l'heure, la clé principale pour enrayer l'épidémie réside du côté du dépistage. 69'762 204'000 6 x woe 105'854 10'800 Ex. Leser mm2 CHF Malades toujours stigmatisés point de vue juridique, les choses ontégalementévolué ces derniers temps. Alors qu'elle était longtemps criminalisée, la transmission du virus ne l'est plus depuis la récente révision de la loi fédérale sur les épidémies. Seule reste poursuivie la transmission «par bassesse de caractère». Une dépénalisation que saluent les associations de soutien aux malades. «On voit une forme de normalisation de la maladie du côté de la médecine et de lajustice, observe Harry Witzthum, mais cela ne signifie pas que les peurs irrationnelles qu'entraîne le VIII ont disparu. Les malades restent stigmatisés. Et les choses doivent changer si l'on veut gagner le combat. Car la stigmatisation éloigne du dépistage.» D'un Trente ans de débat autour du dépistage Faut-il encourager un dépistage de routine de toute la population adulte, comme en France ou aux Etats-Unis, ou à l'instar de ce que préconisent les directives fédérales, promouvoir surtout le test au sein des populations à risques? En Suisse, des campagnes spécifiques de prévention, ou d'incitation au test, existent pour les migrants, pour les professionnel(le)s du sexe ou pour la population homosexuelle. Et que penser des prix helvétiques (env. 60 fr.) pour un dépistage anonyme, certes systématiquement accompagné d'une discussion et de conseils, quand on sait qu'il peut être effectué gratuitement à l'étranger? Ces questions divisent depuis trente ans les milieux concernés. pas dire que le dépistage constitue le nerf de la guerre et ne pas tout faire pour le favoriser de la manière la plus large possible», s'insurge le Dr Matthias Cavassini, également remonté de découvrir qu'une semaine internationale du dépistage se termine aujourd'hui dans 56 pays européens... saufen Suisse. Puisque, se défend-on du côté de l'Aide Suisse contre le Sida, «les plannings des campagnes étaient déjà établis depuis longtemps et qu'un bilan de l'expérience étrangère sera réalisé». «Définir des priorités est nécessaire, mais il y a effectivement des publics difficiles à toucher les plus de 35 ans comme d'autres pour qui on ne «On ne peut - - développe effectivement pas de programme spécifique, regrette Deborah Glejser, du Groupe sida Genève, qui défend aussi la gratuité du dépistage. Mais cela fait des années qu'on tire en vain la sonnette d'alarme.» Simone Eigenmann Schiittel, de la section Prévention et promotion à l'Office fédéral de la santé publique, estime pour sa part que la campagne fédérale actuelle se concentrant sur le dépistage des populations à risques englobe tout à fait la problématique qui touche les quadragénaires hétérosexuels, puisqu'elle représente justement des profils variés, parmi lesquels se trouvent aussi des personnes plus âgées». «Pour l'instant, les cas de guérison restent anecdotiques, et on est loin des applications pratiques, mais ils ont véritablement ouvert une nouvelle ère depuis deux ans» Dr Matthias Cavassini, médecin responseble de la consultation ambulatoire du service des maladies infectieuses au CHUV tel. 041 624 99 66 www.management-tools.ch Clipping-Nr. Clipping-Seite 17391915 2/3 29. November 2013 Seite: 7 Autor: Gérald Cordonier 24 heures 1001 Lausanne tel. 021 349 44 44 www.24heures.ch :.- - ' t t Auflage Reichweite Erscheint Fläche Wert 69'762 204'000 6 x woe 105'854 10'800 Ex. Leser mm2 CHF : -•1;JI:i !ÏjTIi&fl$1;li £ - „L . tel. 041 624 99 66 www.management-tools.ch -- -- j La lutte contre le sida passe toujours par les campagnes de prévention. En Suisse, 25% de la population contaminée par le VIH l'ignore. VÂNESSA CARDOSO Clipping-Nr. Clipping-Seite 17391915 3/3