ESuisse,en 2013, on meurt

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29. November 2013
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Autor: Gérald Cordonier
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Sida, I'espoirau bout du tunnel
VIH Des cas avérés de guérison ouvrent des perspectives de recherche, loin de la quête
vaine d'un vaccin, et permettent d'imaginer un monde sans épidémie
Gérald Cordonier
ESuisse,
en 2013, on meurt
toujours du sida. Et la maladie continue à être stigmatisée. Certes, depuis l'apparition des trithérapies, les séropositifs vivent beaucoup mieux qu'avec
les premiers traitements. Le virus d'immunodéficience humaine (VIII) n'est plus
synonyme de couloir de la mort: la révolution des antirétroviraux avec désormais un seul comprimé par jour et des
effets secondaires réduits
a redonné
espoir aux patients, qui peuvent jouir
d'une espérance et d'un confort de vie
retrouvés. «Un chemin incroyable a été
parcouru. Le nombre de personnes âgées
de plus de 50 ans séropositives a effectivement doublé en dix ans, avec plus de
30% contre 15% au milieu des années
2000», confirme Matthias Cavassini, médecin responsable de la consultation ambulatoire du service des maladies infectieuses au CHUV.
Aujourd'hui, une autre révolution médicale se prépare et pourrait faire passer
la quête de la guérison avant celle d'un
vaccin, poursuivie en vain depuis trente
ans. De quoi encourager certains à imaginer un monde débarrassé de la maladie.
Un monde rêvé sans sida
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Une décennie d'investissements privés et
publics sans précédent dans la recherche
a permis d'accomplir des progrès scientifiques majeurs. Au point d'espérer voir
émerger «une génération sans sida»,
comme l'a osé publiquement Hillary Clinton en 2011? Il y a peu, beaucoup en doutaient. Mais plusieurs cas récents de guérison de patients porteurs du virus
ouvrent des perspectives scientifiques insoupçonnées. «Lorsque l'on observe
l'augmentation constante des infections
sexuellement transmissibles (IST) et la
difficulté qu'ontles gens à se protéger, un
monde sans le virus me paraît impossible,
relativise Harry Witzthum, porte-parole
de l'Aide suisse contre le sida. Mais un
monde sans maladie déclarée, c'est tout à
fait envisageable.»
Eradiquer la pandémie constitue
d'ailleurs l'un des objectifs clairement dé-
finis au niveau international. «Pour la
toute première fois, nous pouvons envisager la fin d'une épidémie qui a profondément dévasté le monde, ose l'agence
ONUSIDA à l'occasion de lajournée mondiale contre le sida de demain. Nous commençons à contrôlerl'épidémie, ce n'est
plus elle qui nous contrôle.» En Suisse, un
pays sans sida constitue aussi le thème de
la nouvelle campagne nationale de prévention. Mais, avant d'y arriver, le combat n'est pas terminé. «Il ne faut pas se
méprendre, rappelle-t-on du côté de
l'agence onusienne spécialisée dans la
lutte contre le sida. La stigmatisation, le
déni et le recul de la vigilance existent
toujours et font planer la menace de perdre encore une génération.» Pour tenter
d'y remédier, le combat continue à être
mené sur tous les fronts.
La quête de la guérison
En début d'année, on apprenait qu'un
bébé américain avait été guéri du VIII
grâce à un traitement débuté trente heures après sa naissance. En France, ce sont
14 patients traités moins de dix semaines
après l'infection qui ont vu leur charge
virale devenir totalement indétectable à
l'arrêt des médicaments antirétroviraux.
Ceux-ci ont réussi à stopper le virus, l'empêchant d'aller se cacher dans de discrets
sanctuaires pour se réveiller quelque
temps plus tard. En juillet 2012, c'est le
cas du «patient de Berlin», ancien leucémique, qui surprenait la communauté
scientifique: Timothy Brown est redevenu totalement séronégatif après avoir
subi une greffe de moelle osseuse à partir
des cellules souches d'un patient naturellement résistant à la maladie.
Tous ces cas cliniques dessinent de
nouveaux espoirs d'expérimentation
quand on sait que les meilleurs résultats
obtenus avec un vaccin préventif tournent autour de 30% de succès, après
trente ans de vaines recherches. «Pour
l'instant, ces cas de guérison restent anecdotiques, et on est loin des applications
pratiques, mais ils ont véritablement
ouvert une nouvelle ère depuis deux ans,
se réjouit Matthias Cavassini. Le patient
de Berlin est le premier vrai cas de guéri-
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son qui ouvre des pistes autour de la thérapie génique.»
Au niveau médical, une autre avancée
pourrait, si ce n'est éradiquer le virus,
permettre de limiter sa propagation en
traitant encore plus facilement les malades: celle des médicaments à longue durée d'action, avec une prise pour des effets qui durent plusieurs mois. «Une solution très utile dans tous les pays où l'accès
aux médicaments s'avère difficile»,
avance le spécialiste du CHUV, qui rappelle que toutes ces avancées montrent à
quel point il est important de pouvoir
traiter toutes les personnes infectées le
plus tôt possible. «Car si, aujourd'hui, on
peutvivre plus ou moins bien avec le VIII,
on découvre aussi que le virus, non traité,
augmente de manière significative les risques d'infarctus (+50%), de cancers ou de
troubles neurocognitifs.»
La guerre du dépistage
En attendant que ces révolutions médicales se réalisent, la lutte contre le sida
passe toujours par les indispensables
campagnes de prévention, autour du sexe
protégé et d'une incitation au dépistage.
En Suisse, on estime que 25% de la population contaminée par le VIII l'ignore. Et
près de 50% des nouveaux diagnostics
sont réalisés à un stade déjà avancé de
l'infection, plus difficilement maîtrisable.
«On sait que c'est précisément cette population qui transmet le virus, explique
Deborah Glejser, porte-parole du Groupe
sida Genève, antenne régionale de l'Aide
Suisse contre le Sida. Les séropositifs déclarés ne sont plus vecteurs de la maladie
car ils se protègent sérieusement.»
Chaque année, plus de 600 personnes
découvrent leur infection dans le pays.
Deux cents d'entre elles déclarentla maladie et 30 à 50 décèdent des suites de
cette déficience immunitaire. Des chiffres
confirmés encore une fois en 2013: les
projections de l'Office fédéral de la santé
publique (OFSP) tablent sur 660 dépistages positifs au 31 décembre prochain.
C'est à peine plus qu'en 2012. Avec 645
cas contre 562 en 2011. l'année dernière
marquait une reprise de l'épidémie après
des années de recul. «On a l'impression
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que le VIII n'est plus un vrai souci, ohserve Harry Witzthum. Cela reste pourtant un vrai problème de santé publique
et un souci pour de nombreux individus:
25 000 personnes vivent avec la maladie
en Suisse.» A Genève, cela représente, par
exemple, une personne sur cent.
Dans le viseur des milieux de la prévention, il y a surtoutles hommes qui ont
des relations sexuelles avec d'autres hommes (11SF» - 45% des nouvelles contaminations en 2012. A proportion quasi égale,
on trouve les hétérosexuels, parmi lesquels une partie importante de personnes
issues de la population subsaharienne
mais aussi. . de plus en plus d'hommes
suisses de plus 40 ans, «ces quadras et
quinquas qui recommencent une vie
amoureuse après une séparation et se sentent peu concernés par les IST», résume
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Deborah Glejser. A Genève, en 2012, la
totalité des hétérosexuels suisses déclarés
séropositifs étaient des mâles de plus de
50 ans. Les contaminations par voie intraveineuse ne constituent, elles, que 7%.
Comment rêver à un monde sans sida
avec des bombes à retardement dans la
nature? Même si les moyens à allouer ou
les publics à cibler font parfois débat (lire
ci-contre), les avis sont unanimes: pour
l'heure, la clé principale pour enrayer
l'épidémie réside du côté du dépistage.
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Malades toujours stigmatisés
point de vue juridique, les choses
ontégalementévolué ces derniers temps.
Alors qu'elle était longtemps criminalisée, la transmission du virus ne l'est plus
depuis la récente révision de la loi fédérale sur les épidémies. Seule reste poursuivie la transmission «par bassesse de
caractère». Une dépénalisation que saluent les associations de soutien aux malades. «On voit une forme de normalisation de la maladie du côté de la médecine
et de lajustice, observe Harry Witzthum,
mais cela ne signifie pas que les peurs
irrationnelles qu'entraîne le VIII ont disparu. Les malades restent stigmatisés. Et
les choses doivent changer si l'on veut
gagner le combat. Car la stigmatisation
éloigne du dépistage.»
D'un
Trente ans de débat autour du dépistage
Faut-il encourager un dépistage de
routine de toute la population adulte,
comme en France ou aux Etats-Unis, ou
à l'instar de ce que préconisent les
directives fédérales, promouvoir
surtout le test au sein des populations à
risques? En Suisse, des campagnes
spécifiques de prévention, ou
d'incitation au test, existent pour les
migrants, pour les professionnel(le)s du
sexe ou pour la population
homosexuelle. Et que penser des prix
helvétiques (env. 60 fr.) pour un
dépistage anonyme, certes
systématiquement accompagné d'une
discussion et de conseils, quand on sait
qu'il peut être effectué gratuitement à
l'étranger? Ces questions divisent
depuis trente ans les milieux concernés.
pas dire que le dépistage
constitue le nerf de la guerre et ne pas
tout faire pour le favoriser de la manière
la plus large possible», s'insurge le Dr
Matthias Cavassini, également remonté
de découvrir qu'une semaine
internationale du dépistage se termine
aujourd'hui dans 56 pays européens...
saufen Suisse. Puisque, se défend-on du
côté de l'Aide Suisse contre le Sida, «les
plannings des campagnes étaient déjà
établis depuis longtemps et qu'un bilan
de l'expérience étrangère sera réalisé».
«Définir des priorités est nécessaire,
mais il y a effectivement des publics
difficiles à toucher les plus de 35 ans
comme d'autres pour qui on ne
«On ne peut
-
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développe effectivement pas de
programme spécifique, regrette
Deborah Glejser, du Groupe sida
Genève, qui défend aussi la gratuité du
dépistage. Mais cela fait des années
qu'on tire en vain la sonnette d'alarme.»
Simone Eigenmann Schiittel, de la
section Prévention et promotion à
l'Office fédéral de la santé publique,
estime pour sa part que la campagne
fédérale actuelle se concentrant sur le
dépistage des populations à risques
englobe tout à fait la problématique qui
touche les quadragénaires hétérosexuels, puisqu'elle représente
justement des profils variés, parmi
lesquels se trouvent aussi des personnes
plus âgées».
«Pour l'instant, les cas
de guérison restent
anecdotiques, et on est
loin des applications
pratiques, mais ils ont
véritablement ouvert
une nouvelle ère
depuis deux ans»
Dr Matthias Cavassini, médecin
responseble de la consultation
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La lutte contre le sida passe
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VÂNESSA CARDOSO
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