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Kréol la Rényon, lang kréol
n
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y
n
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g
n
a
l
a
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k
Koz e
2011-N0 2
Nout
lang,
an-parmi bann lang kréol
In léspozission Lofis la lang kréol La Rényon
Une exposition de : l’Office
de la langue créole de La Réunion
Pou mèt anlèr nout lang kréol.
Pour la valorisation de notre langue créole
la Lang
Gran-gran mersi - Remerciements sincères à :
La méri Le Port - La mairie du Port - Lantante tikouti - L’association tikouti
Liliane Bardeur, Angélique Gigan, Frédéric, Célestin, Solène Gauvin
Teks : Axel Gauvin - Makète : Véronique Roux
Kréol La Rényon
Kréol la Rényon, lang kréol
Isi La Rényon: in sèl kréol
A La Réunion : un créole unique
De nos jours, personne de sérieux ne dit plus que le réunionnais n’est pas une
langue, d’autant plus qu’il est, depuis le 11 mai 2001, reconnu comme langue de
France et faisant partie du patrimoine national. En revanche, nombreux sont ceux qui
disent que son enseignement ne serait pas possible à cause de sa trop grande diversité.
Tout bann lang
na zot variété
Toutes les langues vivantes
sont faites de variétés
Toutes les langues vivantes
sont le siège de variations : le
français de la banlieue parisienne, n’est pas celui du XVIe
arrondissement de Paris, qui
n’est pas celui du centre ville de
Marseille… Cela n’empêche pas
l’enseignement du français.
Bann variété
lo kréol
rényoné
Les variétés du créole
réunionais
Le créole réunionnais varie
avec l’âge des personnes qui le
parlent, leur niveau socio-culturel, les régions de La Réunion.
Ici on dira shoka, là on dira kader. Le père dira : kosa i di ? le
fils : Koman i lé ? Certains parleront en li, d’autres en lu. Moin
té i manz et mi manjé, sont
deux tournures réunionnaises.
In sèl kréol rényoné
Un seul créole réunionnais
L’unité de la langue créole réunionnaise n’est
pas pour autant mise en cause. Du battant
des lames au sommet des montagnes, de
Saint-Denis à Saint-Philippe, tout le monde
se comprend parfaitement.
Dans de nombreuses langues, la variation est
bien plus grande : le breton, par exemple, est
fait de quatre grands dialectes dont l’un (le
vannetais) est assez différent des trois autres.
Prann en konte
bann variété
nout lang kréol
Prendre en compte les variétés
du créole réunionnais
Le fait que le créole réunionnais soit varié
n’empêche nullement son enseignement qui
se fait déjà, dans des écoles, des collèges,
des lycées, à l’Université.
Bien entendu, l’enseignement sera encore plus
facile quand il y aura eu un accord sur un standard que l’on proposera aux Réunionnais.
Celui-ci ne saurait être imposé, et il ne devra,
en aucun cas, être un obstacle à l’expression
dans les différentes variétés de créole qui
contribuent à la richesse de notre langue.
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Kréol la Rényon, lang kréol
Kréol-des-Bas,
kréol-des-Hauts
Les deux grandes variétés
du créole réunionnais
Il existe deux grandes variétés du créole réunionnais : une variété dite «créole des
Bas» et une variété dite «créole des Hauts». Ces deux variétés, parfaitement intercompréhensibles, sont différentes par quelques points de grammaire, l’absence ou
la présence de quelques sons (le u du français mur, le eu du français feu, le ch du
français chapeau, le j du français jamais…). La carte ci -dessous, extraite de l’Atlas
linguistique et ethnographique de La Réunion, montre en bleu la répartition du son
«j» (Créole des Hauts) et de son remplacement, en noir, par le son «z» (créole des Bas).
Les autres différences entre les deux variétés de notre créole recouvrent à peu de
choses près les mêmes aires de distribution.
Cette carte donne donc une bonne idée de la répartition du créole dit «des Bas» (la
région côtière de saint-Benoît à Saint-Pierre, en passant par Saint-Denis, avec une incursion dans le cirque de Mafate), et du créole des Hauts qui, lui, occupe essentiellement les «Hauts», mais aussi la zone côtière de Saint-Joseph à Sainte-Rose
1. Saint-Denis
2. Sainte-Clotilde
3. Sainte-Marie
4. La Montagne
5. Sainte Suzanne
6. Le Brulé
7. Le Port
8. Saint-André
9. Dos d’Ane
10. Saint-Benoît
11. Saint-Paul
12. Grand Ilet
13. Grand Place
14. Le Guillaume
15. Salazie
16. Saint-Gillesles-Bains
17. Saint-Gillesles-Hauts
18. La Nouvelle
19. La-Saline-lesHauts
20. Trois-Bassins
21. Cilaos
22. Plaine-desPalmistes
23. La Chaloupe
24. Bois-Blanc
25. Grand Bassin
26. Saint-Leu
27. Plaine-desCafres
28. Tévelave
29. Les Makes
30. Entre-Deux
31. Avirons
32. La Rivière
Saint-Louis
33. Etang-Salé
34. Grand-Coude
35. Ravine des
Cabris
36. Montvert-les-Hauts
37. Plaine des
Grègues
38. Saint-Philippe
39. Saint-Pierre
40. Saint-Joseph
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Kréol la Rényon, lang kréol
Ousa bann mo kréol
rényoné i sorte?
Origines du vocabulaire
du créole réunionnais
I sorte in-pé partou
Origines diverses
Comme pour la plupart des langues, le vocabulaire du créole réunionnais n’a pas une
origine unique. Il y a un apport de France hexagonale - du français, bien entendu,
mais ausside certaines langues d’oïl : le poitevin-sintongeais, le gallo, le normand,
le picard. Sans cet apport hexagonal, le créole réunionnais n’existerait pas.
Cela dit, sans les mots réunionnais d’origine non-européenne, La Réunion ne serait
pas La Réunion. Ces mots viennent du malgache et de langues africaines, de l’indo-portugais, de langues indiennes (tamoul, hindi, goudjrati…), de langues chinoises,
du parler “des Isles” (mots espagnols, portugais, amérindiens…).
Néolojis
Néologismes
Mais plus de la moitié des mots de notre créole doivent aux capacités créatrices des
Réunionnais : à partir de mots, de particules (préfixes et suffixes), venus “de dehors”,
essentiellement de France, les Réunionnais ont fabriqué un vocabulaire adapté à leur
réalité. Ces mots nouveaux, que l’on doit au génie de nos ancêtres, sont appelés des
néologismes.
Ousa bann mo kréol i sorte, an poursantaj ?
Les origines de notre vocabulaire en chiffres
Dans sa thèse publiée en 1974, Robert Chaudenson donne les pourcentages suivants :
> Apport malgache : 4,3 %
> Apport indo-portugais : 3,2 %
> Apport africain : 0,3 %
> Vocabulaire des Isles” : 3 %
> Archaïsmes (français) : 31,6 %
> Néologismes : 57,6 %
Ces pourcentages, qui devraient probablement être revus à la lumière de travaux récents et ne sont pas exempts de critiques, donnent, malgré tout, une bonne idée de
l’origine du vocabulaire du créole réunionnais.
Bibliographie fondamentale : Chaudenson Robert, Le lexique du parler créole de la Réunion, Paris : Champion, 1974.
Bollée Annegret, Dictionnaire étymologique des créoles français de l’Océan Indien, Hamburg : Helmut BuskeVerlag, 1993,
2000… Albert Dauzat, Jean Dubois, Henri Mitterand, Nouveau dictionnaire étymologique Larousse, 3e édition, 1964.
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Kréol la Rényon, lang kréol
Le mo i sorte an France
Apports de France hexagonale
De très nombreux mots du créole
réunionnais viennent du français des
XVIIe-XVIIIe siècles, et pour certains,
des langues d’oïl parlées en France, à
l’ouest d’une ligne Bordeaux-Paris- Lille…
Ces mots sont à l’origine d’une foule
de combinaisons, d’expressions,
de proverbes, souvent proprement
réunionnais et qui utilisent au mieux ces
apports linguistiques pour dire la réalité
réunionnaise. Ici nous ne prendrons
que quelques exemples pour montrer
comment ces mots venus d’Europe et qui ont conservé leur sens originel ont donné naissance à une foule d’innovations réunionnaises.
Koko
Vient du français coco (luimême venant du portugais)
Koko bleu, koko nin, koko
roz : variétés de cocotiers
(pié-koko)
Koko delo, koko sept
verre : coco cueilli alors
qu’il contient encore
beaucoup d’eau.
Koko tande, koko vert,
koko jone,
Koko dir, koko sèk :
différents stades
de maturité du coco.
Kasse koko : ouvrir des
noix de coco (pratique
hindoue), jeu avec les enfants.
Koko d’tète : crâne, tête.
Koko blan, koko prope,
koko plimé, koko shove,
koko plishé, koko tou-ni
se disent du chauve.
Koko-la-flame, koko roz, koko volkan :
rouquin. Koko dir se dit aussi d’une personne obstinée.
Koko d’mor : fromage de Hollande de
forme sphérique, enrobé de
paraffine rouge.
Koko dpin : quignon.
Koko d’piman : situation inconfortable. Mon koko : appellation amoureuse.
In bon koko : l’homme vivant
aux crochets de sa femme
a trouvé “in bon
koko”/Synonyme : in
pié dri.
Kafé
Viens du français café (luimême venant de l’arabe qahwa,
prononcé à la turque kahvé). Caoua
est de l’argot militaire d’Afrique.
Kafé péi : Café planté à La Réunion, en
opposition au café importé.
Kafétri : plantation de café.
Kafé en peau : café dans son enveloppe
Kafé fran : café en grain, sans l’enveloppe ; idem : kafé kru ; kafé nétoiyé.
Kafé deboute, kafé katr’èr d’matin :
café très fort
Kafé lo-klèr, kafé d’kokote, lo-d’kafé : café
léger, café très léger.
Dann son kafé na poin triaz :
il ne “fait” pas de préférences.
Mi moul kafé : j’ai peur.
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Kréol la Rényon, lang kréol
Mo i sorte Madagaskar,
i sorte Lafrik
Apports de Madagascar et de l’Afrique
Bibe, bishik, bouftang, fangourin, fanjan, kabar, kalou, kanbar, koukoune, lansive loulou (gro loulou), maf, makote zanbrevate, zourite… sont des mots malgaches. Kayanm
et makatia… sont d’origine africaine. Nous nous intéresserons à 5 de ces mots…
Vient du swahili : mkatthe (sens voisin)
La pa di ni pain ni makatia… : Est resté(e) bouche cousue.
Bibe
Faucheur ou faucheux, opilion (“araignée” des maisons à fines et longues
pattes). Vient de biby (= animal)
Pissa-d’bibe : café très léger (“jus de chaussette”).
Bibe la-pisse dsi la tête : croyance populaire : une personne ayant reçu
sur la tête de l’urine de bibe serait servie par la chance.
Bishik
Alevins des boushrong (bouche-ronde).
Vient de bitsika (= petit, nain)
Bisik-la-roz : bishik les plus jeunes, translucides et roses.
Bisik gri, Bisik roulo : plus gros et plus foncés.
Proverbe : Poisson i manz bishik : la raison du plus fort est toujours
la meilleure. Bishik sek : personne malingre.
Lansive
Conque d’appel.
Vient de antsiva (même sens).
M. et A. Leblond i koz lansive dann Ulysse,
cafre :
«Les pêcheurs vendaient eux-mêmes,
en soufflant dans des ancives,
d’immenses poissons.» Ferme ton lansive : Ferme-la !
Kayanm
Instrument du maloya
Vient du swahili : kayãmba (même sens)
Makatia
“Petit pain sucré”
Vient du swahili : mkate (sens voisin)
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Kréol la Rényon, lang kréol
Mo kréol La Rényon
i sorte dann Linde
Mots réunionnais d’origine indienne
Ils ont été empruntés à différentes langues : le tamoul, l’hindi, l’ourdou, le goudjrati,
l’indoportugais…
Ils sont particulièrement nombreux dans les domaines suivants : les vêtements
(kabay, langouti, payaka, sari…) ; les relations de parenté (amma, anin, tanbi…) ;
les bijoux et parures, mais sont alors moins connus de l’ensemble de la population
réunionnaise ; il en est de même des mots de la religion et de la musique hindoues.
Par contre les mots de la nourriture et de la cuisine sont largement partagés (basmati, briani, kaloupilé, karay, kari, kotomili, larson, massalé, mourong, pipangay,
rougay, samoussa, zashar…)
Chabouk
Mot d’origine indienne, en particulier
hindie : chabouk (= fouet)
«Le chabouc reste dans l’histoire un des
instruments de torture des anciens esclaves» (Rémy Nativel). Pendant longtemps, il a été un fouet à bestiaux.
Chabouc trois mulets : très grand fouet
pour les attelages en filière. Tenir le chabouc : avoir l’autorité.
Kari (cari, carry)
Vient du tamoul : kari.
Kari dlo (= kari èk sak ou la kol dann la
rivière) , kari soular (kari koshon massalé), kari glissèr (kari zanguiy).
Kari margoz, kari shabouk : affaire diffi-
cile ou compliquée. Bon kari i fé dann vié
marmite : c’est dans les vieux pots qu’on
fait la meilleure soupe. Roul kari sous dri :
mystifier, abuser, mentir…
Lèsse amoin roule mon kari : laissez-moi
mener mes affaires comme je l’entends.
Rougay
Vient du tamoul ouroukay
In manièr prépar le manjé : «Néna rougail
saucisse, rougail graton, rougail tomatesse, rougail mangue, tamarin, pistace.»
(Dém.22.3.66)
«Quand venez-vous manger un carri, des
brèdes et du rougaille ? Prévenez la veille
et nous serons bienheureux tous.» (Lettre
de Leconte de Lisle à Lacaussade)
Mo kréol La Rényon
i sorte en Chine
Mots réunionnais d’origine chinoise
Nous avons : lamtav, letshi, longani, pav (paw), petsay, sarsiv, siav, shop-sui…
Le moins connu des mots cités (pourtant très utilisé naguère) : Lamtav ou lamtaw. Il signifie le rhum, l’arak. Il vient de deux mots cantonnais : “taw” qui signifie “alcool” et “lam” qui est un article.
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Kréol la Rényon, lang kréol
Vokabilèr "des Isles"
Le vocabulaire “des Isles”
«Il s’agit d’emprunt surtout à l’espagnol, au portugais et aux langues amérindiennes
qui sont entrés dans les créoles de l’océan Indien par la voie de la langue
des marins, des négriers et des colons» (Annegret Bollée).
Cette “langue des Isles” s’est diffusée «grâce au réseau de relations commerciales
qui, au XVIIe siècle, puis au XVIIIe siècle, unit l’Afrique de l’Ouest, les Antilles,
l’Amérique du Sud, les Mascareignes, et l’Inde» (Robert Chaudenson).
Lantanié (origine caraïbe), mao/mahot (origine taino)… sont des termes venant
du “vocabulaire des isles”. De même que :
Kréol
Mot venant de l’espagnol criollo.
Le mot, dont l’histoire est compliquée, nous vient très probablement des Antilles.
En langage populaire, ce mot s’est toujours appliqué aux personnes nées
dans le pays même, qu’elles soient blanches, noires…
Aujourd’hui encore, certains Réunionnais disent encore “kriol” ou “kréyol”.
Maron
Zesklav maron. Vient de l’espagnol cimarron.
Palmisse
Vient du portugais (de l’Inde) palmito. Chou palmisse :
coeur de palmier. Palmisse blan, palmisse rouje,
palmisse gargoulète : variétés de palmiste.
Palmisse : bulbe rachidien.
In gran palmisse : un homme grand
et maigre.
Gouyav
Vient de l’arawak (langue amérindienne)
La «gouyav de France» symbolise
l’aliénation culturelle.
Lé pa in gouyav :
ça n’est pas facile.
Lé pa in gouyav atèr :
ça n’est pas rien.
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Kréol la Rényon, lang kréol
Néolojis La Rényon
Néologismes réunionnais
Robert Chaudenson dans son Lexique du parler créole de La Réunion écrit :
[ Les néologismes réunionnais sont ] «des termes qui, même s’ils sont d’origine
française, présentent, par rapport à leur étymon [mot dont ils sont issus] un changement sémantique [changement de sens] ou morphosémantique [changement de
sens qui s’accompagne d’une modification du statut morphologique du terme]. Par
exemple, changement de catégorie grammaticale : le français bande devient indice
du pluriel bann.»
Ces néologismes sont le résultat de tout un travail de nos ancêtres pour pouvoir
exprimer une réalité nouvelle à partir de mots correspondant à une autre réalité :
• Bak : réservoir d’essence.
• Barikade : palissade.
• Bonbarde : ruche faite dans un tronc d’arbre.
• Debouté : se mettre debout.
• Débranshé : couper les branches.
• Figuié : figue.
• Gabié : habile, adroit.
• Gobe-mouche : araignée des maisons
• Kamomiy : plante dont les fleurs rappellent celles de la camomille d’Europe.
• Karyaté : attaqué par les termites (= karya).
• Kote chokola : barre de chocolat.
• Malizé : difficile.
• Promès : voeu fait en échange d’un bienfait.
• Ranpar : falaise.
• Sapin : araucaria.
• Sekour : pension, allocation.
• Tangaj : algarade.
• Valal : enfant (vient du malgache, langue dans laquelle il signifie : sauterelles).
• Volay : poule ou kok.
• Zano : boucles d’oreille.
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Kréol la Rényon, lang kréol
Le mo i mank anou !
Richesse du vocabulaire réunionnais :
Quelques exemples pris dans le vocabulaire même de la langue
du parler pour montrer la richesse de notre langue créole.
Koz(é), dir
Parler, dire
L’accent : la paroli - Parler haut : koz for
Une voix de stentor : in gran luète
Synonymes : in gran gozié, in gro lorgane
Parler trop bas : koz dan son vantr
Grommeler : margrongné
Synonymes : grongner, marmoté, krochiné,
koz dan la barb
Kozman
Paroles et discours
Propos, paroles : kozman
Une expression : in patoi
Paroles élégantes : kozman-la-soie
Paroles maniérées : kozman-la-pintir
Paroles grossières : kozman bouche-sal
Paroles vulgaires : kozman tiatia
Paroles ironiques : kozman an foutan
Discours : diskour / Synonymes :
kozman, prédikassion, prècheman
Prêche : prècheman
Konversassion
Conversation
Engager la conversation avec quelqu’un :
komanse amar la lang èk in moune
Parler à : koz èk - Deviser : kasse la blag
Plaisanter : farsé - Répliquer : arvir(é)
Clouer le bec : fé(r) tak la lang
Synonyme : fé(r) tak la bèk.
Interrompre : kasse lo kozman.
Ne l’interromps pas : kasse pa ali, kasse pa son kozman.
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Kréol la Rényon, lang kréol
Lang, langaz
babiyé, tak la boush
Richesse du vocabulaire réunionnais
Lang, langaz
Langues, baragouins, charabias
Langue : lang - Patois : patoi
Langue étrangère (péjoratif) : langaz
Langue incompréhensible : langaz
Baragouiner : roule langaz
Synonyme : kasse langaz
Charabia : kozman la poin la ké (queue).
Synonyme : langaz kassé
Babiy(é)
Bavarder
Li babiy konm in moulin mayi
Equivalent : kasse la kozète
Parler pour ne rien dire : done manzé la lang
Equivalent : Koz an liv déchiré
Parler à tort et à travers : bate la lang
Equivalent : Koz la bouche rouvèr ; Koz konm la mèr i bate
La langue lui démange : la lang i grate
Un bavard : in babiyèr, in babiyèz.
Synonymes : in bavardèr, in radio,
in martin, in gozié merl, in péroké, in kato
Il a la langue bien pendue : son filé lé bien koupé
Bavardage : babiyaz / Synonyme : kozète
Parole idiote, baliverne : parlaz, kouyonade
(Familier : kozman la kaz)
Tak la bouche
Se taire
Tenir sa langue : ramasse son lang
Synonyme : sèr son lang
Tourner 7 fois sa langue dans sa bouche
avant de parler : tourne la lang
7 foi dann son bouche
En rester coi : rèst san konte
Synonyme : rèst kikouzi
Tais-toi : bouche out bouche
Synonymes : etinn out fanal, ferme out lansiv
11
Kréol la Rényon, lang kréol
Le mo i mank anou !
Richesse du vocabulaire réunionnais
Problèm po kozé
Défauts de langage
Baragouiner : koz an barok
Synonymes : koz alanvér, koz an jargon,
koz langaz, koz kom in liv fermé.
Bégayer : béguèy(é)
Lapsus : mayaz la lang, la lang i may, i may-may
Un muet : in parlpa
souvandéfoi in parlpa néna doub filé.
La langue devient lourde : la lang i komanse i pèz.
Ne pas articuler : koz èk patat cho dan la bouche
Synonyme : koz èk makatia dan la bouche
Parler français (en imitant ce qu’on croit être
l’accent de France hexagonale) :
tourne la lang.
malparle-malparlé
Médire, calomnier : Malparl(é)
Une mauvaise langue : in gran lang
Synonymes : languèr, languèz
Faire des ragots : fé(r) la lang
Propos insidieux : langaj torte
Synonymes : kozman kabaré, kozman an kasse-kassé
Insinuation : kozman tire-kilote/kasse-kilote
Poser une question insidieuse : may in janbèk
(faire un croc en jambe, métaphoriquement)
Propos vexant : kozman néna le dan
12
Kréol la Rényon, lang kréol
Bann mo-gob
fransé/kréol rényoné
Les faux-amis français/rényoné
De nombreux mots du créole réunionnais venant du français n’ont pas la même
signification qu’en français. On peut les appeler des “faux-amis” créoles réunionnais-français. Dans l’ouvrage intitulé Particularités lexicales du français réunionnais,
Michel Carayol, Daniel Lauret, Alain Armand, et d’autres en ont dénombré près
de 2000. Michel Carayol disait même que cette liste n’est pas close.
Un premier exemple : le roz kréol n’est pas toujours le rose de la langue française :
«Mise à part la couleur de la fleur de pêcher, “roz” ne peut pas toujours
se traduire par “rose” et l’inverse. “Roz”, dans certains cas, doit se traduire par
“doré” : “Kank la viann lé fine bien roz…” “Quand la viande est bien
dorée” Le “roz” de la phrase : “Fig té roz” est intraduisible par une couleur.» (Axel
Gauvin : Petit Traité de traduction)
D’autres exemples extraits de l’ouvrage de Michel
Carayol (et collaborateurs) :
Verbes : aboutir, accoster, amuser, arranger, espérer,
faner, gommer, jurer, peser, ronfler, tirer, etc.
Noms : barreau, bazar, blouse, bol, carreau, farine (de pluie), figue, figuier, grains, linge, malice,
pistache, voyage, etc.
La non prise en compte dans l’enseignement de ces
faux-amis, qui ne manquent pas d’entraîner des «mayaz»
(interférences) est une très mauvaise chose pour les élèves
réunionnais.
En octobre 1911, Jean Jaurès écrivait :
«Il n’y a pas de meilleur exercice pour l’esprit que les comparaisons entre langues.
Cette recherche des analogies et des différences en une matière que l’on connaît
bien est une des meilleures préparations à l’intelligence.»
C’est cette comparaison entre langue française et langue créole de La Réunion qu’il
faut faire pour notre bien à tous.
13
Kréol la Rényon, lang kréol
Bonbon kréol
lé pa bonbon fransé
Bonbon (en kréol)
n’est pas bonbon (en français)
Si le “bonbon” français est une petite friandise faite avec du sucre, le “bonbon”
réunionnais peut aussi bien être sucré («pastiy») que salé (“bonbon salé”), voire
pimenté (“samoussa”, “bonbon-piman”). En créole réunionnais, une viennoiserie
est aussi un “bonbon” ; un “biskui” est un “bonbon”, mais n’est pas un “gato” qui,
lui, doit se couper en parts.
an kréol rényoné
BONBONS
BANN
BONBONS
BANN
BONBON
BANN
BONBON
BANN
PASTY
En francais
,
PASTY
BANN
PASTY
GÂTEAUX
BANN
BANN
PASTY
GÂTEAUX
BISKUI
BANN
BISKUI
AMUSE-
SECS
SECS
AMUSE-
BONBON
BONBON
PIMAN
PIMAN
GUEULES
GUEULES
BONBON
BONBON
PIMAN
PIMAN
Diagrammes de comparaison de «bonbon» en créole réunionnais et en français.
(Extrait de Axel Gauvin, Petit traité de traduction créole réunionnais/français, 2003, ILA)
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Kréol la Rényon, lang kréol
La gramèr
lo kréol La Rényon
La grammaire du créole réunionnais
Pendant longtemps on a prétendu que le créole réunionnais n’avait pas
de grammaire. Cela est bien entendu faux, et de nombreux travaux ont même
été faits sur la grammaire de notre créole :
- CELLIER Pierre (1985) : Description syntaxique du créole réunionnais.
Essai de standardisation, thèse d’état, université d’Aix-en-Provence.
- CELLIER Pierre (1985) : Comparaison syntaxique du créole réunionnais
et du français, Université de la Réunion, Université de la Réunion, 203 p.
- RAMASSAMY Ginette et BÈGUE Patrick, à paraître :
Éléments de grammaire comparative
- RAMASSAMY Ginette (1985) : Syntaxe du créole réunionnais, 405 p.
(Thèse de doctorat)
- STAUDACHER-VALLIAMÉE, Gillette (2004) : Grammaire du créole réunionnais,
SEDES-Université de la Réunion.
Et d’autres travaux encore…
15
Kréol la Rényon, lang kréol
Lo prézan
Le présent
En créole réunionnais
Singulier
Mi danse
Ou i danse
Mi
Ou i
danse
danse
El i danse
Li danse /lu danse
El i
Li
danse
danse
Première personne
Deuxième personne
N’i danse
Zot i danse
N’ i
Zot i
danse
danse
Troisième personne
Troisième personne
Zot i danse
Banna i danse
Zot i
Banna i
danse
danse
Première personne
Deuxième personne
Troisième personne (sexe féminin)
Troisième personne (féminin ou masculin)
Pluriel
Singulier
Première personne
Deuxième personne
Je danse
Tu danses
Troisième personne (sexe féminin)
Troisième personne (sexe masculin)
Pluriel
Elle danse
Il danse
Je dans e
Tu dans es
Elle dans e
Il dans e
Première personne
Deuxième personne
Nous dansons
Vous dansez
Nous dans ons
Vous dans ez
Troisième personne (sexe féminin)
Troisième personne (sexe masculin)
Elles dansent
Ils dansent
Elles dans ent
Ils dans ent
En créole réunionnais, le verbe ne change pas en en fonction de la personne.
On dit qu’il n’y a pas de flexion du verbe. En français, le verbe change de forme :
danse devient dansons, dansez… Il y a “flexion du verbe.”
En créole (mais à certains temps uniquement) avant le corps du verbe (ici : danse),
il y a le petit mot “i” que l’on appelle un “indice verbal”. Il indique, entre autres,
qu’un verbe suit.
Remarque : D’autres façons de dire existent aussi, à différentes personnes : “Ou danse”,
“Lu danse”, “Nou danse”. “V’i danse”, “T’i danse”. Ces formes sont bien entendu
réunionnaises
16
Kréol la Rényon, lang kréol
Lo fitir
Le futur
En créole réunionnais
Singulier
Première personne
Deuxième personne
Moin
OU
va
va
dans(é)
dans(é)
Troisième personne
Li / Lu / El
va
dans(é)
Première personne
Deuxième personne
Nou
Zot
va
va
dans(é)
dans(é)
Troisième personne
Zot / Banna
va
dans(é)
Pluriel
Singulier
Première personne
Deuxième personne
Je danse
Tu danses
Troisième personne
Elle danse
Je dans erai
Tu dans eras
Elle dans era
Pluriel
Première personne
Deuxième personne
Nous danserons
Vous danserez
Nous dans erons
Vous dans erez
Troisième personne
Ils/elles danseront
Ils/elles dans eront
C’est le petit mot “va” qui, placé devant le verbe, indiquera le futur (“simple”).
Pour le futur proche, «va” sera remplacé par “sar” : Mi sar danse maloya…
En français, le verbe change avec la personne.
Remarque : Comme à l’indicatif, le corps du verbe (“danse” ou “dansé”) ne change pas
selon la personne.
Il change selon l’absence ou la présence (et le type) du complément qui suit le verbe :
1. Moin la dansé (pas de complément) ;
2. Moin la danse maloya (complément d’objet direct) ;
3. Moin la danse/dansé jiska tan k’ moin té gaingne pi. (Complément circonstanciel)
17
Kréol la Rényon, lang kréol
Singulié èk plirièl
an kréol La Rényon
Singulier et pluriel du nom
Le réunionnais
peut dire
le singulier
ou le pluriel :
Pour le singulier
«Mistinguèt té fine fouy in trou pli gran
k’ le “troudfér”»
Mistinguet avait creusé un trou plus
grand que le trou de fer.
Pour le pluriel
«Atér, bann ti sèr té i mouy…»
Le sol, les petites soeurs le mouillaient…
Mais, quand cela
n'est pas nécessaire,
il ne le précise pas
«Tikok i prépar son golèt, son shifon,
son soubik, son zalimète»
Combien de canne à pêche ?
De chiffon ? De cabas? D’allumettes.
Rien ne le précise, alors que cela est
tout à fait clair.
Les marqueurs
de singulier,
les marqueurs
de pluriel
Pour le singulier
Souvent, le singulier est précisé
par le mot “in”.
«Tazantan in pti van fré i lèv.»
De temps en temps une petite brise
fraîche soufflait.
Mais il y a d’autres façons de dire
le singulier : Mon sèl garçon ;
Mon pli gran pti fiy…
Pour le pluriel
Souvent, le pluriel est marqué
par “bann” :
«Bann gramoune lé apré repozé.»
Les parents / les vieux / se reposaient.
Mais il y a d’autres façons de dire
le pluriel : inn-dé, dé-troi létshi, in pongné
marmay, in-pé demoune, in bon-pé flèr,
in tralé ti bèkroz…
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Kréol la Rényon, lang kréol
"Le" / "lo la pa singulié
“Le” n’est pas singulier
«Tikarl i trap son shifon, i alime, i boukane lo guèp, i tir lo ni.»
Tikarl prend son chiffon, il l’allume, il enfume les guêpes, il se saisit du guêpier.
Ici “lo” (autre façon de dire/écrire le) est :
D’abord pluriel (lo guèpe : les guêpes) ;
Puis singulier (lo ni : le guêpier).
C’est la même chose pour “la” :
Messié Timizér na la kaz partou. Mi sava oir la kaz li rèst d’dan.
Monsieur Fait-pitié a des maisons partout. Je vais aller voir la maison qu’il habite.
19
Kréol la Rényon, lang kréol
Lo dUèl : plirièl
po sak i marsh par pèr
Le duel, ou pluriel pour dire
ce qui va par deux…
Quand le pluriel concerne les parties du corps et les objets qui vont par deux,
le pluriel est désigné de façon particulière. «Bann» (le plus fréquent marqueur
de pluriel) ne peut être utilisé. Le mot «dé/deux» est le marqueur du pluriel pour
deux qui s’appelle un duel.
«Son dé zyé té i klate konm la brèz dofé» (d’après Zistoir Tikok).
Ses yeux brillaient comme de la braise.
> Son bann zyé… est impossible
Lo dé/deux far avan mon lauto la fine brilé.
Les phares avant de ma voiture sont brûlés.
> Mon bann far… est impossible.
Boris Gamaleya a été l’un des premiers (sinon le premier) à mettre en évidence
l’existence du duel en réunionnais :
«Avec des objets allant par paires comme «zambe», «bras», et lorsque la marque
existe, le singulier s’oppose, en créole, ordinairement, non pas à un pluriel
(cette opposition apprise à l’école française n’est pas universelle) mais à un duel.
Ainsi «ène son zambe» singulier s’oppose à «son dé zambe» duel.»
Le duel n’existe que dans un nombre assez réduit de langues.
Il n’existe pas en français.
In bann pti fig tann
Son 2 zorèy
20
Kréol la Rényon, lang kréol
Dsi La Tèr, in kréol
sansa in bonpé kréol ?
Dans le monde : un créole
ou des créoles ?
Nous avons l’habitude de parler de créole (au singulier) : nous parlons “créole”, les
Mauriciens parlent “créole”, les Martiniquais parlent “créole”. Chacun, bien entendu,
quand il dit parler “créole”, parle de son créole. Les créolistes sont, là dessus, formels:
Marie-Christine Hazaël-Massieux :
«Un Haïtien ne comprend pas un Réunionnais, un Mauricien ne peut se faire entendre
d’un Guadeloupéen, etc. Pour prendre une comparaison, on rappellera que le latin
a donné naissance à diverses langues romanes, et que l’évolution naturelle de ces
langues en a fait des idiomes tout à fait différents».
Robert Chaudenson :
«Il n’y a pas un créole français, mais des créoles»
«(…) pour le martiniquais et le réunionnais, on est en présence de deux idiomes qui se
trouvent presqu’aux antipodes l’un de l’autre, qui se sont développés séparément (…)
Leur rapport est celui qu’il peut y avoir entre le portugais et le roumain pour les deux
langues romanes les plus éloignées géographiquement.»
Lambert Félix Prudent :
«On peut dire que le créole de la Réunion est la langue des Réunionnais. Moi je serais partisan qu’on dise systématiquement : “le créole réunionnais”, “le créole martiniquais”, “le créole haitien”, parce que tous ces créoles sont différents l’un de l’autre.»
21
Kréol la Rényon, lang kréol
Dessi la Tèr :
pa rienk in sèl kréol !
Pas un créole : des créoles.
Échantillons de créoles de l’océan Indien
Kréol Maurice
MO ENA ENN ZOLI MAMZEL, TU DIMUN KI PASE ANBRAS LI ?
J’ai une jolie fille, tous les gens qui passent l’embrassent ?
> Réponse : la fontaine
Kréol La Réunion
PLIS I RAL DESI, PLIS I VIEN KOURT ?
Plus on tire dessus, plus elle racourcit ?
> Réponse : la cigarette
Kréol Rodrigues
MO ENA ENN BANN ZANFAN, SOLEY LEVE ZOT KASYET,
SOLEY KASYET ZOT SORTI.
J’ai une bande d’enfants. Quand le soleil se lève, ils se cachent,
quand le soleil se couche, ils sortent.
> Réponse : les étoiles
Kréol Seychelles
MON ANNAN MON LAKAZ, I ANNAN EN KANTITE LETAZ.
J’ai une maison qui a beaucoup d’étages.
> Réponse : le bambou
22
Kréol la Rényon, lang kréol
Dessi la Tèr :
pa rienk in sèl kréol !
Pas un créole : des créoles.
Échantillons de créoles de l’océan Atlantique
Kréol La Louisiane
CÉ SOULIER NEK CONNIN SI BAS GAGNIN TROU.
C’est seulement le soulier qui sait si la chaussette a un trou.
Kréol La Guyane
OIMSO SOULIER SAVE SI BAS TINI TROU.
C’est seulement le soulier qui sait si la chaussette a un trou.
Kréol Haïti
CÉ SOULIER QUI CONNIN SI CHAUSSETTE GANGNIN TROU.
C’est seulement le soulier qui sait si la chaussette a un trou.
Kréol La Guadeloupe
CÉ SOULIER SEL KI SAVE SI BAS NI TROU.
C’est seulement le soulier qui sait si la chaussette a un trou.
Kréol La Martinique
KOTÉ KI NI SIWO, CÉ LA MOUCH KA RÉTÉ.
C’est là où il y a du sirop que s’installent les mouches.
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Kréol la Rényon, lang kréol
Dessi la Tèr :
pa rienk in sèl kréol
Pas un créole : des créoles
La comparaison des créoles entre eux montre aisément que ce sont des langues différentes. Nous ne pourrons la faire pour tous les créoles. Nous choisirons de comparer le nôtre au martiniquais. Une des raisons de ce choix est que la comparaison est
grandement facilitée par l’utilisation d’un ouvrage qui, malgré son titre, ne concerne
nullement le créole réunionnais, mais le martiniquais : Eléments de grammaire comparée Français – Créole, de Robert Damoiseau (1999, Ibis Rouge).
Exemple 1 :
Créole martiniquais : Lina ka otjipé di ti frè’y la.
Créole réunionnais : Lina l’apré okip son pti frér.
Français : Lina s’occupe de son petit frère.
Exemple 2 :
Créole martiniquais : I té ni senk yich.
Créole réunionnais : El/li navé sink zanfan
Français : Elle avait cinq enfants.
En créole martiniquais «I» est un pronom.
En créole réunionnais «I» est un mot qui indique qu’un verbe arrive.
«Yich» n’a aucun sens en créole réunionnais.
«Té ni» dans une variété de créole réunionnais signifie «venait»
(en martiniquais il signifie avait).
Exemple 3 :
Créole martiniquais : I palé ba papa’y.
Créole réunionnais : Li la koz èk son papa.
Français : Il a parlé à son père.
En martiniquais, le pronom possessif (ici «y») est placé après le nom.
Il est placé avant en créole réunionnais (son).
«Palé» est pour nous une pièce du jeu de la marelle.
«Ba» est la demande d’un bisou aux petits enfants.
«Papa’y» martiniquais prète à confusion avec «papay»
24
Kréol la Rényon, lang kréol
Dessi la Tèr :
pa rienk in sèl kréol
Pas un créole : des créoles
Exemple 4 :
Créole martiniquais : Sé timanmay la té ka benyen larivyè.
Créole réunionnais : Bann marmay té i bègn / i bégné la riviér.
Français : Les enfants se baignaient à la rivière.
Le marqueur de pluriel est «sé» en créole martiniquais.
Il est souvent bann en créole réunionnais.
Exemple 5 :
Créole martiniquais : Kisa ou lé?
Créole réunionnais : Kosa ou i vé, don!
Français : Que veux-tu donc?
L’interrogatif kisa n’est employé que pour les objets en créole martiniquais.
Kisa n’est employé que pour les humains en créole réunionnais.
La même phrase a des sens complètement différents dans les deux langues créoles.
Exemple 6 :
Créole martiniquais : Man ja di yo.
Créole réunionnais : Moin la fine di azot.
Français : Je leur ai déjà dit.
Les pronoms sujet et objet sont tout à fait différents : Man/moin, yo/azot.
L’aspect accompli est indiqué par ja (inconnu en réunionnais) et par fine dans notre
créole.
En résumé :
Les déterminants (possessifs, définis, indéfinis, démonstratifs) sont différents en
créole martiniquais et créole réunionnais. Les pronoms sujets sont loin d’être toujours
les mêmes. Les pronoms objets sont toujours différents. Les temps ne se marquent
pas de la même façon, ni l’aspect. Le pluriel ne se marque pas de la même façon.
Etc, etc, etc…
Parler de “créole” au singulier est une affirmation idéologique non fondée. Au regard
de la linguistique ceci est tout simplement faux.
25
Kréol la Rényon, lang kréol
Karte bann kréol
dessi La Tèr
Carte des créoles dans le monde
Les lettres entre parenthèses placées à la suite du nom de chaque langue créole indiquent la langue à laquelle a été empruntée la plus grande partie de son vocabulaire.
CRIOULO (P)
CRÉOLE HAWAÏEN (A)
PAPIA KRISTANG (P)
ZAMBOANGUENO (E)
CABO
VERDIENSE (P)
KI NUBI (AR)
KIRO
TOK PISIN (A)
CRÉOLES
DES SEYCHELLES (F)
SAO TOMENSE (P)
PRINCIPIENSE (P)
CRÉOLE ANGOLAIS (P)
CRÉOLES DE
LA RÉUNION (F)
CRÉOLES DE L’ÎLE
MAURICE (F)
GULLAH (A)
CRÉOLE DE LOUISIANE (F)
CRÉOLE HAÏTIEN (F)
CRÉOLE DE
LA JAMAÏQUE (A)
NEGERHOLLANDS (N)
CRÉOLE DES ANTILLES (A)
PAPIAMENTU (P)
CRÉOLE DE BELIZE (A)
AR : ARABE
N : NÉERLANDAIS
A : ANGLAIS
F : FRANÇAIS
P : PORTUGAIS
E : ESPAGNOL
CRÉOLE DE GUYANA (A)
DJUKA (A)
PALENQUERO (E)
SRANAN (A)
CRÉOLE DU SURINAM (N)
SAMARACCAN (A, P)
GUYANAIS (F)
Extrait de Pour la science
Dossier Les langues du Monde,
Hors série octobre 1997
26
Pou mèt anlèr nout lang kréol
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