Wolfgang Raible Questions de contrôle au sujet du cours sur les langues créoles du 16 juin 2004 (Prière d’être bref[s] et concis, et ce en allemand, anglais, français ou espagnol – peu importe donc la langue choisie) Nom Prière d’excuser le retard : il est dû au fait que jeudi et vendredi j’étais totalement absorbé par des examens oraux dans le cadre de maîtrises. 1. Une forme verbale française comme (je) chanterais peut être analysée comme étant composée du radical chanter, donc de la forme de l’infinitif, et d’une forme raccourcie de l’imparfait d’avoir : chanter+(av)ais, chanter-(av)ions, chanter(av)aient etc. Ceci reflète le chemin de grammaticalisation partant de la périphrase, en latin, infinitif d’un verbe + habebam, p.ex. cantare + habebam, ‘j’avais à chanter’, et aboutissant à la forme d’un conditionnel dans la plupart des langues romanes. ¿Dans quelle mesure ce processus est-il comparable à une évolution de grammaticalisation qu’on peut observer dans bon nombre de langues créoles qui font leurs conditionnels nouveaux à partir de la combinaison des particules du passé et du futur ? 2. En bon nombre de variantes du Français qui font partie du Français zéro au sens de Chaudenson, on trouve un emploi ‘inoui’ (dans le cadre de la norme du Français écrit métropolitain) de là – comme dans “i avait pas de l’eau qui passait là” ou “par des grands mers là” [= par hautes mers]. ¿ Comment pourrait-on décrire ou saisir la fonction de ce là ? 3. Voici une phrase du créole guadeloupéen : Misyé-la i ø achté sé bannann-la i té mi-la té ni on loto wouj Monsieur art.det. qui a acheté Pl. banane-art.det. qui étaient mûres avait une voiture rouge « L'homme qui a acheté les bananes qui étaient mûres avait une voiture rouge » ¿ Lequel des là qu’on trouve dans la phrase créole peut être comparé avec les là de la question précédente ? 4. Comme dans le créole de Guadeloupe ou dans celui de Martinique, l’article déterminé en créole haïtien est postposé (ou, en d’autres termes : agglutiné à la fin du nom). Et il correspond, comme on devrait le savoir maintenant, étymologiquement parlant, à la partie postérieure du morphème discontinu ça – là (ça case là, ‘cette maison-là’) du français régional pratiqué par les colons. En créole haïtien, cet article apparaît cependant sous plusieures formes selon le nom qui précède : chat-la, tab-la, chwalla [le chat/la chatte, la table, le cheval]; fi-a, jou-a, pje-a [la fille, le jour, le pied]; vjãn-lã, moun-lã, fãm-lã [la viande, l’homme, la femme]; chjê-ã [le chien ; avec ê je rends la e nasale]. ¿ Quelle est la règle qui se cache derrière cette nouvelle irrégularité ? 5. fènwa a est l’équivalent, en créole haïtien, du français ‘les ténèbres’. ¿ Quelle est la racine étymologique du mot créole ? ¿Comment doit-on expliquer le pluriel français dans ce cas-là ? 6. Dans le passage tiré de la traduction, en créole, de l’évangile selon Saint-Jean, on trouve beaucoup de cas qui correspondent à l’extraposition à gauche du français avec c’est…qui/que : Se pa li menm ki te limyè a. C’est pas lui même que ant. la lumière 8 - Il n'était pas la lumière ¿Pourquoi le créole utilise-t-il tant d’extrapositions ? 7. ¿ Où se trouve le verbe, donc l’équivalent de était, dans la phrase suivante ? Pawòl la te avèk Bondye. La parole ant. avec le bon Dieu et la Parole était avec Dieu Au cas où vous n’en trouveriez aucun verbe au sens traditionnel : ¿ Qu’est-ce qui prend la fonction du verbe ? ¿ Est-ce un phénomène général dans les langues créoles ?