Principaux textes XVIIIe-XIXe siècles dans la Caraïbe Texte Auteur Lieu d’origine Date Lisette quitté la plaine Duvivier de Mort Conseiller 1757 La Mahautière au Conseil de Port-au-Prince La Passion selon St Jean Anonyme Inconnu Vers 175080 Jeannot et Thérèse, Clément Le Cap, Saint- 1758, parodie nègre du Devin Domingue remanié en de Village (J.J. 1783 Rousseau) Proclamation de Le Cap 1793 Sonthonax, Le Cap, 206-1793 « Lisette… » et quelques Moreau de Martinique 1793-1797 textes Saint-Méry Proclamation de Leclerc, Le Cap, mai 1802 / Proclamation de Bonaparte, Le Cap, mai 1802 Proclamation de Burnel « Chanson créole », en Ducoeurjoly fait « Lisette »… Idylles ou essais de Un colon de poésie créole SaintDomingue Le Cap, Saint- 1802 Domingue Guyane 1800 Saint-Domingue 1802 Saint-Domingue 1811 ? [disponible édition Commentaires Poésie, cité dans Moreau de Saint-Méry, Description de la partie française de l’île de Saint-Domingue; mais aussi dans Ducoeurjoly (1802) : Manuel des Habitans de Saint Domingue… Destiné à l’évangélisation des esclaves Pièce en vaudevilles (insertion de propos échangés sur des airs connus, qu’a pu reconstituer Bernard Camier dans sa thèse). De fait plus directement inspiré de Bastien et Bastienne de Mme Favart (parodie du Devin…) Proclamation révolutionnaire C’est dans la Description typographique, physique, civile, politique et historique de la partie française de l’Isle Saint-Domingue que Moreau cite quelques textes en créoles dont le fameux « Lisette quitté la plaine ». Indications précieuses sur le créole et la vie culturelle (dont Jeannot et Thérèse). Attribué à Duvivier de La Mahautière (et daté apparemment de 1756), ce texte ne nous est parvenu qu’à travers Moreau de Saint-Méry pour sa première attestation Proclamation révolutionnaire Proclamation révolutionnaire Dans le Manuel des habitants de Saint-Domingue, Ducoeurjoly donne déjà une description du créole (grammaire, lexique). Poèmes Entrée du Roi en sa Juste Capitale (en l’honneur Chanlatte du Roi Christophe) Parabole de l’Enfant Anonyme prodigue Voyage à la Guadeloupe Félix Longin Catéchisme Abbé Goux Les Bambous Marbot Chansons bissetistes Lavollée pour le temps de Noël Haïti Cahors 1821] 1818 Cf. Valdman ??? Saint-Domingue [msc. : Texte accessible (mais comportant des fautes ?) dans Corne, 1999 1818 ?] 1831 (imprimé) Guadeloupe Posthume, Quelques pages dans un chapitre « Du langage ou patois créole » (2331848 246), livrent des textes notés par l’auteur lors de son voyage à la Guadeloupe (1816-1822). Son ouvrage, remarquablement documenté sur tous les plans n’a été publié en 1848 qu’après sa mort (1822 ?). Si le témoignage ne peut être considéré comme complètement fiable du fait de la notation par un locuteur francophone (bachelier ès-lettres et professeur comme le rappelle non sans admiration l’éditeur dans la Préface), beaucoup de points concordent suffisamment avec des observations rapportées ailleurs dans la zone pour cette époque pour accorder un certain crédit à ses notations. Martinique 1842 Destiné à l’évangélisation, et supposant un apprentissage des prières au moins en français (créole acrolectal ? ? ?) Martinique 1846 Auteur martiniquais qui propose une adaptation des Fables de La Fontaine Martinique 1849 [Imprimeri e de Carles, rue Justine] Texte de la Passion Schoelcher (pachion) ??? Œuvres créoles Baudot ??? Non publié Guadeloupe 1850-1880 Oeuvres extrêmement variées : théâtre, poésie, etc. dont Récit de la Bataille de Solférino, publié dans Le Journal Officiel et repris dans Œuvres créoles, une version de Jeannot et Thérèse (titre : Fondoc et Thérèse) Réédité par Gertrud Aub-Buscher en 1969. Cette première véritable grammaire d’un créole antillais est accompagnée d’expressions et de traductions de textes divers. J.J. Thomas est ainsi un des premiers à avoir étudier systématiqueemnt un créole – ce qui fait de sa grammaire un document extrêmement précieux pour rendre compte de formes du XIXe siècle. Textes variés : proverbes, fables, contes, devinettes… Dont « Lisette » dans une version clairement « martiniquaise ». The Theory and practice of Creole Grammar J.J. Thomas Trinidad 1869 Etude sur le langage créole de la Martinique (extraits) Cric ? Crac ! La famille des PititeCaille et Zoune chez sa Ninnaine L’honneur des Monvoisin Turiault Martinique 1873-1877 G. Sylvain L’Hérisson Haïti Haïti 1901 1906 Gilbert de Guadeloupe Chambertrand Fables créoles et autres Gratiant Martinique écrits Antigone en créole MorisseauHaïti Leroy 1917 Fables de La Fontaine Romans en français, avec des insertions de créole, notamment pour les dialogues. Pièce de théâtre, qui fait alterner créole et français : créole assez acrolectal (cf. situation sociale de l’auteur) 1950 et au- Poèmes variés, fables... delà 1953 Pièce de théâtre Poyen-Bellisle, 1894 livre bien quelques textes, mais il s’agit en fait de formes brèves (proverbes ou énigmes). D’une part trop court pour se livrer à de véritables analyses grammaticales. D’autre part, figement du genre invite à ne pas conclure trop vite : ces formes attestées ainsi à l’extrême fin du XIXe siècle sont vraisemblablement particulièrement conservatrices : cf. comparaison avec proverbes Schoelcher, 1848 dans Des colonies : il est certes intéressant de découvrir ces proverbes à ces époques du XIXe siècle, mais on ne peut guère tirer de conclusions linguistiques (forme courte et figée). A noter encore des scrupules phonétiques de Poyen-Bellisle intéressants (cf. transcription), mais sa notation se révèle quand même approximative, au moins en matière de frontière de mots : cf. « lu wa » (dans « kaj lu wa kase » = la maison du roi est brisée, p. 55). En outre, pour notre propos ici, Poyen-Bellisle qui considère que le créole est « à peu près le même » dans toutes les Antilles, tout en reconnaissant qu’il existe « des variations dialectales, ne précise pas où on été faites ses collectes, et il ne nous permet pas de disposer ainsi des repères nécessaires pour l’analyse des dialectes. Si Poyen-Bellisle est né au Moule (Guadeloupe), il a fait ses études au Lycée de Bordeaux, puis au Département des Langues Romanes de l’Université de Johns Hopkins à Baltimore, puis fut nommé « Honorary Fellow » à l’Université de Chicago, où il soutint le Ph. D. auquel nous faisons allusion.