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Le Cep n°52. 3ème trimestre 2010
Sommaire
D'où vient l'anti-créationnisme ?
Dominique Tassot
Présentation : Il se mène aujourd'hui, en Europe comme aux États-Unis,
une lutte coordonnée contre les "créationnistes", dont témoigne notamment
l'ouvrage récent Les créationnismes.Une menace pour la société française?
Une conférence donnée à Reims par l'un des coauteurs, Olivier Brosseau, fut
l'occasion de décrypter la nature et les motivations de cet étrange "anti-
créationnismes." Le plus étonnant, au premier abord, est de constater que,
sous ce même vocable de « créationnismes » (au pluriel), d'authentiques
défenseurs du concept biblique de création, donc anti-évolutionnistes, se
retrouvent amalgamés avec des évolutionnistes invétérés comme le sont les
teilhardiens. Cette réunion artificielle de positions contradictoires peut
s'expliquer en termes de tactique militaire : la déception, art de tromper
l'ennemi, comporte en effet deux branches, le camouflage et la simulation. De
fait, le « créationnisme au sens élargi » est un leurre, une baudruche qu'on
agite afin de focaliser l'attention sur les motivations religieuses de ceux qui
récusent Darwin. Ce faisant, on vise à camoufler le point faible vital :
l'absence de preuves scientifiques de la prétendue macro-évolution.
C'est donc sur le terrain de la science que le combat sera gagné, et tous les
efforts des darwiniens pour empêcher un véritable débat scientifique sur
l'évolution ne font que nous confirmer que là réside bien le point faible de
l'adversaire.
N'en déplaise aux mânes du Grand Timonier de la Révolution
chinoise, la pensée collective n'existe pas !
Toute pensée nouvelle naît dans une tête1 identifiable, celle qui
met le concept en formule et choisit les mots pour bien l'exprimer.
Alors seulement cette pensée pourra intéresser d'autres esprits qui
l'accueilleront et s'en persuaderont.
L'endoctrinement collectif cher à Mao Tse Toung,
l'apprentissage "par cœur"2 d'une formule et sa répétition, peuvent
1 Du moins aux yeux d'une certaine tradition occidentale tardive. Car les
Hébreux faisaient plutôt du cœur le siège des pensées, tout comme les
Chinois, qui incorporent souvent l'idéogramme du cœur lorsqu'ils composent
les caractères signifiant les opérations intellectuelles.
2 Par le cœur donc, et non par le cerveau, alors qu'il ne s'agit pas d'émotions
ou d'affections, communément rattachées au "cœur". Les encéphalogrammes,
il est vrai, montrent bien comment des synapses cérébrales s'ouvrent et se
ferment à chaque opération mentale, mais la course d'un messager n'explique