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Aujourd’hui, le rêve devient réalité.
Ce n’est pas tous les jours qu’un la-
boratoire du sommeil donne nais-
sance à une clinique diagnostique.
L’idée, déjà présente dans la tête de
son responsable, le docteur Roger
Godbout, psychologue et spécialiste
du sommeil, a fait son chemin.
Fondé en 1999, le laboratoire de
recherche sur le sommeil de l’HRDP
ajoutait une corde à son arc en inau-
gurant, en novembre 2007, sa toute
nouvelle clinique spécialisée d’évalua-
tion diagnostique. Cheminement
naturel sinon prévisible à l’intérieur
d’un hôpital les liens entre la
recherche et la pratique clinique sont
étroits, quotidiens et systématique-
ment encouragés.
À l’écoute d’une clientèle
au sommeil fragile
Si les problèmes du sommeil
affectent 20 à 25 % de la population
en général, chez les personnes
autistes ce n’est pas moins de 40 à
60 % d’entre elles qui éprouvent des
difficultés lorsque vient le temps de
tomber dans les bras de Morphée.
Quand on considère que l’entourage
est plus souvent qu’autrement aussi
affecté que la personne autiste elle-
même, obligé qu’il est de composer
avec un horaire de veille qui s’étire,
les besoins apparaissent consi-
dérables. De surcroît, la clientèle
TED est fréquemment incapable de
décrire les perturbations qui affectent
son sommeil. L’Agence de Montréal
a donc mis à la disposition de la cli-
nique les outils nécessaires pour en
sonder les causes et les effets qui se
tapissent dans l’obscurité de la nuit.
C’est connu, le sommeil est la pre-
mière victime de nos contrariétés.
Les patients TED présentent sou-
vent des problèmes d’endormisse-
ment, mais surtout de maintien du
sommeil. Quand en plus l’adoles-
cence survient avec son lot d’hor-
mones et de changements, il n’est pas
facile de départager les causes d’un
trouble du sommeil. La clinique vient
ainsi apporter un éclairage que peu
d’autres ressources sont à me
d’offrir.
La théorie rejoint la pratique
La naissance de la clinique diagnos-
tique sert avant tout le transfert des
connaissances. Un savoir-faire désor-
mais accessible aux autres cliniques
de l’Hôpital, aux patients et à leurs
parents, en passant par les divers
lieux de traitement. « Depuis 1999,
mes activités à HRDP se concen-
traient sur la recherche, fondamen-
tale et clinique, basée sur des proto-
coles expérimentaux. Dorénavant,
l’HRDP aura une arme de plus à son
arsenal, c’est-à-dire une clinique non
seulement capable d’évaluer le som-
meil de ses patients avec une techno-
logie à la fine pointe des déve-
loppements les plus récents, mais
également engagée à partager son
savoir » d’expliquer le Dr Godbout.
Un an pour consolider ses assises
La clinique se donne une année pour
roder le fonctionnement de son
équipe constituée du Dr Godbout*,
de Élyse Chevrier, technologiste en
électrophysiologie dicale, de
Céline Vallée, secrétaire, du person-
nel professionnel de nuit et, parallèle-
ment, de tout un réseau de collabora-
teurs institutionnels en cardiologie,
neurologie, pneumologie, pédiatrie,
etc. Cette clinique d’évaluation de
troisième ligne commence ses acti-
vités à raison d’une journée par
semaine. Les « références » provien-
LE RÊVE SE RÉALISE
La Clinique d’évaluation
diagnostique des troubles
du sommeil voit le jour
Par Stéphane Trépanier
Ce que la science connaît des troubles du sommeil profitera désormais
aux patients atteints de troubles envahissants du développement (TED).
Une première au Québec, tout probablement au Canada, et une des rares
expériences du genre en Amérique du nord. Portrait d’une évolution attendue
qui servira une clientèle aux besoins particuliers et importants.
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nent essentiellement des médecins
du Programme des troubles neu-
rodéveloppementaux et concernent
en priorité les patients porteurs d’un
diagnostic de TED ou suspectés de
présenter un TED, bien que les
autres clientèles puissent éventuelle-
ment être admises.
Une fois l’éligibilité d’une référence
confirmée, on procède d’abord à l’é-
valuation sommaire du dossier. Les
questionnaires appropriés sont
ensuite remis aux patients ou à leurs
parents. Une fois les questionnaires
remplis, une rencontre est organisée
afin de scruter à la loupe tous les élé-
ments susceptibles de renseigner sur
la nature des difficultés. Suivent les
évaluations, adaptées au profil de
chacun, pouvant être très variées et
complémentaires : une ou plusieurs
nuits au laboratoire de sommeil, éva-
luations complémentaires (psycholo-
gique, neuropsychologique, médicale,
psychosociale, etc.). Finalement, un
diagnostic est suggéré et transmis aux
personnes concernées, accompagné
de recommandations précises et con-
crètes. Il peut s’agir par exemple
d’appliquer les principes d’une bonne
hygiène du sommeil, de proposer un
programme de traitement cognitivo-
comportemental adapté aux troubles
du sommeil ou de recommander des
traitements dicaux scifiques
reconnus pour les troubles du som-
meil. Si la clinique limite son champ
d’action à l’étape de l’évaluation et du
diagnostic, le traitement étant de la
responsabilité du « référent », son
équipe demeure néanmoins disponi-
ble comme expert conseil.
Une batterie de moyens
au service des TED
La clinique offre un éventail de
moyens pour circonscrire les pro-
blèmes nocturnes. Au départ, un
agenda de sommeil est constitué,
sorte d’historique précis des carac-
téristiques des nuits du patient. Ce
profil est généralement très révéla-
teur. Au besoin, on peut aller beau-
coup plus loin dans l’investigation.
La clinique dispose de toute la
technologie cessaire. Elle est à
même non seulement de produire un
rapport exhaustif sur l’organisation
du sommeil des patients qui viennent
y dormir, mais elle est également
capable d’analyser un grand nombre
d’indicateurs physiologiques tels que
l’électroencéphalogramme, le cardio-
gramme, la respiration et le taux
d’oxygène artériel. En dormant au
laboratoire, le patient nous en
apprend beaucoup. Mais au-delà de
cet attirail moderne, la simple obser-
vation fine et rigoureuse de l’envi-
ronnement, de la luminosité et de la
routine de vie, sur un cycle de 24
heures, fournit déjà de précieuses
données. On glige souvent
d’analyser la réalité d’un individu
dans sa globalité, c’est-dire en
incluant ce qui se passe après le
coucher et avant le lever. Quand on
sait l’impact de la qualité du sommeil
sur les activités diurnes, on aurait tort
de négliger cet apport d’information
pour mieux comprendre un patient.
La pratique alimente la recherche,
la recherche nourrit la pratique
Si la clientèle et leurs proches sont les
premiers bénéficiaires de l’expertise
de la clinique, cette dernière n’est pas
en reste. Elle compte bien profiter de
l’éclairage qu’apportera à la recher-
che l’ensemble des caractéristiques
des patients rencontrés. Ainsi, les
chercheurs n’auront pas le loisir de
s’endormir sur leurs lauriers : une
banque de données anonymisées sera
constituée et on pourra dresser les
portraits cliniques les plus courants
pour la clientèle TED avec troubles
du sommeil. D’ici un an, nous
devrions en savoir davantage sur les
caractéristiques de son sommeil.
Rendez-vous en 2009 pour un pre-
mier bilan.
* Roger Godbout est docteur
en psychologie, chercheur et professeur
à la Faculté de médecine,
Département de psychiatrie de
l’Université de Montréal,
chef du Service de recherche à l’HRDP
et responsable de la Clinique spécialisée
d’évaluation diagnostique des
troubles du sommeil de l’HRDP.
La Clinique spécialisée d’évaluation diagnostique
des troubles du sommeil est constituée d’une infra-
structure (personnel et équipements) et est assortie
des protocoles et des moyens requis pour le
dépistage, l’évaluation et le diagnostic des troubles
du sommeil chez la clientèle qui lui est référée. La
clinique participe aussi à des activités de
recherche, d’enseignement, de transfert des con-
naissances et de développement technologique.
Clientèle cible
Les services s’adressent d’abord à la clientèle du
Programme des troubles neurodéveloppementaux
de l’HRDP, qu’elle soit hospitalisée ou ambulatoire.
Il n’y a pas de limite d’âge. Sont admissibles, les
enfants et les adolescents avec un trouble
envahissant du développement (TED), ou soupçon-
nés d’y correspondre, et les adultes présentant un
TED avec ou sans déficience intellectuelle.
Mandat
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