Composition d`ALLEMAND, Filière PSI (XEULCR)

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INTER-ENS/ECOLE POLYTECHNIQUE
CONCOURS D’ADMISSION 2016
Composition d’ALLEMAND, Filière PSI (XEULCR)
Epreuve écrite d’admission : Seules les 15 copies des candidats admissibles dans cette filière ont
été corrigées. La moyenne de l’épreuve s’établit à 10,6 avec des notes allant de 4,5 à 18, et un
écart-type de 3,63.
La répartition des notes est la suivante :
Note
Nombre de
Pourcentage
0≤N<4
copies 0
0%
4≤N<8
3
20%
8 ≤ N < 12
7
46,66%
12 ≤ N < 16
4
26,66%
16 ≤ N < 20
1
6,66%
25
100%
Les résultats sont assez satisfaisants, mais un peu inférieurs à ceux de l’année précédente, avec
notamment une proportion de copies moyennes plus importante. Les candidats se sont désormais
adaptés à cette nouvelle épreuve et gèrent correctement le temps imparti ; nous avons trouvé
cependant plusieurs copies qui n’ont pas respecté le nombre de mots imparti, certains même
indiquant un nombre de mots largement supérieur à la réalité… .
Première partie : Synthèse de documents
Le dossier était composé de trois articles de journaux et d’un dessin humoristique (die witzige
Zeichnung, das Cartoon) autour du thème suivant : les conséquences du scandale Volkswagen sur
l’entreprise elle-même et, plus largement, sur l’image de l’industrie allemande.
Le premier document, daté du 2 octobre (une quinzaine de jour après la révélation du scandale)
et tiré du site d’informations Deutsche Welle, décrivait, après un bref rappel des faits, i.e la
fraude révélée par les autorités américaines, la réaction de clients allemands de la firme, de
manière contrastée : beaucoup de clients déçus prédisent la disparition de la marque, de
nombreux salariés de VW se sentent touchés personnellement, et certains, qui ont une relation
affective avec leur voiture, sont sous le choc. A l’inverse, d’autres, comme Michael, client
berlinois, espèrent que cette affaire sera rapidement oubliée, exprimant leur attachement à la
marque et leur peu d’intérêt pour la valeur des émissions de CO2. Selon Michael, tous les
constructeurs pratiquent ce genre de manipulation, et les Américains, alors qu’ils sont euxmêmes les plus gros pollueurs de la planète, auraient saisi l’occasion de se débarrasser ainsi d’un
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concurrent. Les professionnels de la vente de véhicules estiment que cette affaire n’a pas eu
jusque-là d’incidence sur les ventes de véhicules Diesel de la marque VW.
Le deuxième document, publié deux mois plus tard dans le journal hebdomadaire Die Zeit,
s’intitulait Von deutscher Tücke. Il est probable que la plupart des candidats ne connaissaient
pas ce mot, qui signifie malignité, perfidie (du moins au singulier ; employé au pluriel, il est
souvent traduit par embûches). Cet article était beaucoup plus abstrait, et très peu de
candidats en ont compris les subtilités. Il a souvent été évoqué de façon beaucoup trop brève
dans la synthèse, voire totalement ignoré. Le mot clé en était : Vertrauensverlust (der
Vertrauensverlust : la perte de confiance). Le premier paragraphe constituait une sorte de
résumé des conséquences de cette affaire : non seulement la confiance en VW est écornée,
mais l’estime (das Ansehen) dont jouissait jusqu’à présent l’industrie allemande dans le monde
est largement entamée, ainsi que l’image d’honnêteté des dirigeants et fonctionnaires
allemands. Ensuite, le journaliste rappelait d’autres exemples similaires : les manipulations en
bourse de la deutsche Bank, ainsi que la malhonnêteté de l’Automobile Club allemand (ADAC)
lors de l’attribution de prix, systématiquement donnés à VW ou une autre marque allemande.
(le prix de l’ange jaune (der Gelbe Engel), attribué à la meilleure voiture de l’année de 2004 à
2014, a disparu en 2014, suite à la découverte de manipulations pour décerner le prix à la Golf
de VW). Le journaliste s’interrogeait ensuite sur le fait que personne n ’avait relevé jusqu’à
présent la collusion patente entre l’ADAC et Volkswagen, et mettait cette naïveté sur le
compte des préjugés favorables envers les produits allemands ( deutsche Waren) : la plupart
des gens sont convaincus que les produits allemands sont certes chers, mais sont largement
plus solides et fiables (verlässlich) que des biens produits ailleurs dans le monde. La plupart
des gens ne remettant pas en cause la rectitude morale de l’ADAC ni la solidité des véhicules
VW, ces deux organisations se créditaient réciproquement et incontestablement de cette
supériorité qui a assuré depuis la Deuxième Guerre mondiale l’hégémonie des produits « made
in Germany », caractérisés par leur Verlässlichkeit (fiabilité) et Langlebigkeit (solidité dans le
temps).
Dans la deuxième partie du texte, l’auteur rappelait que cette fierté et cette auto -satisfaction
des Allemands étaient en réalité le reliquat d’une fierté nationale ( der Nationalstolz) mise à
mal par l’effondrement de 1945, une sorte de refuge pour faire face à l’humiliation de la
défaite, et que les Allemands étaient convaincus que ces qualités matérielles reflétaient
l’honnêteté ( cf les adjectifs rechtschaffen, treu) inhérente au caractère allemand : certes, VW
fabrique des voitures dépourvues de charme, d’originalité et d’élégance, mais elles tiennent
leurs promesses, contrairement aux voitures italiennes ou françaises, séduisantes en
apparence (aussen hui), mais « malhonnêtes », trompeuses, et décevantes en réalité (drinnen
pfui). L’auteur rappelait ainsi les prétendues vertus du caractère allemand, à travers le symbole
du chêne (die Eiche), certes knorrig und krumm (noueux et tordu), mais solide et pérenne
(standhaft und hart). Réciproquement, ces qualités attribuées aux produits allemands
permettaient aux Allemands de se percevoir comme dotés de ces mêmes qualités.
Le scandale VW est donc une véritable catastrophe morale, car il révèle que les Allemands qui
se targuaient de ne pas faire de promesses intenables ont en réalité sciemment triché (der
geplante Betrug), étant incapables d’assurer des qualités et des performances que leurs
concurrents n’osaient pas offrir. Désormais, la lourdeur, la maladresse (die Ungeschicklichkeit),
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et le caractère ringard (die Biederkeit) des produits allemands vont seulement apparaître
comme le masque de la malhonnêteté.
Les nuances de ce texte ont échappé à de nombreux candidats, qui se sont désespérément
accrochés à l’expression moralische Katastrophe, sans saisir l’arrière-plan culturel et historique
du texte.
Le troisième document, tiré comme le premier du site de Deutsche Welle, beaucoup plus
abordable au plan linguistique, était une lettre écrite à la société Volkswagen par un Chinois
installé en Allemagne depuis 20 ans, très optimiste, qui pensait qu’il ne s’agissait pas de la
chronique d’une mort annoncée, mais que le marché chinois sauverait VW. Les Chinois, pour qui
les Américains sont le mal incarné (die Bösen schlechthin), pleins de pitié pour VW victime des
méchants Américains, pensent que cette manipulation est issue de la volonté de VW de
dépasser la firme Toyota et d’occuper la place n°1 dans le monde. Les critère s des normes antipollution étant impossibles à respecter, VW n’a pas vraiment triché : la firme a même eu
l’honnêteté de révéler l’existence du logiciel de manipulation, alors que les autorités
américaines demandaient seulement des explications sur l’écart entre les résultats des tests en
laboratoire et sur route.
Quant au dessin, sans titre, issu d’un site internet (toonpool.com) et publié le 6 octobre 2015 ,
il représentait un immeuble surmonté du Logo VW, donc le siège social de la marque. Face à
cet immeuble se tenait un couple accompagné d’un enfant, qui demandait à ses parents la
signification du sigle VW, et obtenait comme réponse : « Vertrauen weg ! », c’est-à-dire « la
confiance n’existe plus », et non pas le chemin de la confiance, comme l’a imaginé un candidat,
qui a ainsi commis un grave contre-sens. (Il y aurait eu Vertrauensweg). Ce dessin suggérait
donc que le nom prestigieux de VW serait oublié dans moins d’une génératio n, et que cette
marque deviendrait le paradigme de la perte de confiance des clients.
Dans l’ensemble, les candidats ont bien réussi à saisir les enjeux du dossier (on aurait pu titrer :
«Bedeutet der VW-Abgasskandal das Ende der Hegemonie der deutschen Industrie ? »). Certains
titres n’ont envisagé qu’un aspect du dossier ; par exemple : Des titres comme « Abgasaffäre :
VW auf dem Weg zur Pleite ? » ou « VW-Abgasskandal : der Fall eines Riesen » ne rendaient pas
compte de la dimension nationale des effets de cette crise sur l’industrie allemande et son
image à l’étranger.
Seconde partie : Texte d’opinion
Dans la deuxième partie de l’épreuve, trop peu de candidats expriment avec force et conviction leur
opinion, opinion qu’il convient bien sûr de justifier par des exemples et des arguments pertinents.
Rappelons qu’il faut prendre position en réponse au texte de départ. (document B). Celui-ci
était tiré du Spiegel, et publié le 6 novembre. Il s’agissait d’une « Kolumne », affichant donc
nettement une prise de position. L’auteur s’oppose au sauvetage de la firme par l’Etat, car,
selon lui, les tentatives de l’Etat pour aider VW et pour minimiser la fraude ne peuvent que
précipiter l’issue tragique de cette crise.
Il propose ensuite une alternative à cette solution : l’Etat, au lieu d’aider financièrement
Volkswagen, - réitérant ainsi les erreurs du passé récent : aide aux banques lors de la crise
financière de 2008 - ferait mieux de laisser la firme déposer le bilan, pour ensuite créer une
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entreprise nationalisée dont la mission serait de développer la recherche pour fabriquer des
voitures électriques performantes. Les salariés de VW, qualifiés et victimes innocentes du
scandale, trouveraient dans cette structure un nouvel emploi. De plus, en développant une
nouvelle technologie, la nouvelle firme rendrait service à toute l’industrie automobile
européenne, et récolterait les fruits de ces investissements. Par la suite, cette nouvelle
entreprise pourrait être privatisée, ce qui permettrait de se débarrasser de la gestion féodale
familiale, animée par des querelles permanentes (man wäre diese fürchterlich verfehdeten
Familien los).
Il fallait remarquer que cette partie du texte était écrite au subjonctif 2 présent, (mode de
l’irréel, du souhait) exprimant le vœu pieux de l’auteur, qui, dans le dernier paragraphe,
revient à la réalité(indicatif futur) : « Meine Einschätzung ist : Die Bundesregierung wird VW
am Ende retten. », regrettant que l’Etat s’entête à soutenir une industrie sans perspective.
C’est en fin de compte le contribuable allemand qui fera les frais de cette solution.
Il était donc possible dans le texte d’opinion de réfuter certains arguments de l’auteur en
faveur de sa solution. De nombreux candidats ont fait remarquer que d’autres pays et
d’autres marques sont bien plus avancés en matière de recherche d’innovations pour
améliorer l’électromobilité et que la nationalisation était une solution hasardeuse. Il était
possible aussi de contester l’idée que la technologie Diesel n’ait pas d’avenir. Dans
l’ensemble, le ton des textes d’opinion n’est pas assez engagé et manque de conviction.
Erreurs de langue récurrentes :
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Le groupe nominal sujet ou attribut du sujet décliné à l’accusatif, alors qu’il faut utiliser le
nominatif pour ces deux fonctions.
Les auxiliaires pour conjuguer au parfait les verbes sinken, steigen, anwachsen (auxiliaire
sein) .
L’oubli du verbe à la fin des subordonnées ou erreurs sur l’accord verbe/sujet.
La conjugaison des verbes forts : betrügen (o, o) , lügen (o, o ), erscheinen (ie, ie),
anfangen (ä, i, a), beschreiben (ie,ie)
La rection des groupes verbaux : geniessen + acc ( en non pas von + dat), sich bewusst sein +
génitif, mangeln an + datif, vertrauen + datif, helfen + datif, teilnehmen an + datif, sich
anpassen an + acc, beitragen zu + datif, leiden unter + datif, sich interessieren für +acc, an
etwas (dat) interessiert sein; für etwas typisch sein; auf die gesamte deutsche Industrie
(Accusatif) Auswirkungen haben : (avoir des effets sur l’industrie allemande dans son
ensemble).
Le genre de termes courants comme die Zahl, das Land, der Platz, der Artikel, ,die Bilanz, das
Ziel, der Grund (la raison de : der Grund für + acc), der Einfluss, das Vertrauen, der Verlust,
die Lüge ( le mensonge), der Betrug ( la tromperie), der Platz, das Unternehmen, der Betrieb,
der Konzern, der Stolz.
La conjonction de subordination als ne doit pas être employée pour traduire alors que (sens
adversatif): alors que = während, wohingegen
La distinction ob/wenn
La rection des prépositions : nach + datif, für + acc, mit + dat, angesichts + génitif, trotz +
datif ;
Confusion entre le verbe schaden + datif : nuire à , et leiden unter + dat : souffrir de.

Le verbe überwinden est un verbe à particule inséparable : VW versucht, diese Krise zu
überwinden.
 Le verbe überleben est un verbe transitif direct : Wird VW diese Krise (acc) überleben
können?

Un des clients : un est ici pronom indéfini : einer der Kunden
 On ne dit pas : Das Image des Konzerns ist aufs Spiel gesetzt*, mais : das Image des
Konzerns steht auf dem Spiel.
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