UNIVERSITE DE NANTES FACULTE DE MEDECINE MASTER I SCIENCES BIOLOGIQUES ET MEDICALES UNITE D’ENSEIGNEMENT OPTIONNEL MEMOIRE REALISE dans le cadre du CERTIFICAT d’ANATOMIE, d’IMAGERIE et de MORPHOGENESE 2009-2010 UNIVERSITE DE NANTES LA CORDE DU TYMPAN INTRACRANIENNE Par Divard Gillian LABORATOIRE D’ANATOMIE DE LA FACULTE DE MEDECINE DE NANTES Président du jury : Pr. R. ROBERT Vice-Président : Pr. J.M. ROGEZ Enseignants : • • • • • • • • • • • • • • • • Laboratoire : Pr. O. ARMSTRONG Pr. O. BARON Pr. G. BERRUT Pr. C. BEAUVILLAIN Pr. D. CROCHET Dr. H. DESAL Pr. B. DUPAS Dr E. FRAMPAS Dr A. HAMEL Dr O. HAMEL Pr. Y. HELOURY Pr A. KERSAINT-GILLY Pr. J. LE BORGNE Dr M.D. LECLAIR Pr. P.A. LEHUR Pr. O. RODAT S. LAGIER et Y. BLIN - Collaboration Technique 1 UNIVERSITE DE NANTES FACULTE DE MEDECINE MASTER I SCIENCES BIOLOGIQUES ET MEDICALES UNITE D’ENSEIGNEMENT OPTIONNEL MEMOIRE REALISE dans le cadre du CERTIFICAT d’ANATOMIE, d’IMAGERIE et de MORPHOGENESE 2009-2010 UNIVERSITE DE NANTES LA CORDE DU TYMPAN INTRACRANIENNE Par Divard Gillian LABORATOIRE D’ANATOMIE DE LA FACULTE DE MEDECINE DE NANTES Président du jury : Pr. R. ROBERT Vice-Président : Pr. J.M. ROGEZ Enseignants : • • • • • • • • • • • • • • • • Laboratoire : Pr. O. ARMSTRONG Pr. O. BARON Pr. G. BERRUT Pr. C. BEAUVILLAIN Pr. D. CROCHET Dr. H. DESAL Pr. B. DUPAS Dr E. FRAMPAS Dr A. HAMEL Dr O. HAMEL Pr. Y. HELOURY Pr A. KERSAINT-GILLY Pr. J. LE BORGNE Dr M.D. LECLAIR Pr. P.A. LEHUR Pr. O. RODAT S. LAGIER et Y. BLIN - Collaboration Technique 2 REMERCIEMENTS A tous nos enseignants d’anatomie depuis la première année qui ont su nous transmettre leur passion de l’anatomie, à savoir les Professeurs Robert, Rogez, Armstrong et les Docteurs Antoine et Olivier Hamel. Je remercie particulièrement le docteur Olivier Hamel qui m’a conseillé de me concentrer sur la portion intracrânienne de la corde du tympan, ce fut un sujet passionant, et pour ses conseils avisés. Au professeur Beauvillain qui m’a fait bénéficier de son expérience et qui m’a permis d’assister aux journées d’O.R.L à Nantes. Aux Messieurs Lagier et Blin sans qui les dissections au laboratoire d’anatomie ne seraient pas les mêmes. Pour finir avec tout mon respect, je remercie le docteur Jacques Bonnet pour ses conseils et ses corrections sans concession. A mon nuage limpide, 3 PLAN : I. INTRODUCTION…………………………………………..p.5 II. EMBRYOGENESE…………………………………………p.5 III. ANATOMIE DESCRIPTIVE………………………...p.6 a. Origine et trajet dans la mastoïde b. Passage dans la caisse du tympan c. Trajet dans le canal antérieur et émergence extra-crânienne d. Trajet sous la base du crâne e. Voies neurologique de la corde IV. MATERIEL ET METHODE………………………..p.11 a. Matériel b. Sujets disséqués c. Méthode V. RESULTATS……………………………………………….p.13 VI. DISCUSSION…………………………………………p.20 a. Exploration de la corde du tympan b. Implication en pathologie c. Implication en chirurgie VII. CONCLUSION……………………………………….p.23 VIII. BIBLIOGRAPHIE…………………………………...p.23 4 I. INTRODUCTION La première caractérisation nerveuse de la corde du tympan est attribuée à un célèbre anatomiste et chirurgien du XVIème siècle, Gabriel Fallope. Il publia cette découverte dans son ouvrage Observationes Anatomicae publié en 1561. Il a fallu attendre le XIXème siècle pour que Claude Bernard, médecin et physiologiste fondateur de la médecine expérimentale démontre que ce nerf, bien que nommé corde du tympan, transporte le sens du goût(1). Plus tard il montra également que ce nerf a aussi un effet sur la sécrétion des glandes salivaires(2). Quel étrange nom donné à un nerf destiné au goût ! Pourquoi l’appeler corde du tympan ou chorda tympani ? Nous chercherons à expliciter la nomenclature de ce nerf grâce à son trajet anatomique. II. EMBRYOGENESE La Phylogénie de la corde permet d’expliquer les péripéties de son parcours. Chez l’homme, les branches du nerf facial dont la corde émergent en aval du hiatus de Fallope. D’après Gegenbaur, elles sont assimilables aux branches extra crâniennes des vertébrés inférieurs(3). Or l’existence de ces branches a précédé l’apparition de l’oreille moyenne, ce qui explique que la corde chemine dans l’oreille moyenne. Au cours du développement, on observe le développement de l’appareil branchial commun à tous les vertébrés. Cet appareil branchial est formé de dépressions ou sillons branchiaux et de saillies que sont les arcs branchiaux qui séparent ces fentes. Chacun de ces arcs contient : un nerf mixte, une branche artérielle allant du bulbe aortique ventral à l’aorte dorsale, des ébauches musculaires et une ébauche de squelette cartilagineux significatif surtout sur les deux premiers arcs. Le premier arc branchial ou mandibulaire est constitué du nerf trijumeau, des muscles masticateurs et du cartilage de Meckel qui se situe entre l’anneau tympanal en arrière et se dirige vers la ligne médiane en avant. Le mésoblaste du premier arc au contact de ce cartilage sera à l’origine du malleus et de l’incus en arrière et de la mandibule en avant. Concernant le second arc branchial ou hyoïdien, il est constitué du nerf facial, des muscles peauciers, de la face et du pilier antérieur du voile du palais. Le cartilage de Reichert fournit pour sa part : en avant les petites cornes de l’os hyoïde, au milieu le ligament stylohyoïdien, en arrière l’apophyse styloïde et au contact de ce cartilage nait le stapès. La corde a une origine extra crânienne embryologiquement. Elle correspond à une anastomose entre le nerf trijumeau appartenant au premier arc branchial (arc mandibulaire) et le nerf facial appartenant au second arc branchial (arc hyoïdien). Elle se situe au début du développement entre le rocher (en interne), puis le tympanal auquel se fixera le futur tympan et le futur malleus (en externe). Puis, le tympanal se développe progressivement en forme 5 d’arc de cercle reposant à ses extrémités sur le rocher, pendant que la corde chemine à la face interne des ces cornes tympanales en traversant deux orifices tympano-pétreux. A la naissance, la corde est toujours exocrânienne au niveau de son origine, puis elle va progressivement être incorporée dans un canal osseux (futur canal postérieur) du fait de la fusion des sutures pétro tympanales suite au développement de la troisième portion du canal facial. Au niveau de l’orifice de passage antérieur de la corde, cet accroissement va délimiter un canal (futur canal antérieur décrit par Huguier) faisant suite au développement de l’apophyse tubaire du tympanal aux dépens du bord interne de la corne antérieure et du prolongement inférieur du tegmen tympani(4). III. ANATOMIE DESCRIPTIVE La corde du tympan est la plus volumineuse des branches intra-pétreuses du nerf Facial ; elle naît de sa troisième portion. Le nerf Facial fait partie de la VIIème paire des nerfs crâniens qui sont au nombre de douze. La corde du tympan est destinée à rejoindre le nerf lingual dans la région inter-ptérygoïdienne, mais avant de le rejoindre, elle va avoir un trajet que l’on peut qualifier d’atypique. On peut distinguer quatre grandes étapes avant qu’elle n’atteigne son but: elle trouve son origine dans la mastoïde, passe dans la caisse du tympan et émerge en extra-crânien pour finir sous la base du crane dans la région inter-ptérygoïdienne. Figure 1 (5) a. Origine et trajet dans la mastoïde La corde naît du nerf Facial dans la portion mastoïdienne de l’aqueduc de Fallope entre l’origine du muscle de l’étrier crânialement et le trou stylo-mastoïdien caudalement, mais peut émerger en dessous du trou stylo-mastoïdien de façon extra crânienne. Dès lors, elle va remonter de façon récurrente dans le canal facial vers le haut, latéralement et légèrement antérieure par rapport à celui-ci, puis l’abandonne pour rejoindre le canal 6 postérieur de la corde qui est une partie non-soudée de la scissure pétro tympanale postérieure. Lors de son trajet dans la mastoïde, la corde du tympan est accompagnée d’une artériole, branche de l’artère stylo-mastoïdienne, alors qu’en avant se trouve la paroi postérieure du conduit auditif externe dans un premier temps puis la caisse du tympan dans un second temps. En dehors, se trouve le cortex mastoïdien et en postérieur et médial la troisième portion de l’aqueduc de Fallope. b. Passage dans la caisse du tympan La corde émerge dans la caisse par un orifice, l’ostium introitus situé sur la partie postérieure du retro-tympanum entre la pyramide du muscle de l’étrier en dedans et l’insertion du tympan en dehors. Dans cette caisse, la corde décrit une courbe à concavité inféro-interne et se dirige vers l’avant. Elle commence par cheminer entre la couche interne muqueuse et la couche moyenne fibreuse du tympan, y délimitant un repli appelé repli tympano-malléolaire postérieur puis elle va croiser par en dehors la branche descendante de l’enclume, pour ensuite aller contourner la face interne du col du Malleus au dessus du tendon du tensor tympani, auquel elle adhère, et s’engage à l’intérieur du repli tympano-malléolaire antérieur. Pour finir, elle va pénétrer dans son ostium exitus situé à la partie supéro-externe de la paroi antérieure de la caisse, entre le bord inférieur du prolongement inférieur du tegmen tympani en haut et le sulcus malleolaris du tympanal. La corde façonne les reliefs de ces replis et y délimite ainsi une poche supérieure (Prussak) et des poches antérieure et postérieure (Trôltsch). Notons que dans la cavité tympanique, la corde n’est pas à proprement parler intracrânienne puisque séparée de l’air ambiant seulement par le tympan. Figure 2 (4) Lors de la traversée de la corde du tympan dans la caisse, on peut décrire trois portions de trajet par rapport au col du malleus : • Une portion postérieure au col du malleus La corde se trouve en effet dans l’épaisseur du repli tympano-malléolaire postérieur, elle y croise en dedans la face externe de la branche descendante de l’incus et en inférieur le stapès 7 et la fenêtre ovale dont la corde barre l’accès. En dehors, elle longe le rebord osseux et peut ainsi être soit très apparente, soit masquée par ce rebord osseux. • Une portion au niveau du col du malleus La corde se trouve plaquée contre la face interne du col par la muqueuse de la caisse, au contact en inférieur de l’insertion du tendon du muscle du malleus, alors qu’en dedans elle se trouve à distance de la saillie mousse de la portion horizontale de l’aqueduc de Falllope. • Une portion antérieure au col du malleus Elle se poursuit dans le repli muqueux tympano-malléolaire antérieur, accompagnée en dehors de la longue apophyse du malleus prolongée par le ligament antérieur du malleus. Ce ligament et la corde y glissent alors dans un sillon creusé par la corne tympanale antérieure, le sulcus malleolaris. Figure 3 (4) c. Trajet dans le canal antérieur et émergence extra-crânienne Emergeant de la cavité tympanique, la corde va cheminer dans un conduit osseux autonome, le canal antérieur de la corde (Huguier). En réalité, ce canal est une déhiscence de la suture pétro-tympanale antérieure. La corde y chemine horizontalement et peut sortir de l’os de deux manières : • par un long canal qui suit la scissure sur toute sa longueur, pour émerger en avant et en dedans de l’épine du sphénoïde. • par un canal court qui va croiser obliquement la scissure pour émerger en dehors de sa partie moyenne. Ce canal antérieur est délimité en haut par le prolongement du tegmen tympani et en bas par l’apophyse tubaire du tympanal. Par rapport à ce canal, on peut distinguer en dedans, la trompe auditive (Eustache) et le canal du muscle tensor tympani au dessus de celle-ci, alors qu’en dehors, parallèle à celui-ci se trouve un canalicule osseux que le ligament antérieur du marteau et l’artère tympanique antérieure empruntent. De plus, il faut noter que la cavité glénoïde en est un des rapports les plus externes. d. Trajet sous la base du crâne Une fois sortie du crâne, la corde se trouve dans la région ptérygo-maxillaire. Elle se dirige de la face interne de l’épine du sphénoïde au bord postérieur du nerf lingual, en étant oblique en bas et en avant. Lors de ce trajet, elle répond à l’aponévrose inter-ptérygoidienne amincie en fascia cribiformis en dedans, alors que la partie postérieure de cette aponévrose est 8 épaissie en un ligament sphéno-maxillaire appliquant la corde sur l’épine du sphénoïde. Cette aponévrose est doublée en dedans par le muscle ptérygoïdien médial. En dehors, la corde répond au muscle ptérygoïdien latéral convergeant vers le col. Figure 4 (4) e. Voies neurologiques de la corde La corde du tympan véhicule la sensibilité gustative des deux tiers antérieurs de la langue par ses fibres afférentes et l’innervation viscéromotrice et vasomotrice des glandes submandibulaires et sublinguales par ses fibres efférentes. Les voies afférentes gustatives véhiculées par la corde naissent des papilles gustatives des deux tiers antérieurs de la langue. En effet, ces fibres remontent le nerf lingual puis se séparent de celui-ci pour emprunter la corde du tympan pour ensuite rejoindre le nerf Facial. Ces fibres, dont le noyau est situé dans le ganglion géniculé, vont se projeter sur l’extrémité du noyau gustatif supérieur (extrémité supérieure du noyau du faisceau solitaire) en empruntant le nerf VII bis (intermédiaire de Wrisberg). Une fois dans le noyau du faisceau solitaire, ces fibres vont faire synapse. Puis par l’intermédiaire de la voie lemniscale médiale (ruban de Reil médian), elles vont décusser et atteindre le thalamus pour ensuite se projeter sur le cortex insulaire. Les voies efférentes salivaires naissent du noyau salivaire supérieur dans le pont du tronc cérébral. Ce noyau végétatif moteur envoie des fibres parasympathiques qui, par l’intermédiaire du nerf VII bis, puis du nerf facial (VII), puis de la corde du tympan et du nerf lingual vont aller innerver les glandes submandibulaires et sublinguales (5). 9 Figure 5 (6) 10 IV. MATERIEL ET METHODE a. Matériels de dissections : Porte lame n°4 et n°3 Lames n°23 et n°15 Pinces à disséquer Pince gouge Rugines moyenne et petite Curette Ciseaux plats à pointe mousse Moteur à main : DREMEL Fraise coupante Fraise diamantée Microscope binoculaire ZEISS Micro-pince Micro-ciseaux Pince de Hartmann b. Sujets disséqués : Le nombre de sujets disséqués est de cinq, dont deux qui ont été des échecs : • Le premier échec est dû à un problème de méthode car ce fut une tentative de vue supérieure or, par manque de repère la corde et les osselets furent altérés. C’est pourquoi il a été choisi de faire une vue externe et une vue interne. • Le second échec est dû à une fracture bilatérale des os temporaux ne respectant pas l’intégrité de l’oreille moyenne. Deux sujets ont été nécessaires pour effectuer une vue externe du trajet de la corde, les sujets étaient de sexes masculins et âgés de 83 ans et 1 mois pour le premier et 49 ans et 9 mois pour le second. Un seul sujet a été disséqué pour mettre en évidence une vue interne du trajet de la corde, ce sujet était de sexe féminin et âgé de 80 ans et 9 mois. c. Méthode : Pour mettre en évidence la corde du tympan intracrânienne, il parait logique de commencer par une voie trans-mastoïdienne qui permet d’étudier son origine et suivre ainsi son parcours dans le rocher jusqu'à ça sortie du crane, puis de faire une vue interne par un abord de la fosse temporale. Voie trans-mastoïdienne Pour effectuer cette voie, il faut s’inspirer de la technique de mastoïdectomie des O.R.L. qui leur permet de mettre à nu le canal facial et la corde sans les léser. Cette dissection nécessite un sujet anatomique frais ou formolé. Elle commence par une incision cutanée pré-auriculaire pouvant se prolonger jusqu’au bord antérieur du muscle sternocléidomastoïdien. Ensuite, lorsque que l’os temporal est visible avec ses différents rapports, le muscle sternocléidomastoïdien en inférieur, le muscle temporal en supérieur et le nerf facial 11 émergeant du trou stylo-mastoïdien, il faut ruginer la mastoïde vers l’avant en direction du conduit auditif externe, ce qui permet de mettre à nu l’insertion du sternocléidomastoïdien. On utilise ensuite une fraise de façon oblique dirigée vers l’avant et le dedans, en commençant par la partie la plus postérieure et superficielle de la mastoïde pour aboutir progressivement au canal facial. A ce moment, nous pouvons observer quatre reliefs : le canal facial en antérieur, le canal semi-circulaire latérale ouvert en dedans, le sinus latéral en crânial et postérieur, puis la crête du muscle digastrique en caudal. Figure 6 (4) L’utilisation du microscope binoculaire est fortement conseillée à partir de cette étape. Celle-ci consiste à ouvrir prudemment le canal facial à la fraise diamant pour mettre en évidence le nerf facial, la corde du tympan et l’artère stylo mastoïdienne. Dès lors que l’axe de la corde entre le canal facial et son entrée dans la scissure pétrotympanique postérieure sont visualisés, il faut fraiser soigneusement entre le nerf facial et cet axe pour individualiser la corde du canal facial et de la mastoïde, tout en ouvrant la caisse tympanique au niveau supéro-latéral permettant ainsi de visualiser la courte apophyse voir le corps de l’incus( photo 1 et 2). Une fois cette portion mastoïdienne individualisée, il faut élargir progressivement le conduit auditif externe pour abattre sa partie supérieure et postérieure laissant le tympan visible avec la corde pénétrant ses replis et l’articulation incudo-malléaire au dessus de celuici. Pour continuer de l’étudier, il faut réséquer le tympan puis le malleus(photo 3), puis commencer à fraiser au niveau de la scissure pétro tympanale antérieure où pénètre la corde(photo 4). Puis, il faut ouvrir la cavité glénoïde de l’articulation temporo-mandibulaire et désarticuler celle-ci, afin de pouvoir observer l’émergence extra crânienne de la corde du tympan (photo 5). Voie de la fosse temporale Cette dissection nécessite une préparation par congélation de la pièce anatomique puis coupe para-sagittale permettant un abord facilité de cette région. Cette dissection se fait sur un crâne dont le cerveau a été extrait suite à une section des pédoncules cérébraux puis au détachement de la dure-mère pour mettre à nu la fosse temporale. Ensuite, il faut fraiser en suivant le conduit auditif interne où passent les nerfs facial (VII), nerf intermédiaire (VII bis), vetibulo-cochleaire (VII). Ceci permet de limiter les risques de léser les osselets et donc la corde. Une fois arrivé dans la caisse tympanique, il a fallu élargir progressivement les berges pour observer la corde car elle très difficile à distinguer du ligament antérieur du marteau (photo 6). Puis il a fallu enlever à la pince gouge l’écaille de l’os temporal pour mettre à nu le canal antérieur de la corde( photo 7). 12 V. RESULTATS Photo 1 : Vue externe après résection de la mastoïde et du tympan : origine haute de la corde * 13 Photo 2 : Vue externe de la corde du tympan avec un origine au niveau du trou-stylo-mastoïdien avec ses différents rapport 14 Photo 3 : Vue externe de la corde du tympan avec une origine en dessous du trou stylo-mastoïdien 15 Photo 4 : Vue externe du trajet de la corde de son origine jusqu’à sa sortie de la cavitée tympanique 16 Photo 5 : Vue externe de la corde du tympan intracrânienne de son origine jusqu'à sa sortie du crâne 17 Photo 6 : Vue interne de la fosse temporale 18 Photo 7 : vue interne après résection de l’écaille de l’os temporale 19 VI. DISCUSSION a. Exploration de la corde du tympan • Fonctionnelle : Le territoire sensoriel de la corde peut être testé par des explorations subjectives telles que la gustométrie. Il en existe deux types : la gustométrie chimique et la l’électro-gustométrie. La première technique, peu fiable, consiste en l’augmentation croissante des concentrations des quatre saveurs fondamentales (salé, sucré, acide et amer) jusqu'à perception du goût par le sujet. Cette méthode est positive s’il y a une différence supérieure à 30 % entre les deux hémilangue. La seconde technique, plus sensible que la précédente, fonctionne par stimulations électriques progressivement croissantes qui provoquent une sensation de goût salé. Un autre type d’exploration dit test de Blatt ou test de sécrétion salivaire permet de quantifier les sécrétions des glandes sous-mandibulaires par cathétérisme du canal de Wharton. Ce test est positif pour une différence supérieure à 25 %. • Topographique : La corde intracrânienne peut être visualisée en quasi-totalité par des reconstructions sagittales à partir des données acquises en TDM spiralée. Ces reconstructions sont plus performantes que celles acquises dans les plans coronal et axial. Cependant, dans la portion mastoïdienne, les reconstructions axiales sont plus probantes pour observer le départ de la corde du canal facial (7). Voici des clichés de tomodensitométrie tirés des travaux de I. Alkilic-Genauzeau Légende : 1. Fissure tympano-squameuse ; canal antérieur de la corde du tympan 2. Corde du tympan : trajet dans la cavité tympanique 3. Tête du malleus 5. Corps de l'incus 6. Branche courte de l'incus 8. Récessus épitympanique 10. Canal postérieur de la corde du tympan 11. Crête cordale 18. Troisième portion du canal facial 19. Muscle du stapès Corde du tympan : reconstruction sagittale parallèle à la branche courte de l'incus. Corde du tympan : reconstruction sagittale stricte. 20 Corde du tympan : reconstructions axiales. D’autre part, l’IRM peut également être utilisée pour visualiser la corde. b. Implication en pathologie Les lésions des fibres nerveuses de la corde peuvent être soit isolées, ce qui traduit généralement une cause iatrogène, soit associées à une lésion d’un autre nerf. Des études sur les atteintes isolées de la corde ont montré que le nerf IX (glossopharyngien) qui véhicule la sensibilité et le gout du tiers postérieur de langue (en arrière du v lingual), pouvait compenser les fonctions de la corde, jusqu’au goût véhiculés par celle-ci! En effet, une atteinte de la corde abolit une inhibition sur le nerf IX(8). De plus, ces atteintes sont asymétriques pour la plupart, elles permettent une compensation par l’hémi langue controlatérale pour le goût (corde contro-latérale) et par la parotide pour la salivation. Grâce aux signes cliniques observés lors d’une lésion associée, on va pouvoir topographier le niveau de l’atteinte. En effet, au cours de son passage intra-pétreux, le nerf facial abandonne différents nerfs dont les nerfs pétreux innervant les glandes lacrymales, le nerf du muscle stapèdien responsable du réflexe stapèdien et la corde du tympan véhiculant la salivation (glandes sous-mandibulaire et sous-lingual) et la gustation des deux tiers antérieurs de la langue. Ainsi, le dysfonctionnement d’un de ces éléments est associable à la lésion du nerf correspondant. En revanche, dans le cas d’une atteinte de la corde avec une hémianesthésie des deux tiers antérieurs de la langue, l’atteinte du nerf lingual sera envisagée en priorité. Pour finir, une lésion des deux cordes entraine une xérostomie modérée par aptyalisme (absence ou diminution de la sécrétion salivaire) compensée par la parotide. 21 c. Implication en chirurgie La corde du tympan peut être utilisée comme un repère anatomique : • La tympanotomie postérieure est une ouverture de la caisse tympanique par voie mastoïdienne aux dépens du récessus Facial, qui correspond à un triangle osseux délimité par le nerf facial en dedans, la corde du tympan en dehors et la fossa incudis. Figure du Récessus Facial (9) Cette technique est indiquée dans l’otite chronique pour réséquer les lésions inflammatoires et permettre une aération de la cavité tympanique dans la chirurgie du nerf facial pour exposer son coude et dans la chirurgie prothétique pour l’implantation d’une prothèse cochléaire ou de l’oreille moyenne. • Dans la chirurgie de la platine du stapès, qui nécessite un abord par le conduit auditif externe, le chirurgien doit mobiliser la corde pour dégager la région postérieure de la caisse du tympan et confirmer l’ankylose stapédovestibulaire. Cette mobilisation peut entraîner une dysgueusie de l’hémi-langue homolatérale qui régresse habituellement en quelques semaines. • La neurolyse chordale pour le traitement de la paralysie faciale à frigore Cette technique consiste en une section simple de la corde lors de son passage dans la caisse tympanique par un abord du conduit auditif externe. Une décompression du nerf facial est alors observée permettant une meilleure récupération(10). Mais cette méthode a trouvé ses limites dans la variabilité du départ de la corde dans l’aqueduc de Fallope(11). D’ailleurs dans les dissections effectuées dans le cadre de ce mémoire, la variabilité de la naissance chordale a pu être mise en évidence. Sur quatre dissections, à deux reprises, la corde naissait à 3 mm au dessus du trou stylo-mastoïdien, une fois, elle trouvait son origine au niveau de la queue de l’incus et une fois, elle naissait en dessous du trou stylo-mastoïdien. Ainsi, aujourd’hui, le traitement par corticothérapie est privilégié. 22 VII. CONCLUSION La connaissance de la portion intracrânienne de la corde du tympan est très importante dans les pathologies à la fois de l’oreille mais aussi de la sphère buccale et des nerfs V et VII. L’étude anatomique de ce nerf, a pu encore une fois nous montrer l’extrême complexité du corps humain fruit de l’évolution. VIII. BIBLIOGRAPHIE (1) C.Bernard, Recherches anatomiques et physiologiques sur la corde de tympan, pour servir à l'histoire de l'hemiplégie médico-psychologiques, t.1, 1843, p. 408-439 faciale. Annales (2) C.Bernard, De l'influence qu'exerçant différents nerfs sur la sécrétion de la salive. C. R. Soc. Biol., 2e série, t. 4, 1857 (1858), p. 85-86 (3) G.A.Bremond, L’oreille dans le temporal, Solal 1994, p203-205 (4) F.Legent, Cahiers d’anatomie O.R.L. 1, 4e édition, p281-298 (5) H.Rouviere,A.Delmas, Anatomie Humaine, tome 1 tête et cou, 12e édition, p274-276 (6) A.Delmas, Voies et centres nerveux, 10e édition, p.104-106 ; 230-231 (7) I. Alkilic-Genauzeau, Étude de l'oreille moyenne, Journal Neuroradiology, Vol 28, N° 3 - septembre 2001, pp. 183-194 of (8) J.F. Kveton, The effect of unilateral chorda tympani damage on taste, Otology &Neurotology: June 2009 - Volume 30 - Issue 4 - pp 436-442 (9) P.Bordure, A.Robier, O.Malard, chirurgie otologique et oto-neurologique, Masson (10) Chouard CH. La neurolyse chordale : nouveau traitement chirurgical de la paralysie faciale a frigore : les résultats. Ann. O. L. 1970 ; 87 : 455-464. (11) M.Legros, J.Beauvillain, C.H.Chouard, Les variations de l’origine apparente de la corde du tympan, Ann. O. L. 1972 ; 89 n°6, p 349-356 23