F2-IMAGERIE THORACIQUE Techniques d`imagerie thoracique

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F2-Imagerie thoracique / Mars 2008
F2-IMAGERIE THORACIQUE
Olivier TOUBAS, Sandra DURY, François LEBARGY,
Boris MELLONI, Jacques MONTEIL
De nombreuses techniques d’imagerie s’offrent au praticien pour étudier le thorax.
Certaines sont irradiantes, d’autres coûteuses, toutes ont leurs limites.
Il est donc capital d’adapter la demande à la situation clinique et d’informer clairement le
radiologue : antécédents, histoire clinique actuelle, dossier antérieur d’imagerie.
Techniques d’imagerie thoracique
ƒ
la radiographie standard
ƒ
l’échographie
ƒ
la tomodensitométrie
ƒ
l'imagerie par résonance magnétique
ƒ
la scintigraphie ventilation-perfusion
ƒ
l’artériographie bronchique
ƒ
la Tomographie par émission de positon TEP Scann
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I-
Radiographie standard
Parmi les techniques citées, la radiographie standard est la plus ancienne (un
siècle). Peu coûteuse, peu irradiante, disponible en urgence, reproductible, elle
donne en quelques minutes une vision globale de la cage thoracique et de son
contenu : le poumon et ses enveloppes (plèvre), le médiastin (cœur, vaisseaux,
ganglions).
En revanche, il s’agit d’une imagerie par projection dont l’interprétation est parfois
délicate : elle doit donc répondre à des critères de qualité stricts et à une analyse
précise s’appuyant sur des signes (sémiologie).
a - Principes
Il repose sur l’absorption d’un rayonnement photonique émis par un tube à rayons
X. Le contraste observé sur les clichés est dû à une absorption du rayonnement qui
varie selon les tissus traversés. Sur le film, moins l'absorption du rayonnement est
importante, plus le film est impressionné et sombre. Il existe quatre densités
radiologiques :
ƒ
calcaire (os),
ƒ
liquide (tissus mous, sang, gros vaisseaux, cœur…),
ƒ
graisseuse,
ƒ
aérique.
Ainsi, sur un cliché thoracique, l’opacité du sang, des muscles, du cœur est
identique à celle de l’eau. L’opacité des côtes est celle du calcium, l’opacité des
poumons est celle de l’air et la "trame pulmonaire" correspond aux vaisseaux qui,
remplis de sang, ont une densité liquidienne.
air
os
peau,
tissu mou
graisse
Les densités radiologiques
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Ö Le signe de la silhouette
Quand deux structures anatomiques de même densité sont en contact, leur surface
de séparation disparaît. Ainsi, une pneumonie (densité hydrique) en contact avec le
bord du cœur qui a la même densité, efface le bord du cœur. A l’inverse, si deux
structures de même densité se projettent l’une sur l’autre dans des plans différents,
elles conservent leur silhouette propre. Par exemple, l’aorte descendante reste
visible dans son trajet rétrocardiaque.
Ce signe est d’une grande valeur pour localiser une opacité par rapport à une
structure anatomique dont le siège est connu.
L'image conserve son contour ; elle n'est
pas dans le plan du cœur.
Opacité effaçant le bord
droit du cœur, située dans
le lobe moyen.
L'image perd son contour ; elle est dans
le plan du cœur donc antérieure dans le
lobe moyen.
Opacité conservant son contour donc en arrière du cœur,
dans le lobe inférieur comme le confirme le cliché de profil.
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b - Techniques : Incidences radiologiques du thorax
Ö Radiographie du thorax de face
C’est l’incidence la plus souvent effectuée.
Le cliché est réalisé :
ƒ
debout,
ƒ
faisceau de rayons X postéro-antérieur, la face antérieure du thorax contre
la plaque,
ƒ
les omoplates sont dégagées,
ƒ
le cliché est réalisé en apnée et inspiration profonde.
omoplate
arc postérieur de côte
coupole
diaphragmatique
arc antérieur de côte
ombre mammaire
poche à air gastrique
Sinus
costo-diaphragmatique
Thorax de face
Ö Critères de qualité du cliché thoracique debout de face
ƒ
Tout le thorax est sur le film.
ƒ
Inspiration correcte : les 6 espaces intercostaux antérieurs apparaissent
au-dessus du diaphragme.
ƒ
Symétrie : les extrémités internes de clavicule sont à égales distances des
épineuses.
ƒ
Pénétration correcte : le rachis est visible jusqu'en T4.
ƒ
Dégagement des omoplates.
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Cliché en inspiration
Cliché en expiration
extrémités internes
des clavicules
ligne des apophyses
épineuses
Critères de symétrie
Ö Radiographie du thorax de profil
Elle est réalisée :
ƒ
debout,
ƒ
en apnée inspiration profonde,
ƒ
bras en avant,
ƒ
côté gauche contre la plaque pour diminuer l'agrandissement du cœur.
lignes des omoplates
sternum
rachis
coeur
coupoles diaphragmatiques
Thorax de profil gauche
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Ö Décubitus ou position assise
Cliché couché
Cliché debout
ƒ
Ce cliché n’est réalisé que si la station verticale est impossible.
ƒ
Le faisceau de rayons X est antéro-postérieur.
ƒ
Il agrandit la silhouette cardiaque (fausse cardiomégalie), entraîne une
ascension des coupoles, une disparition de la poche à air gastrique.
Ö La radiographie de face en expiration est utile pour rechercher un pneumothorax
minime.
Ö La radiographie du gril costal
Celle-ci est réalisée avec des constantes (kilovoltage) adaptées à l’étude osseuse.
Le gril costal est radiographié selon des incidences de face et obliques.
c - Radioanatomie pulmonaire
CLICHE DE FACE
Ö La paroi
ƒ
La peau, le tissu sous-cutané, les seins sont parfois sources d’images
anormales qu’il faut apprendre à reconnaître : fausse image nodulaire créée par
le mamelon, asymétrie de transparence après mammectomie, pli cutané chez le
vieillard.
ƒ
Le squelette peut créer des images particulières : pectus excavatum, scoliose,
calcifications des cartilages costaux, bifidités costales, …
ƒ
Les coupoles diaphragmatiques sont arrondies, concaves en bas. La droite est
souvent plus haute que la gauche. Leur aplatissement est le témoin d’une
distension thoracique (emphysème).
ƒ
La poche à air gastrique est située sous la coupole gauche à une distance
inférieure à 1,5 cm.
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Ö La plèvre
Les culs de sac costo-diaphragmatiques sont pointus.
La petite scissure, séparant à droite le lobe supérieur du lobe moyen, est visible
chez 90 % des sujets (ligne horizontale tendue du hile droit vers la paroi).
Parfois, une scissure accessoire est visible à la partie supérieure du champ
pulmonaire droit, séparant un lobe azygos.
scissure
azygos
lobe
azygos
lobe
azygos
scissure
azygos
Lobe et scissure azygos
Ö Le parenchyme pulmonaire
La trame pulmonaire est créée par les vaisseaux pulmonaires ; les bronches de
petit calibre remplies d’air ont des parois trop fines pour être visibles ; seules les
bronches souches et quelques bronches segmentaires de direction antéropostérieure proches des hiles sont visibles, accompagnées de l’artère satellite de
même calibre (image en jumelle).
clarté trachéale
artère pulmonaire
bronche souche droite
bronche
bronche souche gauche
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Ö Les hiles
Leur position doit être vérifiée systématiquement.
Le hile gauche est plus haut que le hile droit. Rarement les deux hiles sont au
même niveau.
Le déplacement des hiles traduit une pathologie sous-jacente (atélectasie).
hile gauche
hile droit
Les hiles
Ö Le médiastin
A droite, le bord du médiastin
est veineux :
A gauche, le bord du médiastin
est artériel :
arc supérieur droit : tronc
veineux brachio-céphalique
artère sous-clavière gauche
arc supérieur (bouton aortique)
arc moyen : veine
cave supérieure
arc moyen : infundibulum artériel
pulmonaire et auricule gauche
arc inférieur, convexe :
oreillette droite qui
déborde légèrement le
rachis
arc inférieur, convexe : bord
gauche du ventricule gauche
Contours du médiastin
Ö Les lignes de réflexion pleurale, ou lignes médiastinales sont inconstamment
visibles :
ƒ para vertébrales, surtout gauche,
ƒ para aortique gauche : prolonge le bouton aortique et le bord gauche de
l’aorte thoracique descendante verticale, légèrement oblique en bas et en
dedans,
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ƒ la ligne para azygo-oesophagienne,
ƒ la bande trachéale droite.
bande trachéale
crosse de l'azygos
ligne para-aortique gauche
ligne para azygooesophagienne
Lignes médiastinales
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CLICHE DE PROFIL
Ö Les côtes
Sur un profil gauche, le côté gauche est contre la plaque : cela diminue
l'agrandissement du cœur et majore l'agrandissement des côtes droites ; c'est le
signe des grosses côtes droites qui permet de les identifier et ainsi de reconnaître
le cul de sac postérieur droit et la coupole droite.
espace clair rétrocardiaque
espace clair rétrosternal
coupole diaphragmatique droite
coupole diaphragmatique gauche
Cul de sac
costodiaphragmatique droit
Ö Le sternum
Bien visible sur ce cliché, il peut présenter des déformations en carène ou au
contraire en pectus excavatum.
Ö Le rachis dorsal
Les vertèbres sont bien visibles du segment moyen au segment inférieur avec un
signe important à noter : la clarté croissante des corps vertébraux de haut en bas,
la disparition de ce signe traduisant une anomalie para vertébrale ou lobaire
inférieure.
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Ö Les scissures
Les sommets des grandes scissures sont situés en T3 T4 ; elles se terminent sur
les coupoles en arrière de la paroi antérieure.
La petite scissure est grossièrement horizontale.
petite scissure (droite)
grande scissure (gauche)
grande scissure (droite)
Les scissures d'après "Le poumon normal, ses variantes et ses pièges" A. Coussement (1984)
Ö Les coupoles
Convexes en haut, conséquence du signe de la silhouette, la gauche s'efface au
contact du cœur.
Leur aplatissement traduit une distension.
Ö Le médiastin
Le bord antérieur est représenté par, de bas en haut, le ventricule droit,
l'infundibulum, puis l'aorte ascendante.
Le bord postérieur est représenté par la veine cave inférieure, le ventricule gauche
et l'oreillette gauche.
aorte ascendante
infundibulum pulmonaire
ventricule et oreillette gauche
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ventricule droit
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d - Conseils de lecture
Un cliché thoracique ne se regarde pas en quelques secondes devant une lampe,
mais s’analyse sur un négatoscope, voire de plus en plus, sur une console
numérique permettant réglages optimaux, zoom et mesures.
Après avoir vérifié l’identité du patient et la qualité du cliché, l’observateur se livre à
une analyse systématique :
9 des parties molles,
9 du thorax osseux,
9 des coupoles et régions sous-diaphragmatiques,
9 des lignes de réflexion pleurale,
9 du médiastin : trachée, silhouette cardio-aortique, artères pulmonaires,
9 de la position des hiles,
9 des plages parenchymateuses étudiées comparativement.
La confrontation aux clichés antérieurs doit être la règle.
L'objectif de cette analyse est de :
ƒ repérer les images anormales,
ƒ reconnaître parmi celles-ci les variantes anatomiques du normal,
ƒ localiser l'image dans un des compartiments du thorax (paroi, plèvre,
médiastin, parenchyme,
ƒ rechercher d'éventuels éléments associés,
ƒ évaluer l'évolutivité d'une image par rapport aux clichés antérieurs,
ƒ proposer un diagnostic ou une gamme diagnostique cohérente avec une
histoire clinique, voire de proposer une exploration complémentaire.
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II -
Examen tomodensitométrique
Plus irradiant, plus coûteux, l'examen tomodensitométrique n’est jamais prescrit en
première intention.
Il permet une analyse morphologique de tous les compartiments du thorax,
notamment du médiastin.
Il permet une mesure précise des densités (calcium, eau, graisses, air, prise de
contraste), autorisant parfois une caractérisation tissulaire.
Il permet une étude exhaustive du parenchyme pulmonaire (recherche de petits
nodules), une étude précise du parenchyme en coupe millimétrique (bronches,
lobule secondaire).
Enfin, les techniques d’angioscanner permettent d’étudier les vaisseaux :
ƒ aorte (dissections, anévrysme, malformations),
ƒ artères pulmonaires (embolie pulmonaire),
ƒ veines pulmonaires (malformation artério-veineuse).
a - Principes de base et techniques
La tomodensitométrie reste basée sur l’absorption d’un rayonnement photonique :
les mesures multiples de cette absorption par une couronne de détecteurs et le
traitement informatique à l’aide d’outils mathématiques (algorithmes) vont permettre
de reconstruire une coupe anatomique.
La tomodensitométrie est désormais hélicoïdale : combinant la rotation continue
des détecteurs et du tube à rayons X à un déplacement longitudinal du patient.
Ceci permet l’acquisition en quelques secondes d’un volume au sein duquel on
peut reconstruire des coupes d’épaisseur variables dans des plans utiles (axial,
coronal, sagittal).
L’injection d’un produit de contraste iodé par voie veineuse entraîne le
rehaussement des vaisseaux ainsi que la prise de contraste des parenchymes ou
des masses vascularisées. Les limites de cet examen sont :
ƒ le coût,
ƒ la disponibilité des appareils,
ƒ l’irradiation non négligeable des patients,
ƒ la fonction rénale si une injection iodée est nécessaire,
ƒ l’allergie éventuelle à ces produits de contraste.
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L’examen tomodensitométrique du thorax est devenu un examen de routine pour
l’étude du thorax mais il ne s’agit pas d’un examen anodin. Son indication doit donc
être justifiée et les éventuelles contre-indications doivent être recherchées (fonction
rénale).
b - Radioanatomie
L’examen tomodensitométrique doit être étudié selon un "fenêtrage" (niveau et
largeur de l’échelle de gris) adapté au compartiment thoracique étudié. Deux
fenêtrages principaux sont requis, l’un pour le médiastin, l’autre pour le parenchyme
pulmonaire. Une troisième fenêtre peut être nécessaire pour le compartiment
vasculaire, voire une quatrième pour l’étude osseuse.
) Coupes médiastinales annotées du thorax
tronc artériel brachiocéphalique droit
tronc veineux brachiocéphalique droit
tronc veineux inominé
gauche
carotide primitive
gauche
artère sous clavière
gauche
veine cave supérieure
loge de Baréty
crosse de l'aorte
trachée
oesophage
aorte ascendante
artère pulmonaire
veine cave supérieure
artère pulmonaire gauche
aorte descendante
carène
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tronc artère pulmonaire
artère pulmonaire droite
veine azygos
cavités cardiaques droites
cavités cardiaques gauches
veine pulmonaire gauche
) Coupes parenchymateuses annotées du thorax
graisse du médiastin antérieur
veine cave supérieure
crosse de l'aorte
trachée
oesophage
grande scissure gauche
grande scissure droite
parenchyme
bronche
artère
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III -
Echographie thoracique
Rapidement disponible, peu coûteuse, anodine, l'échographie est peu contributive à
l'étude du thorax ; elle est cependant parfois très utile pour :
ƒ confirmer l'existence d'un épanchement pleural de faible abondance et en
guider la ponction,
ƒ repérer une poche pleurale cloisonnée,
ƒ localiser et guider la biopsie d'une lésion pariétale.
épanchement pleural
coupole
Echographie pleurale
IV -
Imagerie par résonance magnétique nucléaire ( IRM)
Basée sur la résonance magnétique du proton hydrogène cette technique a l’ avantage de
ne pas être irradiante ; coûteuse son accessibilité reste restreinte ainsi que ses indications
réservées en pratique à l étude des tumeurs de l’ apex, de la plèvre du diaphragme et du
médiastin ; En pratique courante elle n est pas utilisée pour l étude du parenchyme
pulmonaire en revanche elle connaît des développements importants dans le domaine
cardio vasculaire . Le port d un pace maker constitue une contre indication absolue
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IRM : coupe sagittale ; tumeur neurogene de l'apex (flèche)
V-
Les scintigraphies pulmonaires
5-1- Principe
Les scintigraphies pulmonaires de ventilation et de perfusion sont deux examens de médecine
nucléaire permettant de visualiser la ventilation et la perfusion pulmonaire. Les poumons sont le
carrefour de deux milieux : un aérien et un sanguin où les échanges s’effectuent par diffusion.
Partie ventilatoire ……Etage alvéolaire ↔ Etage capillaire……Partie circulatoire
Deux explorations fonctionnelles sont possibles : la scintigraphie de perfusion pour le versant
circulatoire et la scintigraphie de perfusion pour le versant ventilatoire.
5-1-1- Description des examens
5-1-1-1- La scintigraphie de perfusion
Principe : elle explore la vascularisation pulmonaire par injection veineuse périphérique des
particules radioactives biodégradables de dizaines de microns de diamètre. Ces particules
viennent se bloquer temporairement dans le pré capillaire pulmonaire ouvert à la circulation
sanguine. Cet examen est sans danger pour le patient : les particules se fragmentent et passent
dans les capillaires, puis sont captées par le foie avec libération du marqueur. Des microsphères
de sérum albumine marquées au technétium 99m (99mTc) sont le plus souvent utilisées.
Protocole : les particules marquées sont injectées chez un patient non à jeun, en décubitus dorsal
pour une répartition homogène. L’activité administrée est faible, comprise pour un adulte entre 75
et 150 MBq (soit 2 et 4 mCi). L’examen est réalisé à l’aide d’une caméra à scintillation mono- ou
multi-détecteurs. La scintigraphie commence 5 minutes après l’injection et dure entre 15 et 30
minutes environ (suivant le nombre de détecteurs). On réalise des incidences antérieure,
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postérieure, obliques postérieures, les obliques antérieures et plus rarement les deux profils
(iconographie F2 figure 14).
Résultats : chez le sujet normal, on observe une répartition homogène de la radioactivité dans les
deux champs pulmonaires avec diminution physiologique de la base vers les sommets et
dégradée vers les bords (Figure 2).
En situation pathologique, l’examen permet de détecter des déficits de perfusion dus à :
- une interruption anatomique de la circulation artérielle pulmonaire (obstacle ou compression) ;
- un détournement des particules (shunt anatomique au niveau cardiaque, pulmonaire) vers les
capillaires cérébraux ou rénaux ;
- une disparition du tissu pulmonaire normal ;
- une exclusion fonctionnelle par réflexe de Von Heuler (adaptation de la perfusion à la ventilation
en cas d’hypoxie alvéolaire).
5-1-1-2- La scintigraphie de ventilation
Principe : elle explore la partie ventilatoire par l’utilisation d’un gaz ou d’un aérosol liquide dispersé
par un nébuliseur.
Protocole : l’inhalation en ventilation calme, soit d’un gaz radioactif, soit d’un aérosol radioactif
permet d’explorer la partie ventilatoire. Les gaz utilisés sont le Xénon 133 peu coûteux ou le
Krypton 81m à demi-vie courte (13 secondes). Actuellement, les aérosols de DTPA (diéthylènetriamino-penta-acétate) marqué au
99m
Tc sont largement employés en pratique quotidienne. On
réalise six incidences antérieure, postérieure, obliques postérieures et deux profils. Ces
acquisitions sont effectuées après 10 minutes d’aérosol ou simultanément avec l’utilisation des
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gaz. Les explorations fonctionnelles respiratoires donnent une indication des capacités
respiratoires fonctionnelles globales du patient, tandis que la scintigraphie de ventilation permet de
localiser des inégalités (lobes et segments).
Résultats : chez le sujet sain, les régions ventilées sont clairement délimitées et homogènes
(iconographie F2 figure 15).
L’inconvénient des aérosols est de montrer un dépôt proximal du radiotraceur en cas de
rétrécissement bronchique.
En pathologie, l’examen permet de détecter des déficits ventilatoires dus à :
- une interruption anatomique de la segmentation bronchique (obstacle ou compression) ;
- une disparition du tissu pulmonaire normal.
5-2- Indications
5-2-1- La scintigraphie de perfusion : son indication majeure est le diagnostic d’embolie
pulmonaire aiguë. L’existence d’une embolie se traduit par une ou plusieurs lacunes. Cependant,
l’examen est utile si le poumon sous-jacent est sain. Une pathologie antérieure, une insuffisance
respiratoire ou cardiaque peuvent induire des défects de perfusion non spécifiques.
5-2-2- La scintigraphie de ventilation : les principales indications sont un bilan fonctionnel dans le
cadre de l’emphysème ou le bilan avant chirurgie thoracique. Elle permet d’évaluer la capacité
fonctionnelle de chaque zone pulmonaire.
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5-2-3- Le couplage scintigraphies ventilation-perfusion est essentiel à la fois pour le diagnostic
d’embolie pulmonaire et le bilan fonctionnel (anomalies des rapports ventilation/perfusion). Pour
l’embolie, la puissance diagnostique est estimée à plus de 95% en cas de couplage : la portion
embolisée étant bien ventilée, mais non perfusée (iconographie F2 figure 16).
5-2-4- Des critères d’interprétation ont été validés :
- Un examen normal écarte le diagnostic d’embolie pulmonaire (10 à 15% des patients).
- La forte probabilité d’embolie est définie par au moins deux lacunes segmentaires de perfusion
associée à une ventilation normale dans les mêmes territoires (valeur prédictive positive de 90%).
- Tout autre résultat doit être considéré comme non diagnostique (50 à 70% des patients) et
nécessite d’autres investigations.
Probabilité
Haute
Aspects scintigraphiques
2 défects larges segmentaires en perfusion avec ventilation
strictement normale (>75%) ou plus de 4 défects modérés.
Intermédiaire
Aucune des autres catégories.
Faible
Défects
de
perfusion
non
segmentaires,
ou
anomalies
segmentaires en perfusion et en ventilation.
Nulle
Aucun défect de perfusion.
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5-3- Les points à retenir
La scintigraphie ventilation/perfusion est un examen clef du diagnostic d’embolie pulmonaire. Une
scintigraphie de perfusion normale infirme le diagnostic d’embolie pulmonaire récente, cependant
l’interprétation est plus délicate quand le poumon sous-jacent est pathologique.
Pour en savoir plus :
JL Moretti, P Rigo, A Bischof-Delaloye, R Taillefer, N Caillat-Vigneron, G Karcher. Imagerie
nucléaire fonctionnelle. Masson, Paris, 1997, 301 pages.
5-4- Références
- Parent F et Simonneau G. Embolie pulmonaire : histoire naturelle, diagnostic, traitement. Encycl
Méd Chirg (Editions Scientifiques et Médicales Elsevier SAS, Paris, tous droits réservés),
Pneumologie,6-024-B-20, 2003,8p.
- Lorut C, Meyer G, Leroyer C, Parent F. La maladie thromboembolique veineuse. Rev Mal Respir
2005 ;22 :169-73.
VI La tomographie à émission de positons au [18F]-fluorodéoxyglucose
Principe : la tomographie à émission de positons (TEP) est une technique d’imagerie basée sur
des critères métaboliques et non morphologiques. C’est une scintigraphie faite après injection d’un
traceur radioactif, le [18F]-fluorodéoxyglucose ou [18F]-FDG. Cet analogue du glucose va être
utilisé préférentiellement par les cellules en prolifération, comme les cellules cancéreuses
(accélération de la glycolyse aérobie et augmentation des récepteurs du glucose). Au niveau de la
cellule, le [18F]-FDG est phosphorylé et ne peut plus franchir la membrane cellulaire. Il s’accumule
dans les cellules et de ce fait la radioactivité émise peut être détecté par une caméra TEP. Le
[18F]-FDG est un émetteur de positons. La caméra détecte les deux photons émis à 180° par
l’annihilation entre le positon et un électron du milieu. L’accumulation de radioactivité induit une
hyperfixation proportionnelle à la consommation de glucose. Les caméras les plus utilisés sont des
caméras dédiées de haute performance maintenant couplée à la tomodensitométrie (TDM, soit
TEP/TDM).
6-1- Description de l’examen
Cet examen nécessite d’être réalisé chez un patient à jeun depuis au moins 6 heures, après
vérification de la glycémie. Le patient reçoit une injection intraveineuse de [18F]-FDG, une heure
avant l’installation sous la caméra et reste au repos strict. L’activité injectée au patient dépend de
son poids. Lors de l’examen, le patient est allongé sur un lit qui se déplace sous un anneau
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détecteur. L’enregistrement dure de 20 à 40 minutes selon les machine ou les indications. Etant
donné la demi-vie courte du produit (109 minutes), l’exposition est brève et modeste, la seule
contre-indication étant la grossesse. Les limites de résolution de la TEP sont de l’ordre de 5-8 mm
selon les appareils, ce qui sous-tend qu’un nodule pulmonaire de moins de 8 mm puisse ne pas
être détecté. L’analyse des images se fait selon trois axes : frontal, transverse et sagittal. Le
champ d’acquisition standard s’étend de la tête à la racine des cuisses, mais peut concerner le
corps entier. La visualisation se fait sur une échelle de couleur. L’intensité de la fixation peut être
quantifiée. C’est l’indice SUV pour Standard Uptake Value qui mesure la captation de la tumeur,
normalisée par l’activité injectée et le poids du patient.
Sur un appareil couplé TEP/TDM (iconographie F2 figure 17), l’acquisition des deux modalités
se fait l’une après l’autre. La position du patient doit être identique pour les deux examens pour
limiter les artéfacts. En premier sont réalisées les coupes TDM (30 secondes), puis les images
TEP sont enregistrées sur une période plus longue (30 minutes). La plupart des équipes n’utilisent
pas de produits de contraste au cours du TDM, pour éviter tout artéfact. La visualisation se fait sur
une échelle de gris pour la TDM et une échelle de couleur pour la TEP.
Appareil couplé TEP/TDM.
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6-2- Résultats
Chez le sujet sain, on observe une fixation physiologique au niveau du cerveau, du cœur, du foie,
des reins et voies excrétrices, et du tractus digestif (iconographie F2 figure 18).
Examen TEP au [18F]-FDG normal avec fixations physiologiques du traceur sur une coupe 3D.
De plus, il peut exister une fixation au niveau des cellules inflammatoires et non cancéreuses,
comme dans les granulomes inflammatoires, les pathologies infectieuses, sur les zones irradiées,
ou les cicatrices chirurgicales par exemple (faux positifs). A l’inverse, certaines tumeurs à
métabolisme moins élevé, fixent peu ou pas du tout le [18F]-FDG. En pathologie thoracique, les
tumeurs dites carcinoïdes ou les tumeurs bronchiolo-alvéolaires sont dans ce cas (faux négatifs).
Cet examen doit donc être interprété en fonction du contexte clinique et radiologique en gardant à
l’esprit la possibilité de faux négatifs ou de faux positifs (iconographie F2 figure 19).
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Faux positif en TEP. Opacité du lobe supérieur droit chez une patiente fumeuse (30 paquetsannées) sur la coupe transverse TDM (flèche blanche). Fixation intense sur les coupes frontales
TEP correspondant à une tuberculose pulmonaire (flèche noire).
L’utilisation de la TEP/TDM couplée en améliorant la résolution spatiale augmente la sensibilité et
la spécificité de la TEP dans le bilan d’extension du cancer bronchique. La TDM permet de
localiser très précisément les hyperfixations détectées par la TEP. Cette localisation plus précise
permet d’orienter une biopsie à visée diagnostique ou de mieux délimiter un champ d’irradiation.
6-3- Indications en cancérologie thoracique
Les indications validées sont :
6-3-1- le bilan du nodule pulmonaire isolé (iconographie F2 figure 20), (iconographie F2
figure 21)
Vrai négatif en TEP. Nodule pulmonaire arrondi, visible en coupe TDM. Pas de fixation significative
en TEP sur la coupe 3D (flèche noire). Coupes dans les trois axes du TEP (en haut), du TDM (au
milieu) et de la fusion TEP/TDM (en bas). Tumeur bénigne : hamartochondrome.
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Nodule pulmonaire chez un fumeur (40 paquets-années). Représentation TEP en 3D avec fixation
tumorale du lobe supérieur gauche (flèche blanche). Coupes dans les trois axes du TEP (en haut),
du TDM (au milieu) et de la fusion TEP/TDM (en bas). Pas d’extension ganglionnaire ou à
distance : cancer bronchique localisé
Bilan du nodule tumoral pulmonaire de plus de 10 mm de diamètre
Sensibilité
Spécificité
Précision
96% (83-100%)
79% (52-100%)
91% (86-100%)
6-3-2- le diagnostic initial du cancer bronchique primitif non à petites cellules: extension
ganglionnaire et métastatique (iconographie F2 figure 22), (iconographie F2 figure 23)
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Opacité tumorale chez une femme (40 paquets-années). A : coupes dans les trois axes montrant
la tumeur du lobe inférieur gauche (flèche noire) située en arrière du cœur. B : atteinte
ganglionnaire médiastinale haute droite, controlatérale (flèche noire).
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Cancer bronchique métastatique. A : atteinte tumorale pulmonaire en coupe 2D (flèche grise); sur
les coupes frontales, transverses et sagittales fixation de la plèvre métastatique sur le TEP
(flèches noires). B : fixation osseuse métastatique du corps vertébral de L2 (flèche grise). C,
atteinte ganglionnaire sus-claviculaire gauche (flèche grise).
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Bilan d'extension ganglionnaire médiastinal du cancer bronchique non à petites cellules
Examens
Sensibilité
Spécificité
Précision
TDM
65% (20-86%)
80% (43-90%)
75% (52-79%)
TEP
89% (67-100%)
92% (79-100%)
90% (78-100%)
6-3-3- l’évaluation de la réponse thérapeutique (chimiothérapie, radiothérapie)
6-3-4- l’optimisation du champ d’irradiation en radiothérapie délimitation
Les autres indications en cours d’évaluation sont :
6-3-5- le bilan du cancer bronchique à petites cellules
6-3-6- les atteintes tumorales pleurales
La TEP a une excellente sensibilité et spécificité que ce soit pour le bilan du nodule pulmonaire ou
le bilan d'extension du cancer bronchique primitif. Les deux tableaux suivants rapportent une
synthèse des résultats publiés sur de multiples séries avec pour chaque valeur les écarts.
6-4- Les points à retenir
La TEP est une technique d’imagerie fonctionnelle, très utilisé en cancérologie. En pathologie
thoracique, les principales indications sont le nodule pulmonaire isolé, le bilan d’extension du
cancer bronchique primitif et la délimitation du champ d’irradiation en radiothérapie.
Les faux positifs et les vrais négatifs sont possibles, les résultats de l’examen sont à évaluer dans
un contexte clinique et d’imagerie anatomique (tomodensitométrie). L’imagerie couplée TEP/TDM
permet une analyse métabolique et anatomique en un seul examen. La certitude de maladie
cancéreuse repose toujours sur une preuve cytologique ou anatomopathologique sur une ponction
ou une biopsie de la tumeur ou de la métastase.
6-5- Pour en savoir plus :
Evaluation et état des lieux de la tomographie par émission de positons couplée à la
tomodensitométrie (TEP-TDM). Haute autorité de Santé. Mai 2005. Disponible sur le site
www.has-sante.fr
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6-6- Références
- Monteil J, Verbeke S, Melloni B, Bertin F, Ducloux Th, Vandroux J-C. Mise au point sur l’imagerie
au FDG dans les cancers bronchiques. Médecine Nucléaire et Imagerie fonctionnelle et
métabolique. 2004 ; 11 :569-589.
- Monteil J, Melloni B. La fusion des images de tomographie à émission de positons (TEP) et de
tomodensitométrie. Applications en pathologie thoracique maligne. La Lettre du Pneumologue.
2004 ; 5 :332-336.
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