PHILOSOPHIE
Série D
NB : Cette épreuve ne comporte qu’une seule page
Le candidat traitera l’un des trois sujets au choix
Sujet : La conscience est-elle le fruit de l’éducation ?
Sujet : Peut-on dire que le développement a conclu un pacte avec la barbarie ?
Sujet 3 : Dégagez l’intérêt philosophique de ce texte à partir de son étude ordonnée
Quelle est la fonction primitive du langage ? C’est d’établir une
communication en vue d’une coopération. Le langage transmet des ordres ou des
avertissements. Il prescrit ou il décrit. Dans le premier cas, c’est l’appel à
l’action immédiate ; dans le second, c’est le signalement de la chose ou de
quelqu’une de ses propriétés, en vue de l’action future. Mais, dans un cas
comme dans l’autre, la fonction du langage est industrielle, commerciale,
militaire, toujours sociale. Les choses que le langage décrit ont été découpées
dans le réel par la perception humaine en vue du travail humain. Les propriétés
qu’il signale sont les appels de la chose à une activité humaine. Le mot sera
donc le même, comme nous le disions, quand la démarche suggérée sera la
même, et notre esprit attribuera à des choses diverses la même propriété, se les
représentera de la même manière, les groupera enfin sous la même idée, partout
la suggestion du même parti à tirer, de la même action à faire, suscitera le
même mot. Telles sont les origines du mot et de l’idée. L’un et l’autre ont sans
doute évolué. Ils ne sont plus aussi grossièrement utilitaires. Ils restent
utilitaires cependant.
Henri BERGSON, La pensée et le Mouvant
PHILOSOPHIE
Séries A1- A2
NB : Cette épreuve ne comporte qu’une seule page
Le candidat traitera l’un des trois sujets au choix
Sujet 1 : Le projet de devenir « comme maître et possesseur de la nature » a-t-il
encore un sens de nos jours ?
Sujet 2 : Le travail est-il une nécessité ou un droit ?
Sujet 3: Dégagez l’intérêt philosophique de ce texte à partir de son étude ordonnée
Dostoïevski avait écrit : « Si Dieu n’existait pas, tout serait permis ».
C’est le point de départ de l’existentialisme. En effet, tout est permis si Dieu
n’existe pas, et par conséquent l’homme est délaissé, parce qu’il ne trouve ni en
lui, ni hors de lui une possibilité de s’accrocher. Il ne trouve d’ailleurs pas
d’excuses. Si, en effet, l’existence précède l’essence, on ne pourra jamais par
référence à une nature humaine donnée et figée ; autrement dit, il n’y a pas de
déterminisme, l’homme est libre, l’homme est liberté. Si, d’autre part, Dieu
n’existe pas, nous ne trouvons pas en face des valeurs ou des ordres qui
légitimeront notre conduite. Ainsi, nous n’avons ni derrière nous, ni devant
nous, dans le domaine lumineux des valeurs, des justifications ou des excuses.
Nous sommes seuls, sans excuses. C’est ce que j’exprimerai en disant que
l’homme est condamné à être libre. Condamné, parce qu’il ne s’est pas créé lui-
même, et par ailleurs cependant libre, parce qu’une fois jeté dans le monde, il est
responsable de tout ce qu’il fait. L’existentialisme ne croit pas à la puissance de
la passion. Il ne pensera jamais qu’une belle passion est un torrent dévastateur
qui conduit finalement l’homme à certains actes, et qui, par conséquent, est une
excuse. Il pense que l’homme est responsable de sa passion. L’existentialisme
ne pensera non plus que l’homme peut trouver un secours dans un signe donné,
sur terre, qui l’orientera ; car il pense que l’homme déchiffre lui-même le signe
comme il lui plaît. Il pense donc que l’homme, sans aucun appui et sans aucun
secours, est condamné à chaque instant à inventer l’homme.
Jean-Paul SARTRE, L’existentialisme est un humanisme (1946), coll. Folio Essais, Gallimard, 1996.
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