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JEUX POETIQUES ET LANGUE ECRITE de S. Christophe et C. Grosset-Bureau chez COLIN
LES CHAMPS SÉMANTIQUES - Les divers sens du mot
Objectif pédagogique
Apprendre aux élèves à faire l'inventaire des significations d'un même mot et à observer les contraintes
sémantiques.
Le champ sémantique d'un mot est l'ensemble des significations de ce mot. Pour délimiter ces emplois on
fait le relevé de tous les entourages que ce mot connaît en textes ; le dictionnaire nous donne ces divers
emplois illustrés d'exemples soit littéraires (Le Robert), soit quotidiens (D.F.C.). Lorsqu'il s'agit
d'homonymes, le dictionnaire donne des « entrées » différentes : le mot « sens » a deux entrées dans Le
Robert. Lorsqu'il s'agit de mots polysémiques, le dictionnaire n'a qu'une entrée mais les diverses
significations sont numérotées et illustrées d'exemples.
Prenons le verbe « raser » dans le dictionnaire Le Robert :
1) couper le poil au ras de la peau - tondre - tonsurer - par extension : ennuyer, fatiguer (familier) ;
2) abattre à ras de terre - démolir - rader ;
3) passer très près de quelque chose - frôler.
On peut considérer le mot « raser » comme polysémique car, si ces trois sens sont différents, ils ont tout
de même une origine commune. Humoristes et poètes aiment jouer avec les divers sens d'un mot.
Quand Raymond Devos écrit dans « Les Manifestations » :
« J'ai vu un coiffeur raser les murs... », il place le mot « raser », à l'intérieur d'une même phrase, dans
deux contextes différents puisque « raser » se rapporte à la fois au coiffeur et aux murs.
Le même humoriste joue aussi avec des homonymes. Dans « Bric-à-brac », un homme demande à un
entrepreneur combien va lui coûter sa maison, celui-ci lui répond :
« Quinze briques ». Il revient un peu plus tard avec quinze briques d'argile pour sa maison.
Tristan Derême s'amuse aussi avec des homonymes dans :
ÉPITAPHE POUR UN BUVEUR
II fut,
au but ;
il but
au fût. Le rire en poésie, Folio-junior ; Éd. Gallimard
Afin d'habituer nos élèves à bien utiliser un dictionnaire, nous leur proposons une phrase humoristique de
Devos ou de Pierre Dac, nous les incitons à chercher tous les sens du mot choisi par l'humoriste puis à
imiter ce dernier.
Ce travail de vocabulaire convient parfaitement à des élèves de cours moyen et les prépare aux
explications de textes qui leur seront demandées en sixième.
Déroulement pédagogique
Première séance
L'institutrice écrit au tableau cette phrase de Pierre Dac : « L'avantage du café sur l'autobus,
c'est qu'on peut le prendre quand il vient de passer. »
Les enfants cherchent où est le procédé d'humour. Pierre Dac joue sur deux sens du verbe
«prendre » : 1) prendre le café ; 2) prendre l'autobus ;
et sur deux sens du verbe « passer » : 1) le café est passé dans la cafetière ; 2) l'autobus est passé.
Les enfants cherchent dans leur dictionnaire tous les sens des verbes : « prendre » et « passer ».
Ils composent des phrases à la manière de Pierre Dac :
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« Ne trouvez-vous pas plus agréable de prendre femme que de prendre le deuil ? » (Cécile).
« II vaut mieux prendre l'air que l'argent de son voisin » (Alexandre).
« Il vaut mieux passer sa tartine au four que son temps au cinéma » (Françoise).
« Monsieur le maire demande : « Voulez-vous prendre Mlle Irène pour femme ? »
« Non ! je préfère prendre la poudre d'escampette, dit monsieur Dupont » (Christelle).
Deuxième séance
L'institutrice écrit au tableau cette phrase :
« On dit qu'en prêtant l'oreille on entend mieux, il m'est arrivé de prêter la mienne à un sourd, il n'en
entendait pas mieux pour cela. » (Raymond Devos)
Les élèves cherchent sur quel mot a joué l'humoriste. Il s'est amusé avec le verbe : « prêter » :
1) « prêter un objet » = le mettre à la disposition d'autrui un certain temps.
2) « prêter l'oreille » = faire attention.
Devos décompose le bloc « prêter l'oreille » et donne au verbe « prêter » son sens de : « mettre à la
disposition ».
Le comique vient du fait que ce soit justement à un sourd que Devos prête son oreille.
Les élèves cherchent des verbes ayant plusieurs sens ; ils s'aident de leur dictionnaire pour en
trouver les emplois.
Ils associent à chacun de ces verbes deux compléments dont le rapprochement est cocasse.
Exemples
Olivier perd - ses lunettes
- la boule Mon père tire - le vin
- la langue
Le coiffeur rase - la barbe
- les murs Le bourreau coupe - la parole
- la tête
Virginie attrape - un poisson
- un rhume Elle garde - la balle
- son sang-froid
Les élèves composent des phrases dans lesquelles un verbe a deux compléments qui, en
principe, ne vont jamais ensemble dans la langue française.
Exemples :
« Il vaut mieux attraper le train de justesse que la scarlatine à l'école » (Stéphanie).
« Je l'ai accompagné à la guitare pour le remercier de m'avoir accompagné à la gare » (Emmanuel).
« Il vaut mieux mettre son nez dans les affaires des autres que ses pieds dans le plat » (Cécile).
« Je préfère enlever le premier prix de dessin que mon chapeau » (Sophie).
Les élèves composent des poèmes à l'aide des exemples trouvés par l'ensemble de la classe.
il a perdu l'oreille et le moral,
Puis il a perdu la boule et l'équilibre.
Le lendemain, il a coupé la route et le fromage,
Ensuite, il a perdu la tête et les pédales,
Aujourd'hui, il rase les murs et ses moustaches.
Après, il boira ses paroles avec du vin,
Ce soir, il perdra le goût et ses cheveux.
Maintenant, il baisse les prix et la tête.
Pourquoi a-t-il troué les ténèbres et son pantalon ?
Pourquoi fait-il des bulles et le mort ?
Pourquoi tire-t-il un trait et sa langue ?
Pourquoi garde-t-il son sang-froid et la vue ?
Pourquoi arrache-t-il les cheveux et des promesses ?
Qu'il garde ses réflexions et son savoir ses secrets et sa foi !!!
Moi, je perds patience et mes dents
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