Annexe N-chiralité. Page 1 Révision du 21/10/2016 Annexe N. La chiralité. NB. A côté de questions, que j’espère avoir éclairées, j’en ai rencontré beaucoup d’autres, auxquelles je n’ai pas de réponse. Elles sont posées, en notes en caractères « arial », à mesure de leur apparition dans ce « text in progress ». Là où – sans être sûr de la réponse – je penche d’un côté, je l’indique par un (oui ?) ou un (non ?). Les questions proprement dites sont mises en italiques. Leur numérotation peut comporter des trous : ils correspondent à des questions antérieures, qui ont trouvé leur solution. Je serai reconnaissant à mes lecteurs de me donner (par courriel – [email protected]) leur point de vue, ou de m’indiquer quelles lectures ils pourraient me recommander. Les références de type 14-4B concernent la section 4B du chapitre 14 de «Science et philosophie». L’étymologie du mot « chiralité », à partir du grec (main), est liée à l’observation que la main gauche et la main droite ne sont pas superposables, mais se correspondent dans un miroir. Pour notre espace à trois dimensions, les mathématiciens ont codifié ces observations en distinguant, dans le groupe 0(3) des déplacements, le sous-groupe SO(3) des rotations, conservant la chiralité. Ils distinguent de même, du point de vue de leur comportement face à des symétries, entre vecteurs et pseudo-vecteurs (ou vecteurs axiaux). Cette distinction est reprise par les physiciens : en électromagnétisme, le champ électrique est un vecteur, le champ magnétique un pseudo-vecteur, les ondes polarisées correspondent à une chiralité. Mais le phénomène le plus marquant est que les interactions « faibles » – et elles seules – sont sensibles au renversement de parité « P », concernant l’espace (cf. 6-6). D’abord constatées à propos d’interactions électrons/quarks (Wu -1957), elles ont été observées à des niveaux plus élevés, mais les déséquilibres, en termes de différences d’énergie sont faibles ou très faibles : de l’ordre de 10-6 au niveau des atomes, de 10-15 au niveau de molécules. Annexe N-chiralité. Page 2 Révision du 21/10/2016 Depuis Pasteur, on sait, partant de liquides racémiques, trier un cristal chiral. Ceci est-il envisageable dans la nature ? L’homme sait aussi utiliser des molécules chaperonnes chirales pour reproduire de la chiralité. On repère dans les météorites une petite chiralité, toujours lévogyre. C’est déjà étrange, mais on peut reporter la difficulté en supposant que tous ces météorites viennent d’une région de l’espace où le lévogyre était initialement un peu plus important (l’interaction faible joue un rôle important dans l’astrophysique). Mais comment expliquer l’amplification ? Fluctuation d’amplitude exceptionnelle dans un milieu hors équilibre (qui n’est peut-être acceptable que si on se place dans l’hypothèse - assez arbitraire, cf. sp 12-2 – qu’elle concerne notre univers particulier parmi un très grand nombre d’autres univers)? Brisure spontanée de symétrie, comme celle qui fonde le ferromagnétisme ? M-A Bouchiat* la compare même à un autre mystère profond de la physique, impliquant lui aussi une brisure de symétrie, celui du déséquilibre matière/antimatière (on pourrait aussi évoquer, par analogie, l’énorme écart constaté entre les mesures de la constante cosmologique et son évaluation théorique). En biologie, là où elle existe, la chiralité est totale ! Déjà, toutes les molécules hélicoïdales d’ARN sont lévogyres. On comprend très bien que, dès qu’une chiralité totale est réalisée, elle se maintienne : par exemple, beaucoup de réactions stéréochimiques sont catalysées par des enzymes lévogyres ; une clé gauche n’ouvre qu’une serrure gauche. On comprend de même (mais ceci s’oppose par ailleurs à la très faible probabilité de l’apparition de la vie sur la terre) que, par chance, une vie « lévogyre » ait éliminé une vie « dextrogyre » moins adaptée. L’énorme énigme concerne l’origine de l’asymétrie totale de la vie. Que l’on admette que les premières molécules de la vie proviennent des météorites, ou qu’elles aient été produites directement sur la terre (ou même, hypothèse assez délirante, qu’elles aient atterri à partir de molécules organiques Annexe N-chiralité. Page 3 Révision du 21/10/2016 produites dans le milieu interstellaire), le problème reste entier. Question N1. Dispose-t-on de techniques permettant de savoir si la matière organique décelée dans la périphérie du soleil ou le milieu interstellaire est chirale ? Non ? Référence. M. A. Bouchiat, L’énigme de l’homochiralité moléculaire, in Colloque Ac. Sciences sur les origines de la vie. 16-9-2013.