Annexe N-chiralité. Page 2 Révision du 21/10/2016
Depuis Pasteur, on sait, partant de liquides racémiques, trier un
cristal chiral. Ceci est-il envisageable dans la nature ? L’homme sait
aussi utiliser des molécules chaperonnes chirales pour reproduire de
la chiralité. On repère dans les météorites une petite chiralité,
toujours lévogyre. C’est déjà étrange, mais on peut reporter la
difficulté en supposant que tous ces météorites viennent d’une
région de l’espace où le lévogyre était initialement un peu plus
important (l’interaction faible joue un rôle important dans
l’astrophysique). Mais comment expliquer l’amplification ?
Fluctuation d’amplitude exceptionnelle dans un milieu hors
équilibre (qui n’est peut-être acceptable que si on se place dans
l’hypothèse - assez arbitraire, cf. sp 12-2 – qu’elle concerne notre
univers particulier parmi un très grand nombre d’autres univers)?
Brisure spontanée de symétrie, comme celle qui fonde le
ferromagnétisme ? M-A Bouchiat* la compare même à un autre
mystère profond de la physique, impliquant lui aussi une brisure de
symétrie, celui du déséquilibre matière/antimatière (on pourrait
aussi évoquer, par analogie, l’énorme écart constaté entre les
mesures de la constante cosmologique et son évaluation théorique).
En biologie, là où elle existe, la chiralité est totale ! Déjà, toutes
les molécules hélicoïdales d’ARN sont lévogyres. On comprend
très bien que, dès qu’une chiralité totale est réalisée, elle se
maintienne : par exemple, beaucoup de réactions stéréochimiques
sont catalysées par des enzymes lévogyres ; une clé gauche n’ouvre
qu’une serrure gauche. On comprend de même (mais ceci s’oppose
par ailleurs à la très faible probabilité de l’apparition de la vie sur la
terre) que, par chance, une vie « lévogyre » ait éliminé une vie
« dextrogyre » moins adaptée. L’énorme énigme concerne l’origine
de l’asymétrie totale de la vie. Que l’on admette que les premières
molécules de la vie proviennent des météorites, ou qu’elles aient été
produites directement sur la terre (ou même, hypothèse assez
délirante, qu’elles aient atterri à partir de molécules organiques