2 2 4 8 ➞La Presse Médicale 18 - 25 décembre 1999 / 28 / n° 40
dans une revue récente sur l’hy p o d e rm o-
c l yse, confi rment que cette enzyme n’est pas
nécessaire. De même, dans notre ex p é r i e n c e ,
l’utilisation de la hyaluronidase n’est pas
nécessaire lors de l’hy p o d e rm o c l yse de solu-
tés d’acides aminés [21].
AVA N TAG ES ET IN CO N V É NIE N TS
DE L’ H Y P O D E RM O C LYS E
L’ hy p o d e rm o c l yse est une technique simple
qui ne nécessite pas de surveillance aussi
stricte que la perfusion intra-veineuse [8, 22,
29]. Pour ces raisons, elle s’avère utile à
domicile ou en institution, situations où la
s u rveillance continue par une infi rmière est
d i fficile à obtenir. Elle contribue à éviter
l’hospitalisation du patient âgé [26] et ses
e ffets souvent délétères dans cette popula-
tion (anxiété du patient et de l’entourage,
p e rte des repères avec syndrome confusion-
nel). Berger [24], en 1984, écrivait à juste
titre qu’il valait mieux recourir à la perfusion
sous-cutanée plutôt qu’appeler une ambu-
lance. Dans une étude récente conduite en
institution et portant sur 36 patients dés-
hydratés ou à risque majeur de déshy d r a t a-
tion, l’hy p o d e rm o c lyse s’est avérée effi c a c e
chez 71% d’entre eux et a contribué à éviter
leur transfert en milieu hospitalier [30].
Par rapport à la voie veineuse, l’hy p o-
d e rm o c lyse est facile à mettre en place et
peut-être arrêtée et reprise à tout moment
sans risque de thrombose. Les risques de
septicémie et d’embolie gazeuse sont inex i s-
tants et celui d’hy p e rvolémie est plus fa i bl e
qu’en cas de perfusion intra-veineuse. La
localisation des sites de perfusion contribu e
à maintenir la liberté des mouvements du
patient et évite le recours aux systèmes de
contentions encore souvent utilisés en cas de
perfusion intra-veineuse. Chez les patients
agités opposants aux soins techniques, les
solutés peuvent être administrés sur une
c o u rte période (1 litre en 4 heures ou 500 m l
en 2 heures). Il est alors normal d’observe r
un œdème local qui régresse en quelques
heures [27]. La perfusion sous-cutanée noc-
t u rne (1 litre sur 8 heures) est habituellement
très bien tolérée. Elle facilite la mise en
œuvre des soins de réadaptation dans la jour-
née et permet d’éviter ou de limiter les
conséquences d’une immobilisation prolon-
gée (escarres, thrombophlébite, consti-
pation…).
L’ hy p o d e rm o c lyse est donc bénéfique en
t e rmes de confort pour le patient. Elle paraît
é g alement potentiellement bénéfique en
t e r mes de coût du fait d’une mobilisation
des soins diminuée, même si ceci n’a jamais
fait l’objet d’étude et reste à évaluer de fa ç o n
p r é c i s e .
Les 2 limites, parfois opposées à l’hy p o-
d e rm o c lyse, concernent le délai de diff u-
sion des solutés dans le secteur vasculaire,
discrètement retardé par rapport à la vo i e
i n t r a - veineuse et la quantité de liquides
administrés par cette voie, limitée à 1,5 l
par site et par jour. En fait, ces facteurs ne
sont pas gênants puisque l’hy p o d e rm o c ly s e
ne doit pas se substituer à la voie intra-vei-
neuse en cas de déshydratation sévère. De
plus, 2 sites d’injection peuvent être utili-
sés simultanément permettant l’adminis-
tration de 3 l par jour sans conséquences
néfastes [24].
Les risques de l’hy p o d e rm o c l yse sont
i n existants dès lors que la technique est cor-
rectement utilisée et que les indications sont
respectées. Les inconvénients, qui sont rares
et facilement évités, dépendent principale-
ment du soluté choisi, de son volume et de
son débit. Les accidents à type de collapsus
c a r d i o - vasculaires décrits dans les années
1950 étaient toujours liés à l’administration
de gros volumes de solutés hy p e rt o n i q u e s
sans électrolytes [5-7]. Dès 1950, Webb e t
a l . [31] montraient qu’en cas d’injection
intra-péritonéale de sérum glucosé, la diff u-
sion dans le secteur vasculaire ne débu t a i t
qu’une fois le glucose absorbé. Toutes les
membranes semi-perm é a bles étant régies
par les mêmes lois physico-chimiques, ces
données peuvent être extrapolées à la perfu-
sion sous-cutanée. La prévention de la
déplétion sodée justifie l’addition systéma-
tique au sérum glucosé de 2 à 4 g de chlo-
rure de sodium par litre de soluté, en fonc-
tion de l’équilibre hy d r o - é l e c t r o l ytique et de
l’état clinique du patient.
Le risque d’infection au site d’injection
est minime. Il peut être évité par le strict res-
pect des règles d’asepsie, comme pour la
voie intra-veineuse, et par le changement
quotidien de l’aiguille [24].
L’addition de potassium n’est pas indis-
p e n s a ble mais peut permettre d’assurer un
a p p o rt minimal. Schen et al. [32] n’ont pas
constaté de complications locales lors de
l’administration sous-cutanée d’un soluté
glucosé ou salin contenant 2,5 g de chloru r e
de potassium par litre. Cependant des cas de
nécrose cutanée liée à l’injection de potas-
sium et d’épinéphrine ont été rapport é e s
dans la littérature [23]. Dans l’état actuel des
connaissances, limitées à une publication sur
ce sujet [32], il est conseillé de ne pas dépas-
ser 2 g de chlorure de potassium par litre de
s o l u t é .
Du fait de la rareté des gros va i s s e a u x
sous-cutanés au niveau des sites habituel-
lement utilisés, le risque de ponction va s c u-
laire est minime, limité à celui de la ve i n e
saphène interne. L’apparition de sang lors de
l ’ i n s e rtion de l’aiguille doit conduire à chan-
ger de site.
La douleur est rare. Elle peut être liée à
une mauvaise insertion de l’aiguille dans
le muscle sous-jacent et apparaît alors très
rapidement après le début de la perfusion.
Une aiguille insérée correctement doit
p o u voir être mobilisée entre la peau et le
muscle. La douleur peut aussi être liée à la
tension cutanée si le débit de perfusion est
trop rapide. Elle est alors retardée par rap-
p o rt au début de la perfusion. Dans les
2 cas, il est nécessaire de changer le site
d’injection. L’ hy p o d e rm o c lyse ne pro-
voque habituellement pas de rougeur ni
d’hématome. Dans l’étude de Hussain e t
a l. [12] portant sur 36 patients, une réac-
tion inflammatoire locale était observ é e
dans 4 cas (11%) et était spontanément
r é s o l u t ive après changement de site d’in-
jection. L’utilisation d’un film adhésif
transparent pour fi xer l’aiguille facilite la
s u rveillance du site de perfusion. La sur-
venue d’une anomalie locale doit conduire
à modifier ce site.
L’œdème localisé des régions génitales
est l’effet secondaire le plus souve n t
o b s e r vé, chez l’homme comme chez la
femme, avec une prévalence de 8% d’après
Schen et al. [33]. Il survient plus part i c u l i è-
rement après perfusion sous-cutanée au
n i veau de la paroi abdominale. Il est bénin
et disparaît spontanément à l’arrêt de l’hy p o-
d e rm o c ly s e .
M ISE AU POIN T
Pe rfusion sous-cutanée ou hypodermoclyse