Innodis: de l`île Maurice au continent africain…

A
u travers de son activité
volaille (Poultry division),
le groupe Innodis est l’un
des principaux produc-
teurs de poulets de l’île
Maurice. Son couvoir produit en
moyenne chaque semaine plus de
200000 poussins de chair dont les deux
tiers sont élevés par sa propre intégra-
tion, puis abattus et découpés dans
l’unité de transformation de Beau Cli-
mat au sud-est de cette île de l’Océan
indien. Avec une production de 14800
tonnes de poulets en 2012, vendus sous
les marques Prodigal, Poulet fermier,
Carmen…, le groupe revendique plus
de 30 % de part du marché mauricien
de la volaille. Il a en outre renforcé son
dispositif de production en prenant le
contrôle en 2010 du fabricant d’ali-
ment Meaders Feeds.
Cependant, malgré une belle pro-
gression de son activité volaille (+ 9 %
en 2012), une meilleure valorisation
de son mix-produits (plus de présen-
tations fraîches et élaborées), un in-
vestissement croissant dans la distri-
bution (plus d’une cinquantaine de
boutiques « volaille » sous la franchise
« Point Frais », plusieurs magasins de
vente en gros « Supercash »), ce grou -
pe reste bridé par la taille limitée du
marché mauricien. Le 1,3 million d’ha-
bitants de l’île consomme déjà chacun
plus de 30 kg de volaille par an, ce qui
signifie que ce marché est arrivé à ma-
turité. Aussi, les dirigeants d’Innodis
qui se sont diversifiés par ailleurs dans
les produits laitiers et le riz, n’ont pas
tardé à se tourner vers le continent afri-
cain voisin pour exporter et valoriser
leur savoir-faire avicole. Victor Seeya -
ve, récemment élu à la tête du conseil
d’administration d’Innodis et Jean
How Hong, directeur général, croient
en effet au potentiel exceptionnel de
développement que recèle l’Afrique
dans le secteur agroalimentaire.
Des élevages,
un abattoir au Mozambique…
A partir de 2005, Innodis a été ainsi
le premier groupe avicole étranger à
investir au Mozambique en montant
de toutes pièces une filière «poulet»
avec des fermes d’élevage et un abat-
toir à 40 km de la capitale Maputo. Sa
filiale Moçambique Farms Lda abat
dans son unité de Boane 40 000 à
50000 poulets/semaine dont la moitié
provenant de ses propres élevages et
l’autre moitié d’élevages extérieurs.
Fin janvier, afin d’accélérer le dé-
veloppement de cette filiale, Innodis
a annoncé la conclusion d’un accord
avec le groupe avicole familial Irvine’s,
déjà présent au Zimbabwe, au Bots-
wana et en Afrique du sud. Via sa filiale
mozambiquaise, le groupe Irvine’s a
fait l’acquisition de 49,9 % des parts
de la filiale Innodis Moçambique
Farms Lda.
Acteur important de la filière poulet
de l’Afrique australe depuis 1954, le
groupe Irvine’s a fortement développé
ses activités avicoles ces toutes der-
nières années et exporte dans quelque
18 pays de l’Afrique subsaharienne.
Outre un couvoir monté sur place au
Mozambique, ce groupe apporte éga-
lement dans la corbeille de mariage
trois millions de dollars destinés à
booster la croissance de la joint-ven-
ture avec Innodis.
Les deux associés ont élaboré un plan
de développement sur cinq ans. Il pré-
voit d’arriver rapidement à une pro-
duction hebdomadaire de 160000 pou-
lets. Des poulets élevés dans le cadre ➤
40 Avril 2013
Filières Avicoles
Ce groupe mauricien exporte son savoir-faire avicole au Mozambique, au Nigeria…
Innodis: de l’île Maurice
au continent africain…
L’un des principaux opérateurs avicoles de l’île Maurice avec
une filière complète, le groupe Innodis (riz, produits laitiers…)
exporte son savoir-faire sur le continent africain. Il est ainsi
présent au Mozambique où il a monté des élevages et un abattoir,
au Nigeria avec la chaîne de restauration Food concept,
à Madagascar (vente de poussins), bientôt en Angola… ●
G. Le Boucher
FILIÈRES
Étranger
i Victor Seeyave (à gauche), président, et Jean How Hong, directeur général (à droite), proposent
l’expertise avicole de leur groupe à plusieurs pays du continent africain.

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Du Nigeria à l’Angola
et Madagascar
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Innodis : de l’île Maurice au continent africain...
41
  Filières Avicoles
D ans ce bâtiment ré-
cent construit en
béton, comme dans
les plus anciens pou-
laillers rénovés, la so-
ciété de production
Hardas, l’un des prin-
cipaux fournisseurs
du groupe Innodis en
poulets vifs (140000
places en deux
fermes), démarre ses
poussins à la lumière
verte pendant une di-
zaine de jours. Un
choix de couleur qui
serait bénéfique pour
optimiser l’indice de
consommation, as-
sure Kharamvir Har-
das, chef d’élevage…
Ce mode d’éclairage
a été expérimenté
avec succès en Israël,
rapporte Jason Pur-
manund, responsable
des fermes de broilers
chez Innodis.
On notera également
dans ce bâtiment de
82 x 12 m, équipé de
chaînes d’alimenta-
tion Chore Time et de
lignes de pipettes, la
profusion de plateaux
d’aliment pour les pre-
miers jours et d’abreu-
voirs siphoïdes. Le
chauffage est assuré
par des canons à air
chaud extérieurs. Les
poussins sont mis en
place sur une litière
de copeaux épaisse
de 2 à 3 cm qui recou-
vre le sol bétonné.
Dans les fermes de la société Hardas
Démarrage des poulets à la lumière verte
£

la construction d’un complexe intégré
d’élevage et d’abattage de poulets à
Abeokuta, une localité située au nord
de Lagos. Les bâtiments d’élevage ont
été montés par le constructeur français
C-Lines et l’abattoir équipé par la firme
danoise Linco. Le démarrage de cette
opération est intervenu en novem-
bre 2012 avec une production hebdo-
madaire de 25 000 poulets. L’objectif
est de parvenir à terme à 200000 pou-
lets/semaine. Avec alors pour débou-
chés, non seulement les besoins en
poulets des restaurants Chicken Re-
public, mais aussi ceux de la grande
distribution et de la RHD.
Le groupe Innodis est par ailleurs en
négociation en Angola avec une im-
portante compagnie pétrolière qui sou-
haite monter une opération intégrée de
production de poulets dans la région
de la capitale Luanda.
A noter enfin que son couvoir, ins-
tallé à Deux Bras, exporte régulière-
ment des poussins de chair à Mada-
gascar. Selon les années, les quantités
peuvent approcher le million d’unités.
Cette activité export croissante n’au-
rait pas pu voir le jour si le groupe
n’avait pas auparavant bien établi son
activité avicole sur l’île Maurice. Celle-
ci a démarré dans les années 1973-
1974 sous la houlette de Sir René
Seeyave qui, avec son père, Antoine
New Seng Seeyave, avait auparavant
réussi dans une affaire de fabrication
industrielle de glaces. Sir René
Seeyave, fait chevalier par la reine
d’Angleterre en 1985, a présidé le
groupe Innodis Ltd pendant 40 ans,
avant que Victor Seeyave ne prenne le
relais en mars dernier.
A l’île Maurice,
une filière intégrée
Grâce à des investissements régu-
liers pour étoffer ses capacités d’éle-
vage aussi bien dans ses propres
fermes que dans celles de ses parte-
naires sous-traitants, la production du
groupe est passée de 5 000 poulets/se-
maine voici 40 ans à 140000 têtes au-
jourd’hui.
Cette filière commence par un parc
de bâtiments de multiplication qui
abrite des reproductrices chair de
souches Hubbard classic et Cobb 500.
En cours, la construction à Mare d’Al-
bert au sud de l’île d’une ferme desti-
née à l’élevage des futures reproduc-
trices. Disposant de poulaillers obscurs
à ambiance contrôlée, cette ferme de
7000 m² au total, va permettre d’opti-
miser et d’étoffer les mises en place de
repros adultes dans les bâtiments de
ponte qui approvisionnent en œufs à
couver le couvoir de Deux Bras, souli -
gne Basharat Sooltangos, en charge de
l’activité multiplication/reproduction
chez Innodis.
Ce couvoir, équipé d’incubateurs et
éclosoirs Chick Master, a fait l’objet
voici trois ans d’investissements qui
ont porté sa capacité à 15 millions
d’œufs à couver par an. De la sorte, il
est en mesure de faire face à la crois-
Innodis : de l’île Maurice au continent africain...
42 Avril 2013
Filières Avicoles
C hez les firmes four-
nisseurs de vif à ce
groupe mauricien
comme dans les
fermes Innodis, la ten-
dance est à l’abandon
de la ventilation natu-
relle remplacée par
une ventilation dyna-
mique en tunnel, avec
installation à l’un des
pignons de turbines
d’extraction (ventila-
teurs de 38-
40000 m3/h), qui sont
mises en service entre
le 21eet le 24ejour
(selon la saison), alors
que l’entrée d’air neuf
se fait par de grandes
trappes situées près
du pignon opposé.
Cette ventilation de
type « combi-tunnel »
fait aussi appel à des
ventilateurs de
12000 à
15000 m3/h, et à des
trappes d’entrée d’air
sur toute la longueur
du bâtiment pour plus
de souplesse dans le
renouvellement de l’air,
en particulier au dé-
marrage.
L’intérêt de ces nou-
veaux modes de venti-
lation est une meilleure
maîtrise de l’am-
biance, avec une ges-
tion plus aisée de la li-
tière, note Jason
Purmanund, responsa-
ble des fermes de
« broilers ». Pendant les
périodes de fortes cha-
leurs, fréquentes à l’île
Maurice et accompa-
gnées d’un taux élevé
d’hygrométrie, la den-
sité peut alors passer
dans ces bâtiments à
15/16 poulets/m²
contre 12/13 pou-
lets/m² précédem-
ment dans les poulail-
lers à ventilation
naturelle. Voire à
18/20/m² pendant
l’hiver austral lorsque
la température exté-
rieure est moins éle-
vée.
Cette modernisation
des bâtiments d’éle-
vage s’accompagne
souvent du remplace-
ment des anciens sys-
tèmes d’alimentation
par des lignes d’as-
siettes accessibles aux
poussins dès les pre-
miers jours et par l’ins-
tallation de lignes
d’abreuvement auto-
matiques à pipettes.
A noter également
dans les constructions
neuves, le recours de
plus en plus fréquent à
des bâtiments aux
charpentes métal-
liques et aux longs
pans en panneaux
sandwiches isolés,
alors que pendant long-
temps la priorité était
donnée à l’île Maurice
aux structures tout en
béton (murs, poteaux,
toitures…). Des struc-
tures certes résis-
tantes aux cyclones de
l’Océan indien, et parti-
culièrement étanches
aux pluies tropicales,
mais difficiles à refroi-
dir lors des fortes cha-
leurs et désormais coû-
teuses à mettre en
œuvre.
Élevés en sexes mé-
langés, les poulets
sont abattus à 38/39
jours (36 jours l’hiver) à
un poids moyen de 2 à
2,1 kg, pour un IC de
1.8-1.85. Grâce à de
bonnes conditions
d’élevage, une stricte
prophylaxie, notam-
ment contre la Gum-
boro, la BI et la NC, la
mortalité technique
reste voisine de 5 à
6 %.
Dans les poulaillers d’engraissement
Développement de la ventilation dynamique
➤
i Les poulaillers neufs comme ceux qui ont été rénovés,
sont désormais équipés de gros ventilateurs/turbines
d’extraction.
u Reynolds Moothoo,
directeur
de la Division volaille
Innodis (à droite)
et Basharat
Sooltangos,
responsable
des activités
multiplication/
accouvage.
➤

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Plus de valeur ajoutée
à Beau Climat…
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43
  Filières Avicoles
Le groupe Innodis
est approvisionné
en poulets standards
par ses propres
fermes d’élevage,
celles de sa filiale
Poulet Arc-en-Ciel et
par celles de trois
fournisseurs: Hardas,
Island Fresh et Sodia.
£
Innodis : de l’île Maurice au continent africain...

et non en surgelé comme c’était le cas
dans les années quatre-vingt-dix.
Une plus grande valorisation des
produits de volailles Innodis a été per-
mise également par la mise en route
dès l’année 2000 d’un atelier de fabri-
cation de produits élaborés. Au-
jourd’hui, il fabrique chaque mois plu-
sieurs dizaines de tonnes de panés,
burgers, saucisses, nuggets, pâtés, pro-
duits marinés…, 100 % à base de pou-
let, destinés à la grande distribution, à
son propre réseau de Points frais/Coins
frais, et à la restauration. Grâce à ses
investissements spécifiques pour être
le plus performant en matière de trans-
formation et à une chaîne de froid par-
ticulièrement rigoureuse, le groupe a
été choisi comme fournisseur des pre-
miers restaurants franchisés Mc Do-
nald’s montés à l’île Maurice, et de la
chaîne locale de restaurants Nando’s
(poulets grillés à la Portugaise).
« La stratégie d’Innodis Poultry Di-
vision est de fabriquer un produit de qua-
lité qui répond aux attentes de ses
clients », soulignent ses dirigeants. Ils
rappellent que l’entreprise a obtenu de-
puis 2009 la certification ISO 22000 qui
couvre la totalité de sa chaîne de produc-
tion: usine d’aliments, couvoir, fer mes
de repros et de poulets de chair ainsi que
l’abattoir et l’unité de produits élaborés.
Malgré un marché national nécessai-
rement limité en raison de la taille de
l’île, le groupe Innodis (un chiffre d’af-
faires de 3,87 milliards de roupies soit
102 millions d’euros) entend donc ap-
porter le maximum de valeur ajoutée à
sa production de volaille, en répondant
à l’évolution de la demande du consom-
mateur mauricien par des gammes de
produits innovants. Mais son investis-
sement croissant sur le continent afri-
cain montre aussi qu’il est décidé à s’ou-
vrir les marchés des pays émergents en
s’appuyant sur ses compétences dans
le domaine avicole. ●
Innodis : de l’île Maurice au continent africain...
44 Avril 2013
Filières Avicoles
➜ Siège du groupe:Caudan, Port-Louis.
➜ Président:Victor Seeyave qui a succédé à Sir René Seeyave en mars2013.
➜ Directeur général:Jean How Hong.
➜ Chiffre d’affaires 2012:3,87milliards de roupies (102millions d’euros).
➜ Secteurs d’activité:produits laitiers (yaourts, glaces, lait...), traitement du riz, filière volaille, aliments pour
animaux, et distribution de produits alimentaires (5 magasins de vente en gros «Supercash», et en franchise
une cinquantaine de points de vente spécialisés dans la volaille «Point Frais», ainsi qu’une douzaine de «Coin
Frais» dans les hypers et supermarchés.
Division volaille (Poultry division):
➜ Siège:Beau Climat, La Flora.
➜ Dirigeants:Reynolds Moothoo (directeur); Basharat Sooltangos (multiplication/accouvage);
Jason Purmanund (poulets de chair); Vishnee Goodoory (abattoir).
➜ Couvoir à Deux Bras:10,5millions de poussins de chair en 2012.
➜ Souches: Hubbard, Cobb et Sasso avec des reproducteurs en place dans 5 fermes de multiplication.
➜ Poulets de chair:pour moitié dans les 5 fermes d’élevage du groupe et filiale Poulet Arc-en-Ciel, pour l’autre
moitié dans les fermes des sociétés Hardas, Island Fresh, Sodia et Le Poulet Fermier, cette dernière spécialisée
dans le poulet fermier free-range.
➜ Production hebdomadaire: 130000à 160000poulets de chair.
➜ Aliments volailles:fournis par l’usine de la filiale du groupe Innodis, Meaders Feeds (65000t. en 2012).
➜ Abattage/découpe/transformation sur le site de Beau Climat:14800 tonnes en 2012.
➜Principales marques:Prodigal, Le Poulet Fermier et Carmen.
➜ Filière volaille certifiéeISO 22000 depuis 2009.
LE GROUPE INNODIS
Carte de visite…
o Jason Purmanund
(à gauche), en charge
des fermes
«broilers» du groupe,
en compagnie de
Kharamvir Hardas,
chef d’élevage dans
l’une des fermes
de la société Hardas.
i Un aperçu de la gamme des découpes et
produits élaborés à base de poulet du groupe
Innodis commercialisés à la marque Prodigal.
o L’abattoir Innodis
à Beau Climat a traité
en 2012 quelque
14800 tonnes
de poulets.
➤