La véritable question est autre : le jeu peut-il aider à l'apprentissage scolaire ? En effet, «scolaire» veut dire
«école» et «école» pour beaucoup est synonyme de travail. Peut-on jouer dans un endroit où l'on a
l'impression de ne faire que travailler ? Jeux et travail peuvent-ils aller de pair ?
Le travail est indispensable pour tout apprentissage, qu'il soit scolaire, musical, sportif. Cependant, pour ces
derniers l'impression de travailler est différente puisque parfois proche du loisir ou du jeu.
A l'école, les enfants apprennent donc le français (conjugaison, orthographe, lecture, étude de texte,
grammaire...), les mathématiques (arithmétique et géométrie), l'histoire, la géographie, les sciences et
d'autres langues, ainsi que des enseignements artistiques et technologiques. Ils doivent donc acquérir un
grand nombre de connaissances en un temps relativement court. Les journées leur semblent souvent
longues. Le jeu peut être alors une pause bienvenue, rompant les modalités traditionnelles d’apprentissage.
Pour les élèves, jouer ce n'est pas vraiment travailler. Derrière le jeu, les enseignants cherchent avant tout à
construire un apprentissage dynamique ou chaque élève aura sa place. Le jeu permet d’aborder et de
construire des compétences qui prennent sens car directement mises à l’épreuve. L’élève, fort de ses
difficultés et des ses réussite, doit parvenir à accomplir une tâche, la mener à son terme.
Source : Dossier d'actualité n° 48 INRP – octobre 2009 - Quelles relations entre jeu et
apprentissages à l'école ? Une question renouvelée, par Marie Musset et Rémi Thibert
Jouer à l'école, est-ce bien raisonnable ? Bien souvent, le jeu se fait rare après l'école maternelle, pour ne
surgir à nouveau que le dernier jour avant la sortie des classes... comme si ce n'était déjà plus l'école et que
l'on pouvait donc s'amuser un peu.
Et pourtant... De nombreux travaux de recherche éclairent la place spécifique et le rôle original du jeu
dans le processus d'apprentissage. Des enseignants utilisent des jeux de plateaux ou des jeux de rôle, et
sont sollicités pour recourir au jeu vidéo en classe : la pratique du jeu dans le cadre extrascolaire a
contribué dans le même temps à poser à nouveau la question de l'utilisation au service de l'acquisition de
connaissances et de compétences.
La définition, la place et le rôle du jeu à l'école ont une histoire longue et contrastée. Des initiatives variées,
individuelles ou institutionnelles, ont été prises dans différents systèmes éducatifs : « jouer » à l'école est
possible. Les enseignants qui intègrent le jeu sous une forme ou une autre ne sont pas forcément joueurs
eux-mêmes : c'est l'impact positif du jeu sur la motivation et sur les apprentissages qui les a
généralement convaincus de tenter l'expérience. Jeux dramatiques et jeux de rôle favorisent en effet la
motivation des élèves, servent de levier aux apprentissages et sont des outils précieux dans une approche
de l'enseignement orientée vers le développement de compétences.
La connaissance des processus cognitifs plaide pour l'utilisation de jeux en classe, reposant ou non
sur un support informatique. Loin de pouvoir se passer de l'enseignant, le jeu éducatif exige de ce dernier
qu'il « joue son rôle », rôle en partie redéfini par la configuration du jeu. Qu'il participe ou non à sa
conception, l'enseignant conserve une place déterminante car, dans une visée pédagogique en relation
avec le curriculum, le jeu n'est pas une fin en soi. Il doit y avoir un avant-jeu et un après-jeu pour favoriser
l'analyse réflexive et les « compétences méta ».