La prise en charge globale du patient diabétique d www.diabeteetobesite.org Thérapeutique Incrétines : entre insulinosécrétion et insulinorésistance p. 331 Mise au point La ghréline : un acteur primordial de la régulation alimentaire p. 357 éducation thérapeutique L’entretien motivationnel : un vrai état d’esprit p. 347 L’essentiel sur… La glycémie postprandiale : un paramètre important aussi dans le DT2 ? p. 352 Dossier FMC Les troubles des conduites alimentaires 1 Comment les classer ? 2 Contrôle de la prise alimentaire : l’importance des signaux métaboliques 3 Syndrome de Prader-Willi : quelle régulation de la prise alimentaire ? 4 Quelles sont les conséquences cognitives du diabète et de l’obésité ? Novembre 2011 • Volume 6 • n° 53 • 8 E • Cahier 1 La pris e e n c h ar g e g l o ba l e d u pa t i e n t diab é t i q u e • Directeur de la publication : Dr Antoine Lolivier • Chef du Service Rédaction : Odile Mathieu • Rédactrice : Violaine Colmet Daâge • Secrétaire de rédaction : Annaïg Bévan • Chef de Fabrication et de Production : Gracia Bejjani • Assistante de Production : Cécile Jeannin • Chef de studio : Laurent Flin • Maquette et illustrations : Elodie Lecomte, Antoine Orry • Chefs de publicité : Catherine Colsenet, Sandrine Staes • Service abonnements : Claire Lesaint • Impression : Imprimerie de Compiègne 60205 Compiègne sommaire www.diabeteetobesite.org Novembre 2011 • Vol. 6 • N° 53 • Cahier 1 n ActualitÉs . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 328, 330 n thérapeutique Les incrétines, entre insulinosécrétion et insulinorésistance : les implications, de la nutrition artificielle à la chirurgie bariatrique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 331 Pr Didier Quilliot (Nancy) n Dossier . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 337 Troubles des conduites alimentaires Dossier rédigé par le Pr Patrick Ritz (Toulouse) Comité de lecture Rédacteur en chef “Obésité” : Pr Patrick Ritz (Toulouse) Introduction����������������������������������������������������������������������������������������������������������������������������������������� p. 337 Rédacteur en chef “Diabète” : Dr Saïd Bekka (Chartres) 1 n Classification des TCA : allons-nous vers le DSM-V ?. . . . . . . . . . . . . p. 338 2 n Contrôle de la prise alimentaire : l’importance des signaux métaboliques. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 340 3 n Régulation de la prise alimentaire au cours du syndrome de Prader-Willi : les apports de l’imagerie cérébrale. . . . . . . . . . . . . p. 342 4 n Conséquences cognitives du diabète et de l’obésité : chez l’enfant et l’adulte. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 344 n En bref. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 345 Pr Yves Boirie (Clermont-Ferrand) Pr Régis Coutant (Angers) Pr Jean Doucet (Rouen) Pr Pierre Gourdy (Toulouse) Pr Véronique Kerlan (Brest) Dr Sylvie Picard (Dijon) Dr Helen Mosnier Pudar (Paris) Dr Caroline Sanz (Toulouse) Dr Anne Vambergue (Lille) Comité Scientifique Pr Bernard Bauduceau (Paris) Pr Rémy Burcelin (Toulouse) Pr Bertrand Cariou (Nantes) Pr François Carré (Rennes) Pr Bernard Charbonnel (Nantes) Dr Xavier Debussche (Saint-Denis, Réunion) Pr Jean Girard (Paris) Pr Alain Golay (Genève) Pr Hélène Hanaire (Toulouse) Dr Michel Krempf (Nantes) Pr Michel Pinget (Strasbourg) Pr Paul Valensi (Bondy) Diabète & Obésité est une publication © Expressions Santé SAS 2, rue de la Roquette Passage du Cheval Blanc, Cour de Mai • 75011 Paris Tél. : 01 49 29 29 29 Fax : 01 49 29 29 19 E-mail : [email protected] RCS Paris B 394 829 543 ISSN : 1957-5238 N° de Commission paritaire : 1013 T 88454 Prix au numéro : 8 F. Mensuel : 10 numéros par an. Les articles de “Diabète & Obésité” sont publiés sous la responsabilité de leurs auteurs. Toute reproduction, même partielle, sans le consentement de l’auteur et de la revue, est illicite et constituerait une contrefaçon sanctionnée par les articles 425 et suivants du code pénal. n éducation thérapeutique L’entretien motivationnel : un véritable état d’esprit . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 347 Dr Monelle Bertrand (Toulouse) n L’essentiel sur… La glycémie postprandiale : un paramètre à prendre en compte (aussi) dans le diabète de type 2. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 352 Pr Bogdan Catargi (Bordeaux) n Mise au point La ghréline, physiologie et perspectives thérapeutiques : un acteur primordial de la régulation alimentaire . . . . . . . . . . . . . p. 357 Dr Emmanuel Disse (Lyon) n Bulletin d’abonnement . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . n Rendez-vous de l’industrie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Assemblés à cette publication : 2 bulletins d’abonnement (2 pages et 4 pages). Cette publication se compose de 2 cahiers : cahier 1 (44 pages), cahier 2 (28 pages). Photos de couverture : © Kamil Sarna - Istockphoto.com p. 339 p. 351 actualités de la profession Le chiffre du mois 33 % des Français avouent lire peu voire pas la notice des médicaments. C’est le résultat d’un sondage réalisé par le Groupe Pasteur Mutualité/Viavoice. Le sondage révèle également que les femmes sont plus attentives que les hommes aux notices de médicaments : 50 % d’entre elles déclarent les lire systématiquement contre seulement 36 % des hommes. Des différences de pratiques apparaissent également selon les générations : seulement un tiers des 18-24 ans se montrent vigilants quant à la lecture des notices alors que 51 % des plus de 65 ans déclarent les lire systématiquement (ils ne sont que 10 % à ne jamais les regarder). EN BREF Un timbre commémoratif A l’occasion de la journée mondiale du diabète et afin d’honorer la découverte majeure qu’est l’insuline voici 90 ans ainsi que son rôle déterminant dans le traitement du diabète, la Poste et l’AFD émettent un timbre d’usage courant le 18 novembre prochain. Ce timbre a été dévoilé le 14 novembre par Stéphane Diagana à l’Assemblée Nationale. Il est vendu depuis le 18 novembre dans tous les bureaux de poste. 328 Economie Vente de médicaments en France en 2010 L es résultats 2010 confirment la tendance observée depuis plusieurs années : la croissance du marché pharmaceutique s’est ralentie (+1,2 % par rapport à 2009, + 4,7 % en moyenne annuelle par rapport à 2000). Cette stabilisation ne s’est pourtant pas accompagnée d’une réduction de l’offre : 3 000 substances actives différentes, correspondant à plus de 10 000 spécialités, étaient disponibles sur le marché français en 2010. En 2010, la consommation moyenne de la population française a été de 48 boîtes de médicaments par habitant, soit presque une boîte par semaine. Au sein du marché de ville, les ventes sont fortement concentrées sur certaines classes. En valeur, ce sont les médicaments du système cardiovasculaire qui occupent le premier rang devant les médicaments du système nerveux. Les médicaments les plus vendus (en valeur) en ville sont présentés dans le tableau 1. Ce classement 2010 ne présente aucun changement significatif par rapport à 2009, si ce n’est le recul de Plavix®, en raison de la création d’un groupe générique pour le clopidogrel. Tab 1 - Meilleures ventes en France en 2010. Rang Produit Classe 1 Tahor® Hypolipémiant 2 Inexium® Antiulcéreux 3 Seretide® Antiasthmatique 4 Crestor® Hypolipémiant 5 Enbrel® Immunosuppreseur 6 Humira® Immunosuppreseur 7 Lucentis® Traitement de la DMLA 8 Glivec® Antinéoplasique 9 Symbicort® Antiasthmatique 10 Doliprane Antalgique … 11 Plavix® Antiagrégant plaquettaire 14 Lantus® Antidiabétique 15 Lovenox® Anticoagulant 16 Inegy® Hypolipémiant 21 Coaprovel® Antihypertenseur 22 Aprovel® Antihypertenseur 27 Coversyl® Antihypertenseur 32 Cotareg® Antihypertenseur 33 Ezetrol® Hypolipémiant 44 Tareg® Antihypertenseur En 2010, près d’un médicament remboursable sur quatre achetés dans une officine était un générique. Les génériques sont désormais présents dans la plupart des classes thérapeutiques et couvrent de nombreuses pathologies traitées en ville. Ainsi trouve-t-on des génériques parmi les antalgiques, les antibiotiques, les antidiabétiques, les antiulcéreux, les antihypertenseurs, les hypolipidémiants, les anti-inflammatoires, les anxiolytiques, etc. Le tableau 2 présente les médicaments génériques les plus vendus en France en 2010. ß Tab 2 - Génériques les plus consommés en 2010. Rang Groupe Classe 1 Clopidogrel Antiagrégant plaquettaire 2 Oméprazole Médicaments pour les troubles de l’acidité 3 Pravastatine Hypolipémiant 4 Simvastatine Hypolipémiant 5 Amoxiciline/ Antibactérien à usage acide clavulanique systémique 6 Ramipril Antihypertenseur 7 Metformine Antidiabétique 8 Pantoprazole Traitement RGO 9 Cefpodoxime Antibactérien à usage systémique 10 Paroxétine Antidépresseur 11 Amoxicilline Antibactérien à usage systémique 12 Amlodipine Antihypertenseur 13 Fénofibrate Hypolipémiant 14 Lansoprazole Antiulcéreux 15 Rispéridone Antipsychotique 16 Bisoprolol Traitement de l’insuffisance cardiaque 17 Dextropropoxyphène paracétamol Antalgique 18 Prednisolone Glucocorticoïde 19 Périndopril Médicament agissant sur le système rénine angiotensine 20 Alfuzosine Médicaments utilisé dans l’hypertrophie bénigne de la prostate Diabète & Obésité • Novembre 2011 • vol. 6 • numéro 53 actualités de la profession Film EN BREF Comment vivre avec le diabète ? Pharmacovigilance : mise à jour de la liste des médicaments sous surveillance renforcée L’AFSAPPS a annoncé la mise à jour de la liste des médicaments sous surveillance renforcée. La liste initiale, de janvier 2011, contenait 89 médicaments ou classes thérapeutiques. La liste actuelle des médicaments sous surveillance renforcée contient 30 médicaments ou classes thérapeutiques : 12 font l’objet d’une réévaluation de leur rapport bénéfice/ risque et 18 font l’objet d’un suivi de pharmacovigilance renforcé. La liste est disponible sur le site : www.afssaps.fr. Le vaccin antigrippal moins efficace chez les obèses C’est ce qu’affirme l’équipe de l’américaine Melinda Beck dans un article publié fin octobre dans le Journal of Obesity. L’étude en question s’est intéressée à 461 personnes vaccinées contre la grippe et a permis de remarquer que l’immunité obtenue est nettement moins bonne dans la population obèse. En effet, les résultats ont montré qu’après 11 mois, la moitié des personnes obèses présentait des taux d’anticorps 4 fois moins élevés. Ce “déficit” en anticorps n’était pourtant observé que chez le quart des personnes de poids normal. Les chercheurs ont conclu que la durée d’efficacité du vaccin serait moins longue chez les obèses. Pour le Pr Beck, ces données doivent aujourd’hui « nous inciter à trouver des solutions » pour cette population plus fragile. 330 A l’occasion de la journée mondiale du diabète, l’Association Française des Diabétiques a voulu retracer les 90 ans d’histoire de l’insuline en mettant en images les vécus singuliers et multiples avec le diabète tels que les partagent les 3,5 millions de patients en France. Un film est visible dans toute le France grâce au réseau d’associations fédérées. Ce film pose la question : comment vivre au quotidien avec cette maladie chronique ? Au fil des récits de Christian, Angélique, Pauline, Patricia et Jean-Pierre, se dessinent, éclairées par le diabétologue et chercheur JeanPierre Riveline, les avancées thérapeutiques depuis la découverte de l’insuline, en 1921… Les cinq témoins diabétiques de ce film racontent leur quotidien avec le diabète : l’âge, le milieu de vie ou les conditions de travail y ont leur part mais on retrouve aussi des traits communs à tous, la lutte jour après jour, les petits arrangements avec la maladie. Parfois, le sentiment de culpabilité, toujours les doutes mais aussi les attentes vis-à- vis du corps médical. Le Dr Jean-Pierre Riveline a retracé quant à lui les aspects historiques et médicaux du film. Soutenu par des archives et le vécu de chacun des témoins, on pourra découvrir à quel point les progrès de la médecine induisent une qualité de vie incomparablement meilleure. ß Enquête Les médecins généralistes et le cœur de leurs patients L a Fédération Française de Cardiologie a interrogé les médecins généralistes sur le risque cardiovasculaire et met en regard de leurs réponses, le ressenti de 769 malades interrogés par l’Alliance du Cœur, association regroupant les patients atteints de maladies cardiovasculaires. Il ressort qu’au cours de leurs consultations, les médecins généralistes manifestent presque unanimement une surveillance des risques liés aux maladies cardiovasculaires : 98 % d’entre eux déclarent en effet être particulièrement attentifs aux signes avant-coureurs des maladies cardiovasculaires. Cette surveillance passe essentiellement par l’information et la sensibilisation puisqu’ils privilégient en grande majorité la discussion (72 %), avant la prescription d’examens biologiques (27 %) et la distribution de brochures (1 %). Cependant, sont relégués au second plan le cholestérol (21 % des citations), le surpoids et l’obésité (18 % de citations) et les mauvaises habitudes alimentaires (14 % de citations). Parmi les solutions à privilégier pour enrayer la recrudescence des maladies cardiovasculaires, les médecins généralistes réclament à 54 % un temps de consultation plus long pour un meilleur échange entre le médecin et ses patients ; 38 % des interrogés ressentent également le besoin d’une meilleure communication autour de ces maladies par le développement d’outils d’information, comme les brochures ou les sites Internet. Les médecins généralistes se déclarent également favorables à une large majorité à la mise en place d’un Plan Cœur (72 % contre 27 % d’opinions défavorables) devant la situation préoccupante constatée au niveau des maladies cardiovasculaires. ß D’après un communiqué de la Fédération Française de Cardiologie Diabète & Obésité • Novembre 2011 • vol. 6 • numéro 53 Thérapeutique Les incrétines : entre insulino‑ sécrétion et insulinorésistance Les implications : de la nutrition artificielle à la chirurgie bariatrique Pr Didier Quilliot* Depuis quelques années, le tube digestif est devenu un second cerveau, sécréteur d’hormones et de neurotransmetteurs, capable d’interférer dans les métabolismes les plus intimes des macronutriments, d’inter-agir dans la neurotransmission des signaux de faim, de satiété ou encore sur le métabolisme du tissu adipeux. Le rôle des incrétines est sans doute à la fois surestimé, quand il s’agit de régulation glycémique, car le métabolisme intestinal des glucides joue un rôle propre dans la régulation glycémique et sousestimé quant aux effets pléiotropes dont certains sont sans doute encore inconnus. En dehors des effets potentialisateurs d’insulinosécrétion, les incrétines semblent jouer bien d’autres rôles, en partie révélés par le court-circuit intestinal, mais également par la nutrition artificielle. Qu’est-ce qu’une incrétine ? Une hormone gastro-intestinale Les deux principales incrétines sont le GLP-1 (glucagon-like peptide), appelé également entéroglucagon, et le GIP (glucose depen* Service de Diabétologie-Nutrition, CHU de Nancy © Juan Carlos Herrera Arango - 123rf.com / © photonewman - Fotolia Introduction Il est possible d’utiliser l’effet incrétine pour améliorer l’équilibre glycémique au cours de la nutrition parentérale, en y associant un apport de nutriments par voie entérale. dent insulinotropic polypeptide). Ce sont des hormones gastro-intestinales qui stimulent la sécrétion d’insuline lorsque la glycémie est élevée. Elles ont donc un rôle important dans le contrôle de la glycémie postprandiale. Une hormone potentialisatrice de la sécrétion d’insuline Ces hormones sont des potentialisateurs et non des initiateurs de la sécrétion d’insuline, laquelle reste glucose-dépendante. L’importance de leurs effets dépend du niveau de la glycémie. Les incrétines sont sécrétées par des cellules intestinales (cellules K pour Diabète & Obésité • Novembre 2011 • vol. 6 • numéro 53 le GIP et L pour le GLP-1) et font partie d’un ensemble d’hormones digestives sécrétées par le système “APUD” (Amine Precursor Uptake and Decarboxylation). Celui-ci regroupe une quinzaine de types cellulaires différents qui sécrètent une trentaine de polypeptides régulateurs. Ces polypeptides agissent localement ou par voie sanguine et peuvent être ainsi assimilés à des hormones. Les cellules endocrines APUD sont disséminées dans l’épithélium digestif, soit dans les cryptes, soit à la base des villosités. Elles sont particulièrement nombreuses dans la partie proximale de l’intestin grêle, notamment dans le duodénum et le jéjunum. 331 Thérapeutique Des effets sur la motricité intestinale Ces hormones intestinales ont aussi des effets sur la motricité intestinale (par voie paracrine ou endocrine) via les muscles lisses de l’œsophage, de l’estomac, du duodénum, des canaux biliaires et pancréatiques, de l’intestin grêle et du côlon, et des effets sur les sécrétions digestives. Les principales incrétines Le GIP ❚❚Sécrétion Le GIP est produit par les cellules K de l’intestin réparties du duodénum jusqu’au côlon proximal. Le GIP est secrété en ré- en synergie avec l’acétylcholine en stimulant l’entrée de calcium dans la cellule bêta (dernière étape de l’insulinosécrétion) et en augmentant la synthèse d’AMPc dans cette cellule. Contrairement au GLP-1, le GIP n’inhibe pas la sécrétion de glucagon. Les récepteurs au GIP sont présents dans de nombreux tissus (pancréas, estomac, intestin grêle, tissu adipeux, cœur, poumon…). Le GLP-1 ❚❚Sécrétion Le GLP-1 est sécrété par les cellules L, localisées au niveau de l’intestin grêle distal et du côlon. La sécrétion est stimulée par la perfusion de glucose dans l’intestin grêle, mais également par La sécrétion du GIP dépend de l’absorption du nutriment et non de sa présence dans l’intestin. ponse à l’ingestion de glucose ou de lipides (1, 2), ces derniers ayant l’effet le plus important. La sécrétion dépend de l’absorption du nutriment et non de sa présence dans l’intestin. Par conséquent, la sécrétion de GIP est réduite en cas de malabsorption (3). La sécrétion de GIP est très rapide après ingestion de glucose (pic entre 15 et 30 minutes) et revient rapidement à la valeur basale (3 heures) (4). En revanche, après ingestion de graisses, la sécrétion est plus lente mais elle est prolongée, en raison d’une vidange gastrique ralentie (2). ❚❚Dégradation et actions De demi-vie courte (7 minutes), le GIP est vite dégradé par une enzyme appelée dipeptidyl-peptidase de type 4 (DPP-4). Il agit 332 les lipides, notamment au niveau iléal (5), et par les protéines. La sécrétion de GLP-1 dépend essentiellement de l’absorption des nutriments. Pour le glucose, il est couplé au sodium (transporteur glucose/Na+). Néanmoins, il y aurait des taste receptors sensibles au glucose, au saccharose et au sucralose qui déclencheraient également la sécrétion de GLP-1 (6). Pour les lipides, l’absorption est également nécessaire pour stimuler la sécrétion. L’orlistat, un inhibiteur de la lipase pancréatique qui entraîne une malabsorption des lipides alimentaires, diminue la sécrétion de CCK, de PYY et de GLP-1. Au niveau du côlon, la perfusion d’acides gras libres stimule également la sécrétion de GLP-1 (7). Il existe sous 2 formes de GLP dérivées du pré-proglucagon, le GLP-1 et le GLP-2. L’isoforme 30 acides aminés représente 80 % de la forme circulante. La sécrétion est généralement biphasique après un repas mixte. La phase précoce (entre 10 et 15 minutes) est suivie d’une seconde phase plus longue (30 à 60 minutes). La phase précoce de sécrétion est probablement liée à une stimulation indirecte par une voie neuro-endocrine qui reste à explorer. En effet, la sécrétion apparaît alors que le bol alimentaire n’a pas atteint l’iléon ou le côlon (des cellules L ont récemment été mises en évidence au niveau du grêle proximal et pourraient donc être responsables, en partie, de cette sécrétion précoce). Le système nerveux sympathique inhibe la sécrétion alors que le système parasympathique n’a pas d’effet. ❚❚Dégradation et actions La demi-vie du GLP-1 est extrêmement courte (2 minutes) en raison d’une dégradation rapide par la DPP-4. L’interprétation de sa concentration plasmatique est difficile car seule 25 % de la quantité sécrétée atteint la veine porte et la moitié de cette hormone est dégradée par le foie. Le dosage plasmatique ne reflète donc que 10 à 15 % de la sécrétion. Certains métabolites pourraient cependant être actifs, particulièrement sur le système cardiovasculaire. Les récepteurs du GLP-1 (GLP-1R) sont également présents à de nombreux niveaux : îlots du pancréas, poumon, cœur, rein, estomac, intestin, cerveau… Le GLP-1 inhibe la sécrétion de glucagon en exerçant un effet tonique inhibiteur direct et permanent, ce qui contribue à son effet “anti-hyperglycémiant”. La perfusion d’un Diabète & Obésité • Novembre 2011 • vol. 6 • numéro 53 Les incrétines : entre insulinosécrétion et insulinorésistance antagoniste de GLP-1R chez des volontaires sains augmente effectivement le niveau circulant de glucagon et la glycémie à jeun. La sécrétion de GLP-1 est diminuée chez les sujets diabétiques de type 2, alors que celle du GIP est augmentée. Par ailleurs, chez l’animal, le GLP-1 stimule la prolifération des cellules bêta pancréatiques à partir de cellules précurseurs (effet non démontré chez l’homme). Effet sur la glycémie L’effet incrétine ne fait pas tout ! Et n’est peut-être pas l’essentiel… Des mécanismes qui s’intriquent. On estime que 60 % de la réponse insulinique à un repas est lié à l’effet incrétine (8), mais cet effet ne peut être attribué qu’au seul effet sur la sécrétion d’insuline. Effet sur l’insulinosécrétion et la régulation glycémique En postprandial, la concentration de GIP augmente de façon plus importante que le GLP-1 (jusqu’à 10 fois plus). Les effets potentialisateurs sur la sécrétion d’insuline sont cependant identiques si l’on compare le GLP-1 et le GIP pour des glycémies modérées (9). En revanche, l’effet du GIP s’estompe au-delà de 1,4 g/l alors que celui du GLP-1 reste glucose-dépendant. L’effet incrétine est émoussé chez le sujet diabétique ou obèse, du fait d’une diminution de la sécrétion (GLP-1) et non d’une diminution de l’action sur la cellule bêta. Utilisation splanchnique du glucose Lors d’un clamp hyperinsulinique euglycémique, le débit de glucose permettant de maintenir la gly- cémie est plus important lorsqu’il est perfusé par voie digestive que par voie veineuse à insulinémie identique (10). L’augmentation de l’utilisation du glucose par l’intestin lui-même explique essentiellement cette différence, et non le stockage en glycogène hépatique qui est comparable quelle que soit la voie d’administration. Cela contredit des données anciennes obtenues chez l’animal et remet en cause la présence d’un capteur de glucose (glucose sensor) portal (11). Effet sur l’insulinosensibilité Le GLP-1 a également un effet sur la sensibilité à l’insuline, mis en évidence notamment après shunt biliopancréatique (12), lequel pourrait dépendre de l’action de GLP-1 sur l’hypothalamus. Effets sur la vidange gastrique La vidange gastrique régulatrice des sécrétions des incrétines, elles-mêmes régulatrices de la vidange gastrique. La cinétique de sécrétion Dépendante de la vidange gastrique et du transit dans le grêle Elle dépend essentiellement de la vitesse de vidange gastrique (pour le GIP) et de la vitesse de transit dans le grêle (pour le GLP-1), qui peut être accélérée en cas de nutrition entérale en site duodénal. La nutrition en site jéjunal shunte une partie du segment intestinal le plus riche en cellules K (sécrétion de GIP). Mais on ne dispose d’aucune donnée sur les incrétines et la régulation glycémique dans cette situation. En cas de nutri- Diabète & Obésité • Novembre 2011 • vol. 6 • numéro 53 tion entérale en site gastrique, la sécrétion de GIP dépend essentiellement de la vitesse de vidange gastrique et celle du GLP-1 de la vitesse de transit dans l’intestin grêle (13, 14). L’atténuation des glycémies postprandiales passent aussi par le ralentissement de la vidange gastrique Le GLP-1 participe au frein iléal. Il diminue le tonus gastrique, la motricité antrale et augmente le tonus pylorique. Cet effet est important lorsque les concentrations plasmatiques de GLP-1 sont élevées, apparaissant au-delà de 25 pM/L et devenant significatif à 110 pmol/l (15). La stimulation du nerf vague via une action centrale semble nécessaire à cette action puisque la dénervation la supprime. Après un repas, les concentrations atteignent 15 à 50 pmol/l (16) chez le sujet sain, mais elles sont plus basses chez le patient diabétique (15 à 22 pmol/l) (17). 60 kcal d’une solution de glucose ou d’acides gras perfusée dans l’iléon est suffisante pour entraîner un ralentissement de la vidange gastrique (5). Les acides gras à longue chaîne semblent plus actifs. L’alimentation en site jéjunal inhibe également la sécrétion acide (18). En revanche, l’orlistat (inhibiteur de la lipase pancréatique) entraîne une accélération de la vidange gastrique et une diminution de la sécrétion de GIP (17). Mécanismes de sécrétion : paradoxalement, les lipides au premier plan Les lipides étant les plus forts stimulateurs de la sécrétion de GIP et de GLP-1, les produits 333 Thérapeutique pour diabétiques, riches en lipides, entraînent une sécrétion accrue d’incrétines. Le GLP-1 améliorant aussi l’utilisation du glucose et l’insulinosensibilité, ces formules pourraient avoir un effet favorable sur l’équilibre du diabète (20). Cela pourrait être un argument pour privilégier les formules de nutrition entérale riches en lipides en cas de diabète. La démonstration reste à faire, en choisissant des produits ayant des index glycémiques comparables. L’effet des lipides sur les sécrétions hormonales pourrait dépendre de la taille des particules lipidiques. La sécrétion de différentes hormones digestives (CCK, PYY) est plus importante quand l’émulsion lipidique est de très petite taille (0,26 µm) et fortement atténuée lorsque les lipides sont sous forme de grosses particules (170 µm) (4). Ces constatations pourraient avoir un intérêt pratique très intéressant en nutrition entérale. Autre boucle métabolique : effets sur la lipogenèse L’alimentation grasse stimule la sécrétion de GIP et provoque, chez l’animal, une hyperplasie des cellules K (20). Après instillation de lipides en site duodénal, cette hormone favorise le stockage des acides gras en augmentant la clairance des chylomicrons, en stimulant la lipoprotéine lipase, en favorisant l’utilisation du glucose et le stockage des acides gras (21,22), en inhibant la lipolyse et en augmentant le flux sanguin dans le tissu (23). Le GIP a donc une action sur l’adipocyte qui exprime son récepteur et a un effet potentialisateur sur les 334 effets adipocytaires de l’insuline. La nutrition à but trophique Effets sur la satiété L’administration de GLP-1 entraîne une augmentation de la satiété (24) et une réduction de la prise alimentaire. Cet effet est essentiellement lié à une action centrale sur les noyaux hypothalamiques. Le GLP-1 agit donc directement sur les neurones impliqués dans les centres de la faim et de la satiété. La perte de poids constaté après court-circuit gastrique passe essentiellement par ce mécanisme. Effets sur la vascularisation mésentérique et la muqueuse L’hyperhémie mésentérique mesurée au niveau de l’artère mésentérique supérieure après un repas solide est constatée lors d’une nutrition entérale, en site gastrique comme en site duodénal. L’augmentation du flux vasculaire est plus importante avec les lipides et les protéines et plus faible avec les glucides. Le GIP : impliqué dans l’augmentation du flux mésentérique Effets sur la trophicité digestive Le GIP, comme le glucagon, augmente la vascularisation splanchnique, se traduisant par une augmentation très importante du flux portal, alors que, paradoxalement, le débit de l’artère hépatique diminue. Cet effet est expliqué par l’action du GIP sur la sécrétion d’endotheline-1 (ET-1), vasoconstricteur efficace pour l’artère hépatique et non pour la veine porte. Le GIP stimule par ailleurs la production de NO qui a un effet majeur sur la régulation du débit sanguin (38). Chez le prématuré, la mise en place d’une nutrition entérale permet d’accélérer la maturation de l’intestin grêle, contrairement à la nutrition parentérale qui induit une atrophie intestinale. La nutrition à but trophique consiste à délivrer de faible volume de lait dans le but de favoriser le développement du tractus digestif de l’enfant prématuré. La couverture d’au moins 50 % des apports énergétiques paraît nécessaire pour avoir cet effet. La sécrétion maximale d’hormones digestives est obtenue pour des niveaux d’apport inférieurs aux besoins énergétiques (25). Un effet lié AU GLP-2 Le GLP-2 est un facteur de croissance pour l’entérocyte. L’intestin grêle est particulièrement sensible à cet effet alors que le côlon l’est un peu moins. Cette hormone intestinale accélère la cicatrisation des lésions digestives dans différents modèles de maladies inflammatoires et renforce la barrière intestinale (26). L’effet GLP-2 explique sans doute en grande partie les effets bénéfiques de la nutrition entérale sur les maladies inflammatoires intestinales. Effet antiinflammatoire de la nutrition entérale : rôle des lipides et du GLP-1 Rôle du GLP-1 Une alimentation entérale comportant des lipides réduit la libération de TNF chez l’animal ayant ingéré une endotoxine. Cet effet Diabète & Obésité • Novembre 2011 • vol. 6 • numéro 53 Les incrétines : entre insulinosécrétion et insulinorésistance pourrait être médié par la CCK, par l’activation du système parasympathique (nerf vague) et les récepteurs nicotiniques. Cependant, il disparaît lorsque l’on administre un antagoniste du GLP-1. Ce dernier, connu pour activer le vague, pourrait donc être un médiateur majeur de l’effet anti-inflammatoire provoqué par l’ingestion de lipides (27). Rôle des lipides Les lipides sont les seuls nutriments efficaces et une relation dose-effet a été mise en évidence. Cette alimentation riche en graisses renforce la barrière intestinale et a aussi un effet protecteur sur les lésions entérocytaires et l’inflammation (28). Un effet protecteur de l’alimentation entérale comportant des lipides a également été observé après choc hémorragique, chez l’animal. La diminution des paramètres de l’inflammation sous exénatide va dans ce sens. Rôle des incrétines sur l’apoptose Le GLP-1 et le GLP-2, deux hormones co-sécrétées par les mêmes cellules, ont des effets anti-apoptotiques qui touchent des cellules différentes, conduisant à une préservation des cellules bêta pour le GLP-1 et de l’épithélium intestinal pour GLP-2. Implications pratiques Les effets incrétines en nutrition artificielle ❚❚Quelle nutrition entérale minimale pour améliorer la tolérance au glucose d’une nutrition parentérale ? Il est possible d’utiliser l’effet incrétine pour améliorer l’équilibre glycémique au cours de la nutrition parentérale en y associant un apport de nutriments par voie entérale. En stimulant la sécrétion d’incrétines, l’adjonction de nutrition entérale à une nutrition parentérale serait donc susceptible d’améliorer l’équilibre glycémique par rapport à la nutrition parentérale seule. Une étude cas témoin a montré que si on fournit 30 % des apports caloriques par voie entérale, l’équilibre glycémique est meilleur. Cet effet est attribué, dans ce travail, à l’augmentation de la sécrétion de GIP (29). En outre, la nutrition entérale permet de maintenir la perméabilité intestinale et de limiter les translocations bactériennes. ❚❚Peut-on substituer la NE par une perfusion de GLP-1 ou par l’utilisation d’analogues ? Une étude a analysé l’efficacité d’un traitement par GLP-1 sur l’hyperglycémie secondaire à une nutrition entérale postpylorique. Par rapport à l’insulinothérapie, l’intérêt de cette approche est de diminuer le risque d’hypoglycémie, problème majeur chez les patients agressés en réanimation (30). Dans cette étude préliminaire, aux doses administrées (1,2 pmol/kg/min), ce traitement a un effet significatif mais insuffisant pour atteindre les objectifs glycémiques. Un inconvénient majeur de ces analogues en réanimation est de diminuer la vitesse de vidange gastrique. Dans cette étude, la nutrition entérale était instillée en site duodénal. Un analogue du GLP-1 (exénatide) a été testé chez des enfants brûlés hyperglycémiques, sans bénéfice réel sur l’équilibre glycémique et sur le risque d’hypoglycémies (31). Diabète & Obésité • Novembre 2011 • vol. 6 • numéro 53 Les effets incrétines en chirurgie bariatrique : un rôle essentiel dans le court-circuit gastrique Une méta-analyse récente suggère que le gastric by-pass (GBP) entraîne une rémission du DT2 dans plus de 83 % des cas (33), bien supérieur à l’anneau gastrique (43 %). Chez les patients atteints de DT2, le GBP restaure la sécrétion postprandiale d’insuline indépendamment de la perte de poids (33). L’effet de cette intervention sur la satiété est également bien décrit. Conclusion Les hormones incrétines, GIP et GLP-1, jouent un rôle essentiel dans la régulation de l’homéostasie glucidique en stimulant la sécrétion d’insuline et en inhibant la sécrétion de glucagon. Mais l’effet du GLP-1 sur la glycémie postprandiale va au-delà de l’effet incrétine. Le glucose ingéré est d’abord utilisé par l’aire splanchnique, ce qui explique le moindre effet de cette voie d’administration par rapport à la voie parentérale. D’autre part, le GLP-1 régule la vidange gastrique et la prise alimentaire, ce qui contribue à atténuer l’hyperglycémie postprandiale. Ces hormones agissent également sur le tube digestif lui-même et participent sans doute aux effets bénéfiques de la nutrition entérale sur l’inflammation, la vascularisation, la cicatrisation intestinale, que l’on peut observer dans notre pratique clinique. Notre tube din gestif communique… Mots-clés : Hormone gastro-intestinale, Homéostasie glucidique, Glycémie postprandiale, Nutrition entérale, Chirurgie bariatrique 335 Thérapeutique Bibliographie 1. Cataland S, Crockett SE, Brown JC et al. Gastric inhibitory polypeptide (GIP) stimulation by oral glucose in man. J Clin Endocrinol Metab 1974 ; 39 : 223-8. 2. Falko JM, Crockett SE, Cataland S et al. Gastric inhibitory polypeptide (GIP) stimulated by fat ingestion in man. J Clin Endocrinol Metab 1975 ; 41 : 260-5. 3. Besterman HS, Cook GC, Sarson DL et al. Gut hormones in tropical malabsorption. Br Med J 1979 ; 2 : 1252-5. 4. Seimon RV, Wooster T, Otto B et al. The droplet size of intraduodenal fat emulsions influences antropyloroduodenal motility, hormone release, and appetite in healthy males. Am J Clin Nutr 2009 ; 89 : 1729-36. 5. Layer P, Holst JJ, Grandt D et al. Ileal release of glucagon-like peptide-1 (GLP-1). Association with inhibition of gastric acid secretion in humans. Dig Dis Sci 1995 ; 40 : 1074-82. 6. Jang HJ, Kokrashvili Z, Theodorakis MJ et al. Gut-expressed gustducin and taste receptors regulate secretion of glucagon-like peptide-1. Proc Natl Acad Sci USA 2007 ; 104 : 15069-74. 7. Feinle-Bisset C, Patterson M, Ghatei MA et al. Fat digestion is required for suppression of ghrelin and stimulation of peptide YY and pancreatic polypeptide secretion by intraduodenal lipid. Am J Physiol Endocrinol Metab 2005 ; 289 : E948-53. 8. Nauck MA, Homberger E, Siegel EG et al. Incretin effects of increasing glucose loads in man calculated from venous insulin and C-peptide responses. J Clin Endocrinol Metab 1986 ; 63 : 492-8. 9. Holst JJ et Gromada J. Role of incretin hormones in the regulation of insulin secretion in diabetic and nondiabetic humans. Am J Physiol Endocrinol Metab 2004 ; 287 : E199-206. 10. Fery F, Tappy L, Deviere J et al. Comparison of intraduodenal and intravenous glucose metabolism under clamp conditions in humans. Am J Physiol Endocrinol Metab 2004 ; 286 : E176-83. 11. Vella A, Shah P, Basu R et al. Effect of enteral vs. parenteral glucose delivery on initial splanchnic glucose uptake in nondiabetic humans. Am J Physiol Endocrinol Metab 2002 ; 283 : E259-66. 12. Mingrone G, Nolfe G, Gissey GC et al. Circadian rhythms of GIP and GLP-1 in glucose-tolerant and in type 2 diabetic patients after biliopancreatic diversion. Diabetologia 2009 ; 52 : 873-81. 13. Ledeboer M, Masclee AA, Biemond I et al. Effect of intragastric or intraduodenal administration of a polymeric diet on gallbladder motility, small-bowel transit time, and hormone release. Am J Gastroenterol 1998 ; 93 : 2089-96. 14. Ledeboer M, Masclee AA, Coenraad M et al. Antroduodenal motility and small bowel transit during continuous intraduodenal or intragastric administration of enteral nutrition. Eur J Clin Invest 1999 ; 29 : 615-23. 15. Nauck MA, Niedereichholz U, Ettler R et al. Glucagon-like peptide 1 inhibition of gastric emptying outweighs its insulinotropic effects in healthy humans. Am J Physiol 1997 ; 273 : E981-8. 16. Holst JJ. The physiology of glucagon-like peptide 1. Physiol Rev 2007 ; 87 : 1409-39. 17. Enc FY, Ones T, Akin HL et al. Orlistat accelerates gastric emptying and attenuates GIP release in healthy subjects. Am J Physiol Gastrointest Liver Physiol 2009 ; 296 : G482-9. 18. Layon AJ, Florete OG, Jr., Day AL et al. The effect of duodenojejunal alimentation on gastric pH and hormones in intensive care unit patients. Chest 1991 ; 99 : 695-702. 19. Voss AC, Maki KC, Garvey WT et al. Effect of two carbohydrate-modified tube-feeding formulas on metabolic responses in patients with type 2 diabetes. Nutrition 2008 ; 24 : 990-7. 20. Bailey CJ, Flatt PR, Kwasowski P et al. Immunoreactive gastric inhibitory polypeptide and K cell hyperplasia in obese hyperglycaemic (ob/ob) mice fed high fat and high carbohydrate cafeteria diets. Acta Endocrinol (Copenh) 1986 ; 112 : 224-9. 21. Yip RG, Boylan MO, Kieffer TJ et al. Functional GIP receptors are present on adipocytes. Endocrinology 1998 ; 139 : 4004-7. 22. Beck B, Max JP. Gastric inhibitory polypeptide enhancement of the insulin effect on fatty acid incorporation into adipose tissue in the rat. Regul Pept 1983 ; 7 : 3-8. 23. Evans K, Clark ML, Frayn KN. Effects of an oral and intravenous fat load on adipose tissue and forearm lipid metabolism. Am J Physiol 1999 ; 276 : E241-8. 24. Verdich C, Flint A, Gutzwiller JP et al. A meta-analysis of the effect of glucagon-like peptide-1 (7-36) amide on ad libitum energy intake in humans. J Clin Endocrinol Metab 2001 ; 86 : 4382-9. 25. Lucas A, Bloom SR, Aynsley-Green A. Gut hormones and ‘minimal enteral feeding’. Acta Paediatr Scand 1986 ; 75 : 719-23. 26. Brubaker PL, Drucker DJ. Minireview : Glucagon-like peptides regulate cell proliferation and apoptosis in the pancreas, gut, and central nervous system. Endocrinology 2004 ; 145 : 2653-9. 27. Lubbers T, de Haan JJ, Hadfoune M et al. Chylomicron formation and glucagon-like peptide 1 receptor are involved in activation of the nutritional anti-inflammatory pathway. J Nutr Biochem, Epud ahead of print, 2011. 28. Lubbers T, De Haan JJ, Hadfoune M et al. Lipid-enriched enteral nutrition controls the inflammatory response in murine Gram-negative sepsis. Crit Care Med 2010 ; 38 : 1996-2002. 29. Lidder P, Flanagan D, Fleming S et al. Combining enteral with parenteral nutrition to improve postoperative glucose control. Br J Nutr 2010 ; 103 : 1635-41. 30. Deane AM, Chapman MJ, Fraser RJ et al. The effect of exogenous glucagon-like peptide-1 on the glycaemic response to small intestinal nutrient in the critically ill : a randomised double-blind placebo-controlled cross over study. Crit Care 2009 ; 13 : R67. 31. Mecott GA, Herndon DN, Kulp GA et al. The use of exenatide in severely burned pediatric patients. Crit Care 2010 ; 14 : R153. 32. Buchwald H, Estok R, Fahrbach K et al. Weight and type 2 diabetes after bariatric surgery: systematic review and meta-analysis. Am J Med 2009 ; 122 : 248-56. 33. Laferrere B, Teixeira J, McGinty J et al. Effect of weight loss by gastric bypass surgery versus hypocaloric diet on glucose and incretin levels in patients with type 2 diabetes. J Clin Endocrinol Metab 2008 ; 93 : 2479-85. Vous recherchez un médecin, ou un remplacant pour compléter votre équipe médicale ? 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Voici quelques extraits des conférences les plus marquantes. 1 Classification des TCA : allons-nous vers le DSM-V ?������������������� 2 Contrôle de la prise alimentaire : l’importance des signaux métaboliques ��������������������������������������� 3 Régulation de la prise alimentaire au cours du syndrome de Prader-Willi : les apports de l’imagerie cérébrale ����������������� 4 Conséquences cognitives du diabète et de l’obésité : chez l’enfant et l’adulte ����������������������������������������������������������������������� En bref ����������������������������������������������������������������������������������������������������������� p. 338 p. 340 p. 342 p. 344 p. 345 Les troubles des conduites alimentaires DOSSIER 1 Classification des TCA Allons-nous vers le DSM-V ? n Les troubles des conduites alimentaires n’ont pas les mêmes définitions pour les somaticiens et les psychiatres. Quelles méthodes privilégier ? Faut-il repenser la classification ? P our définir les troubles des conduites alimentaires (TCA), les psychiatres élaborent des critères diagnostiques sur des arguments statistiques. C’est-à-dire qu’un panel d’experts analysant la sémiologie clinique de patients dont le diagnostic est fait (par exemple anorexie mentale) classent les signes et symptômes en fonction de la fréquence avec lesquels ils sont observés. Ce n’est pas la même approche que la nôtre qui est plutôt physiopathologique : à partir de ce que nous comprenons de la maladie, nous associons des signes comme évocateurs voire pathognomoniques de la maladie. Parfois la définition de la maladie se fait à partir d’une définition biologique. Ainsi le diabète est défini à partir d’une glycémie, et d’un seuil à partir duquel les complications deviennent très probables. La classification DSM-IVR Pour les TCA, le collège des psychiatres américains a proposé en 1993 la classification DSM-IVR. Celle-ci reconnaît deux formes principales de TCA. • Le tableau 1 rapporte la définition de l’anorexie mentale (notons qu’il y a peu de référence à une valeur * Unité de nutrition, CHU de Toulouse 338 Pr Patrick Ritz* Tableau 1 – ANOREXIA NERVOSA : définition du DSM-IV, 1993 (Diagnostic and Statistical Manual). A. Refus de maintenir un poids égal ou supérieur au poids minimum compte tenu de l’âge et de la taille. B. Peur intense de prendre du poids ou de devenir gros, même avec un poids anormalement bas. C. La forme et le poids du corps sont perçus de façon anormale, le jugement porté sur soi-même est indûment influencé par la forme et le poids du corps, ou il existe un déni des conséquences du bas poids corporel. D. Chez les femmes pubères, aménorrhée, c’est-à-dire absence de règles durant au moins 3 cycles consécutifs. • Type restrictif : pendant l’épisode actuel d’anorexie mentale, le sujet n’a pas, de manière régulière, présenté de crises de boulimie ni recouru aux vomissements provoqués ou à la prise de purgatifs (c’est-à-dire laxatifs, diurétiques, lavements). • Type avec vomissements ou prise de purgatifs : pendant l’épisode actuel d’anorexie mentale, le sujet a présenté des crises de boulimie et/ou recouru aux vomissements provoqués ou à la prise de purgatifs (c’est-à-dire laxatifs, diurétiques, lavements). chiffrée du poids, et à la façon de s’alimenter). • Le tableau 2 rapporte la définition de la boulimie nerveuse. • Les autres troubles font partie de EDNOS (Eating Disorders Not Overwise Specified, ou TCA atypiques). C’est le cas des compulsions ou crises boulimiques. La définition est plus complexe, mais surtout se caractérise par le fait que le patient n’a pas recours à des comportements de purge (vomissements, diurétiques, exercice physique, jeûne). Dans les autres TCA atypiques, par exemple anorexie mentale ou boulimie nerveuse pour lesquelles il manquerait un signe à la définition, que se passe-t-il ? C’est un des enjeux du DSM-V dont nous devrions voir la sortie en 2012. Une classification plus fine A cet égard, une méta-analyse très intéressante a été réalisée. Elle a consisté à recueillir toutes les études sur les TCA qui analysaient si le retrait d’un des signes cliniques modifiaient le profil des patientes dans trois dimensions : • la présentation du TCA lui-même, • la psychopathologie associée, • les conséquences somatiques (par exemple sur les carences, la densité osseuse…). Diabète & Obésité • Novembre 2011 • vol. 6 • numéro 53 Anorexie mentale Le plus démonstratif est pour l’anorexie mentale où l’analyse porte sur 84 études. Le retrait du signe aménorrhée ne change pas ces 3 dimensions. Il en est de même si on retire deux signes sur 4, sauf si cela concerne la peur de grossir, auquel cas la présentation clinique du TCA diffère (1). Finalement, cela suggère qu’il y a une continuité entre les anorexies atypiques et les formes typiques et que l’aménorrhée ne peut être retenue comme un signe diagnostique (que ferait-on d’une jeune femme à qui on donnerait un œstro-progestatif à visée de protection osseuse ?) mais comme un signe d’alerte. Boulimie Ce n’est pas la même chose pour la boulimie, où le retrait des signes cliniques conduit à des présentations différentes dans les trois dimensions (conduites alimentaires, psycho-pathologies et conséquences somatiques). Tout se passe alors comme s’il n’y avait pas de continuité entre les TCA atypiques et la boulimie, et que la boulimie nerveuse était vraiment une pathologie à part. Tableau 2 - BULIMIA NERVOSA : définition du DSM-IV, 1993 (Diagnostic and Stastical Manual). A. Episodes récurrents d’hyperphagie incontrôlée. 1. Prises alimentaires, dans un temps court inférieur à 2 heures, d’une quantité de nourriture largement supérieure à celle que la plupart des personnes mangeraient dans le même temps et dans les mêmes circonstances. 2. Une impression de ne pas avoir le contrôle des quantités ingérées ou la possibilité de s’arrêter. B. L e sujet met en œuvre des comportements compensatoires visant à éviter la prise de poids (vomissements provoqués, prises de laxatifs ou de diurétiques, jeûnes, exercice excessif ). C. L es épisodes d’hyperphagie incontrôlée et les comportements compensatoires pour prévenir une prise de poids ont eu lieu en moyenne 2 fois par semaine durant au moins 3 mois. D. L e jugement porté sur soi-même est indûment influencé par la forme et le poids du corps. E. Le trouble ne survient pas au cours d’une anorexie mentale. Conclusion Il est donc probable que nous allons voir des définitions évoluées dans DSM-V (pour l’anorexie et pas pour la boulimie), avec sans doute les crises compulsives comme des TCA typiques (tant ils sont fréquents). Cela va nous demander un effort pour bien caractériser la sémiologie des patients mais cela paraît fondamental tant ces TCA interfèrent (et de façon souvent cachée) dans l’équilibre DOSSIER Les troubles des conduites alimentaires glycémique et dans la régulation du poids. n Bibliographie 1. Thomas JJ, Vartanian LR, Brownell KD. The Relationship between eating disorder not otherwise specified (EDNOS) and officially recognized eating disorders: méta-analysis and implications for DSM. Psychol Bull 2009 ; 135 : 407-33. Mots-clés : Troubles des conduites alimentaires, Classification, DSM, Boulimie, Anorexie Bulletin d’abonnement à Diabète & Obésité • Déductible de vos frais professionnels dans son intégralité • Pris en charge par le budget formation continue des salariés A nous retourner accompagné de votre règlement à : Expressions Santé 2, rue de la Roquette – Passage du Cheval Blanc, Cour de Mai - 75011 Paris Tél. : 01 49 29 29 29 - Fax. : 01 49 29 29 19 - E-mail : [email protected] 4 Je m’abonne pour 10 numéros q Abonnement 65 E TTC (au lieu de 80 E prix au numéro) q Institutions 70 E TTC q Etudiants 40 E TTC (joindre photocopie de la carte d’étudiant) Diabète 53 Frais de port (étranger et DOM TOM) q + 13 E par avion pour les DOM-TOM et l’UE q + 23 E par avion pour l’étranger autre que l’UE Diabète & Obésité • Novembre 2011 • vol. 6 • numéro 53 http://www.diabeteetobesite.org/ q Pr q Dr q M. q Mme q Mlle Nom : . .................................................................................................................... Prénom : . .............................................................................................................. Adresse d’expédition : ..................................................................................... .................................................................................................................................. Code postal : . ......................... Ville : ............................................................... Tél. : _ _ . _ _ . _ _ . _ _ . _ _ ; Fax : _ _ . _ _ . _ _ . _ _ . _ _ Mail : ...................................................................................................................... Règlement q Chèque à l’ordre d’Expressions Santé q Carte bancaire N° : Expire le :Cryptogramme : *(bloc de 3 chiffre au dos de votre carte) Signature obligatoire e 339 Les troubles des conduites alimentaires L’importance des signaux métaboliques n Depuis 1994 et la découverte de la leptine, nous pensons la régulation de la prise alimentaire comme des boucles d’influences positives et négatives sur les centres hypothalamiques de la faim, ou sur les centres de la satiété. La leptine (issue du tissu adipeux) et l’insuline sont vues comme des signaux anorexigènes, alors que la ghréline est vue comme un signal orexigène. Revue détaillée, d’après la conférence de Christophe Magnan (Paris). D Qu’est-ce que le malonyl CoA ? Le malonyl CoA est le résultat de la condensation de deux acétyl-CoA sous l’influence de l’ACC (acétyl CoA carboxylase). C’est la première étape sur la voie de la lipogenèse (l’hélice de Linen accroissant de deux par deux carbones jusqu’à obtenir un acide gras de la longueur voulue, C14, C16, C18…). Le malonyl CoA est aussi un inhibiteur de l’entrée des acides gras dans la mitochondrie par la CPT-1, étape limitante de leur oxydation. Dès que l’acide gras est entré, rien ne l’empêche plus d’être oxydé. On voit donc un carrefour métabo- Pr Patrick Ritz* Tissu adipeux Adiponectine NPY/ AgRP Résistine Leptine Ghréline POMC/c ART GLP-1 Tractus gastro-intestinal Pancréas Facteurs anorexigènes e plus en plus de peptides sont décrits, avec une balance entre les couples orexigène (NPY-AgRP) et anorexigène (POMC, CART) dans de nombreux neurones. La figure 1 explique ces grandes influences dans le noyau arqué. Pourtant, il apparaît que des neurones sont spécialisés dans la détection de signaux métaboliques intracellulaires (acides gras, glucose). Le malonyl CoA apparaît comme un senseur métabolique très important. Facteurs orexigènes DOSSIER 2 Contrôle de la prise alimentaire NPY/ AgRP Anandamide Insuline 2-AG POMC/c ART Aires centrales et périphériques Figure 1 - Mise en place des régulations de la prise alimentaire par les hormones au niveau du noyau arqué de l’hypothalamus (1). Ces neurones intègrent des signaux issus du tissu adipeux (en noir), du pancréas (en bleu) et du tube digestif (en blanc). Les voies orexigènes sont à gauche et les voies anorexigènes sont à droite. Les flèches vertes stimu- *Unité de nutrition, CHU de Toulouse 340 lent, les rouges inhibent. Diabète & Obésité • Novembre 2011 • vol. 6 • numéro 53 lique très important : • quand le malonyl CoA augmente, le signal est anabolique (la synthèse des acides gras et l’inhibition de leur oxydation en les empêchant de rentrer dans la mitochondrie) ; • quand le malonyl CoA diminue, le signal est catabolique. Ceci est très net au niveau du foie. La production du malonyl CoA est régulée par l’AMP kinase (qui inhibe sa synthèse et favorise sa dégradation). (+) Glucagon Glucose Insuline En bref, sans remettre en cause les Ghréline Leptine α-MSH (-) NPY IR GLUT3 Y5 (+) (-) Adipo R1 augmenté ??? MCR CamKK2 PPARα ??? (-) AMPK (+) Acétyl CoA (-) mTOR ACC (?) Diminution de l’appétit ??? LR GR (+) (+) Influence alimentaire Le malonyl CoA : une pièce maîtresse ? Jeûne Adiponectine (-) Au niveau hypothalamique, le jeûne (déplétion d’énergie) active l’AMP kinase et diminue le malonyl CoA. La ghréline augmente la forme phosphorylée de l’AMP kinase (active), diminue le malonyl CoA et active la prise alimentaire. A l’inverse, la leptine augmente le malonyl CoA et diminue la prise alimentaire. La ghréline et la leptine sont donc les Dupond et Dupont de la prise alimentaire. Cependant, le malonyl CoA par lui-même apparaît comme le senseur métabolique de la régulation de la prise alimentaire. En effet, les animaux dont le gène de l’AMP kinase est invalidé prennent du poids, alors que ceux dont le gène est surexprimé sont minces. Il en est de même pour ceux dont la lipogenèse est bloquée (invalidation de la Fatty acid synthase), qui ont de ce fait un malonyl CoA élevé en permanence et qui sont minces et résistants à la prise de poids. Ou encore, les animaux dont l’oxydation des acides gras est bloquée, (malonyl CoA élevé), chez qui les injections de ghréline sont sans effet orexigène. DOSSIER Les troubles des conduites alimentaires Augmentation de l’appétit MCD Malonyl CoA (-) ??? Menbrane mitochondriale externe Menbrane mitochondriale interne CTP1 Neurone Membrane plasmatique Figure 2 – La régulation de la prise alimentaire au cours du jeûne. Intrications entre les facteurs métaboliques. Au cours du jeûne prolongé, les concentrations plasmatiques de glucose, insuline, leptine et les concentrations de a-MSH sont réduites, en même temps que celles de ghréline et AgRP sont augmentées. Tout cela conduit à activer l’AMP kinase, qui agit par deux mécanismes (inhibition de l’ACC et de la voie mTOR). La réduction du malonyl CoA dans les neurones hypothalamiques stimule l’appétit. Des inconnues persistent quant à l’effet de l’activation PPAR et de NPY. actions régulatrices sur la prise alimentaire des hormones périphériques (leptine, ghréline, insuline), il apparaît que des populations très spécialisées de neurones hypothalamiques sont des senseurs métaboliques et que le malonyl CoA est une pièce importante de cette régulation. D’autres neurones sont des senseurs du glucose ou de certains acides gras et influencent aussi la prise alimentaire. La cartographie des capacités de régulation Diabète & Obésité • Novembre 2011 • vol. 6 • numéro 53 de l’appétit progresse. Un exemple est donné au cours du jeûne dans la figure 2. n Bibliographie 1. Lopaschuk GD, Ussher JR, Jaswal JS. Targeting intermediary metabolism in the hypothalamus as a mechanism to regulate appetite. Pharmacol Rev, 2010 ; 62 : 237-64. Mots-clés : Contrôle alimentaire, Signaux métaboliques, Leptine, Ghréline, Molonyl CoA 341 Les troubles des conduites alimentaires DOSSIER 3 Régulation de la prise alimentaire au cours du syndrome de Prader-Willi Les apports de l’imagerie cérébrale n Pierre Payoux a proposé une histoire très simplifiée de la régulation de la prise alimentaire au cours du syndrome de Prader-Willi. En particulier, il est revenu au cours de la conférence sur l’apport de l’imagerie cérébrale. Quelques prérequis • Le syndrome de Prader-Willi (SPW) est une obésité précoce, d’origine génétique, associant des troubles du comportement (dont du comportement alimentaire), avec un retard mental et de nombreuses anomalies endocriniennes, dont une élévation notable en ghréline. • L’imagerie cérébrale est capable d’analyser les débits sanguins cérébraux, critères indirects d’activation de certaines zones cérébrales. Ce sont maintenant des examens de routine, peu invasifs et précieux compte tenu de la capacité à identifier des activités métaboliques dans des zones bien définies. Pr Patrick Ritz* Les causes des troubles alimentaires dans le sPW d’aliments donne donc envie de manger aux patients SPW. Les réseaux neuronaux liés à la récompense sont impliqués L’hyperphagie serait due à un retard d’acquisition de la satiété En effet, après consommation de 75 g de glucose, les témoins mettent 10 minutes à être rassasiés, les obèses 15 minutes et les patients atteints du syndrome de Prader-Willi (SPW) 23 minutes. Ce sont les résultats de mesure de débit sanguin au niveau du cortex frontal mésial, zone influant sur la satiété et sur les stratégies alimentaires. Cette anomalie de satiété estelle suffisante pour autant ? * Unité de nutrition, CHU de Toulouse 342 L’expérience est maintenant faite à jeun, en montrant des images neutres (animaux, outils) ou d’aliments. Chez les témoins, la vision des images active des zones occipitales (correspondant à la vision) alors que, chez les SPW, les images d’aliments activent des zones du cortex frontal qui correspondent à la motivation à manger. L’image L’expérience compare des patients SPW à des témoins appariés pour l’IMC et le déficit intellectuel, en montrant des images neutres (meubles) vs des aliments (chips, tomates), puis dans un second temps des gâteaux vs des fruits. Les témoins activent le cortex frontal mésial (satiété, stratégies alimentaires) et l’aire singulaire (éléments affectifs) alors que les SPW activent l’hypothalamus et l’amygdale. Dans la deuxième épreuve, il n’y a pas de différence entre les deux aliments chez les contrôles, mais une hyper-activation du cortex frontal antérieur (OFC) et du cervelet chez les SPW à la présentation des gâteaux. Les patients atteints de SPW ont donc tout ce qu’il faut pour manger (en grande quantité) : • une hyperactivité de l’hypothalamus (qui stimule la recherche de nourriture), Diabète & Obésité • Novembre 2011 • vol. 6 • numéro 53 • un renforcement de la notion de récompense (OFC), • une hyperactivité de l’amygdale (motivation). Au-delà du comportement alimentaire En utilisant la TEP sans activation (sans montrer d’image), une hypoperfusion majeure est mise en évidence dans le singulum antérieur (réseau motivationnel) et dans les zones pariétales, en relation avec les scores neuropsychologiques. II en est de même dans le cortex or- bito-frontal (OFC). De plus, avec des IRM à très haute résolution, avec mesure de l’épaisseur du cortex, des anomalies anatomiques cérébrales pourraient interpréter les différences de débit. Conclusion L’hypothèse synthétique (qui reste à valider) pourrait être que les patients SPW ont d’une part tout ce qu’il faut pour manger (une hyperactivité de l’hypothalamus - qui stimule la recherche de nourriture -, un renforcement de la notion de récompense - OFC -, une hyperactivité de l’amygdale - motivation -), en réponse à un défaut anatomique et de perfusion qui les conduiraient à sur-stimuler les zones déficitaires (satiété) avec pour conséquences l’hyperphagie et les troubles des conduites alimentaires. Quel est l’œuf de la poule ? La suite le dira... n Mots-clés : Troubles des conduites alimentaires, Régulation, Prise alimentaire, Syndrome de Prader-Willi, Imagerie cérébrale Retrouvez Diabète & Obésité et les revues du Groupe Expression sur le web Abonnez-vous à l’une des revues et accédez aux archives de tous les magazines et feuilletez les numéros en ligne *L’abonnement à l’une des revues du Groupe Expression vous permet de bénéficier d’un accès illimité et gratuit à l’intégralité des sites du Groupe Expression : www.cardinale.fr - www.neurologies.fr www.ophtalmologies.org - www.onko.fr www.geriatries.org - www.rhumatos.fr Diabète & Obésité • Novembre 2011 • vol. 6 • numéro 53 www.diabeteetobesite.org *Accès gratuit réservé aux abonnés Retrouvez toutes nos applications iPhone : d Fil d’actualités d Annonces d’emploi dR evues en consultation Déjà disponibles gratuitement sur l’Apple Store 343 Neurologies Cardinale Rhumatos DOSSIER Les troubles des conduites alimentaires Les troubles des conduites alimentaires DOSSIER 4 Conséquences cognitives du diabète et de l’obésité Chez l’enfant et l’adulte n Une altération des capacités cognitives, en dehors du contexte de la démence (vasculaire ou Alzheimer) influence la qualité du traitement. Même si les grandes altérations de mémoire et de compréhension des objectifs de traitement sont rares, des anomalies plus discrètes, que nous n’avons pas l’habitude de rechercher, pourraient altérer les capacités d’adaptation fines au traitement, aux prises de décision… Caroline Sanz fait la synthèse de la littérature. Pr Patrick Ritz* Qui est concerné ? Des anomalies fines peuvent perturber la qualité du suivi du traitement. Cela toucherait environ 20 % des patients avec deux types d’altération : • les modifications de la mémoire, de la perception, du langage ou du raisonnement d’une part, • les perturbations des fonctions exécutives (c’est-à-dire d’adaptation à l’environnement). Chez l’enfant A partir d’un registre suédois, où plus de 5 000 diabétiques de type 1 sont suivis (sur plus d’un million d’enfants), les risques d’interruption de scolarité sont 2 fois plus grandes si le diabète arrive avant l’âge de deux ans. La probabilité de ne pas réussir aux examens et de ne pas changer de classe est plus grande si le diabète apparaît avant l’âge de 5 ans. Ceci est valable après ajustement sur les niveaux sociaux des parents. Il en est de même des hypoglycémies sévères dont le nombre affecte la mémoire quand on considère celles qui apparaissent avant 5 ans, ce qui n’est pas * Unité de nutrition, CHU de Toulouse 344 le cas des hypoglycémies sévères après l’âge de 5 ans. Les effets portent surtout sur les fonctions exécutives. Il semble donc que cela soit plutôt l’effet de l’hyperglycémie chronique. L’obésité quant à elle (l’IMC) ne semble pas affecter les capacités de calcul, de lecture ou de mémoire, mais affecte les tests cognitifs plus subtils testant les fonctions exécutives. Chez les adultes Tant les études de suivi du DCCT que les analyses de revue suggèrent que les hypoglycémies sévères n’affectent pas la mémoire ou les tests cognitifs. L’exposition chronique à l’hyperglycémie semble expliquer les anomalies des fonctions exécutives. L’IMC est là aussi associé de façon continue à un effet négatif sur la mémoire et l’efficacité psychomotrice. Chez les plus âgés, en dehors de la démence, une revue de 17 études montre un impact du diabète sur le déclin cognitif, touchant la mémoire, les fonctions exécutives et la vitesse d’exécution. La durée du diabète a un effet plus significatif que le niveau d’HbA1c au moment de l’étude, mais le diabète a un effet “dose-réponse” puisque plus net que chez les patients simplement hyperglycémiques à jeun. Ces constats résistent à l’ajustement pour les principaux facteurs de risque. Au total Les hypoglycémies sévères ont un effet délétère quand elles apparaissent tôt. Les altérations cognitives observées touchent des fonctions élaborées (exécutives d’adaptation). Elles sont à la fois la conséquence de l’IMC et de l’hyperglycémie chronique. On peut évoquer une atteinte microvasculaire de la substance blanche diffuse pour atteindre des fonctions élaborées, avec des questions sur la toxicité cellulaire du glucose (AGE, stress oxydant), voire en relation avec une insulinorésistance ou des anomalies du métabolisme de l’insuline dans les zones cérébrales où elle passe la barrière hén mato-encéphalique. Mots-clés : Troubles des conduites alimentaires, Classification, DSM, Boulimie, Anorexie Diabète & Obésité • Novembre 2011 • vol. 6 • numéro 53 Les troubles des conduites alimentaires DOSSIER En BREF Le handicap mental de l’enfant Fréquemment associé à l’obésité Introduction • Les obésités chez ces enfants sont très souvent sévères (> 80 % des cas) avec un retard diagnostique et une méconnaissance quasi constante du rebond précoce d’adiposité. • L’impact fonctionnel est très important avec asthénie, algies diverses, dyspnée, majoration de la stigmatisation et perte de qualité de vie, tous facteurs largement sous-estimés. Le risque d’insulinorésistance est élevé et le risque cardiovasculaire est multiplié par 6. • Certains facteurs spécifiques sont à rechercher car ils concourent à l’excès de poids. 1. Une situation de quiétude et de refuge. Les troubles du comportement ou psychologiques majorent le déséquilibre alimentaire, avec des prises compulsives ; des choix ultra-sélectifs, une déstructuration des repas avec un aspect © philidor - Fotolia Le Pr C. Ricour (Hôpital Necker, Paris) a synthétisé son expérience de cette association. Elle concerne environ 25 à 30 % des enfants avec troubles de l’apprentissage, ou en éducation spécialisée, 42 % des autistes et 55 % des enfants porteurs d’une trisomie 21. addictif. Le sommeil nocturne est écourté, l’activité physique est très réduite. 2. La réactivité de l’environnement familial ou éducatif n’est pas adaptée. Il y a une culpabilité parentale, une mise en échec des professionnels, éléments ni re- Diabète & Obésité • Novembre 2011 • vol. 6 • numéro 53 connus ni partagés, générant un climat de conflits. Le jeune évolue entre le centre et la maison, avec des champs et des repères étanches. Il s’adapte dans une logique de récompense et de refuge. 3. Les neuroleptiques ont un rôle n incontestable. Comment faire face ? Quelques pistes simples 1. Créer un accompagnement partagé et global de l’enfant et de la famille dans le double environnement (maison, centre), avec des objectifs simples, lisibles et réalistes : augmenter la qualité de vie. 2. Créer un nouvel environnement au centre et à la maison, avec information, formation, et compétences partagées (alimentation, activité physique). 3. S’attacher à des micro-objectifs alimentaires (arrêt du grignotage sur une période) et passer de la sédentarisation passive à la sédentarité active. Rechercher le plaisir de l’enfant et la valorisation de tous. 345 Les troubles des conduites alimentaires En BREF DOSSIER Régulation de l’appétit chez l’anorexique mental Les aspects biologiques Introduction Le Pr W. Kaye (La Jolla, Californie) a rappelé que les études avec imageries cérébrales vont bouleverser nos a priori sur le caractère purement psychiatrique de cette maladie. Quels sont les éléments de la régulation de la prise alimentaire ? Au-dessus de l’hypothalamus et des circuits classiques de régulation, des zones sont très importantes. La faim motive à manger chez les sujets normaux, alors que les aliments deviennent ou sont aversifs chez les anorexiques, avec une satiété induite par la monotonie alimentaire. Le caractère plaisant de certains aliments (sucrés) disparaît, et cette réduction est probablement préexistante au TCA. Cela est observé avec des tests au goût sucré et l’interférence de la restriction alimentaire sur les activations des circuits reliant l’amygdale, le cortex frontal antérieur et le striatum. Les aires insulaires inhibent le striatum et le plaisir à manger au cours de la restriction alimentaire. 346 © Aldo Murillo - iStockphoto On comprend mal la restriction alimentaire, combinaison d’alimentations inhabituelles, en particulier parce que les sujets normaux ont des systèmes qui empêchent la chronicité de la restriction. Il y a encore beaucoup de chemin à parcourir pour comprendre quelle est la part acquise de la part préexistante de ces anomalies et comment les moduler. n Diabète & Obésité • Novembre 2011 • vol. 6 • numéro 53 éducation Thérapeutique L’entretien motivationnel Un véritable état d’esprit Dr Monelle Bertrand* Introduction Historique Les origines L’entretien motivationnel s’est développé au cours des années 1980 aux Etats-Unis et au RoyaumeUni, initialement dans le champ de l’alcoologie, sous l’impulsion de William Miller et Stephen Rollnick, tous deux psychologues. addictions. Ainsi, leur dernier ouvrage, traduit en français, Pratique de l’entretien motivationnel : communiquer avec le patient en consultation (2), s’adresse à tous les intervenants de santé « qui consacrent du temps à encourager * Unité de nutrition, Service d’endocrinologie, CHU de Toulouse Définition de Miller et Rollnick Les auteurs définissent l’entretien motivationnel comme « une méthode de communication directive centrée sur le patient visant à augmenter la motivation intrin- La lutte avec l’ambivalence est une caractéristique normale du fonctionnement psychique humain devant toute perspective de changement. Les ouvrages de référence Cette méthode a été formalisée dans un premier ouvrage de Miller et Rollnick, Motivational Interviewing, en 1991 (1). Il leur est ensuite rapidement apparu que cette méthode pouvait être utile en dehors du champ des © JPC-PROD - Fotolia L’entretien motivationnel est une approche relationnelle répondant à des critères de définition et de mise en œuvre précis, dont la formalisation évolue en fonction des réflexions et des recherches effectuées par ses “inventeurs”, William Miller et Stephen Rollnick. Il ne s’agit ni d’une forme de psychothérapie, ni de l’assortiment de techniques qui auraient comme objectif d’entraîner le patient à faire ce qu’il ne souhaite pas faire, mais d’un véritable état d’esprit visant à augmenter la motivation au changement d’un patient. Ainsi, l’article qui va suivre est basé sur le concept de Miller et Rollnick, où l’entretien motivationnel est conçu comme une “manière d’être”. Volontairement, il sera centré sur l’esprit et les principes, en y intégrant les outils. Ce type d’approche semble aujourd’hui indispensable dans la prise en charge de maladies chroniques comme le diabète et l’obésité, où il est question de changement de comportement. les patients à envisager un changement de comportement ». En effet, ils considèrent que la lutte avec l’ambivalence (Lexique) est une caractéristique normale du fonctionnement psychique humain devant toute perspective de changement. Diabète & Obésité • Novembre 2011 • vol. 6 • numéro 53 sèque au changement par l’exploration et la résolution de l’ambivalence » (1). Dans leur dernier ouvrage, Miller et Rollnick donnent plus de place à ce qu’ils nomment le “discourschangement” (Lexique) chez le patient, maintenant reconnu comme 347 éducation Thérapeutique facteur prédictif de changement. Ce type de discours est donc à susciter et à apprendre à repérer dans les paroles des patients. En clarifiant par sous-types (le désir, la capacité, les raisons, le besoin et l’engagement), cela permet de l’observer plus facilement. Ainsi, ils redéfinissent l’entretien motivationnel comme un style de communication collaboratif, orienté vers un but et qui porte une attention particulière au langage de changement. L’intention derrière ce type d’entretien est de renforcer la motivation et l’engagement pour un objectif de changement par l’exploration et l’évocation des arguments en faveur du changement (2). Lexique un style d’entretien • Empathie PATHIE = ce qu’on éprouve. Avec l’exemple de la détresse : • A-PATHIE = Ignore la détresse ; • ANTI-PATHIE = Rejette, refuse la détresse ; • SYM-PATHIE = Partage la détresse ; • EM-PATHIE = Perçoit et comprend la détresse d’autrui sans la partager. Il s’agit d’activer les propres motivations du patient, avec comme préalable que l’intervenant influence la motivation du patient, dans le bon ou le mauvais sens, en fonction de la manière dont il parle avec le patient. Miller et Rollnick envisagent donc la motivation comme un processus interpersonnel et non comme un état d’esprit. La responsabilité du patient dans son cheminement est mise en avant (2). Quand et pour quel public ? Public cible : les patients ambivalents Cet état est rapidement repérable dans les paroles du patient qui utilisera souvent le « oui, mais… » « Je sais qu’il faudrait que j’arrête, mais… » Le patient est en lutte, dans une immobilité conflictuelle. Quelle utilisation ? Ainsi, l’entretien motivationnel est utile dans les situations suivantes : 348 • Ambivalence La définition de l’ambivalence dans le dictionnaire Petit Robert est « le caractère de ce qui comporte deux composantes de sens contraire ». Exemple : ambivalence affective : état de conscience comportant des dispositions affectives contraires. • Congruence En psychothérapie, congruence est le terme employé par Carl Rogers pour indiquer une correspondance exacte entre l’expérience et la prise de conscience. En géographie, la congruence est “l’adaptation réciproque”. En anatomie, on parle de congruence des surfaces articulaires. Deux surfaces sont congruentes lorsqu’il y a un emboîtement parfait. • Discours-changement Il peut être entendu sous six thèmes différents : le Désir, la Capacité (aptitude), les Raisons, les Besoins (nécessité), l’Engagement et les Premiers pas. Cette distinction n’est pas là pour permettre une classification (sans intérêt), mais pour faciliter la reconnaissance de ce type de discours et les questions à poser pour le faire émerger. • Questions ouvertes Elles s’opposent aux traditionnelles questions fermées utilisées dans le recueil d’informations ou l’interrogatoire médical « Avez-vous mal aux genoux ? » Les questions fermées permettent à l’intervenant d’obtenir des informations sur ce qui lui semble important, alors que les questions ouvertes invitent le patient à dire ce qui lui paraît important à ses yeux et donc ce qu’il ressent ou perçoit : « Qu’est-ce qui vous gêne le plus ? » • Reflet, refléter, écoute réflective Il s’agit d’un exercice difficile qui consiste à renvoyer à la personne un court résumé de son discours (sous forme d’affirmations et non de questions), pour prouver une écoute active, s’assurer d’une bonne compréhension de ce qu’a voulu dire le patient et servir de guide en sélectionnant une partie de son discours, et donc en l’orientant vers l’explicitation de son ambivalence, sa motivation, son discours-changement. D. Lécallier écrit : « L’écoute réflective se pratique avec un jeu de nuances qualitatives (répétition, reformulation, paraphrase, reflets des sentiments) et quantitatives (reflet simple, amplifié, sous-évalué, double reflet). » (10) Miller et Rollnick proposent de faire au moins deux reflets par question posée (2). • lorsque l’on considère qu’un changement de comportement est nécessaire pour améliorer ou préserver l’état de santé d’un patient ; • lorsque l’on est face à une personne ambivalente à l’égard du changement ; • lorsque l’on veut aider à la prépa- Diabète & Obésité • Novembre 2011 • vol. 6 • numéro 53 L’entretien motivationnel ration au changement ; • lorsque l’on veut faire baisser les résistances. Principes structurants “4E” : 4 stratégies générales d’intervention Éviter le réflexe correcteur Il s’agit pour les soignants de lutter continuellement contre un désir puissant, un réflexe : celui d’apporter des solutions, de suggérer, d’essayer de persuader, de prescrire du changement. Argumenter en faveur du changement a un risque fort d’effet paradoxal : le patient argumente l’autre versant de l’ambivalence, or « on tend à croire ce qu’on s’entend dire » (2). Le patient s’enracine donc dans la défense du statu quo. Il va se placer dans la résistance à la persuasion. « Il y a quelque chose dans l’hu- dénommé “déclarations d’automotivation”) qui décrit la large catégorie des éléments de discours favorisant le changement. Il y a plus d’intérêt à demander au patient pour quelles raisons il voudrait opérer ce changement et de quelle manière, plutôt que de lui dire qu’il devrait changer. Le questionnement doit être réalisé sous la forme de questions ouvertes (Lexique) : • « Qu’est-ce que vous souhaitez…? » désir ; • « Comment vous y prendriezvous ? » capacité ; • « Quelles sont pour vous les trois meilleures raisons ? » raisons ; • « A quel point est-ce important pour vous ? » besoin (Encadré). Écouter avec empathie (Lexique) ❚❚Définition de l’empathie Guy Azoulay retrace l’historique de l’empathie dans le soin (4) : Carl Rogers a été le premier psychothé- « Il y a quelque chose dans l’humaine nature qui résiste à l’idée de faire les choses qu’on veut nous imposer. » maine nature qui résiste à l’idée de faire les choses qu’on veut nous imposer. » (2) Explorer et comprendre les motivations du patient Le patient verbalise lui-même les arguments au changement. L’entretien motivationnel doit aider le patient à exprimer en quoi le changement de comportement est cohérent avec ce qui compte pour lui. L’intervenant lui sert de guide. Le soignant est expert du problème/maladie, le patient de son vécu. Il s’agit de favoriser le discourschangement (antérieurement rapeute à mettre en lumière le rôle essentiel de la relation dans l’efficacité thérapeutique. Dans des publications parues entre 1940 et 1950, il décrit ce qu’étaient, selon lui, les trois conditions critiques permettant aux thérapeutes de promouvoir l’autoactualisation de leurs patients : avoir une attitude de compréhension empathique, faire preuve d’une estime positive et sans condition, être en congruence (Lexique). Carl Rogers définit ainsi l’empathie : « Etre empathique consiste à percevoir avec justesse le cadre de référence interne de son interlocuteur ainsi que les raisonnements et Diabète & Obésité • Novembre 2011 • vol. 6 • numéro 53 émotions qui en résultent… C’est-àdire capter la souffrance ou le plaisir tels qu’ils sont vécus par l’interlocuteur, en percevoir les causes de la même façon que lui… » ❚❚Rôle de l’écoute active L’objectif de cette écoute active est d’accéder à des informations importantes et de comprendre au mieux le point de vue et le ressenti de l’autre, mais aussi de favoriser le changement par elle-même. ❚❚Comment exprimer l’empathie ? Soit en exprimant directement sa compréhension, soit en reflétant pensées et émotions sans porter de jugement (renvoyer au patient un résumé de ce qu’on a compris de son discours). Dans le cadre de l’entretien motivationnel, il peut être particulièrement intéressant de refléter la résistance et le discours-changement. Encourager l’espoir et l’optimisme, renforcer le patient Un des objectifs de l’entretien motivationnel est de renforcer le sentiment d’efficacité personnelle, d’augmenter la confiance du patient dans ses capacités à surmonter les obstacles. Cela peut se faire par exemple en valorisant les objectifs atteints ou par le rappel des succès antérieurs. Il s’agit aussi de valoriser l’autonomie du patient. L’entretien motivationnel met en avant la responsabilité personnelle du patient dans son cheminement et ses prises de décision. De son côté, le soignant doit accepter « que les gens peuvent faire des choix en ce qui concerne leur propre vie » (2). On retrouve là l’une des trois conditions nécessaires à la collaboration soignant-soigné pour permettre un changement selon 349 éducation Thérapeutique Carl Rogers : « faire preuve d’une estime positive et sans condition ». Encadré Autoévaluation de sa pratique de l’entretien motivationnel Les outils de l’entretien motivationnel L’identification par le soignant d’éléments du discours-changement ou à l’inverse d’une résistance permet d’avoir une évaluation immédiate de son action et de poursuivre ou modifier son approche. Ces outils sont communs à d’autres approches en communication. Suivant l’acronyme OUVER : • poser des questions Ouvertes (Lexique) : permettre au patient de s’exprimer en termes de discourschangement dans les champs vus précédemment : son désir, son sentiment de capacité, ses raisons, son besoin ; • Valoriser le patient ; • Ecoute réflective (Lexique) ; • Résumer tout au long de l’entretien, reformuler. Efficacité L’efficacité de ce type d’approche a été démontrée principalement dans le champ de l’addictologie, mais aussi dans de nombreuses autres pathologies chroniques, dont le diabète (5, 6) et les troubles du comportement alimentaire (5, 7, 8). L’entretien motivationnel pourrait avoir une place dans les thérapies cognitivo-comportementales des patients obèses, en prélude de la thérapie, dans le but de renforcer l’adhésion et améliorer la réponse, ou en intégration continue, en passant d’une stratégie à l’autre en fonction du niveau de résistance et d’ambivalence au changement (9). Conclusion L’entretien motivationnel est un véritable état d’esprit, une approche relationnelle souvent très éloignée de la relation thérapeutique classique, en particulier médicale. 350 Identification d’un discours de résistance chez le patient Miller définit la résistance comme : • un comportement, • interpersonnel (on doit être deux pour résister), • un signal de dissonance, • un prédicteur de non-changement. Comment la résistance au changement se manifeste-t-elle ? Le patient peut adopter différentes attitudes : • douter de sa capacité personnelle, • se justifier, • argumenter, • interrompre, • nier, • ignorer. Comment cette dissonance s’exprime-t-elle chez l’intervenant ? • adoption d’une position persuasive, • argumentation, • opposition, lutte. 4 L’attitude adaptée est d’éviter la confrontation, de refléter cette résistance sans exprimer de désaccord, voire de changer de stratégie. Identification d’éléments du discours-changement Miller et Rollnick identifient 4 formes de préengagement : le patient s’exprime en termes de Désir, Capacité, Raisons, Besoin. « J’aimerais… » « Je souhaite… » Désir « Je serais capable de… » « Je pourrais… » Capacité « Je me sentirais mieux si… » « Je pourrais plus profiter de mes enfants si… » Raison « Il faut que…» « Je devrais… » Besoin « Je vais… » « J’ai l’intention de… » Engagement L’importance de favoriser ce discours a été objectivée par Amrhein. Il a mis en évidence un processus séquentiel dans lequel désir, capacité, raisons et besoins (DCRB) ne sont pas eux-mêmes prédictifs du changement de comportement, mais prédictifs de la solidité de l’engagement au changement du client. A son tour, l’intensité du langage d’engagement est prédictive du changement de comportement. Ces données renforcent l’importance de différencier le langage d’engagement des autres types de discours-changement (3). 4 L’expression d’éléments du discours-changement est positive, en faveur d’un renforcement de l’engagement, et prouve que l’entretien est mené dans la bonne direction. Il est intéressant de collecter ces éléments et de les refléter (Lexique) au patient. Diabète & Obésité • Novembre 2011 • vol. 6 • numéro 53 L’entretien motivationnel Cela implique pour le soignant une formation prolongée (plus de 2 jours) avec mises en situations pour intégrer cette approche. Ainsi, Miller et Rollnick écrivaient en 2009 (11) : l’entretien motivationnel n’est pas : • un moyen de duper les gens pour qu’ils fassent ce que vous voulez qu’ils fassent ; • facile à apprendre ; • une pratique usuelle ; • la panacée. Se former à l’entretien motivationnel c’est augmenter la chance d’un plus grand engagement du patient dans le traitement et donc l’efficacité de la prise en charge, mais c’est aussi un enrichissement de sa pra- tique clinique avec l’acquisition de nouvelles compétences. n Mots-clés : Approche relationnelle, Changement de comportement, Addictions, Processus interpersonnel Bibliographie 1. Miller WR et Rollnick S. Motivational interviewing : preparing people for change. 2nd edition. New York : Guilford Press, 2002. 2. Rollnick S, Miller WR, Butler CC. Pratique de l’entretien motivationnel : Communiquer avec le patient en consultation. Paris : InterEditions, 2009. 3. Amrhein PC, Miller WR, Yahne CE et al. Client commitment language during motivational interviewing predicts drug use outcomes. J Consult Clin Psych, 2003 ; 71: 862-78. 4. http://www.entretienmotivationnel.org/. 5. West DS, DiLillo V, Bursac Z et al. Motivational interviewing improves weight loss in women with type 2 diabetes. Diabetes Care 2007 ; 30 : 1081-7. 6. Channon SJ, Huws-Thomas MV, Rollnick S et al. A multicenter randomized controlled trial of motivational interviewing in teenagers with diabetes. Diabetes Care, 2007 ; 30 : 1390-5. 7. DiLillo V, Siegfried NJ, West DS. Incorporating Motivational interviewing into behavioural obesity treatment. Cogn Behav Pract, 2003 ; 10 : 120-30. 8. Dunn C, Deroo L, Rivara FP. The use of brief interventions adapted from motivational interviewing across behavioral domains : a systematic review. Addiction, 2001 ; 96 : 1725-42. 9. Reiner M, Carrard I, Golay A. L’entretien motivationnel dans la thérapie cognitivo-comportementale des patients obèses. Rev Med, Suisse, 2010 ; 6 : 677-81. 10. Lécallier D, Michaud P. L’entretien motivationnel. Une évolution radicale de la relation thérapeutique. Alcoologie et addictologie. 2004 ; 26 : 129-34. 11. Miller WR, Rollnick S. Ten things that motivational interviewing is not. Behav Cogn Psychother, 2009 ; 37 : 129-40. rendez-vous de l’industrie Spécial EASD Télémédecine Roche : pour une prise en charge intégrée du diabète Accord de Sanofi pour le développement de DIABEO L e laboratoire Roche a rappelé, à l’occasion du 47e congrès de l’EASD qui s’est tenu début septembre à Lisbonne, qu’avec plus de 285 millions de personnes atteintes dans le monde, le diabète touche plus de 6 % de la population adulte mondiale. Selon les experts, ces chiffres sont susceptibles de s’aggraver au cours des prochaines années. Cette maladie chronique, ses traitements et la prise en charge de la maladie représentent donc un enjeu majeur pour les personnes diabétiques bien sûr mais également pour leurs soignants ou les systèmes de santé. De plus, la situation actuelle de restrictions budgétaires et souvent le peu de temps accordé au dialogue médecin-patient est susceptible de rendre le maintien du niveau de soins encore plus difficile. Dans ces circonstances, une approche structurée et intégrée de la thérapie est clairement nécessaire, en aidant notamment à responsabiliser les patients et soignants. C’est dans cette optique que des experts scientifiques internationaux, des politiques, les industries pharmaceutiques et les associations de patients ont discuté des concepts nécessaires pour évaluer la manière d’« optimiser encore le traitement du diabète - les exigences et les solutions pour une gestion efficace des cas » lors d’un symposium proposé par le laboratoire Roche et intitulé : Focus Media Symposium: Patients. Perspectives. Progress. n Diabète & Obésité • Novembre 2011 • vol. 6 • numéro 53 L a filiale de Sanofi a annoncé la signature d’un accord de collaboration avec le Centre d’Etude et de Recherches pour l’Intensification du Diabète (CERITD) et la société Voluntis, pour le développement de DIABEO, une solution de télémédecine innovante dont la mise à disposition est envisagée en France en 2014. Cet accord fait suite au lancement du lecteur de glycémie iBGStar® qui se connectera à la version iPhone du dispositif DIABEO et permet au laboratoire d’accroître son engagement envers les patients diabétiques et les professionnels de santé. DIABEO propose un modèle de soins personnalisé. Il sera constitué de 3 systèmes intelligents. L’application Smartphone permettra au patient d’avoir une plus grande autonomie grâce à un ajustement simple des doses d’insuline en fonction de sa glycémie, de son alimentation, et de son activité physique. Les données quotidiennes de glycémie et doses d’insuline seront enregistrées et affichées dans un carnet électronique et pourront être transmises régulièrement à l’équipe soignante par Internet. Le système d’alertes paramétrables permettra au médecin d’intervenir de manière ciblée. Le système de télésuivi permettra aussi à une infirmière de télédiabétologie de suivre le patient entre les consultations médicales selon les consignes transmises par le médecin. n 351 L’essentiel sur… La glycémie postprandiale Un paramètre à prendre en compte (aussi) dans le diabète de type 2 n Si la prise en compte de l’hyperglycémie postprandiale (HPP) est admise de longue date dans le diabète de type 1, son diagnostic et sa prise en compte sont plus récents dans le diabète de type 2 (DT2). Mieux diagnostiquée, elle est mieux ciblée par les molécules récentes car elle est probablement directement impliquée dans les complications macrovasculaires. Clinique D’abord par la clinique, car si l’HPP est influencée par plusieurs facteurs (la glycémie préprandiale, le taux d’incrétines, la sécrétion d’insuline), la sensibilité à l’insuline des tissus périphériques est au premier plan. Par conséquent, le patient insulinorésistant est à risque d’HPP et le surpoids avec un tour de taille augmenté sont des indicateurs de cette anomalie métabolique (1). Biologie ❚❚La tolérance normale ❚ au glucose Chez les sujets ayant une tolérance normale au glucose, la glycémie plasmatique ne dépasse généralement pas 7,8 mmol/l (1,40 g/l) à la suite de la prise d’aliments et revient physiologiquement à son niveau préprandial au bout de 2 heures (2). *CHU de Bordeaux 352 L’Organisation mondiale de la santé définit par ailleurs la tolérance normale au glucose par une valeur glycémique inférieure à 7,8 mmol/l (140 mg/dl) 2 heures après l’ingestion d’une charge de 75 g de glucose (hyperglycémie provoquée par voie orale [HGPO]). ❚❚L’état postprandial L’état postprandial correspond à la période de 4 à 6 heures suivant un repas pendant laquelle les glucides sont progressivement hydrolysés et absorbés au niveau intestinal. Les phénomènes postprandiaux peuvent se recouvrir les uns les autres durant la journée, du fait de la succession des prises alimentaires (3). Au cours d’une journée, le temps passé en état postprandial se révèle beaucoup plus long que les périodes de jeûne : chez un sujet normal, le cumul des périodes postprandiales atteint environ 12 heures par jour, contre seulement 2 heures en fin de nuit pour l’état strictement à jeun (4). Des analyses de profil glycémique sur le nycthémère ont permis d’estimer que la durée cumulée de l’élévation des chiffres glycémiques au-delà © Chris Fertnig - iStockphoto Comment l’identifier, comment la définir ? Pr Bogdan Catargi* des valeurs préprandiales était de l’ordre de 6 heures chez le sujet non diabétique et pouvait atteindre 12 à 15 heures chez le patient diabétique (Fig. 1). C’est l’utilisation des méthodes de mesure en continu de la glycémie qui a permis de mieux cerner la dégradation progressive de la glycémie et de confirmer que la perte du contrôle de la glycémie postprandiale (GPP) est un phénomène précoce (5). Diabète & Obésité • Novembre 2011 • vol. 6 • numéro 53 La glycémie postprandiale HbA1c : ■ < 6,5 % (n = 30) ■ 6,5 % à 7 % (n = 17) ■ 7 % à < 8 % (n = 32) ■ 8 % à 9 % (n = 24) ■ 9 % (n = 26) Petit-déjeuner quelles valeurs cibles ? Concentration en glucose (mmol/l) Les valeurs cibles de la glycémie recommandées par les sociétés savantes sont présentées dans le tableau 1. Cette relation a été mise en évidence par plusieurs études épidémiologiques dont DECODE (6) menées sur une large cohorte de population non diabétique. Tous ont bénéficié d’une HGPO lors de l’inclusion. Les valeurs prédictives de la glycémie à jeun et de la glycémie à 2 heures étaient étudiées et comparées à la mortalité totale. Le principal résultat était que plus la GPP est élevée, plus le risque de mortalité augmentait et, ce, quel que soit le niveau de la glycémie à jeun. La valeur prédictive de la glycémie à 2 heures s’est avérée indépendante de la glycémie à jeun. Ceci souligne le fait que la relation entre hyperglycémie (ou HbA1c) et le risque cardiovasculaire dans la population générale n’implique pas uniquement la glycémie à jeun mais aussi la glycémie postcharge. Les études d’intervention L’étude STOP-NIDD Il y a très peu d’études d’intervention, et encore moins qui soient concluantes car le risque vasculaire est plurifactoriel. La plus ancienne est l’étude STOP-NIDD qui a suivi 1 429 patients intolérants au glucose pendant au moins 3 ans, traités par acarbose et qui a montré une réduction significative du risque cardiovasculaire (Fig. 2) (7). Postprandial (période journée) 13 12 11,5 11 10 9 10,0 8 7 6 5 8,4 4,4 Matin 0 2 4 6 8 0,7 10 12 14 Temps (heures) 16 18 20 22 24 Figure 1 - Mesure de la glycémie par un système de surveillance continue, sur 24 heures, de 130 patients diabétiques de type 2. Cinq groupes selon les niveaux d’HbA1c : 6,5 % (n = 30), 6,5 - 6,9 % (n = 17), 7 - 7,9 % (n = 32), 8 - 8,9 %, (n = 25), 9 % (n = 26). Objectif : déterminer si la dégradation de la GAJ et celle de la GPP dépendent de l’évolution du diabète de type 2. Tableau 1 - Valeurs cibles de la glycémie recommandées par les sociétés savantes. Organisation ADA-EASD IDF-Europe AACE Probability of Any Cardiovascular Event Relation entre glycémie postprandiale et risque cardiovasculaire A jeun (période nocturne) 14 Durée du diabète (année) 15 0,06 0,05 0,04 Placebo 0,03 0,02 Acarbose 0,01 P = 0,04 (Log-Rank Test) P = 0,03 (Cox Proportional Model) 0 0 No. at Risk Placebo Acarbose HbA1c (%)GAJGPP < 7 … … < 6,5 5,5 mmol/l (< 1,00 g/l) 7,8 mmol/l (< 1,40 g/l) ≤ 6,5 6,1 mmol/l (< 1,10 g/l) 7,8 mmol/l (< 1,40 g/l) 100 200 300 400 500 600 700 800 900 1 000 1 100 1 200 1 300 1 400 Days After Rondomization 686 682 675 659 667 635 658 622 643 608 638 601 633 596 627 590 615 577 611 567 604 558 519 473 424 376 332 286 232 203 Figure 2 - Effet d’un traitement par acarbose sur les risques cardiovasculaires chez des sujets intolérants au glucose (7). Les études sur l’athérosclérose Plus nombreuses sont les études qui se sont intéressées aux critères indirects de l’athérosclérose, et en particulier l’épaisseur intima/media (EIM). K. Esposito a étudié l’impact spécifique sur la GPP de 175 patients diabétiques de type 2 du repaglinide Diabète & Obésité • Novembre 2011 • vol. 6 • numéro 53 versus le glyburide. La glinide s’est avérée plus efficace sur la glycémie postprandiale, la GPP, (- 0,7 g/l vs - 0,5 g/l) et a permis une réduction plus importante de l’EIM (Fig. 3) (8). L’étude NAVIGATOR On attendait beaucoup de l’étude 353 L’essentiel sur… L’étude HEART2D (hyperglycemia and its effect after acute myocardial infarction on cardiovascular outcomes in patients with type 2 diabetes mellitus), bien que discutable sur le plan méthodologique, est intéressante car elle a comparé les effets du contrôle des glycémies à jeun versus les glycémies postprandiales sur le risque d’événement cardiovasculaire chez les diabétiques de type 2, après un infarctus du myocarde. Cette étude prospective randomisée a inclus 1 115 diabétiques de type 2 de 30 à 75 ans, 21 jours après un infarctus du myocarde, sur une durée moyenne de 963 jours (1-1687). Le groupe PRANDIAL (n = 557) a été traité par un analogue rapide de l’insuline lispro avant chaque repas, avec un objectif glycémique < 7,5 mmol/l à 2 heures. Le groupe 354 Glyburide Pic postprandial P < 0,001 P < 0,01 220 Glucose (mg/dl) 180 140 100 Avant Après Avant Après 260 220 180 140 P < 0,001 100 0 60 P < 0,01 120 0 60 Minutes 120 Minutes Figure 3 - Effets de la réduction de l’hyperglycémie postprandiale sur l’athérosclérose dans le diabète de type 2 (8). Événements cardio-vasculaires (%) L’étude HEART2D 260 20 Hazard ratio, 0,94 (95 % CI, 0,82-1,09) P = 0,43 15 10 Placebo 5 Nateglinide 0 0 1 2 3 4 5 6 Années de suivi Figure 4 - Effet du nateglinide sur l’incidence du diabète et les événements cardio-­ vasculaires chez des sujets intolérants au glucose (9). 1,0 Proportion de patients n’ayant pas eu d’événement du critère primaire NAVIGATOR (Nateglinide and Valsartan in Impaired Glucose Tolerance Outcomes Research) initiée dans les années 2000. Cette étude prospective multicentrique, randomisée avait pour objectif de déterminer si le risque de diabète et d’événements cardiovasculaires peut être diminué. 9 306 sujets intolérants au glucose (HbA1c = 5,8 %, GAJ = 6,1 mmol/l, GPP = 9,2 mmol/l) et ayant des antécédents cardiovasculaires ou à haut risque cardiovasculaire ont été inclus et traités, soit par placebo versus nateglinide (60 mg x 3/j), soit par valsartan versus placebo (plan factoriel 2 x 2). Le suivi a duré 3,3 ans. Il n’a pas été observé de baisse de l’incidence du diabète (critère principal), ni du critère composite étendu (décès cardiovasculaire, infarctus non fatal, AVC non fatal, hospitalisation pour insuffisance cardiaque ou angor instable, revascularisation artérielle) (Fig. 4) (9). Repaglinide Pic postprandial BASAL (n = 558) PRANDIAL (n = 557) 0,9 0,8 0,7 0,6 0,5 0 Prandial Basal 200 400 600 800 1 000 1 200 1 400 1 600 jours n = 557 n = 453 n = 420 n = 407 n = 393 n = 392 n = 388 n = 384 n = 558 n = 464 n = 430 n = 410 n = 399 n = 386 n = 382 n = 377 Figure 5 - Effet du contrôle de la glycémie prandiale versus à jeun sur les événements cardiovasculaires chez des sujets DT2 après un infarctus du myocarde (10). Diabète & Obésité • Novembre 2011 • vol. 6 • numéro 53 Contrôle 5 Saxagliptine 4 3 2 1 0 5 Patients à risque Contrôle Saxagliptine 1 251 3 356 24 37 50 935 2 615 860 2 419 774 2 209 63 76 Semaines 545 1 638 288 994 89 102 115 128 144 498 123 436 102 373 57 197 Figure 6 - Délai d’apparition du premier événement cardiovasculaire indésirable majeur (MACE) (12). Les incrétines pour le nouveau traitement de la GPP Il s’agit de la classe des incrétines (inhibiteurs de la DPP-4 et analogues du GLP-1). Ces molécules étant récentes, les études d’intervention sur la GPP et le risque cardiovasculaire sont encore en cours. Exenatide plasmatique postprandial 2 h après les repas (pM) GLP-1 plasmatique postprandial 2 h après les repas (pM) BASAL (n = 558) a reçu de l’insuline NPH 2 fois par jour ou de l’insuline glargine 1 fois par jour avec un objectif glycémique à jeun < 6,7 mmol/l. Le critère principal était un critère combiné et fait d’événements cardiovasculaires : mort cardiovasculaire, infarctus du myocarde non fatal, AVC non fatal, revascularisation coronaire, hospitalisation pour un syndrome coronarien aigu. Cette étude a été négative, puisque le nombre de patients ayant eu un événement n’était pas différent dans les deux groupes (PRANDIAL n = 174 (31,2 %) versus BASAL n = 181 (32,4 %)) (Fig. 5) (10). Premier événement indésirable (%) La glycémie postprandiale Les inhibiteurs de la DPP-4 Ils agissent sur la GPP en prévenant la dégradation du GLP-1 endogène sans agir sur sa sécrétion, en augmentant la sécrétion d’insuline et en diminuant la sécrétion de glucagon. Ils n’ont pas d’effet sur la vidange gastrique. L’effet sur la GPP a été montré avec ces molécules. Par exemple, la sitagliptine diminue la GPP de - 2,7 mmol/l par rapport au placebo (11). Les résultats poolés des études de phase IIb/III avec cette molecule montrent un délai d’apparition plus tardif du premier événement cardiovasculaire indésirable majeur (MACE) (Fig. 6) (12). Les analogues du GLP-1 Ils réduisent la GPP par la conjonction de 3 mécanismes : • l’inhibition de la production hé- sitaglipline Figure 7 - Différences entre IDPP-4 et analogues du GLP-1 (d’après 13). patique de glucose (par stimulation de la sécrétion d’insuline et inhibition de la sécrétion du glucagon) ; • la diminution de l’absorption Diabète & Obésité • Novembre 2011 • vol. 6 • numéro 53 intestinale de glucose (par le ralentissement de la vidange gastrique) ; • l’augmentation de la captation hépatique de glucose (par stimulation 355 L’essentiel sur… L’exénatide (Byetta®) semble avoir une efficacité postprandiale supérieure au liraglutide (Victoza®) dans une étude de non-infériorité menée sur 24 semaines (Fig. 8) (14). Comment expliquer le hiatus entre l’épidémiologie et l’intervention ? Plusieurs explications peuvent être apportées : • durée insuffisante des études d’intervention ; • amélioration de la prise en charge des autres facteurs de risque cardiovasculaire ; • dilution de l’effet potentiel d’une intervention sur la GPP ; • contrôle de la GPP insuffisant dans les études d’intervention ; • intervention glycémique trop tardive/risque cardiovasculaire et maladie cardiovasculaire. Le plus probable étant que la GPP n’est pas seulement un facteur mais aussi un marqueur 14 Glycémie (mmol/L) de la sécrétion d’insuline et inhibition de la sécrétion du glucagon). Les analogues du GLP-1 ont un effet plus marqué sur la GPP comparativement aux inhibiteurs de la DPP-4 (Fig. 7) (13). ** p < 0,0001 ** p = 0,0005 13 12 11 * 10 BYETTA® 10 µg 2x/j (n = 231) ligne de base semaine 26 * p < 0,0001 ** p = 0,0005 ** 9 * 8 Liraglutide 1,8 mg 1x/j (n = 233) ligne de base semaine 26 * p < 0,0001 7 6 0 tp n a Av r ne jeu dé teti prè ’a 90 sp r ne jeu dé teti t an Av r ne jeu dé ’ 90 ap er un éje d rès nt a Av er dîn rès p ’a 90 er dîn Au r he uc co Déjeuner : p = NS Figure 8 - Différence sur le profil glycémique entre les 2 analogues du GLP-1 (14). de risque cardiovasculaire et il y a donc nécessité d’une prise en charge globale et précoce de tous les paramètres métaboliques associés à l’hyperglycémie postprandiale. Conclusion Les objectifs à atteindre avec l’ensemble de ces molécules est possible, mais il faut tenir compte du rôle probablement favorisant des hypoglycémies sur le risque cardiovasculaire et des effets secondaires de ces molécules à manier parfois avec précaution après un événement cardiovasculaire aigu (syndrome coronarien aigu, pon- tage coronarien). C’est la raison pour laquelle le Groupe Coronaire et Diabète, dans ses nouvelles recommandations à paraître, suggère la sollicitation d’un diabétologue par l’équipe de cardiologie dans les jours qui suivent un événement cardiovascun laire aigu. Mots clés : Diabète de type 2, Glycémie postprandiale Bibliographie 1. Monnier L. Thérapeutique. In : Diabétologie. Paris : Masson, 2010 : 3-5. 2. IDF-European Guidelines. 2007. 3. Slama G. Contribution des glycémies postprandiales à l’évaluation de l’HbA1c. Médecine des maladies métaboliques, 2007 ; 1 : 35-40. 4. Monnier L, Lapinski H, Colette C. Contributions of fasting and postprandial plasma glucose increments to the overall diurnal hyperglycemia of type 2 diabetic patients : variations with increasing levels of HbA(1c). Diabetes Care 2003 ; 26 : 881-5. 5. Monnier L, Colette C, Dunseath GJ, Owens DR. The loss of postprandial glycemic control precedes stepwise deterioration of fasting with worsening diabetes. Diabetes Care, 2007 ; 30 : 263-9. 6. DECODE Study Group, the European Diabetes Epidemiology Group. Glucose tolerance and cardiovascular mortality : comparison of fasting and 2-hour diagnostic criteria. Arch Intern Med, 2001 ; 161 : 397-405. 7. Chiasson JL, Josse RG, Gomis R et al. Acarbose treatment and the risk of cardiovascular disease and hypertension in patients with impaired glucose tolerance. The STOP-NIDDM trial. JAMA, 2003 ; 290 : 486-94. 8. Esposito K, Giugliano D, Nappo F, Marfella R. Regression of carotid athe- 356 rosclerosis by control of postprandial hyperglycemia in type 2 diabetes mellitus. Circulation, 2004 ; 110 : 214-9. 9. The NAVIGATOR Study Group. Effect of nateglinide on the incidence of diabetes and cardiovascular events. N Engl J Med, 2010 ; 362 : 1463-76. 10. Raz I, Wilson PW, Strojek K et al. Effects of prandial versus fasting glycemia on cardiovascular outcomes in type 2 diabetes : the HEART2D trial. Diabetes Care, 2009 ; 32 : 381-6. 11. Aschner P, Kipnes MS, Lunceford JK et al. Effect of the dipeptidyl peptidase-4 inhibitor sitagliptin as monotherapy on glycemic control in patients with type 2 diabetes. Diabetes Care, 2006 ; 29 : 2632-7. 12. Wolf R. Poster. ADA 69th Scientific Sessions. New Orleans, LA, 2009. 13. DeFronzo RA, Okerson T, Viswanathan P et al. Effects of exenatide versus sitagliptin on postprandial glucose, insulin and glucagon secretion, gastric emptying, and caloric intake : a randomized, cross-over study. Curr Med Res Opin, 2008 ; 24 : 2943-52. 14. Buse JB, Rosenstock J, Sesti G et al. Liraglutide once a day versus exenatide twice a day for type 2 diabetes : a 26-week randomised, parallelgroup, multinational, open-label trial (LEAD-6). Lancet, 2009 ; 374 : 39-47. Diabète & Obésité • Novembre 2011 • vol. 6 • numéro 53 mise au point La ghréline : physiologie et perspectives thérapeutiques Un acteur primordial de la régulation alimentaire Dr Emmanuel Disse* Introduction La structure de la ghréline La ghréline, découverte il y a une dizaine d’années, est un acteur primordial de la régulation de la prise alimentaire. Cette hormone régule la balance énergétique en favorisant la prise alimentaire, en augmentant la masse grasse et en limitant la dépense d’énergie. Comme la ghréline est la seule hormone décrite possédant un effet orexigène, elle a focalisé l’attention du monde scientifique, notamment dans le domaine de la recherche sur l’obésité. La ghréline a ainsi trouvé sa place, à côté de la leptine ou de l’insuline, parmi les signaux renseignant notre système nerveux central sur l’état et la disponibilité des réserves énergétiques de l’organisme. Les données scientifiques des dernières années attribuent à la ghréline de multiples fonctions physiologiques telles que la régulation de l’homéostasie du glucose ou de la récompense alimentaire. La découverte et la compréhension de celles-ci sont à même de permettre le développement de nouvelles approches thérapeutiques dans les domaines de l’obésité, des troubles du comportement alimentaire ou encore du diabète de type 2. Une hormone hautement conservée entre les espèces * Service d’Endocrinologie, Diabétologie et Nutrition, Centre Hospitalier Lyon Sud ; Centre de Recherche en Nutrition Humaine Rhône-Alpes La ghréline est synthétisée initialement sous la forme d’une prépro-hormone de 117 acides aminés. Son clivage par la convertase PC1/3 donne deux formes matures de l’hormone, un peptide de 28 AA et un autre de 27 AA. La ghréline est hautement conservée entre les espèces et exprimée au sein de nombreux tissus témoignant de son importance physiologique. La ghréline de souris et la ghréline de rat sont identiques et ne diffèrent de la ghréline humaine que par 2 AA. Une particularité structurale unique Une des particularités structurales de cette hormone est l’existence d’un processus post-transcriptionnel additionnel entraînant l’acylation du peptide, avec un acide n-octanoïque ou n-décanoïque, sur la sérine en position 3. La ghréline est la première hormone peptidique, et la seule décrite, présentant une telle modification avec l’ajout d’un acide gras. L’enzyme permettant cette acylation est la ghréline O-Acyltransférase (GOAT), découverte en 2008 et dont l’expression se retrouve ma- Diabète & Obésité • Novembre 2011 • vol. 6 • numéro 53 joritairement dans les tissus sécrétant l’hormone, comme l’estomac, le pancréas et l’intestin (Fig. 1). Une cible thérapeutique supplémentaire La découverte de cette acyltransférase offre une cible thérapeutique supplémentaire sur le système ghréline. En effet, il est largement admis que c’est la forme acylée du peptide qui est la forme biologiquement active de l’hormone. Seul le peptide acylé a la capacité de se lier et d’activer l’unique récepteur identifié de la ghréline (GHS-R1a). De plus, l’administration pharmacologique des formes acylées du peptide ou de ses agonistes est la seule à déclencher des effets biologiques bien identifiables (sécrétion de GH et prise alimentaire). Plus spécifiquement, il a été démontré que les effets de la ghréline sur la balance énergétique et la libération de GH sont sous la dépendance d’une octanoylation en sérine-3. Toutefois, des données récentes suggèrent également un rôle propre de la forme non octanoylée (des-acyl ghréline) notamment sur les cardiomyocytes et les cellules endothéliales où elle présenterait un effet cardioprotecteur. Un effet antiprolifératif de la des-acyl ghréline est également rapporté. 357 mise au point Les sites sécrétoires de la ghréline La cinétique de la ghréline plasmatique Les études avec administration exogène de ghréline montrent une demi-vie plasmatique du peptide de 10 à 30 minutes (dosage de la ghréline plasmatique totale). Compte tenu des difficultés de dosage, peu de données sont disponibles concernant la pharmacocinétique de la forme acylée de l’hormone. A côté de sa dégradation enzymatique, il est également rapporté une liaison de la ghréline active plasmatique avec certaines lipoprotéines (HDL) pouvant entraver l’interaction de l’hormone avec son récepteur. Il est estimé qu’environ 20 % de la ghréline plasmatique sont sous forme acylée (3). Alors qu’une 358 Figure 1 - Acylation de la ghréline. D’après Van der Lely (14). large partie C-terminale de l’hormone n’est pas nécessaire à sa bioactivité, le groupement n-octanoyl en sérine-3 est par contre indispensable pour la liaison de l’hormone à son récepteur et son activation (4). La régulation de la sécrétion de ghréline prise alimentaire et statut nutritionnel Le facteur le plus important pour la régulation de la sécrétion de ghréline est la prise alimentaire et le statut nutritionnel. Les taux plasmatiques de ghréline sont élevés au cours du jeûne (notamment le jeûne physiologique relatif nocturne) et abaissés après les prises alimentaires (5, 6) (Fig. 2). Ce constat suggère un lien entre le profil sécrétoire ultradien de la ghréline et le comportement ingestif individuel. Par ailleurs, il a été démontré que l’apprentissage d’un profil fixe de repas pouvait influencer le profil sécrétoire ultradien de la ghréline indépendamment du statut nutritionnel (7). composition macro-nutritionnelle La composition macronutritionnelle des repas est un facteur régulateur des niveaux plasmatiques de ghréline puisque les hydrates de carbone, les protéines et les lipides diminuent les niveaux de ghréline avec une efficacité respectivement décroissante (8, 9). L’inhibition postprandiale des niveaux de ghréline est proportionnelle à la charge énergétique du repas (10). Chez les rongeurs et les humains de poids normal, la chute postprandiale de ghréline est plus Niveau plasmatique (pg/ml) La majorité de la ghréline circulante est synthétisée et sécrétée par les cellules X/A-like localisées dans les glandes oxyntiques de la muqueuse du fundus gastrique (1). Ceci est confirmé par la chute drastique de 76 % de son taux circulant chez les patients ayant bénéficié d’une chirurgie bariatrique comprenant une gastrectomie par rapport aux sujets sains (2). Toutefois, après gastrectomie, on observe une réascension progressive des taux circulants de l’hormone, suggérant une origine sécrétoire compensatrice. L’intestin grêle, deuxième site principal de synthèse de ghréline, paraît être un bon candidat. Notons également que, dans des quantités moindres, la ghréline est également produite par l’antéhypophyse, le pancréas, le poumon, le rein, les lymphocytes, le placenta, les testicules, les ovaires et le cerveau (hypothalamus et cortex). Le rôle propre de ses différentes sources sécrétoires reste imprécis. 700 600 500 400 300 Petit-déjeuner Déjeuner 200 Dîner 100 Temps (24 heures) Figure 2 - Niveaux plasmatiques moyens de ghréline sur 24 heures, chez 10 sujets consommant un petit-déjeuner, un déjeuner et un souper à respectivement 8h, 12h et 17h30. Adapté de Cummings et al. (5). Diabète & Obésité • Novembre 2011 • vol. 6 • numéro 53 La ghréline : physiologie et perspectives thérapeutiques prononcée après un repas riche en hydrates de carbone qu’après un repas riche en graisses. Chez le sujet obèse, il semble exister un défaut de la suppression postprandiale de la distension gastrique n’influence pas la sécrétion de ghréline, et la diminution de son taux plasmatique n’est observée qu’après la vidange gastrique (effet postgastrique). Les facteurs les plus importants pour la régulation de la sécrétion de ghréline sont la prise alimentaire et le statut nutritionnel. ghréline plasmatique (11, 12). Les études de clamps hyperinsulinémiques et d’administration de glucose chez les sujets sains et obèses suggèrent que la réponse postprandiale de la ghréline est corrélée à la réponse insulinique et au niveau de sensibilité à l’insuline. Alors que les mécanismes précis expliquant l’effet inhibiteur des nutriments sur le niveau de ghréline sont encore incertains, il semble, en tout cas, que la suppression du taux de ghréline par l’alimentation fasse intervenir des signaux plasmatiques plutôt qu’un signal mécanique digestif : en effet, Autres facteurs Par ailleurs, il est rapporté que le jeûne prolongé inhibe l’acylation de la ghréline alors que le taux de ghréline totale reste inchangé. Les niveaux de ghréline sont diminués par la somatostatine et augmentés par les agonistes cholinergiques. Le rôle physiologique de la leptine, de la GH et des hormones thyroïdiennes dans la régulation endogène de la sécrétion de ghréline est encore discuté de manière controversée. La principale hormone impliquée dans l’inhibition des niveaux plasmatiques de ghréline semble donc être l’insuline. Le récepteur de la ghréline : Growth Hormone Secretagogue Receptor-1a La ghréline exerce la majorité de ses effets biologiques via le récepteur GHSR-1a (13), un récepteur couplé aux protéines G classique, présent à haute densité à la fois dans l’hypothalamus et dans l’antéhypophyse. Chez les souris Knock out pour GHSR-1a, l’administration aiguë de ghréline ne déclenche plus de prise alimentaire ni de libération de GH, et ces souris ne développent pas d’obésité en réponse à une diète riche en lipides. GHSR-1a est exprimé dans le noyau arqué hypothalamique principalement au niveau des neurones coexprimant NPY et AGRP. Les plus fortes densités de Tableau 1 - Effets physiologiques et physiopathologiques de la ghréline. Cible Sécrétion de GH Prise alimentaire et homéostasie du glucose Système digestif Système cardiovasculaire Reproduction Système immunitaire Os Prolifération cellulaire Diabète & Obésité • Novembre 2011 • vol. 6 • numéro 53 Fonction Stimule la sécrétion de GH Stimule l’appétit et la prise alimentaire Participe à la récompense alimentaire Augmente le poids corporel Augmente la glycémie Altère la sensibilité à l’insuline Stimule la sécrétion et la motricité gastrique Protège contre les atteintes de la muqueuse Diminue la pression artérielle Améliore la fonction endothéliale Supprime l’activité sympathique Améliore la cachexie d’origine cardiaque Diminue l’apoptose des cardiomyocytes Protège contre l’ischémie/reperfusion Inhibe LH et la sécrétion de testostérone Inhibe la spermatogenèse Inhibe le développement des cellules de Leydig Stimule la prolifération des cellules immunitaires Diminue les cytokines pro-inflammatoires Stimule la prolifération des ostéoblastes Stimule la prolifération de lignées cellulaires 359 mise au point GHSR-1a sont retrouvées dans l’hypothalamus et l’hypophyse, mais ce récepteur est également exprimé au niveau central dans l’hippocampe, le mésencéphale et le rhombencéphale. GHSR-1a est exprimé également dans les afférences vagales, la thyroïde, le pancréas, la rate, les cellules immunitaires, le myocarde, les ovaires et les glandes surrénales. Il a été identifié un autre récepteur de la même classe, GHS-R1b, dont le ligand et la fonction restent à définir. Par ailleurs, le récepteur activé par la forme non acylée de la ghréline est encore inconnu. Les fonctions physiologiques de la ghréline Les principaux effets physiologiques et physiopathologiques de la ghréline sont présentés dans le tableau 1. La ghréline présente un large spectre d’effets biologiques. Stimulation de la sécrétion de GH La ghréline stimule la sécrétion de GH (14). Il s’agit du premier effet décrit de l’hormone qui lui a également donné son nom. Cet effet est dépendant des récepteurs GHSR-1a et implique avant tout une action de la GHRH, bien qu’il existe, à un moindre degré, un effet direct de la ghréline sur la sécrétion hypophysaire de GH. Ghréline et GHRH agissent de manière synergique pour réguler le niveau de GH, la ghréline amplifiant le profil sécrétoire de base. Autres effets La ghréline stimule également la sécrétion d’acide gastrique et la motilité gastrique par l’intermédiaire du nerf vague. Elle présente des propriétés anti360 inflammatoires et protège contre le choc endotoxémique en inhibant l’expression de cytokines pro-inflammatoires par les monocytes et les cellules endothéliales. La ghréline décroît la pression artérielle et protège contre la dysfonction cardiaque. Enfin, notons qu’il existe des données conflictuelles actuellement sur la potentielle oncogénicité de la ghréline : elle est mitogène sur les cellules d’hépatocarcinome alors qu’elle présente un effet antiprolifératif in vitro sur les cellules cancéreuses pulmonaires. (17). Chez l’homme sain qui initie volontairement ses repas, en l’absence de toute information temporelle ou alimentaire, on observe une élévation des taux de ghréline juste avant les prises alimentaires et un profil sécrétoire d’évolution similaire à celui de la sensation subjective de faim (18). Comme l’apparition des pics de ghréline au cours de la journée est en relation avec le profil alimentaire habituel du sujet, plusieurs études ont suggéré que la ghréline permettait l’anticipation de la prise alimentaire, plutôt que le déclenchement du repas. La ghréline et la prise alimentaire Mécanismes mis en jeu Quel Rôle dans la stimulation de la prise alimentaire ? Chez l’animal et chez l’homme, l’administration de ghréline augmente l’appétit et stimule la prise alimentaire. En 2000, Tschöp a décrit pour la première fois l’effet de la ghréline sur la stimulation de la prise alimentaire et la prise de poids (15). Depuis, de nombreuses études ont confirmé ces données, que la ghréline soit administrée en périphérie ou centralement (ICV) chez les rongeurs ou chez l’homme (16, 17). Ainsi, l’injection intraveineuse de ghréline chez l’homme sain augmente de 28 % environ les apports énergétiques au cours d’un buffet ad libitum et augmente les scores d’appétit (EVA) (17). Quel Rôle dans l’initiation des repas ? Les niveaux de ghréline sont élevés pendant le jeûne et décroissent en réponse à la prise alimentaire, suggérant un rôle de cette hormone dans l’initiation des repas ❚❚Au niveau du système nerveux central La régulation de la prise alimentaire est intégrée au niveau du système nerveux central. Le noyau arqué hypothalamique (ARC) est considéré comme le chef d’orchestre de la régulation de la prise alimentaire. Deux populations neuronales impliquées dans le relais des signaux d’adiposité et des signaux nutritionnels ont été identifiées à ce niveau : les neurones à NPY/AgRP et les neurones à POMC/CART. Il est maintenant bien établi que l’activation des neurones du noyau arqué co-exprimant le neuropeptide Y (NPY) et l’agouti related protein (AgRP) augmente la prise alimentaire, diminue la dépense énergétique et augmente l’adiposité corporelle. A l’inverse, l’activation des neurones exprimant la pro-opiomélanocortine (POMC) diminue la prise alimentaire ainsi que le poids corporel et augmente la dépense énergétique. Bien qu’ayant une large distribution dans le SNC, le récepteur de la ghréline est très majoritairement exprimé dans les neurones du noyau arqué hypo- Diabète & Obésité • Novembre 2011 • vol. 6 • numéro 53 La ghréline : physiologie et perspectives thérapeutiques thalamique. Plusieurs études électrophysiologiques ont démontré que les neurones du noyau arqué étaient les principales cibles de la ghréline pour moduler la balance énergétique. La prise alimentaire induite par la ghréline est sous la dépendance de l’activation des neurones NPY/ AgRP. En effet, les antagonistes du récepteur au NPY, la mutagenèse dirigée contre les neurones NPY/AgRP ou encore l’ablation de ces neurones inhibent en grande partie l’effet orexigène de la ghréline ou des agonistes de GHSR-1a. L’influence respective de NPY et d’AgRP dans l’effet orexigène de la ghréline reste discutée. Toutefois, la délétion ciblée du gène de NPY ne semble pas critique pour la réponse orexigène à l’injection de ghréline et la ghréline induit plus fortement l’expression de l’ARNm d’AgRP que de NPY, suggérant que l’effet orexigène de la ghréline peut impliquer avant tout AgRP et le système mélanocortine. La ghréline agit également sur les neurones à POMC, qu’elle inhibe, prévenant ainsi le relargage d’α-MSH. Il est également démontré qu’elle peut activer directement les neurones de l’hypothalamus latéral exprimant les orexines. ❚❚Rôle du nerf vague A côté des voies orexigènes et anoréxigène hypothalamiques, la ghréline pourrait également stimuler l’appétit via le nerf vague, faisant le lien entre le tube digestif et le cerveau. Ainsi, certains auteurs ont démontré que l’effet orexigène de la ghréline est altéré après vagotomie chirurgicale ou chimique. De plus, il a été démontré que la ghréline administrée en périphérie transmettait son signal orexigène en partie via le nerf vague et le noyau du tractus solitaire (NTS). Ghréline + Circulation sanguine + ARC - NTS - NPY / AgRP + POMC/CART + PVN Tronc cérébral Nerf vague + CRF LH Oréxines Hypothalamus Appétit et prise alimentaire Figure 3 - Mécanismes d’action de la ghréline, au niveau central, pour réguler l’appétit et la prise alimentaire. ARC : noyau arqué, PVN : noyau paraventriculaire, LH : hypothalamus latéral, NTS : noyau du tractus solitaire. Les mécanismes d’action de la ghréline pour contrôler la prise alimentaire sont synthétisés sur la figure 3. La ghréline et le plaisir alimentaire Activation du système de la récompense A côté de son rôle régulateur sur l’homéostasie de la prise alimentaire et de la balance énergétique, il existe maintenant des données convergentes démontrant que la ghréline active le système de la récompense et pourrait promouvoir la recherche de récompense. Alors que la circuiterie neuronale qui participe au maintien d’un apport calorique suffisant en stimulant la prise alimentaire est principalement hypothalamique, celle encodant la palatabilité et la motivation pour l’alimentation se situe dans les structures mésolimbiques dopaminergiques. Diabète & Obésité • Novembre 2011 • vol. 6 • numéro 53 Action au niveau des structures hypothalamiques et mésolimbiques Dans ce contexte, il est intéressant de constater que la ghréline est capable d’induire une prise alimentaire lorsqu’elle est injectée dans les structures hypothalamiques régulant la balance énergétique, mais également dans les structures mésolimbiques de la récompense, ce qui laisse supposer un rôle de la ghréline dans ces deux aspects distincts de la consommation alimentaire. L’expression du récepteur de la ghréline dans l’aire tegmentale ventrale (VTA), structure clé du système mésolimbique de la récompense, et dans l’hippocampe, indique là encore que la ghréline pourrait agir sur la circuiterie de la récompense pour moduler le comportement alimentaire dans le but de satisfaire les besoins énergétiques. Ainsi, il a été démontré, dans une étude d’imagerie cérébrale fonctionnelle, que chez le volontaire sain, l’administration 361 mise au point de ghréline par voie intraveineuse entraînait, en réponse à la présentation d’images alimentaires, une réponse neuronale dans diverses zones cérébrales impliquées, dans la valeur hédonique de l’alimentation, incluant l’amygdale, le cortex préfrontal, l’insula et le striatum. La sur-activation du système central de la récompense a été récemment incriminée dans la physiopathologie de l’anorexie mentale et du syndrome de Prader-Willi, deux états pathologiques caractérisés par des niveaux élevés de ghréline systémique (19, 20). pensatoire du niveau de ghréline. La perte de poids induite par la restriction calorique et l’activité physique prolongée augmente le niveau de ghréline (21, 22). Toutefois la perte de poids induite par le by pass gastrique a donné des résultats contradictoires sur les niveaux de ghréline : une augmentation, une diminution, ou l’absence d’effet. Inversement, la prise de balance énergétique poids induite par une suralimentation, la grossesse, un traitement psychotrope par olanzapine ou une alimentation riche en graisses va diminuer les niveaux plasmatiques de ghréline. Toutefois, les patients obèses porteurs d’un syndrome de Prader-Willi (PWS) présentent des taux plus élevés de ghréline que la population générale. Ces niveaux élevés de ghréline ne chutent pas en réponse à la prise alimentaire, suggérant leur participation dans l’obésité et l’appétit insatiable de ces sujets. La ghréline induit une prise de poids et l’augmentation de la masse grasse en stimulant la prise alimentaire (en particulier avec l’ingestion de lipides), en facilitant le stockage lipidique et en réduisant la dépense énergétique et l’utilisation des lipides. L’action adipogénique de la ghréline est médiée au niveau hypothalamique et fait intervenir à la fois le système mélanocortine et le système nerveux sympathique efférent indépendamment de la prise alimentaire. Perspectives thérapeutiques cible thérapeutique pour l’obésité ? ❚❚Des résultats contradictoires Les niveaux plasmatiques de ghréline sont inversement corrélés à l’indice de masse corporelle. En effet, les patients obèses et anorexiques présentent, respectivement, des taux plus bas et plus élevés de ghréline plasmatique que les sujets sains. Les variations pondérales s’accompagnent d’une réponse com362 hibition des taux plasmatiques de ghréline qui pourraient stimuler la prise alimentaire et augmenter la masse adipeuse ne sont pas des caractéristiques de l’obésité commune. Il est possible toutefois que l’élévation de la ghréline en réponse à la restriction calorique et à la perte pondérale puisse être un des facteurs explicatifs de la reprise pondé- La ghréline induit une prise de poids et l’augmentation de la masse grasse en stimulant la prise alimentaire ❚❚Des résultats encourageants Ainsi, en dehors de rares exceptions, les niveaux de ghréline sont abaissés chez les sujets obèses, ce qui est concordant avec le rôle de cette hormone dans le maintien d’une balance énergétique stable. Il n’est pas indiqué, à ce jour, de doser la ghréline plasmatique chez le sujet obèse, en dehors de la suspicion d’un PWS. Chez le sujet maigre, le dosage de ghréline plasmatique peut aider à différencier une maigreur constitutionnelle d’une anorexie mentale, puisque la ghrélinémie sera plus élevée en cas de restriction alimentaire. Une augmentation ou un défaut d’in- rale. Ainsi, le positionnement thérapeutique du blocage du système ghréline pourrait se situer après la perte de poids, pour limiter la reprise pondérale généralement observée et responsable de l’habituel “yoyo” pondéral. La diminution des niveaux de ghréline induite par certaines techniques de chirurgie bariatrique comme le by pass gastrique et la gastrectomie longitudinale en manchon, bien qu’inconstante dans la littérature, pourrait participer à la diminution de l’appétit, à la diminution de la prise alimentaire et au maintien du poids perdu à distance de la chirurgie. nouvelle cible thérapeutique pour le diabète de type 2 ? ❚❚Rôle dans la régulation de l’homéostasie glucidique Les nombreuses études qui ont été réalisées jusqu’à présent sur le rôle de la ghréline dans la régulation de l’homéostasie glucidique ont permis d’établir les fonctions suivantes : la ghréline est une hormone hyperglycémiante et cet effet est indépendant de l’hormone de croissance. En effet, la ghréline administrée de manière Diabète & Obésité • Novembre 2011 • vol. 6 • numéro 53 La ghréline : physiologie et perspectives thérapeutiques aiguë induit une hyperglycémie et une réduction des niveaux d’insulinémie chez l’homme sain, durant quelques heures (23). L’administration aiguë de ghréline en périphérie inhibe l’insulinosécrétion glucoinduite par une action directe sur le pancréas endocrine. En effet, l’administration in situ de ghréline sur des pancréas isolés et perfusés antagoniste des récepteurs de la ghréline, le GHRP-6, pendant plusieurs jours, la glycémie s’abaisse et le niveau d’insuline décroît modérément, suggérant que l’antagonisme de GHS-R1a améliore la sensibilité à l’insuline sur le long terme (24). Chez ces mêmes souris, la délétion du gène de la ghréline s’accompagne d’une améliora- La ghréline est une hormone hyperglycémiante agissant sur l’insulinosécrétion gluco-induite et sur le niveau de sensibilité à l’insuline. ne modifie pas l’insulinosécrétion basale, mais inhibe l’insulinosécrétion induite par le glucose. Par ailleurs, le blocage du récepteur de la ghréline, GHS-R1a, associé à l’immuno-neutralisation de la ghréline endogène augmente fortement l’insulinosécrétion gluco-induite d’un pancreas perfusé. tion marquée de l’homéostasie du glucose à la fois par une élévation de l’insulinémie et une amélioration de la sensibilité à l’insuline. Ainsi, pour résumer, la ghréline est une hormone hyperglycémiante agissant sur l’insulinosécrétion gluco-induite et sur le niveau de sensibilité à l’insuline. ❚❚Action sur le niveau de sensibilité à l’insuline A côté de cet effet direct de la ghréline sur le pancréas endocrine, plusieurs études ont également rapporté chez l’homme comme chez le rongeur une altération de la sensibilité à l’insuline en réponse à l’administration de ghréline, indépendamment des niveaux de GH. Ainsi, quand les souris ob/ob, modèle génétique d’obésité et de diabète avec insulinorésistance, sont traitées par un ❚❚Une action prometteuse La diminution de la production de ghréline active (par exemple en bloquant l’enzyme GOAT qui permet son acylation) ou encore l’antagonisme du récepteur de la ghréline sont des voies thérapeutiques prometteuses pour la pharmacologie du diabète de type 2. l’attention du monde scientifique sur la dernière décade compte tenu de son rôle de premier plan dans la régulation de la prise alimentaire. Elle reste la seule substance plasmatique à posséder une action orexigène. La découverte de l’absence d’anomalie significative de régulation de la ghréline chez les sujets obèses, comme ce fut le cas pour la leptine, a déçu les premiers espoirs portés par la découverte de cette hormone pour le traitement de l’obésité. La place des modulations pharmacologiques du système ghréline dans la prise en charge des problèmes pondéraux (obésité, anorexie, cachexie) reste toutefois un sujet d’actualité. Par ailleurs, le rôle émergeant de la ghréline dans la régulation physiologique de l’homéostasie du glucose ouvre, pour les années à venir, de nouvelles perspectives thérapeutiques pour le diabète de type 2. n Mots clés : Régulation, Prise alimentaire, Effet Conclusion La ghréline est une hormone de découverte récente qui a focalisé Diabète & Obésité • Novembre 2011 • vol. 6 • numéro 53 orexigène, Récompense alimentaire, Growth Hormone Secretagogue Receptor-1a, Hormone hyperglycémiante 363 mise au point Bibliographie 1. Sakata I, Nakamura K, Yamazaki M et al. Ghrelin-producing cells exist as two types of cells, closed- and opened-type cells, in the rat gastrointestinal tract. Peptides, 2002 ; 23 : 531-6. 2. Leonetti F, Silecchia G, Iacobellis G et al. 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Suivez l’actualité Retrouvez vos contacts Créez votre page entreprise Communiquez sur vos événements Recrutez ou trouvez un emploi Rejoignez vos contacts dès maintenant en vous inscrivant sur : http://docteursearch.com Un réseau et Expression Groupe Docteursearch.com est exclusivement réservé aux médecins. En application de la loi n°78-17 du 6 janvier 1978 modifiée, relative à l’informatique, aux fichiers et aux libertés, le site web a fait l’objet d’une déclaration auprès de la Commission Nationale de l’Informatique et des Libertés (http://www.cnil.fr). Docteursearch est une marque déposée à l’INPI.