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Vers une éducation à la sexualité refondée : l’exemple du Féminin / masculin dans les programmes de SVT
Avant-propos
L’école est aujourd’hui confrontée à un défi . Comment enseigner, éduquer, dans un monde où garçons et fi lles
sont soumis en permanence à un fl ot continu d’informations concernant les sujets les plus variés ? Comment le
discours expert de l’école réussit-il à se distinguer du brouhaha médiatique ambiant ? Comment intéresser, capti-
ver, cultiver le plaisir d’apprendre en abordant des sujets qui ne sont jamais nouveaux pour les élèves ?
L’enseignement des SVT s’est longtemps contenté d’une évocation presque métaphorique de la sexualité grâce
à l’oursin ou au Fucus. Lorsque l’espèce humaine a été abordée, ce fut sous l’angle de la reproduction, de sa
maîtrise (contraception ou procréation médicalement assistée), voire des diffi cultés de santé associées à l’activité
sexuelle. Mais au moment où les questions de sexualité, autrefois sujets discrètement ou rarement abordés,
s’exposent, le plus souvent de la pire des façons, sur l’internet, est-il possible d’en rester là ?
La fonction de reproduction est du domaine de la biologie. Il est donc naturel que les SVT soient un chemin
d’entrée privilégié vers ces questions. Mais la biologie, surtout lorsqu’elle aborde l’Humain, s’ouvre vers des inter-
faces fécondes seules capables de traiter le complexe. La sexualité humaine concerne l’anatomie, l’embryologie,
l’endocrinologie. Mais dans le détail, la sexualité d’un individu résulte des interactions complexes, tout au long de
la vie, entre l’expression d’un capital génétique et les infl uences diverses des facteurs du milieu : ces interactions,
façonnent les comportements grâce à la plasticité cérébrale et constituent l’histoire de chacun. Cette histoire
personnelle, la biologie ne saurait la décrire seule entièrement.
Voilà l’enjeu des nouveaux programmes de SVT : traiter de la dimension biologique d’une question complexe,
sans prétendre à son appréhension totale. Voilà la diffi culté du métier de professeur-e de SVT : explorer son
domaine de compétence, en connaître les bornes et ne pas les cacher, ne pas les franchir seul-e mais préparer
à toutes les rencontres.
C’est aussi diffi cile que captivant.
Dominique ROJAT,
Doyen de l’Inspection générale de sciences de la vie et de la Terre