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ays émergents entre lux et relux de capitaux
Quelles leçons pour l’économie tunisienne ?
Billet économique n°24 Octobre 2015
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Les investissements étrangers : l’illusion de l’attractivité
Peut-on laisser la Tunisie s’enliser dans la récession?
Malgré la morosité du climat des aaires et la détérioraon du
contexte sécuritaire après les aentats du Bardo et de Sousse, les ux
d’invesssements étrangers à desnaon de la Tunisie ont enregistré
une hausse de 41 % au cours des huit premiers mois de l’année 2015
par rapport à la même période de l’année 2014 (1622.6 millions de
dinars contre 1150.6 MD en 2014).
Une très nee hausse de l’invesssement étranger au moment où la
Tunisie perd 5 places dans le dernier classement de Davos (92ème
contre la 87ème lors du classement de 2014-2015) et une perte de 60
places par rapport au classement de 2010-2011.
Est-ce le signe d’un rebond de l’aracvité du site Tunisie?
En fait, il n’en est rien. Il n’y a ni l’odeur de l’amélioraon du climat des
aaires, ni l’espoir de la créaon de richesses et d’emplois.
Côté invesssements directs, la hausse de 19.7% concerne plus le sec-
teur énergéque qui a enregistré une hausse de 34.6% alors que la Tu-
nisie n’a pas aribué de nouveaux permis dans ce secteur. Une hausse
largement expliquée par des invesssements de développement, dont
l’objecf est d’accroître les capacités de producon.
Côté invesssements de portefeuille, le tsunami (+320%) traduit l’en-
gouement pour le tre SFBT, après l’autorisaon du régulateur, accor-
dée aux non-résidents, de détenir jusqu’à 66.66% du capital d’une
entreprise tunisienne.
Un des enjeux essenels reste le démarrage d’une dynamique de ré-
forme dans un climat social miné et poliquement incertain.
Comment redresser la Compévité-qualité de l’appareil producf
et la réorienter vers les secteurs innovants, dans un pays où l’absen-
téisme et l’irresponsabilité gouvernent le comportement d’une large
fracon des citoyens?
Comment réussir une réforme en profondeur du secteur nancier
capable de déboucher sur une banque centrale crédible, un secteur
bancaire solide, et un marché nancier profond, sans aucune reculade
devant le lobbying du syndicat et des milieux d’aaires? L’annulaon
du projet de créaon d’une société de geson d’acfs (Assets Mana-
gement Company), par les professionnels du tourisme, nous ore un
bel exemple.
Jusqu’à quand la Tunisie restera-t-elle orpheline d’une réforme sé-
rieuse de son système éducaf ? Jusqu’à quand l’administraon et l’en-
treprise tunisienne resteront-elles privées de cadres de bonne qualité?
.
Jusqu’à quand la famille tunisienne, et plus précisément son budget,
supportera-t-il le coût nancier de l’échec des poliques économiques
et son corollaire la dégradaon des services publics (taxi, louage et car-
burant pour échapper au transport public; cours de souen et ensei-
gnement privé pour fuir la mauvaise qualité de l’enseignement public;
foyers privés et locaon d’appartements pour des étudiants dégou-
tés de la salubrité des foyers universitaires étaques, installaons
d’alarmes de plus en plus sophisquées du moment que la police de
proximité est ailleurs, …) ?
Pourquoi tant de dépenses étouantes pour le budget des ménages,
dans un pays où le pouvoir d’achat est déjà sur un trend baissier?
Certes, le processus de réforme sera long et complexe, mais l’aen-
sme et l’hésitaon qui gouvernent la geson des dossiers les plus brû-
lants (code d’invesssement, réforme scale, PPP, restructuraon des
entreprises publiques, ….) demeureront un indicateur avancé de notre
incapacité à déclencher cee dynamique de réforme.