
Comment redresser la compétitivité-qualité de l'appareil productif et la réorienter vers les secteurs innovants,
dans un pays où l'absentéisme et l'irresponsabilité gouvernent le comportement d'une large fraction des
citoyens?
Comment réussir une réforme en profondeur du secteur financier capable de déboucher sur une Banque
centrale crédible, un secteur bancaire solide, et un marché financier profond, sans aucune reculade devant le
lobbying du syndicat et des milieux d'affaires?
L'annulation du projet de création d'une société de gestion d'actifs (Assets Management Company), par les
professionnels du tourisme, nous offre un bel exemple.
Jusqu'à quand la Tunisie restera-t-elle orpheline d'une réforme sérieuse de son système éducatif ? Jusqu'à
quand l'administration et l'entreprise tunisienne resteront-elles privées de cadres de bonne qualité?
Jusqu'à quand la famille tunisienne, et plus précisément son budget, supportera-t-il le coût financier de l'échec
des politiques économiques et son corollaire la dégradation des services publics (taxi, louage et carburant pour
échapper au transport public; cours de soutien et enseignement privé pour fuir la mauvaise qualité de
l'enseignement public; foyers privés et location d'appartements pour des étudiants dégoutés de l'insalubrité des
foyers universitaires étatiques, installations d'alarmes de plus en plus sophistiquées du moment que la police de
proximité est ailleurs…)?
Pourquoi tant de dépenses étouffantes pour le budget des ménages, dans un pays où le pouvoir d'achat est déjà
sur un trend baissier?
Certes, le processus de réforme sera long et complexe, mais l'attentisme et l'hésitation qui gouvernent la
gestion des dossiers les plus brûlants (code d'investissement, réforme fiscale, Partenariat public-privé,
restructuration des entreprises publiques…) demeureront un indicateur avancé de notre incapacité à déclencher
cette dynamique de réforme.
Capitaliser économiquement le prix Nobel de la paix
Le déficit de confiance a été comblé par une dose de dialogue national.
Un dialogue couronné aujourd'hui par le comité Nobel. Mais le déficit commercial et le déficit budgétaire
attendent toujours une dose de rénovation du dispositif réglementaire et de l'appareil productif. Parce que le
passage à une économie d'innovation dans un pays où la compétitivité est en berne, est inéluctable.
Misons sur ce sentiment de fierté d'appartenir à la Tunisie démocratique pour faire renaître l'espoir. Car, il n'y
a pas de quoi pavoiser lorsque la croissance flirte avec la récession, lorsque les fondamentaux économiques
virent au rouge, lorsque la nébuleuse terroriste plane sur le site Tunisie. Un grand merci au comité Alfred
Nobel de nous avoir attribué cette prestigieuse distinction.
Un grand merci au comité Nobel de ne pas avoir braqué ses projecteurs sur cette réalité économique et sociale
amère! Un prix Nobel de la paix orphelin de la sagesse syndicale, privé de la citoyenneté du patronat, et
handicapé de l'audace du gouvernement, restera tout simplement une page glorieuse, enseignée dans les livres
d'histoire, à des écoliers promis inévitablement au chômage!
Alors, capitalisons économiquement ce trophée:
- au niveau international, en renforçant l'action des délégations commerciales auprès des ambassades, en
lançant une vaste campagne publicitaire pour le tourisme, axée sur cette consécration bien méritée, de type: