dans Vous ne me dérangez pas, je m’étais à peine mis à lire, la locution à peine nie
l’incohation (je n’avais pas vraiment commencé à lire) et non la manière de lire, en revanche
dans Pierre (commence + *se met) à peine à lire, l’expression commencer à n’est pas un
argument pour accomplir parfaitement et à peine confirme cette imperfection (Pierre peine à
lire, Pierre ne lit pas vraiment bien). On peut signaler que commencer de est plus facilement
accepté en français contemporain dans des énoncés interrogatifs ou négatifs.
De plus, se mettre à suppose une forme d’itération, qui fait que l’expression voisine
parfaitement avec des indications de fréquence : Tous les soirs, je (me mets à + ?commence à
+ commence par) lire devant un bon feu, avant d’aller me coucher. Une indication d’itération
peut corriger le caractère inacceptable de certains énoncés : A six ans, Pierre rentre à l’école,
et comme tous les enfants de cet âge, il (commence + se met à) lire. La version avec se mettre
à sous entend que Pierre entre dans un état conforme à une norme, qu’il est enfin lié à un
prédicat-procès qui le fait entrer dans un sous-groupe d’individus constitué autour de la
propriété portée par le prédicat lire : en clair, A six ans, Pierre devient lecteur. L’expression
aspectuelle se mettre à est alors à prendre comme un vecteur de monotonie décroissante.
Une autre chose incite à penser que se mettre à relève de la monotonie décroissante, qui
rappelons-le isole un aspect essentiel du sujet, tenant à son ontologie, son mode d’être. On sait
(depuis Kupferman et Anscombre), que des syntagmes prépositionnels en
∅
N
i, comme en
route, en marche, en peine, en colère, en feu, etc., s’opposant en cela à des syntagmes en
dans/ sur / avec / prép. det Ni, relèvent de la processivité (Appelez un médecin, M. le curé git
( ?*en chaire + dans la chaire), ou Après une telle soirée, le professeur X dormira (en salle
+ ?* dans la salle) d’opération toute la journée demain, gare aux malades ! Pourquoi les
étudiants ne comprennent-ils rien aujourd’hui, ils ne font que dormir (en cours + *dans le
cours) de maths !) et sont pour certains dans un rapport étroit au sujet (ils dénotent une
propriété intrinsèque du sujet : j’ai vu (un homme + une file de voitures +*une émission +
*un restaurant) en route pour les vacances). Très précisément, certains de ces syntagmes
acceptent de post-modifier se mettre et on trouve se mettre en colère, en route, en marche, en
train, etc.
En conclusion, si on ne peut pas dire que dans tous les cas, le choix de se mettre à par
opposition à commencer à signe l’agentivité, on peut dire que dans tous les cas le choix de se
mettre à signale un lien étroit et identifiant entre le sujet et le prédicat imbriqué.
IV. Analyses globalement probantes et « contre-exemples », pour l’anglais:
L’analyse des constructions alternatives de begin ( to V et V-ing) est en grande partie
réalisée à l’aide des concepts d’agentivité (Khalifa, 2004, en particulier) et de ce qu’on peut
rapidement regrouper sous le vocable d’anaphore (Adamczewski & Delmas, 1982 et
Adamczewski, 1996, entre autres). En revanche, les lectures temporelles strictes ou non
(Cotte, 1996, Girard, entre autres, « validation prospective » / « visée d’événement » /
« décalage épistémique » imposé par le verbe recteur ou au contraire « existence autonome de
l’événement » dénoté par V2).posent plus de problèmes (cf. analyse de To par Boulonnais,
2004) qu’elles n’en résolvent dans ce cas particulier, étant donné le sens même de begin.
Adamcewski pose 1) que le prédicat en V-ing est thématisé parce qu’il a déjà fait l’objet
d’un premier choix : la construction regarde alors en direction du sujet – nous ajouterions
qu’elle a pour objet de mieux définir son rôle, y compris mais pas uniquement en affirmant
son agentivité – et 2) d’autre part que la construction en to V lie le prédicat et le sujet pour la
première fois, et présente une information (comme) nouvelle, en focalisant le prédicat.
Khalifa (2004) propose de voir begin to V comme une structure à montée, qui n’a par
définition pas pour objet de construire un sujet agentif, et il constate à l’examen de son corpus
que la construction en to V ne marque pas l’agentivité du sujet, ce rôle étant dévolu à la