8 | La Lettre d’ORL et de chirurgie cervico-faciale 334 - juillet-août-septembre 2013
ALLERGOLOGIE
Crise d’asthme sévère
liée aux orages…
Thunderstorm associated asthma
G. Dutau*
* Allergologue, pneumologue,
pédiatre, Toulouse.
Pour le patient allergique, l’été est dominé par
les allergies polliniques et les réactions aux
piqûres d’hyménoptères. Les allergies alimen-
taires se déclarent ou récidivent aussi pendant les
vacances. Dans le cas présent, une première crise
d’asthme se manifeste chez un adolescent jusque-là
uniquement atteint de rhinite pollinique modérée.
Mais les conditions de survenue de cette crise étaient
particulières...
Observation
José N..., 16 ans, qui présente depuis l’âge de 9 ans
une allergie au pollen de graminées, est hospitalisé
le 15 juin 2009 pour une crise d’asthme aigu sévère.
C’est sa première crise même si, entre l'âge de 2 et
5 ans, il a présenté quelques bronchites sifflantes à
la suite d'infections ORL virales.
Les premiers symptômes de rhume des foins
sont apparus lors des sports de plein air. Les prick
tests (induration/érythème) étaient positifs iso-
lément pour les pollens de dactyle (6/11 mm) et
de phléole (8/13 mm) pour un témoin codéine
positif (4 mm). Les tests aux autres allergènes usuels
(acariens, chat, chien, cheval, Alternaria, blattes,
latex) étaient négatifs. Le dosage des IgE sériques
spécifiques était fortement positif pour les pollens de
dactyle et de phléole (supérieur à 100 kUA/l). Dans
la mesure où les symptômes (écoulement nasal,
conjonctivite, prurit oculaire) étaient contrôlés par
les antihistaminiques H1 ou les corticoïdes intrana-
saux et ne duraient pas plus de 15 à 20 jours par an,
une immunothérapie spécifique n'a pas été proposée.
La crise d’asthme actuelle survient au cours d’une
période de beau temps qui dure depuis le 9 juin.
Toute la famille est à la campagne. José présente
d’abord des symptômes habituels pour lui (éternue-
ments, écoulement nasal, conjonctivite) résistant
aux antihistaminiques H1. Le 15 juin, un violent
orage éclate vers 19 heures, avec une chute brutale
de la température de 31 à 20 °C en quelques heures.
Lorage dure plus de 3 heures.
À 21 heures, José présente une toux sèche et une
oppression respiratoire rapidement croissante. Le
médecin du bourg, aussitôt appelé, diagnostique une
crise d’asthme sévère, avec diminution du murmure
vésiculaire et un tirage qui résiste à l’inhalation de
10 bouffées d’un bêta2-mimétique d’action rapide
prescrit via une chambre d’inhalation adaptée. Il
demande une admission aux urgences d’un hôpital
proche où, à l’entrée, la SaO
2
est à 88 %, le débit
expiratoire de pointe (DEP) à 170 l/sec, la fréquence
respiratoire à 34 cycles/mn et la fréquence cardiaque
à 120 bpm. José reçoit des bêta2-mimétiques d’ac-
tion rapide en nébulisations et 60 mg de predniso-
lone par voie intraveineuse. Au bout de 3 heures,
la situation est presque normalisée. Le cliché du
thorax est normal, en dehors de la distension pul-
monaire attendue. Ladolescent sortira le lendemain
avec des bêta2-mimétiques d’action rapide à pour-
suivre pendant une semaine et des corticoïdes per
os (40 mg de prednisolone par jour pendant 3 jours,
à arrêter d’un coup).
Commentaires
Depuis les premières descriptions de crises d’asthme
associées aux orages, constatées en 1983 au cours
des violents orages qui ont éclaté les 6 et 7 juillet
à Birmingham (1), les publications consacrées à ce
syndrome se sont multipliées, avec l’étude minu-
tieuse des symptômes constatés pendant et après
les orages survenus dans plusieurs pays du monde :
Royaume-Uni (Londres), Australie (Melbourne et
Waga Waga), Canada (Calgary et Ottawa), Arabie
Saoudite, Italie, etc... (in 2). Curieusement, ce syn-
drome, qui peut affecter tous les individus quel que
soit leur âge (3), est mal connu en France malgré
quelques revues (2) et n’a suscité jusqu’à présent
qu’une intention d’étude (4). Au total, une revue de
la littérature indexée sur PubMed ne recense depuis
1985 que 43 articles consacrés à ce sujet sensible,
mais méconnu. Ces crises d’asthme font suite à des
orages violents et, en quelques heures, les médecins
L’auteur ne déclare pas
de liens d’intérêts en relation
avec la rédaction de cet article.
Traitement symptomatique
de la rhino-conjonctivite allergique
(saisonnière et perannuelle)
et de l’urticaire
LE
SUR LES SYMPTÔMES
DE L'
DE L'
ALLERGIE
SUR LES SYMPTÔMES
POUVOIR
PRENDRE
Il est recommandé de mettre en place, chaque fois
que cela est possible, une éviction des allergènes
la plus ciblée possible pour un patient donné
.
INORIAL 20 mg, comprimé. COMPOSITION* FORME
PHARMACEUTIQUE* INDICATIONS THÉRAPEUTIQUES Traitement
symptomatique de la rhino-conjonctivite allergique (saisonnière
et perannuelle) et de l’urticaire. POSOLOGIE ET MODE
D’ADMINISTRATION* CONTRE-INDICATIONS Hypersensibilité à
la substance active (bilastine) ou à l’un des excipients. MISES EN
GARDE SPÉCIALES ET PRÉCAUTIONS D’EMPLOI* INTERACTIONS
AVEC D’AUTRES MÉDICAMENTS ET AUTRES FORMES
D’INTERACTIONS* GROSSESSE ET ALLAITEMENT* EFFETS SUR
L’APTITUDE À CONDUIRE DES VÉHICULES ET A UTILISER DES
MACHINES* EFFETS INDÉSIRABLES* Les effets indésirables
les plus fréquents avec bilastine 20 mg ont été : maux de tête,
somnolence, sensations vertigineuses et fatigue. SURDOSAGE*
PROPRIÉTÉS PHARMACODYNAMIQUES* PROPRIÉTÉS
PHARMACOCINÉTIQUES* DONNÉES DE SÉCURITÉ PRÉCLINIQUE*
DURÉE DE CONSERVATION* PRÉCAUTIONS PARTICULIÈRES
DE CONSERVATION* NATURE ET CONTENU DE L’EMBALLAGE
EXTÉRIEUR* PRÉCAUTIONS PARTICULIÈRES D’ÉLIMINATION*
TITULAIRE DE L’AUTORISATION DE MISE SUR LE MARCHÉ
MENARINI INTERNATIONAL OPÉRATIONS Luxembourg S.A.
1 avenue de la gare – 1 611 LUXEMBOURG – LUXEMBOURG.
PRÉSENTATION(S) ET NUMÉRO(S) D’AUTORISATION DE MISE
SUR LE MARCHÉ 3400949913879 : 10 comprimés sous plaquettes
thermoformées (PVC/Aluminium/PVAC) et 3400949914012 : 30
comprimés sous plaquettes thermoformées (PVC/Aluminium/
PVAC). CONDITIONS DE PRESCRIPTION ET DE DÉLIVRANCE Liste
II. Remb. Séc. Soc. à 30 %. Agréé Coll. Boîte de 10 comprimés :
3,05 € CTJ = 0,31 ; Boîte de 30 comprimés : 7,50 € CTJ = 0,25 €.
DATE DE PREMIÈRE AUTORISATION/DE RENOUVELLEMENT
DE L’AUTORISATION avril 2011 DATE DE MISE À JOUR DU
TEXTE avril 2011 PIERRE FABRE MÉDICAMENT 45 Place
Abel-Gance 92 100 BOULOGNE - Info. Médic. : 0 800 321 273
Pharmacovigilance : 01 49 10 96 18. VERSION ML : V3
* Pour une information complète veuillez consulter le RCP disponible sur
le site internet de l’ANSM, www.ansm.sante.fr
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ALLERGOLOGIE
et les hôpitaux enregistrent de nombreux appels
pour asthme aigu, le plus souvent sévère, 10 à
20 fois plus fréquents qu’en temps normal (in 2,
5-7). La plupart des patients, comme le nôtre, ne
sont atteints que d’un rhume des foins avant de
développer une première crise (in 2).
Les facteurs favorisants (1, 2, 5-7) sont la chute
brutale de la température (10 °C et plus), l’aug-
mentation de l’humidité relative et l’apparition de
certaines moisissures comme Sporobolomyces Spp.
et Didymella exitialis, responsables du “late summer
asthma(2). Mais les premiers responsables sont les
grains de pollen qui, après plusieurs jours d’émissions
abondantes, sont ramollis par la pluie et libèrent des
particules amylacées très fines (inférieures à 1 micron)
qui pénètrent dans les voies aériennes distales et
déclenchent des crises sévères. Cette libération a
été prouvée in vitro en microscopie électronique (8).
Tous les pollens peuvent être en cause, notamment
l’ivraie (5), la plupart des graminées et, plus récem-
ment, le pollen d’olivier (9). Dans une étude pédia-
trique récente, le risque d’admission aux urgences
pour asthme commence à partir de 20 grains/m
3
(10).
D’autres facteurs favorisants ont été mis en évi-
dence : les vents précédant le front des orages,
chargés de pollens et de polluants inhalés sous
forme d’aérosols (in 2), et l’existence d’une inflam-
mation bronchique plus importante chez les per-
sonnes atteintes d’asthme lié aux orages comparés
aux témoins (11).
Conclusion
La survenue d’orages expose les individus allergiques,
le plus souvent atteints d’allergies polliniques, à des
crises d’asthme sévère, quelle que soit la gravité de
leur allergie. Tous les pollens sont en cause. L’asthme
doit être contrôlé de façon optimale chez les patients
déjà asthmatiques, allergiques aux pollens. Une
bonne prise en charge des rhinites allergiques doit
permettre de diminuer la morbidité par asthme.
Références
bibliographiques
1. Packe GE, Ayres JG. Asthma
outbreak during a thunderstorm.
Lancet 1985;2(8448):199-204.
2. Dutau G. L’asthme lié aux orages.
In : Allergologie et pneumologie de
l’enfant et de l’adolescent. Paris :
collection Références en Pédiatrie,
2005:179-90.
3. Villeneuve PJ, Leech J,
Bourque D. Frequency of emer-
gency room visits for childhood
asthma in Ottawa, Canada: the
role of weather. Int J Biometeorol
2005;50(1):48-56.
4. Thibaudon M, Poirot A, Klein-
peter J, Robellet P, de Blay F. Moisis-
sures et orages. Rev Fr Allergol
2012;52(3):268 (abstract 55).
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