ALLERGOLOGIE Crise d’asthme sévère liée aux orages… Thunderstorm associated asthma G. Dutau* P our le patient allergique, l’été est dominé par les allergies polliniques et les réactions aux piqûres d’hyménoptères. Les allergies alimentaires se déclarent ou récidivent aussi pendant les vacances. Dans le cas présent, une première crise d’asthme se manifeste chez un adolescent jusque-là uniquement atteint de rhinite pollinique modérée. Mais les conditions de survenue de cette crise étaient particulières... Observation L’auteur ne déclare pas de liens d’intérêts en relation avec la rédaction de cet article. * Allergologue, pneumologue, pédiatre, Toulouse. José N..., 16 ans, qui présente depuis l’âge de 9 ans une allergie au pollen de graminées, est hospitalisé le 15 juin 2009 pour une crise d’asthme aigu sévère. C’est sa première crise même si, entre l'âge de 2 et 5 ans, il a présenté quelques bronchites sifflantes à la suite d'infections ORL virales. Les premiers symptômes de rhume des foins sont apparus lors des sports de plein air. Les prick tests (induration/érythème) étaient positifs isolément pour les pollens de dactyle (6/11 mm) et de phléole (8/13 mm) pour un témoin codéine positif (4 mm). Les tests aux autres allergènes usuels (acariens, chat, chien, cheval, Alternaria, blattes, latex) étaient négatifs. Le dosage des IgE sériques spécifiques était fortement positif pour les pollens de dactyle et de phléole (supérieur à 100 kUA/l). Dans la mesure où les symptômes (écoulement nasal, conjonctivite, prurit oculaire) étaient contrôlés par les antihistaminiques H1 ou les corticoïdes intranasaux et ne duraient pas plus de 15 à 20 jours par an, une immunothérapie spécifique n'a pas été proposée. La crise d’asthme actuelle survient au cours d’une période de beau temps qui dure depuis le 9 juin. Toute la famille est à la campagne. José présente d’abord des symptômes habituels pour lui (éternuements, écoulement nasal, conjonctivite) résistant aux antihistaminiques H1. Le 15 juin, un violent orage éclate vers 19 heures, avec une chute brutale de la température de 31 à 20 °C en quelques heures. L’orage dure plus de 3 heures. 8 | La Lettre d’ORL et de chirurgie cervico-faciale • n° 334 - juillet-août-septembre 2013 À 21 heures, José présente une toux sèche et une oppression respiratoire rapidement croissante. Le médecin du bourg, aussitôt appelé, diagnostique une crise d’asthme sévère, avec diminution du murmure vésiculaire et un tirage qui résiste à l’inhalation de 10 bouffées d’un bêta2-mimétique d’action rapide prescrit via une chambre d’inhalation adaptée. Il demande une admission aux urgences d’un hôpital proche où, à l’entrée, la SaO2 est à 88 %, le débit expiratoire de pointe (DEP) à 170 l/sec, la fréquence respiratoire à 34 cycles/mn et la fréquence cardiaque à 120 bpm. José reçoit des bêta2-mimétiques d’action rapide en nébulisations et 60 mg de prednisolone par voie intraveineuse. Au bout de 3 heures, la situation est presque normalisée. Le cliché du thorax est normal, en dehors de la distension pulmonaire attendue. L’adolescent sortira le lendemain avec des bêta2-mimétiques d’action rapide à poursuivre pendant une semaine et des corticoïdes per os (40 mg de prednisolone par jour pendant 3 jours, à arrêter d’un coup). Commentaires Depuis les premières descriptions de crises d’asthme associées aux orages, constatées en 1983 au cours des violents orages qui ont éclaté les 6 et 7 juillet à Birmingham (1), les publications consacrées à ce syndrome se sont multipliées, avec l’étude minutieuse des symptômes constatés pendant et après les orages survenus dans plusieurs pays du monde : Royaume-Uni (Londres), Australie (Melbourne et Waga Waga), Canada (Calgary et Ottawa), Arabie Saoudite, Italie, etc... (in 2). Curieusement, ce syndrome, qui peut affecter tous les individus quel que soit leur âge (3), est mal connu en France malgré quelques revues (2) et n’a suscité jusqu’à présent qu’une intention d’étude (4). Au total, une revue de la littérature indexée sur PubMed ne recense depuis 1985 que 43 articles consacrés à ce sujet sensible, mais méconnu. Ces crises d’asthme font suite à des orages violents et, en quelques heures, les médecins ALLERGOLOGIE et les hôpitaux enregistrent de nombreux appels pour asthme aigu, le plus souvent sévère, 10 à 20 fois plus fréquents qu’en temps normal (in 2, 5-7). La plupart des patients, comme le nôtre, ne sont atteints que d’un rhume des foins avant de développer une première crise (in 2). Les facteurs favorisants (1, 2, 5-7) sont la chute brutale de la température (10 °C et plus), l’augmentation de l’humidité relative et l’apparition de certaines moisissures comme Sporobolomyces Spp. et Didymella exitialis, responsables du “late summer asthma” (2). Mais les premiers responsables sont les grains de pollen qui, après plusieurs jours d’émissions abondantes, sont ramollis par la pluie et libèrent des particules amylacées très fines (inférieures à 1 micron) qui pénètrent dans les voies aériennes distales et déclenchent des crises sévères. Cette libération a été prouvée in vitro en microscopie électronique (8). Tous les pollens peuvent être en cause, notamment l’ivraie (5), la plupart des graminées et, plus récemment, le pollen d’olivier (9). Dans une étude pédia- 795037 - 05/2013 - 13/01/63858119/PM/001 Il est recommandé de mettre en place, chaque fois que cela est possible, une éviction des allergènes la plus ciblée possible pour un patient donné. INORIAL 20 mg, comprimé. COMPOSITION* FORME PHARMACEUTIQUE* INDICATIONS THÉRAPEUTIQUES Traitement symptomatique de la rhino-conjonctivite allergique (saisonnière et perannuelle) et de l’urticaire. POSOLOGIE ET MODE D’ADMINISTRATION* CONTRE-INDICATIONS Hypersensibilité à la substance active (bilastine) ou à l’un des excipients. MISES EN GARDE SPÉCIALES ET PRÉCAUTIONS D’EMPLOI* INTERACTIONS AVEC D’AUTRES MÉDICAMENTS ET AUTRES FORMES D’INTERACTIONS* GROSSESSE ET ALLAITEMENT* EFFETS SUR L’APTITUDE À CONDUIRE DES VÉHICULES ET A UTILISER DES MACHINES* EFFETS INDÉSIRABLES* Les effets indésirables les plus fréquents avec bilastine 20 mg ont été : maux de tête, somnolence, sensations vertigineuses et fatigue. SURDOSAGE* PROPRIÉTÉS PHARMACODYNAMIQUES* PROPRIÉTÉS PHARMACOCINÉTIQUES* DONNÉES DE SÉCURITÉ PRÉCLINIQUE* DURÉE DE CONSERVATION* PRÉCAUTIONS PARTICULIÈRES DE CONSERVATION* NATURE ET CONTENU DE L’EMBALLAGE EXTÉRIEUR* PRÉCAUTIONS PARTICULIÈRES D’ÉLIMINATION* TITULAIRE DE L’AUTORISATION DE MISE SUR LE MARCHÉ MENARINI INTERNATIONAL OPÉRATIONS Luxembourg S.A. 1 avenue de la gare – 1 611 LUXEMBOURG – LUXEMBOURG. PRÉSENTATION(S) ET NUMÉRO(S) D’AUTORISATION DE MISE SUR LE MARCHÉ 3400949913879 : 10 comprimés sous plaquettes thermoformées (PVC/Aluminium/PVAC) et 3400949914012 : 30 comprimés sous plaquettes thermoformées (PVC/Aluminium/ PVAC). CONDITIONS DE PRESCRIPTION ET DE DÉLIVRANCE Liste II. Remb. Séc. Soc. à 30 %. Agréé Coll. Boîte de 10 comprimés : 3,05 € CTJ = 0,31 € ; Boîte de 30 comprimés : 7,50 € CTJ = 0,25 €. DATE DE PREMIÈRE AUTORISATION/DE RENOUVELLEMENT DE L’AUTORISATION avril 2011 DATE DE MISE À JOUR DU TEXTE avril 2011 PIERRE FABRE MÉDICAMENT 45 Place Abel-Gance 92 100 BOULOGNE - Info. Médic. : 0 800 321 273 Pharmacovigilance : 01 49 10 96 18. VERSION ML : V3 trique récente, le risque d’admission aux urgences pour asthme commence à partir de 20 grains/m3 (10). D’autres facteurs favorisants ont été mis en évidence : les vents précédant le front des orages, chargés de pollens et de polluants inhalés sous forme d’aérosols (in 2), et l’existence d’une inflammation bronchique plus importante chez les personnes atteintes d’asthme lié aux orages comparés aux témoins (11). Conclusion La survenue d’orages expose les individus allergiques, le plus souvent atteints d’allergies polliniques, à des crises d’asthme sévère, quelle que soit la gravité de leur allergie. Tous les pollens sont en cause. L’asthme doit être contrôlé de façon optimale chez les patients déjà asthmatiques, allergiques aux pollens. Une bonne prise en charge des rhinites allergiques doit permettre de diminuer la morbidité par asthme. ■ Références bibliographiques 1. Packe GE, Ayres JG. Asthma outbreak during a thunderstorm. Lancet 1985;2(8448):199-204. 2. Dutau G. L’asthme lié aux orages. In : Allergologie et pneumologie de l’enfant et de l’adolescent. Paris : collection Références en Pédiatrie, 2005:179-90. 3. Villeneuve PJ, Leech J, Bourque D. Frequency of emergency room visits for childhood asthma in Ottawa, Canada: the role of weather. Int J Biometeorol 2005;50(1):48-56. 4. Thibaudon M, Poirot A, Kleinpeter J, Robellet P, de Blay F. Moisissures et orages. Rev Fr Allergol 2012;52(3):268 (abstract 55). Traitement symptomatique de la rhino-conjonctivite allergique (saisonnière et perannuelle) et de l’urticaire LE PRENDRE POUVOIR SUR LES SYMPTÔMES ALLERGIE DE L' * Pour une information complète veuillez consulter le RCP disponible sur le site internet de l’ANSM, www.ansm.sante.fr La Lettre d’ORL et de chirurgie cervico-faciale • n° 334 - juillet-août-septembre 2013 | 9