Un homme, richement vêtu, se leva. Tous reconnurent
Kallias, un riche citoyen de vieille famille, jeune et ambitieux. Il
voulait sûrement devenir un des dix stratèges.
- Périclès, peux-tu nous dire si les travaux de l'Acropole vont durer
encore longtemps ?
- Aussi longtemps que nécessaire et le plus vite possible. Beaucoup
de citoyens ici présents ont du travail grâce à ce chantier. Beaucoup
dans l'assemblée hochèrent la tête pour approuver.
- Mais ce chantier engloutit l'argent de la cité ! répliqua Kallias. Un
de ses compagnons ajouta bruyamment : "Et ce trésor ne nous
appartient pas ! C'est l'argent mis en commun de toutes les cités
qui se sont liguées pour se défendre contre les Perses ! En utilisant
cet argent pour construire des monuments, tu nous affaiblis."
Périclès sourit et prit du temps pour répondre.
- As-tu oublié les Longs Murs que j'ai achevé pour protéger Athènes
? Est-ce un monument inutile ? A moins que tu ne sois aveugle et
que tu ne confondes une muraille et un temple ? Et est-ce que les
travaux d'agrandissement de notre port, Le Pirée, te semblent
inutiles ? Beaucoup de citoyens rirent. Périclès continua : "Mais je te
comprends, Kallias. Tes champs sont loin dans la campagne de la
cité. Tu préfères les protéger aux frais d'Athènes plutôt que de
rendre hommage à notre déesse protectrice, Athéna ! Il est vrai que
les impôts de nos cités alliées sont utilisés dans les travaux de
l'Acropole. Mais ils servent avant tout à financer la flotte de guerre.
C'est le prix de notre protection pour ces cités contre les Perses.
Kallias fut sifflé et hué. Il se rassit, vexé.
A l'autre extrémité de la foule, un vieillard se leva et le
silence revint lentement. Le président dut intervenir pour calmer la
foule. Mais sa voix sonnait clairement :
- Périclès ! Cela va faire presque dix ans que tu es élu stratège. Tu
es sûrement un bon dirigeant pour notre cité, mais n'es-tu pas en
train de devenir un tyran ? La foule des citoyens recommença à
s'agiter. Une voix anonyme cria : "A bas le tyran !". Un autre ajouta
: "Qu'on l'ostracise !" Périclès leva les bras et attendit le retour au
calme :
- Je ne suis pas un tyran. Le Conseil vérifie que j'honore bien les
dieux, que je respecte nos lois, que je ne m'enrichis pas en volant
dans le trésor d'Athènes. Si ça n'était pas le cas, j'aurais été
condamné depuis longtemps. Je ne suis pas au-dessus des lois,
pour la seule raison qu'à Athènes, la loi est la même pour tous. Ici,
à Athènes, les lois ne sont pas faites par un petit groupe de chefs
ou par un roi mais par vous, les citoyens. Les citoyens pauvres et
riches sont égaux à Athènes. Riches et pauvres peuvent devenir
magistrats : seuls les meilleurs sont élus ou nommés, c'est la seule
règle. Grâce à moi, les pauvres reçoivent de l'argent quand ils sont
magistrats, afin de ne pas perdre de salaire. Grâce à moi,
l'assemblée des citoyens a plus de pouvoirs. Grâce à moi, de
nombreux citoyens ont obtenu des terres gratuites en Grèce. Grâce
à moi, tous les citoyens peuvent devenir magistrats. Nous ne
sommes pas à Sparte, où une poignée de soldats dirige la cité !
Enfin, citoyens, si vous ne voulez plus de moi comme stratège, c'est
très simple : vous n'avez pas à me tuer, vous n'avez pas à faire de
révolution, vous n'avez pas à m'emprisonner ou à m'exiler. Vous
n'avez tout simplement qu'à ne pas voter pour moi. C'est ça la
démocratie, c'est la loi de la majorité. La loi, c'est vous."
Périclès baissa les bras et la foule des citoyens l'acclama. Il
allait être sûrement réélu. Aspasie serait contente.
Le héros du récit
PERICLES est présenté dans le document 1 page 46 : ______________
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Les lieux du récit
Ils sont écrits en caractère gras. Pour les localiser et bien retracer
le trajet que fait Périclès depuis son domicile jusqu'au lieu où se
déroulent les élections, observe le plan 2 page 47 de ton livre.