
CURRICULUM Forum Med Suisse 2008;8(48):930–934 932
génique locale des conjonctives et des muqueuses
nasales. Mais même si un tel test est positif, il ne
prouve pas encore que l’allergène en question
provoque des symptômes dans le compartiment
«muqueuse bronchique».
La troisième possibilité est la «carence allergé-
nique diagnostique». Y a-t-il par ex. eu des symp-
tômes en vacances, dans un lieu sans aucun
contact évident avec l’allergène? Les cliniques
d’altitude spécialisées à plus de 1200 mètres sont
particulièrement indiquées pour ce faire. Il n’y a
généralement pas d’acariens à cette altitude. Le
personnel est tenu de n’introduire aucun anti-
gène animal par ses vêtements. En hiver, il n’y a
aucun pollen en circulation (sauf pollen de noise-
tier dès février), et si la couverture neigeuse est
bien hermétique, les concentrations de moisis-
sures sont aussi très basses. Si le traitement d’un
patient symptomatique ne change pas dans les
jours suivant son admission, la clinique, la fonc-
tion pulmonaire, le comptage des éosinophiles
dans les expectorations et la teneur en monoxyde
d’azote dans le gaz expiré (FeNO) permettront de
dire s’il y a une amélioration spontanée de l’in-
flammation asthmatique. Plus elle est marquée,
plus l’asthme est entretenu par la réaction aller-
gique, c.-à-d. qu’au moins une des sensibili -
sations démontrées doit avoir une actualité cli-
nique.
Gravité de l’asthme et intensité
de la réaction allergique
Le contact avec l’allergène peut être le seul fac-
teur déclenchant d’un asthme allergique. Cela est
vrai pour les deux premières formes d’asthme ci-
tées, bien que des infections respiratoires virales
puissent provoquer des exacerbations aiguës.
Dans l’asthme allergique primitif chronicisé, le
contact avec l’allergène déclenche souvent une
accentuation plus ou moins importante des
symptômes, mais ce sont surtout d’autres fac-
teurs qui en conditionnent la gravité. Il s’agit
d’une part des infections respiratoires virales, et
de l’autre d’une activité asthmatique indépen-
dante de l’allergène. Comme Altoynan [11] a pu
démontrer pour la première fois que le contact
saisonnier avec l’allergène provoque une aug-
mentation de la BHR, elle a été interprétée chez
l’asthmatique comme étant exclusivement la
conséquence de la réaction allergique. Nous pen-
sons aujourd’hui que la BHR d’un patient a plu-
sieurs composantes [12]. Elle est en partie géné-
tiquement déterminée. Les proches parents des
asthmatiques ont souvent une BHR asymptoma-
tique au test à la méthacholine. Dans l’asthme
allergique, après exposition à un allergène, en
fonction de l’intensité du contact et de la réaction
allergique tardive, il y a une augmentation pas-
sagère de la BHR. Cette composante se confirme
le mieux dans un test de provocation indirect (par
l’allergène et appréciation de l’évolution de la
maladie sous carence allergénique.
En cas de sensibilisation à un allergène rare, ou
de sensibilisation aux pollens avec symptoma -
tologie strictement saisonnière, l’anamnèse al -
lergologique concordant avec la sensibilisation
démontrée confirme parfaitement l’actualité cli-
nique. Pour les pollens, l’anamnèse d’asthme
peut être différente de celle de rhinite. En fonc-
tion de la taille des pollens, une allergie aux pol-
lens se manifeste en général d’abord par une rhi-
nite, car ils restent en grande partie impactés
dans les muqueuses nasales. Les patients souf-
frant de pollinose voient souvent leur symptoma-
tologie s’améliorer après une averse, qui élimine
les pollens de l’air. Les asthmatiques aux pollens
par contre présentent parfois une exacerbation
marquée lors d’orages. Avec les forces électro -
statiques et l’irritation osmotique de l’augmenta-
tion massive de l’hygrométrie, les grains de pol-
len explosent et libèrent des granules d’amidon,
qui ont eux aussi un caractère antigénique et sont
si petits qu’ils peuvent parvenir jusque dans les
petites bronches [10]. S’il y a sensibilisation à des
allergènes pérennes (tab. 1 p), mais aussi aux
chats, l’estimation de l’actualité clinique peut
s’avérer difficile. Si l’animal vit dans la maison,
l’allergène peut être disséminé partout par les
courants d’air ou l’aspirateur, ce qui fait qu’il peut
y avoir exposition à l’allergène sans caresser le
chat et que la relation évidente avec le contact de
l’animal peut être absente. L’anamnèse de l’ac-
tualité d’une sensibilisation est encore plus diffi-
cile si un patient est déjà sous traitement de cor-
ticostéroïdes.
L’actualité clinique peut également être prouvée
par une provocation allergénique. Mais une telle
provocation par inhalation fait courir un certain
risque et peut détériorer durablement le bien-
être du patient. C’est pour cette raison que de tels
examens ne sont effectués que pour répondre à
des questions assécurologiques. Il y a également
le test ophtalmique et nasal, la provocation aller-
Tableau 1. Allergènes pérennes de Suisse.
Poussière de maison (acariens: Dermatophagoides
pteronyssinus et D. farinae)
Acariens de stockage (Lepidoglyphus destructor, Acarus
siro, Glycyphagus domesticus)
Cafards (Blatella germanica; surtout dans les HLM)
Soie sauvage (dans duvets et coussins)
Aspergillus sp. (parois humides, etc.)
Cladosporium herbarum (couche noire de spores sur les
plantes les étés humides; les spores deviennent aérogènes
lors de la tonte du gazon)
Alternaria alternata (déchets organiques, céréales, etc.)
Latex (surtout au travail)
Ficus benjamina (suc de feuilles de plantes d’appartement,
qui sèche et devient aérogène. Souvent sensibilité croisée
avec latex, avocat, banane et marron)
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