Le portrait de l`économie sociale et solidaire contraire - APRES-Ge

Le portrait de l’économie sociale
et solidaire contraire aux clichés
Une étude statistique
sur le secteur sort pour la
première fois à Genève.
ELISE JACQUESON
Le domaine de l’économie soli-
daire et sociale (ESS), à Genève,
se dote pour la première fois d’un
visage. Cette photographie se pré-
sente sous la forme d’une étude
statistique, qui a été publiée et pré-
sentée hier par la Chambre de
l’économie sociale et solidaire,
APRES-GE. La démarche n’était
pas aisée mais la Chambre tenait
à cerner les contours d’une éco-
nomie qui augmente sa visibilité
depuis six ans. «Longtemps, les ac-
teurs de cette économie ont fonc-
tionné chacun de leur côté sans
arriver à avoir une représentation,
témoigne Eric Rossiaud, président
d’APRES-GE. Cela a changé de-
puis la création de la chambre ge-
nevoise de l’ESS, organe faîtier
qui regroupe 250 organisations
Aujourd’hui, l’étude vient renfor-
cer cette visibilité.
APRES-GE a donc dressé un por-
trait de cette économie, selon trois
axes: le statut juridique, le secteur
d’activité et le budget annuel. Sur
les 250 organisations membres,
195 ont joué le jeu. «Un taux de
participation très élevé», selon Mi-
chel Oris, professeur de démogra-
phie historique et histoire sociale
à l’Université de Genève. Ce der-
nier a fait partie du comité de pi-
lotage et apporte à l’étude sa va-
lidité scientifique.
Parmi les résultats, certains ne sur-
prennent pas, étant totalement en
accord avec les valeurs prônées
par l’ESS. Comme par exemple,
un écart de salaire qui ne doit pas
être trop important entre les col-
laborateurs d’une même entre-
prise et leur dirigeant. «Les écarts
salariaux se situent entre 1,3 et
2,3. Soit en dessous de la limite ac-
ceptable que nous avons fixée au
maximum à cinq», souligne
Thierry Pellet, secrétaire géné-
ral d’APRES-GE. Ou encore le
fait que sur les 195 membres, 134
sont des associations.
Mais l’étude lève aussi le voile sur
un secteur bien plus hétérogène
et varié qu’il n’y paraît. Loin des
idées reçues habituellement véhi-
culées. «Nous avons ainsi été sur-
pris de découvrir que le secteur
social-santé, auquel l’ESS est ré-
gulièrement réduite, ne représen-
tait que 17% des organisations
membres», déclare le secrétaire
général. Etonnant aussi d’appren-
dre qu’un tiers des organisations
membres d’APRES-GE sont au-
tofinancées. Et ne reçoivent donc
aucun soutien financier, ni de la
Ville, ni du canton. Enfin, le sa-
laire mensuel moyen se monte à
6.345 francs et n’a rien à envier
au secteur privé à but lucratif. Il
est cependant à relativiser sachant
que ce secteur emploie un bon
nombre d’acteurs à temps partiel
et bénéficient du soutien de per-
sonnes qui souhaitent s’investir
dans l’ESS. Ainsi, parmi les 195
organisations sondées, 2401 per-
sonnes sont salariées, 784 sont sta-
giaires et 3577 sont bénévoles. Le
salaire moyen ne concerne évi-
demment pas les emplois de so-
lidarité prévus par la nouvelle loi
cantonale sur l’assurance-chô-
mage dont le plus haut salaire a
été fixé à 4000 francs.
Par ailleurs, le document
confirme la place toujours plus
importante de ce secteur dans le
paysage économique genevois en
indiquant que l’ESS représente
10% des emplois du territoire ge-
nevois.
«Depuis la création d’APRES-
GE, nous laissons la porte ouverte
aux entreprises de type SA, Sàrl,
ou aux indépendants qui parta-
gent les valeurs inscrites dans no-
tre charte, basée sur les principes
du développement durable», rap-
pelle Thierry Pellet. Eric Ros-
siaud, président d’APRES-GE
formule alors le voeu que d’autres
entreprises rejoignent «les milliers
de gens qui participent à l’écono-
mie autrement, en offrant des
biens et des services avec une plus-
value sociale».
Pour Michel Oris, l’avantage de
cette étude est «de montrer que ce
type d’économie qui se construit
en réaction au modèle néolibéral
dominant peut fonctionner, qu’il
n’a pas nécessairement besoin des
fonds publics et qu’il n’est pas res-
treint au seul domaine de l’inser-
tion». L’exercice sera reconduit,
de manière encore plus perfor-
mante et plus documentée, assure
Thierry Pellet.
mardi 21 septembre 2010
4SUISSE
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ENTEPRISES
NATURE & DÉCOUVERTES: troisième point
de vente suisse à Sion
Nature & Découvertes poursuit son développement en Suisse ro-
mande. Après Lausanne en septembre 2009 et Genève (centre Ba-
lexert) en juillet 2010, c’est à Sion que le prochain point de vente ou-
vrira ses portes en février 2011. Situé au cœur d’une zone commerciale,
proche de Manor et de la librairie Payot, ce magasin occupera une sur-
face commerciale de 300 m². Composée d’une dizaine de personnes,
l’équipe sera placée sous la direction de Philippe Ciamporcero, di-
recteur du réseau Nature & Découvertes au sein de Payot SA. L’ex-
tension de l’enseigne se poursuivra jusqu’en 2013 avec l’ouverture de
quatre autres points de vente (deux sur l’arc lémanique, un à Neu-
châtel et un à Fribourg).
RICOH: journée portes ouvertes à Genève
le 23 septembre prochain
Au cours de sa première journée portes ouvertes dédiée à l’impression
de production se déroulant à Genève, Ricoh Suisse présentera le 23 sep-
tembre ses solutions pour l’impression de production numérique. A
cette occasion, des visiteurs triés sur le volet pourront venir s’infor-
mer en exclusivité sur le portefeuille de solutions conçues pour les en-
vironnements d’impression complexes.
UNION PÉTROLIÈRE: coup d’envoi du Prix Evenir 2011
Le Prix Evenir sera attribué pour la neuvième fois l’an prochain. Ce
prix du développement durable de l’Union pétrolière distingue des
projets qui réunissent sur le long terme des aspects écologiques, éco-
nomiques et sociaux. Des projets couronnés de succès tels que «La
Suisse à vélo» ou «Table couvre-toi» comptent parmi les précédents
lauréats. Des projets des domaines des sciences, de l’économie, des
affaires sociales, de l’environnement, de la politique et de la culture
peuvent se porter candidats. Les projets peuvent être désignés unique-
ment par une tierce personne. Les nominations peuvent être présen-
tées au secrétariat du Prix Evenir jusqu’au 30 novembre 2010. Les
dossiers de candidature sont à disposition sur le site Internet
www.prixevenir.ch.
PALEXPO: salon de la voiture d’occasion
du 1er au 3 octobre 2010
La 18eédition du Salon de la Voiture d’Occasion, organisée par la
section genevoise de l’Union professionnelle suisse de l’automobile,
aura lieu du vendredi 1er au dimanche 3 octobre prochain dans la Halle
6 de Geneva Palexpo et retrouve ainsi ses dates habituelles (en 2009,
la manifestation avait eu lieu au printemps, en rasions de la tenue de
Rélécom en automne). Quelque 700 automobiles seront exposées.
L’an dernier, la manifestation avait attiré plus de 4500 visiteurs et quel-
que 200 voitures avaient trouvé preneurs, représentant un chiffre d’af-
faires de ventes de plus de 4,2 millions de francs et un prix de vente
moyen de 21.000 francs.
L’ÉCONOMIE SOLIDAIRE
ET SOCIALE (ESS)
REPRÉSENTE
10% DES EMPLOIS DU
TERRITOIRE GENEVOIS.
THIERRY PELLET. Le secrétaire géné-
ral d’APRES-GE constate une tendance
des organisations à s’autofinancer.
Le cleantech tous azimuts
Claude Beglé porteur du projet qui veut faire de la région Genève un haut lieu de développement durable.
ANNE RÉTHORET
La publication du rapport sur l’ini-
tiative du Catalyseur Cleantech
de Suisse Occidentale (CCSO),
mandaté par le département des
affaires régionales (DARES) sem-
ble susciter davantage de ques-
tions qu’il n’apporte des réponses
vraiment convaincantes.
L’analyse conduite par Claude Be-
glé, portant sur la création d’un
pôle cleantech genevois, proclame
que Genève et la Suisse occiden-
tale disposent d’atouts réels pour
établir un centre de compéten-
ces de portée internationale. Qui
pourrait encore en douter? Ge-
nève peut se doter d’un incuba-
teur supplémentaire. La région
dispose néanmoins de plusieurs
plateformes du même type.
Le risque de redondances dans les
associations et plateformes exis-
tantes semble être le défi princi-
pal auquel le CCSO sera
confronté. Claude Beglé affirme
en être conscient. Selon le secré-
taire général de CleantechAlps à
Sion, Eric Plan, l’initiative est fort
intéressante pour Genève et sa re-
présentation au niveau interna-
tional. Cependant, un effort consi-
dérable de coordination devra être
fourni dans les mois à venir.
Car si l’on s’en tient au propos de
Claude Beglé, l’initiative CCSO
est bien plus qu’un simple incu-
bateur de 2500 m2dans le bâti-
ment Société d’Energie Solaire
(SES) à Plan-les-Ouates. Le direc-
teur général de la société de
conseil SymbioSwiss parle no-
tamment de la mise en place gra-
duelle d’un écosystème cleantech
doté d’une masse critique de spé-
cialistes et capable d’offrir des ser-
vices de soutien aux entreprises
locales. Il souhaite également fa-
voriser l’établissement de sièges
internationaux cleantech, R&D
et propriété intellectuelle, grâce
aux organisations internationales
existant à Genève.
«Claude Beglé dispose d’atouts de
taille en représentant Genève à
l’international. L’image de mar-
que de la ville renforce le position-
nement de ce pôle à l’étranger et
sa création ne peut qu’apporter
davantage d’activité à ce secteur
déjà très développé en Suisse»,
ajoute Nick Beglinger, président
de l’association Swisscleantech.
Claude Beglé a d’ailleurs, déjà en-
tamé des propositions de collabo-
ration avec d’autres instituts et in-
cubateurs de pays émergents,
notamment l’incubateur de Hi-
Tech Park de Shanghai Zhang-
jiang East Area. Il espère égale-
ment utiliser la force de la place
financière locale, en créant des
«teams technico-financiers». L’ini-
tiative financière et Carbon Off-
set Trading proposée par le
CCSO souhaite offrir aux ban-
ques, «une meilleure capacité
d’évaluation des projets, au mo-
ment de développer ou de créer
les fonds d’investissements thé-
matiques». L’ex-président du
conseil d’administration de la
Poste évoque par ailleurs l’éven-
tuelle création ultérieure d’un
hedge fund. Quant à l’entrée sur
le marché du Carbon Offset Tra-
ding, elle est prévue d’ici cinq à
dix ans. «En commençant sur le
marché premium des projets cer-
tifiés», précise-t-il.
Le projet de loi pour un incuba-
teur cleantech sera soutenu par la
combinaison de tous ces éléments.
Idéalement, l’incubateur CCSO
sera situé à Plan-les-Ouates, où
Claude Beglé souhaite reproduire
l’expérience Masdar, la ville à
émission zéro d’Abu Dhabi. «Pour
autant qu’il n’y ait pas de turbu-
lences politiques, une particula-
rité appréciable de cet incubateur
est qu’il pourrait être intimement
lié à l’éco-quartier des Cherpines
(600.000 m2) et son parc indus-
triel (120.000m2)».
Ce qui compte le plus souvent
n’est pas tant de trouver du seed
money mais plutôt de disposer
d’un marché sur lequel expéri-
menter à l’échelle réelle une in-
vention ou un concept. «Le Can-
ton de Genève pourrait tester à
son échelle certaines découvertes
et innovations provenant de l’in-
cubateur de Plan-les-Ouates. Le
partenariat public-privé envisagé
entre ABB Sécheron, les SIG et
les TPG en matière de mobilité
est notamment un bon exemple
de cette volonté politique en ter-
mes de contribution au dévelop-
pement des cleantechs».
Financement de départ à finaliser
Claude Beglé envisage un mode de financement
public/privé pour le CCSO. 40% des coûts de fonc-
tionnement seront pris en charge par le secteur pu-
blic et 60% par le secteur privé. Le budget initial
prévu de 2,5 millions sera financé en deux étapes.
Une contribution à hauteur d’un million de la part
de l’Etat de Genève et 500.000 francs supplémen-
taires des SIG entre 2011 et 2012. «Le canton est
prêt à s’engager pour faire fonctionner une struc-
ture administrative et un conseil scientifique», a pré-
cisé le conseiller d’Etat Pierre-François Unger, en
ajoutant que le projet de loi sera déposé ces prochains
mois. Pour le reste, il incombera donc au CCSO
de convaincre peu à peu le secteur privé de son uti-
lité. Selon l’étude publiée par Claude Beglé, l’en-
gagement des banques dans le secteur cleantech
est encore timide et la Suisse est loin d’être un el-
dorado pour le capital-risque dans ce secteur. Il es-
père notamment que certaines sociétés «parrainent»
différentes filières. «Par exemple Cargill ou Holium
l’écologie industrielle, ABB la mobilité douce, ou
Nestlé la problématique de l’eau».
LECATALYSEUR
CLEANTECH DE SUISSE
OCCIDENTALE
SERA SITUÉ
ÀPLAN-LES-OUATES.
L’économie sociale et solidaire
(ESS) représente 28.818 places de
travail ce qui correspond à 12,63%
des emplois du canton.
A ces chiffres a été soustrait le
nombre d’employés de Coop et de
Migros afin de ne pas biaiser
l’étude. Ce qui porte à 10% le nom-
bre d’emplois représentés par
l’ESS. Le poids économique des
195 organisations de l’échantillon
d’APRES-GE (sur 250 membres
début 2010) en termes de budget
annuel se monte à 212,9 millions
de francs soit 0,51% du produit in-
térieur brut du canton de Genève.
Le secteur est composé d’une vaste
diversité d’acteurs, à but non lu-
cratif ou à lucrativité limitée (coo-
pérative, fondation, association,
SA, Sàrl, indépendant) et de mul-
tiples activités (habitat associatif,
artisanat, production agricole, ser-
vice aux personnes, commerce
équitable, fiance solidaire, art,
sport). (EJ)
L’ESS genevoise en chiffres
TRAJECTOIRES
SALON DE L’AUTO:
nouveau comité pour 2012
Le Comité du Salon de l’auto de
Genève a désigné le successeur de
Luc Argand, président depuis
2004. Maurice Turrettini prendra
sa place dès juillet 2011. Il sera se-
condé par André Hefti, futur direc-
teur général, qui succèdera lui à
Rolf Studer à partir du 1er avril
2011. Né en 1961, Me Maurice
Turrettini est avocat au barreau de
Genève à Vandoeuvres (GE). An-
dré Hefti (1947) est lui directeur de
la communication chez Renault
depuis 15 ans. Ce zurichois parfai-
tement bilingue a notamment été
un des concepteurs de la Coupe Re-
nault 5 en Suisse et de la Formule
Renault. La 81e édition (3 au 13
mars 2011) s’annonce très promet-
teuse, indique encore le communi-
qué diffusé hier. Les demandes
d’inscriptions dépassent largement
la surface disponible à Palexpo.
ACUTRONIC SUISSE:
nouveau CEO
Nicolaj (Nick) Wälli a été nommé
CEO d’Acutronic Suisse (Bubikon
et Olten) à compter du mois pro-
chain. Le CEO actuel et propriétaire
de la société, Thomas W. Jung, se
consacrera désormais à sa fonction
de président du conseil, indique le
communiqué publié hier. M. Wälli
est déjà directeur opérationnel de-
puis le printemps 2010. Acutronic
indique être leader mondial des si-
mulateurs de précision destinés aux
industries aérienne, spatiale, auto-
mobile, de consommation et d’ar-
mement, et emploie 120 collabo-
rateurs.
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