Les brûlures, Le quotidien du pharmacien, 12 juillet 2007

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conseil à l’officine
Les brûlures
PAR DAVID PAITRAUD
Simples bobos ou accidents graves mettant en jeu le pronostic vital, les
brûlures entrent, hélas, dans le palmarès des accidents domestiques
CAS DE
COMPTOIR
Le contexte
Une patiente, à la peau claire, se
présente à l’officine et vous
montre ses coups de soleil sur
les deux pieds, qui la font souffrir. Elle n’a pas mis de crème
à cet endroit.
Les questions à poser
PHOTO PHANIE
Observez bien la brûlure avant
de proposer un produit. Pensez
à l’état général de la victime en
lui demandant si elle a mal à la
tête, envie de vomir, de la fièvre.
Rappelez-lui de s’hydrater, de ne
pas s’exposer aux heures les
plus chaudes. Demandez-lui
quelle crème solaire elle utilise.
Les enfants, premières victimes
des brûlures domestiques
Quelques définitions
Les brûlures sont des accidents
courants de la vie quotidienne,
en particulier chez les plus jeunes ;
un brûlé sur trois est un enfant.
Les brûlures sont des lésions des
tissus engendrées par la chaleur (air
chaud, eau bouillante, vapeur d’eau,
flamme, soleil), par un frottement,
par l’électricité, ou encore par un
produit caustique. Le tissu le plus
exposé est la peau. Selon la cause
de la brûlure, sa localisation, l’étendue et la profondeur, on distingue
plusieurs degrés de gravité.
Les brûlures bénignes se caractérisent par des lésions peu étendues (moins de 2 % de la surface
corporelle, soit la taille d’une main),
du premier et du deuxième degré
superficiel, ne touchant ni la face,
ni le siège, ni les mains. Leur traitement peut relever du conseil officinal. Attention ! Si la cicatrisation
n’est pas obtenue au bout de dix
jours, une consultation est obligatoire.
Les brûlures de gravité intermédiaire correspondent soit à des
brûlures peu étendues, mais profondes, ou siégeant au niveau du visage, du siège ou des mains, soit à
des brûlures dont l’étendue dépasse
2 % de la surface corporelle, mais
reste inférieure à 10 % de celle-ci. Il
n’existe pas de lésions respiratoires
(pas d’inhalation de fumée), ni de
risque particulier. Ce type de brûlures nécessite un avis médical,
voire une hospitalisation, dans une
structure spécialisée.
On considère qu’une brûlure est
grave si l’étendue (entre 15 et 50 %
de la surface corporelle) et la profondeur (deuxième et troisième
degré) entraînent un risque vital,
risque qui peut aussi être le fait de
lésions pulmonaires, par inhalation de fumée, d’un blast (explosion
de gaz), de l’origine de la brûlure
(brûlures électriques, brûlures chimiques), ou d’un traumatisme associé.
Les brûlures très graves sont en
majorité des lésions profondes,
dont la surface dépasse 50 % de la
surface corporelle. L’âge est un fac-
fréquents. Savoir évaluer leur gravité et connaître les premiers gestes
à réaliser permet d’éviter des complications désastreuses.
teur de gravité. Une brûlure, même
peu étendue, est toujours grave
chez une personne âgée.
Prévention : à dire et à redire
– Ne pas laisser son enfant approcher d’une source de chaleur (cuisinière,
four, cheminée, barbecue).
– Placer les casseroles contenant les éléments chauds hors de portée des
enfants, en tournant le manche vers le mur.
– Vérifier la température de l’eau du bain.
– Ne pas boire de liquide chaud avec un enfant sur les genoux.
– Ne pas allumer ou rallumer un feu, en particulier le barbecue, avec de
l’alcool à brûler ou de l’essence.
– Ne pas fumer en présence de substances inflammables.
– Respecter les consignes d’utilisation des réchauds, des radiateurs, des fers
à repasser, des fers à souder...
– Ne pas effectuer de branchements électriques sans avoir coupé l’arrivée
d’électricité.
– Tenir hors de portée des enfants les produits ménagers (acide ou soude).
– Prévoir des compresses stériles, du tulle gras, un produit désinfectant,
dans la pharmacie familiale.
Un peu
de physiopathologie
Selon la profondeur de la lésion,
on distingue trois degrés d’atteinte.
Le premier degré se manifeste
par un érythème douloureux sans
phlyctènes. Le phlyctène correspond au soulèvement de l’épiderme
constitué par une accumulation de
sérosité. Seul l’épiderme est atteint.
La cicatrisation spontanée se fait
en deux ou trois jours sans aucune
séquelle. Le deuxième degré s’identifie par l’apparition de phlyctènes.
Parmi les brûlures du deuxième degré, on distingue la brûlure superficielle et la brûlure du
deuxième degré profond.
La brûlure superficielle du deuxième degré génère une douleur intense. Elle peut guérir sans laisser
de cicatrice, en une ou deux semaines. La brûlure du deuxième degré profond se remarque au soussol blanc de la peau, piqueté de
rouge. La brûlure s’épidermise au
bout de plusieurs semaines et entraîne des cicatrices. Elle est modérément sensible.
La brûlure du troisième degré
provoque une nécrose qui détruit
l’épiderme. La peau est blanche ou
brune, sèche, sans phlyctènes. Les
fibres nerveuses étant détruites, la
zone blessée a perdu sa sensibilité.
Le blessé ne ressent plus la douleur.
Le réseau veineux sous-cutané apparaît. Aucune cicatrisation spontanée ne peut se faire et il faut recourir à l’acte chirurgical (une
greffe de peau). La brûlure, lorsqu’elle est étendue, entraîne de pro-
fonds déséquilibres de l’homéostasie qui peuvent mettre la vie du patient en danger.
En pratique, ce n’est que pour les
brûlures du deuxième ou du troisième degré, dont la surface dépasse 10 % de la surface corporelle,
que les problèmes se posent.
Ces problèmes sont tout d’abord
d’ordre hydroélectrolytique, avec
une plasmorragie (fuite du plasma)
importante. Il en résulte la formation d’un œdème et une hypovolémie, dont la compensation doit être
prise en charge prioritairement. La
dénaturation des protéines entraîne
une réaction en cascade provoquant la libération de médiateurs
de l’inflammation (histamine, cytokines…) et de produits oxydants
(oxyde nitrique).
Les brûlures étendues entraînent
des perturbations métaboliques de
type hypermétabolisme. Les besoins caloriques peuvent être multipliés par plus de deux. Cet hypermétabolisme est lié aux pertes
de chaleur (perte de l’isolant cutané) et à la sécrétion massive
d’hormones calorigènes (glucagon,
cortisol), en réponse au stress. Enfin, la barrière cutanée étant dé-
QUELQUES PRODUITS POUR TRAITER LES BRÛLURES*
PRODUIT
PRÉSENTATION
COMPOSITION
PPHT
FABRICANT
Velpeau Activ
pansement hydrocolloïde
Tricostéril
pansement extensible
Tulle hydrocolloïde
Urgo
Tulle gras
Boîte de 5
(5 cm x 5 cm)
En bande ou pansement
Carboxyméthylcellulose (CMC)
3,85 euros
Chlorure de benzalkonium
De 1,82 à 3,04 euros
Lohmann
Rauscher Medical
Polive
Boîtes de 4 ou 6 tulles
(5 cm x 5 cm ou 8 cm x 8 cm)
Boîtes 10 (10 cm x 10 cm
ou 10 cm x 20 cm)
Boîte de 6
CMC
4,82 ou 5,78 euros
Urgo soins et santé
Polyvidone iodée
3,51 euros
Meda Pharma
Trolamine
4,51 ou 6,02 euros
Brulex
Emulsion en flacon pompe
(50 ou 150 ml)
Pommade en tube de 30 g
2,93 euros
Calagel
Cicaderma
Cicatryl
Dalibour
Gel en tube de 50 ml
Pommade en tube de 30 g
Pommade en sachets-doses (14)
Pommade en tube de 25 g
3,58 euros
3,85 euros
3,78 euros
2,96 euros
Bailleul
Boiron-Dolisos
UCB Pharma
Merck Médication familiale
Dexeryl
Mercurescéine Gifrer
Nisacalm
Septiapaisyl
Septivon Spray
Fletagex
Flammazine
Crème en tube de 50 g
Flacon de 45 ml
Crème en tube de 50 ml
Flacon de 75 ml
Flacon pressurisé de 75 ml
Pommade en tube de 30 g
Crème en tube de 50 g
Oxyde de zinc, phénazone,
baume du Pérou, phénol, sodium salicylate
Calamine, oxyde de zinc
Calendula, millepertuis, millefeuille…
Chlorocrésol, vitamine E…
Sulfate de cuivre, de zinc,
oxyde de zinc, camphre
Glycérol, vaseline, paraffine liquide
Mercurescéine
Thymol, salol, lévomenthol
Chlorhexidine digluconate
Chlorhexidine digluconate
Huile de foie de morue
Sulfadiazine argentique
Johnson & Johnson
Consumer France
Bailly creat
1,78 euro
2,71 euros
3,14 euros
3,94 euros
3,85 euros
3,91 euros
3,86 euros
Pierre Fabre santé
Gifrer Barbezat
Mayoli Spindler
Merck Médication familiale
Omega Pharma Santé
Dermophil indien
Solvay Pharma
Bétadine
compresses imprégnées
Biafine
Vaseline
Solvay Pharma
* Liste non exhaustive réalisée avec le concours du centre de documentation Sopharmex du groupe Alliance Healthcare.
4 - LE QUOTIDIEN DU PHARMACIEN - N° 2506 - JEUDI 12 JUILLET 2007 - www.quotipharm.com
truite, le risque d’infection est augmenté. Les infections constituent
très souvent une complication des
brûlures.
Les mots du conseil
Confronté à une brûlure, il est
avant tout nécessaire d’en définir
la gravité avant d’entreprendre les
premiers gestes. Urgence oblige, le
diagnostic devra être rapide. Devant une brûlure sans douleur, une
brûlure étendue ou une brûlure touchant les mains, le visage ou le
siège, la prise en charge sera médicale.
Si la brûlure est grave, un premier geste à entreprendre consiste
à rafraîchir les lésions avec de l’eau
pendant 10 à 15 minutes. L’eau du
robinet convient. L’eau permet d’atténuer la douleur, de protéger la
brûlure, en évitant de percer la
cloque. De plus, dans le cas d’une
brûlure par un produit chimique,
l’eau froide permet de limiter l’extension en taille et en profondeur
de la plaie. Il ne faut surtout pas retirer les vêtements qui adhèrent à
une zone brûlée. En revanche, les
bijoux ou les chaussures du membre brûlé sont à retirer, si possible,
ces objets pouvant gêner la circulation du sang. La brûlure sera ensuite recouverte d’un tissu propre
et humide, non pelucheux, pour éviter qu’elle ne se salisse. Il ne faut
surtout pas utiliser de coton hydrophile. Les brûlures causées par
l’électricité ou par un produit caustique nécessitent, elles aussi, une
prise en charge médicale.
Les brûlures bénignes ou de
gravité moindre sont beaucoup plus
fréquentes à l’officine. Devant ce
type de brûlure, il faut laisser la
zone brûlée sous l’eau quelques minutes. Si des cloques apparaissent,
celles-ci ne doivent pas être percées. Ces cloques sont en effet stériles et protègent la lésion. Il est ensuite important de désinfecter la
brûlure avant d’y appliquer une
crème hydratante. Un pansement
gras ou un pansement hydrocolloïde permettront ensuite de protéger la plaie. Si la douleur est importante, conseiller un antalgique
de type paracétamol.
Après avoir prodigué les soins, il
est important de demander au patient l’état de ses vaccinations. En
effet, la brûlure est une plaie. S’il
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