N° 377 *décembre 2016 *L’INFIRMIÈRE MAGAZINE 51
soignant de tenter de cerner celle-ci et son ressenti.
Quelle que soit la façon dont la douleur s’exprime,
le patient doit voir sa plainte écoutée, en gardant à
l’esprit qu’il n’y a pas de relation entre l’importance
de la lésion et la douleur exprimée.
La douleur psychologique
L’altération du revêtement cutané a de nombreux
retentissements chez le patient : image de soi, social,
familial, schéma corporel chez l’enfant... La brûlure
relève en outre de la pathologie d’urgence. «C’est
quelque chose d’impvu qui donne un coup d’arrêt
dans le déroulement de la vie de la victime. Cette
dimension est également à prendre en compte»,
estime Martine Damade. Les soignants seront parti-
culièrement vigilants concernant la douleur générée
par les soins. «Ce sont des temps longs qu’il convient
d’anticiper, en termes d’organisation et d’antalgie,
insiste Marie-Pierre Bernasque, infirmière au service
de chirurgie plastique du CHU de Rouen. Les soins,
LA BRÛLURE GRAVE EN URGENCE
L
a douleur par brûlure est nociceptive, c’est-
à-dire qu’elle est générée par un excès de
stimulation des nocicepteurs, qui sont les
récepteurs de la douleur. Elle a une fonction d’alarme
car il y a une lésion physique. La douleur est due à
la brûlure elle-même, majorée par les mouvements,
et concerne la zone affectée mais aussi celles avoi-
sinantes. Pour rappel, l’Association internationale
pour l’étude de la douleur (IASP) définit la douleur
comme «une expérience sensorielle et émotionnelle
sagréable associée à une lésion tissulaire elle ou
potentielle ou décrite dans ces termes».
Intensité selon les degrés
S’agissant de brûlures, les atteintes superficielles
rent des douleurs aigües. À l’inverse, dans le cas
des brûlures du 3edegré, la zone lésée est insensible
en raison de la destruction des récepteurs. «La dou-
leur diffère selon l’étendue et le type de degré de la
brûlure», confirme Martine Damade, cadre de santé
au service de chirurgie plastique et de la main du
CHU de Rouen. De plus, les sions qui affectent cer-
taines parties du corps très innervées (visage, périe,
siège, mains, plantes des pieds, etc.) sont particuliè-
rement douloureuses. «Les brûlures du 2edeg sont
extrêmement douloureuses. Il importe de tenir
compte du caracre subjectif de la douleur, car celle-
ci dépend de la mémoire du patient en la matière.
Son vécu joue beaucoup. La prise en charge rapide
est essentielle afin d’éviter cet effet de mémoire dou-
loureuse. En effet, plus la prise en charge de la douleur
intervient tardivement après la brûlure, plus le cerveau
en gardera trace, au point que son souvenir peut se
ler insupportable pour la victime.»
La douleur est un élément subjectif et individuel, et
peut être parfois difficile à verbaliser. Il revient au
Le traitement de la douleur
du patient brûlé
La recherche d’une analgésie optimale est une priorité absolue chez la victime
d’une brûlure compte tenu des conséquences sur les plans physique et psychique
de la douleur. Charge au soignant de bien l’évaluer pour mieux soulager les patients.
PRISE EN CHARGE
L’inhalation
de mélange
équimolaire
oxygène protoxyde
d’azote (Meopa)
permet de lutter
contre la douleur.
© ANISP
© Espaceinfirmier.fr, Initiatives Santé 2016
FORMATION
52 L’INFIRMIÈRE MAGAZINE *377 *décembre 2016
u
Une brûlure
grave est
un évènement
majeur dans
la vie d’un
enfant
Soulager la douleur
La lutte contre la douleur comprend l’administration
d’antalgiques de pallier 1 à 3. L’utilisation de mélange
équimolaire oxygène protoxyde d’azote (Meopa) est
contre-indiquée lors de défaillance vitale. Lors de
blures graves, étendues et à un degré élevé, la séda-
tion est mise en œuvre. Pour les brûlures moindres,
la priorité est à l’analgésie.
L’installation du patient intervient également dans
la lutte contre la douleur. «Il convient de surélever
un membre brûlé, afin qu’il ne soit pas pendant,
indique Martine Damade. L’installation est pensée
pour réduire les œdèmes, donc diminuer la douleur.
Les matelas antiescarres sont également utiles pour
soulager les patients brûs aux membres inférieurs.»
Lalimentation, lors du processus de guérison, joue
également un rôle important. Hyperprotéïnée et
hyperprotidique, elle favorise le processus de cica-
trisation, corrélée à la douleur.
Chez l’enfant
Le traitement antalgique peut avantageusement être
complété par des moyens tels que la distraction (lire
un livre ou raconter une histoire), la relaxation (mimer
la respiration pour faire des bulles de savons en souf-
flant dans une paille), voire l’hypnose. La présence
d’un ou des parents atténue aussi la détresse de
l’enfant. Lorsque c’est possible, les soins douloureux
sont réalisés en leur psence. Il importe également
d’apporter à l’enfant une information adaptée à ses
capacités cognitives sur la cause de la douleur et
celle induite par les soins.
À noter qu’une brûlure grave est un événement
majeur dans la vie d’un enfant. Une prise en charge
de la douleur inadaptée en phase initiale peut générer
des séquelles psychologiques chez celui-ci.
Conséquences d’une douleur
nonprise en charge
Sur le plan somatique, elles sont de plusieurs ordres.
Le stress métabolique et l’hypermétabolisme sont
accrus par la douleur. De plus, celle-ci ne favorise
pas, voire freine, la mobilisation. Les syndromes
confusionnels, l’agressivité, le délire, les troubles
comportementaux peuvent couler d’une mauvaise
gestion de la douleur en phase aiguë. Cette dernière
pourrait également induire un syndrome de stress
post-traumatique, voire dépressif *
SOPHIE KOMAROFF
notamment la alisation de pansements, ne doivent
pas être effectués à la va-vite. Les brûlures longues
à guérir et importantes en particulier sont à traiter
au cas par cas, selon l’évaluation réalisée sur le
moment. Cela va dans le sens du confort du patient,
mais aussi du soignant. »
À la mise en place d’un traitement analgésique s’ad-
ditionnent l’accompagnement, les explications et la
réassurance mis en œuvre par le soignant. « C’est un
temps précieux pour la mise en confiance du patient
et son acceptation des soins. L’angoisse, majorée par
ceux-ci, peut accentuer la sensation douloureuse »,
poursuit Marie-Pierre Bernasque.
Évaluer la douleur
Le choix d’une méthode d’évaluation de la douleur
adaptée au patient revient au soignant. L’évaluation
de la douleur relève du rôle propre de l’IDE. Si le
patient est conscient, il est possible de recourir à
l’échelle visuelle analogique ou à l’échelle nurique.
Lorsqu’il est difficile pour le patient de donner un
chiffre correspondant à sa douleur, l’échelle verbale
simple, moins abstraite pour celui-ci, est privilégiée.
Lorsque le patient n’est pas en mesure de commu-
niquer, le soignant évalue la douleur via l’observation
du comportement et des paramètres physiologiques.
Les UE en lien avec le dossier
Références d’UE et extrait de leur contenu :
>UE 2.1.S1 «Biologie fondamentale » (compétence4):
le cycle cellulaire, les différenciations cellulaires et la notion
de tissus, les types et structures de cellules, vie cellulaire
et le fonctionnement des cellules excitables ;
>UE 2.2.S1 «Cycles de la vie et grandes fonctions»
(compétence4): aspects anatomiques et physiologiques
(respiratoire, digestive, cardiaque, élimination);
>UE 2.3.S2 «Santé, maladie, handicap, accidents de la vie»
(compétence1);
>UE 2.4.S1 «Processus traumatiques» (compétence4);
>UE 3.1.S1 «Raisonnement et démarche clinique infirmière»
(compétence1): jugement et démarche clinique infirmière (signes
et symptômes, risques, diagnostics infirmiers, suivi et évaluation...)
et UE 3.1.S2 : recueil de données cliniques, examen clinique,
lecture des signes, transmissions;
>UE 4.3.S2 «Soins d’urgence» (compétence4): identifier l’urgence
à caractère médical, pratiquer les gestes de secours en attendant
l’arrivée d’une équipe médicale et UE 4.3.S4 : la hiérarchie des
actions dans l’urgence, la démarche de soins, la surveillance
de la conscience et de la vigilance, bilans neurologiques, le rôle
des Samu, Smur, CUMP, les protocoles de soins d’urgence, etc.
ÉTUDIANTS EN IFSI
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