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l'Etat social. Il y a urgence, étant donné la détérioration sociale et politique, notamment les
précarités nées de la mobilité du travail et du chômage, pour la constitution de "nouvelles synergies
au plan international comme au plan local,"38 soit de repositionner "l'homme, la personne, dans son
intégrité", puisqu'il est le "premier capital à sauvegarder et à valoriser."39
Fait nouveau, l'interaction des cultures a augmenté les opportunités de dialogue, avec la cautèle que
le point de départ demeure une "conscience profonde de l'identité spécifique des différents
interlocuteurs."40 Le nivellement par l'uniformisation et l'éclectisme par relativisation sont
destructeurs. On assiste à une désorientation générale car "les cultures ne savent plus trouver leur
mesure dans une nature qui les transcende",41 prêtant le flanc à l'asservissement et à la
manipulation. A preuve l'extrême insécurité vitale de la faim, qui ne dépend pas du manque de
ressources matérielles, mais de carences institutionnelles. Alimentation et accès à l'eau figurent au
nombre des droits universels qui justifient et requièrent la solidarité internationale. Cette solidarité
passe par un soutien dans le respect, qui permet aux indigents de construire eux-mêmes les
conditions de leur développement. Cette approche apparaît compromise par la crise actuelle.
Le thème du respect de la vie est directement lié au développement économique. Seule l'ouverture à
la vie, qui condamne la contraception, le contrôle des naissances et l'avortement, produits d'une
politique antinataliste parfois présentée comme un progrès culturel, "est au centre du vrai
développement."42 De même, la liberté religieuse est au centre du développement authentique, à
l'inverse du fanatisme religieux, du terrorisme fondamentaliste et de la programmation programmée
de l'indifférence religieuse ou de l'athéisme.
La complexité du développement humain intégral implique "les différents niveaux du savoir
humain."43 La charité ouvre au dialogue solidaire entre disciplines, qui, en elles-mêmes, soit sans la
grâce de l'amour don gratuit, ne préparent pas à la sagesse indispensable au développement humain
intégral. Aller toujours plus loin, comme le requière l'irruption de la surabondance de l'amour, ne
signifie pas l'abandon de la vérité, au contraire. "Evaluations morales et recherche scientifique
doivent croître ensemble",44 animées par la charité : c'est l'importance décisive de l'approche
pluridisciplinaire, telle que l'avait vue déjà Paul VI. Les impasses entre sciences, théologie et
métaphysique doivent être éliminées. Le morcellement des savoirs rend difficile la distinction
nécessaire au bien intégral de l'homme.
Il est une "convergence entre science économique et évaluation morale"45, puisque l'insécurité et les
"coûts humains sont toujours aussi des coûts économiques".46 Les tendances actuelles de l'économie
vers le court terme nécessitent une évaluation par une "réflexion nouvelle et approfondie sur le sens
de l'économie et de ses fins."47 Cette constatation est renforcée par l'état écologique de la planète.
La thématique de PP demeure une problématique en suspens, certaines contraintes au
développement économique ayant à l'époque déjà été relevées (ex. : tarifs douaniers), d'autre étant
38 Ibid. p. 47
39 Ibid. p. 48
40 Idem
41 Ibid. p 49
42 Ibid. p. 52
43 Ibid. p .54
44 Ibid. p. 55
45 Ibid. p. 56
46 Idem
47 Ibid. p .57